Samedi 18 janvier 2025, SMART IMMO reçoit Fadia Karam (DG, Espaces Ferroviaires) , Sarah Laroussi (Directrice générale, CNDB) , Fabrice Cousté (Journaliste, BSmart) et François BOURVIC (Directeur général, MARNE AU BOIS SPL)
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00:00Bonjour, bienvenue à tous, bienvenue sur Smartimo, un Smartimo spécial dîner les 100 qui font la ville, 100 personnalités qui sont réunies à l'intercontinentale Rue Scribe à Paris.
00:19On va en parler, bien sûr, on a quelques-unes de ces personnalités. On va démarrer dans un instant avec la personnalité de l'année.
00:27Ensuite, on verra quels sont les enjeux, la filière bois, c'est notre débat.
00:31Et enfin, avec un expert, on verra comment les collectivités locales peuvent passer au vert sans se mettre dans le rouge.
00:37Smartimo, c'est parti !
00:43On est ravis d'accueillir sur Smartimo la personnalité de l'année en direct du dîner des 100 qui font la ville.
00:50Et la personnalité de l'année, c'est Fadia Karam. Bonjour Fadia !
00:53Bonjour !
00:54Vous êtes directrice générale d'Espace Ferroviaire et on va voir avec vous ce que vous avez réalisé, non seulement cette année, mais au long cours, puisque ce sont des réalisations vraiment au long cours.
01:05Est-ce que vous pouvez nous dire un mot de votre parcours pour démarrer ?
01:09Écoutez, je suis déjà libanaise d'origine. Je suis arrivée en France il y a maintenant 35 ans avec une formation d'ingénieur architecte urbaniste.
01:21Et donc, les premières dizaines d'années étaient un mixte de travail et de formation dans les différentes entreprises, mais aussi dans les grandes écoles de l'aménagement,
01:34la matrice d'ouvrage urbaine comme l'école des ponts, l'ESSEC sur le management immobilier.
01:39Et donc, au travers de tout ça, j'ai pu me construire et me faire mon idée sur ma passion, c'est-à-dire comment je vais approcher la fabrique urbaine dans mes années à venir dans mon métier.
01:53Et ça, vous venez d'où cette passion justement pour la ville, pour la fabrique de la ville ?
01:58Déjà, je viens d'un pays qui est riche en histoire, en patrimoine, mais qui a été meurtri par la guerre.
02:05Et c'est lourd sur un enfant qui grandit de rêver de la beauté, de rêver d'une ville dans laquelle tout le monde est heureux et qui est dans des situations très difficiles au quotidien.
02:21Et c'est un combat pour dire qu'on peut faire mieux, qu'on peut faire meilleur, qu'il y a un monde meilleur.
02:27Et cette aspiration vers le meilleur m'a toujours tirée.
02:30C'était un choc quand vous êtes arrivée en France ?
02:32Ah oui, un choc d'une générosité incroyable.
02:36Déjà, je considère que c'est une générosité d'accueillir des jeunes qui viennent d'autres pays sans jugement.
02:45Parce que quand je suis arrivée, mon diplôme, je ne sais pas ce que ça signifiait pour les gens en France.
02:49Mais moi, je savais ce que j'avais fait.
02:51Je savais ce que je pouvais donner, mais je savais tout ce que j'avais à apprendre.
02:54Et le choc, c'était de voir tous les services, la qualité de vie.
03:00Et tout est gratuit.
03:02Les musées, c'est rien, les entrées dans les musées en France.
03:07Alors que les infrastructures culturelles sont quasi absentes dans des pays en développement ou en sous-développement.
03:15Pourtant, le Liban n'est pas un pays très dégradé.
03:19Mais étant en guerre, quand j'avais un livre, j'étais ravie.
03:22Alors là, quand je rentrais dans les bibliothèques à Paris, je faisais mes recherches.
03:27Je fais des thèmes sur l'histoire de Paris, la ceinture, les premières ceintures,
03:33comment ça s'est fait, comment ça s'est effacé dans les bâtiments, dans les grandes archives parisiennes.
03:39C'était pour moi des moments d'immersion totale dans une culture.
03:43Et surtout de bonheur de tout ce que je n'ai pas pu déguster dans des années précédentes.
03:48C'est une richesse incroyable.
03:50Tout est à disponibilité.
03:52C'est vrai qu'on ne s'en rend pas toujours compte.
03:54Et c'est dommage.
