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Lundi 6 janvier 2025, SMART TECH reçoit Véronique Ventos (cofondatrice et chef de la recherche, NukkAI) , Jérôme Bouteiller (rédacteur en chef, EcranMobile.fr) , Jean-Baptiste Bouzige (président et fondateur, Ekimetrics) et Florian Gauthier (cofondateur, ONG LaReponse.tech)

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00:00L'agentique AI ou IA agentique, quelle est cette nouvelle tendance qui monte ?
00:13On va en parler aujourd'hui, ce sera vraiment notre sujet à la une.
00:16On va regarder quelle est la différence avec les IA génératifs,
00:19comment ça fonctionne, quelles sont les promesses et les nouveaux usages.
00:23Et puis on ira faire un tour du côté de l'industrie du mobile
00:25pour s'intéresser au nouveau projet des opérateurs qui se lancent dans les API.
00:29Mais d'abord, trois questions sur une IA anti-fake news,
00:32une IA que l'on peut appeler au téléphone ou interroger sur WhatsApp pour vérifier une information.
00:38C'est tout de suite dans Smartech.
00:39Attention, c'est une interview enregistrée le 28 novembre.
00:47Vera, c'est un nouveau numéro de téléphone qu'on peut appeler pour vérifier des faits.
00:51Voilà, ça c'est notre actualité aujourd'hui pour ouvrir Smartech.
00:54Ça a été lancé il y a quelques jours en version bêta et pour en parler,
00:57j'accueille son cofondateur Florian Gauthier.
01:00Bonjour.
01:01Bonjour.
01:02Cofondateur de l'ONG LaRéponse.tech, puisque c'est l'ONG à l'origine de cette initiative.
01:08Alors comment ça marche ce numéro de téléphone pour vérifier des faits ?
01:11C'est hyper simple.
01:12C'est un numéro de téléphone qui est gratuit, qui existe par téléphone ou par WhatsApp
01:15et qui est connecté à une centaine de sites de fact-checking.
01:18L'idée c'est qu'on l'appelle, on pose une question
01:20et là il y a l'intelligence artificielle qui va aller chercher parmi ces sources de références
01:24sélectionnées par les comités d'experts pour vous donner une réponse en temps réel.
01:27D'accord.
01:28Donc reconnaissance vocale, ça veut dire qu'il faut utiliser un petit peu de technologie.
01:31Ensuite aller chercher dans une base documentaire, j'imagine quand même assez large
01:35pour pouvoir répondre à l'ensemble des faits qu'on va vous présenter sur ce répondeur.
01:39Donc derrière, c'est quoi comme modèle ?
01:42C'est OpenAI GPT-4.
01:44Pourquoi ce choix ?
01:45Parce que ça marche bien.
01:46Mais en fait c'est un choix, on avait déjà fait un des projets avec ça.
01:49Donc c'est un choix de simplicité.
01:50Et en fait on n'est pas fermé à changer si jamais il le faut.
01:53Parce qu'on parle aussi des hallucinations de ces IA.
01:57Et là vous êtes sur une promesse de confiance finalement.
02:01Comment est-ce qu'on crée cette confiance ?
02:03Je pense qu'elle passe par plusieurs choses.
02:05D'une part, ce comité d'experts est tellement important.
02:07Parce que c'est des gens, des chercheurs, des gens qui sont experts des informations
02:10et qu'on sélectionnait une centaine de sources fiables.
02:13Donc en fait, Vera ne va jamais aller chercher n'importe où sur le site web
02:15comme ChatGPT ou d'autres IA.
02:17Elle va vraiment se cantonner à une source, à des sources circonscrites.
02:21Donc on a une centaine de sources de fact-checking et plus de 300 médias fiables.
02:25La confiance elle part aussi du fait qu'il faut absolument avoir différentes opinions.
02:29Donc en fait on va souvent donner plusieurs sources pour la même information.
02:32Si jamais il y a des lignes éditoriales qui sont de certains médias,
02:36l'idée c'est d'en proposer plusieurs.
02:38D'accord. Et la réponse se présente sous quelle forme ?
02:40Une conversation.
02:41En fait on peut poser une question comme on se parle aujourd'hui.
02:44Est-ce que c'est vrai qu'il y a des PFAS dans l'eau du robinet en France par exemple ?
02:49Et là, Vera va aller chercher une source et vous répondre immédiatement.
02:52Soit par écrit sur WhatsApp, soit par téléphone.
