Le député RN de l'Yonne, Julien Odoul, était l'invité de "franceinfo soir", mardi 7 janvier.
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00:00Aurélie Herbemont
00:03Bonsoir Julien Aoudoul. Vous êtes député de Lyon et porte-parole du Rassemblement National.
00:09On a appris aujourd'hui la mort de Jean-Marie Le Pen. Quelle image vous gardez, vous, du fondateur du Front National ?
00:15L'image que gardent, je pense, des millions de Français. Quelqu'un de courageux, quelqu'un de visionnaire.
00:23Une figure de visionnaire sur bon nombre de sujets qui aujourd'hui font l'actualité et inquiètent les Français.
00:33Je pense bien évidemment aux conséquences de l'immigration massive. Il a été l'un des premiers, si ce n'est le premier,
00:40à alerter les Français sur les conséquences de ces politiques d'immigration, sur la démographie,
00:47sur le lien entre une forme d'insécurité et l'immigration massive. Aujourd'hui, ce sont des sujets qui font pratiquement consensus,
00:56à l'exception de quelques...
00:57Consensus, peut-être pas.
00:58À l'exception, si, dans le paysage politique, je le pense. Aujourd'hui, tout le monde parle d'immigration.
01:03A l'époque, effectivement, il fallait être courageux pour en parler. Mais c'est vrai que c'est une figure politique très importante.
01:10L'un des derniers députés de la Quatrième République. Et surtout, il faut se rappeler d'une époque où des députés pouvaient rendre leur mandat
01:20pour aller, comment dirais-je, défendre notre patrie en Indochine, en Algérie. C'était quelqu'un qui avait l'intérêt de la nation,
01:30le patriotisme, chevillé au cœur et qui l'exprimait par son engagement, concrètement, et notamment au cours de sa carrière militaire et politique.
01:40Julia Aoudoul, vous rendez un hommage appuyé à Jean-Marie Le Pen, figure importante, vous dites.
01:46Pourtant, vous, personnellement, vous n'avez pas adhéré au Front National de Jean-Marie Le Pen, puisque vous arrivez en 2014.
01:52Une fois que Marine Le Pen a pris les rênes du parti en 2011, le discours de Jean-Marie Le Pen vous gênait ?
01:58Non, mais ce n'est pas la question de ma petite personne. Moi, aujourd'hui, je pense déjà à Marine Le Pen, à Yann Le Pen, à Marie-Caroline,
02:08qui ont perdu leur père. C'est un drame familial, d'une part. Je pense aussi à tous ceux qui l'ont accompagné, aux militants de la première heure,
02:18aux militants du Front National, dont je ne fais pas partie, il ne vous aura pas échappé, mais qui ont été à ses côtés,
02:28qui ont maintenu la petite flamme nationale envers et contre tout, dans des circonstances très difficiles, sous les colibés, sous les insultes,
02:36sous les persécutions, qui ont participé aux élections et qui ont fait grandir ce petit mouvement politique auquel on ne prêtait aucun avenir
02:45et aucun moyen et qui a pu devenir une force d'alternance et un grand parti de rassemblement.
02:52Donc, c'est vrai que moi, je pense à eux qui l'ont accompagné et qui ont, pendant des années, fait valoir leurs idées et participé à l'éveil du peuple français.
03:04Je vous posais cette question de vous, votre rapport à Jean-Marie Le Pen, parce que j'ai retrouvé une interview de vous en 2023 où vous disiez
03:10« Moi, je ne serais jamais venue au FN du temps de Jean-Marie Le Pen, puisque je considérais que ses outrances, ses provocations étaient un obstacle à la crédibilité. »
03:18Je ne vais pas renier ce que j'ai dit, encore une fois, mais je pense que ce n'est pas le moment.
03:24Jean-Marie Le Pen est mort il y a quelques heures. Aujourd'hui, et surtout dans cet instant, c'est déjà du recueillement pour sa famille et une période de décence,
03:34période de décence qui n'est même pas respectée par quelques responsables politiques, je pense à M. Mélenchon, à M. Poutou.
03:39Avec des tweets abjects, je le dis très sincèrement, ce sont des tweets abjects.
03:44De ne pas avoir le minimum de décence au regard de ce deuil, ça en dit long sur la mentalité, sur le comportement de cette extrême gauche nauséabonde.