03:56Et c'est dommage.
03:57Et c'est ce que je disais, puisque moi j'étais dans la joie, et je suis toujours dans la joie,
04:02de dire merci mon Dieu d'avoir eu toute cette chance et cette évolution de mode de vie.
04:11Et quand je vois les gens qui se plaignent et en permanence dire que ce n'est pas suffisant,
04:16je me dis qu'ils n'ont pas vu la vie dans toute la facette.
04:19Alors il faut dire, Fadiak, c'est vrai que vous étiez plutôt un bon profil, une bonne élève,
04:23un très doué en mathématiques, vous l'avez dit.
04:25Egalement attiré par tout ce qui est art, tout ce qui est poésie.
04:28Et vous avez déclaré il y a un instant sur la scène ici, la beauté apporte aussi de la valeur dans la ville.
04:35Expliquez-nous.
04:36En fait, dans tous les cas, on est dans la période la plus compliquée aujourd'hui,
04:41dans une situation où on ne sait plus comment placer notre activité de développeur immobilier.
04:47Donc là je vais dans le deuxième aspect, parce qu'on se dit, les investisseurs ne sont pas au rendez-vous,
04:53les prometteurs ne sont pas au rendez-vous.
04:55Mais on peut quand même remarquer que quand il y a des bâtiments qui sont beaux,
05:01ils peuvent passer plus de leur valeur dans le temps.
05:06Quand ils sont intelligemment conçus, c'est à dire réversibles, transformables, flexibles et agréables à vivre,
05:15ils auront toujours une valeur au regard des investisseurs et des acquéreurs potentiels ou utilisateurs.
05:22Donc c'est une forme de pérennité de valeur qui est aujourd'hui recherchée par les investisseurs,
05:29qui se ressent peut-être sur le centre de Paris, parce qu'on a des bâtiments qui sont jolis,
05:33qui sont de belles qualités, des belles hauteurs sous plafond, qui peuvent muter.
05:38Mais qui sont très anciens, c'est à dire que le bel osmanien, il a déjà plus d'un siècle pratiquement.
05:43Oui, mais le bel osmanien, il est très intelligemment conçu, c'est aussi beaucoup d'ingéniosité,
05:51parce qu'on a la hauteur suffisante pour pouvoir donner mille et une programmations dans le même espace.
05:56C'est des bâtiments qui sont assez compacts autour d'une cour,
06:00et souvent il y a cette transversalité qui permet d'assurer la ventilation des locaux,
06:09donc qui sont des bâtiments sains.
06:11Ce qui leur manque, c'est peut-être la dimension biodiversité, parce que c'est des cours très minérales.
06:18Et c'est là, nous, notre rôle, c'est de partir de ces modèles,
06:22de ce type de bâtiments ou d'îlots urbains très bien conçus, très denses,
06:28parce que c'est des densités très importantes, mais de les fertiliser.
06:32Et donc moi, je profite aujourd'hui de nos fonciers artificialisés,
06:37qui sont des fonciers ferroviaires, pour les transformer en quartiers,
06:41mais beaucoup de travail avec la maîtrise d'oeuvre sur le mode d'îlotage d'urbanisation,
06:46et donc la compacité, ça a un gain d'économie et d'énergie, ça a un gain de circulation,
06:53mais aussi un moyen de refertiliser le cœur d'îlot.
06:56Donc c'est peut-être de l'osmanie, mais nouvelle génération,
07:00où la nature reprend place, mais dans des îlots très compacts, très denses,
07:05et qu'on assume pleinement, parce que quand on fait des îlots compacts,
07:09on libère de l'espace public, et l'espace public, il est ouvert à tous.
07:14Et donc, plus l'espace public est riche et de qualité,
07:18plus il étend toutes les surfaces du logement et des espaces de bureaux,
07:22donc c'est une générosité gratuite.
07:24Et un partage de la ville pour tous.
07:26Exactement, et c'est de la valeur pour l'immeuble, parce que c'est l'adresse de l'immeuble,
07:31c'est son espace d'extension, c'est la pièce en plus,
07:35mais la pièce en plus dans laquelle on va chercher de l'intérêt relationnel,
07:39et non pas juste de la qualité pour soi.
07:42On a son espace de soi, mais on a l'espace où on va partager avec notre quartier, la communauté.
07:49Et c'est ça qui fait l'équilibre de la santé mentale des gens, c'est se croiser, c'est échanger.