02:54Alors puisque vous partez avec un comité d'experts et une base de données vraiment fermée
02:59pour justement valider ces sources,
03:02ça veut dire que les thématiques au départ vont être un petit peu resserrées j'imagine ?
03:06Pas tant que ça, puisqu'en fait on a déjà des sources dans plus de 80 pays.
03:09Donc en fait il y a énormément de sources.
03:11Et les agences de fact-checking font un travail exceptionnel.
03:13Donc il y a énormément de ressources.
03:15L'idée c'est vraiment d'aller piocher partout pour avoir le maximum d'informations.
03:18En fait aujourd'hui on peut poser n'importe quel type de questions sur n'importe quel sujet.
03:22Et quelle est la difficulté principale avec les fake news quand on s'attaque à ce sujet de la désinformation ?
03:27Je pense qu'il y a un enjeu très fort de réussir à faire une IA qui est capable de converser
03:32de manière simple et en respectant le point de vue des gens.
03:36Je pense que c'est vraiment ce côté-là.
03:38Non c'est faux, vous avez tort, c'est une théorie du complot.
03:40Non au contraire, je pense que c'est normal aujourd'hui de tomber dans le piège de certaines fake news.
03:46Parce qu'en fait c'est difficile de vérifier l'information.
03:48Et donc l'idée c'est vraiment d'avoir un endroit qui soit accessible
03:51mais surtout qui respecte ton point de vue
03:53et qui te pose des questions pour approfondir le sujet avec toi.
03:56Parce que la difficulté aussi c'est de toucher les personnes
03:58qui elles sont déjà enfermées en fait dans des croyances
04:01ou alors dans une négation totale finalement de la réalité.
04:04Oui complètement.
04:05Il y a une étude absolument incroyable, c'est une IA.
04:09Ils ont fait une recherche auprès de 2500 personnes.
04:12Et l'idée c'est qu'ils ont réussi grâce à une IA conversationnelle
04:15à faire baisser de 20% les croyances en théorie du complot.
04:18Donc c'est des gens vraiment où c'est plus fort que la croyance.
04:21C'est vraiment quelque chose qui font partie de leur personnalité finalement.
04:25Donc nous on n'a pas pour ambition de faire en sorte que des gens
04:28qui pensent que la terre est plate changent d'avis.
04:30En revanche ce qu'on veut c'est avoir un endroit simple, fiable et impartial
04:34où on peut vérifier l'information simplement.
04:36C'est la première étape.
04:38Alors puisque c'est disponible en version bêta,
04:40vous avez communiqué sur les réseaux sociaux.
04:42J'imagine que vous avez eu des premiers appels, des premiers thèses.
04:44Quels sont les sujets qui ont été abordés ?
04:46C'est une bonne question.
04:47De tout.
04:48Beaucoup d'actualités en fait.
04:49L'exemple n'était pas anodin.
04:50Est-ce que c'est vrai que l'eau du robinet est contaminée ?
04:52Ça c'est une question qu'on a reçue beaucoup.
04:54Est-ce que c'est vrai que les migrants mangent des chats et des chiens aux Etats-Unis ?
04:57Une autre question qui est revenue énormément.
04:59Donc ça va aussi à l'international.
05:01C'est un des objectifs j'imagine aussi de Vera.
05:04Est-ce que Vera ?
05:05Complètement.
05:06Le but de Vera c'est bientôt d'être disponible dans toutes les langues.
05:08Là on s'est condamné aux français
05:10parce que c'est plus facile pour nous de faire les tests.
05:12Mais voilà.
05:13Et alors comme on est dans la confiance,
05:15j'ai parlé de l'ONG qui était derrière cette initiative.
05:18Vous avez cité un comité d'experts.
05:20On a besoin d'en savoir un petit peu plus à la transparence.
05:22Il y a qui véritablement derrière ?
05:24Qui finance ? Parce que c'est un service gratuit.
05:26C'est une bonne question.
05:27Donc on est une ONG.
05:28On n'est que des citoyens bénévoles.
05:29Qui finance ?
05:30Il n'y a pas longtemps c'était encore ma carte bancaire sur les services.
05:33Aujourd'hui on a eu la chance de gagner un concours organisé par Dosvenger.
05:36Seng Yang est avoté.
05:38On a eu 5000 euros.
05:39Donc ça nous permet de financer les coûts pour l'instant.
05:41Il n'y aura jamais de partenariats commerciaux.
05:43Je pense qu'on a un vrai enjeu de transparence.
05:46On n'aura jamais de devoir de mettre une source sur une autre.
