Jeudi 9 janvier 2025, SMART JOB reçoit Guénaëlle Boch (directrice, Institut de la Performance) , Patrice Morot (président, PwC France et Maghreb) et Solène Feig (conférencière et auteure)
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00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous emploi RH Management, débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles.
00:15Bien dans Smart Job aujourd'hui, on s'intéresse au leadership situationnel. Qu'est-ce que c'est ? On va en parler avec Guénaëlle Bock, elle est directrice de l'Institut de la Performance, elle est notre invitée.
00:26Le grand entretien, l'optimisme des chefs d'entreprise français, on en parlera à l'occasion d'une étude passionnante portée par PwC France Maghreb et on accueillera Patrice Moreau, le président de PwC France Maghreb, il est notre invité pour un grand entretien.
00:42Et le livre de Smart Job, pourquoi choisir quand on veut tout faire ? Bah oui, c'est le problème, parfois on a plusieurs activités, on appelle ça d'ailleurs des slasheurs, on accueille Solène Feig, elle est conférencière, podcasteuse et auteure d'un livre passionnant, ce sera à la fin de notre émission.
00:57Tout de suite, c'est bien dans Smart Job.
00:59Smart Job
01:11Bien dans Smart Job pour parler peut-être d'un concept dont vous n'avez jamais entendu parler, le leadership situationnel. Qu'est-ce que c'est ? On accueille Guénaëlle Bock, bonjour Guénaëlle.
01:20Bonjour Arnaud.
01:21Ravie de vous accueillir, directrice de l'Institut de la Performance. D'abord on va revenir sur ce concept de leadership situationnel, mais d'abord sur votre parcours, parce que ce qui est intéressant c'est que vous avez un parcours de quoi ?
01:34D'ingénierie, de la formation, de créatrice de programme de formation et vous avez été amenée à vous tourner vers ce concept de leadership situationnel. Est-ce que je résume bien les choses ?
01:44Oui, oui, tout à fait. En fait, ça fait 25 ans que je conçois, que j'anime, que je vends, que je développe des sujets de formation pour mes clients dans des grands comptes ou dans des cabinets de conseil.
01:53Et il y a quand même un sujet qui m'intéresse depuis toujours, c'est comment on fait pour que ça marche ? Comment on fait pour que quand un groupe de personnes décide de faire quelque chose ensemble, ce qui est finalement le résumé d'une entreprise, comment on fait pour que ça fonctionne ?
02:04Le leadership situationnel apporte des réponses sur ce sujet-là.
02:08Éclairez-nous, parce que c'est un concept qui vient des Etats-Unis et qui a été créé par un chercheur qui s'appelle Blanchard ?
02:16Oui, Ken Blanchard. Ce n'est pas un concept très nouveau, ça date des années 70, donc on ne va pas dire que c'est de la révolution, mais il est particulièrement intéressant maintenant, d'abord parce qu'il s'est mis à jour régulièrement depuis ce temps-là.
02:28Plusieurs ouvrages.
02:29Bien sûr, il y a le Manager Minute notamment, maintenant il y a le nouveau modèle de leadership situationnel qui est sorti. Pour vous donner une idée, il y a 20 millions de personnes aujourd'hui qui utilisent ce modèle dans le monde, donc c'est un modèle qui a fait ses preuves.
02:39Et pourquoi ça m'intéressait de parler de ce sujet-là aujourd'hui ? C'est parce qu'en fait, il est pragmatique. C'est-à-dire que c'est un modèle, et c'est en ce sens qu'il est particulièrement actuel, il pose les bases d'une relation saine pour pouvoir collaborer ensemble.
02:53Diriger, entraîner, soutenir, déléguer, c'est le squelette de cet accompagnement. C'est quoi ? C'est utile pour qui ? Parce que là, on le voit sur cette petite animation qui sont les quatre styles du leadership situationnel. On se dit que ça peut être très utile pour quoi ? Pour des dirigeants de PME, pour des gens qui sont plus des techniciens que des managers et qui ont besoin d'un outil, je dirais, un peu pratique ?
03:17C'est effectivement un outil pratique qui vous permet très rapidement d'être efficace, et plus exactement dans le « efficace », j'entends d'adapter votre style de management au niveau de compétence et d'engagement de votre collaborateur. Assez intuitivement, on se dit qu'on doit accompagner un nouveau qui vient d'arriver un peu différemment d'un ancien.