07:55Et ça, je pense que nous, dans la conception qu'on s'est donnée de nos projets,
08:02c'est que ça ne soit pas uniquement une performance technique,
08:06c'est plutôt une performance technique, sociétale, sociale,
08:11donc trouver toutes les catégories sociales dans nos quartiers,
08:14mais aussi trouver ces lieux de partage qui soient de qualité pour que tout le monde puisse en profiter.
08:22Oui, vous avez dit, et on le sait, il y a beaucoup de contraintes qui passent aujourd'hui sur les aménageurs,
08:26l'immobilier d'une manière générale, est-ce que cette contrainte économique,
08:29on y fait face évidemment, elle est là,
08:33est-ce que vous ne regrettez pas qu'elle soit un peu trop importante aujourd'hui
08:36et qu'elle nous empêche finalement peut-être de faire du beau, de faire du durable ?
08:40Alors, sur la qualité et la beauté, je ne lâche jamais,
08:43donc ça c'est hors de question et ce n'est pas parce qu'on en fait un acharnement,
08:49parce que comme je le disais, la qualité et la beauté, elle est garante de la valeur.
08:55Dans le temps.
08:56Dans le temps, et donc je ne lâche pas là-dessus.
08:59Par contre, là où on est tous appelés dans les différents métiers qu'on représente,
09:03c'est d'apporter plus d'ingéniosité et de créativité sur la façon de produire.
09:08Donc, on peut parfois, en s'appuyant sur toutes les innovations de l'industrie et de la ville,
09:15avoir des process de construction plus rapides, plus économes,
09:19plus garant d'économie de ressources aussi,
09:23comme la construction hors site, comme les produits biosourcés, géosourcés,
09:29qui sont aussi des leviers d'innovation dans la construction.
09:33Donc, bien sûr, ce n'est pas nécessairement toujours plus économe,
09:37mais il faut raisonner économie globale.
09:39Un temps de chantier plus court et des charges plus réduites pour les utilisateurs
09:46peut attirer des investisseurs sur un projet,
09:49beaucoup plus que des chantiers qui sont interminables
09:52et qui sont en même temps, au final, des gouffres de consommation énergétique.
09:58Donc, je parle de ce cas-là, mais je voudrais parler aussi de la place de la santé.
10:02On a travaillé et on a mis un collectif à bord avec la Fondation Palladio
10:10pour travailler la place du soin, du soin qui est le service le plus humaniste.
10:16Le soin et donc la santé dans la conception des quartiers, dans la conception des immeubles.
10:22Donc, ça, c'est de la valeur aussi.
10:24Donc, c'est du temps passé.
10:25Ce n'est peut-être pas nécessairement plus de coûts, mais c'est de la valeur.
10:28C'est de l'ingénierie, finalement.
10:29C'est de l'ingénierie et donc savoir choisir la bonne maîtrise d'oeuvre,
10:33donner les bonnes attentes pour avoir une qualité d'espace, un espace sain,
10:38c'est-à-dire un espace de ventilation naturelle, les matériaux qui sont sains.
10:43Donc, tout ça aide à créer de la valeur qui est vendable.
10:47Donc, on sait amplifier la valeur en travaillant sur l'ingénierie industrielle
10:52de la production de la ville.
10:54Mais aussi, on sait créer de la valeur d'optimisation sur des montages différents
11:01où la valeur foncière impacte les bilans des opérateurs
11:05et comment on peut trouver des montages d'association du sol par rapport aux bâtis
11:11ou différer de la valeur dans le temps de la valeur foncière pour aider l'acquisition à se faire.
11:16Donc, en tout cas, en tant qu'aménageurs, aujourd'hui, nous,
11:19on travaille main dans la main avec les opérateurs immobiliers.
11:22On prend en compte cette contrainte de marché.
11:25On essaie de trouver ensemble des solutions.
11:28On donne du temps aussi.
11:30On leur donne plus de temps pour trouver leurs solutions.
11:33C'est-à-dire là où on était plutôt dans des contraintes,
11:35on ne vend pas un lot avec une condition de commercialisation.
11:42Là, aujourd'hui, on donne plus de temps pour que les gens fassent leur commercialisation.
11:47On est facilitateurs parce qu'il faut que la fabrique urbaine neuve continue.
11:53Bien sûr, c'est important de renover l'existant,
11:56mais c'est très important de créer de bons bureaux, de bons logements,
12:00d'une nouvelle génération qui est conçue depuis le début
12:04avec un système optimisé et intelligent pour être plus durable dans le temps.
