Eliot Deval et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDProsWE à 9h le samedi et le dimanche
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00:00:00Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour l'heure des pros avec moi pendant 7h30 pour m'accompagner, Sabrina Medjaber bonjour, essayiste et sociologue Georges Fenech bonjour, ancien magistrat Martin Garagnon bonjour, je rappelle que vous êtes porte-parole d'Ensemble pour la République, Bernard Cohen à date bonjour, président du cercle de réflexion Etienne Marcel et Alexandre Lecquiaux bonjour, journaliste et comme chaque jour évidemment on commence avec le journal de Marine Sabourin, bonjour Marine.
00:00:24Bonjour Élodie, bonjour à tous, François Bayrou attendu ce dimanche et lundi à Mayotte, deux semaines après le passage du cyclone Chido, le bilan est aujourd'hui de 39 morts et plus de 4000 blessés.
00:00:36Et l'accueil justement des Mahorais s'annonce glacial, beaucoup d'entre eux attendent toujours de l'aide, près de 4000 forces de l'ordre sont mobilisées sur le terrain, objectif rassurer la population, le récit de Mathilde Ibanez.
00:00:48Ils sont mobilisés 24h124 au contact direct des habitants, depuis le cyclone qui a ravagé Mayotte, les forces de l'ordre ont des missions qui varient entre sécurité et aide à la population.
00:01:03On rencontre des informations qu'on a réussi à avoir sur le terrain, des besoins surtout de la population et ensuite la chaîne de l'information va poursuivre son cours et puis lui il lui rendra compte à plus long, c'est comme ça qu'après la population arrive à avoir accès à ses demandes principalement.
00:01:18Une présence importante sur le terrain, appréciée selon eux par les habitants.
00:01:23On favorise de toute façon notre action, qu'on vienne les voir, qu'on soit attaché avec eux, savoir déjà si eux vont bien principalement, comment sont leurs logements, donc oui on est plutôt bien vu par la population.
00:01:33Une population aux nombreux besoins, qui a tout perdu.
00:01:36Nous on est là parce qu'on n'a nulle part où aller, on n'a rien pour reconstruire, on ne peut pas reconstruire car nous n'avons pas de matériaux pour le faire, nous n'avons pas d'argent pour acheter ces matériaux.
00:01:46On se retrouvera à la rue, on n'a plus de maison, on n'a plus rien pour nous abriter, même les fondations de notre maison ont été détruites, on n'a nulle part où aller.
00:01:57D'après la préfecture, la distribution de l'eau, des denrées alimentaires et matériel de première nécessité à toute la population monte en puissance.
00:02:06Plus de 3900 membres de la sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et des armées sont engagés à Mayotte.
00:02:14Près de la moitié des français craignent un accident de la route le soir du réveillon du 31 décembre.
00:02:19C'est ce qu'estime la prévention routière dans son dernier baromètre.
00:02:23Un français sur deux ignore que le nombre de verres qu'il faut pour éliminer un verre d'alcool, pour rappel, deux heures sont nécessaires pour un verre consommé.
00:02:31Et puis mauvaise nouvelle pour le portefeuille des français, les tarifs des mutuelles vont augmenter de 6% en moyenne en 2025.
00:02:38C'est la cinquième année consécutive de hausse.
00:02:40Comment expliquer cette augmentation ? On voit cela avec Mathilde Couvillère-Fleurnoy.
00:02:44En 2025, votre mutuelle santé vous coûtera plus cher qu'en 2024.
00:02:50Soit une hausse en moyenne de 6%.
00:02:52La mutualité française l'a annoncé.
00:02:54D'après l'organisme, cette hausse des prix est inévitable.
00:02:57C'est lié à l'augmentation des dépenses de santé, tout simplement en raison du vieillissement de la population.
00:03:03Et puis, il faut le dire aussi, l'accès à de nouveaux traitements, à de nouvelles technologies médicales, ça a énormément joué.
00:03:10Et puis, il y a aussi la revalorisation des métiers de santé.
00:03:14Dans le détail, les contrats individuels souscrits notamment par les retraités augmenteront en moyenne de 5,3%.
00:03:20Et pour les contrats collectifs obligatoires couvrant les salariés par leur entreprise de 7,3%.
00:03:26Une hausse qui fait grincer des dents mais qui reste inférieure à celle de 2024.
00:03:30Les mutuelles santé avaient alors augmenté de 8,1%.
00:03:34D'après Pascal Delima, cette hausse des prix n'est pas près de s'arrêter.
00:03:38C'est la dure loi de l'économie, de l'offre et de la demande.
00:03:41Si la demande de santé augmente, les prix de couverture augmentent également, évidemment.
00:03:46La tendance, celle-là, avec les maladies chroniques, etc., elle est quand même vers une hausse continue des couvertures mutuelles.
00:03:54La mutualité a publié ses chiffres alors que le budget de la Sécurité sociale n'a toujours pas été voté.
00:04:00En attendant, elle a appelé tous les acteurs de la santé à se mettre autour de la table pour tenter de mieux maîtriser la croissance des dépenses du secteur.
00:04:08Et puis, elle était en vente depuis le mois de mai.
00:04:10Elle a finalement trouvé un acquéreur, la maison du film « Maman, j'ai raté l'avion » situé dans l'Illinois, aux Etats-Unis.
00:04:17Elle a trouvé preneur à plus de 5 millions de dollars.
00:04:20Elle dispose de 836 m2 habitables, 4 cheminées, 2 jacuzzis, 1 bar, 1 salle de cinéma.
00:04:27L'acheteur souhaite rester anonyme.
00:04:29C'est à vous, Élodie, pour l'heure des profs.
00:04:30Merci beaucoup, Marine.
00:04:32On vous retrouve à 9h30 pour un prochain Point complet sur l'actualité.
00:04:35On va commencer cette émission en parlant de ces fameuses opérations PlaceNet.
00:04:39Vous vous en rappelez peut-être, annoncées à l'époque par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, d'abord à Marseille et dans un certain nombre de villes de France.
00:04:45Et bien, un an après, nos confrères de repas ont fait le bilan de ces opérations PlaceNet.
00:04:51Un bilan plombé, finalement, par une stratégie assez peu efficace pour autant d'effectifs mobilisés.
00:04:56Les explications et les chiffres avec Marie-Victoire Diodonné.
00:05:00Elles étaient la marque de fabrique de Gérald Darmanin.
00:05:03Dans un premier bilan global, les 313 opérations PlaceNet se révèlent pourtant peu efficaces.
00:05:08Avec en moyenne 20 actions par mois, plus de 700 armes et plus de 130 véhicules ont été saisis.
00:05:148 millions d'euros d'avoirs criminels ont été confisqués.
00:05:17Malgré une forte mobilisation, plus de 200 policiers en moyenne par opération, l'impact sur l'économie criminelle reste limité.
00:05:25Ces chiffres-là, si vous voulez, en fait, sont une goutte d'eau par rapport à la somme astronomique du narcotrafic
00:05:33qu'on estime entre 4 et 6 milliards d'euros par an en France, soit 0,1 point du PIB.
00:05:40Le bilan fait état de plus de 7000 interpellations entre septembre 2023 et décembre 2024.
00:05:47Mais d'après le syndicat Alliance, c'est avant tout par les enquêtes judiciaires que les chefs de bande sont interpellés.
00:05:52Des bandes qui se sont entre temps adaptées aux nouvelles contraintes.
00:05:56Les caïds se sont organisés pendant ces opérations-là parce que ce sont aussi des commerciaux.
00:06:00Ce sont eux, ou en tout cas leurs livreurs, qui sont allés aux consommateurs.
00:06:05C'est-à-dire qu'il y a eu une augmentation des livraisons à l'extérieur, directement chez le client.
00:06:10Pour rendre plus efficaces ces opérations, le ministre de l'Intérieur entend définir une stratégie globale de lutte contre le narcobanditisme
00:06:19avec la création d'un parquet national anti-stupéfiants.
00:06:23Georges Fenech, au moment où les opérations place nette ont été lancées, les forces de l'ordre notamment étaient aussi les premières à dire
00:06:28attention que ce ne soit pas beaucoup de communication finalement pour assez peu de résultats.
00:06:32Malheureusement, un an après, on a l'impression que c'est un peu ça avec des chiffres qui ne sont pas forcément à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre
00:06:38étant donné les moyens et les effectifs mobilisés.
00:06:41Si vous avez des opérations qu'on qualifie de place nette, ou des opérations coup de poing comme vous voudrez,
00:06:47ça a le mérite de déstabiliser momentanément un milieu de trafiquants, un milieu de deal.
00:06:55Mais au bout d'un certain temps, les choses reviennent comme avant si vous ne laissez pas de manière pérenne des effectifs sur place qui n'est pas possible.
00:07:04Donc l'important, c'est non seulement de montrer que la police est là, sur la voie publique,
00:07:10mais en même temps, il faut surtout privilégier les enquêtes au long cours.
00:07:15Le trafic de drogue, ce sont des investigations en profondeur, ce sont des mois et des mois d'écoute téléphonique, de filature,
00:07:23pour essayer de bien cerner un réseau de trafiquants, de façon à interpeller, d'où l'importance d'avoir une police spécialisée.
00:07:32Effectivement, et là je rejoins totalement l'idée d'un parquet national antidrogue, enfin je ne sais pas comment on va l'appeler,
00:07:38qui soit en capacité de coordonner des actions d'une dimension nationale voire internationale, ce qui nous manque encore aujourd'hui,
00:07:45même si nous avons des GIRS, des juridictions spécialisées dans différentes métropoles, à Aix-en-Provence, Marseille, Lyon, etc.
00:07:53Mais il faut être capable de cerner un réseau qui a des ramifications et donc une spécialisation des magistrats en lien avec l'OFAST,
00:08:03qui est un service extrêmement important aujourd'hui, qui marche plutôt pas mal, l'OFAST, qui avait été créé il y a quelques petites années,
00:08:11et qui est, si vous voulez, l'organisme pilote aujourd'hui, qui coordonne déjà cette action auprès de la police judiciaire, de traque-fin, des douanes.
00:08:24Vous voyez, il y a une coordination. L'important, c'est de coordonner, d'avoir une visibilité sur qu'est-ce qu'on veut faire.
00:08:30Les opérations place nette, c'est pas de la communication, mais c'est utile, ça déstabilise, mais l'essentiel, c'est le travail d'investigation.
00:08:38Alexandre Devecchio, effectivement, ce qu'on voyait aussi, notamment à Marseille, par exemple, et comme le disait Georges, c'est que dans certains quartiers,
00:08:45pendant un temps, avec les effectifs policiers, tout simplement, les points de deal se sont juste décalés et, comme le disait aussi Georges,
00:08:52on ne peut pas laisser des policiers sans arrêt, donc il suffit que la présence policière s'amenuise pour que les points de deal repartent exactement au même endroit.
00:08:58Effectivement, je rejoins ce qui a été dit. Il y a une part de communication, après il y a une part d'utilité, parce que moi, je crois que pour décapiter, justement,
00:09:06cette pieuvre du narcotrafic, il faut effectivement s'en prendre à la tête des réseaux, mais pas seulement. Je pense que le harcèlement par le bas peut fonctionner.