03:33Mais ce qui est intéressant dans ce modèle, c'est qu'en combinant les différents niveaux de compétence sur une tâche et les différents niveaux d'engagement et donc de mobilisation, de motivation d'un collaborateur, on arrive à différentes façons d'aborder chacun. Et c'est cette adaptation-là, en fait, et c'est le cadre qui est donné par ces quatre modèles qui est intéressant à développer et à connaître pour éviter, on va dire, les grosses erreurs.
03:57Donc ça veut dire que c'est un cadre et un outil dont on va s'approprier en combien de temps, cet outil ? Parce que c'est vrai qu'il y a des chefs d'entreprise qui nous regardent, qui pour certains sont des ingénieurs éminents, qui sont des juristes éminents, mais qui globalement n'ont aucune connaissance pratique du management. En combien de temps ils peuvent acquérir ces outils ?
04:16En fait, c'est des outils qui sont, et c'est pour ça qu'on les a choisis, très pragmatiques et très simples, encore une fois. Donc en une demi-journée, si vous êtes briffé, vous pouvez les utiliser. Mais ça, j'ai envie de dire que ce sera un niveau de connaissance de ces outils. Donc ils ont cet avantage d'être extrêmement simples à comprendre. Pour autant, c'est bien évidemment en les répétant et vous entraînant que vous serez vraiment à l'aise avec ces outils.
04:36Vous portez donc ces outils, ces outils de formation à travers l'Institut de la Performance. Là, vos cibles, c'est quoi aujourd'hui ? Parce qu'on voit quand même que le métier a changé depuis 82. Le livre était sorti en 82. On a l'IA, on a le distanciel, on a le télétravail, on a des sujets de sens qui n'étaient pas sur la table en 82. Il s'adapte toujours ce programme ?
04:56Complètement. Parce qu'en fait, ce programme, au-delà des 4 styles dont vous avez parlé tout à l'heure, il pose 4 axes essentiels pour une bonne collaboration. 1. Comment je fixe des objectifs sains, clairs, nets pour tout le monde. 2. Comment j'encourage. 3. Comment je fais du feedback. 4. Comment je reste lucide, c'est-à-dire comment je me fixe sur les priorités que je vais devoir traiter avec mon collaborateur.
05:16Et ça, encore une fois, je le remouline régulièrement en fonction des changements et des nouvelles attentes que mon collaborateur a et que j'attends ou que j'aide vis-à-vis de mon collaborateur. Donc on est vraiment sur, je pense, les fondements d'une collaboration extrêmement 2025, si je peux m'exprimer ainsi, parce que c'est une collaboration qui est sur le dialogue, qui est sur l'échange et sur la transparence. Et là, je crois qu'on est quand même sur des conditions sur une bonne santé mentale au travail quand on a déjà ça.
05:44Oui, qui est un vrai gros sujet qui permet effectivement aux managers d'avoir les bons outils pour piloter non pas ces logiciels, mais pour piloter les hommes, parce que c'est ça l'enjeu. Vous étiez d'accord avec moi quand je parlais des ingénieurs, des juristes, qui sont parfois des gens extrêmement brillants dans leur domaine respectif et qui, globalement, n'ont pas forcément les bons outils. C'est à eux que vous destinez cet outil ?
06:04Oui, l'Institut de la performance s'adresse en particulier, je dirais, aux managers ou aux dirigeants, plus exactement, qui n'ont pas tellement le temps ou qui sont dirigeants par la force des choses, parce que ce sont des experts, des avocats, des notaires, des professions libérales de manière générale et qui, bien évidemment, ont un levier extrêmement stratégique sur leur expertise, mais qui, du coup, ont peu de temps à passer sur ces plans qui sont extrêmement nécessaires, que sont le management, la vente, la communication ou l'agission de l'énergie.
06:30Et vous leur dites aujourd'hui sur notre plateau, Généal, ne négligez pas ces outils de management, parce que c'est aussi ceux qui vont vous entourer et faire grandir votre entreprise.
06:40Il y a une dernière étude, il y a 70% des collaborateurs qui considèrent que la relation qu'ils ont avec leur manager est essentielle dans leur job et il y a plus d'un tiers des collaborateurs qui ont démissionné, qui l'ont fait à cause de leur manager. Je pense que là, on a quand même l'idée que c'est un levier stratégique.
06:54Merci Généal Boch d'être venu nous rendre visite, c'est un vrai plaisir. Directrice de cet institut de la performance avec cette méthode, on l'appelle comment, méthode Blanchard ?