12:08Voilà, et si ça peut être beau et durable, c'est tant mieux et ça le sera fatalement.
12:11Voilà, et soyons solidaires et unis pour qu'on fasse tous le mouvement
12:16de se réinventer à chaque projet
12:20et d'aller chercher des solutions par la transversalité des métiers.
12:24Parce que tout seul, on ne fait pas grand-chose.
12:25Ça, c'est sûr.
12:26On en sait un petit peu plus sur les convictions et les valeurs qui guident chaque jour
12:29Fadia Karam en tant que dirigeante et décisionnaire d'Espace Ferroviaire.
12:34Merci Fadia, c'était un plaisir et à très bientôt sur Vismart.
12:38Merci à vous, au revoir.
12:42Vismart
12:44Le débat sur Smartimo va s'intéresser tout de suite à la filière bois
12:48qui connaît un formidable essor depuis quelques années.
12:50On est ravis d'en parler avec une des 100 qui font la ville, c'est Sarah Laroussi.
12:55Bonsoir Sarah.
12:56Bonsoir.
12:57Vous êtes directrice générale du CNDB, le Comité National du Développement du Bois.
13:00Un petit mot justement sur ce CNDB avant d'attaquer les enjeux pour cette année 2025.
13:06Alors le CNDB, c'est le Comité National pour le Développement du Bois,
13:09comme vous venez de très justement le dire.
13:11C'est un centre de ressources et d'informations autour du matériau bois
13:14et ses nombreux usages auprès des maîtres d'oeuvres et des maîtres d'ouvrages.
13:18Donc nous disposons d'un certain nombre de documents techniques,
13:21animons des conférences, des visites d'opérations en bois
13:25et également organisons et formons un certain nombre d'acteurs de la ville
13:30à construire et rénover avec le matériau bois.
13:32Oui, alors le matériau quand on parle du bois, évidemment,
13:34on est obligé de parler du début, c'est-à-dire de la forêt
13:37et la forêt, on en parle de plus en plus.
13:39Ça brûle un petit peu partout sur le globe.
13:41Malheureusement, on est en plein changement climatique.
13:43Comment on prend soin justement de cette forêt ?
13:46Alors, on a la chance d'être une filière du coup,
13:48composée d'hommes et de femmes passionnés,
13:50donc 420 000 acteurs aujourd'hui qui oeuvrent sur le terrain
13:53de la ressource à ses nombreux usages et transformations.
13:57C'est vrai que la forêt est sujette au changement climatique.
14:00Elle est en première ligne.
14:02Donc on peut observer la sécheresse, on peut observer le stress hydrique,
14:05on peut observer les incendies de plus en plus présents
14:08partout dans le monde, pas uniquement en France.
14:10Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on accompagne la forêt
14:13dans ses nombreux changements, évolutions,
14:16à travers, entre autres, la migration des espèces.
14:19Donc comment on accompagne des espèces aujourd'hui
14:21qui avaient historiquement l'habitude de pousser
14:23dans certaines stations forestières, zones forestières,
14:26peut-être ou zones même nationales,
14:28plutôt certaines essences, par exemple,
14:31plutôt dans l'ouest de la France ou dans le sud-ouest,
14:34et aujourd'hui qu'on retrouve plutôt dans le centre de la France,
14:36voire un peu plus haut.
14:39Comment également on accompagne les essences aujourd'hui présentes
14:43pour les aider à avoir les meilleures conditions,
14:46pour pouvoir pousser et répondre aux enjeux de construction.
14:51Et la gestion forestière est un acte aujourd'hui indispensable
14:55pour accompagner le développement de la construction.
14:58D'autant, c'est vrai que la France est un grand pays forestier.
15:01On a énormément de bois et d'essences de bois.
15:04On est richement gâtés de ce côté-là.
15:06Complètement. La forêt française représente un tiers de notre territoire.
15:10Elle est à proximité de chacun et chacune.
15:12Elle a un rôle essentiel dans la décarbonation.
15:15C'est le deuxième puits carbone mondial, après les océans.
15:19Aujourd'hui, elle est également en péril.
15:22C'est là l'importance de tout ce travail mené sur le terrain
15:25pour avoir les essences les plus adaptées au climat d'aujourd'hui,
15:28mais surtout au climat dans 20, 30, 40 ans.