05:48On veut être complètement indépendant.
05:50C'est une initiative qui est citoyenne.
05:51Et d'ailleurs toutes les sources utilisées sont entièrement disponibles sur le site en toute transparence.
05:55Ok.
05:56Alors il faut taper quel numéro en fait ?
05:58Pour interroger Vera ?
06:00Le mieux c'est d'aller sur le site askvera.org.
06:02Mais sinon le numéro de téléphone c'est le 09 74 99 12 95.
06:07Ok.
06:08Si vous n'avez pas eu le temps de noter, il faut aller sur le site askvera.org.
06:12Et peut-être qu'un jour vous aurez un numéro court ?
06:14Sûrement.
06:15On aimerait bien avoir un numéro vert.
06:17Ce serait peut-être plus pratique.
06:18Merci beaucoup Florian Gauthier de nous avoir précisé comment fonctionnait ce nouveau service de vérification des faits.
06:24Un service finalement avec lequel on peut converser.
06:26Merci encore.
06:27C'est l'heure de notre débat sur les départs de X.
06:30On continue donc à s'intéresser à ce qui se passe sur les réseaux sociaux et à ce qui s'y dit.
06:38Agentique et AI, attention c'est la nouvelle tendance qui monte nous dit-on.
06:41Alors pour en parler, Véronique Vantos est avec nous.
06:43Bonjour Véronique.
06:44Bonjour Nelphine.
06:45Vous êtes chercheuse cofondatrice de Noucaille, également maître de conférences au laboratoire de recherche en informatique.
06:50Noucaille, on a déjà présenté Noucaille plusieurs fois dans Smartech mais je le refais avec grand plaisir.
06:55Donc spécialisée dans l'IA.
06:57Connue pour avoir conçu l'IA qui a battu les champions du monde de bridge.
07:01C'était en 2022.
07:03Et qui propose des modèles pour résoudre des problèmes complexes.
07:06Et donc qui fait de l'agentique AI.
07:09A côté de vous Jean-Baptiste Bouzige.
07:11Bonjour.
07:12Vous êtes président fondateur d'Equimetrix.
07:14Alors c'est aussi une pépite française spécialisée dans la data science.
07:18Vous êtes un des leaders même en Europe sur ce sujet.
07:21Et vous fournissez également des solutions AI.
07:24Alors je voulais déjà qu'on commence peut-être par la définition.
07:27Qu'est-ce que c'est l'agentique AI ou l'IA agentique ?
07:30Définition s'il vous plaît.
07:32Qu'est-ce que c'est ?
07:33Véronique.
07:34Bon alors évidemment effectivement tout le monde y va de sa définition.
07:39Donc ça va être un petit peu facile parce que comme vous l'avez dit.
07:44On a créé Noucaille pour développer ce genre de méthode.
07:48Alors à l'époque on appelait ça l'IA nouvelle génération.
07:51Mais pour faire simple l'IA des agents ça va être un ensemble en fait d'IA.
07:57Un ensemble d'IA différents, de domaines différents.
08:00Qui vont travailler ensemble, qui vont collaborer.
08:03Et un des agents pour nous très important c'est évidemment l'humain.
08:07Qui sait encore faire beaucoup de choses que les agents ne savent pas faire.
08:10Et l'idée c'est de créer des équipes d'agents qui vont résoudre ensemble
08:14avec leur force et faiblesse des problèmes complexes.
08:18Votre définition ? Est-ce que vous avez des précisions à apporter peut-être ?
08:21Oui je pense que tout le détail qui fait toute la différence c'est à quel point
08:28dans le comment on considère que ces agents sont autonomes.
08:32Je pense que c'est le grand raccourci qu'on a beaucoup dans les grandes promesses du moment.
08:37Et notamment mettre l'humain dans la boucle.
08:39Je pense que c'est un point extrêmement important.
08:41Et si on veut il y a eu avec les IA génératives aussi.
08:45On a beaucoup parlé de Retrieval Augmented Generation donc RAG.
08:48Et en fait la complémentarité des deux.
08:52Parce que je pense que dans les agents il peut y avoir des choses qui utilisent du RAG.
08:55C'est que l'agent est censé prendre une décision.
08:58Donc quelque chose qui est finalisé.
09:01Qui est vraiment un business outcome pour parler toujours bien français.
09:05Là où le RAG va surtout informer la décision.
09:08Et chercher à par exemple tuer les hallucinations et être le plus précis possible.
09:12On peut peut-être reprendre encore plus en amont le sujet.