07:04Méthode Blanchard, oui.
07:06La méthode Blanchard, allez jeter un oeil, vous allez voir, c'est très efficace. Merci de nous avoir rendu visite. On tourne une page, on s'intéresse à l'optimisme. Tiens, l'optimisme dans une émission RH, bah oui, c'est possible.
07:16C'est un grand entretien avec le président de PwC France Maghreb.
07:30Le cercle RH est un grand entretien aujourd'hui avec le président de PwC France Maghreb, Patrice Moreau. Ravi de vous accueillir sur le plateau de Smart Jobs, c'est un vrai plaisir.
07:52Vous dirigez PwC, une grande entreprise, plus de 7000 collaborateurs qui fait du conseil dans beaucoup de secteurs. Avec une étude, et c'est la raison pour laquelle vous êtes avec nous en plateau aujourd'hui, que j'ai trouvée détonnante, disruptive, vous avez choisi de vous intéresser avec un institut de sondage à l'optimisme.
08:12Pourquoi avoir fait ce choix ? Parce que c'est vrai que le conseil, ce sont des sujets d'organisation, de transformation, de fusion-acquisition, d'audit. On parle rarement de l'optimisme, et vous avez fait ce choix.
08:24Oui absolument, d'abord bonjour, et ravi d'être avec vous sur ce plateau. Alors peut-être juste avant de répondre à cette question, repréciser PwC France et Maghreb, donc c'est plus de 7000 collaborateurs avec 4 grandes activités, le conseil, l'audit, tout ce qui est autour du conseil en termes de transactions, donc MNA, et puis le juridique et fiscal.
08:46Donc effectivement une grande organisation. Alors pourquoi avoir choisi l'optimisme ? Je pense que c'est assez de circonstances finalement de vouloir être optimiste dans un monde où on peut percevoir quand même une forme de pessimisme, ou en tout cas avoir parfois le moral un peu compliqué.
09:12Et d'ailleurs, ce qui me permet peut-être de faire le commentaire, avoir un moral un peu bas, c'est pas la même chose qu'être optimiste. Le moral c'est vraiment un état d'esprit immédiat, là où l'optimisme on se projette.
09:26L'étude le dit d'ailleurs, il y a un écart, il y a la proximité du quotidien et parfois la noirceur du quotidien, mais il y a quand même l'optimisme qui est une vision d'avenir, une manière de se projeter dans l'avenir.
09:38Un chiffre quand même qui est intéressant, 74% des Français, puisque c'est un institut de sondage qui a sondé les cœurs, s'estiment et se déclarent optimistes, 94% des chefs d'entreprise. Il y a 20 points d'écart.
09:54C'est déjà un premier renseignement qui est très fort, ça veut dire que les chefs d'entreprise par nature, et vous les rencontrez, vous les croisez, vous les accompagnez, sont plus optimistes que la moyenne des Français.
10:04Je dirais que c'est presque dans l'ADN des chefs d'entreprise, parce qu'être optimiste c'est un état d'esprit. Donc si on n'est pas soi-même optimiste pour entreprendre, pour innover, pour je dirais on-boarder toutes ces équipes, je ne vois pas qui va l'être.
10:22L'optimisme, vous l'êtes vous optimiste ou pas ? Parce que quand on parle de l'entreprise, aujourd'hui on nous dit attention la crise économique arrive en 2025, on n'a plus d'investissement, et quand même l'étude dit exactement l'inverse, on a quand même des personnes qui continuent à se battre pour leur boîte. Vous l'êtes vous optimiste ?
10:40Moi je suis naturellement optimiste, ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas naïf, c'est-à-dire que je vois bien les difficultés. Et d'ailleurs on m'avait posé en introduction pourquoi on a choisi l'optimisme de PwC, mais la définition de l'optimisme c'est avoir confiance dans la résolution de problématiques. C'est exactement l'ADN de PwC, qui est d'accompagner les entreprises dans leur transformation durable et de créer la confiance.
11:02Donc on est exactement dans ce qui fait qui nous sommes PwC, c'est-à-dire évidemment pour aller voir les clients, pour les écouter, pour les aider, il faut être optimiste. Si vous allez voir un client le matin et que vous avez complètement le moral dans les chaussettes et que le client le voit bien, ça ne va pas marcher. Donc ça fait partie de notre ADN.
