Le gouvernement a rouvert les discussions autour des retraites avec les différentes forces politiques et les partenaires sociaux. François Bayrou s'est dit prêt à remplacer la réforme de 2023 si un "compromis est trouvé". Le gouvernement mènera-t-il une nouvelle réforme sur la retraite ? Raphaël Legendre, éditorialiste à BFM Business, est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 08 janvier 2025.
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00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Bonsoir Raphaël Legendre, merci beaucoup de nous rejoindre.
00:06Vous êtes éditorialiste, spécialiste des questions de retraite et merci de prendre la parole sur RTL.
00:10Depuis lundi, les discussions se poursuivent à Bercy entre le ministre des Finances, Éric Lombard,
00:15et les partis politiques, objectifs, trouver des compromis pour adopter, on va dire, enfin, le budget pour 2025.
00:21Et pour dire les choses simplement, on sent comme un coup de mou sur la réforme des retraites.
00:25Est-ce que ça peut être un premier effet Bayrou, Raphaël Legendre ?
00:29Oui, effectivement. Bonsoir Yves, bonsoir à toutes et à tous.
00:32Vous l'avez très bien dit, on discute, on discute depuis lundi, ça continue encore ce soir
00:40puisque les socialistes pourraient à nouveau retrouver le ministre de l'Économie et des Finances pour parler,
00:46évidemment, des retraites. L'enjeu, il est très politique.
00:51Pour survivre et pour éviter la censure, François Bayrou a tout simplement besoin du vote
00:57des 66 députés socialistes à minima. Il faudra même dix voix de plus à l'Assemblée s'il veut une majorité absolue
01:06et sortir un peu les griffes du Rassemblement national qui avait eu la peau de son prédécesseur à Matignon.
01:13Et l'enjeu principal des négociations politiques qui s'ouvrent aujourd'hui avec le Parti socialiste,
01:20c'est bien de revenir sur la réforme des retraites. C'est l'objet politique principal de la négociation
01:26et le négociateur en chef s'appelle Éric Lombard. Éric Lombard qui n'est pas un politique,
01:32c'est l'ancien directeur général de la Caisse des dépôts, mais qui vient de lui de la gauche,
01:36de la gauche B, de la gauche rocardienne, puisqu'il avait travaillé au cabinet de Michel Sapin
01:41et qui connaît très bien Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.
01:46Donc voilà, ça discute autour des possibilités sur une reprise de la réforme des retraites de 2023.
01:54On a bien entendu ce donnant-donnant politique, mais la réforme des retraites peut-elle être,
02:00oui ou non, abrogée ?
02:02On peut revenir, on peut toujours revenir sur une réforme qui a été votée, bien sûr.
02:08Simplement, il y a un cadre dans cette négociation, c'est-à-dire que chacun part un peu de ses propres positions.
02:15C'est le principe même du négociation. Côté socialiste, c'est revenir, et la gauche en général,
02:21c'est revenir sur l'âge légal de 64 ans, c'est ça le totem politique.
02:26Quant côté gouvernement, on indique qu'on est ouvert aux discussions,
02:30mais qu'il ne faut pas toucher au cadre financier, l'équilibre financier des retraites.
02:37Et c'est là tout l'enjeu de l'aboutissement des négociations en réalité.
02:41Car s'il faut bien offrir un scalp au Parti socialiste, une victoire politique,
02:46elle devra être coûteuse.
02:49Si l'on remet en jeu les 64 ans, l'âge légal de départ à 64 ans,
02:54et si l'on revient à 62 ans, il en coûtera évidemment des milliards,
02:58voire des dizaines de milliards d'euros.
03:00Alors même que le Conseil d'orientation des retraites a prévenu dès l'année dernière
03:06que le régime n'était pas même à l'équilibre avec la réforme de 2023.
03:11On est encore à 6 milliards de déficit en 2024.
03:15Justement, on estime que ça coûte 15 milliards d'euros de suspend de la réforme.
03:19Si on l'abroge, c'est 25 milliards. On les trouve où ?
03:22C'est une très bonne question, puisque les retraites,
03:25c'est quand même la première des dépenses du pays, très largement,
03:29près de 400 milliards d'euros aujourd'hui.
03:32Et les pistes d'économie ailleurs pour compenser ce coût des retraites,
03:37on n'en a pas beaucoup pour l'instant.