00:09:16Simplement, ces opérations place nette, à mon avis, sont trop courtes. Les spécialistes disent que pour assécher véritablement un point de deal,
00:09:25il faut mettre la police pendant un mois. Je pense qu'on pourrait en avoir les moyens. Maintenant, est-ce que l'État est prêt à en assumer les conséquences collatérales ?
00:09:34C'est une autre question, puisqu'il faut bien voir que ça a été dit. C'est un pourcentage important du deal aujourd'hui, du PIB, pardon, le narcotrafic.
00:09:44Ça fait vivre un certain nombre de personnes dans certaines cités, au-delà des trafiquants eux-mêmes, et c'est prendre le risque, effectivement,
00:09:52des meutes et de violences en cas de présence policière prolongée. Il y a aussi toute cette question-là. Maintenant, il va falloir que l'État assume aujourd'hui
00:10:03un certain courage, puisqu'il est totalement débordé. Justement, nous payons le fait, peut-être, qu'on a acheté la paix sociale pendant trop longtemps.
00:10:10– Martin Guéragnon, c'était de la com', ces opérations place nette. C'était un reproche qu'on faisait au début. Certains disaient non, il y aura un vrai fait
00:10:16sur la longueur. Il y a quand même quelque chose d'assez déceptif dans les chiffres qu'on a entendus dans ce reportage.
00:10:21– Au-delà des billons chiffrés, il y a un point dont on ne parle pas dans ces opérations, c'est l'impact psychologique. C'est-à-dire, le signal qui est envoyé
00:10:29notamment aux citoyens qui habitent dans ces quartiers-là, dans ces zones-là, et qui se sentent, et parfois à juste titre, totalement délaissés, abandonnés,
00:10:36c'est de leur envoyer un message fort qui est de dire, on est là, la République ne vous abandonne pas, les forces de l'ordre sont présents, ne laissent aucun terrain
00:10:43aux trafiquants et aux délinquants et aux criminels. Donc ça, c'est quelque chose qui ne se chiffre pas, mais qui donne aussi un message d'un point de vue psychologique
00:10:50à toute une population, qui est de dire, vous n'êtes pas abandonnés. Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, simplement, la question de la lutte
00:10:57contre le trafic de drogue, c'est toujours un rapport coûts-bénéfices. C'est-à-dire qu'on sait très bien l'argent que ça génère et les revenus que ça génère.
00:11:04Tant que les délinquants, les criminels, et notamment les jeunes qui s'engagent dans ces filières-là, ne font pas le constat qu'ils n'ont plus à perdre qu'à y gagner,
00:11:11ils vont continuer à s'investir là-dedans, parce qu'ils vont harguer qu'il n'y a pas de débouché autre que celui de la criminalité pour gagner de l'argent.
00:11:18Malheureusement, quand on voit l'argent que brassent ces jeunes, on se dit qu'effectivement, aller travailler à l'usine ou même n'importe où, malheureusement, ils n'auront pas le même salaire.
00:11:25Mais au-delà de l'argent, il y a la question de la sanction. Et tant que le rapport coûts-bénéfices leur apparaît à leur avantage, c'est pour ça que ce qui est intéressant aussi
00:11:31dans la démarche du ministre de la Justice, c'est ce qu'il souhaite reproduire dans les prisons. On a fait le constat assez général que pour certains, les criminels
00:11:39continuaient à gérer des trafics, des réseaux depuis la prison. À partir du moment où vous les empêchez de pouvoir le faire depuis la prison, la prison devient, à leurs yeux,
00:11:48une sanction qui est encore plus dure. Parce qu'eux, ce qui les dérange le plus, ce n'est pas tant de faire de la prison, c'est d'arrêter le business, malheureusement.
00:11:56Donc cette jointure-là, elle est aussi assez intéressante. Mais c'est toujours une question de rapport coûts-bénéfices. Et puis, dernier point, un peu de la palissade,
00:12:03mais une fois de plus, le trafic, il n'existe pas s'il n'y a pas de consommateurs. Donc on revient toujours à ce sujet-là. Assechez le trafic, on pourra déployer autant de forces de l'ordre
00:12:12que l'on veut. Tant qu'il y aura de la consommation, il y aura nécessairement du trafic.
00:12:15Sabrina Medjéber, on sait aussi que le nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, se rendra à Marseille la semaine prochaine. On a vu que, dès son entrée Place Vendôme,
00:12:25il a reparlé du narcotrafic. On sent qu'il y a une vraie volonté. Et malheureusement, on se dit souvent, la volonté politique de Bruno Rotaïocan, de Gérald Darmanin.
00:12:32On peut les penser assez sincères. Le seul problème, c'est parfois, on se dit, manque de moyens, ou finalement, c'est un peu un pansement sur une jambe de bois.
00:12:39On met des choses en place qui semblent bien insignifiantes par rapport à ce que représentent et ce que brassent le trafic de drogue.
00:12:45En effet, il faut saluer le combo Gérald Darmanin et Bruno Rotaïocan dans la volonté réelle de s'attaquer à ce fléau qu'est le narcotrafic.
00:12:56Mais je crains qu'avec la réitération de ces opérations coup de poing ou de ces opérations place nette XXL ne soit malheureusement qu'un cataplasme sur une jambe de bois.
00:13:06C'est-à-dire que pendant des années, ce qui arrive aujourd'hui, c'est en réalité la signature réelle de l'échec de la politique de la ville.
00:13:15On sait que pendant des dizaines d'années, certains quartiers n'ont jamais été, entre guillemets, policés, que les centres-villes grouillaient de police,
00:13:22que les provinces et les campagnes grouillaient de gendarmes, et qu'entre les deux, malheureusement, ce qu'on appelait à l'époque les banlieues rouges,
00:13:28n'ont pas été ou pas suffisamment policées, et qu'il y a eu un abandon du monde ouvrier. Tout ça a laissé place, si vous voulez, à des sociabilités parallèles et des économies parallèles.
00:13:38Mais une fois qu'on a dit ça, et qu'on prend aujourd'hui la réalité, la mesure de la réalité, 49 homicides l'année dernière à Marseille,
00:13:45le plan place nette XXL, ou le plan Marseille en grand, a été encore une fois voué à l'échec, notamment du rapport de la Cour des comptes,
00:13:54absolument, qui a pointé finalement une carence en termes d'effectifs. Donc tout ça, si vous voulez, ce sont des belles mesures.
00:14:02On ne peut pas avoir un plan Marshall de l'autorité dans les quartiers. On peut tout de même avancer des mesures, sauf que, malheureusement,
00:14:09ce problème n'est pas simplement un problème franco-français. Je rappelle qu'à Anvers, par exemple, la saisie de tonnes de cocaïne en 10 ans a augmenté de 2 400 %.
00:14:19L'Europe est inondée de cocaïne. Et à cela, vous ajoutez la circulation des armes. Donc s'il n'y a pas en amont un contrôle clair, un contrôle terrestre
00:14:28de la circulation des drogues et de la circulation des armes, parce qu'aujourd'hui, le réel problème, c'est la criminalité. On a parlé tout à l'heure
00:14:35des narcomicides, mais les tentatives d'homicides et les homicides ont bondi de 60 % entre 2022 et 2023.
00:14:43C'est l'office central de la lutte contre le crime organisé qui, dans son rapport au Sénat, a indiqué qu'entre 80 et 90 % des règlements de comptes
00:14:53sont liés au narcotrafic. Vous avez beau rappeler le nombre de consommateurs qui est pointé par ce rapport du Sénat, mais il faut également, je pense,
00:15:02aujourd'hui vraiment se pencher, orienter sa volonté vers l'assèchement des armes dans les quartiers. Parce qu'on est passé de 200 à 1514 quartiers prioritaires
00:15:11de la ville, avec une criminalité qui est hors norme aujourd'hui. Et je pense que réellement, la priorité, parce que sans ordre républicain,
00:15:19il ne peut pas y avoir de structure de socialisation, il ne peut pas y avoir de structure économique dans ces quartiers. Donc tant qu'on n'a pas réglé
00:15:25ce problème d'ordre républicain, on ne pourra jamais, jamais, jamais amener une politique de la ville comme on essaye de l'amener dans ces quartiers.
00:15:31Bernard Kouanadade, on voit aussi, et c'est ce qu'on entendait à la fin du reportage, à quel point, malheureusement, ces dealers sont plus organisés
00:15:38que nous. Effectivement, on explique que maintenant, pour éviter d'être sur des points de deal, ils vont faire de la livraison qui, malheureusement,
00:15:44est très accessible, notamment sur un certain nombre de réseaux sociaux. On voit qu'ils s'adaptent et qu'ils ont toujours, c'est moche à dire,
00:15:50mais on le ressent quand même comme ça, un temps d'avance par rapport à l'autorité, aux politiques ou aux forces de l'ordre.
00:15:56Mais ce type de vente, c'est une industrie et c'est une économie parallèle. Donc quel est le but de l'industrie ? C'est de produire, de vendre,
00:16:05de vendre beaucoup et de faire des bénéfices. Donc bien entendu, aujourd'hui, ce n'est pas sur 12 mois, Élodie, que l'on peut analyser, mesurer une action.
00:16:15Alors qu'en face, on a 6 milliards d'euros de budget, de dépenses et surtout une économie parallèle, ça a été bien dit par Alexandre Devecchio,
00:16:23avec un enjeu social. Plein de gens vivent dans un certain nombre de quartiers, dans un certain nombre de départements de ce type d'activité.
00:16:31Donc il faut du temps, il faut du moyen, ça a été dit par Georges aussi, il faut de l'information, il faut du renseignement, il faut une volonté politique forte.
00:16:39Moi, j'ai cru comprendre que depuis que Bruno Retailleau est arrivé, il a mis le paquet dessus. Maintenant, Gérald Darmanin, la justice, on va peut-être avoir une Dream Team,
00:16:46c'est ce qu'on attend. Et puis aussi, il faut beaucoup de coopération internationale. Si on n'a pas une coopération internationale pour non seulement pister,
00:16:57mais aussi saisir aux porte-monnaies 8 millions d'euros de saisies, c'est pas beaucoup par rapport à l'ensemble des voitures, des commerces, des biens immobiliers,
00:17:07des biens en cash qui sont dans cette industrie-là. Il y a beaucoup d'enjeux, il faut vraiment beaucoup de temps. Il faut aussi une coopération des populations,
00:17:16des riverains, qui parfois subissent, mais parfois bénéficient d'un certain nombre d'avantages autour d'eux. Tout ça n'est pas facile, il faut une volonté.
00:17:26Et je redis, sans cette volonté politique forte et sans des moyens financiers, bien entendu, ce n'est pas. En mettant pendant une semaine des compagnies de CRS à un endroit,
00:17:36qu'on va éradiquer des points de deal, parce que tout simplement, ça devient du e-commerce, ça se déplace, et puis ils sont inventifs. C'est une industrie, c'est du commerce,
00:17:47et c'est normal, ils font leur business.
00:17:49Il faut de la volonté et aussi des moyens, puisque Gérald Darmanin a déjà annoncé la couleur. Il veut plus d'efficacité et donc plus de moyens.
00:17:56La Commission européenne pour l'efficacité de la justice avait publié en octobre dernier un rapport sur les moyens de la justice en Europe, pays par pays.
