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Dans son édito du 10/01/2025, Thomas Bonnet revient sur le sujet de François Bayrou face à la gauche dans le cadre de la préparation du budget 2025. 

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Transcription
00:00La gauche se déchire sur la posture à adopter vis-à-vis du budget.
00:05LFI reproche à ses alliés d'avoir engagé des discussions avec le gouvernement sur la réforme des retraites.
00:09Est-ce que le divorce est réellement acté à gauche, Thomas ?
00:13Je ne sais pas pour vous, Romain, mais pour moi, il y a comme un air de déjà-vu.
00:16Le Parti socialiste, qui prend cette distance avec Jean-Luc Mélenchon, c'est du réchauffé.
00:21Ce qui est au cœur des tensions cette fois-ci, c'est l'attitude vis-à-vis du gouvernement.
00:25La France Insoumise a refusé de rencontrer les ministres de Bercy dans le cadre des consultations
00:29menées pour construire le budget.
00:31Mais le Parti socialiste, Europe Écologie des Verts et le Parti communiste français,
00:35eux ont décidé d'y aller plutôt deux fois qu'une.
00:37Au moins deux rendez-vous ont été organisés depuis le début de la semaine.
00:40C'est bien la preuve que les choses avancent.
00:42Olivier Faure dit qu'il veut aller chercher des victoires.
00:45Et d'habitude, pour gagner, le premier secrétaire du Parti socialiste
00:49allait se jeter dans les bras de la France Insoumise.
00:51Il y a donc un peu de changement dans l'air.
00:54Et dans l'air, il y a aussi le congrès du Parti socialiste.
00:56En quelques semaines, la ligne pro-LFI est contestée en interne.
01:00Et Olivier Faure a besoin d'envoyer des signaux.
01:03D'ailleurs, quand vous regardez les participants aux discussions à Bercy,
01:06vous trouvez Jérôme Guedj, Philippe Brun, deux socialistes qui sont résolument opposés
01:11au rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon.
01:13Il y a donc évidemment de la politique dans la manœuvre.
01:15Et ça explique pourquoi les élus LFI postent des messages en cascade
01:19depuis le début de la semaine.
01:20Jean-Luc Mélenchon allant même jusqu'à parler de forfaiture.
01:23Et sur son blog, posté il y a quelques heures maintenant,
01:26il parle de nuit, de longue fourchette,
01:28et explique qu'on ne dîne pas avec le diable, rien que ça.
01:32Est-ce que ça veut dire que le nouveau front populaire, le NFP,
01:35est derrière nous, est mort et enterré ou pas ?
01:37On ne va pas aller trop vite Romain, ce matin.
01:39On en a vu d'autres, la campagne de Raphaël Glucksmann,
01:42Fabien Roussel attaqué, qualifié de Dorio par Sofia Chikirou.
01:46Et pourtant, en juin, tout ce petit monde s'était entendu
01:49pour former le nouveau front populaire.
01:51Alors la différence cette fois-ci,
01:53c'est que la France insoumise semble réellement marginalisée.
01:55C'est d'ailleurs l'argument des socialistes,
01:57montrer qu'une majorité d'élus du nouveau front populaire
02:01approuve cette démarche de négociation.
02:03Et c'est d'une certaine façon un premier succès pour François Bayrou
02:06d'avoir décroché, au moins temporairement,
02:08LFI du reste de la gauche.
02:10Alors cette différence stratégique a été théorisée,
02:13encore hier, par Jean-Luc Mélenchon sur son blog,
02:16qui vilipende Olivier Faure et réitère son aspiration
02:19à une présidentielle anticipée,
02:21et donc évidemment à sa propre candidature.
02:23Alors pour LFI, c'est une possibilité quand même
02:25de devenir le seul parti à incarner la gauche radicale.
02:29Ça peut parler à leurs électeurs.
02:30La grande interrogation, en fait, c'est de savoir
02:32si le gouvernement peut réellement faire confiance à la gauche.
02:34Est-ce qu'un accord de non-censure serait forcément respecté ?
