L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin était l'invité de "Tout le monde veut savoir" ce mercredi. Il évoque la mort de Jean-Marie Le Pen.
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00:00Est-ce que, finalement, Marine Le Pen est plus fréquentable que son père, à vos yeux ?
00:05Écoutez, je ne pense pas, au fond, qu'il y ait beaucoup de différences,
00:09puisqu'il y a dans les logiques de populisme des logiques de simplisme.
00:15Car, au fond, on est dans cette situation où les sujets sont très complexes.
00:19Tous nos sujets sont de plus en plus complexes.
00:20Et pour vous, il n'y a aucune différence entre les deux ?
00:23On est quand même sur cette situation où les sujets qu'on a à traiter
00:26quand on fait de la politique, quand on fait de l'économie,
00:28sont de plus en plus complexes.
00:30Et l'opinion demande des solutions de plus en plus simples,
00:32avec des résultats immédiats.
00:34C'est le quotidien qui gouverne, l'immédiat nous dévore.
00:36Et dans ce contexte-là, on voit bien que le simplisme,
00:40qui est le simplisme des extrémismes,
00:42est quelque chose qui conduit à la violence, à la compréhension,
00:45aux tensions, à la brutalité.
00:46Et c'est ce mouvement-là, vers la brutalité, qui me paraît le même.
00:50Car, au fond, dès qu'on veut apporter des solutions simples à des problèmes complexes,
00:54on entre dans des systèmes qui sont, au fond, des systèmes de mensonges,
00:57et donc à la fin de déceptions et donc de violences.
00:59Et sur le plan idéologique, vous diriez que Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen,
01:03c'est la même chose ?
01:04Ils ne sont pas au même stade, mais ils sont sur la même voie.
01:06Ils ne sont pas au même stade de la dérive, mais ils sont sur la même voie.
01:09C'est une dérive populiste qui conduit à la brutalité et à la violence.
01:13Sur la question de l'antisémitisme également, vous diriez ?
01:16Sur la question, toutes les formes de questions
01:18qui, à un moment ou à un autre, conduisent à l'opposition radicale,
01:22ce qui, aujourd'hui, est très dangereux, c'est qu'au fond,
01:26dans la vie politique, il y a deux grands courants.
01:28Il y a un courant du rassemblement,
01:30faire en sorte qu'on gouverne avec une majorité, qu'on ouvre les bras,
01:32qu'on essaie de rassembler un peuple, qu'on donne une destination,
01:35qu'on donne un projet, qu'on donne une perspective.
01:37Ça, c'est le rassemblement.
01:38Et puis, il y a ceux qui disent que c'est la radicalisation.
01:41Peu importe d'avoir une majorité, l'essentiel, c'est d'avoir des gens mobilisés,
01:45qui sont capables d'aller au Capitole, qui sont capables de prendre un gilet jaune,
01:47qui sont capables de bloquer des rues,
01:49qui sont capables d'imposer, par la brutalité, un certain nombre de forces.
01:53Je crois qu'il y a la radicalisation et il y a le rassemblement.
01:55Moi, je suis dans le camp du rassemblement,
01:58et je m'oppose au camp de la radicalisation.
02:00Mais le camp de la radicalisation choisit la simplification,
02:03et comme dans une société très complexe,
02:05nous avons naturellement du mal à donner des réponses nuancées,
02:09de besoins de compromis, de discussions, de négociations,
02:12dans un monde où on voudrait simplement la confrontation.
02:15Moi, je suis pour un monde où il puisse y avoir des alliances,
02:18où il puisse y avoir des coalitions, où il puisse y avoir des propositions,
02:21et qu'on soit clair, on peut avoir des désaccords,
02:23mais ces désaccords ne se conduisent pas forcément à des brutalités,
02:26notamment des brutalités sociales.