09:16Parce que vous nous parlez de l'IA générative.
09:20Est-ce que c'est lié ? Est-ce que ce sont deux technologies qui sont liées ?
09:24Est-ce que c'est l'IA générative qui permet de faire de l'agentique AI ?
09:28Déjà ça c'est une question.
09:30Et ensuite dans l'agentique AI, vous l'avez dit Véronique, il y a le mot agent.
09:33Jusqu'ici on n'employait pas le terme d'agent pour parler justement des IA génératives.
09:37On parlait plutôt de bots, de chatbots, d'assistants personnels, d'assistants vocaux.
09:42Quelle est la différence entre les deux ?
09:45Entre ces IA avec lesquelles on converse et ces agents ?
09:49Alors en fait je pense qu'on utilise le mot agent pour un petit peu faire passer le message
09:56que les méthodes, donc des choses qui sont codées pour faire simple.
10:01Que ce soit une IA générative ou d'autres types d'intelligence artificielle.
10:05Derrière il y a du code.
10:07Et en fait on va concrétiser par rapport à des tâches, j'ai l'impression.
10:11Ça veut dire que pour nous en fait, toutes les IA génératives, c'est un ou plusieurs agents en particulier.
10:19Mais il ne faut pas être guidé par le fait d'écrire ou de définir des agents.
10:25On construit une boîte à outils, on récupère évidemment tous les agents qui existent également
10:32parce qu'on ne refait pas la roue.
10:34Et on va mettre ensemble ces agents qui sont des codes, ça peut même être des robots physiques, des humains.
10:43On les met ensemble un petit peu comme une équipe d'humains qui va résoudre un problème.
10:49Donc ça veut dire qu'une IA générative, une IA de type...
10:54C'est un peu finalement un pion dans la chaîne d'intelligence.
10:58C'est ça qui va me permettre de résoudre mes problèmes.
11:00Exactement.
11:01Chaque agent est un pion qui va me permettre de progresser dans la résolution des problèmes.
11:06Et pour ça, il faut qu'ils soient capables de collaborer.
11:09Entre eux, entre chaque agent.
11:11Et il faut qu'ils soient capables d'expliquer leur prise de décision, de repérer les faiblesses des autres agents.
11:17Et au final, ce sera soit un agent, soit un humain qui prendra la décision suivant le problème en fait.
11:24Est-ce que c'est lié au progrès des IA génératives ou non ?
11:30Ce qu'ont permis les IA génératives, c'est que comme là on parle en fait d'orchestrer des processus de décision
11:36et d'avoir des chaînes, en tout cas de s'approcher le plus possible d'une couche de raisonnement,
11:41les IA génératives ont permis de générer, peuvent générer elles-mêmes des protocoles de prise de décision.
11:48Et c'est là où, encore une fois, il faut être dans le design de ces solutions extrêmement fin.
11:54Parce que les systèmes complètement autonomes qu'on voit jusqu'à aujourd'hui,
11:58en fait on a eu des tentatives de systèmes où on aurait eu plusieurs agents qui chacun se spécialiseraient
12:06et puis en fait on se rendait compte que la spécialisation ne marchait pas très bien.
12:09Donc on se rend compte que c'est mieux de leur assigner des tâches et de les spécialiser.
12:13Donc ils sont hyper spécialisés en fait tous ces agents ?
12:16Voilà, c'est mieux de penser spécialisation.
12:20En tout cas, ce qui aujourd'hui, dans les usages les plus commoditisés, fonctionne à peu près bien,
12:27c'est des choses très verticales et très productivité.
12:31Tout le monde prend l'exemple, je peux avoir un assistant qui regarde mon agenda, qui fait les mails.
12:36Oui, mais c'est quelque chose de quand même très standardisé.
12:40Dès qu'on va sur la décision de quel va être mon plan l'année prochaine,
12:44comment je vais prendre mes décisions, où je mets mes investissements,
12:47il y a beaucoup plus de contraintes, y compris culturelles, qui rentrent dans une couche de raisonnement
12:52et qu'aujourd'hui, ni les LLM, ni les agents sur étagère n'arrivent à capturer.
12:58Donc hyper spécialisés, mais en même temps, où est-ce qu'ils sont attribués à des tâches finalement ?
13:04C'est ça, plutôt que spécialisés dans un domaine ?
13:07Je vais encore reprendre l'exemple du Bridge en fait,
13:10parce que le NOOC qui a battu 8 champions du monde, c'est vraiment une IA de type agentique et ag.