03:55On va citer, pour que nos auditeurs soient parfaitement au courant de quoi vous parlez, le message sur X de Jean-Luc Mélenchon qui écrit
04:03« Le respect de la dignité des morts n'efface pas le droit de juger leurs actes. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables.
04:09Le combat contre l'homme est fini. Celui contre la haine, le racisme et l'antisémitisme qu'il a répandu continue. »
04:16Il y a d'autres réactions à gauche. François Ruffin dit qu'un fasciste d'un autre temps s'en est allé.
04:21Manuel Bompard estime que Jean-Marie Le Pen était un adversaire de la République. Ces réactions, elles vous ont choqué ?
04:26Oui, elles sont choquantes. Elles sont indécentes et irrespectueuses.
04:31Et elles sont aberrantes quand on sait le passif politique idéologique de M. Mélenchon, par exemple, qui est aujourd'hui le relais du Hamas,
04:41qui est le propagandiste de l'antisémitisme aujourd'hui.
04:45Nos compatriotes de confession juive aujourd'hui sont menacés parce qu'il y a des gens comme M. Mélenchon,
04:50comme toute sa clique LFI islamo-gauchiste, qui se vautrent dans une haine des juifs abjecte.
04:56Jean-Marie Le Pen a eu des condamnations pour une contestation de crime contre l'humanité.
05:01On va être très clair. Aujourd'hui, en 2025, ce qui menace nos compatriotes de confession juive, c'est LFI, c'est Jean-Luc Mélenchon, c'est R. Sidiassoudé,
05:09c'est David Guiraud, c'est tous les députés de la France insoumise qui, aujourd'hui, relaient la propagande du Hamas,
05:15qui pactisent avec les islamistes et qui mettent en insécurité nos compatriotes de confession juive.
05:19Alors, est-ce que le Rassemblement National ne minimise pas les paroles passées de Jean-Marie Le Pen ?
05:25Le communiqué du Rassemblement National dit aujourd'hui que Jean-Marie Le Pen se plaisait parfois à être polémique.
05:30Julien Audoul, c'est un peu plus que ça quand même. Je le disais, il y a eu des condamnations pour contestation de crime contre l'humanité, notamment.
05:37Est-ce que le Rassemblement National ne minimise pas trop la carrière jalonnée de polémique de son fondateur ?
05:46Écoutez, là, en cet instant, d'une part, et comme l'a dit d'ailleurs le communiqué de l'Elysée,
05:53ce sont les Français et l'histoire qui jugeront Jean-Marie Le Pen, comme ils ont jugé d'autres responsables politiques.
06:02Mais aujourd'hui, effectivement, c'est d'avoir ce moment de recueillement.
06:07Moi, je dénonce tous ces charognards qui vont se précipiter et qui ne respectent pas le temps du deuil pour la famille, pour Marine Le Pen notamment,
06:18et surtout de regarder objectivement quel a été le parcours de Jean-Marie Le Pen, quels ont été ses combats,
06:27et force est de constater qu'il a été l'une des figures politiques de la 4e, de la 5e République,
06:34plusieurs fois candidat à l'élection présidentielle, candidat au second tour de l'élection présidentielle,
06:39et encore une fois, tout ça mérite d'être respecté.
06:43Vous reprenez les termes de l'Elysée qui, effectivement, dit que l'histoire jugera.
06:48Est-ce que, dans ce contexte, le Rassemblement National doit organiser un hommage formel, officiel, au fondateur du Front National ?
06:55Mais ce n'est pas à moi de le dire.
06:57Mais est-ce que vous le souhaitez ?
06:58Encore une fois, ce n'est pas à moi de le dire.
07:00Je pense que le communiqué du Rassemblement National était très clair,
07:06et surtout, ce qui l'importe aujourd'hui, c'est de mesurer le chemin parcouru d'un petit mouvement créé en 1972,
07:15qui, année après année, s'est construit, a rassemblé, et Marine Le Pen a profondément changé ce mouvement.
07:22Et justement, Marine Le Pen avait rompu politiquement avec son père,
07:26puisqu'en 2015, elle l'exclut du parti, et notamment à cause de nouveaux dérapages.
07:31On sait, d'ailleurs, que parmi les députés de la nouvelle génération, l'ombre de Jean-Marie Le Pen était lourde à porter.
07:36Est-ce que c'est votre cas, Julien Aoudoul ?
07:39Non, ce n'est pas mon cas.