00:18:04Alors où se situe la France ? Vous allez le voir, pas de surprise, malheureusement, qu'on est assez mauvais élève. On fait le point avec Marie-Victoire Dudenay.
00:18:1177 euros, c'est la somme que la France consacre à chacun de ses habitants pour la justice, soit 0,20% de son PIB contre 96 pour l'Espagne, 100 pour l'Italie,
00:18:23136 pour l'Allemagne et 245 pour la Suisse.
00:18:26Mais dans ce rapport de la Commission européenne pour l'efficacité et la justice, qui exploite les données de 2022, la France est aussi le cancre de l'Europe sur les moyens humains alloués.
00:18:36A peine plus de 11 juges pour 100 000 habitants, contre 22 juges en moyenne, 3 procureurs, contre 12 en moyenne.
00:18:43Les délais de traitement des affaires s'en retrouvent affectés. Pour les crimes, 69 mois de procédure, soit près de 6 mois. Pour les délits, un peu plus d'un an.
00:18:52Gérald Darmanin compte y remédier.
00:18:54Ce que nous voulons, c'est plus de rapidité, plus de fermeté. On ne peut pas le faire avec des moyens constants.
00:19:01Premier objectif désormais, obtenir l'augmentation du budget de la justice, en hausse depuis 2017, mais aujourd'hui confrontée plus que jamais aux contraintes budgétaires nationales.
00:19:12Martin Guérignon, effectivement, il a raison, le nouveau ministre de la Justice, d'avoir dit tout de suite, si on veut être plus ferme, plus efficace, il faut plus de moyens.
00:19:19Et d'ailleurs, le premier rendez-vous avec un de ses collègues ministres a donc, pour Amélie Monchalin, la mise des comptes publics.
00:19:25Oui, c'est une question de moyens. Ce n'est pas uniquement une question de moyens. C'est aussi une question, évidemment, de volonté politique.
00:19:30Mais lorsque vous donnez des chiffres en comparaison européenne, il faut aussi simplement noter que la structuration des systèmes de justice dans les différents pays n'est pas la même.
00:19:37Donc, ils ne requièrent pas non plus les mêmes types de moyens. Vous avez des politiques pénales qui s'appliquent différemment d'un pays à l'autre et donc qui nécessitent plus ou moins de moyens.
00:19:44Donc, la comparaison uniquement sur les critères de l'effectif n'est pas nécessairement la plus opérante.
00:19:48Néanmoins, il est véritable de dire qu'effectivement, la justice en France est à part en pauvre, mais qui s'explique par un certain nombre de sujets.
00:19:55Vous avez des tribunaux, par exemple, qui sont engorgés par des recours sur des questions d'immigration et qui prennent énormément de place, de volume, au détriment nécessairement d'autres sujets.
00:20:06Donc, là aussi, pareil, c'est un peu un mycado, c'est-à-dire que lorsque vous arrivez à traiter, ce que je souhaite évidemment, la question notamment des EQTF, des recours contre des expulsions de personnes illégalement en France, etc.,
00:20:21vous permettez, vous dégagez des ressources et du temps pour traiter d'autres aspects de justice.
00:20:26Et un autre point qui, à mon sens, est quand même assez important, c'est qu'il ne s'agit pas non plus...
00:20:32Il y a peut-être aussi des procédures à revoir. Il ne s'agit pas d'affaiblir les droits de la défense, il s'agit juste peut-être, et je crois que c'est la volonté politique qui est affichée, de recentrer les droits des victimes.
00:20:42On parle beaucoup des droits de la défense et souvent, ça se fait au détriment des droits des victimes.
00:20:47Donc là aussi, il y a une inversion de la charge qu'il faut aussi qu'on entreprenne, une espèce de révolution copernicienne de la justice qui permettrait peut-être, et je n'en doute pas, de raccourcir aussi des délais.
00:20:57On a mis en place des comparutions immédiates, peut-être qu'il faut aussi qu'on généralise cela.
00:21:01Sur votre antenne, vous avez traité récemment de ce fait divers dans le 94 avec cette pharmacienne qui a été cambriolée et les EQTF qui ont été remis en liberté parce que finalement, il n'y avait pas de place en CRA, il n'y avait pas de place...
00:21:12Bon, là aussi, pareil, lorsque vous êtes dans des cas de flagrant délit, peut-être qu'on peut aussi accélérer un certain nombre de procédures.
00:21:18Une fois de plus, il ne s'agit pas de remettre en question l'état de droit, mais peut-être de songer à des évolutions de l'état du droit.
00:21:24Et toute la différence, elle peut aussi se situer là et ça peut faire vraiment une différence pour le quotidien de nombreux Français qui subissent une justice qui, à leurs yeux, et souvent, c'est révélé par vos chiffres, est beaucoup trop longue à traiter, des sujets qui peuvent paraître quand même assez faciles à traiter.
00:21:38– Georges Fenech, vous voyez réagir ?
00:21:41– Oui, ce que je souhaite dire, moi, c'est que, en fait, la justice, pour parler franchement, elle est en faillite, globalement.
00:21:50Et il n'y a pas que la justice pénale, il faut aussi voir toute la justice civile, quand vous voyez les délais d'audiencement pour des divorces, pour des pensions alimentaires,
00:21:59c'est terrible pour les familles qui attendent des décisions qui ne viennent que 4, 5 ans plus tard.
00:22:04Donc la justice, elle est en faillite.
00:22:05Il y a, grosso modo, le même nombre de magistrats en 2025, bientôt, qu'il y en avait sous Napoléon Ier, s'il vous plaît.
00:22:14On est autour entre 8 et 10 000 magistrats.
00:22:17Vous imaginez ? C'est une autre époque, c'est d'autres contentieux.
00:22:22On vient de voir à travers les tableaux que vous nous avez donnés que la France consacre deux fois moins par tête d'habitant à sa justice que l'Allemagne, voyez-vous ?
00:22:30Donc on a une justice qui fonctionne à vide.
00:22:33J'ai quelques souvenirs, moi, quand j'étais juge d'instruction, où je n'avais pas de greffier, pas de greffière, parce qu'elle était en congé maladie.
00:22:41J'allais voir dans l'escorte des gardiens.
00:22:44Je leur faisais prêter serment de greffier pour pouvoir faire un acte d'instruction.
00:22:49Je cherchais des ramettes de papier.
00:22:51Il n'y en avait pas.
00:22:53Il faut bien voir dans quel état...
00:22:55Oui, concrètement, ce que ça veut dire.
00:22:56Un garde des Sceaux sous François Hollande, Jean-Jacques Hervoès, avait parlé de clochardisation de la justice.
00:23:02Il faut bien avoir ça en tête des audiences nocturnes, de l'abattage pendant les comparutions immédiates, tout ça au détriment d'une bonne justice.
00:23:11Il y a eu un rattrapage budgétaire sous Dupont-Moretti, mais le retard est tellement considérable qu'il va falloir plus que quelques slogans ou effets d'annonce
00:23:23pour programmer sur peut-être un ou deux mandats présidentiels un rééquilibrage de notre institution judiciaire, qu'elle puisse enfin fonctionner et répondre aux attentes des Français.
00:23:35Sabrina Medjéber, à la fois beaucoup de retard pris et malheureusement, ce n'est sans doute pas le meilleur moment pour avoir une rallonge financière pour le ministère de la Justice,
00:23:43pas plus que pour les autres ministères d'ailleurs, parce qu'on voit que Didier Migaud avait réussi à sauver un petit peu de son budget qui était quand même en baisse.
00:23:51Là, on ne voit pas très bien comment Amélie de Montchalin pourrait dire à Gérald Darmanin, pas de problème, on augmente le budget et on l'augmente de manière considérable.
00:23:57C'est évident que le contexte institutionnel n'est pas propice aujourd'hui à la mise en pratique d'une politique pérenne en la matière,
00:24:07étant donné que les problèmes sont extrêmement compliqués et difficiles à mener, puisqu'ils sont multifactoriels et multidimensionnels.
00:24:18Georges parlait du problème de la justice, de la clochardisation de la justice, avec notamment ce nombre de procureurs pour 100 000 habitants qui est juste un peu supérieur à celui de l'Albanie.
00:24:27Donc ça, c'est déjà une première chose. Mais pour répondre à ce déficit-là, puisque c'est quand même malheureusement la clé de voûte de la réussite d'une politique pénale
00:24:36et d'une bonne conduite de la justice comparativement aux contentieux qui augmentent de d'année en année, c'est déjà travailler avec le ministre des Affaires étrangères,
00:24:44puisqu'on sait qu'il y a un quart des personnes en prison qui sont étrangères. C'est un problème de moyens, parce qu'en réalité, il faudrait construire des places de prison,
00:24:57donc des prisons. Donc ça demande une négociation avec les collectivités qui n'en veulent pas souvent.
00:25:02Tout le monde veut des places, mais pas chez soi.
00:25:04Exactement. Il y a aussi le problème de la justice des mineurs, parce que Gérald Darmanin n'en a pas encore parlé.
00:25:09Mais quand on sait qu'il y a entre 65%, je crois, des 15-25 ans qui sont impliqués dans des tentatives d'homicide, entre 15 et 25 ans, c'est quand même assez inquiétant.
00:25:18Donc il y a le problème de la construction des CEF, il y a le problème de la construction des prisons, il y a le problème des personnes en situation étrangère qui sont en prison.
00:25:26Et il y a un problème, évidemment, de formation des magistrats. J'écoutais par exemple Xavier Roffer, il disait que normalement, un magistrat, c'est 30 dossiers.
00:25:35Aujourd'hui, ils sont quasiment à 300. Donc comment voulez-vous qu'il y ait une bonne administration de la justice si les magistrats croulent complètement sous les dossiers ?
00:25:42À cela, vous avez ajouté une procédure pénale qui est très compliquée. Donc tout ça alourdit énormément le travail, pèse.
00:25:47Et si, évidemment, on n'a pas le budget qui soit idoine pour pouvoir conduire une bonne administration de la justice, ça va être très compliqué.
00:25:55Et le contexte politique, malheureusement, n'y est pas favorable aujourd'hui.
00:25:57On va marquer une première pause dans l'heure des pros et on se retrouve avec mes invités.
00:26:00On continuera à parler de justice et notamment de cette idée aussi de Gérald Darmanin d'instaurer des courtes peines.
00:26:06Restez avec nous et à tout de suite.
00:26:10De retour pour la deuxième partie de l'heure des pros, on va continuer à parler de la justice et maintenant de cette idée aussi de Gérald Darmanin.
00:26:18Il veut instaurer des courtes peines. Alors de quoi est-il question précisément ?
00:26:22On en parle avec Juliette Sadat, journaliste poli-justice de CNews et on en débat juste après avec mes invités.
00:26:28On entend par courte peine d'emprisonnement toute peine d'une durée inférieure ou égale à un an.
00:26:35La loi fait une nuance entre les peines de six mois à un an qui peuvent être aménagées et les peines inférieures à six mois qui, elles, doivent être aménagées.
00:26:44Dans ce cas précis, pas de prison ferme. D'autres régimes de détention peuvent être envisagés comme le port d'un bracelet électronique, la semi-liberté ou encore les travaux d'intérêt général.
