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Mercredi 15 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Claudia Monteiro (cheffe de projet, Intrapreneuse du Portail RSE, Ministère de l'Economie et des Finances) et Romain Didrich (Associé et fondateur, Affilae)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale
00:14et sociétale un axe fort de leur stratégie. Et voici notre sommaire. Mon invité, c'est Claudia Montero, intrapreneuse,
00:21chef de projet du Portail RSE au sein du ministère de l'Économie et Services Publics, met en place pour accompagner les entreprises
00:28qui doivent se conformer à la directive CSRD sur le bilan extra-financier. Notre débat, il portera sur le marketing d'affiliation,
00:36notamment sur le rôle des influenceurs. Faut-il réguler leurs activités ? Comment en faire des acteurs de la transition ?
00:41Réponse tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique Start-up, on verra comment créer de l'énergie avec un houlot moteur décarboné
00:50avec le fondateur de Hays. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:55Générique
01:02L'invité de Smart Impact, c'est Claudia Montero. Bonjour.
01:05Bonjour.
01:06Bienvenue. Vous êtes chef de projet intrapreneuse du Portail RSE au sein du ministère de l'Économie, Portail RSE, qui est donc un service public.
01:12Quand et pourquoi a-t-il été créé ?
01:15Avec l'arrivée de la CSRD, on en parlait en introduction. Olivier Grégoire, à l'époque qui était ministre de l'ESS, avait annoncé le fait de créer
01:23une plateforme pour aider les entreprises à se mettre en conformité avec cette directive européenne. Et donc, en fait, nous, on a lancé à partir de mars 2023
01:32les premiers balbutiements. Et vraiment, on est devenu Portail RSE le 25 octobre 2023, une plateforme qui aide les entreprises à se mettre en conformité,
01:41mais plus globalement avec l'ensemble des réglementations RSE.
01:43Oui, il n'y a pas que la CSRD.
01:44Absolument. Et en fait, on a refait... Donc, pourquoi intrapreneuse ? Moi, je suis... Enfin, le Portail RSE est développé sous forme de start-up d'État.
01:52D'accord.
01:52Donc l'idée, c'est vraiment de marcher par itération, en co-construction avec les utilisateurs. Et donc, on a profité, en fait, de l'été 2023 pour interroger
02:01plus d'une quarantaine d'entreprises de typologies différentes, avec des problématiques un peu éparses. Et on s'est rendu compte, en fait, qu'il y avait
02:08deux problématiques majeures. La première étant une méconnaissance des réglementations RSE. Et la deuxième étant des difficultés réelles pour réaliser, en fait,
02:16un reporting extra-financier.
02:17Alors, qu'est-ce qu'on trouve sur ce Portail RSE ?
02:19Et donc, en fait, on s'est penché sur la première problématique. Et en fait, on a créé un espace de simulation. Donc, on a mis plus de neuf réglementations RSE
02:29qui sont les plus importantes et qui sont transsectorielles. Et donc, en fait, on peut juste, à l'aide de son numéro de sirène, se mettre son numéro de son entreprise
02:37et voir, en fait, les réglementations auxquelles on est assujettis. Ensuite, on a créé, en fait, des petites fiches pédagogiques qui résument parce que,
02:44étant donné que nous, on en a neuf, on peut se demander à chaque fois à quoi elles font référence. Et donc, on a vraiment voulu répondre en quelques questions simples
02:52l'objectif de la réglementation, les sanctions, la fréquence, etc. Et là, ces derniers temps, on est vraiment focalisés sur la CSRD. Donc, on a créé tout un espace.
03:01Donc, déjà, on l'a mis dans l'espace simulation. Donc, par exemple, si vous vous demandez si votre entreprise est assujettie ou non à la CSRD, vous pouvez mettre,
03:09grâce à votre numéro de sirène, et vérifier si, oui ou non, vous êtes soumis à la CSRD et à partir de quand. Donc, ce que vous avez accès depuis votre tableau de bord.
03:16Et ensuite, on a fait tout un guide pédagogique, en fait, qui explicite toutes les étapes pour se mettre en conformité, puis des actions concrètes avec la possibilité
03:24de réaliser son analyse de double matérialité et de télécharger, en fait, ces indicateurs qui sont adaptés en fonction des résultats de son analyse de double matérialité.