11:26On va regarder les classements à travers cette animation qui est intéressante parce que la manière dont on va orienter son optimisme est assez évolutive. Alors l'optimisme, c'est intéressant. 84% c'est l'action personnelle, 83% des personnes interrogées c'est l'action de la société civile. Intéressant.
11:4659% les actions de la jeunesse, 49% l'action des chefs d'entreprise et 26% l'action du gouvernement. C'est incroyable. C'est-à-dire que ceux qui sont interrogés ne croient pas à l'idée du collectif ou d'une société ou des institutions pour les aider. Et toi le ciel t'aidera.
12:06Alors en même temps, moi je trouve que ces chiffres sont intéressants parce qu'ils montrent quand même qu'il y a presque la moitié des français qui attendent des entreprises, parce que quand on dit des chefs d'entreprise c'est les entreprises en fait, que ces entreprises jouent pleinement leur rôle dans la société par rapport aux énormes transitions qui sont en train de s'opérer, la transition énergétique, également l'introduction de l'intelligence artificielle, tout ce qui est autour du digital, tout ce qui est autour de la technologie.
12:34En fait, ce que cette enquête montre, c'est qu'il y a une attente forte de nos concitoyens du rôle que doivent jouer les entreprises et donc les chefs d'entreprise. Alors ça ne veut pas dire que le gouvernement n'a pas de rôle. Le gouvernement a un rôle important.
12:50Oui, on voit bien que justement ils sont peut-être un peu plus en retrait. Ça ne veut pas dire qu'il faut jeter la pierre. Au contraire, on a besoin d'avoir des pouvoirs publics qui sont forts, qui sont aux côtés des entreprises, aux côtés de la société. Et aujourd'hui, malheureusement, ils ne le sont pas assez et on a besoin de stabilité aussi. Et moi quand je parle aux chefs d'entreprise, la première chose qu'ils me disent c'est qu'on a besoin de beaucoup plus de stabilité.
13:16Pour autant, les chefs d'entreprise, ils se doivent d'être optimistes parce qu'on n'est pas juste sur un horizon court terme comme vous l'avez dit, mais on est sur du plus long terme. Et surtout, si on s'arrête et si on n'est pas optimiste et si on ne continue pas à investir, une chose est sûre, et c'est ce qu'avait montré d'ailleurs notre enquête l'an dernier des dirigeants d'entreprise,
13:39qui avait quasiment 60% des chefs d'entreprise qui disaient que s'ils ne changeaient pas leur business model dans les 10 ans qui venaient, ils disparaissaient. Donc on voit bien qu'il y a une forte corrélation entre optimisme, investir et puis continuer à exister.
13:55L'optimisme, ça c'est tiré de cette étude qui est le fruit d'une volonté, et on le voit d'ailleurs parce que c'est le premier item à 89%. C'est moi qui décide d'être optimiste et qui me projette et je vais fabriquer mon avenir, et c'est moi qui vais me battre pour créer cet avenir meilleur ou radieux.
14:11On voit quand même que l'année 2025, et ça je dirais que l'ensemble des équipes sur le terrain doivent le constater, on est quand même dans un trou d'air, dans un moment d'incertitude. Comment vous regardez la situation dans laquelle nous sommes là, dans laquelle on va entrer ?
14:27Alors on est dans une année qui, sans nul doute, va être beaucoup plus difficile. Beaucoup plus difficile en Europe. On a quand même deux des plus grands pays qui sont censés être les locomotives en Europe, la France et l'Allemagne, qui sont dans une instabilité politique extrêmement forte. En France, on n'a pas de budget, on espère qu'on a un gouvernement qui va réussir à sortir un budget et qui va durer.
14:49Et évidemment, quand vous êtes chef d'entreprise, l'incertitude et l'instabilité, c'est pas bon. Pour autant, les chefs d'entreprise continuent à investir. Le risque que moi je vois et qui me paraît moi extrêmement important et préoccupant, c'est que ces chefs d'entreprise finissent par prendre la décision d'aller investir ailleurs qu'en Europe et en France.
15:09— Vous le ressentez ou c'est une inquiétude ? — En fait, on le ressent quand on a des discussions. Et puis il suffit de voir un peu les enquêtes qui peuvent se faire, voilà, qui tendent quand même à montrer qu'il y a un risque aujourd'hui.
15:22On voit que les États-Unis, qu'on aime ou qu'on aime pas Trump, etc., je veux dire, il y a quand même aujourd'hui une politique qui a déjà commencé sous Joe Biden, une politique qui est quand même très accommodante pour les entreprises, avec...