15:31Comme vous le savez, le temps des forêts, c'est un temps long.
15:34Les essences que nous plantons aujourd'hui,
15:36on pourra les observer dans 30 ans à minima, voire 50 ans pour certaines.
15:40C'est vrai que c'est un travail de dure haleine,
15:43mais qui est mené avec conviction et passion au quotidien.
15:46Effectivement, des métiers au long cours.
15:49Justement, on va se pencher sur les métiers de la construction bois.
15:53Là aussi, il y a un immense défi pour la filière,
15:55c'est de trouver les bras, les talents finalement pour cette filière.
15:59Parce que c'est vrai que, comme beaucoup de métiers manuels ou dits physiques,
16:03il faut essayer d'attirer de nouveaux talents et notamment les jeunes.
16:07Complètement. Alors, l'attractivité des métiers, c'est un point essentiel,
16:11mais aujourd'hui qui est partagé avec un très grand nombre d'autres filières
16:15et d'autres métiers.
16:17Donc, faire connaître d'abord nos métiers auprès du plus grand nombre.
16:21On a la chance d'avoir un certain nombre de programmes aujourd'hui
16:23qui sont mis en place par l'Interprofession nationale France Bois Forêt
16:26ou le CODIFAB, qui sont nos structures référentes
16:28et qui nous permettent de mener à bien un certain nombre de projets chaque année.
16:32Donc, je pense entre autres à Very Wood Métier ou à Métier Forêt Bois,
16:35qui sont du coup de référence sur le sujet et qui permettent du coup
16:41de référencer un certain nombre d'offres d'emplois, entre autres,
16:44et de formations disponibles.
16:46Et puis ensuite, il y a tout, je dirais, le panel aujourd'hui disponible
16:50de personnes en reconversion.
16:52On a observé cela post-Covid avec pas mal aujourd'hui d'acteurs du bois
16:57qui avaient une autre vie précédemment et qui ont découvert le matériau,
17:01ont recherché un métier qui avait du sens et ont découvert les métiers du bois
17:05qui sont peu connus, mal connus, méconnus pour certains,
17:10mais surtout très diversifiés.
17:12Donc, ça permet aussi de découvrir des métiers auxquels on ne pensait pas du tout,
17:16sur lesquels on n'avait pas forcément la bonne image.
17:18Donc, je ne peux que conseiller à ceux qui s'y intéressent
17:21et s'intéressent à changer peut-être et à rechercher un métier
17:24avec un peu plus de sens, à aller vers les sites que j'ai cités précédemment.
17:28Et puis, on est sur quelque chose de très pratique, de très local également.
17:31On ne peut pas délocaliser nos forêts.
17:33C'est sûr qu'on a besoin de les travailler de manière très concrète.
17:36Exactement, des métiers ancrés dans les territoires qui apportent
17:39une réelle valeur ajoutée, des métiers aujourd'hui en circuit court,
17:42comme vous le disiez.
17:43Donc, il est possible aujourd'hui de construire 100% en bois français
17:46et on ne le dit jamais assez.
17:48La forêt française offre un certain nombre de services
17:51et permet en fait de répondre aux enjeux de décarbonation
17:54que je ne peux que rappeler là aussi.
17:56L'horizon 2030, c'est moins 50% de nos émissions de gaz à effet de serre.
18:01C'est les accords de Paris.
18:02Moins 2050, on est neutralité totale carbone.
18:07Donc, il faut impérativement 2030, c'est dans 5 ans.
18:10Donc, il est temps d'agir et d'agir concrètement.
18:13Le compte à rebours est lancé.
18:14Ce n'est pas évident, mais on va tout faire évidemment
18:16pour respecter ces accords de Paris.
18:18Puisqu'on parle justement de ces échéances,
18:21il y a aussi l'impératif de changer un peu le mode de construction,
18:25notamment de trouver de nouvelles solutions pour la ville.
18:27Vous l'avez dit, on utilise de plus en plus le bois pour la surélévation,
18:31construire la ville sur la ville, mais aussi pour la rénovation.
18:34Complètement.
18:35Alors aujourd'hui, la ville a un rôle indispensable dans la décarbonation.
18:40Il faut savoir qu'il y a un peu plus de 60% de la population mondiale
18:44qui vit en ville.
18:45Et puis, ce pourcentage ne va faire que croître pour atteindre,
18:47je crois, aux alentours des 80% à l'horizon 2050.