13:17Ça veut dire qu'en fait, on avait différents agents qui n'étaient pas spécialisés sur le Bridge,
13:23mais qui sont spécialisés sur une manière de raisonner, dont des méthodes numériques.
13:30Par exemple, on a un agent qui avait appris la stratégie des adversaires,
13:35comme il pourrait apprendre autre chose, c'est une technique très générale,
13:39spécialisée, qu'on a juste instantiée sur le Bridge,
13:43et on avait des modules plutôt novateurs qui permettaient de raisonner.
13:50Donc c'est un petit peu comme un bridgeur qui va utiliser différentes zones de son cerveau
13:57pour prendre des décisions et pour résoudre un ensemble de problèmes très complexes.
14:02Donc les agents, c'est plutôt spécialisé sur une manière de faire des inférences, de faire du raisonnement,
14:09et après, quand on attaque un nouveau problème, on va l'instantier.
14:13Donc par exemple, on a très vite transféré ce qu'on savait faire sur le Bridge,
14:17avec une partie de ces agents, sur notre produit logistique,
14:21qui permet de générer des choses sur de l'aérien qui n'a rien à voir avec le Bridge.
14:28Donc c'est spécialisé sur un type de raisonnement, mais pas sur un domaine en particulier.
14:33Ok, c'est très clair.
14:35Justement, venons-en aux principaux usages, les premiers usages peut-être qui vont émerger.
14:40Là, vous évoquez l'aérien. Très concrètement, comment on va utiliser ces premiers agents ?
14:47Je pense que, déjà, on peut faire évoluer un certain nombre de techniques qui sont déjà bien implantées.
14:56Tout le pilotage des plans stratégiques, des plans d'investissement des entreprises.
15:03On parlait de supply chain, de maintenance prédictive,
15:06où on peut bénéficier du fait d'avoir des agents.
15:09C'est une façon différente d'orchestrer l'existant.
15:12Au lieu d'avoir quelques outils isolés, on les met dans un flux,
15:16et on va se dire, tiens, pour la maintenance prédictive,
15:18je vais avoir un agent spécialisé dans la détection de défauts,
15:21un autre qui est spécialisé dans le tour de maintenance des agents physiques
15:27qui font le tour d'un train, comme on fait chez Gatling.
15:30Ensuite, quel est l'agent qui est très supply chain pour commander les pièces, etc.
15:34Chez nous, les domaines qu'on couvre, c'est ça, c'est la performance.
15:38Comment on va mieux investir, avoir des ventes plus rentables,
15:43faire évoluer son mix produit pour le rendre plus soutenable.
15:47Des choses très autour du client.
15:49Il y a beaucoup de choses autour de l'agent augmenté.
15:53C'est plutôt que du chatbot en direct qui comporte beaucoup de risques.
15:59On équipe l'agent, le conseiller bancaire,
16:03qui va avoir tous les PDF avec tous les prêts possibles,
16:06mais qui doit tenir compte de la situation de son client.
16:08On va l'accompagner là-dessus,
16:10et bien designer aussi la place que lui a dans cette architecture-là.
16:14Et puis après, tout ce qu'on appelle opération,
16:16donc supply chain, assortiment en boutique, optimisation des flux, etc.
16:23Mais en termes d'interface,
16:25parce qu'aujourd'hui, ce qui fait un des grands succès de l'IA génératif,
16:29c'est que l'interface est hyper simple, hyper intuitive, unique.
16:33Est-ce que pour que tous ces agents fonctionnent ensemble
16:36dans une chaîne qui a été pensée en amont,
16:38on peut avoir une interface aussi simple et unique ?
16:41Ou non, il faut vraiment repenser la manière dont on va les interroger, ces agents ?
16:47Alors ça, c'est une très très bonne question,
16:49parce qu'effectivement, quand on veut créer une équipe,
16:53il faut créer aussi des interfaces.
16:55Interface au sens, si on veut que les agents collaborent,
16:58il faut qu'ils puissent échanger.
17:00Donc ça va passer par des interfaces.
17:02Et bien, la première chose très importante,
17:05ça va choquer tout le monde,
17:07mais c'est que l'humain est une interface.
17:09C'est-à-dire que l'humain, on n'est pas obligé d'avoir du tout automatique.
17:13Donc si c'est l'utilisateur, l'expert, qui veut être aidé par sa petite armée d'agents,
17:18il va pouvoir les laisser se débrouiller,
17:21donc il y a une autonomie,
17:22mais il va pouvoir aussi, par exemple, requêter un LLM, etc.,
17:28renvoyer la réponse.