03:39Il y a très peu de pistes, à la fois avancées par Bercy.
03:44On attend toujours de voir comment ils vont boucler,
03:46sans même toucher aux retraites,
03:48comment ils vont boucler l'équation budgétaire du budget 2025.
03:52Mais la gauche n'a pour l'instant pas apporté beaucoup d'idées non plus
03:59pour des économies supplémentaires.
04:00Après, ça peut être paramétrique.
04:02C'est-à-dire que si vous ramenez l'âge légal de départ à la retraite de 64 à 62 ans,
04:08on peut compenser le coût, ces 25 milliards d'euros,
04:12par un allongement de la durée de cotisation.
04:15Mais alors là, ça pèserait sur toutes celles et tous ceux qui ont des carrières hachées.
04:21Ce serait assez compliqué aussi à faire passer dans l'opinion publique.
04:25Et puis sinon, c'est une hausse des cotisations.
04:28Là encore, bon courage !
04:30Ou alors une baisse des pensions de retraite.
04:33Là aussi, on voit mal annoncer une réduction des pensions.
04:36Sur quel autre paramètre peut-on jouer
04:39pour tenter de trouver un compromis acceptable ?
04:42Je pense notamment aux critères de pénibilité peut-être ?
04:45Oui, absolument.
04:46Alors ça, c'est un peu le scénario caché du gouvernement en réalité
04:50qui souhaite passer par ce trou de souris dans les négociations avec la gauche
04:55pour jouer sa survie.
04:57Ça serait en fait de mettre entre la main des partenaires sociaux
05:01une sorte de grande conférence de financement,
05:04une grande conférence sociale autour d'un triptyque
05:07emploi-condition de travail,
05:09conditions de travail d'un côté, pouvoir d'achat et retraite.
05:13On mettrait tout ça sur la table
05:15pour travailler sur l'amélioration des conditions de travail
05:18qui dans l'idéal permettrait d'augmenter le taux d'emploi
05:22et d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés
05:25qui pourraient progresser plus facilement dans leur carrière.
05:28Et si vous augmentez le taux d'emploi,
05:31si vous faites baisser le chômage et que vous augmentez l'emploi,
05:34vous avez plus de cotisants
05:35et donc vous avez moins de problèmes pour financer les retraites.
05:38Enfin ça, c'est en théorie.
05:41En pratique, on n'y est pas encore.
05:43Est-ce qu'on sait si le Premier ministre a le feu vert du chef de l'État
05:46pour amender la réforme ?
05:48Alors, il ne le dira jamais officiellement.
05:51En tout cas, François Bayrou en arrivant,
05:53il l'avait déjà annoncé fin décembre.
05:56C'était sur le plateau de BFM TV.
05:59Il avait annoncé que si on trouvait des compromis,
06:01alors ces compromis remplaceraient l'actuelle réforme des retraites.
06:07Mais ce qu'on voit, c'est qu'on a un François Bayrou,
06:09compagnon de route d'Emmanuel Macron depuis 2017,
06:12qui est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir jusqu'en 2027,
06:17pour se maintenir à Matignon.
06:19Et tous les totems de la Macronie sont en réalité bousculés
06:24depuis quelques mois déjà.
06:26Ça date même d'avant François Bayrou.
06:28Sur l'instabilité fiscale, on ne parle plus que de hausse d'impôts.
06:31Sur l'attractivité, on voit qu'elle s'est effondrée
06:34du fait de l'instabilité politique depuis la dissolution.
06:39Et puis là, le dernier totem, c'était les retraites.
06:42C'était la seule mesure d'économie du nouveau quinquennat d'Emmanuel Macron.
06:47Et on voit que François Bayrou est prêt à lâcher très clairement
06:52la rampe des finances pour pouvoir se maintenir au pouvoir.
06:56Donc il est tout à fait possible qu'on se retrouve l'année prochaine
06:59en réalité à 6% de déficit et les 62 ans.
07:03Tout est possible, il n'y a plus de tabou, a dit François Bayrou.
07:06Tout est possible, il n'y a plus de tabou.
07:08Merci de nous avoir éclairé, Raphaël Legendre.
07:11Dans un instant, un homme qu'on ne peut pas censurer,
07:13il est indécretable, Marc-Antoine Lebrès.
07:15C'est le Breaking News.