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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Philippe Brun, député PS de l'Eure.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bonjour Philippe Brun.
00:03Bonjour.
00:03Merci d'être avec nous ce matin.
00:05Vous êtes, on le disait, un député socialiste dans un parti
00:07qui a fait bouger les lignes objectivement cette semaine.
00:10En ne votant pas la censure présentée par la France Insoumise,
00:13vous avez de fait conforté le gouvernement de François Bayrou.
00:16Est-ce que vous assumez cette décision ?
00:18Est-ce que c'était la bonne ?
00:19On rappelle que huit d'entre vous, parmi le groupe socialiste,
00:21n'ont pas, ou plutôt ont voté la censure et n'ont pas suivi la ligne générale.
00:25On fait un choix, nous les socialistes, c'est de faire tout ce qui est en notre pouvoir
00:29pour sortir le pays de l'ornière dans un moment où la France doit adopter un budget.
00:33Il y a les agriculteurs qui attendent que des aides leur soient versées,
00:35elles sont bloquées.
00:36Il y a aujourd'hui le carnet de commande des entreprises qui est vide
00:39parce qu'il y a la crise économique et il y a l'incertitude politique.
00:42Plus 40% du nombre de plans sociaux ce mois-ci par rapport à l'année dernière,
00:46plus 30% d'inscrits à France Travail, nouveau nom d'Opole Emploi.
00:50Dans ces conditions, nous avons décidé de faire tout ce qui est en notre pouvoir
00:53pour ouvrir un cycle de négociations budgétaires.
00:56Nous sommes des opposants radicaux absolus à la politique d'Emmanuel Macron et à son gouvernement.
01:01C'est quand même paradoxal.
01:02Mais nous constatons.
01:03Si vous êtes des opposants absolus, c'est quand même paradoxal de ne pas voter la censure.
01:08On peut vous opposer cela.
01:09On peut s'amuser à faire tomber les gouvernements les uns après les autres comme un château de cartes.
01:12Et puis nous nous retrouvons à la fin avec un pays qui n'est pas gouverné, un chômage qui explose.
01:16Et puis c'est le plus sûr moyen de la victoire de l'extrême droite la prochaine fois.
01:20Alors qu'est-ce qu'on a décidé de faire ?
01:21On s'est dit on ouvre la discussion.
01:23Est-ce que la discussion est terminée ?
01:24Elle n'est pas terminée.
01:25Nous avons dit on se met autour de la table pour essayer de sortir le pays de l'ornière,
01:29pour défendre l'intérêt national.
01:31Pour l'instant, le compte n'y est pas.
01:32Nous l'avons dit.
01:33Le vote de jeudi, ce n'était pas un vote de confiance au gouvernement.
01:36C'était un vote de cesser le feu.
01:38De cesser le feu.
01:39C'est un vote de cesser le feu.
01:40On met tout le monde autour de la table pour continuer à discuter.
01:43Ça veut dire que...
01:44Pardon, puisque vous employez cette métaphore, ça veut dire que les combats peuvent reprendre.
01:49C'est le principe d'un cesser le feu ou alors ils annoncent une trêve définitive ?
01:53Il n'y a aujourd'hui pas d'accord avec le Parti socialiste.
01:55Nous le répétons.
01:56Dès ce lundi, nous demandons de nouvelles négociations.
01:58Je suis heureux de vous dire que les écologistes, les communistes ont annoncé qu'ils rejoignaient
02:02les négociations avec nous, ce qui veut dire que le chemin vers un autre budget est possible.
02:06Et là, on a trois semaines devant nous pour l'obtenir.
02:08Vous êtes un élu, on le disait en vous présentant, du département de l'Eure, de Louvier, l'ancienne
02:12circonscription de Pierre-Nandès-France.
02:15Comment ont réagi vos électeurs que vous avez rencontrés depuis jeudi à cette décision ?
02:18Est-ce qu'ils ont eu, pour certains, l'impression que vous aviez trahi le mandat qu'ils vous
02:23avaient donné ?
02:24D'ailleurs, en ce moment, c'est les cérémonies des vœux, donc j'ai fait depuis jeudi soir
02:27cinq cérémonies des vœux dans des villages très différents.
02:30Et les gens de toute obédience politique m'ont remercié, remercié d'essayer de trouver
02:35des solutions.
02:36Parce qu'ils regardent finalement à la télévision le théâtre d'ombre qu'est devenue la vie
02:39politique française, où chacun s'envoie des lignes rouges à la tête et à la fin,
02:44pas de solution trouvée.
