Une femme est morte dans la nuit du Nouvel An, tuée par son mari. C'est le premier féminicide de l'année. "Déjà un de trop, la détermination du gouvernement est totale pour endiguer ce fléau", réagit la ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes Aurore Bergé.
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00:00Comment lutter efficacement contre le narcotrafic ?
00:03Le gouvernement assure vouloir frapper fort contre le trafic de drogue et le crime organisé.
00:07L'ancien ministre de l'Intérieur et nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui en fait sa priorité,
00:13vient justement d'arriver à Marseille.
00:150145 24 7000 et application de France Inter, comme d'habitude, pour réagir et poser vos questions à nos invités.
00:22Avec moi en studio, Jean-Michel Décugis, bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Vous êtes journaliste au Parisien, aujourd'hui en France.
00:26Vous signez avec vos collègues Jérémie Fermelet et Vincent Gauthrono, chez Flammarion, une enquête tueur à gage
00:33sur ces petites mains, si j'ose dire, de plus en plus jeunes, qui exécutent les basses œuvres des trafiquants.
00:39En ligne avec nous, Étienne Blanc, sénateur LR du Rhône, bonjour.
00:42Bonjour.
00:43Rapporteur d'une commission d'enquête sénatoriale et co-auteur d'une proposition de loi qui vise, je vous cite,
00:49à sortir la France du piège du narcotrafic.
00:51Et Amandine Demor, bonjour.
00:55Bonjour.
00:55Vous êtes la maire communiste d'Échirol, 37 000 habitants en banlieue de Grenoble.
01:00Et justement, je voudrais que l'on écoute d'abord votre témoignage d'élu local, puisque le narcotrafic ne concerne pas seulement
01:06et plus seulement Marseille, Paris, Lyon.
01:08Il devient de plus en plus inquiétant dans une ville moyenne, notamment comme la vôtre.
01:14Oui, dans une ville moyenne comme la nôtre, mais j'ai envie de vous dire, dans presque toutes les communes,
01:18parce qu'on parle aujourd'hui de 80% des communes qui sont touchées par le narcotrafic.
01:24Donc l'emprise devient plus large aujourd'hui que les zones urbaines.
01:28Au quotidien, ça se traduit comment pour vous en tant que maire et pour les habitants ?
01:31Je crois que l'ironie est assez cruelle qu'il y a un point de deal très important,
01:36l'un des plus importants de l'agglomération de Grenoble, à deux pas de votre mairie et du poste de police.
01:42Oui, qui était à deux pas de la mairie, dans un immeuble qui avait été complètement gangréné par le trafic de stupéfiants.
01:48Et que vous avez évacué.
01:50Voilà, que j'ai fait évacuer début septembre, parce qu'on était à bout de solutions,
01:54parce que les opérations coup de poing qui avaient été menées là-bas ont vite montré leurs limites,
01:58puisque les chasseurs étaient installés très vite et qu'il fallait agir pour les habitants de cette copropriété.
02:05Etienne Blanc, c'est ce que vous avez mis en lumière dans votre rapport.
02:09Ce sont les villes d'Avignon, de Valence, Rennes, Saint-Nazaire, même Morlaix ou Le Creusot
02:15qui sont aujourd'hui concernées par le trafic à grande échelle ?
02:20Oui, longtemps, le narcotrafic a été un phénomène urbain, métropolitain.
02:25Et puis, puisque les consommateurs sont désormais partout sur l'ensemble du territoire,
02:29les entreprises de narcotrafic se sont rapprochées des consommateurs pour pouvoir distribuer leurs produits.
02:35Il faut ajouter à ça que dans certaines zones du territoire, il y a moins de surveillance.
02:40On est dans des zones moins denses, il y a moins de police, il y a moins de gendarmerie.
02:45Donc là, on peut installer des laboratoires, on peut stocker des produits, on peut même produire,
02:49notamment du cannabis, dans des fermes spécialisées.
02:52Donc oui, aujourd'hui, le narcotrafic irrigue l'ensemble du territoire national, aucun secteur n'est épargné.
02:58La consommation de drogue dans ces villes que j'ai citées ne date pas d'hier.
03:02Alors qu'est-ce qui a changé Jean-Michel Décugis ? C'est l'organisation du trafic ?
03:08Bien, il y a des équipes qui se sont créées récemment, des équipes très jeunes, très violentes,
03:15avec des modes opératoires nouveaux, tels que le biéralisation.
