• il y a 3 mois
Aurore Bergé, ministre déléguée démissionnaire de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, réagit à la nomination à Matignon de Michel Barnier.

Plus d'informations : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-vendredi-06-septembre-2024-8362368

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00:00Deuxième invitée du Grand Entretien, c'est la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, ministre démissionnaire,
00:07elle est députée Renaissance, bonjour Aurore Berger, et merci d'être avec nous, les auditeurs peuvent vous interroger au 0145 24 7000 ou sur l'appli France Inter.
00:19Ce matin, Aurore Berger, vous avez le sentiment, puisque vous aussi, vous avez fait ce chemin de venir de l'UMP pour rejoindre Emmanuel Macron.
00:28Il y a quelques années, mais est-ce que vous avez le sentiment aujourd'hui d'entrer dans une période de cohabitation, de coexistence ?
00:35Comment est-ce que vous appelez la situation, qualifiez la situation politique ce matin ?
00:39Inédite, déjà, sans doute, ça veut dire qu'il va falloir arriver à recomposer de nouvelles majorités, puisque personne n'a la majorité absolue.
00:46On était en majorité relative, mais j'allais dire seule dans cette majorité relative, et là c'est différent, ça veut dire qu'il faut démontrer l'alternance,
00:52parce qu'il y a une demande claire, aussi, d'alternance, et une alternance qu'il ne peut pas non plus faire en ignorant complètement les 166 députés du Bloc Central.
01:01Et je crois, et je continue à espérer, que tout le monde n'est pas sur la ligne, justement, d'Olivier Faure, qui en effet, c'est une ligne intransigeante,
01:09parce que je crois qu'on a, à droite et à gauche, des gens qui souhaitent la réussite de Michel Barnier.
01:13Parce que sa réussite, ce n'est pas juste une réussite individuelle, ce ne sera pas la réussite d'un parti politique, mais je crois que c'est de notre intérêt collectif.
01:20Il y a des priorités qui ont été affichées par les Français, et c'est à ça qu'il faut s'employer aujourd'hui.
01:24Oh, Berger, je ne sais pas si vous avez vu la une du journal Libération ce matin, une photo de Michel Barnier avec le tampon approuvé par Marine Le Pen.
01:30Alors, c'est vrai que le Président, d'après les informations de France Inter et du service politique, a appelé Marine Le Pen pour s'assurer que son parti, le RN,
01:38n'allait pas censurer un gouvernement Barnier.
01:41Ça ne vous dérange pas que le RN ait pu peser à ce point dans le choix d'un chef du gouvernement ?
01:45Déjà, honnêtement, je trouve que c'est une honteuse.
01:47Parce qu'on a le droit d'avoir des désaccords politiques avec Michel Barnier, mais il faut regarder aussi quelle a été sa vie et son engagement politique.
01:54Il n'y a jamais eu aucun compromis, aucune compromission avec l'extrême droite, d'aucune sorte de sa part, aucune alliance électorale avec l'extrême droite.
02:01Donc déjà, c'est le premier point.
02:02Ensuite, on a à l'Assemblée nationale 140 députés d'extrême droite, entre le RN et le parti d'Éric Ciotti.
02:10Ça veut dire que l'extrême droite peut être en mesure de censurer ou de ne pas censurer.
02:14Et il y a quelques semaines, quand on envisageait qu'éventuellement quelqu'un du NFP soit nommé,
02:18que faisait le NFP ? Suppliait le RN de ne pas les censurer.
02:23Donc à un moment, il y a juste une donne politique avec trois blocs politiques à l'Assemblée nationale.
02:27Et donc ça veut dire que notre enjeu n'est pas de quémander quoi que ce soit de l'extrême droite,
02:32mais c'est de les mettre en responsabilité aussi, en leur disant « Attendez, c'est quoi l'intérêt du pays aujourd'hui ? ».
02:39C'est de dire, avant même la déclaration de politique générale de Michel Barnier, on censure.
02:44Parce que sur le principe, on considère qu'il ne fallait pas qu'il soit nommé.
02:47Ou on attend de juger la politique qui sera la sienne.
02:51Et s'il est en capacité ou pas de répondre aux priorités, aux urgences des Français.
02:55Je pense que les Français n'attendent pas forcément qu'on change de gouvernement tous les mois, tous les deux mois,
02:59d'avoir des gouvernements, des missionnaires qui durent. Ils attendent surtout qu'on réponde à leurs priorités.
