Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National, a marqué la politique française depuis 40 ans par ses provocations et ses idées sur l'immigration. Son héritage se manifeste dans le dégagisme, la violence verbale influençant encore le débat actuel.
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00:00Son rôle et son héritage relèvent désormais du jugement de l'histoire, ça c'est ce qu'a très sobrement commenté hier l'Elysée dans un communiqué On ne peut plus neutre.
00:08Alors on va essayer d'être un peu plus précis que le président.
00:11Le fondateur du Front National, il a profondément marqué l'histoire politique depuis 40 ans, d'abord j'ai envie de dire par ses dérapages racistes, antisémites, révisionnistes
00:18qui lui ont valu de très nombreuses poursuites et condamnations pour apologie de crimes de guerre, contestation de crimes contre l'humanité, injures publiques, incitations à la haine
00:26et qui en font le plus grand récidiviste de la classe politique française.
00:30Mais il a aussi marqué Jean-Marie Le Pen par son style, par sa façon de faire de la politique, par certaines de ses idées qui ont infusé dans la vie politique, là aussi depuis 40 ans.
00:40Et le paradoxe c'est que cet éternel abonné aux défaites électorales a remporté quelques batailles culturelles.
00:46Et pas seulement dans sa famille politique.
00:48Non et surtout elles existent encore aujourd'hui j'ai envie de dire, je vais vous donner 4 exemples.
00:51Premier, la posture anti-système.
00:53Jean-Marie Le Pen, vous savez, il était contre ce qu'il appelait l'establishment, il visait à l'époque ce qu'il appelait la bande des sortants, le RPR, l'UDF, le parti socialiste, le parti communiste.
01:02Et il a posé, un de ses plus célèbres slogans c'était « Sortez les sortants », il a posé les bases de ce qu'on appelle aujourd'hui le dégagisme qui a déteint sur tout l'échiquier politique.
01:11On l'a connu de façon révolutionnaire avec Jean-Luc Mélenchon et son « Qu'ils s'en aillent tous » ou même avec Emmanuel Macron qui se félicitait d'avoir viré les professionnels de l'ancien monde.
01:20Deuxième exemple, le coup d'éclat permanent.
01:22Jean-Marie Le Pen c'est celui qui a inventé le buzz avant l'ère du buzz, il a émergé médiatiquement et politiquement en multipliant les provocations.
01:28Comme il était fidèle à la transition d'extrême droite, il a aussi recouru à la violence verbale, on l'a vu, la « République », les « Sydaïques », les jeux de mots du rafour crématoire.
01:39Il y a 40 ans, je vais vous dire, tout le monde s'en enfusquait.
01:41Aujourd'hui quand vous écoutez certains débats à l'Assemblée, vous voyez que ce niveau de violence verbale, alors ce n'est pas forcément les mêmes expressions, pas les mêmes jeux de mots.
01:48Mais il y a quelque chose de Jean-Marie Le Pen, je trouve, dans la violence verbale qu'on entend aujourd'hui.
01:53Et en cela, Jean-Marie Le Pen est un des précurseurs de la vague populiste à droite et à gauche qu'on connaît en France.
01:59Et sur le fond ?
02:00Alors sur le fond, il est celui qui a imposé l'immigration au cœur du débat politique.
02:04A la fin des années 70, le Front National décide de choisir ce thème-là, non pas sous un angle racial, mais sous un angle social.
02:09Avec, vous savez, un slogan « 1 million de chômeurs égale 1 million d'immigrés ».
02:13A l'époque, tout le monde dit un peu la même chose, même le parti communiste, Georges Marchais, dit « l'immigration nuit aux travailleurs ».
02:18Mais Jean-Marie Le Pen va marteler ce thème, il va même développer un concept, celui de la préférence nationale.
02:24Aujourd'hui, quand vous regardez, la droite s'y est convertie, à la préférence nationale, et même le camp présidentiel, on l'avait vu il y a un an, lors du vote de la loi Immigration.
02:33Et puis enfin, la dernière trace de son existence politique, j'ai envie de dire, c'est que ça a donné naissance à un réflexe, celui du front républicain.
02:39Imaginez, par la droite et par la gauche, pour libérer la route et l'écarter du pouvoir, ce front républicain, on l'a vu encore à l'œuvre l'été dernier.