00:26:54Ce que souhaite Gérald Darmanin, c'est de systématiser les exécutions de peines de prison, même les plus courtes.
00:27:02Cela implique donc de changer la loi de 2019 qui impose d'aménager ces peines.
00:27:08À noter qu'il est tout à fait possible d'envoyer un prévenu condamné à une courte peine de prison en prison, mais les tribunaux doivent justifier cette décision.
00:27:19Justement, combien de ces condamnés vont en prison ? En 2023, sur plus de 22 000 condamnés à des peines de moins d'un an, seuls 12 000 sont incarcérés. C'est un peu plus de la moitié.
00:27:32On parlera dans un instant de la problématique des places de prison, mais Alexandre de Vecchio, l'idée des courtes peines, on le voit, les Français sont plutôt favorables en se disant
00:27:41que l'important dans une peine, c'est avant tout déjà sa certitude. Et c'est ce qui peut peut-être éviter la récidive, qu'au premier problème, le délinquant soit véritablement puni par la loi
00:27:51et qu'on n'attende pas qu'il y ait un certain nombre de récidives pour le sanctionner.
00:27:55Oui, en fait, dans le système actuel, les sursis s'accumulent. Et souvent, quand on va en prison, c'est qu'on a commis plus qu'une faute très grave, c'est qu'on est déjà passé dans la criminalité.
00:28:06Donc avoir une peine effective, c'est aussi garantir une forme d'autorité de l'État face à des individus qui n'ont plus aucune borne, aucun repère.
00:28:17Si très jeunes, on ne leur met pas de stop. C'est là qu'ils vont commencer un parcours criminel. Donc je pense que c'est très important, ces courtes peines.
00:28:27Ça a fait preuve de son efficacité aux Pays-Bas, où ils ont un système fondé sur ces courtes peines-là. Ils ont construit davantage de prisons.
00:28:36Et aujourd'hui, ils en ferment parce qu'il y a moins de criminalité. Ils ont fait baisser de manière drastique la criminalité. Donc je pense que c'est une bonne idée, une bonne vision.
00:28:47Maintenant, ça rejoint quand même la question des places de prison, parce que sans place de prison, vous ne pouvez pas pratiquer ces courtes peines.
00:28:56Et d'ailleurs, le problème actuel est que la politique pénale s'adapte au nombre de places de prison, alors que ça devrait être l'inverse.
00:29:04Non seulement il va falloir construire des prisons, mais il va falloir construire des prisons adaptées. Parce qu'effectivement, quand vous êtes à votre premier délit,
00:29:10quand vous faites une peine d'un mois de prison, par exemple, il n'est pas question de vous mettre avec un grand criminel. Sinon, effectivement, ce sera l'école du crime.
00:29:20Donc tout est à repenser. Donc c'est une bonne vision de la parole de Gérald Darmanin. Espérons que ce ne soit pas seulement un effet d'annonce maintenant.
00:29:28Il faut qu'on nous explique comment et avec quel budget.
00:29:30Justement, vous parliez de l'exemple des Pays-Bas. On va regarder comment ça se passe précisément avec, effectivement, des courtes peines, parfois de 7 à 14 jours,
00:29:38qui peuvent être prononcées. Regardez le résumé d'Augustin Denadieux.
00:29:43Des peines, même très courtes, exécutées sans délai. C'est la volonté affichée par le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin.
00:29:50Les petites peines, les peines courtes doivent être exécutées. Et donc peut-être qu'il ne faut pas construire des prisons comme toujours.
00:29:56Aux Pays-Bas, des peines de 7 à 14 jours peuvent être prononcées à l'encontre de délinquants bien particuliers.
00:30:03C'est pour des profils de jeunes délinquants qui font des choses quand même graves et pour lesquels il n'y a pas de réponse immédiate ou efficace.
00:30:11Donc c'est ce qu'on appelle le choc carcéral. Aux Pays-Bas, on incarcère deux fois plus et les prisons sont en train de se vider.
00:30:18Si vous passez votre temps à faire des alternatives ou à ne pas faire de réponse pénale pour des faits graves, d'une certaine façon, vous ne prévenez pas la récidive.
00:30:26Mais pour appliquer cette règle, la loi doit changer. Depuis mars 2020, la loi Belloubet demande d'aménager automatiquement les peines allant jusqu'à 6 mois d'emprisonnement
00:30:35et à supprimer les peines d'un mois de prison.
00:30:38On a déjà une surpopulation carcérale. On a 40% des peines courtes qui ne sont pas exécutées sur un levs de temps raisonnable.
00:30:52Donc ça suppose évidemment d'innover sur toutes les infrastructures carcérales d'une part.
00:30:56Et d'autre part, ça suppose bien évidemment, encore une fois, de mettre les moyens là où ça s'impose, là où il s'impose.
00:31:03Aux Pays-Bas, le nombre de détenus a été divisé par deux avec l'instauration des très courtes peines.
00:31:08Peut-être une solution à la surpopulation carcérale en France qui frôle les 130%.
00:31:13Bernard Konadad, effectivement, on ne peut pas forcément calquer tous les modèles qui fonctionnent en France, mais on se dit qu'on peut quand même peut-être s'en inspirer.
00:31:21Oui, il faut s'inspirer et puis il faut aussi se souvenir de notre histoire philosophique pénale.
00:31:27J'apprécie ce que dit Gérald Darmanin, mais Beccaria l'a dit bien avant lui, le philosophe pénaliste.
00:31:33Une courte peine appliquée a plus d'effet et de sens qu'une lourde peine qui n'est pas appliquée.
00:31:38Et ça, c'est depuis le 19e siècle.
00:31:40Donc vous voyez que c'est un choix politique quand on décide de ne pas appliquer des peines,
00:31:46quand on décide de laisser des gens en pleine liberté alors qu'ils ont commis un délit, puis un autre, une contravention lourde,
00:31:52surtout quand c'est des atteintes aux personnes.
00:31:54Ce n'est pas acceptable aujourd'hui pour le justiciable.
00:31:56Alors bien entendu, il y a des exemples aux Pays-Bas.
00:31:59Il y a aussi récemment cet été, je vous rappelle, des exemples au Royaume-Uni avec des sanctions rapides,
00:32:07fermes, immédiates sur les émeutes de l'été.
00:32:10Donc il y a une possibilité de le faire, il faut une volonté.
00:32:13Ça fait partie d'une philosophie pénale, du courage politique.
00:32:18Accepter de mettre des gens en prison tout simplement pour des délits,
00:32:22ça n'a pas fait partie de notre environnement politique depuis un certain nombre d'années.
00:32:28Il faut le reconnaître, tout ça fait partie aussi de contraintes.
00:32:32Privation de liberté, ça a un coût, donc il faut une volonté.
00:32:35Moi, j'ai cru comprendre dans tous les cas qu'à la fois Bruno Retailleau et maintenant Gérald Darmanin
00:32:40étaient sur ce type de situation.
00:32:41On reste sur le nerf de la guerre.
00:32:43Quel budget ? Quel moyen pour avancer ?
00:32:45Georges Fenech, cette idée des courtes peines, effectivement, est-ce que c'est réalisable ?
00:32:50Et on va parler dans un instant avec ce problème de la question des places de prison.
00:32:53Bien sûr que c'est réalisable, d'autant plus que ça a existé jusqu'à une époque tout à fait récente.
00:32:58J'en ai le souvenir, que les courtes peines, un effet dissuasif.
00:33:04Ce qu'avait dit Beccarien plus précisément, c'est que ce qui effraie le criminel,
00:33:12ce n'est pas le quantum de la peine, mais la certitude qu'il effectuera.
00:33:18Or aujourd'hui, on n'exécute plus les peines.
00:33:20Donc ces courtes peines, elles ont un effet dissuasif, véritablement.
00:33:25Elles interrompent un parcours qui commence, un parcours criminel.
00:33:29Donc elles ont existé jusqu'à ce que Mme Belloubet, donc c'est tout récent,
00:33:34et ensuite M. Dupond-Moretti ont décidé de s'en passer par pure idéologie,
00:33:40considérant que la prison est criminogène, qu'il ne faut surtout pas y aller,
00:33:43qu'il y a d'autres méthodes alternatives, d'autres peines alternatives, certes.
00:33:47Mais bon, donc on a supprimé.
00:33:49Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, un juge, je l'ai déjà dit ici,
00:33:52ne peut pas prononcer une peine jusqu'à un mois.
00:33:55Ça n'existe plus.
00:33:56Dans la loi, elle n'existe plus.
00:33:57Moi j'ai envie de dire au ministre de la Justice,
00:33:59avant de réfléchir à des prisons pour faire exécuter ces courtes peines,
00:34:04faites voter une loi pour les rétablir.
00:34:06D'accord ? Ne mettez pas la charrue avant les bœufs.
00:34:09Donc il faut d'abord une loi, rétablir les courtes peines.
00:34:11De un à six mois, le tribunal, quand il dit par exemple,
00:34:15cinq mois de prison ferme, il doit dire sur le siège,
00:34:18ces cinq mois, ça sera fait sous forme de brasses électroniques
00:34:21ou de travail d'intérêt général.
00:34:23Donc rétablissons les courtes peines.
00:34:24Les courtes peines ont un effet dissuasif, c'est le fameux choc carcéral,
00:34:28surtout pour les mineurs.
00:34:30C'est là qu'ils prennent conscience,
00:34:33avec une courte peine même de huit jours d'emprisonnement,
00:34:36qu'ils ne vont pas prendre conscience avec 50 sur 6 avec mise à l'épreuve,
00:34:39qui vont leur être infligées pendant des années et des parcours criminels.
00:34:43Vous voyez ?
00:34:44Pour continuer à parler de justice,
00:34:45on va regarder justement ensemble l'interview de Béatrice Brugère.
00:34:48Elle était l'invitée de la matinale de CNews hier.
00:34:51On l'écoute.
00:34:53Bonjour Béatrice Brugère.
00:34:54Bienvenue sur CNews et Europe 1 pour votre grande interview.
00:34:57Je rappelle que vous êtes secrétaire générale,
00:34:59unité, magistrats, force ouvrière.
00:35:02Vous êtes évidemment magistrate.
00:35:04Comment vous réagissez à ces quelques premiers jours
00:35:06de Gérald Darmanin comme garde des Sceaux ?
00:35:09Bonjour, écoutez, merci pour votre invitation.
00:35:11Manifestement, notre nouveau garde des Sceaux veut aller vite.
00:35:16Il s'inscrit dans une vision très volontariste.
00:35:19Et il a raison parce qu'il n'y a pas non plus de temps à perdre
00:35:23pour remettre la justice, j'allais dire, sur les rails.
00:35:27Puisque, comme vous le savez,
00:35:29nous sommes dans une forme de crise depuis un certain temps.
00:35:33Les états généraux de la justice l'avaient déjà dit.
00:35:36Et c'est une crise qui perdure.
00:35:37Donc il faut trouver des solutions
00:35:40à des problématiques qui sont cruciales.
00:35:43Par exemple, il a, je crois, évoqué la problématique des prisons.
00:35:46Mais on en reparlera sans doute.
00:35:48Voilà, on va développer les quatre grandes annonces
00:35:50de Gérald Darmanin hier soir.
00:35:52La première, c'est évidemment les prisons.