02:45On le sait bien, personne n'a la majorité à l'Assemblée nationale.
02:47Notre programme, il n'a reçu que 193 députés, et c'est déjà beaucoup.
02:51Il faut qu'on arrive aujourd'hui à trouver un point de passage.
02:53Est-ce que ce sera avec le gouvernement Bayrou ? Il doit encore faire beaucoup de concessions
02:56car le compte n'y est pas.
02:57Est-ce que ce sera avec un autre gouvernement ? En tout cas, il est urgent de trouver un
03:00accord pour sortir le pays de l'ornière.
03:02Vous parliez de discussions qui continuent avec les communistes, les écologistes, vous
03:05n'avez pas cité les insoumis.
03:06Le nouveau Front populaire, c'était, c'est toujours comme ça que l'on appelle cette
03:10union.
03:11Est-ce que c'est toujours une union de la gauche ? Existe-t-elle, ce nouveau Front populaire,
03:15existe-t-il ?
03:16Il existe en tout cas dans les urnes, il existe dans la société.
03:17Hier, par exemple, dans la rue chez moi à Louvier, il y a un syndicaliste CGT qui m'a
03:21dit, vous savez, moi je suis très opposé au gouvernement, il devrait partir.
03:25Mais vous avez raison de faire ce que vous faites, vous avez raison de le faire, parce
03:29qu'il y a suffisamment de misère dans ce pays pour ne pas rajouter de la crise à la
03:32crise.
03:33Et puis, je dois vous dire une chose, 74% des électeurs du NFP disent dans les sondages,
03:38c'est un sondage Elab, que l'UPS a raison de faire ce qu'il fait, et même 67% des
03:43électeurs insoumis pensent qu'Olivier Faure et les partis socialistes ont eu raison de
03:47mener ces négociations.
03:48Elles ne sont pas abouties aujourd'hui.
03:50Alors pourquoi les dirigeants de l'FI sont si féroces avec vous, promettant des mesures
03:55de défense ? Il n'y a pas d'autre mot.
03:57Lorsqu'on dit on va prendre des options sur vos circonscriptions, lorsqu'on parle
04:01de traîtrise, vous l'entendez ça ? Olivier Faure a été hué sur les bancs de la gauche,
04:05jeudi.
04:06Moi, je fais de bon courage aux insoumis de présenter des gens dans ma circonscription.
04:10Ce que je vous dis très simplement, c'est que nous ne sommes pas sensibles à la pression.
04:12Nous avons un désaccord.
04:13Jean-Luc Mélenchon souhaite une présidentielle anticipée.
04:15Nous souhaitons garantir la stabilité du pays.
04:18Maintenant, je vous le répète, il n'y a pas d'accord pour l'instant avec le gouvernement.
04:21Les négociations continuent et c'est tout à notre honneur d'essayer de trouver une
04:24solution.
04:25J'espère qu'elle est possible.
04:26Philippe Brun, une conférence sur les retraites a débuté hier, en tout cas pour mettre les
04:29choses en place.
04:30Marie-Lise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, la CFDT c'est un syndicat qui
04:34est proche du parti socialiste, dit qu'il y a, enfin se dit optimiste.
04:38Est-ce que vous partagez cet optimisme pour trouver peut-être une voie pour réformer
04:43cette réforme, si j'ose dire ?
04:45Il y a d'autres syndicats qui sont aussi mobilisés aux côtés de la CFDT, je ne dirais pas qu'ils
04:49sont proches du parti socialiste, il y a près de 900 000 adhérents à la CFDT, c'est toute
04:54la France de la CFDT.
04:55Vous êtes souvent sur les mêmes lignes.
04:56On aimerait bien en avoir autant au parti socialiste.
04:57Ce que je veux dire simplement, c'est qu'il y a une discussion qui démarre, pour qu'elle
05:01soit couronnée de succès, il faut que le mouvement social suive, il faut qu'il y ait
05:04une pression importante qui soit mise, il faut qu'il y ait, je pense, des manifestations
05:07aussi.
05:08Vous souhaitez qu'il y ait des manifestations ?
05:10En tout cas, qu'il y ait une pression sociale, qu'on se retrouve les uns et les autres, unis.
05:13Et là, je crois que toute la gauche peut se retrouver pour obtenir le meilleur accord
05:16possible sur les retraites.