18:51Donc, c'est vrai qu'il faut en être conscient et pouvoir se dire
18:55comment aujourd'hui, pour éviter l'étalement urbain,
18:58comment aujourd'hui, pour répondre aux enjeux environnementaux,
19:01on peut apporter des solutions pour loger confortablement,
19:04offrir des bureaux, offrir des lieux de vie, de culture, de loisirs
19:10les plus efficients, et thermiquement, et acoustiquement,
19:14et même en termes de qualité de vie, tout simplement.
19:17Et le bois offre toutes ces solutions.
19:19Et vous l'avez évoqué avec beaucoup de justesse,
19:21la surélévation est une véritable solution aujourd'hui pour les villes.
19:25C'est beaucoup plus léger, évidemment.
19:27Complètement, à redistribuer les cartes.
19:29Et là, on a envie, en effet, de retrouver des matériaux
19:32qui s'inscrivent dans du bâti existant.
19:34On parle beaucoup de rénovation, de réhabilitation.
19:36Donc là aussi, le bois a toute sa place.
19:38Et la surélévation, on vient, je dirais,
19:40uploader, je ne sais même pas si on peut le dire,
19:42mais en tout cas, du coup...
19:44Surélevé.
19:45Surélevé, du coup, un, deux étages.
19:48Du coup, un bâtiment sur un, deux, voire trois, quatre étages.
19:51Le matériau bois est très léger.
19:53Bien sûr.
19:54Et permet du coup, sans charge additionnelle,
19:57du coup, à un bâtiment de venir acquérir
20:00du coup, de la surface disponible en complément.
20:04Et ça, c'est un réel atout.
20:06Oui, c'est un enjeu, bien sûr, pour nos villes.
20:08Trouver de l'espace.
20:09Intensifier aussi la fabrique de la ville.
20:12Voilà, on en sait un petit peu plus.
20:13Sans oublier, évidemment, que le bois,
20:15c'est un matériau noble.
20:17Et puis, c'est tellement agréable.
20:18En tout cas, on en sait un petit peu plus
20:20sur les enjeux de cette filière bois pour 2025.
20:22Donc, en plein développement.
20:23Merci à vous, Sarah Laroussi.
20:25Je rappelle que vous faites partie des 100
20:27qui font la ville, une fois de plus, pour cette année.
20:29Directrice Générale du CNDB.
20:31A très bientôt sur Smartimo.
20:33Merci infiniment.
20:38Et notre expert du jour, c'est François Bourvique.
20:41Bonsoir, François.
20:42Vous êtes Directeur Général de la SPL Marne-aux-Mois
20:45pour Société Publique Locale.
20:47On va voir avec vous comment passer au vert
20:49sans se mettre dans le rouge pour les collectivités locales.
20:52Vous faites partie surtout des 100 qui font la ville
20:55et qu'Innovastress a souhaité récompenser.
20:58François, racontez-nous un peu
21:00ce que fait la SPL Marne-aux-Mois.
21:02La SPL Marne-aux-Mois est un aménageur,
21:04principalement, qui travaille à l'est de Paris,
21:06juste à côté du Bois de Vincennes,
21:08pour les villes de Fontenay-sous-Bois,
21:10Donjon-sur-Marne, Brie-sur-Marne, Champigny-sur-Marne
21:12et l'intercommunalité, l'agglomération Paris-Est,
21:15Marne-et-Bois.
21:16Alors, bien sûr, d'immenses défis.
21:18On parle de plus en plus du Grand Paris,
21:20des travaux en cours, des travaux
21:22qui s'étendent sur plusieurs années.
21:24Quels sont les grands chantiers dans ces communes
21:27en ce moment ?
21:28On a un grand chantier qui concerne
21:30toutes ces communes, qui est le Grand Paris Express,
21:32puisque à peu près toutes les communes
21:34que j'ai citées ont une gare du Grand Paris Express
21:36qui va se localiser sur leur territoire.
21:38Et nous accompagnons notamment sur la gare
21:40de Val-de-Fontenay, qui est l'interconnexion
21:42entre cette ligne 15 du futur Grand Paris Express,
21:45le RER A et le RER E, sur Val-de-Fontenay.
21:48Nous accompagnons l'arrivée,
21:50ou plutôt le lancement de ce grand projet,
21:53puisque les tunneliers vont rentrer
21:55sous terre à Val-de-Fontenay en 2026.
