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00:00Jean-Marie Le Pen, animale politique, animale médiatique, les hebdomadaires l'évoquent forcément dans leurs pages
00:07dont celui que vous avez dirigé, François-Olivier Gisbert, bonjour !
00:10Bonjour Léonide Meunier, et bonne année !
00:12Et bonne année également, alors journaliste écrivain !
00:14Tiens d'ailleurs, à quoi ressemblaient vos rencontres avec Jean-Marie Le Pen ?
00:17Est-ce que pour un journaliste c'était un rendez-vous parmi d'autres ou est-ce que c'était un duel, il y avait une préparation particulière ?
00:25Vous savez, tous les rendez-vous sont des préparations, quand c'est avec des grands monstres comme ça, c'est sûr que oui, je préparais un peu
00:32mais ça commençait toujours très très mal.
00:35Dès qu'on parlait politique, c'était horrible, et puis après on parlait d'autres choses, de la vie qui passe, etc.
00:42Et je les rencontrais à plusieurs reprises, alors il y avait quelque chose de très particulier par rapport à la classe politique d'aujourd'hui,
00:47c'est qu'elle était extrêmement cultivée, et toujours de bonne humeur quand même, dès qu'on sortait de la politique.
00:53Très rieur et plaisant.
00:55Alors c'est vrai, François-Olivier, que c'est un héritage que personne ou peu ne souhaite revendiquer, y compris sa fille Marine Le Pen.
01:03C'est assez étrange, alors il y a peut-être Jordan Bardella ou Éric Zemmour qui en sont plus proches, mais c'est vrai que c'est un sentiment un peu particulier tout de même.
01:10Je pense que sa fille était très très proche de lui, mais qu'il y a eu un espèce de désaccord politique très violent,
01:16puis elle s'est dit à un moment donné, c'est lui ou moi, c'est-à-dire que s'il continue comme ça, de toute façon, moi je vais disparaître.
01:21Il y a quelque chose de, comment dire, chez Jean-Marie Le Pen,
01:25il y a quelque chose qui était évident, c'est qu'il ne voulait pas que sa fille réussisse.
01:29Et donc elle a su que pour réussir, il fallait s'affranchir de lui,
01:32mais comme c'est une fille, comme toutes les enfants, je dirais, elle est quand même très attachée à son père,
01:38donc il y avait quand même un bout de relation, on a bien vu, sur la fin.
01:42Donc c'est vrai que l'héritage, elle l'a complètement dépassé.
01:46Il y a eu une rupture, ça je crois que tout le monde l'a compris,
01:50le Rassemblement National et le Front National, ce sont deux partis qui n'ont plus grand-chose à voir,
01:54même s'il reste au RN un fonds de militants du Front National,
02:00enfin tous ces gens qui étaient quand même très à l'extrême de l'extrême droite.
02:03Alors, faire personnage clivant, Jean-Marie Le Pen, forcément, à tel point qu'il y a un très très gros dispositif de sécurité
02:09qui est mis en place à la Trinité, est-ce que vous vous attendiez, vous qui scrutez le monde politique depuis des années,
02:14à voir du monde se délecter de sa mort ?
02:16Est-ce que ce sont les enfants de 2002 qui étaient dans la rue, samedi soir à Paris notamment ?
02:21Oh, comment dire, les enfants de 2002, non, parce que j'ai regardé les images, c'est triste et pathétique.
02:27Vous savez, je crois qu'on vit, je ne dis pas une fin de civilisation, mais on a un problème,
02:35on le sent tous très bien et on est parfois un petit peu angoissé, notamment l'absence du respect, de la politesse, etc.
02:41Et les morts, comment on fait pour les morts ? C'est le silence et c'est quelque chose d'absolument incompréhensible
02:48et je crois que ça a choqué beaucoup de monde, moi je ne suis pas, et j'ai toujours combattu Jean-Marie Le Pen politiquement,
02:53mais quand j'ai vu ça, j'étais...
02:56Enfin, ça montre l'effondrement général de...
03:00Oui, de...
03:02Civilisationnelle un peu, oui.
03:04Oui, il y a quelque chose qui relève du civilisationnel, bien entendu, vous voyez très bien,
03:09on est passé dans autre chose et moi, c'est vrai que ça a...
03:15Je veux dire, en plus, il avait disparu de la vie politique depuis quand même très longtemps,
03:20et puis c'est un peu de frais, il n'y a aucun risque, ce n'est pas un dictateur qui est au pouvoir,
03:27ce n'est pas comme tous ces gens qui... Enfin, une espèce de joie qui envahit...
03:31Oui, il y avait une pièce, on avait l'impression que c'était un sado-musulman.
03:34Oui, vous vous souvenez, après la mort de Nasrallah, au Liban, en Syrie, en Iran,
03:40il y a eu des sortes de danses de joie, Nasrallah, c'était le grand patron du Hezbollah,
03:43vous savez, quand il était tué, et bien, il y a eu une...
03:46Oui, mais c'est tout à fait différent, parce qu'il était en place, là,
03:50c'était un très très très vieux monsieur qui était malade depuis longtemps.
03:54Et que sa famille va donc honorer cet après-midi à la Trinité-sur-Mer dans le Morbihan.
03:59Merci, François-Olivier Gisbert, d'être intervenu sur l'antenne d'Europe 1 aujourd'hui.
04:02Merci à vous.
04:03Merci, Yannick Pognet.