03:04Mais donc l'adversaire déclaré depuis le début d'Emmanuel Macron, qui est Marine Le Pen,
03:08aujourd'hui joue les arbitres sur la formation du gouvernement.
03:11Est-ce que c'est moi qui ai fait en sorte qu'il y ait 10,6 millions de Français qui votent pour le Rassemblement National ?
03:16Est-ce que c'est notre responsabilité de continuer à combattre à la fois les thèmes qui sont ceux du Rassemblement National,
03:23la politique qu'ils entendraient mener, et d'essayer aussi sur le terrain électoral d'arriver à gagner ?
03:28La réponse est évidemment oui. Mais ce n'est pas en méprisant leurs électeurs et en méprisant leurs députés
03:33qu'à la fin vous y arrivez. C'est en les combattant sur le terrain des idées.
03:36C'est ça notre enjeu encore une fois. Et quand vous avez le NFP qui dit « A priori, de toute façon, nous on censure »,
03:42ben désolé, mais c'est eux aussi qui, à un moment, mettent le Rassemblement National malheureusement au centre du jeu.
03:48Il y a les idées, il y a les hommes. Michel Barnier est déjà en train de composer ou d'essayer de composer son gouvernement.
03:54Qu'est-ce qu'il faudrait pour que la composition soit réussie, Aurore Berger ?
03:58Est-ce qu'il faut qu'il garde des sortants, vous par exemple, ou d'autres ?
04:03Et en l'occurrence, est-ce qu'il faudrait aussi renouveler totalement le gouvernement en intégrant des membres des Républicains ? Vous y croyez ?
04:11Déjà, il va y avoir cette question qui est posée très directement aux Républicains.
04:15Est-ce que, oui ou non, ils sont prêts à intégrer ce gouvernement ?
04:18Au tout début de l'été, c'était d'abord éventuellement au soutien d'un, mais sans aucune participation.
04:23Et ensuite, il y a un soutien clair maintenant qui s'affiche au profit de Michel Barnier.
04:27Tant mieux, parce que ça veut dire qu'il y a des positions qui ont évolué.
04:30Il y a ceux qui sont restés intransigeants, il y a ceux qui sont prêts aujourd'hui.
04:32Mais est-ce que vous voulez y rester au gouvernement, justement, comme le corps nu d'Armanin, d'Atti ou d'Abeloubé, par exemple ?
04:38J'en vois pas un CV, je fais pas acte de candidature ce matin. La question n'est pas là. C'est le Premier ministre qui est souverain.
04:43Et d'ailleurs, le Président de la République a été très clair.
04:45C'est le Premier ministre, et lui seul, qui compose ce nouveau gouvernement parce qu'il y a une nouvelle donne politique.
04:50Est-ce que vous seriez de ce gouvernement s'il comportait des membres du Rassemblement National ?
04:55Ou est-ce que c'est une ligne exclue ?
04:57Depuis quand vous avez entendu à un seul moment et à un seul instant que Michel Barnier
05:02entendait proposer à quelconque membre du Rassemblement National d'être au sein de ce gouvernement ?
05:06Et d'ailleurs, jamais je ne pourrais soutenir un gouvernement qui comporterait un seul membre du Rassemblement National.
05:10Cette idée, pour moi, elle n'existe pas.
05:12L'entourage du Président de la République parle concernant la relation avec Michel Barnier, Premier ministre.
05:17Non pas de cohabitation, mais de coexistence exigeante. C'est quoi ? Ça consiste en quoi, une coexistence exigeante ?
05:23Toute l'ambiguïté ou la difficulté aujourd'hui de la situation dans laquelle on est, c'est que la cohabitation, c'est quand vous avez une majorité absolue différente.
05:30Aujourd'hui, il n'y a pas une majorité absolue. Il va falloir recomposer une nouvelle majorité.
05:34Une nouvelle majorité avec le Bloc central, avec la droite, avec l'IOT qui représente les territoires,
05:40notamment des territoires ultramarins, avec, je l'espère, des sociodémocrates.
05:43C'est ça qu'on doit réussir à faire à l'Assemblée Nationale.
05:45Et donc c'est aussi cette composition-là qui doit être reflétée, évidemment, au sein du gouvernement.
05:49Ça veut dire que Michel Barnier est sur un siège éjectable ?
05:51Parce que vous vous dites qu'il n'y a pas de majorité pour le moment et qu'il n'y a pas de majorité pour le moment.
05:56Ça veut dire que c'est courageux dans la période d'accepter d'être Premier ministre parce qu'on sait que c'est particulièrement difficile,
06:01à la fois au regard de la situation politique et aussi au regard de la situation budgétaire.