00:35:54Nettoyer les prisons, c'est ce qu'il a dit.
00:35:56Et il veut mettre en place des opérations placenet
00:36:00pour saisir la drogue et les téléphones en prison.
00:36:02C'est évidemment une urgence.
00:36:04Oui, alors le sujet n'est pas nouveau.
00:36:07Ces opérations, elles existent déjà.
00:36:09La question, c'est est-ce qu'il va les systématiser ?
00:36:12Est-ce qu'il va en faire une véritable politique ?
00:36:14On verra.
00:36:16En tout cas, c'est une nécessité de modifier totalement
00:36:20la manière dont aujourd'hui, les prisons fonctionnent.
00:36:23D'abord, c'est une nécessité pour ceux qui travaillent en prison.
00:36:27Je rappelle que nous, on appartient à une grande confédération
00:36:30et on travaille avec la pénitentiaire.
00:36:32Les gardiens de prison, vous le savez,
00:36:34sont souvent en grande difficulté, sont souvent violentés
00:36:38et n'arrivent pas à stopper ce trafic de téléphones portables.
00:36:41Mais il n'y a pas que ça, puisque maintenant, en détention,
00:36:44on peut continuer à faire tranquillement son activité criminelle.
00:36:49Je pense par exemple au narcotrafic.
00:36:51On peut même commanditer à l'extérieur des assassinats,
00:36:55des livraisons de drogue.
00:36:56Donc ça, ce n'est pas possible.
00:36:57Sinon, la prison ne sert à rien.
00:36:59Des assassinats, même quand on est à l'isolement.
00:37:00C'est ce qu'on avait vu il y a quelques semaines à Marseille.
00:37:04Une personne à l'isolement qui commandite un assassinat
00:37:07avec un téléphone portable.
00:37:08Oui, alors le nettoyage, il peut prendre plusieurs formes.
00:37:12C'est-à-dire que dans l'urgence, en effet,
00:37:14je pense qu'il y a une politique peut-être facile à faire
00:37:17qui serait de mettre des brouilleurs.
00:37:19Je crois d'ailleurs qu'il l'a évoqué,
00:37:21puisque aujourd'hui, le système ne fonctionne pas.
00:37:24Donc il faut absolument investir sur ces brouilleurs.
00:37:26C'est quand même une technologie assez simple.
00:37:30Pourquoi ce n'est pas déjà fait, les brouilleurs ?
00:37:31Alors moi, je sais que mes amis de la pénitentiaire
00:37:33le demandent depuis longtemps.
00:37:35C'est une bonne question.
00:37:36Je n'ai pas la réponse.
00:37:37Je ne suis pas garde des sceaux.
00:37:38Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut aller sur cette orientation.
00:37:41Mais ça, c'est qu'un premier pas.
00:37:42C'est-à-dire qu'en fait, il faut avoir une vision
00:37:44beaucoup plus ambitieuse et on le dira aux ministres,
00:37:47d'avoir une vision de construction d'établissements
00:37:50qui soit adaptée au profil des détenus.
00:37:53C'est-à-dire que, comme vous le dites,
00:37:55même à l'isolement aujourd'hui, on n'est plus isolé.
00:37:57Donc, il faut réfléchir à des quartiers de très haute sécurité.
00:38:00Par exemple, pour le haut du spectre,
00:38:01les terroristes, le narcotrafic ou les gens extrêmement violents
00:38:05qui ne peuvent être mélangés avec d'autres personnes.
00:38:07Ce qui stoppera cette idée qu'on connaît bien,
00:38:10prison criminogène, prison école du crime.
00:38:13En effet, il faut avoir une vision d'établissement.
00:38:16Les Italiens le font depuis très longtemps.
00:38:18Nous, on le suggère et on espère que ce sera fait.
00:38:21Mais justement, parce que Gérald Darmanin a dit
00:38:23il y a quelques jours qu'il voulait faire subir
00:38:26aux narcotrafiquants le même régime que pour les islamistes
00:38:29en les mettant à l'isolement.
00:38:30Mais très vite, on va se retrouver confronté à un problème.
00:38:32Le manque de place en prison.
00:38:33Oui, alors, ce n'est pas que le manque de place,
00:38:35c'est aussi la conception des établissements.
00:38:37C'est-à-dire que pendant des...
00:38:39Je ne sais pas si vous vous souvenez, en 2015,
00:38:40mais il y a eu des débats qui n'ont cessé.
00:38:42Est-ce qu'on isole les détenus qui sont islamistes, radicaux ?
00:38:47Ou est-ce qu'on les mélange ? Est-ce qu'on fait des quartiers ?
00:38:49En vrai, on n'a jamais su construire des quartiers très isolés,
00:38:53y compris pour eux.
00:38:54Donc, il faut penser maintenant à des établissements hautement sécurisés.
00:38:57C'est ce que je vous disais, c'est ce que font les Italiens
00:38:59pour pouvoir vraiment isoler.
00:39:01Deuxième grande annonce hier du nouveau ministre de la Justice,
00:39:0472 heures de garde à vue pour ceux qui s'en prennent aux femmes.
00:39:09Il dit tirer les enseignements du procès Pellico
00:39:12et donc la possibilité d'augmenter de 24 heures la garde à vue.
00:39:15Qu'est-ce que vous pensez de cette annonce ?
00:39:16Oui, alors, je pense que pour le coup,
00:39:19je ne suis pas sûre que c'est un lien particulier avec le procès Pellico.
00:39:21On est sur un autre contentieux
00:39:25qui est vraiment le contentieux très particulier des viols.
00:39:29C'est l'exemple qui a été pris par le ministre de la Justice.
00:39:32Après, il prend l'exemple qu'il veut.
00:39:34Écoutez, 72 heures à voir.
00:39:37D'abord, il faudra passer par la loi
00:39:38parce que c'est une modification du code de procédure pénale.
00:39:41Il faudra expliquer quels sont vraiment ses avantages
00:39:43et si c'est quelque chose qui est utile.
00:39:46Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui,
00:39:47les violences faites aux femmes sont une priorité depuis longtemps.
00:39:50Et des précédents gardes des sceaux,
00:39:52on a fait quand même déjà des pas en avant.
00:39:55Alors, le nerf de la guerre, c'est évidemment le budget.
00:39:56Il va voir la semaine prochaine la ministre du budget.
00:39:59Il ne veut pas que le budget stagne, il veut qu'il l'augmente.
00:40:01Mais il dit aussi, le ministre de la Justice,
00:40:03qu'il y a des dépenses qui sont mal faites.
00:40:05Par exemple, les véhicules saisis en marge du trafic de drogue
00:40:09sont gardés trop longtemps et pas assez rapidement revendus.
00:40:13Qu'est-ce que vous pensez de cette déclaration ?
00:40:14Est-ce que c'est vrai ?
00:40:15Voilà, je suis très heureux de vous retrouver.
00:40:18Je remplace la pauvre Elodie Huchard au pied levé.
00:40:21Toujours avec nous, c'est l'heure des pros.
00:40:23Toujours avec nous, Georges Fenex, Abouiname Adjamer,
00:40:25Alexandre Davékio, Bernard Cohenalade et Martin Garagnon.
00:40:28Merci de m'accueillir.
00:40:30On va poursuivre le cours de cette émission,
00:40:32évidemment, après cette interview de Béatrice Brugère.
00:40:36On voit bien, il faut des prisons.
00:40:38C'est le nerf de la guerre.
00:40:39On ne cesse de le répéter, sauf que ce n'est pas simple.
00:40:42Les prisons, il faut en construire.
00:40:44On en manque et vous le savez très bien,
00:40:47c'est mieux dans la commune d'à côté.
00:40:48C'est souvent comme ça.
00:40:50Alors, on est allé du côté de la prison de la santé
00:40:51pour voir un peu comment les riverains de la prison de la santé
00:40:56vivent au quotidien.
00:40:57On voit tout cela avec Timothée Fonger et Tancrede Guillotel.
00:41:00On en parle ensemble juste après.
00:41:03En haut des murs de la prison de la santé,
00:41:05s'amontcèlent des restes de colis lancés depuis l'extérieur
00:41:09à destination des prisonniers.
00:41:11Ils sont projetés depuis la rue,
00:41:12mais aussi depuis les toits des immeubles adjacents,
00:41:14quand les lanceurs arrivent à s'y infiltrer.
00:41:17Il fut un temps où ils arrivaient à rentrer ici.
00:41:19De voisin à voisin, on se dit de surveiller.
00:41:23Là, j'ai une voisine qui est partie en vacances.
00:41:25Je lui ai demandé d'aller voir tous les jours.
00:41:27Ils font des signes sur les portes pour dire qu'ils ne sont pas là.
00:41:30Outre les intrusions, les riverains sont visés
00:41:32par des cris et menaces de la part des prisonniers.
00:41:34Face à cette situation, ils ont interpellé en avril dernier
00:41:37le conseiller de Paris, Pierre-Yves Bournazel.
00:41:39À l'invitation des riverains de la prison de la santé,
00:41:42je suis allé sur place il y a quelques mois
00:41:45et je suis intervenu, notamment auprès de la préfecture de police
00:41:49et auprès de la ville de Paris, puisque Paris a une police municipale,
00:41:52pour que préfecture de police et ville de Paris
00:41:54puissent assurer la tranquillité et la sécurité des riverains.
00:41:57Le ministère de l'Intérieur assure que de nombreuses rondes sont menées,
00:42:00de jour comme de nuit, aux abords du centre.
00:42:03Mais pour les riverains, depuis la réouverture de la prison en 2019,
00:42:07la sécurité n'est pas suffisante.
00:42:09Avant les travaux de la prison, il y a eu des rondes de police.
00:42:13Il y avait une voiture qui tournait en permanence autour de la prison.
00:42:16C'était bien surveillé.
00:42:18Maintenant, ils ont des caméras qui sont reliées au commissariat de police.
00:42:22Mais le temps qu'ils arrivent, ils ont le temps de faire ce qu'ils ont envie de faire.
00:42:25Nous, les riverains, on le sait.
00:42:26Comment sait-il que la police n'ait pas une voiture en stationnement
00:42:29pour faire quelque chose ?
00:42:31C'est une évidence.
00:42:32Au 1er novembre, la prison de la santé comptait 1270 détenus.
00:42:36Voilà, Sabouina, ça c'est le quotidien, l'exaspération.
00:42:40Et ce n'est pas si simple, on le voit bien à travers ce reportage.
00:42:43On se rend compte qu'au sein des prisons, c'est difficile.
00:42:48Mais également à l'extérieur des prisons, c'est difficile pour les riverains
00:42:51qui sont censés être à l'abri des malfaiteurs eux-mêmes emprisonnés.
00:42:57Donc là, il y a vraiment une dualité dans la problématique,
00:43:00à savoir la sécurité à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison.
00:43:03Et face à cela, la réponse politique serait de déployer des dispositifs de maintien de l'ordre.
00:43:09Sauf que malheureusement, nous en manquons et que le budget aujourd'hui ne sera pas voté
00:43:13pour pouvoir accroître et augmenter un dispositif de sécurité adéquate
00:43:21selon les circonstances.
00:43:22Donc le ras-le-bol des riverains, malheureusement, il s'exprime,
00:43:25parce qu'il n'y a pas de maintien de l'ordre.
