François Bayrou poursuit ses tractations à la veille de son discours de politique générale pour éviter la censure, avec au centre des discussions la réforme des retraites, dont les socialistes demandent la suspension.
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00:00Franchement, je ne peux pas anticiper sur ce qui se passera demain, il y a encore beaucoup d'incertitudes à l'heure où nous parlons.
00:06Mais je pense que Alain Duhamel dit les choses comme il le faut, c'est-à-dire que nous avons aujourd'hui une situation qui est assez paradoxale.
00:12Nous avons d'une part une instabilité politique qui est, je pense, le nœud de la crise française aujourd'hui.
00:18La base de la crise française, elle est politique.
00:21Parce que l'instabilité politique engendre de l'incertitude économique et l'induit des comportements qu'on connaît,
00:26c'est-à-dire que les investisseurs au lieu d'investir attendent et les consommateurs épargnent.
00:31Alors qu'en réalité, si on veut relancer la croissance française, il faut beaucoup d'investissements et beaucoup de consommation.
00:36Et ça débouche aussi sur une incertitude et une instabilité financière avec des finances publiques qui, je le confirme, sont les plus mauvaises d'Europe.
00:45Nous avons aujourd'hui un déficit à la fin 2024 qui est supérieur à 6%, c'est deux fois plus que ce que disent les traités,
00:51mais c'est aussi deux fois plus que la moyenne européenne.
00:53Avec une année 2024 qui a été cataclysmique, une année noire pour nos finances publiques.
00:57Et donc, on ne peut pas refaire ça en 2025.
00:59Alors, il y a deux façons de voir le problème.
01:01C'est pour ça que je ne veux pas répondre sur cette question de la suspension des retraites.
01:04Il y a la façon politique.
01:05Il est souhaitable qu'il y ait un budget en France.
01:08Il est souhaitable qu'on mette fin à l'instabilité politique.
01:10On ne peut pas avoir des gouvernements qui durent trois mois et je ne souhaite pas que nos gouvernements soient censurés.
01:15Très clairement, ce serait une mauvaise chose.
01:17Mais justement, la question, elle est là.
01:18C'est ça que je voulais dire.
01:20On est devant une situation où on doit chercher le compromis.
01:25Et il est tout à fait logique que le gouvernement le cherche.
01:27C'est son métier.
01:28Mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment des finances publiques.
01:31Et là, je veux passer un message très clair.
01:33C'est que nous devons réduire fortement nos déficits pour maîtriser notre dette.
01:38Et je veux donner des chiffres.
01:39Nous sommes à 6,1.
01:41Pour moi, le déficit budgétaire doit être plus proche de 5 % que de 5,5 %.
01:46Il doit être très clairement en dessous de 5,5 % en 2025.
01:50Après, il faut voir comment on y arrive.
01:53Pour répondre sur cette question de suspension des retraites,
01:57après, la réforme des retraites est révisable.
02:00Elle n'est pas parfaite.
02:01On le sait depuis le début.
02:02Il y avait la question de l'âge pivot.
02:03Il y a la question de la pénibilité.
02:05Il y a un certain nombre de carrières longues.
02:06On peut débattre de tout ça.
02:08Mais il faut que financièrement, nos retraites soient soutenables.
02:12Et donc, au-delà du terme, il y a la question de savoir quel processus on ouvre
02:17pour que nos retraites soient financées.
02:19Nous avons les retraites qui sont les plus avantageuses d'Europe aussi.
02:22Et il faut réformer nos retraites.