02:39Est-ce que la gauche peut décemment assumer auprès de son électorat
02:42d'être l'assurance-vie d'un gouvernement
02:44qui prendrait des mesures fortes sur le régalien ?
02:46Hier, Marine Tendelier affirmait que Bruno Retailleau,
02:49à lui seul, valait censure du gouvernement.
02:52L'idée quand même serait visiblement de pouvoir offrir aux électeurs de gauche
02:56le scalp de la réforme des retraites.
02:59C'est en tout cas le sens des discussions actuellement.
03:01Est-ce que cette hypothèse est crédible ?
03:03Est-ce qu'Emmanuel Macron pourrait laisser faire ?
03:06Pourrait accepter qu'on revienne sur la réforme des retraites ?
03:09Et vous avez raison, on en vient presque à oublier.
03:11Emmanuel Macron, dans cette équation,
03:14lors des consultations l'été dernier,
03:16pour nommer un Premier ministre après la dissolution,
03:18le chef de l'État avait fixé comme ligne rouge
03:20le fait de ne pas revenir sur cette réforme.
03:22C'est en partie d'ailleurs la raison
03:24pour laquelle il n'avait pas nommé Bernard Cazeneuve à Matignon.
03:27Mais depuis, la situation politique s'est terriblement compliquée.
03:30La motion de censure de décembre,
03:32approuvée que de dépendre exclusivement du RN,
03:35expose à de sérieuses déconvenues.
03:37Alors le mandat qu'a confié Emmanuel Macron à François Bayrou
03:40était d'ailleurs de trouver d'autres voies de passage.
03:42A cet égard, on peut dire que le Premier ministre
03:44suit parfaitement les consignes.
03:46Et puis en nommant Éric Lombard à Bercy,
03:48l'idée était très claire,
03:49tenter de ramener la gauche de gouvernement
03:51dans une forme de non-agression.
03:53Éric Lombard, on le rappelle, c'est un proche d'Olivier Faure,
03:56qui favorise donc la gauche plutôt que le RN.
03:59On est peut-être passé un peu vite médiatiquement
04:01sur cette nomination qui est finalement très stratégique.
04:03Alors il paraît quand même avraisemblable
04:05que le Président revienne sur l'une des réformes
04:07les plus emblématiques de son mandat,
04:08et surtout au moment où l'État doit faire des économies.
04:11Que penserait le Bloc central
04:13qui a porté cette mesure devant ses électeurs ?
04:15Imaginez ce que doit se dire en ce moment.
04:17Élisabeth Borne, qui a engagé le 49-3
04:20pour adopter la réforme des retraites,
04:21qui je vous rappelle est aujourd'hui
04:22ministre de l'Éducation nationale.
04:24Et puis il ne faut pas perdre de vue
04:25que le sujet retraite n'est pas réellement
04:27en fait dans les mains de Bercy,
04:28mais plutôt dans celle de Catherine Vautrin,
04:29la ministre du Travail,
04:30qui sera d'ailleurs votre invitée à 8h10.
04:33Et puis politiquement, ce que vous gagnez à gauche,
04:35vous le perdez à droite.
04:36Laurent Wauquiez disait lors de son rendez-vous à Bercy,
04:39« Mon sujet c'est d'avoir un budget adapté
04:41à un pays qui est ruiné,
04:43pas de savoir comment vous achetez votre assurance-vie
04:45avec la gauche. »
04:46Miser sur la gauche pour prolonger son bail à Matignon,
04:49François Bayrou fait donc tapis à quelques heures
04:51de sa déclaration de politique générale.
04:53Alors avec Éric Lombard
04:54et la perspective du scrutin à la proportionnelle,
04:57le Premier ministre a en main deux sérieux atouts.
04:59Reste à savoir maintenant si en face de lui,
05:01la gauche n'est pas en train de le bluffer.
05:03Merci beaucoup Thomas Bonnet,
05:05tous les matins dans la matinale
05:06« Analyse politique édito ».

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