Le ministre de l'Intérieur hausse le ton à l'encontre d'Alger ce 10 janvier. Le pays a refusé d'accueillir sur son sol l'influenceur Doualemn, de nationalité algérienne, alors que l'homme avait été expulsé de France la veille. Il a été renvoyé vers l'Hexagone.
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00:00Les visas, bien sûr, c'est un élément de l'influence de la France, mais c'est aussi un élément de la maîtrise de l'immigration.
00:08La France distribue 25% du total des visas que délivre toute l'Union européenne.
00:18C'est nous les premiers. En 2023, c'était 2 500 000 visas.
00:26Pour vous donner un exemple, l'Allemagne, qui est juste derrière nous, c'est 2 500 000. L'Allemagne, c'est 1 500 000.
00:37Donc pratiquement un million de différence. Et je pense que ça, c'est important parce que beaucoup utilisent notamment des visas de court séjour,
00:46des visas touristes, pour s'introduire sur le territoire national et ensuite pour s'y maintenir de façon illégale.
00:54Donc c'est important qu'on puisse, avec les postes diplomatiques, surveiller ces risques-là qui augmentent le risque migratoire.
01:03On a beaucoup d'éléments dans notre droit national. Je pense à la loi qui a été votée en janvier 2024.
01:10Je pense aussi au code communautaire Visa qui nous permet d'agir en donnant, donnant, par exemple,
01:18pour ceux qui ne donnent pas de laissé-passer consulaire, il y a ce qu'on appelle un levier vis-à-vis de la distribution des visas
01:27devant ces pays qui n'appliquent pas la réciprocité. On leur donne des visas et eux ne nous donnent pas suffisamment de laissé-passer consulaire,
01:36vous savez, pour réadmettre les ressortissants qu'on veut éloigner du sol national.
01:43Il y a un autre levier qui est un levier commercial dans le cadre européen qui est en train de discuter. Il y a des tarifs douaniers.
01:50Je pense qu'il faut utiliser aussi ce levier des tarifs douaniers quand on veut avoir des tarifs douaniers qui favorisent le commerce
01:58avec tel ou tel pays mais que ce pays ne coopère pas dans la politique de réadmission de ses propres ressortissants.
02:04Ça fait partie des leviers. Il y a aussi un autre levier qui est le levier de l'aide au développement.
02:10Là encore, on a besoin de réciprocité. Pourquoi ? Est-ce qu'il y a des pays, on leur donne un certain nombre de moyens financiers
02:20comme aide au développement et derrière, ils ne coopèrent pas à cette politique migratoire.
02:27Donc je suis venu rappeler à nos services ici qu'il faut suivre très très près les taux de refus pour la délivrance des visas
02:36et cette politique de visa, c'est absolument fondamental dans le pilotage de la politique migratoire.
02:43Les peuples d'Europe, le peuple français nous le demandent et nous devons utiliser tous les moyens de politique publique
02:50qui sont à notre disposition pour pouvoir le faire.
02:53Ça veut dire moins de visas globalement ?
02:55Ça veut dire être beaucoup plus exigeant parce qu'on sait parfaitement qu'il y a des visas, notamment des visas de court séjour mais pas que,
03:03qui sont des moyens de se maintenir illégalement en France.
03:07Donc il faut être très vigilant et ça concerne aussi l'ensemble des postes diplomatiques partout à l'étranger dans l'ensemble des pays du monde
03:17mais surtout dans les pays où on a un certain nombre de risques.
03:20Je vais par exemple, je souhaite qu'on puisse surveiller de très très près les 20 postes consulaires qui sont à l'étranger
03:28et qui distribuent l'essentiel du nombre des visas pour la destination France.
03:34Une réaction concernant ce qui se passe avec l'influenceur algérien qui a fait un aller-retour express ?
03:40Je veux dire ma superbe action et je pense qu'on a atteint avec l'Algérie un seuil extrêmement inquiétant.
03:50On voit bien que l'Algérie cherche à humilier la France.
03:54L'Algérie détient actuellement un grand écrivain, Boalem Sansal, qui est non seulement algérien mais qui est aussi français.
04:04Il a 80 ans et il est malade.
04:07Est-ce qu'un grand pays, est-ce qu'un grand peuple peut s'honorer de maintenir en détention pour de mauvaises raisons quelqu'un qui est malade et quelqu'un qui est âgé ?
04:19Et désormais, c'est ce ressortissant algérien, un influenceur, qui propageait sur la toile, sur les réseaux sociaux, la haine.
04:31Les réseaux sociaux, ça n'est pas une zone de non-droit.
04:35Et comme ministre de l'Intérieur, je ne veux rien laisser passer.