03:19On sous-traite aujourd'hui le trafic de drogue en France, et il y a une sous-traitation...
03:27Ce sont des grandes organisations qui agissent presque en franchise dans les villes ?
03:30Voilà, alors là, on parle beaucoup d'un groupe criminel marseillais qui s'appelle la Dezaine Mafia,
03:35effectivement, qui fonctionne comme une franchise, qui exporte un savoir-faire, une logistique, des armes, des hommes,
03:46et tout ça, sur les réseaux sociaux, c'est une humiliarisation du trafic, et même une humiliarisation du crime.
03:56On va envoyer des vendeurs, des guetteurs, qui traversent la France, on appelle ce phénomène des jobbeurs.
04:03Ils partent de France, ils vont dealer à Marseille, guetter, et puis maintenant, tuer, au nom de caïds, au nom de réseaux.
04:12Et on va parler d'ultra-violence, mais vous parlez d'ubérisation, Jean-Michel Décugis.
04:18L'ubérisation, c'est aussi qu'on peut commander du cannabis, de la cocaïne, aujourd'hui, via un message sur une messagerie accessible à tous,
04:30aussi facilement qu'une pizza, par exemple. Ça, vous le constatez chez vous, à Échirol, à Mandine-de-Mort ?
04:35Oui, on a constaté une mutation du deal, notamment pendant la période de pandémie, où ils ont su s'adapter très rapidement,
04:42et où ce mode de livraison s'est multiplié, vraiment multiplié, parce que l'espace public était, à cette période-là, très compliqué,
04:51puisqu'il y avait beaucoup de contrôles de police. Et oui, le deal s'est très vite adapté.
04:58L'évolution du narcotrafic, dont on parle aussi dans la violence, Jean-Michel Décugis le disait, à Mandine-de-Mort.
05:05Parlons de cette question, mais combien de fusillades dans votre ville sur l'année écoulée ?
05:11Au plus d'une dizaine, avec un gros moment de violence sur le mois d'août, dû notamment à certaines sorties de prison,
05:20qui ont relancé la conférence entre les points de deal sur le territoire de l'agglomération grenobloise.
05:27Avec beaucoup de violence.
05:29Beaucoup de violence, mais là encore, les règlements de comptes, je ne relativise rien, mais les règlements de comptes entre malfaiteurs,
05:36ça a toujours existé, entre trafiquants de drogue. Alors Jean-Michel Décugis, ce qui a changé, et c'est ce que vous mettez en lumière dans votre livre
05:44« Tueur à gage », c'est le profil des exécutants et la manière dont ils sont recrutés. De plus en plus jeunes, et de plus en plus amateurs,
05:54j'allais dire, avant c'était des caïds expérimentés, aujourd'hui ce sont des jeunes...
05:58Ce sont des petites mains du trafic, qui commencent comme guetteurs, comme vendeurs, et qui sont pris en main par les caïds,
06:05et qui sont envoyés en gros aux casse-pipes, pour tuer des gens qu'ils ne connaissent pas, au nom de gens dont ils connaissent à peine les surnoms.
06:16Et on leur donne un point de GPS, on leur donne une arme, en général qu'ils ne savent pas manier, et comme ça ils vont tuer des gens.
06:25Ou alors semer la terreur dans un quartier, simplement en rafalant à la Kalachnikov un point de deal, ou même un pied d'immeuble,
06:36et évidemment en provoquant des victimes collatérales, telles qu'on en a connues, et telles qu'il y en a de plus en plus.
06:44Et ils acceptent de le faire pour des sommes d'argent qui ne sont même pas mirabolantes ?
06:47On va dire entre 2000 et 15 000 euros, parfois pour rien, et surtout généralement ils ne touchent pas à l'argent parce qu'ils se sont tués ou arrêtés avant.
07:00Vous parlez malheureusement des victimes collatérales, Etienne Blanc, c'est ça aussi peut-être qui peut faire bouger les pouvoirs publics,
07:10c'est-à-dire, pardon de paraître cynique, mais tant que les malfrats se tuent entre eux, finalement ça fait moins bouger que quand il y a des victimes collatérales.