03:32— Oui. On va reparler de double matérialité pour bien expliquer ce que c'est. Non, mais on l'a déjà fait plein de fois. Je pense que c'est le thème, la CSRD,
03:38dont on parle le plus dans cette émission depuis la rentrée de septembre. On rappelle que ça concerne aujourd'hui déjà les très grandes entreprises, petit à petit.
03:47Ça va être les ETI, puis les PME cotées. Est-ce qu'on sait aujourd'hui combien d'entreprises sont déjà concernées ou est-ce que c'est impossible de répondre à la question ?
03:54— Je vais prendre les chiffres du rapport du Sénat. Mais en fait, comme vous le disiez, on a plusieurs phases, en fait. Et sur le premier scope, on a environ 3500 entreprises
04:03qui sont concernées, donc celles qui étaient plus ou moins déjà soumises à la DPEF. Et ensuite, là, on va avoir une nouvelle phase avec les ETI, donc les entreprises
04:12de taille intermédiaire, qui ont plus de 250 salariés. On attend à peu près aussi 2500 entreprises. Et au niveau des PME cotées, c'est environ 70, je pense.
04:21— Oui. Est-ce qu'on peut dire qu'à terme... Puisque là, finalement, vous nous donnez... On va être à quoi ? 6 000, 7 000 entreprises, à peu près.
04:28Mais qu'à terme, toutes les entreprises... En France, hein. Toutes les entreprises par capilarité seront concernées. Vous voyez ce que je veux dire ?
04:34Parce qu'on peut être le sous-traitant d'une ETI qui intègre ses objectifs de bilan extra-financier et qui donc vont mettre la pression ou en tout cas
04:45co-construire avec ce sous-traitant. — Oui, absolument. Il y a des indicateurs qui sont spécifiques pour les PME. Ils s'appellent les normes volontaires
04:53via SMI, en fait, qui ont été mises en place justement pour... Même les PME, en fait, commençaient dès à présent à se demander
05:00« J'ai envie de piloter mon entreprise par des indicateurs d'impact. Lesquels choisir ? ». Eh ben on a ce set en fait d'indicateurs qui viennent de sortir.
05:10Donc là, c'est tout frais de décembre. Donc vous pouvez les trouver, nous. — Donc ils sont disponibles sur le portail, également.
05:15— Alors nous, on l'a mis sur la page LinkedIn. Mais on va également, en fait, essayer de les intégrer. Là, c'est dans notre feuille de route 2025, en tout cas.
05:22Et justement, on souhaite prendre tous ces indicateurs et permettre aux PME d'avoir un outil gratuit et public pour justement connaître ces indicateurs
05:30et pouvoir répondre en tout cas aux donneurs d'ordre et aux banques. — Oui. C'est-à-dire qu'à la fois se préparer à une éventuelle demande de leur donneur d'ordre
05:37ou alors tout simplement s'emparer de la question et se dire « Tiens, moi aussi, j'ai envie de rentrer dans ce mouvement ». Double matérialité, qu'est-ce que ça veut dire ?
05:45On l'a déjà expliqué ici, mais je pense qu'il faut faire de la pédagogie. — Oui, absolument. Donc ça, c'est un concept qui est effectivement introduit.
05:51Et donc on a certains indicateurs, sauf les CRSE2 où les indicateurs sont obligatoires. Le reste, en fait, sont soumis à ce qu'on appelle l'analyse de double matérialité.
06:01Donc l'idée, c'est d'analyser en fait ces enjeux de durabilité du point de vue de l'impact et du point de vue financier. Donc ça peut être un peu technique comme ça.