15:40Quand vous devez décider où vous allez investir, c'est normal que vous preniez en considération l'ensemble des paramètres. Donc moi, ça, c'est la chose qui m'inquiète un peu. Ensuite, quand on parle aux dirigeants, on se rend compte qu'ils ne vont pas arrêter tous leurs investissements, que la France a énormément d'atouts. On voit bien...
15:59— C'est agréable de l'entendre. — Elle a énormément d'atouts. On voit bien ce qui s'est passé dans le secteur des startups. On voit bien qu'on a de vrais acteurs importants. On voit bien qu'on a un écosystème avec des talents ingénieurs et autres. Donc on a des atouts. Mais... Et là, c'est un peu un appel que je fais aux dirigeants politiques. Il faut faire attention, parce que malheureusement, les choses peuvent bouger assez rapidement.
16:24Et ce serait quand même dommage que tous ces atouts profitent à d'autres qu'à la France et à l'Europe.
16:28— Fuite des cerveaux, fuite des talents et fuite des capitaux, puisque vous avez... — C'est une possibilité. Oui.
16:33— Des risques de déplacement de nos investissements. Retour quand même aux humains, à ceux qui constituent l'entreprise. Les dirigeants ont répondu évidemment à cette étude que je vous invite à lire dans le détail, parce qu'elle est extrêmement riche.
16:44Et puis évidemment, les Français ont été interrogés. Ces Français sont aussi des salariés. Comment on invente l'entreprise ? Et je parle aussi au président de PwC, parce qu'à la fois, vous accompagnez des transformations majeures d'entreprise.
16:56Et puis en même temps, vous avez 7 000 collaborateurs. Comment on réinvente le Conseil ? Comment on lui redonne là aussi du sens ou un nouvel élan ? Comment on fait ?
17:06Et on a eu quelques invités sur ce plateau qui nous disaient... Nous, dans le Conseil, on a un peu de mal à recruter. Je crois que c'est pas le cas de PwC.
17:12— Alors c'est pas du tout notre cas, parce que nous, on reçoit... — Plus de CV que de...
17:16— Ah bah on reçoit presque 100 000 CV par an. Donc par rapport aux besoins de recrutement qu'on a, en réalité, on n'a pas du tout cette difficulté.
17:24Et ce que je constate quand même, c'est que face à ces énormes transitions, il y a des opportunités très importantes. Et moi, je trouve qu'aujourd'hui, pour un consultant, un jeune consultant ou un consultant moins jeune,
17:38c'est quand même extraordinaire de se lever le matin et de se dire qu'on va pouvoir aider les entreprises dans des transitions qui sont juste majeures.
17:46La transition climatique, c'est juste quelque chose de majeur. Il y a des industries qui vont devoir complètement réinventer leur business model. Et à la fin, ce qui reste, ce qui est le plus important, c'est l'humain.
17:58Moi, ce qui me rend fier aujourd'hui, c'est d'avoir une firme avec 7 000 collaborateurs. Et je me dis que tous les jours, 7 000 collaborateurs, ils œuvrent justement à aider ces entreprises
18:09à se transformer et par là même à aider finalement la société tout entière à aborder cette transformation qui est une transformation difficile, complexe.
18:19Et ce que l'on veut éviter, c'est laisser des gens sur le carreau, d'où les efforts et les actions de formation très importants qui sont effectués.
18:26— Un mot, puisqu'on l'a évoqué, mais il est intimement lié aussi à la manière dont les consultants vont travailler et les salariés, évidemment, et les dirigeants, c'est l'IA.
18:35On aura quoi ? Du consultant augmenté ? Est-ce que c'est une réflexion que vous portez ? Parfois, on va plus vite à chercher de l'information sur une IA que de soi-même la créer.
18:45Est-ce que c'est un sujet dans lequel vous êtes en train de réfléchir en disant ça peut être un outil d'augmentation de nos consultants ?
18:52— Nous, on a déjà commencé par exemple à déployer des outils d'IA, par exemple... — Co-pilot.
18:58— Co-pilot de Microsoft. — Pour l'ensemble des collaborateurs ?
19:01— Pour l'ensemble des collaborateurs. Aujourd'hui, dans le monde, on a plus de 100 000 collaborateurs qui ont co-pilot.