07:23Non, je ne crois pas que ce soit un argument solide, évidemment il y a des victimes collatérales,
07:29c'est une jeune fille qui est dans son appartement et qui reçoit une balle perdue, donc ça crée une vive émotion,
07:35mais ça crée aussi une émotion quand on sait que des gamins de 14-15 ans sont rafalés à la Kalachnikov,
07:42quand on sait surtout que leurs vies sont bousillées parce qu'ils rentrent dans un réseau dont ils ne pourront pas sortir.
07:47Vous savez ce qui est dramatique, c'est quand ils cherchent à sortir aujourd'hui, ils font l'objet de violences absolument inouïes.
07:52Quand nous sommes allés à Marseille avec la commission d'enquête sénatoriale, nous avons appris des choses absolument ignobles,
07:59des gosses qui ont été rendus à leurs parents assassinés, démembrés, des vidéos absolument épouvantables,
08:06des gosses de 14-15 ans qui voulaient sortir du réseau, et à ce moment-là les narcotrafiquants s'y opposent.
08:12Non, je ne crois pas qu'il y ait de distinction à faire entre ceux qui sont dans le trafic, qui sont victimes de pression,
08:18et puis les personnes extérieures qui sont elles aussi victimes, j'allais dire un peu au hasard, de drames absolument épouvantables.
08:25– Celles et ceux qui sont victimes aussi de cette organisation du narcotrafic,
08:30ce sont ceux qui essayent de lutter contre ou d'enquêter.
08:33On entendait parler dans le journal de 8h de la directrice de la prison des Baumettes à Marseille,
08:40qui est depuis un mois tenue à l'écart de son poste parce qu'elle est menacée.
08:44Des journalistes comme vous Jean-Michel Décugis pouvaient subir des menaces aussi.
08:47Des élus locaux comme vous, Amandine Demors également ?
08:51– Ça peut arriver, moi ça n'est pas arrivé, je ne veux pas avoir peur, mais oui bien sûr que ça peut arriver.
08:57Mais j'ai envie de dire aussi que les premières victimes du trafic de subventions,
09:01c'est les habitants notamment qui habitent les quartiers populaires et qui le vivent au quotidien
09:06et qui ont besoin de mieux tout de suite, vraiment.
09:10Parce que là on a testé, je parlais tout à l'heure des opérations coup de poing,
09:14elles ont vite montré leurs limites et on a besoin aujourd'hui d'agir plus fortement.
09:19– On va parler des mesures, mais justement on vous parlait des habitants.
09:22Le paradoxe c'est que cette économie parallèle fait vivre beaucoup de monde.
09:276 milliards d'euros de chiffre d'affaires selon le chiffre cité je crois dans votre rapport sénatorial Etienne Blanc,
09:36240 000 personnes qui vivraient directement ou indirectement du trafic de stupéfiants en France,
09:41ça encore une fois pour rester chez vous à Échirol, Amandine Demors,
09:44vous voyez que ça fait vivre dans vos quartiers beaucoup de gens au quotidien ?
09:51– Ça fait peut-être vivre quelques gens, mais la grande majorité des habitants de ces quartiers
09:56subissent le trafic de stupéfiants, ils subissent aussi tous les aléas qui vont avec,
10:01les rodéos, les tirs de mortiers, les squattes d'immeubles et la violence au quotidien qui est provoquée par ces villes.
10:09La grande majorité non, bien sûr que non.
10:11– Parlez-nous de cette économie parallèle Etienne Blanc, c'est vous je crois qui citez ce chiffre de 6 milliards d'euros,
10:186 milliards d'euros de chiffre d'affaires, le budget du ministère de la Justice
10:23à la tête duquel vient d'arriver Gérald Darmanin c'est 7 milliards et demi, on est sur des sommes comparables.
10:29– Oui le chiffre d'affaires on l'estime, c'est Bruno Le Maire qui nous a dit ça pendant l'enquête,
10:34de l'ordre de 6 milliards à 6 milliards et demi et le résultat net c'est-à-dire,
10:38le résultat une fois payé toutes les charges, le transport, la production, la surveillance, la distribution,
10:44il est de l'ordre de 3 milliards à 3 milliards et demi, ce sont des sommes absolument considérables.
10:48Et surtout ce qu'il faut dire c'est que cela dure depuis des années,
10:51donc ces sommes elles ont été transformées, elles sont rentrées dans l'économie réelle.
10:55Donc vous avez aujourd'hui des narcotrafiquants qui sont propriétaires d'entreprises qui ont pignon sur rue
11:00et qui sont des entreprises qui servent à blanchir,
11:02beaucoup dans le bâtiment, beaucoup dans l'hôtellerie, beaucoup dans la restauration.