06:12On a mis une petite vidéo aussi explicative en une minute, justement, pour bien rentrer un peu dans ce concept-là. Mais l'aspect novateur, en fait,
06:19ce qu'il faut prendre en compte, c'est ce concept de matérialité d'impact. Et donc l'idée est en fait de regarder aussi ces enjeux de durabilité
06:27par rapport à tous les changements climatiques, etc. Je vais prendre l'exemple d'une entreprise qui me disait ça, qui avait un fournisseur, en fait, en Haute-France,
06:35et justement qui avait subi toutes les pluies et donc qui avait eu des impacts directs sur son activité. Et grâce justement à cet exercice de l'analyse de double matérialité,
06:46c'est comment on introduit en fait ces phénomènes nouveaux qui vont arriver dans son activité. Et ça permet mieux d'anticiper en fait les risques
06:54mais également les opportunités. – Est-ce que c'est là ? Si on prend un peu les étapes à respecter quand on se prépare justement à appliquer cette directive
07:02et à intégrer le bilan extra-financier. Analyser cette double matérialité, c'est la première étape d'une certaine façon ?
07:07– Oui, exactement. C'est comme ça. On a créé en fait le fameux guide pédagogique dont je mentionnais. On a mis trois étapes. Donc la première, c'est effectivement
07:15l'analyse de double matérialité. Ça commence par la compréhension de son entreprise, au niveau des sujets de durabilité. Ensuite de prendre connaissance
07:25effectivement de toutes ces normes ESRS, ce dont on parle, les fameux standards en fait, qui permettent aussi de mettre en avant les enjeux de durabilité.
07:34Et après de faire une notation. Donc il y a quelque chose qui est très important, c'est de prendre en compte toutes ces parties prenantes qui vont évaluer en fait
07:41ces risques et opportunités pour l'entreprise. Ensuite, en deuxième étape, on passe vraiment sur la collecte des données.
07:47– Qui est quand même très importante. Si on veut bien répondre aux directives européennes, il faut nourrir avec des données. D'ailleurs, ça peut permettre
07:54cette phase ou ces deux phases. Vous disiez, il y a aussi les opportunités. C'est-à-dire de prendre conscience que finalement, son entreprise,
08:03ben tiens, ça c'est quelque chose qu'on va pouvoir valoriser. Et donc ce n'est pas seulement une contrainte. C'est ça ce que je veux dire avec…
08:10– Évidemment. – Avec la CSRD. Et ensuite, il faut rédiger son rapport de durabilité. Est-ce que c'est l'étape la plus difficile, ça ?
08:17– Je pense que ça dépend en fait dans quelle phase on est. C'est ça qui est assez… Les ETI, en ce moment, sont en plein dans l'analyse de double matérialité.
08:25Il va falloir en tout cas commencer, étant donné qu'elles vont publier leur premier rapport en 2026. Là, pour les premières scopes d'entreprise soumises,
08:35là, elles sont en train de finaliser en tout cas leur rapport. Et il y a toute la période aussi d'échange en fait avec le commissaire aux comptes
08:42ou l'organisme tiers indépendant, d'itérer en fait. Et une fois qu'on a ces données-là, de voir si on est bien conformes, si on a bien un process
08:50sur le long terme, parce qu'on en parlait, c'est aussi un outil de stratégie sur le long terme.
08:54– Et d'amélioration. – Exactement. Et donc de comment on arrive à avoir accès à ces données-là et qu'elles soient pertinentes en fait
09:00pour après améliorer son activité. – Bon, il y a beaucoup de chefs d'entreprise, on l'a reçu ici, qui sont un peu affolés.
09:05800 pages, c'est trop. Que dire pour les rassurer ? Bon, évidemment, aller sur le portail RSO. Non mais au-delà de ça.
09:12Les 800 pages ne concernent pas forcément tout le monde et toutes les entreprises, on peut peut-être se dire ça ?
09:18– C'est ça. Il y a un concept quand même de progressivité qui a été pris en compte et c'est bien marqué en fait d'entrée de jeu.
09:24On a tous certains... Par exemple sur la biodiversité, c'est à partir de 2027 sur le reporting. Donc il y a cette notion de progressivité
09:32qui a été pris en compte. Et effectivement, l'idée c'est de faire mieux au fur des années. Et c'est aussi pour ça que par exemple
09:40au niveau de l'audit, on a cette notion de progressivité qui se retrouve en fait dans le contrôle. Et donc de prendre le temps effectivement
09:46mais au moins d'avoir une première base et après d'améliorer de façon continue. – En fait, il faut quoi ? Il faut sélectionner ses enjeux
09:53d'une certaine façon ? – Pour l'analyse de double matérialité. Alors on a effectivement les normes de la CSRD qui en proposent en fait des enjeux.