17:30Et une interface, ça peut également passer, c'est ce que je disais, par un robot.
17:34Un robot de type, je ne sais pas si j'ai le droit de dire des vagues,
17:38un robot qui a beaucoup de systèmes embarqués,
17:40beaucoup de capteurs,
17:41et qui, par exemple,
17:43pourrait récupérer des sorties d'un programme intelligent
17:46basé sur l'IA agentique AI,
17:49et puisqu'il peut et traduire et parler,
17:53l'humain pourrait interagir avec ce robot
17:56qui représenterait physiquement les sorties de cet ensemble d'agents.
18:00Donc ça peut être les écrans,
18:02ça peut être un robot qui parle,
18:04et ça peut même être l'humain, finalement,
18:06qui va communiquer ces choses-là aux différents agents,
18:10en passant par, évidemment, ordinateurs.
18:14Est-ce qu'on doit taper des prompts, très concrètement ?
18:17Très concrètement, de toute façon,
18:19ce qu'on dit quand on parle de la couche de raisonnement
18:21et de toutes ces interactions-là,
18:23c'est que c'est quand même des sujets
18:25où le design du produit est extrêmement important.
18:28Et quand on design un produit, on pense aussi à l'adoption.
18:31Et donc dans l'adoption, effectivement,
18:33quelle va être l'interface au sens
18:35comment, in fine, on va interagir avec tous ces agents-là,
18:39c'est important.
18:40Effectivement, ça se fait de plus en plus en langage naturel.
18:43Il ne faut pas que ce soit un gadget.
18:45Donc je pense que c'est extrêmement important
18:47de concevoir les systèmes.
18:49Et nous, on a eu beaucoup de retours où,
18:51chez un client, la façon dont les experts interagissaient
18:54par rapport à leurs collègues
18:56qui devaient avoir recours à la même information,
18:58n'était pas du tout la même.
18:59Et finalement, les experts nous disaient,
19:01« Tiens, avoir tout en langage naturel,
19:03maintenant, je vais pouvoir switcher
19:05et regarder les tableaux de chiffres.
19:08Je veux quelque chose qui m'aide à aller chercher
19:10la bonne information, mais je n'ai pas besoin de ça. »
19:12Donc je pense qu'il faut essayer de designer ça
19:14en se disant quel est le meilleur des deux mondes.
19:16Mais clairement, de plus en plus d'interface texte.
19:19Ce qui est extrêmement important,
19:21ce n'est pas d'avoir quelque chose qui va marcher tout seul,
19:23mais c'est quelque chose qui...
19:24Nous, on entraîne beaucoup d'agents
19:25pour poser les bonnes questions.
19:27C'est se dire, tiens, le départ,
19:30ça peut être une question en langage naturel
19:32ou, je ne sais pas moi, une liste de commandes.
19:35Et là, on regarde les trous dans la raquette,
19:37on va poser les questions.
19:38Mais en fait, vous faites quoi ?
19:39Vous faites une rénovation
19:40ou vous installez l'éclairage dans un local neuf ?
19:44Est-ce que la consommation d'énergie,
19:46c'est un critère clé pour vous ?
19:48Est-ce que votre local a des caractéristiques spéciales
19:51en termes de hauteur, sous-plafond, etc. ?
19:52Donc j'entraîne un agent pour être quelqu'un
19:54qui, en faisant le tour d'un bâtiment,
19:55va faire un premier diagnostic
19:56de ce qui va être compliqué dans le projet électrique.
19:59Un agent artificiel, on est d'accord.
20:00Oui, oui, oui, voilà.
20:01Et donc, ce design-là,
20:04c'est vraiment là où il va y avoir le débat
20:09sur l'autonomie dont je parlais au début, en fait.
20:11C'est-à-dire que les tenants de la...
20:15très techno-solutionnistes,
20:17mais qui vendent de la technologie très amont,
20:21vont dire, ça va marcher tout seul.
20:22Et en fait, vous allez avoir toujours le même gap
20:24qui sont les entreprises, les utilisateurs en bout de chaîne
20:28qui vont dire, moi, pour l'instant,
20:29j'ai moins de 20% de mes investissements IA
20:32qui génèrent du ROI.
20:33Et au milieu, il faut des gens, j'espère, comme nous,
20:37qui designons, qui mettons la puissance brute
20:41de ces technologies qui ouvrent énormément de portes
20:44au service, qui designent quelque chose
20:47qui est au service de quelque chose qui fait du sens.