11:06Vous avez acheté une entreprise ou vous avez construit une entreprise avec des capitaux qui sont des capitaux douteux,
11:13elle a pris une place prépondérante dans un domaine comme la construction et désormais elle peut blanchir,
11:19c'est-à-dire elle peut employer des salariés au noir qui sont rémunérés avec de l'argent liquide
11:27ce qui permet de blanchir le produit du narcotrafic.
11:32Donc si on prend les sommes cumulées depuis des dizaines et des dizaines d'années,
11:37ça prend une place absolument considérable dans l'économie française.
11:40Passons à la question des mesures et d'abord cette annonce spectaculaire de Gérald Darmanin
11:45qui veut mettre à l'isolement, à la même enseigne que les terroristes,
11:49je le cite, les 100 plus grands narcotrafiquants actuellement détenus
11:53pour les empêcher de diriger leurs organisations depuis leurs cellules.
11:57Est-ce que ça vous paraît réaliste Jean-Michel Dekijis,
12:00vous qui connaissez ce phénomène justement des chefs d'organisations criminelles
12:05qui gèrent leur business directement dans leurs cellules de prison ?
12:08Vous savez Gérald Darmanin c'est une bête politique, en tout cas il a ciblé le problème.
12:15Aujourd'hui un des problèmes principaux c'est la prison.
12:19Pourquoi ? Parce que la détention n'arrête plus dans leurs activités les têtes de réseau
12:24qui continuent à faire fructifier leurs affaires, à commanditer des meurtres depuis la prison,
12:29même à monter dans la hiérarchie à l'intérieur même des groupes criminels, à l'intérieur même de la prison.
12:35Là par exemple, vous parlez des bommettes, mais vous avez tout un tas de chefs du groupe criminel de la dizaine de mafias
12:42qui sont montés dans la hiérarchie depuis la prison en continuant.
12:47Parce que c'est presque plus confortable aujourd'hui d'être en prison pour pouvoir mener ses affaires
12:54parce qu'à l'extérieur ils sont obligés de vivre en clandestinité en se cachant de leurs rivaux.
12:59En prison ils peuvent mener leurs affaires.
13:01Et le problème si vous voulez c'est que vous interpellez ces gens.
13:04Et bien ils ont 4, 5 mandats, pour une seule affaire ils vont prendre 30 ans.
13:09Donc ils sont en prison, ils sont là en prison.
13:11Donc qu'est-ce qu'on fait ? Ils ont les portables, parce que tous les portables aujourd'hui,
13:15les portables c'est 55 000 portables et accessoires saisis en 2023 en prison
13:21pour 75 000 détenus dont vous vous imaginez.
13:24Donc là Darmanin il est là avec, il dit bon il y a 100, il y en a beaucoup plus des trafiquants,
13:30c'est très important, c'est beaucoup plus.
13:32C'est le problème d'étanchéité de la prison.
13:35Parce que vous pouvez mettre, ils sont tous à l'isolement la plupart, ils sont à l'isolement déjà.
13:40Donc ils veulent renforcer l'isolement, empêcher si vous voulez de faire entrer des portables etc.
13:47Mais c'est très compliqué.
13:48Mais comment on fait sans moyens supplémentaires ?
13:51Comment on les identifie aussi tout simplement ?
13:54J'imagine qu'il n'y a pas de classement des plus grands narcotrafiquants.
13:57Etienne Blanc, est-ce que c'est réaliste au-delà du slogan ?
14:01Moi je pense que c'est parfaitement réaliste et Gérald Darmanin, vous venez de le dire,
14:06a parfaitement identifié le problème.
14:08Les français ne comprennent pas comment depuis sa prison on puisse continuer
14:11à activer un réseau de narcotrafic.
14:14Donc là il y a deux choses qui sont importantes.
14:16La première, c'est la protection des lieux de détention avec des systèmes de brouillage.
14:21Ces systèmes de brouillage, ils existent aujourd'hui.
14:24Ils sont très coûteux, ils sont onéreux.
14:25Toutes les prisons n'en sont pas équipées.
14:27Il faut absolument développer ce système.
14:30Avoir un téléphone, ça ne doit pas permettre de communiquer avec l'extérieur.
14:34Et puis ensuite, il y a la surveillance des téléphones à l'intérieur.