10:01Il faut après les regarder, voir s'ils sont applicables ou pas à son entreprise. Ensuite de les personnaliser par rapport à sa propre entreprise.
10:09Donc c'est-à-dire qu'une entreprise par exemple, je ne sais pas, dans le textile, ne va pas forcément avoir les mêmes enjeux de durabilité
10:16qu'une entreprise de médias par exemple. Et donc en fait on personnalise et après on regarde au vu de ces enjeux-là quel indicateur découle
10:25et sur lesquels on va faire son reporting. – Un dernier mot. Elle est un peu plus politique ma question mais il y a pas mal de voix qui s'élèvent
10:31pour appuyer sur le frein concernant cette CSRD. Qu'est-ce qu'on peut leur dire ? C'est un levier majeur de transformation ?
10:40C'est pas seulement une contrainte ? – C'est sûr qu'en fait la problématique existait déjà. C'est ça qu'il faut comprendre.
10:47C'est que la CSRD en fait elle répond à quelque chose qu'on remarque. C'est qu'on a de plus en plus de demandes sur les indicateurs.
10:53Aujourd'hui on n'a pas d'indicateur ESG qui soit comparable et fiable. Et donc c'est un premier pas en fait sur le fait d'harmoniser
11:00et d'avoir en fait la même méthode de calcul aussi pour certains indicateurs et pouvoir vraiment comparer les entreprises.
11:06– Et donc finalement mettre en valeur celles qui ont démarré plus tôt. C'est aussi ce qu'il faut se dire.
11:14Peut-être que celles et ceux qui appuient sur le frein sont ceux qui ont un peu de retard. – Exactement.
11:17– Merci beaucoup. Merci Claudia Montero et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:21On passe à notre débat, le marketing et les influenceurs au programme.
11:25Générique
11:31Le débat de ce Smart Impact. On parle marketing responsable, rôle des influenceurs avec Romain Diedrich.
11:37Bonjour, bienvenue. – Bonjour.
11:38– Vous êtes associé fondateur d'Affilae. Déborah Berger, bonjour. – Bonjour.
11:42– La présidente du groupe Bonhomme. Présentation rapide. Affilae en quelques mots.
11:47– Affilae est une plateforme d'affiliation française qui a été créée il y a une dizaine d'années
11:54et qui compte aujourd'hui une quarantaine de collaborateurs. Et Bonhomme ?
11:58– Bonhomme, c'est un groupe de communication et marketing responsable dédié à l'engagement.
12:03On travaille à la fois avec des acteurs de l'intérêt général, donc des associations, des acteurs publics,
12:07mais aussi avec des acteurs privés engagés en RSE sur tous les mécanismes de la communication engagée.
12:12– Alors on va parler de marketing responsable, mais regardez un mot que vous avez employé,
12:15marketing d'affiliation. J'avoue humblement que je ne connaissais pas l'expression. C'est quoi ?
12:20– Le marketing sur Internet est hérité de la presse. Donc à l'époque, on parlait d'achat d'espace,
12:27d'affichage d'achat au coup par mille, au coup par clic et au fur et à mesure de l'évolution de la technologie,
12:33on a parlé de partage en fait de la valeur et de commissionnement sur les ventes générées,
12:37sur les leads, c'est-à-dire l'inscription à un formulaire pour tous les annonceurs qui ne vendent pas en ligne
12:43et de commissionnement sur les ventes pour tous les annonceurs qui vendent en ligne.
12:46Et par cette mécanique-là, c'est un petit peu un abus de langage, on parle d'affiliation quand il s'agit
12:52de redistribuer la valeur, c'est-à-dire de commissionner les éditeurs sur les ventes générées par les annonceurs.
12:58Ce sont des mécaniques qui deviennent d'affiliation puisque les éditeurs deviennent quelque part
13:02un peu ambassadeurs des marques.
13:04– Alors quand on dit éditeur, moi je vais employer le mot influenceur, ça se rejoint ?