06:05Parce que la première des décisions que va devoir affronter ce nouveau gouvernement, c'est quel budget ?
06:09Et moi, ce que je ne souhaite pas, c'est qu'à l'Assemblée Nationale, vous voyez, il soit un peu la foire à la saucisse
06:13sur la dépense publique et de la démagogie parce que je crois que ce ne serait vraiment pas à l'intérêt des Français.
06:17Des questions d'auditeurs et elles sont nombreuses, Aurore Berger. Bonjour Marc.
06:21Oui, bonjour. Merci d'avoir pris ma question.
06:24Bienvenue sur Inter.
06:25Pour la foire à la saucisse.
06:27Ma question est assez simple en fait.
06:31Face à un déni de démocratie aussi stupéfiant, parce que quand même, ça a été dit et redit, donc je ne vais pas m'étaler là-dessus,
06:38mais est-ce que finalement, la bonne solution, ce ne serait pas maintenant de faire un R.A.Z. complet et de faire une présidentielle anticipée ?
06:45Ça fait quand même sept ans qu'on se trimballe un homme arrogant et narcissique.
06:53Et en fait, on pensait qu'il n'était qu'arrogant et narcissique.
06:57Et en fait, on s'aperçoit qu'en plus, il est totalement incompétent.
06:59Donc, est-ce qu'il ne serait pas temps maintenant de relancer les dés ?
07:02Alors, laissez Aurore Berger vous répondre, Marc, sur au moins la question de l'élection présidentielle anticipée.
07:07On n'est pas forcément un électeur du Président de la République, mais on ne se trimballe pas un Président de la République.
07:11On a un Président de la République qui a été élu et qui a été réélu.
07:13Et ça, c'est le choix souverain des Français et en 2017 et en 2022.
07:17Et moi, je crois très clairement et très fermement que le Président de la République a été élu jusqu'en 2027.
07:22Et qu'il sera et qu'il doit être Président de la République jusqu'à la dernière minute, jusqu'à la dernière seconde,
07:26dans la plénitude de l'exercice des fonctions qui lui reviennent et uniquement des fonctions qui lui reviennent.
07:31Et d'ailleurs, il l'a dit, je crois, très clairement aussi, par rapport à cette nouvelle configuration,
07:35et un Premier ministre souverain sur la politique qu'il va pouvoir mener et sur le gouvernement qu'il va composer.
07:40Paradoxe, Michel Barnier succède à Gabriel Attal. Gabriel Attal qui est le Président de votre groupe à l'Assemblée.
07:45Alors du coup, on imagine qu'il ne va pas donner un chèque en blanc à Michel Barnier,
07:50alors que c'est malgré tout lui qui représente le groupe du Président de la République au Parlement.
07:56Vous souriez, mais c'est vrai que la situation paraît un peu baroque et confuse comme ça.
07:59Je crois qu'encore une fois, notre intérêt collectif, c'est que Michel Barnier réussisse.
08:03C'est que Michel Barnier réussisse. C'est-à-dire qu'à un moment, on a entendu quoi dans cette campagne ?
08:06On a entendu la question des services publics et la proximité des services publics.
08:10On a entendu la question des salaires.
08:11Mais il a été dur avec Gabriel Attal hier au moment de la passation de pouvoir.
08:13Mais parce qu'il l'a dit lui-même. À un moment, il y a une nécessité à la fois de continuer des chantiers qui ont été commencés,
08:18je pense par exemple au chantier sur la loi d'orientation agricole,
08:21à laquelle je crois que le nouveau Premier ministre est particulièrement attaché.
08:24Et puis, il y a une nécessité de changement et de rupture.
08:26Ce sont les mots qu'il a employés, mais je ne peux pas venir à votre micro en disant
08:29« Écoutez, on a gagné les élections législatives, donc Michel Barnier doit continuer stricto sensu la politique qu'on a menée. »
08:34Ça, ce serait un déni de démocratie.
08:36Donc, il doit réussir à composer avec cette nouvelle donne politique en incarnant aussi certains changements.
08:42Précision, juste d'un mot, l'expression du Parti Renaissance, c'est de laquelle vient ?
08:47Attal va se venger au groupe, ce n'est pas moi qui invente la formule.