07:41Moi, je suis venu pour Marine Le Pen.
07:44Je suis venu pour son combat pour la France, pour sa volonté de redresser notre pays,
07:50pour la refondation qu'elle avait opérée.
07:53Je constate effectivement que l'héritage, le sillon qui a été tracé, est dans une époque totalement différente.
07:59Et je pense que c'est très important de mesurer les contextes.
08:03On est dans les années 80, il y a l'URSS, il y a encore le bloc communiste,
08:07on a un petit parti qui peine à trouver sa place sur la scène nationale, dans un contexte totalement différent.
08:15Aujourd'hui, le Rassemblement National est aux portes du pouvoir.
08:18C'est grâce à Marine Le Pen principalement, à Jordane Bardella essentiellement,
08:26qui ont apporté un tournant majeur dans l'orientation qui a été prise,
08:31dans la volonté de gagner, dans les moyens qui ont été donnés au Rassemblement des Français,
08:37qui aujourd'hui est le parti de 11 millions de compatriotes.
08:40Mais il ne faut pas oublier ces générations de militants, et je tiens à les saluer,
08:45qui pendant des années ont collé des affiches, ont tracté, ont fait campagne,
08:50se sont portés candidats dans des conditions très difficiles pour leur famille, pour leur entourage,
08:56pour leur métier, qui souvent ont été persécutés dans l'indifférence la plus totale,
09:01et pourtant qui ont maintenu et qui ont participé à l'ascension de ces idées nationales.
09:07Le Rassemblement National rend beaucoup hommage, évidemment, depuis ce midi à Jean-Marie Le Pen.
09:12Est-ce que vous ne craignez pas de prendre le risque d'être à nouveau diabolisé,
09:17alors qu'on sait que Marine Le Pen est en opération dédiabolisation,
09:20en rupture avec la politique telle qu'elle était menée par son père depuis plusieurs années maintenant ?
09:25Vous savez, aujourd'hui, le diable, en tout cas ce qui fait peur aux Français,
09:29c'est l'insécurité du quotidien.
09:31Ce qui fait peur aux Français, c'est ce que nous commémorons aujourd'hui
09:34avec les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo,
09:37c'est de voir que l'islamisme, cette idéologie mortifère qui nous a déclaré la guerre
09:41il y a bien des années, règne toujours dans bon nombre de quartiers,
09:45fait la loi, instaure son totalitarisme, c'est ce qui fait peur aux Français.
09:50Il est là, le diable.
09:51Le diable, c'est aussi ces élus de la République qui, malheureusement,
09:54se vautrent dans le clientélisme et pactisent, collaborent avec l'islamisme.
09:59Je pense évidemment aux députés de la France Insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon.
10:04C'est eux aujourd'hui qui, pour bon nombre de Français, symbolisent le diable
10:09et font peur à nos institutions et à nos pratiques.
10:12Et puis Jean-Marie Le Pen, à vos yeux, qui est l'héritier politique de Jean-Marie Le Pen aujourd'hui ?
10:16Est-ce que c'est Marine Le Pen ? Est-ce que c'est Marion Maréchal, la petite fille ?
10:20Il n'y a pas d'héritier ou d'héritière.
10:25Il y a un courant national, il y a des idées qui ont été portées.
10:30La défense de la souveraineté nationale, la défense de l'identité nationale,
10:34le protectionnisme, le pouvoir d'achat des Français également,
10:39qui ont été portées, qui sont montées, qui ont su, à un moment donné,
10:44aussi capter la société et trouver un écho.
10:49Et ces idées, elles sont aujourd'hui portées par Marine Le Pen,
10:53par Jordan Bardella, qui sont parmi les personnalités préférées des Français.
10:57Et d'ailleurs, ça a été un retentissement de voir l'ascension...
11:00Jordan Bardella, qui lui avait une certaine admiration pour Jean-Marie Le Pen.
11:03L'ascension de Marine Le Pen et de Jordan Bardella,
11:07et la façon aujourd'hui qu'ils ont de parler au français,
11:11constitue, j'allais dire, un motif d'espérance pour des millions de compatriotes
11:16qui voient dans les idées que nous portons le seul avenir possible
11:19et la seule capacité de redressement pour notre pays.
11:22Une idée qui était au départ dans le parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
11:25Merci Julien Audoulin.
11:27Merci à vous.