14:37Oui, il faut plus de fouilles.
14:39Oui, il faut plus contrôler à l'occasion des visites les personnes qui rentrent.
14:43Il faut fouiller leur sac.
14:45Il faut les fouiller elles-mêmes.
14:47Et surtout, il faut fouiller et fouiller encore les cellules.
14:51Après chaque visite, il faut qu'il y ait parfois plusieurs fouilles dans la journée
14:55parce que les téléphones peuvent passer d'une cellule à l'autre
14:59avec ce qu'on appelle le système pendulaire.
15:01On prend un fil, et puis de la cellule supérieure,
15:03on descend un téléphone à la cellule inférieure, etc.
15:05Donc, il faut se donner les moyens.
15:09Alors, ils sont très intrusifs ces moyens-là.
15:11On va expliquer que finalement, c'est excessif.
15:15Non, ça n'est pas excessif.
15:17Ça fait peser un risque majeur sur la société française
15:20que de tolérer que depuis une prison, on puisse activer un réseau de narcotrafiquants.
15:24Et puis, il faut aider aussi ceux qui sont en première ligne.
15:26Encore une fois, les élus locaux comme vous, à Échirol, à Mandine-de-Mort.
15:30Ce qu'il vous faut, c'est des moyens.
15:31Vous aviez écrit à Emmanuel Macron pour en réclamer.
15:33Le président avait annoncé l'envoi de 28 effectifs de police supplémentaire en novembre
15:37dans l'agglomération de Grenoble.
15:39Est-ce que ça a été suffisant ?
15:41Non, il en manque près de 110 sur l'agglomération de Grenoble.
15:45Donc, 28, c'est bien, mais il faut mieux faire.
15:48Et puis, nos demandes vont au-delà de ça
15:50parce qu'on a besoin aussi de retrouver la police de proximité.
15:53C'est pour ça que nous, on s'est battus pour obtenir,
15:56et on ne l'a toujours pas obtenu, un commissariat de plein exercice sur la commune.
16:00Et j'ai envie de rajouter aussi tous les moyens qui sont dédiés à la prévention
16:04qui, aujourd'hui, nous sont coupés par l'État
16:07ou alors sur des dispositifs sur lesquels on n'est pas retenu
16:10comme, par exemple, un dispositif nouveau sur l'entrée des jeunes dans le trafic
16:14où une ville comme Lanotte n'a pas été retenue.
16:17Il y a quand même grande source d'incompréhension de la part des élus locaux aujourd'hui.
16:20Une question d'Hélène, au Standard de France Inter.
16:22Bonjour, Hélène, et bienvenue.
16:24Oui, bonjour à tous.
16:25Je voulais vous poser une question.
16:27Pourquoi ne parle-t-on pas plus des consommateurs
16:30qu'en étant quand même le premier maillon de cette chaîne de criminalité
16:34en tant que pourvoyeur d'argent pour les narcotrafiquants ?
16:38Justement, on a beaucoup de questions aussi sur l'application de France Inter,
16:42de Gérard, de Jean-Claude, de Laurent, d'Hélène,
16:44donc qu'on vient d'entendre au Standard sur la responsabilité des consommateurs.
16:48Jean-Michel Décugis, est-ce que cela marche de faire appel,
16:54culpabiliser dirait certains, de faire appel à la responsabilité des consommateurs ?
16:58Oui, ça marche.
17:00De toute façon, les gens comprennent, hélas, la répression.
17:03Je ne sais pas, moi, si on peut, en s'attaquant aux consommateurs,
17:06on arrivera à résoudre le problème si c'était aussi facile.
17:09Vous savez, tous les pays du monde luttent contre le trafic de drogue,
17:14et personne n'a gagné la guerre contre la drogue,
17:17et la France n'a pas gagné.
17:19L'idée aujourd'hui, c'est de limiter les dégâts,
17:23faire en sorte que ces groupes criminels n'infiltrent pas les institutions,
17:27ne corrompent pas les fonctionnaires d'État,
17:31comme ça peut l'être aujourd'hui, hélas, en prison.
17:34La corruption existe ?
17:35Elle existe, évidemment.
17:37Elle est difficile à identifier, mais elle existe.
17:41Les portables, je suis désolé, en prison,
17:44ils rentrent d'abord parce qu'il y a de la corruption,
17:46et pas par les yoyos, etc. dont on parle.