19:06Et en France, on en a un peu plus de la moitié, France et Maghreb. Et d'ici la fin de l'année... Enfin en tout cas jusqu'à la fin de notre année à nous au 30 juin,
19:13puisque nous, on a l'année qui s'arrête au 30 juin, on aura déployé l'ensemble de ces licences co-pilot parce qu'on est convaincus que l'IA, c'est un mouvement qui va pas s'arrêter.
19:26Et donc c'est important que l'ensemble de nos collaborateurs soient formés à ces outils pour qu'ils puissent eux-mêmes accompagner les entreprises dans cette révolution technologique.
19:36Mais avec quand même un élément qui est important, c'est une IA de confiance. Et nous, là, on a un rôle à jouer pour pouvoir assurer effectivement nos clients que quand on déploie l'IA,
19:48on déploie une IA qui est une IA – entre guillemets – de confiance et responsable.
19:52— Vous y croyez, à l'IA ? Parce qu'il y a eu la vague Métaverse. On s'est dit « Oh là là, le Métaverse, ça va être incroyable. On aura des mondes où on pourra circuler nos avatars ».
19:59On voit que globalement, c'est pas allé très très loin, la blockchain étant un autre sujet. Mais l'IA, vous y croyez ? C'est l'origine de l'IA ?
20:06— Alors moi, j'y crois. Moi, j'ai essayé à titre personnel. J'ai co-pilot. J'ai essayé. C'est absolument bluffant. Ensuite, il y a un vrai sujet.
20:13Et là, effectivement, il faut voir la réalité en face. C'est comment on a... Il y a eu beaucoup de développement, ce qu'on appelle les fameux cas d'usage, etc.
20:20La vraie question, c'est comment on passe de ces cas d'usage à véritablement une mise à l'échelle. Et ça, c'est un sujet qui est compliqué.
20:27— Ça coûte plus d'argent que ça n'en rapporte pour l'instant, j'ai le sentiment. — Alors moi, ce que je considère, c'est que... Et nous, en tout cas, on investit dans cette technologie.
20:37Et pas uniquement dans celle-là. On investit dans plusieurs technologies IA pour pouvoir accompagner nos clients, parce que je suis quand même convaincu.
20:45D'abord, parce qu'il y a une attente forte. Moi, je peux vous dire que mes collaborateurs, aujourd'hui, c'est un élément d'attractivité aussi et de rétention,
20:53parce que les gens, quand ils viennent, ils ont envie d'avoir... Je compare parfois... — Les meilleurs outils. — Oui. Et puis je compare un peu parfois dans un temps bien ancien où vous aviez...
21:02Excel est arrivé et que vous étiez sur vos énormes feuillets. — Il y avait ceux qui avaient Excel et ceux qui l'avaient pas, oui. — Exactement. Et à un moment donné, la technologie,
21:09elle est là pour vous aider. Il faut par contre faire attention que cette technologie soit là pour vous aider, pour que vous puissiez dégager plus de temps,
21:15à apporter plus de matière et de cerveau aux clients, parce que c'est ce qui l'attend. — Avant de nous quitter, dans 6 mois, votre mandat sera terminé.
21:23Et vous aurez été le président de PwC. Quand vous regardez dans le rétro, vous ne regardez pas encore dans le rétro. Mais quand vous allez regarder dans le rétro,
21:31qu'est-ce que vous allez vous dire ? « Je suis fier du travail accompli. La firme se porte bien. » — Je suis d'abord un président heureux.
21:38— Optimiste. — Optimiste. Naturellement optimiste. Et oui, moi, ce que j'espère... Et mon rôle, ça aura été de conduire la transformation, parce que
21:48notre firme s'est beaucoup transformée ces dernières années, comme n'importe quelle autre entreprise. Et faut pas croire que parce qu'on est un cabinet
21:54pluridisciplinaire, conseil, audit, juridique et fiscal, faut pas croire qu'on n'a pas de transformation. On s'est beaucoup transformé. Et moi, ce qui est le plus
22:02important pour moi, c'est qu'on se soit transformé, mais sans oublier l'humain, parce que l'humain, c'est ce qui est la valeur cardinale chez PwC.
22:14Et ce qui, moi, en tout cas, me fait plaisir, c'est de voir aujourd'hui qu'on a des collaborateurs, je pense qu'ils sont heureux d'être chez PwC...