00:43:28Il n'y a pas de dispositif de force de l'ordre autour de la prison de la santé,
00:43:32ce qui est quand même assez...
00:43:33Ça interroge quand même aujourd'hui sur qu'est-ce que les prisons
00:43:36et comment sont gérées aujourd'hui les prisonniers ?
00:43:40Que se passe-t-il à l'intérieur des prisons ?
00:43:41Alors, on a quelques idées.
00:43:42On sait qu'il y a des drones qui circulent, des téléphones qui circulent,
00:43:44des brouilleurs qui ne sont pas mis en place, la drogue qui circule.
00:43:47Le commandement même des assassinats se fait aujourd'hui en prison.
00:43:52Ils ont de multiples téléphones, y compris même à l'isolement.
00:43:55Donc il y a beaucoup de questions qui se posent sur la corruption,
00:43:58la violence, le merta, le communautarisme, l'islamisme en prison.
00:44:02Si on n'arrive pas à gérer ça à l'intérieur et qu'on n'arrive pas à gérer ça à l'extérieur,
00:44:05vraiment, c'est problématique.
00:44:07Et hier, on évoquait avec vous, Georges Fenech, ces opérations place-nette,
00:44:10notamment celles qui étaient menées à Marseille.
00:44:12On se souvient d'un détenu qui disait
00:44:15« super, les opérations place-nette à Marseille,
00:44:17parce que moi, je continue à faire mes affaires avec mon téléphone, etc. »
00:44:19Donc on voit que ce n'est quand même pas gagné.
00:44:23Et hier, on avait un certain nombre de survivants de prison dans nos différentes émissions
00:44:27qui témoignaient des difficultés de la tâche,
00:44:29même si c'est un projet ambitieux de la part de Gérald Darmanin.
00:44:32Oui, je voudrais compléter ce qu'a dit Samuel,
00:44:35parce qu'en réalité, il y a une idée reçue, une fausse idée en réalité,
00:44:41qui consiste à penser que là, on va mettre une prison,
00:44:43il va y avoir de l'insécurité.
00:44:45C'est tout le contraire.
00:44:46Quand vous installez une prison quelque part,
00:44:48vous amenez de la sécurité en réalité.
00:44:50C'est-à-dire qu'il y a des surveillances,
00:44:52il y a des contrôles, il y a des caméras.
00:44:55Il n'y a jamais ou très peu de criminalité autour d'une prison.
00:44:59Par contre, ça peut générer des nuisances, disons,
00:45:01comme on vient de le voir, notamment avec la prison de la Santé.
00:45:04Et ça, c'est le rôle des hérits, c'est le rôle aussi de la police municipale,
00:45:08la police nationale, de veiller à ce qu'il n'y ait pas de nuisances.
00:45:12Mais la prison, elle ne doit pas être effectivement un moment privilégié
00:45:17pour un trafiquant de drogue de poursuivre son activité au chaud,
00:45:22si je puis dire, depuis sa cellule, voire commanditer,
00:45:25comme on l'a vu à Marseille, des règlements de compte.
00:45:28Alors, c'est toute la question,
00:45:30comment empêcher la circulation des téléphones portables ?
00:45:34On estime qu'il y a environ 50 000 téléphones portables par an qui sont saisis.
00:45:41Il y a la question des brouilleurs.
00:45:43Les brouilleurs, c'est compliqué parce que vous brouillez aussi tout le quartier.
00:45:46Ça, c'est une nuisance, en l'occurrence.
00:45:47Ça peut être une nuisance pour les habitants.
00:45:49Ça, ça peut être une nuisance.
00:45:52Maintenant, il y a des choses qu'on ne dit pas trop,
00:45:54mais ça se sait quand même.
00:45:55Le fait qu'il y ait quelques téléphones portables qui circulent,
00:45:58c'est une source d'informations très privilégiée pour les enquêteurs.
00:46:03Mais non, il faut que la prison redevienne un lieu de privation de liberté
00:46:08et non pas un lieu où on se livre à des trafics, c'est évident.
00:46:12Et pour cela, ça nécessite évidemment un effort budgétaire considérable.
00:46:17Et échanger également, vous évoquiez hier,
00:46:20nous étions ensemble, cet exemple en Corse d'une prison, peut-être.
00:46:25Voilà, c'est un modèle qu'on n'a pas trop dupliqué, en fait.
00:46:28Expliquez-nous.
00:46:28On ne l'a quasiment jamais dupliqué.
00:46:31Le modèle de Casablanca, à côté d'Aleria, en Corse, qui existe depuis 1948,
00:46:38est un modèle qui a donné entièrement satisfaction.
00:46:42Ce sont des détenus criminels, pour la plupart, des agressions sexuelles
00:46:46qui sont pratiquement à mi-peine et qui sont adressés,
00:46:49qui sont donc adressés dans ce centre, disons, agricole pénitentiaire.
00:46:55Ils font de l'élevage bovin, de la production laitière.
00:47:01Il n'y a pas d'évasion, il n'y a jamais eu d'évasion.
00:47:03Ou très peu.
00:47:04Très peu, très peu.
00:47:06Donc, ça prouve bien que lorsqu'on diversifie les modes d'incarcération,
00:47:12en les adaptant à une population pénale déterminée, précise,
00:47:17on a plus de résultats en termes de réinsertion, notamment, voyez-vous.
00:47:23Donc, il faut sortir de cette logique de la prison à l'ancienne,
00:47:26avec des miradors, des fils barbelés, etc.,
00:47:30qui doivent demeurer des prisons de haute sécurité pour ceux qui les nécessitent.
00:47:34On pense aux terroristes, par exemple.
00:47:37Mais pour le reste, il faut avoir l'intelligence, l'imagination
00:47:40de construire des prisons intermédiaires, semi-ouvertes,
00:47:44qui permettent aussi d'éviter la rupture sociale et familiale
00:47:48et qui permettent d'exécuter, effectivement, une peine,
00:47:51que ce soit en semi-liberté ou avec d'autres moyens de surveillance.
00:47:55Bernard Cohen, Adada.
00:47:56Oui, pendant des années, on a construit des prisons dans les villes.
00:48:00Et moi, je comprends l'exaspération des riverains,
00:48:03parce qu'une prison, c'est bruyant.
00:48:04Vous l'avez dit, ça, à l'intérieur, mais c'est aussi bruyant à l'extérieur,
00:48:09y compris la nuit, et surtout en été.
00:48:13Alors, bien entendu, c'est un problème lié à la police municipale
00:48:17qui doit faire respecter l'ordre, mais à l'intérieur,
00:48:19les bruits de l'intérieur qui résonnent sur l'environnement,
00:48:23ce n'est pas supportable pour les riverains.
00:48:26Et paradoxalement, il est extrêmement difficile de construire des prisons
00:48:29en dehors des villes, parce que d'une part, les familles n'en veulent pas.
00:48:33Il faut aller voir les détenus.
00:48:35Parfois, les personnels pédinanciers n'en veulent pas non plus,
00:48:38parce qu'il faut habiter à proximité et faire des quarantaines,
00:48:42cinquantaines de kilomètres, centaines de kilomètres pour aller travailler.
00:48:44Ce n'est pas agréable non plus.
00:48:46Et puis, les avocats n'en veulent pas non plus,
00:48:48parce qu'aller voir leurs clients loin d'une gare, en pleine campagne,
00:48:54un matin de bonheur ou tard le soir, quand c'est possible,
00:48:58on voit bien la difficulté.
00:48:59Mais en revanche, il faut vraiment sécuriser.
00:49:01On voit bien la difficulté du maintien de la tranquillité publique à Paris.
00:49:08À Lyon, à Marseille, à Poissy, une prison, c'est bruyant.
00:49:12Par contre, l'environnement, ça a été très bien dit par Georges,
00:49:15n'est pas insécurisé, parce que la multitude de sécurités
00:49:20qui sont mises en place sur ce type d'établissement
00:49:23fait que l'environnement est sécurisé.
00:49:24En revanche, le bruit est insupportable.
00:49:27Pour les riverains, il y a aussi une dévalorisation parfois des biens,
00:49:31parce que vous avez aujourd'hui des drones,
00:49:32vous avez de l'envoi, comment dirais-je, de produits,
00:49:37vous avez des motos qui tournent, vous avez des vêteurs,
00:49:40vous avez toute une série de populations qu'il y a.
00:49:42Mais au niveau de la sécurité, ce sont des zones sûres,
00:49:46très bruyantes, mal vécues par les riverains.
00:49:49– Martin Gagnon.
00:49:51– Oui, sur la question des prisons situées en centre-ville
00:49:55ou à l'extérieur des villes, il y a plusieurs pistes aussi qu'on peut évoquer.
00:49:59Vous parliez justement de l'éloignement pour les avocats,
00:50:01mais on peut parler aussi de l'éloignement géographique
00:50:04pour des juges qui doivent se rendre justement en prison,
00:50:07pour voir des détenus dans le cadre de la préparation d'un procès.
00:50:10Mais on peut aussi imaginer tout à fait de dématérialiser
00:50:13un grand nombre de procédures, parce que tout cela a un coût.
00:50:17Lorsque vous devez envoyer du personnel de justice en prison
00:50:20pour pouvoir préparer une procédure, tout cela a un coût.
00:50:23Donc on peut aussi imaginer une dématérialisation.
00:50:26Mais le sujet, je prends encore un fait divers qui est sorti,
00:50:29je crois il y a quelques jours, d'un détenu de nationalité étrangère
00:50:32qui a profité, dans le cadre du renouvellement de sa carte d'identité,
00:50:35pour s'échapper.
00:50:37Il a été conduit sous escorte dans le consulat de son pays
00:50:40pour renouveler sa carte d'identité.
00:50:42Là aussi, pareil, une escorte pénitente, ça a aussi un coût.
00:50:45Donc pourquoi est-ce que ces procédures-là ne peuvent pas,
00:50:48on ne pourrait pas imaginer qu'on les dématérialise ?
00:50:50On gagnerait du temps, on gagnerait de l'argent.
00:50:53Les prisons en centre-ville, on voit les limites,
00:50:56effectivement ça ne génère pas de délinquance, ça génère des nuisances.
00:50:58Mais quand on voit le prix du foncier dans certaines villes,
00:51:00et notamment à Paris, et la difficulté aussi du logement
00:51:03pour un grand nombre de nos compatriotes,
00:51:05on peut se dire qu'il y a de l'espace à récupérer.
00:51:08Donc tout cela se réfléchit.
00:51:09Et enfin, pour conclure, il y a effectivement la question
00:51:11de la nature des types de prison.
00:51:12On sait qu'on a un problème budgétaire
00:51:14et qu'on a un problème de capacité d'incarcération.
00:51:16Moi, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit.
00:51:18D'ailleurs, je l'ai dit sur cette antenne avec Monsieur Devecchio,
00:51:21on n'applique pas la politique pénale en fonction du nombre de places
00:51:24dont on dispose.
00:51:25C'est l'inverse que l'on doit mettre en place.
00:51:27On applique une politique pénale et on adapte nos capacités
00:51:29en fonction des besoins.
00:51:31On n'inverse pas le problème.