13:08– Ça se rejoint, les influenceurs sont une catégorie d'éditeurs.
13:10Il y a deux catégories de sites sur internet, celui qui veut votre carte de crédit, l'annonceur,
13:15et puis celui qui veut monétiser son audience, l'éditeur.
13:18– D'accord, sur les influenceurs, les ONG, les entreprises, les fondations que vous accompagnez,
13:25est-ce qu'elles en recherchent ?
13:27– Oui, particulièrement de la micro-influence, on est plus sur de la micro-influence
13:31que de la macro-influence et avec une vraie recherche d'authenticité
13:34parce que le but c'est que ça soit durable, il ne s'agit pas juste de faire un coup one-shot,
13:40il faut que ce soit durable et donc il faut trouver vraiment des influenceurs,
13:43des micro-influenceurs qui sont en synergie avec la base donateur
13:48ou la base engagée d'une association.
13:50– C'est tellement vaste les influenceurs,
13:52les influenceurs il y en a qui font n'importe quoi,
13:54il y en a qui vont porter des causes environnementales,
13:58est-ce que vous et les clients finalement, les marques, comment elles font le tri ?
14:04– Jean-Jean Déborah, nous on est plateforme,
14:06donc on est une place de marché de l'affiliation et de l'influence par extension,
14:11on est le leader sur l'influence et effectivement les marques et les distributeurs
14:14recherchent plutôt des micros et des nano-influenceurs,
14:17c'est-à-dire jusqu'à 10 000 abonnés pour les nanos et jusqu'à 100 000 pour les micros,
14:23pourquoi ? Parce qu'il y a une authenticité dans le discours
14:26et il y a un engagement qui est plus fort,
14:28vous voyez par rapport à une égérie de marques,
14:30sur les très grandes marques il peut y avoir des stars,
14:32soit du sport ou de la télévision ou même des réseaux sociaux,
14:37bien évidemment là c'est très professionnalisé,
14:40on est loin de la mère de famille qui va expliquer comment elle s'occupe de son bébé
14:45et qui va peut-être avoir des partenariats avec des acteurs de la puériculture
14:49et être vraiment authentique sur sa manière de communiquer,
14:53aujourd'hui c'est ce que recherchent les marques.
14:56– Les mots de marketing responsable, qu'est-ce que ça veut dire pour vous ?
15:00Je vous pose la même question à tous les deux, je commence avec vous.
15:02– Il y a deux choses en fait, il y a responsable déjà sur la production,
15:05c'est-à-dire l'éco-responsabilité, la responsabilité sociale,
15:08donc est-ce qu'on suit un certain nombre de normes d'éco-production,
15:12d'éco-conception etc.
15:13Et puis il y a responsable dans la cause que ça sert,
15:16à quoi ça sert, est-ce qu'on vend plus de produits
15:18ou est-ce qu'on aide une association à collecter des dons
15:21ou est-ce qu'on aide un service public à se faire connaître
15:23ou est-ce qu'on aide à sensibiliser des concitoyens sur des sujets sociétaux,
15:29voilà, donc pour moi la responsabilité elle joue sur les deux tableaux,
15:32il y a la responsabilité de l'impact de la production
15:34et la responsabilité du message et de à quoi il va servir en termes sociétaux.
15:38– Et votre définition à vous Romain Nydrich,
15:39et puis je vais rajouter une question subsidiaire,
15:42est-ce qu'il y a des annonceurs que vous refusez ?
15:45– Oui, merci de me poser la question, je rejoins ce que dit Déborah effectivement,
15:49alors nous on est plateforme,
15:50donc effectivement on n'est pas forcément acteur directement du marketing,
15:53on est entremetteur, mais on s'interdit évidemment de travailler avec certaines marques,
16:01on en parlait tout à l'heure, des marques chinoises qu'on ne citera pas
16:05et qui ont un impact environnemental et humain assez catastrophique,
16:11on va dire que voilà…
16:12– Mais qui séduisent d'anciens ministres ?
16:14– Qui peuvent séduire d'anciens ministres.
16:15– Bon, on a tous compris de quelles marques on parlait,
16:18bon ok, donc il y a des marques que vous refusez ?