08:50Oui, mais hier, on a eu une réunion de groupe où l'ancien Premier ministre, qui est aujourd'hui notre président de groupe,
08:55Gabriel Attal, a été clair sur le fait qu'évidemment, on est là pour soutenir l'action du nouveau Premier ministre
08:59et on est là pour garantir encore une fois qu'il puisse réussir.
09:02Aurore Berger, vous êtes ministre démissionnaire en charge notamment de la lutte contre les discriminations.
09:06Michel Barnier, député, avait en 1981 voté contre la dépénalisation de l'homosexualité.
09:12Quel regard vous portez là-dessus ?
09:14Je crois qu'après, ce qui compte, c'est évidemment la position qui a été la sienne et qui est la sienne aujourd'hui.
09:20Et il n'est pas question de remettre en cause les acquis et les droits des personnes LGBT.
09:27S'autant plus dans une période où, malheureusement, on a une recrudescence des actes et de la haine LGBT
09:32dans notre pays qui a pu s'exprimer, d'agressions homophobes qui ont pu exister,
09:36de guet-apens qui ont été tendus à des personnes uniquement au regard de leur orientation sexuelle supposée.
09:42Et donc, évidemment, cette politique doit être extrêmement exigeante et elle doit continuer à être menée.
09:47Est-ce qu'il faut un moratoire sur l'immigration, Aurore Berger ?
09:50Moi, je pense qu'il y a une demande très claire et très forte sur la question migratoire.
09:54On a voté une loi qui commence à être mise en application.
09:57Est-ce qu'il faut démaintenant une nouvelle loi ?
10:00Encore une fois, ce sont les orientations que le nouveau gouvernement va se doter.
10:04Répondez simplement, je ne parle pas de loi, je parle de moratoire sur l'immigration.
10:07Un moratoire, vous savez, un moment où vous allez quand même devant le Parlement pour répondre sur ces questions migratoires.
10:11Moi, ce que je sais, c'est qu'on a une loi immigration.
10:13Je pense qu'on avait raison que cette loi puisse exister, qu'il y avait cette nécessité de souveraineté, de fermeté
10:19et cette nécessité aussi de garantir que ceux qui travaillent puissent être régularisés
10:23au regard de leur travail et de ce qu'ils apportent à notre pays.
10:26Je crois que c'est le bon équilibre qu'on a réussi à trouver.
10:28Est-ce qu'il faudrait aller plus loin ?
10:30Mais non, parce que je pense que la question n'est pas systématiquement binaire sur les questions migratoires.
10:35Et qu'on a eu un débat, qui était difficile parfois, sur les questions migratoires au regard de la dernière loi.
10:40Mais je crois, encore une fois, qu'il porte ses fruits aujourd'hui
10:43au regard de personnes dangereuses dans notre pays et qui ont pu être expulsées du fait de cette nouvelle loi.
10:48Question très rapide, enfin réponse très rapide.
10:50Michel Barnier, qui était candidat à la campagne présidentielle en 2022,
10:53parlait de retrouver une souveraineté juridique pour la France
10:56pour qu'elle ne soit plus soumise aux arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne
10:59ou de la Cour européenne des droits de l'homme. Est-ce qu'il faut remettre ça en cause ?
11:02Je crois que son engagement européen n'est pas totalement à démontrer et qu'il l'a démontré tout au long de sa carrière.
11:07Non, mais là, en l'occurrence, il s'en a franchi.
11:09Non, mais la question c'est, encore une fois, quelle est la souveraineté que nous, nous avons
11:12sur les enjeux économiques, sur les enjeux migratoires
11:15et je crois que c'est parfois ce sentiment un peu de dépossession
11:18qui a pu générer de la frustration de la part des Français, voire même une distance vis-à-vis de l'Union européenne.
11:22Donc vous êtes d'accord avec Michel Barnier, candidat ?
11:24Non, je ne dis pas que j'épouse à 100% ces termes-là.
11:27Je dis juste qu'encore une fois, ce sentiment de dépossession qui a pu s'emparer des Français
11:31est celui qui, à mon avis, parfois a creusé cette distance entre les Français et l'Union européenne.
11:35Et c'est aussi ça qu'il va falloir réparer.
11:37Il vous a appelé, Michel Barnier ?
11:39On s'est croisés hier parce qu'il y avait la passation entre les deux premiers ministres.
11:44Ça s'est arrêté là, encore une fois.
11:46Il a une tâche qui est immensément complexe, non seulement politique et budgétaire aussi
11:51parce que c'est ça le premier défi qui le rend.
11:53Merci, Laurent Berger, d'avoir été l'invité du Grand Entretien d'Inter.

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