00:51:33Et donc, on peut tout à fait aussi imaginer de nouveaux types de prison
00:51:37en fonction de la nature de la condamnation,
00:51:39en fonction du profil du détenu.
00:51:40Évidemment, on ne mélange pas quelqu'un qui va être condamné
00:51:43pour une délinquance routière aussi grave que cela puisse être
00:51:46avec une personne condamnée pour des faits de terrorisme.
00:51:49Et donc, ça permet aussi d'ajuster, d'un point de vue budgétaire,
00:51:52d'un point de vue de sécurité et donc d'encadrement pénitentiaire,
00:51:56un certain nombre de profils.
00:51:58Donc, il y a des pistes de réflexion qui permettraient de cumuler
00:52:01à la fois une application ferme d'une politique pénale
00:52:03et en même temps, les conditions budgétaires qui, on le sait,
00:52:05sont assez tendues.
00:52:07On marque une pause dans cette heure d'épreuves.
00:52:10Je vous donne la parole juste après, Alexandre Devecchio.
00:52:12On ira à Nantes, une ville que je connais bien.
00:52:14Et avec un triste record pour la maison d'arrêt de Nantes,
00:52:19c'est le nombre de colis projetés dans la prison.
00:52:22Vous allez voir, évidemment, ce n'est pas simple.
00:52:24Générosité Nantaise.
00:52:26C'est le jeu à la Nantaise, vous savez genre.
00:52:28Générosité.
00:52:31Allez, on marque une pause.
00:52:32On se retrouve dans quelques instants.
00:52:33On en sourit, mais ce n'est pas drôle, évidemment,
00:52:35pour les habitants de Nantes.
00:52:38A tout de suite pour l'heure des pros.
00:52:39Et je salue Elodie Huchard.
00:52:43Et il est presque 10 heures.
00:52:44C'est bien l'heure des pros week-end.
00:52:47Je vous présente mes invités du jour de ce samedi
00:52:49dans quelques instants.
00:52:50Mais tout de suite, on fait un nouveau tour de l'information
00:52:53avec vous, Marine Sabourin, que je salue.
00:52:54Bonjour, Marine.
00:52:55Bonjour Thierry.
00:52:56Bonjour à tous.
00:52:57Elles ont nécessité énormément de moyens
00:52:59pour des résultats finalement très modestes.
00:53:01On parle des opérations places nettes qui visaient
00:53:03à s'attaquer au trafic de stupéfiants.
00:53:06Elles ont été lancées il y a un an par Gérald Darmanin.
00:53:08Quel est le bilan de cette stratégie ?
00:53:10On fait le point avec Marie-Victoire Diodonné.
00:53:14Elles étaient la marque de fabrique de Gérald Darmanin.
00:53:17Dans un premier bilan global, les 313 opérations places nettes
00:53:21se révèlent pourtant peu efficaces.
00:53:23Avec en moyenne 20 actions par mois, plus de 700 armes
00:53:26et plus de 130 véhicules ont été saisies.
00:53:298 millions d'euros d'avoirs criminels ont été confisqués.
00:53:32Malgré une forte mobilisation, plus de 200 policiers
00:53:35en moyenne par opération, l'impact sur l'économie criminelle
00:53:38reste limité.
00:53:39Ces chiffres-là, si vous voulez, en fait, sont une goutte d'eau
00:53:42par rapport à la somme astronomique du narcotrafic
00:53:47qu'on estime entre 4 et 6 milliards d'euros par an en France,
00:53:52soit 0,1 point du PIB.
00:53:54Le bilan fait état de plus de 7000 interpellations
00:53:57entre septembre 2023 et décembre 2024.
00:54:01Mais d'après le syndicat Alliance, c'est avant tout
00:54:03par les enquêtes judiciaires que les chefs de bande
00:54:06sont interpellés.
00:54:07Des bandes qui se sont entre temps adaptées aux nouvelles contraintes.
00:54:10Les caïds se sont organisés pendant ces opérations-là
00:54:13parce que ce sont aussi des commerciaux.
00:54:15Ce sont eux, ou en tout cas leurs livreurs,
00:54:17qui sont allés aux consommateurs.
00:54:19C'est-à-dire qu'il y a eu une augmentation des livraisons
00:54:22à l'extérieur, directement chez le client.
00:54:24Pour rendre plus efficaces ces opérations,
00:54:27le ministre de l'Intérieur entend définir une stratégie globale
00:54:31de lutte contre le narcobanditisme,
00:54:33avec la création d'un parquet national antistupéfiant.
00:54:37En Corse, un homme de 43 ans, recherché pour des coups de feu mortels,
00:54:41s'est rendu à la police.
00:54:42Il est suspecté d'avoir tué un jeune pompier dans un bar à Ajaccio.
00:54:46La piste d'un différent entre cet individu et la victime
00:54:50est privilégiée.
00:54:51La France demande officiellement à l'Indonésie
00:54:53le transfert de Serge Atlaoui, un Français condamné à mort
00:54:57en 2007 pour trafic de drogue.
00:54:59Âgé de 61 ans, il avait été arrêté dans une usine
00:55:02où des stupéfiants avaient été découverts.
00:55:04Le Français s'est toujours défendu d'être un trafiquant.
00:55:08Actualité internationale, la Slovaquie confirme être d'accord
00:55:11pour accueillir des discussions de paix sur l'Ukraine.
00:55:14Le président russe avait jugé acceptable que ce pays
00:55:16devienne une plateforme de dialogue.
00:55:18Les propos de Vladimir Poutine sont un signal positif,
00:55:21assure le gouvernement slovak.
00:55:24Et puis l'opération du skieur alpin Cyprien Sarazin s'est bien passée.
00:55:28Le Français a été opéré hier soir d'un hématome sous du rail.
00:55:32Il s'était blessé à l'entraînement du côté de Bormio en Italie.
00:55:35Une chute qui provoque la colère de certains skieurs
00:55:38qui jugent la piste trop dangereuse.
00:55:39Piste qu'ils retrouveront pour les JO 2026.
00:55:42Voilà pour l'essentiel de l'actualité, Thierry.
00:55:45Quelle chute, image spectaculaire, incroyable, dingue.
00:55:48Merci beaucoup Marine, merci beaucoup.
00:55:51Avec moi pour cette heure des pros du samedi,
00:55:54Sabrina Medjemeur, Georges Fenech,
00:55:56Alexandre Devecchio, Bernard Cohenada,
00:55:58et Martin Garagnon.
00:56:00Chose promis, chose due.
00:56:02On va prendre la direction de Nantes avec un...
00:56:04Je ne vois pas pourquoi vous souriez.
00:56:07Oui voilà, on va prendre la direction de Nantes
00:56:09puisque vous le savez, on l'évoque depuis le début de cette émission,
00:56:12Gérald Darmanin promet de nettoyer les prisons
00:56:15grâce à des opérations placenet.
00:56:17Et à Nantes, il y a un peu de travail.
00:56:19Vous allez voir, puisque la prison de Nantes
00:56:22termine en apothéose son année avec un record improbable,
00:56:25celui du nombre de colis projetés dans la prison.
00:56:27Je ne savais pas que ça existait, mais si, il y a un record.
00:56:29On voit tout ça avec notre correspondant Jean-Michel Decaze
00:56:32et on en débat juste après.
00:56:36C'est l'un des petits chemins empruntés par les pilotes de drones.
00:56:40Sur TikTok, on voit l'engin décoller le long du grillage
00:56:43de la prison de Nantes pour livrer à l'intérieur
00:56:46et parfois même juste devant la fenêtre du détenu.
00:56:50Le scénario date du week-end dernier.
00:56:53Le pilote était performant, il a apporté sa livraison
00:56:58à la fenêtre d'un détenu qui était au quartier disciplinaire.
00:57:01Généralement, les livraisons se font de nuit.
00:57:05Vous ne voyez pas toujours où ça tombe finalement ?
00:57:08Non, on ne peut pas tout voir.
00:57:09Un téléphone et 100 grammes de stupéfiants
00:57:12ont été retrouvés dans la cellule.
00:57:13Chaque jour, 2 à 3 livraisons par drone
00:57:16sont repérées par les surveillants,
00:57:18qui doivent également faire face, en moyenne,
00:57:20à 150 projections de colis.
00:57:22Chaque week-end, dans la cour de promenade,
00:57:25via des catapultes ou des lance-pierres.
00:57:27On est totalement impuissants,
00:57:29donc les projections qui arrivent en cours de promenade,
00:57:31on ne peut pas aller chercher les projections
00:57:33autour de 80 détenus.
00:57:34C'est un peu démoralisant de voir que tout rentre de la sorte.
00:57:38L'an dernier, 1200 téléphones, 20 kilos de drogue
00:57:41et 62 armes comme des couteaux en céramique
00:57:45et des lames de scie-sabre ont été confisquées.
00:57:47Le phénomène touche toutes les prisons françaises.
00:57:50Les pilotes de drones ont modifié les fréquences
00:57:53de leurs engins volants pour contourner les brouilleurs.
00:57:57Alexandre Devecchio, elle n'est pas belle la vie ?
00:57:59C'est simple comme bonjour, un petit drone,
00:58:01et puis voilà, on passe commande.
00:58:03C'est plus efficace que la poste.
00:58:04Oui, ça marche.
00:58:05Oh, ne commencez pas à nous mettre mal à l'aise avec la poste.
00:58:07Commencez pas.
00:58:08On termine l'année 2024, s'il vous plaît Alexandre.
00:58:12Je plaisantais, mais c'est le symptôme aussi
00:58:15d'un état où plus rien n'est respecté.
00:58:19L'intérieur de la prison devrait être l'endroit même
00:58:22où on respecte la loi et on voit bien qu'elle est
00:58:25totalement bafouée, donc c'est un symptôme
00:58:29très parlant de notre affaiblissement
00:58:32de manière générale.
00:58:35C'est lié aussi au fait justement qu'on n'a peut-être pas
00:58:39des établissements pénitentiaires adaptés,
00:58:42c'est-à-dire que moi je pense qu'il y a aussi
00:58:44une impuissance, mais il y a aussi une forme de tolérance.
00:58:47Laisser rentrer des choses, c'est créer une soupape
00:58:49de respiration dans des lieux qui pourraient exploser.
00:58:54Sinon, on en revient toujours au fait qu'il faut construire
00:58:57davantage de prisons, des prisons plus adaptées.
00:59:00C'est ce que disait Georges tout à l'heure.
00:59:01Quand c'est nécessaire.
00:59:03On est effectivement dans une période contrainte
00:59:06en matière budgétaire, mais moi je crois qu'en matière
00:59:10de sécurité, en réalité, faire des économies est absurde
00:59:15parce que ça coûte beaucoup plus cher à la société à terme.
00:59:18Quand ces gens-là ressortent, refont de la criminalité,
00:59:21reviennent en prison, c'est un coût humain d'abord,
00:59:26mais même un coût économique.
00:59:28Donc je crois que c'est en matière de sécurité,
00:59:30on ferait bien, et en matière régalienne de toute manière,
00:59:34on ferait bien d'investir et de se poser un peu moins
00:59:36de questions budgétaires parce que c'est de l'argent
00:59:39bien employé et à la fin, ça nous coûtera,
00:59:43ça nous coûte encore plus cher.