20:49Alors quand vous dites, on espère que ce soit nous,
20:51justement, ça c'est ma question,
20:52est-ce que les champions demain de l'Agentic AI,
20:56de l'IA agentique,
20:57ce seront les mêmes que les champions des modèles de fondation ?
21:03Je ne pense pas, moi.
21:04On n'est pas obligés de passer d'abord par le modèle de fondation
21:10pour devenir un champion de l'agentique ?
21:12On les utilise, mais...
21:15Alors, Véronique...
21:17En fait, autant j'ai été assez pessimiste
21:22par rapport aux IA génératives et par rapport à la France,
21:27parce qu'il faut être clair,
21:28toutes les GAFAM ont à la fois les datas,
21:32la puissance de calcul, beaucoup d'avance.
21:34Donc que ce soit aux Etats-Unis ou en Chine,
21:37ce n'est pas notre force.
21:39Je vais parler d'un point de vue recherche,
21:41parce que derrière, avant de penser aux utilisateurs,
21:44il faut aussi penser vraiment à développer des méthodes nouvelles.
21:46On ne va pas rebrander des choses qui existent.
21:49D'un point de vue recherche,
21:50ça touche à des domaines qui sont un peu tombés dans les oubliettes,
21:55parce que si on veut collaborer, si on veut raisonner,
21:57ce n'est pas des techniques de type IA générative,
22:00c'est des techniques symboliques,
22:01et ce n'est pas les vieux systèmes experts,
22:03parce que c'est tout ce qu'il y a eu dans le web sémantique.
22:05Et on a des champions en France, en recherche,
22:08qui, pour le moment, n'ont pas succombé au charme des gros labos.
22:14Donc, ça veut dire qu'on a vraiment quelque chose à jouer.
22:17Et quand on regarde au niveau des conférences internationales,
22:21les chercheurs français dans ce type de domaine sont très bien représentés
22:25et sont encore sur le marché français.
22:28Donc, je suis très positive et très optimiste pour l'avenir.
22:33Je vous propose qu'on termine sur cet optimisme.
22:36Merci beaucoup Véronique Ventos de Noucaille et Jean-Baptiste Bousige d'Equimetrix.
22:40Merci à tous les deux pour vos éclairages.
23:15L'API, en anglais, c'est une sorte de façade
23:19par laquelle un logiciel offre des services à d'autres logiciels.
23:22Ça, c'est la définition Wikipédia.
23:24On pourrait dire tout simplement que c'est une sorte de brique,
23:26un peu comme une brique de Lego,
23:27qui va permettre d'enrichir des sites ou des applications
23:30avec des contenus ou des fonctionnalités supplémentaires.
23:33Et ces API, historiquement, c'était plutôt fourni par des gens de l'informatique,
23:37Microsoft, Oracle, IBM, par des gens de l'Internet aussi.
23:40On peut citer Google, Amazon ou Meta.
23:42Effectivement, désormais, par des opérateurs télécoms,
23:44ceux qui fournissaient jusqu'à présent de la fibre optique ou de la 5G.
23:47Qui est à l'initiative chez les opérateurs ?
23:50C'est une initiative de la GSMA,
23:52l'association qui réunit les opérateurs du monde entier.
23:55Il y a un projet qui s'appelle Open Gateways,
23:57qui vise à valoriser les réseaux 5G.
24:00Ils se sont associés à la fondation Linux,
24:02très connue pour ses logiciels libres,
24:04dans le cadre d'un projet qui s'appelle Camara
24:06et qui vise à standardiser au niveau mondial une centaine d'API
24:10pour simplifier le quotidien des développeurs d'applications.
24:13Le projet a été annoncé en février dernier,
24:15lors du Mobile World Congress.
24:17Il réunit déjà des grands noms de l'informatique et des télécoms.
24:20On peut citer Nokia, Ericsson,
24:22mais également Microsoft, Oracle ou des opérateurs.
24:25En France, c'est un peu particulier
24:27parce qu'Orange, Bouygues et SFR
24:29avaient déjà lancé une première génération d'API il y a cinq ans.
24:32Ça s'appelait Mobile ID.
24:34Il y a quelques semaines, ils viennent d'annoncer
24:36qu'ils allaient également lancer sur le marché français
24:38cette seconde génération d'API Camara.
24:41La bonne nouvelle, c'est qu'ils ont embarqué avec Free,
24:43le quatrième opérateur.
24:45Ça va donc permettre à ces API d'opérateurs
24:47de couvrir la quasi-totalité des mobinotes sur le marché français.