22:23— Et engagés, oui. — Engagés et pour lesquels on a essayé justement de développer tout un écosystème et un environnement, je dirais, bienveillant, respectueux
22:32pour qu'ils puissent se développer, parce qu'un consultant qui est un consultant à qui on a enlevé un peu de charge mentale... Vous voyez, par exemple,
22:40on a mis en place tout un parcours de parentalité, etc. Voilà. Eh ben c'est un consultant qui est plus à l'écoute de son client.
22:47— Merci, Patrice Moreau, d'être venu nous rendre visite. C'est un vrai plaisir de vous accueillir. Vous êtes le président de PwC France Maghreb.
22:54Pour parler de l'optimisme, et pas seulement. Merci de nous avoir rendu visite. On tourne une page et on s'intéresse dans « Fonnettes sur l'emploi ».
23:01À la difficulté parfois de choisir entre deux métiers, vous savez, on appelle ça les « stasheurs ». Et on en parle avec notre invité.
23:07(*Générique de fin*)
23:19— Le livre de Smartjob. Toujours passionnant, les livres de Smartjob. « Pourquoi choisir quand on veut tout faire ? ».
23:26Voilà. C'est sorti chez Diathéno et j'accueille Solène Fegg. Bonjour, Solène. — Bonjour.
23:31— C'est vrai que la présentation correspond un peu au livre. Conférencière, podcasteuse, autrice de ce livre. D'abord, un petit mot sur vous. Comment vous vous définissez ?
23:41— Comment je me définis ? Ça a été une question problématique pendant longtemps, parce que justement, je ne savais pas vraiment quelle étiquette
23:47je devais poser sur moi et dans quelle case je devais rentrer. Donc aujourd'hui, je me définis assez simplement, je dirais. Je suis une entrepreneur multicasquette,
23:55une multi-entrepreneur, multi-passionnée. En tout cas, il y a toujours la notion de pluralité qui rentre en compte. — Le sujet que vous soulevez, c'est quoi ?
24:02On a une société, j'allais dire, des années 80. Allez, partons loin. Classique. On faisait une formation, on avait un métier.
24:09Et puis on allait pousser pendant 40 ans ou 41 ans. Puis on allait partir en retraite. On allait une ligne droite. — Exactement.
24:14— Et vous dites « Bah non, en fait, tout le monde ne rentre pas dans cette boîte-là », et de moins en moins.
24:19— Oui, c'est ça. Je remets un petit peu, on va dire, le tattoo court en question et le chemin un peu traditionnel qu'on entend souvent.
24:26Donc ça passe par... En effet, on suit un cursus. Et ensuite, on s'insère dans une boîte dans laquelle on sortira pas, qui est sensiblement le chemin de mon papa.
24:37Et c'est un chemin que j'ai pas choisi, parce qu'il me correspondait pas. Et je pense que toute une génération entière suit un peu le mouvement.
24:43Mais je vais un peu au-delà de ça, dans le sens où je parle de la multipotentialité. Donc c'est aussi ces profils qui non seulement ont du mal à trouver, on va dire, un chemin dans lequel ils restent...
24:53— Mais ont des compétences diverses. — Exactement. Il y a vraiment cette notion de j'excelle dans plusieurs domaines, je suis douée dans plusieurs domaines.
25:00Et c'est pas forcément un manque d'humilité de le dire, parce que je m'intéresse à plein de choses. Et donc j'ai besoin d'aller me nourrir de plein de choses.
25:08Je voudrais que vous nous éclairiez, parce qu'il y a des jeunes qui sont dans ce cas de figure. De plus en plus de jeunes, d'abord, parce que c'est lié aux réseaux sociaux, c'est lié à la multiplicité des canaux d'informations.
25:16Être multipotentiel, parfois, donne l'impression qu'on picore et qu'on n'a pas de compétences. Vous voyez ce que je veux dire ?
25:22— Oui, complètement. — Entre liberté et papillonnage. — Oui, c'est ça. On entend souvent un peu ce touche-à-tout et un peu moyen-tout-bon-rien, ce genre de choses.
25:30C'est des injonctions qui sont un peu tristes, je trouve, parce que c'est pas tout à fait vrai, justement. Le profil multipotentiel, comme il a été défini la première fois en 72 par Frédéric Sohn, qui est un psychiatre,
25:41a vraiment dit qu'il y avait quand même cette notion de « j'excelle dans deux domaines ou plus ». Alors il l'opposait diamétralement au profil spécialiste,
25:49ce qui est aussi encore une fois un petit peu dommage, parce que du coup, ça renforce cette vision un peu binaire de « les spécialistes vs. les généralistes », alors qu'il y a toute une nuance de gris au milieu.