17:50Il faut dire les choses telles qu'elles sont.
17:53Aujourd'hui, les ports sont des passoires,
17:59il y a beaucoup de corruption dans les ports,
18:01et hélas, il n'y a peu de moyens.
18:04On avait parlé, l'ancien ministre du budget, Thomas Cazeneuve,
18:08avait parlé de scans pour les containers,
18:12il avait prémis 10 scans pour les containers,
18:15on ne les a toujours pas.
18:17J'ai appris récemment qu'il y a un an,
18:20il n'y avait pas d'antenne de douane à Dunkerque,
18:23or la marchandise, et notamment la cocaïne, arrive par les ports.
18:27Donc, si vous voulez, il y a un vrai chantier.
18:30Pour rester sur les consommateurs, Amandine Demore,
18:33vous les voyez au quotidien, ces consommateurs verbalisés,
18:36qui reviennent sur les points de deal,
18:39c'est ce que vous disent les policiers sur votre commune à Échirol ?
18:42Oui, ils viennent de toute classe sociale,
18:46j'ai envie de vous dire, de partout.
18:48Mais ça pose une vraie question de santé publique, quand même,
18:52vu le niveau de consommation, l'augmentation de la consommation
18:55de cannabis, de cocaïne, et j'en passe,
18:58et de santé mentale dans notre pays,
19:00parce qu'on reste quand même des gros consommateurs
19:02de produits stupéfiants, d'antiolytiques,
19:04d'antidépresseurs, d'alcool,
19:06et il faudrait aussi se poser cette question-là,
19:09parce que lutter contre le narcotrafic,
19:11c'est prendre le sujet par tous les bouts.
19:15Justement, Étienne Blanc, sénateur LR du Rhône,
19:17pourquoi cette question de la prévention,
19:19de la sensibilisation, de la santé publique,
19:21est autant absente du débat,
19:24et aussi du texte de votre proposition de loi ?
19:27Dans notre rapport, on s'est concentré sur le narcotrafic,
19:31le fonctionnement du narcotrafic,
19:33mieux le comprendre pour mieux lutter contre.
19:36On a abordé, mais ce n'était pas l'essentiel de notre mission,
19:39la question de la consommation.
19:41La question de la consommation,
19:43plusieurs ministres s'en sont exprimés en disant,
19:45c'était notamment le cas de M. Dupond-Moretti,
19:49qui disait que les consommateurs, ils ont du sang sur les mains,
19:52parce que sans consommateurs, il n'y a pas de trafic.
19:55On a un système aujourd'hui,
19:57qui est l'amende forfaitaire délictuelle.
19:59Elle est dérisoire, elle est de l'ordre de 150 euros,
20:02il n'y en a que 30% qui s'en recouvraient.
20:05Nous pensons, nous, qu'il faut augmenter considérablement
20:09le montant de cette amende.
20:11Il faudrait même qu'elle soit proportionnée
20:13aux revenus de ceux qui consomment.
20:16Et qu'on puisse arriver à des sommes très significatives
20:21pour être décidés.
20:22Puis la deuxième chose qui est importante,
20:24c'est la question de la prévention.
20:26On a fait des campagnes massives en France,
20:28contre le tabac, qui porte atteinte au poumon,
20:31contre l'alcool, qui porte atteinte au foie et au système digestif.
20:35On n'a pas su faire des campagnes puissantes
20:38contre la drogue, qui porte des atteintes au système nerveux.
20:43Donc ça aussi, nous l'avons indiqué,
20:45on n'est pas allé au bout des investigations.
20:47Puis la troisième chose qui était essentielle,
20:49c'est évidemment l'accompagnement des personnes addictes.
20:53L'addiction, c'est un phénomène extrêmement difficile,
20:57extrêmement lourd, pour les personnes addictes
20:59et pour leurs familles.
21:00Il y a la question de la prévention,
21:02et la question de la dépénalisation et de la légalisation.
21:05On a énormément de questions sur l'application
21:08de France Inter et aux standards à ce sujet.
21:10Notamment la vôtre, Daniel.
21:11Vous nous appelez de Cannes.
21:12Bonjour.
21:13Oui, bonjour.
21:14Je vous appelle parce que j'entends ces discours,
21:16on dirait Pascua et Pembroke.
21:18J'ai l'impression d'être revenu au 19ème siècle.
21:21Vous parlez, pour les plus jeunes,
21:24d'anciens ministres de l'Intérieur.