05:18Et le meilleur accord, Philippe Brun, est-ce que c'est la fin des 64 ans ou rien, ou bien
05:23on peut avoir des concessions, même si on reste à cet âge fixé par la précédente
05:28loi qui est désormais de 64 ans ? C'est une question importante.
05:32L'âge à 64 ans, ça touche qui ? Ça ne vous touche pas, probablement vous, ça ne
05:35me touche pas, moi, ça ne touche pas les gens qui ont commencé à travailler un peu
05:38plus tard après avoir fait des études.
05:39Je rappelle que vous avez 33 ans, c'est l'occasion de le préciser.
05:4164 ans, c'est des gens qui ont commencé à travailler tôt et qui ont tout leur trimestre
05:45à 62 ans et on leur dit, vous avez fait vos 42-43 annuités, on va vous rajouter deux
05:49parce que vous avez commencé à travailler tôt.
05:51Je trouve que c'est très injuste.
05:52Donc il faut y revenir ? Il faut absolument y revenir.
05:54Si dans le prochain texte, il n'y a pas ce retour sur l'âge légal à 64 ans, vous
05:59direz non la prochaine fois et vous censurez le gouvernement ? C'est une question en fait
06:03assez fermée.
06:04Oui, il faut impérativement revenir sur 64 ans.
06:07On peut travailler plus tôt, cotiser plus longtemps, mais le vrai sujet aujourd'hui,
06:11c'est que c'est injuste.
06:12C'est injuste que les gens qui ont huit ans d'espérance de vie, que de moins un ouvrier
06:15a une espérance de vie de huit ans inférieure à celle d'un cadre.
06:18Il n'est pas juste qu'ils partent encore plus tard à la retraite, qu'ils cotisent
06:21encore plus.
06:22On ne peut pas faire reposer l'équilibre du système de retraite sur les gens qui ont
06:24les métiers les plus pénibles.
06:25Quelques mots sur vous, Philippe Brun, pour terminer cette interview.
06:28Je le disais, vous êtes très jeune, vous avez 33 ans et pourtant vous avez déjà un
06:32long parcours.
06:33Vous avez milité jeune au PS, puis vous en êtes parti en 2015 au moment du quinquennat
06:37de François Hollande.
06:38Avant d'y revenir, entre-temps, vous aviez rencontré et accompagné certains leaders
06:42gilets jaunes.
06:43Qu'est-ce qui a changé dans votre approche de la politique lorsque vous êtes revenu
06:48actif et désormais député ?
06:50Écoutez, moi, je pense qu'il s'est passé quelque chose pendant le mouvement des gilets
06:53jaunes.
06:54On s'est rendu compte que la politique était aujourd'hui une langue morte avec des professionnels
06:59dans une forme de profession réglementée.
07:01Depuis 2022, je m'efforce à l'Assemblée nationale de défendre ces combats qui ont
07:05été ceux des gilets jaunes.
07:06Combats, par exemple, pour les familles monoparentales, pour la régulation du tarif de l'électricité.
07:11Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est construire un PS populaire qui parle aux ouvriers et
07:15aux employés.
07:16Aujourd'hui, c'est plutôt, par exemple, le Rassemblement national qui est le parti
07:19le plus populaire, y compris dans votre région, en Normandie.
07:21Absolument, nous avons tout abandonné à l'extrême droite.
07:23On leur a laissé la République, on leur a laissé la laïcité, on leur a aussi laissé
07:27la défense du travail, la défense du service public.
07:29Aujourd'hui, il faut tout reconquérir, tout regagner.
07:31Je l'ai réussi dans l'heure, en gagnant deux fois contre le RN.
07:34Je suis le seul député du département de l'heure qui n'est pas RN, il faut le réussir
07:37au niveau national.
07:38Toute dernière question, on vous prête l'ambition de diriger le Parti socialiste, est-ce que
07:41vous serez candidat au prochain congrès à la succession d'Olivier Faure ? Oui ou non,
07:44en fait ?
07:45C'est un moment de négociation budgétaire, on va parler du pays, le Parti socialiste.
07:49Vous me réinviterez, Jeff Wittenberg, et je vous dirai ce qu'on va faire.
07:52Vous ne dites pas non, quand même.
07:53Il faut qu'on pèse toutes nos forces dans le Parti socialiste pour avoir un autre langage,
07:58pour s'exprimer aux gens qui aujourd'hui ne nous font plus confiance.
08:00Je serai très actif dans ce congrès et on verra ce que sera ma place.
08:03Merci beaucoup.
08:04Philippe Brun, député PS de l'heure, et c'est la suite de Télématin.

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