25:58— Mais est-ce que le bonheur aujourd'hui de nos sociétés et peut-être de nos générations, en tout cas de la vôtre, vous êtes plus jeune que moi, c'est pas la multiactivité qui permet de trouver le juste équilibre dans sa vie ? Est-ce que c'est pas ça, le bonheur ?
26:11— Je sais pas si c'est ça, le bonheur. Je pense que c'est très propre à chacun, mais on va pas rentrer sur cette question philosophique. Mais en tout cas...
26:17— Auquel l'équilibre ? — Ouais, c'est ça. Je pense que l'idée, c'est d'aller trouver un point d'équilibre et de pas forcément partir avec l'idée qu'il faut rester dans le même job,
26:26parce que c'est soi-disant les études qu'on a faites, etc., mais plutôt d'aller s'écouter si on a envie d'aller explorer.
26:31— Quel conseil vous nous donnez, Solène ? Parce que vous faites des conférences, vous êtes podcasteuse. C'est quoi les conseils que vous donnez à cette jeune génération
26:37qui est un peu comme ça au milieu du guet, qui se dit peut-être qu'il faut que je parte sur une carrière unique et en même temps, j'adore faire autre chose ?
26:43Quel conseil vous lui donnez ? Qu'est-ce qu'elle doit faire ou il doit faire ?
26:46— Un mot. Tester. En réalité, c'est un peu le même principe, d'ailleurs, quand on devient entrepreneur. On dit « test and learn », mais parce que c'est vraiment comme ça.
26:53C'est en testant qu'on va aussi se découvrir, se connaître, se dire « je n'aime pas forcément ça », ou alors « je me trouve des compétences plutôt facilement là-dedans ».
27:01Donc de tester, de s'autoriser, parce que je crois que c'est le problème de notre génération aussi. C'est qu'elle écoute un peu trop ce qui se passe autour
27:07et un peu moins ce qui se passe à l'intérieur. Et du coup, elle se retrouve un peu figée.
27:10— Donc ça, c'est le danger. — Complètement. Ça, c'est le danger.
27:13— Tester et j'ai envie de dire, pour conclure, peut-être oser, non ?
27:16— Oser. Oui, complètement. Avoir l'audace d'essayer, de sortir un peu des sentiers battus.
27:22— Avant de nous quitter, qu'est-ce que vous n'avez pas encore fait ? Vous êtes conférencière, podcasteuse, autrice.
27:26Qu'est-ce que vous avez dans la tête, là, aujourd'hui, que vous n'avez pas encore fait et que vous dites « je vais le faire dans les 3 années qui viennent, je bascule ».
27:32— Waouh ! Vous me prenez de court. Honnêtement, je ne sais pas.
27:35— Là, vous êtes bien dans ces 3 activités.
27:37— Oui, là, je suis bien. Bon, j'ai aussi une activité de maman qui s'est rajoutée.
27:40— Qui est un métier. — Qui est un vrai métier. Mais non, là, j'ai pas forcément envie de me coller une activité.
27:45— Donc vous avez trouvé le juste point d'équilibre.
27:46— Oui, c'est un peu ça. Oui. Parce qu'on peut mettre plusieurs choses, finalement.
27:49Déjà, sous la casquette entrepreneur, on peut y mettre un peu ce qu'on veut sous ce chapeau-là.
27:52Donc ça m'arrange bien.
27:53— Merci, Solène Feig, de nous avoir rendu visite. — Merci à vous.
27:56— Femme équilibrée, justement, et qui a trouvé le juste équilibre entre la multipotentialité, multiactivité.
28:01Lisez son livre « Pourquoi choisir quand on veut tout faire ? » avec un point d'interrogation sorti chez Diathéno.
28:07Je rappelle que vous êtes conférencière et podcasteuse.
28:10Merci de nous avoir rendu visite. C'est la fin de notre émission.
28:12Merci à vous. Merci de nous avoir suivis.
28:14Merci à toute l'équipe, évidemment, qui m'accompagne en coulisses.
28:17Merci à Romain à la réalisation.
28:19Merci à Thibault Ausson.
28:20Et merci, évidemment, à Nicolas Juchat et toute l'équipe de programmation.
28:24Je vous dis à très très bientôt. Bye bye.
28:27Sous-titrage Société Radio-Canada