21:26Tous les pays comparables à la France
21:28qui ont dépénalisé ou légalisé
21:30ne sont jamais revenus en arrière.
21:32C'est que ça doit fonctionner.
21:34Sinon, ils seraient revenus en arrière.
21:36Il y a moins de violence, moins de consommation
21:38chez les jeunes.
21:39C'est la prohibition qui génère le trafic
21:42et les morts par Kalachnikov.
21:44Ce ne sont pas les produits.
21:46Merci beaucoup, Daniel.
21:47Jean-Michel Décugis.
21:48Ça ne marche pas tant que ça.
21:50La preuve, aux Pays-Bas,
21:52qui est complètement grangrenée par les gros criminels
21:54et qui a légalisé la drogue.
21:59Moi, je pense que, de toute façon,
22:01on a essayé beaucoup de choses à titre personnel.
22:04Je ne suis pas un législateur,
22:05mais je pense que dépénaliser ou légaliser la drogue,
22:10au moins le cannabis,
22:11apporterait de l'argent à l'État
22:14qui pourrait être utilisé, justement,
22:16dans la lutte contre le narcotrafic.
22:19Parce qu'on n'a pas assez d'argent,
22:21pas assez de moyens,
22:22et il faut en trouver quelque part.
22:23Pour moi, ça serait une manière,
22:25si c'était contrôlé par l'État,
22:27de façon très rigoureuse,
22:29comme ça peut l'être au Canada,
22:30je pense que, de façon pragmatique,
22:32ça ne serait pas une mauvaise chose.
22:33Amandine Demor, maire communiste des Chirolles.
22:35Sortir du tout répressif,
22:36qu'est-ce que vous en pensez ?
22:37Complètement.
22:39Il faut de la répression.
22:40Il faut de la répression,
22:41mais il faut aussi de la prévention.
22:43On a un gros travail,
22:44on parlait tout à l'heure
22:45de tous ces gamins
22:46qui sont happés par le trafic de stup,
22:49et on a un gros travail
22:50à mener pour eux
22:53sur les questions de la déscolarisation,
22:54de l'accompagnement au quotidien,
22:56et il faut aujourd'hui retrouver
22:58des moyens de prévention,
23:00mais aussi de répression,
23:01je le rappelle,
23:02parce que nous, on réclame
23:04un commissariat sur la commune des Chirolles.
23:07J'en reviens à la prévention,
23:08et pour terminer,
23:09je voudrais vous entendre
23:10sur cette proposition de loi Étienne Blanc.
23:12La mesure phare,
23:13c'est la création d'un parquet national
23:15dédié au narcotrafic
23:17sur le modèle de l'antiterrorisme.
23:19En quelques secondes,
23:20qu'est-ce que ça changerait ?
23:21Oui, ça permet d'identifier
23:23un magistrat
23:25qui est en charge
23:26de la lutte contre le narcotrafic.
23:28Comme on l'a fait
23:29avec le parquet national financier,
23:32on s'aperçoit que
23:33sur des affaires significatives,
23:35la personnalisation de l'action
23:38est absolument déterminante.
23:39Et puis, ça permet surtout
23:41de mieux s'organiser.
23:43Aujourd'hui, on a des moyens
23:44qui sont disséminés,
23:45qui sont répartis,
23:46qui sont éparpillés.
23:47Le fait de les concentrer
23:49entre les mains d'un magistrat
23:50qui est en charge
23:51de ce système particulier,
23:53c'est quelque chose
23:54qui nous a paru
23:55comme très efficace.
23:57Merci beaucoup à tous les trois.
23:59Il y aurait encore tellement à dire,
24:00c'est un sujet tellement complexe.
24:03En tout cas, on comprend
24:04qu'il est crucial ce sujet
24:06parce que c'est la question
24:07de la crédibilité politique
24:09qui est derrière le décalage
24:12entre le discours
24:13et l'efficacité des décisions.
24:15C'est ça la grande question aussi.
24:17Merci Étienne Blanc-Sénateur
24:19et l'air du Rhône
24:20d'être venu nous parler
24:21de votre proposition
24:22de loi amandine de mort,
24:23de votre quotidien
24:24en tant que maire PCF d'Échirol
24:26près de Grenoble
24:27et Jean-Michel Décugis
24:29de votre enquête
24:30« Tueur à gage »
24:31qui est parue chez Flammarion.