16:19– Après c'est très compliqué parce qu'on n'est pas jugé parti,
16:22nous on est plateforme donc on gère les transactions qu'il y a entre les différents preneurs,
16:28on fait attention ceci étant à encourager, à favoriser des marques comme la Belle Emmaüs
16:33ou des choses comme ça, on fait des choses qui ont un impact positif
16:38dans la mesure de nos connaissances et de nos compétences,
16:41par exemple on va plutôt aller travailler avec des marques qui font du zéro plastique,
16:45des savons solides, plutôt que des marques qui sont de la grande distribution.
16:50– Après il y a aussi la notion d'accompagnement, de chemin,
16:54c'est-à-dire que parfois, nous y compris, on est parfait
16:57et aucune des entreprises ne peut cocher toutes les cases tout de suite,
17:01donc c'est une dimension que vous intégrez aussi à votre réflexion ?
17:03– Absolument, on a exactement les mêmes réflexions,
17:05alors une grosse partie de nos clients sont plutôt des ONG,
17:08des associations et des acteurs publics,
17:09donc eux ils sont par essence à impact si je puis dire,
17:12mais on a aussi des clients privés qui sont des acteurs engagés RSE
17:15et là on ne s'interdit a priori que très très peu de secteurs
17:19et ce qu'on va chercher c'est plutôt l'authenticité de la démarche
17:21et la volonté de faire mieux, peu importe le point de départ,
17:24en fait si on ne prend que des clients parfaits,
17:26de toute façon l'impact va être assez minime,
17:28donc il vaut mieux partir de secteurs,
17:30notamment des secteurs industriels qui ont de l'impact
17:32et de voir comment authentiquement ils s'engagent pour diminuer.
17:36– On discute finalement de ce à quoi sert le marketing,
17:42dans l'histoire du capitalisme il a toujours servi à vendre plus de produits quoi,
17:46et il faut le réinventer ?
17:47– C'est curieux parce que dans la notion de RSE
17:51on parle souvent d'environnement, il y a le côté social et sociétal,
17:55sans marketing l'offre ne rencontre pas la demande
17:58et donc il n'y a pas d'économie, il n'y a pas d'activité.
18:01On s'est posé la question, nous on est dans le marketing internet,
18:04on ne sauve pas les ours polaires,
18:06ceci étant on crée de la valeur et on permet à des PME françaises,
18:09voire à des plus grands groupes,
18:12d'exister, de créer de l'emploi, de créer de la richesse et de la valeur,
18:16et donc pour nous ça c'est déjà important,
18:17il y a le côté plus sociétal qu'environnemental.
18:19C'est vrai que c'est difficile, c'est un peu antinomique de dire
18:22qu'on est dans le marketing digital et qu'on est dans l'environnement,
18:25nous on est plus dans le sociétal.
18:26– Mais c'est intéressant parce qu'on peut même considérer,
18:29Déborah Berger, que le rôle du marketing est de la publicité,
18:32c'est aussi de créer, d'inventer de nouveaux imaginaires.
18:36– Absolument, et nous typiquement on utilise tous les outils
18:39du marketing direct et relationnel pour aider des associations
18:42à collecter plus de dons ou à trouver plus de bénévoles,
18:44donc c'est une finalité on va dire plus positive des techniques de marketing
18:49mais qui utilise exactement les mêmes techniques de marketing direct
18:52que les annonceurs du secteur marchand en fait.
18:54– Oui mais c'est un enjeu très important parce que la communication d'origine
18:59autour des enjeux environnementaux,
19:01c'est quand même une communication anxiogène et culpabilisatrice
19:05et aujourd'hui on se rend compte,
19:06il suffit de voir les résultats des élections dans un certain nombre de pays
19:09qu'on a de plus en plus de mal à emmener les populations sur ces enjeux-là
19:13et la pub, le marketing, ont un rôle majeur à jouer.
19:18– Ils ont un rôle majeur à jouer et il faut réinventer les récits et engager
19:22et ça c'est vraiment nous, notre credo quotidien,
19:24c'est de trouver des manières de réenchanter ces problématiques
19:27et de ne pas les rendre uniquement anxiogènes ou rébarbatifs.