21:57Et nous sommes dans les travaux préparatoires
21:59de cette grande infrastructure qui va révolutionner
22:01l'île de France.
22:02Et qui va durer combien de temps ?
22:04Les travaux ne vont pas être si longs,
22:06puisque c'est 5 ans à peu près,
22:08et la livraison du métro est prévue
22:10pour 2030-2031.
22:12Donc c'est maintenant très imminent.
22:15Exactement. Il faut dire que c'est déjà
22:17un nœud de transport, un carrefour
22:19de mobilité Val-de-Fontenay.
22:21Tout à fait. Aujourd'hui, c'est près de 100 000
22:23voyageurs au jour. C'est déjà un point de passage
22:25incontournable à l'est de Paris.
22:27Avec l'arrivée du Grand Paris Express
22:29et le tram T1 qui arrivera ici en terminus,
22:32ça fera 170 à 200 000 voyageurs au jour.
22:35Ce qui fait la deuxième gare hors Paris
22:37de l'île de France après la Défense.
22:39C'est un nœud d'intercommunication
22:41absolument fondamental qui s'accompagne
22:43d'un développement urbain assez considérable
22:46que nous conduisons avec Marnebois SPL
22:48sur près de 100 hectares
22:50autour de cette gare RER
22:52et bientôt métro de Val-de-Fontenay.
22:54Il y a un autre enjeu dont on parle de plus en plus
22:56et on voit les effets tous les jours.
22:58C'est le changement climatique.
23:00Les villes doivent s'adapter.
23:02Comment vous appréhendez cette problématique ?
23:04C'est une problématique à laquelle on s'attèle
23:06depuis maintenant plusieurs années
23:08puisque nous avons commencé à nous pencher
23:10sur ce sujet, cet enjeu en 2018.
23:14Nous sommes devenus entreprise à mission
23:16en 2022 avec une grande partie
23:18de notre mission, de notre raison d'être
23:20qui a pour objectif de construire
23:22ou reconstruire la ville sur elle-même
23:24mais en ayant un impact positif
23:26sur l'environnement, sur tous ses aspects
23:28et notamment l'enjeu du carbone
23:30qui est absolument fondamental aujourd'hui
23:32pour nos métiers de la construction,
23:34de l'immobilier ou de l'aménagement urbain.
23:36Cela se décline sous plusieurs aspects
23:38dans notre opération
23:40parmi lesquels je pourrais citer,
23:42on y reviendra peut-être,
23:44la transformation de bureau à logement,
23:46la renaturation, la désinfermabilisation,
23:48des sujets qui sont vraiment au cœur
23:50de nos problématiques.
23:52C'est vrai qu'on est toujours dans cette notion
23:54de ZAN, zéro artificialisation nette,
23:56ça veut dire qu'on est obligé d'aller chercher
23:58sur les friches, sur la transformation
24:00de bureau à logement, sur les entrées de ville,
24:02ce sont des chantiers que vous considérez ?
24:04Le ZAN est plutôt quelque chose
24:06qui nous est positif puisque
24:08plutôt que de travailler à l'étalement urbain
24:10notamment en Ile-de-France,
24:12les problématiques sont peut-être un peu différentes
24:14dans d'autres régions,
24:16c'est vrai que venir construire et densifier
24:18ou intensifier plutôt la ville
24:20auprès des noeuds de transport en commun,
24:22ça me semble totalement louable
24:24et préférable,
24:26donc on travaille bien sûr à cette
24:28intensification, sachant que le deuxième point
24:30pour nous, c'est que notre ville
24:32est déjà 100% artificialisée,
24:34donc notre action est plutôt
24:36une désartificialisation,
24:38le mot peut sembler barbare, mais ça veut dire qu'aujourd'hui
24:40on a 1% de pleine terre, ce qui est très peu,
24:42en tout cas au proche de la gare
24:44et dans le pôle tertiaire,
24:46l'objectif c'est de passer à 25-30% de pleine terre,
24:48donc en fait notre action d'aménagement
24:50il n'est plus d'artificialiser, mais il est plutôt
24:52de retirer du bitume, de retirer du goudron
24:54et de planter des arbres là où
24:56l'urbanisation des 50 dernières années avait
24:58complètement remplacé ce qui était avant
25:00des espaces maraîchers ou naturés.
25:02On le disait, l'enjeu c'est vraiment de passer
25:04ou plutôt de repasser au vert
25:06avec la contrainte budgétaire, donc sans se mettre
25:08dans le rouge, comment on réalise cette équation ?