04:38Il y a, comme vous le savez, une quatrième influenceuse à Lyon qui est actuellement, au moment où je vous parle, entendue.
04:45Il n'est absolument pas question de laisser libre cours à la haine de ces individus qui profèrent de l'antisémitisme, le meurtre, etc.
04:56Ce que je veux dire sur le cas spécifique de cet influenceur qui répond au nom de Boalem.
05:04Un, il avait un passeport biométrique à jour.
05:10Il a donc été reconduit. J'ai pris un arrêté d'expulsion.
05:15Et les autorités algériennes n'ont pas voulu le laisser débarquer sur le sol algérien.
05:23En contradiction totale avec les règles.
05:29Avec la convention de Chicago, convention internationale de 1948, qui rappelle que les pays sont comptables de leurs propres ressortissants.
05:41Or là, il n'y avait pas besoin d'avoir un laissé-passer consulaire, puisque la preuve qu'il était un ressortissant algérien était établie au moyen d'un passeport biométrique.
05:55Qui était valide. Première chose.
06:00Et par ailleurs, convention de 1948 et le protocole, comme le rappelle Tayyip Salih, le protocole de 1993, qui est un protocole bilatéral entre l'Algérie et la France,
06:14qui dispose qu'en termes de réadmission, un passeport suffit pour apporter la preuve de cette réadmission.
06:23Donc c'est absolument inacceptable. Inacceptable.
06:27Quel a été le motif invoqué par l'Algérie ? Est-ce que vous avez le chiffre, le nombre d'influenceurs qui à ce jour sont visés par des policiers ?
06:35L'Algérie a évoqué un motif sans produire aucune preuve.
06:41C'est-à-dire que les deux policiers qui exportaient dans l'avion cet influenceur sont descendus de l'avion.
06:50On leur a opposé un certain nombre d'arguments juridiques sans jamais, jamais leur fournir précisément une preuve en termes de droit.
07:00Mais d'ailleurs, le droit, je vous parlais du droit international et du protocole qui régit les relations entre la France et l'Algérie,
07:08du point de vue, de ce point de vue-là, eh bien, ils ont été incapables de produire la moindre preuve.
07:15Et en état actuel de cette situation, c'est d'abord une demande légitime de la France de ce que l'Algérie a voulu faire.
07:25Parce qu'il n'y a pas d'explication. Comme Bruno le dit, il n'y a pas d'explication valable, ni juridique, ni factuelle qui explique cette position de l'Algérie.
07:37Donc, je pense, je parle en mon nom personnel, mais aussi comme ministre de l'Intérieur, je pense qu'on ne peut pas, la France ne peut pas supporter cette situation.
07:47Et je pense qu'en gardant notre sang-froid, mais notre détermination à défendre nos intérêts, qu'on doit désormais évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition.
08:01Je dis bien tous les moyens qui sont à notre disposition vis-à-vis de l'Algérie.
08:07Vous envisagez des sanctions ? Ça veut dire quoi, concrètement ?
08:10Il y a un éventail de possibilités que je ne détaillerai pas ici, qui doivent être étudiées au plus haut niveau.
08:18Bien sûr, gouvernement et Président de la République. Mais je pense que là, l'Algérie est en train de franchir un cap.
08:26Et sur le nombre de procédures judiciaires, sur le nombre d'influenceurs visés par des procédures judiciaires à ce jour, est-ce que vous avez...
08:32On a eu des signalements, notamment avec Pharos, qui est la plateforme de signalement de la aide en ligne, on en a eu plusieurs centaines,
08:40mais qui peuvent concerner les mêmes influenceurs. Ce que je peux vous dire, c'est qu'au-delà des trois, d'autres ont été, et notamment une influenceuse a été interpellée,
08:52et encore une fois, on ne laissera rien passer. Voilà. C'est une question de maintien de l'ordre.
08:59Et là encore, il y a l'ordre dans la rue, mais il y a aussi l'ordre sur les réseaux sociaux, dès lors qu'il y a la propagation de l'aide en ligne,
09:09y compris avec des propos antisémites. Je voudrais simplement vous rappeler, rappeler à vos auditeurs, rappeler à vos téléspectateurs,
09:17je veux vous rappeler que nous sommes dans une semaine où nous commémorons les attentats de janvier 2015. Ça fait exactement dix ans.
09:27Ça a commencé Charlie Hebdo, la policière, l'hypercachère. On ne peut pas, on ne peut pas laisser libre cours à des propos antisémites en ligne,
09:39parce qu'on sait parfaitement que la violence commence toujours par une pensée exprimée à travers des mots verbalisés. Voilà.