19:31– Alors il nous reste les trois minutes et il y a une question
19:33qui est là aussi presque existentielle pour nos sociétés,
19:37c'est le rôle des réseaux sociaux et on va passer un peu de temps là-dessus.
19:41Je commence déjà Romain Didièche par…
19:43alors je suis sûr que votre réponse va dire que ça va dépendre des marques etc.
19:47mais lesquelles sont les plus efficaces ?
19:49Lesquelles sont les plus recherchées aujourd'hui ?
19:52Est-ce que c'est TikTok ? Est-ce que c'est Instagram ?
19:55– Alors ça dépend effectivement des marques et du positionnement.
19:59Si vous avez un cabinet d'expertise comptable ou vous êtes une banque en ligne,
20:03TikTok c'est peut-être pas le réseau le plus… encore que ça marche parfois.
20:10Alors c'est vrai que plus ça va être B2B, plus on va aller vers du LinkedIn.
20:14Selon les générations, les générations un peu plus âgées vers du Facebook,
20:17les jeunes générations vers du TikTok, mais ça reste une cote mal taillée.
20:22Bien souvent en fait, c'est la créativité qui compte
20:26et parfois on est très surpris en fait de se dire…
20:29– Est-ce que les marques qui viennent sur votre plateforme
20:32et avec lesquelles vous vous interagissez,
20:34elles commencent à se poser des questions sur les réseaux sociaux
20:38sur lesquels elles peuvent annoncer ou pas ?
20:40Je vous pose cette question parce qu'on a vu Mark Zuckerberg, le patron de Meta,
20:44finalement prendre une décision qui va dans le même sens
20:47que celle d'Elon Musk il y a quelques années
20:49dans la transformation de Twitter en X, c'est-à-dire moins de modération.
20:52Moins de modération, ça veut dire quoi ?
20:54Ça veut dire plus de fausses nouvelles, ça veut dire plus de diffamation,
20:56ça veut dire plus de haine.
20:57C'est ce qu'on voit à l'œuvre sur X depuis des mois.
20:59Est-ce qu'il y a des marques qui se disent
21:01mais est-ce qu'il faut que je cohabite avec ça ?
21:03– Non, on n'est pas directement avec les marques là-dessus.
21:07On leur apporte des canaux d'acquisition par le biais d'éditeurs et d'influenceurs notamment.
21:14Et ensuite on les conseille sur les choix qui peuvent être amenés à faire.
21:19S'agissant de l'influence, c'est plutôt les créateurs de contenu,
21:24on appelle ça des influenceurs mais finalement ce sont des créateurs de contenu.
21:27Vous voyez parmi les réseaux sociaux, vous n'avez pas cité,
21:29pour moi celui qui a la plus grosse audience qui reste YouTube,
21:32ça reste un réseau social.
21:34Et effectivement les créateurs de contenu sur YouTube
21:38peuvent être guidés par les marques sur ce qu'ils peuvent dire ou pas dire.
21:41Mais encore une fois, ils sont aussi libres de leur choix.
21:45Donc moi je pense que si les marques se posent la question
21:49de savoir si elles peuvent aller sur tel ou tel réseau,
21:51ça reste un canal et leur communication reste leur propre communication.
21:55– Oui mais cette question de cohabitation, moi je pense qu'elle devient majeure
21:59et elle va l'être encore plus dans les prochains mois à votre avis.
22:01– Sur cette question, nous on a pas mal de clients publics et associatifs
22:05qui ont quitté ou vont quitter X Twitter pour cette raison-là.
22:09Parce que le déferlement de haine et l'absence de modération
22:14créent un environnement qui est plus propice à leur communication.
22:17Et ça on en a vraiment plusieurs qui nous ont interrogés sur cette question-là
22:20et qui vont ou qui ont déjà sauté le pas.
22:22Et donc on peut se poser la question effectivement
22:24de l'impact que ça aura aussi sur Meta et sur Facebook et Instagram.
22:29– Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
22:34On passe tout de suite à notre rubrique Startups et Smart Ideas,
22:38rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
22:42On va découvrir les houlots motrices.
22:44C'est quoi une houlot motrice ?

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