25:10C'est une équation très compliquée
25:12aujourd'hui,
25:14les marchés immobiliers ne vont pas bien,
25:16les finances locales des collectivités
25:18françaises, mais surtout
25:20le territoire, ne vont pas bien non plus.
25:22De façon assez spécifique
25:24sur notre territoire de Val-de-Fontenay,
25:26on a une chance
25:28qu'on considère assez exceptionnelle
25:30car nous avons des terrains que nous
25:32maîtrisons d'ailleurs pour partir beaucoup
25:34à la SPL ou avec nos partenaires
25:36l'établissement public foncier d'Ile-de-France
25:38ou la frontière de transformation immobilière,
25:40on a réussi à acheter
25:42des espaces à transformer
25:44qui étaient des bureaux vacants,
25:46parfois des entrepôts aussi
25:48vacants et que nous allons pouvoir
25:50utiliser comme foncier
25:52pour réintensifier cette ville
25:54dans une logique notamment de grande
25:56diversité, de mixité de programmation.
25:58On ne veut pas miser sur du tout tertiaire
26:00ou sur du tout logement ou sur du tout commerce
26:02et on a une surface suffisamment
26:04grande pour avoir tous ces
26:06programmes dans la ville que nous allons construire
26:08et c'est en tant que tel
26:10un élément de résilience parce que si
26:12un marché ne va pas bien, par exemple celui du bureau
26:14aujourd'hui, on peut se reporter
26:16assez facilement sur du logement.
26:18Troisième point que je pourrais citer quand même,
26:20on a une plaque tertiaire à Val-de-Fontenay
26:22qui est le grand pôle tertiaire de l'Est parisien
26:24qui tire un peu
26:26son épingle du jeu
26:28aujourd'hui grâce à ça des
26:30certains transports en commun et grâce à des grands
26:32utilisateurs historiques qui ne sont pas partis de Val-de-Fontenay
26:34la Société Générale,
26:36AXA, BNP, la RATP
26:38qui est le deuxième employeur de la zone,
26:40Malakoff Humanis, la Banque Palatine
26:42donc il y en a beaucoup qui sont
26:44restés et qui ont fait confiance à Val-de-Fontenay
26:46et pour lesquels on va
26:48pouvoir produire une ville plus qualitative
26:50avec plus d'espace vert, avec plus de services
26:52avec des commerces et c'est ce à quoi
26:54nous nous attelons aujourd'hui.
26:56Pour ces entreprises c'est aussi l'idée d'attirer
26:58ou de retenir les talents en ouvrant
27:00un cadre de vie bien sûr beaucoup plus agréable.
27:02Aujourd'hui on a sur Val-de-Fontenay
27:04un habitant
27:06pour 23 salariés
27:08parce que la pôle tertiaire est
27:10extrêmement important. L'autre objectif
27:12c'est de rééquilibrer ce
27:14pourcentage avec un habitant pour
27:163 salariés, ça veut dire l'arrivée
27:18de nouvelles populations, l'arrivée d'habitants et on sait
27:20que l'Île-de-France aujourd'hui a besoin de création
27:22de logements, c'est un défi absolument
27:24essentiel. On ne veut pas pour autant
27:26faire disparaître cette place tertiaire
27:28et cette zone d'emploi parce
27:30qu'elle est aussi vitale à l'Est de Paris
27:32et elle est complétée aussi par des activités de production
27:34PMI, PME qui sont extrêmement dynamiques
27:36et que nous voulons aussi conserver.
27:38Donc on pense à bon équilibre
27:40que d'avoir du logement
27:42recréé et l'Île-de-France en a besoin
27:44mais de conserver aussi les emplois tertiaires
27:46ou de transformation de production.
27:48Voilà donc on l'a compris
27:50réintensification
27:52des usages, réversibilité
27:54pour les bureaux au logement
27:56l'enjeu également c'est de remettre du verre
27:58évidemment de remettre de la nature
28:00en ville. Autant de défis qui attendent
28:02nos villes
28:04de toute façon dans toute la France
28:06et en particulier pour l'ASPL
28:08Marneau-Bois. Merci François Brouwick
28:10on comprend pourquoi vous faites partie des 100
28:12qui font de la ville avec cette très bonne connaissance
28:14directeur général de l'ASPL Marneau-Bois
28:16et à très bientôt dans Smartimo.
28:18Merci beaucoup.