24:50Et pour quels usages ?
24:52Le premier usage, incontestablement,
24:54ça va être la lutte contre la fraude.
24:56Vous connaissez des solutions d'authentification à deux facteurs,
25:00comme le SMS OTP ou les notifications.
25:04Elles sont aujourd'hui un peu insuffisantes
25:06pour faire face à une nouvelle génération de fraudeurs.
25:08Vous avez entendu parler de la fraude aux faux conseillers bancaires.
25:11Ce sont des gens qui vous appellent
25:13et qui arrivent à vous convaincre de leur répéter des mots de passe
25:17que normalement vous seuls recevez sur votre téléphone mobile.
25:20Ça introduit pas mal de problèmes
25:22puisqu'ils arrivent à se connecter à votre site
25:24et parfois à vous voler tout votre argent.
25:26Le mois dernier, une grande banque a été condamnée.
25:30Elle a été jugée responsable de ce type de fraude
25:33avec à la clé l'obligation de rembourser son client.
25:36Les grandes banques sont à la recherche d'alternatives à ces solutions.
25:39C'est là que les API opérateurs prennent toute leur valeur
25:43puisqu'ils ont tout un tas de solutions
25:46qui vont permettre aux banques de vérifier
25:48que le mobile qui se connecte au compte bancaire
25:51correspond au numéro de téléphone.
25:53C'est un premier moyen d'authentification.
25:55Il y a également la capacité de vérifier la cohérence
25:57entre les données saisies sur le compte bancaire
26:00et les données que connaît votre opérateur
26:02par exemple votre nom, votre adresse.
26:04Il y a tout un tas d'autres API
26:06notamment les SIM Verify
26:08qui permettent de vérifier que le numéro n'a pas changé très récemment
26:11ce qui serait aussi suspicieux dans le cadre d'opérations bancaires d'envergure.
26:15Au-delà de la fraude, d'autres usages ?
26:18Oui.
26:20La fraude va être le premier archer.
26:2280% des entreprises françaises déclarent avoir subi des tentatives de fraude
26:27et c'est un chiffre en croissance de 40%.
26:29Ce sera évidemment central
26:31mais effectivement les opérateurs anticipent une grande variété d'usages.
26:34Par exemple, ça va être des services de géolocalisation
26:36qui vont utiliser les réseaux cellulaires.
26:38On va pouvoir utiliser la triangulation
26:41donc un alternative au GPS.
26:43On va aussi avoir des API par exemple
26:45pour calculer la taille d'une foule
26:47ou mesurer des densités de population.
26:49Ça peut être utilisé dans l'univers événementiel
26:51ou dans le domaine de la sécurité.
26:53Il y a également de très nombreuses API
26:56qui sont annoncées.
26:58L'objectif, c'est de simplifier l'expérience d'utilisateur.
27:00On va simplifier la saisie de données,
27:02simplifier un paiement, optimiser la qualité de la bande passante.
27:05Au total, il y a pratiquement une centaine d'API
27:07qui sont aujourd'hui proposées par le projet Camara.
27:10Et ça représente un business, ces API Telco ?
27:13Selon des projections du cabinet ABI Research,
27:16ce nouveau segment de marché,
27:18donc des Telco API,
27:19pourrait générer 13,4 milliards de dollars de revenus d'ici 2028.
27:23C'est à peu près trois ans.
27:255,3 milliards pour les API de sécurité,
27:285 milliards pour l'analyse de la qualité
27:30et 3 milliards pour le NAS,
27:32le Network as a Service.
27:34Les opérateurs qui sont à la recherche
27:36de nouveaux relais de croissance
27:37après 20 ans de développement de leur réseau
27:39sont évidemment très intéressés par ce nouveau business
27:41et normalement, ils devraient profiter
27:43du prochain Mobile World Congress,
27:44fin février à Barcelone,
27:46pour annoncer la création d'un joint venture avec Ericsson
27:49pour développer tout ce business.
27:51Vous avez déjà des infos
27:53pour ce qui va se passer en février,
27:55mais on suivra ça avec vous, bien évidemment.
27:57Merci beaucoup, Jérôme Bouteiller.
27:58Je rappelle que vous êtes le fondateur d'EcransMobile.fr
28:01et merci à tous de nous suivre sur la chaîne Bismarck for Change.
28:04C'était Smartech.
28:05Vous nous écoutez également en podcast.
28:07Merci beaucoup de votre fidélité.
28:08A très bientôt.