00:59:44C'est un peu comme les lits à l'hôpital au moment du Covid,
00:59:47si vous voulez, quand on n'en avait pas,
00:59:49ça nous a coûté très, très cher.
00:59:51Donc je pense qu'il est temps de faire un plan Marshall
00:59:54pour la sécurité, vu que notre État est en voie de mexicanisation.
00:59:58Si on veut qu'on évite totalement d'être comme un pays
01:00:02d'Amérique du Sud, c'est maintenant qu'il faut réagir.
01:00:04En tous les cas, on peut souhaiter bon courage
01:00:06à Martin Guérignon, à Gérald Darmanin,
01:00:07parce que le chantier, il est immense.
01:00:09Et quand on voit ces deux reportages,
01:00:11prison de la Santé et la prison de Nantes,
01:00:14bon courage s'il y arrive.
01:00:16Le chantier est immense, mais je pense qu'il est à la hauteur
01:00:18aussi de l'ambition et de la volonté du ministre de la Justice,
01:00:21qui a très clairement affiché aussi sa couleur,
01:00:23en tout cas son ambition dès sa prise de fonction.
01:00:27Quand on voit ces images de drones qui font passer des marchandises,
01:00:29on se doute bien que ce n'est pas de la livraison
01:00:32du petit gâteau fait par la grand-mère.
01:00:33Non, non, ce n'est pas des petits croissants
01:00:35avec un nuage de lait et le thé, c'est en imaginaire.
01:00:37Ça fait rentrer soit des produits illicites,
01:00:39soit des téléphones portables, soit plus grave encore,
01:00:41des armes.
01:00:42Parce que quand vous êtes capable par drone
01:00:44de livrer des téléphones portables,
01:00:45on peut imaginer qu'à la place du téléphone,
01:00:47c'est aussi une arme à feu.
01:00:48Donc ça aussi, ça questionne sur la sécurité des agents
01:00:50de la pénitentiaire qui voient leur vie aussi menacée
01:00:54par ce type de trafic.
01:00:55Le discours qui consisterait à dire oui, mais ça permet de,
01:00:58finalement, on achète une forme de paix sociale
01:01:00en disant une soupape de sécurité,
01:01:01en améliorant le confort du quotidien des détenus.
01:01:05Mais à quel moment est-ce que ce raisonnement
01:01:07peut être audible pour les millions de Français ?
01:01:10On a d'un côté des rapports qui nous disent que l'état d'hygiène,
01:01:15de salubrité des prisons en France est très compliqué
01:01:18et très délabré, ce qui peut se vérifier.
01:01:21On a vu des reportages sur des prisons comme les Beaumet, etc.
01:01:23Et de l'autre, vous avez parfois des images de détenus
01:01:25qui se filment eux-mêmes, qui diffusent ça sur Snapchat
01:01:28ou TikTok, qui montrent les conditions dans lesquelles
01:01:30ils sont avec des bouteilles de champagne.
01:01:31Tout va bien, l'infrigérateur, la télévision.
01:01:34C'est ça aussi qui crée chez nos compatriotes,
01:01:37et à juste titre, un sentiment vraiment d'exaspération.
01:01:41La prison, ce n'est pas le Club Med.
01:01:43Donc les sanctions...
01:01:44Parfois, c'est vrai que les images pensent que c'est un peu ça.
01:01:46Et puis en plus, c'est de la provocation.
01:01:48C'est une façon de dire, vous voyez,
01:01:50moi, je suis là comme un nabab,
01:01:52j'achète mon confort parce que j'ai les moyens
01:01:54et la prison, ça ne me dérange pas.
01:01:56Donc il faut en revenir à la nature même de la prison.
01:01:58La prison, ça ne doit pas être forcément l'alpha et l'oméga
01:02:01de toute la sanction pénale,
01:02:02mais en l'occurrence, lorsqu'elle est prononcée,
01:02:04la prison doit être une sanction claire et nette.
01:02:06C'est un lieu de privation de liberté,
01:02:08mais c'est aussi un lieu de privation d'activités
01:02:10et d'activités criminelles.
01:02:12Donc c'est empêcher aussi la nuisance,
01:02:14la capacité de nuisance de ces personnes,
01:02:16parce que si on les met en prison,
01:02:18c'est qu'on a considéré qu'elles nuisaient
01:02:19à l'ensemble de la société.
01:02:20Donc si c'est pour leur permettre de continuer à provoquer
01:02:23de la nuisance depuis la prison,
01:02:25il n'y a pas de sanction en fait.
01:02:26Donc là-dessus, il y a un certain nombre de dispositifs matériels
01:02:29qu'il faut mettre en place,
01:02:29que ce soit des filets antidrones,
01:02:30que ce soit aussi des moyens de détection
01:02:32et d'élimination automatique des drones.
01:02:35On est capable de le faire d'un point de vue technique.
01:02:36C'est une question de moyens budgétaires, évidemment,
01:02:39mais je rejoins aussi ce qui a été dit sur le régalien,
01:02:43sur la justice, sur la sécurité.
01:02:45Il ne faut pas tergiverser.
01:02:47On ne peut pas mégoter sur quelques heures.
01:02:49Je sais, on a les contraintes budgétaires,
01:02:51mais là, c'est une question de priorité politique.
01:02:52Où est-ce qu'on met le curseur ?
01:02:54Où est-ce qu'on met la priorité ?
01:02:55Si on décide d'être implacable sur les questions de justice
01:02:58et de sécurité, il faut mettre les moyens humains,
01:03:01budgétaires, matériels pour le rendre possible.
01:03:04Ça ne peut pas être uniquement du déclaratif.
01:03:05Moi, je suis assez convaincu qu'aussi bien le ministre de l'Intérieur
01:03:08que le ministre de la Justice ne veulent pas en rester
01:03:10à du déclaratif et vont se donner les moyens.
01:03:13On verra ce que vont donner les premiers échanges
01:03:15avec Amélie de Montchalin, notamment sur la construction du prochain budget.
01:03:18Mais j'espère qu'effectivement, les moyens seront accordés
01:03:21là où le gouvernement souhaite mettre ses priorités.
01:03:23Nous, en tout cas, à Renaissance, on a été très clairs aussi
01:03:25sur les curseurs de priorité que l'on fixe pour nos compatriotes.
01:03:29Et Georges, vous émettiez hier, dans Mini News,
01:03:33un doute sur le bon fonctionnement du duo Retailleau-Darmanin
01:03:38avec cette puissance de feu qu'aimerait avoir Gérald Darmanin,
01:03:42mais qu'il n'aura peut-être pas.
01:03:45L'expérience m'a enseigné que le duo Beauvau-Vendôme n'a jamais fonctionné.
01:03:51Jamais. Que ce soit sous des gouvernements de gauche
01:03:55comme des gouvernements de droite, il y a toujours eu des frictions
01:03:58et qui, quelquefois, ont explosé en plein jour.
01:04:02On peut remonter à Badinter contre Defer, à l'époque, c'était la guerre.
01:04:07On peut se rappeler les algarades entre Mme Guigou et M. Chevènement à gauche.
01:04:13Entre M. Valls et Mme Taubira, c'était le summum.
01:04:18Et à droite, entre Michel Yeu-Marie et Brice Sortefeu.
01:04:21Pourquoi tout cela ?
01:04:23Parce que le ministère de justice, c'est un ministère particulier.
01:04:26Vous avez un pouvoir, qui est le pouvoir judiciaire.
01:04:29Le ministre de la justice n'a pas les manettes sur son ministère et ses agents
01:04:34comme un ministre d'intérieur avec ses préfets.
01:04:36Cela crée des difficultés.
01:04:39Le ministre de la justice ne sera jamais que le ministre de la justice,
01:04:42c'est-à-dire pour faire fonctionner l'institution,
01:04:45mais sans avoir la maîtrise.
01:04:48Un ministre de la justice ne donne même plus d'instructions au parquet.
01:04:51C'est fini tout ça.
01:04:52C'est des circulaires.
01:04:54Mais en regardant votre reportage, si vous me permettez une petite réflexion,
01:04:58quand je vois ce reportage sur les problèmes de sécurité de drones de prison,
01:05:02je me demande vraiment pourquoi les prisons relèvent du ministère de la justice.
01:05:09C'est une aberration administrative.
01:05:11Les prisons devraient relever de la tutelle du ministère de l'intérieur.
01:05:16Les questions de sécurité, vous avez la police, la gendarmerie
01:05:20et la troisième force de sécurité intérieure maintenant, qui est la pénitentiaire,
01:05:24qui devrait relever d'un même ministère avec toute une cohérence
01:05:28autour des questions de sécurité.
01:05:29Et je pense que c'est une réflexion dans l'avenir qu'il faudra voir.
01:05:34Je crois que tout a été dit sur ce plateau,
01:05:37notamment par rapport à la gestion de ces drones qui circulent au-dessus des prisons.
01:05:43Je pense que l'État n'est malheureusement pas outillé aujourd'hui sur le plan juridique
01:05:47et même sur le plan structurel pour pouvoir enrayer ce type de phénomène
01:05:53parce que ça contribue malheureusement à la dangerosité de ce qui se passe à l'intérieur des prisons.
01:06:01Quand on sait qu'un drone peut transporter des armes, de tout type de stupéfiants.
01:06:05Les téléphones portables, ce n'est pas criminogène, mais le reste, ça l'est.
01:06:10Que ça organise à nouveau le caïda à l'intérieur des prisons
01:06:14qui fait peser la loi du silence sur les agents pénitentiaires.
01:06:18Parce que ça, il faut, je pense, en parler.
01:06:20On peut développer toutes les structures fonctionnelles à l'extérieur comme à l'intérieur des prisons.
01:06:25Alors évidemment, il y a l'idéologie qui veut que la prison,
01:06:29elle n'est pas entre le panotique de Bentham, si vous voulez, et le Club Med.
01:06:32Il faut trouver un juste milieu dans la façon d'apprivoiser les relations humaines à l'intérieur des prisons.
01:06:37Mais si malheureusement, on ne contrôle pas ce qui se passe avec fermeté et autorité,
01:06:43eh bien les agents de la pénitentiaire qui sont en première ligne sont évidemment et continueront d'être les premiers à être menacés.
01:06:50Je rappelle que Mohamed Amra a commandé un assassinat de deux agents de la pénitentiaire.
01:06:56Donc, ils sont extrêmement exposés, extrêmement vulnérables.
01:06:59Absolument, parce que ce sont les premiers interlocuteurs des détenus.
01:07:03Donc, il va falloir, je pense, à un moment donné, qu'on se penche sur la situation absolument,
01:07:08comment dire, pas difficile, mais tabou sur les agents de la pénitentiaire qui subissent réellement la loi des clans,
01:07:16la loi du caïda, que ce soit islamiste ou que ce soit un narcotrafiquant à l'intérieur des prisons.
01:07:22Donc, ça, c'est une vraie problématique.
01:07:25Allez, on va changer de sujet.
01:07:26Mais Georges Fenech, j'observais Martin Gagnon qui vous écoutait avec une grande attention et vous avez cassé son enthousiasme.
01:07:34Vous avez, sachez-le, vous avez cassé son enthousiasme sur le bon fonctionnement du duo Retailleau-Darmanin.
01:07:41Je tenais à le signer.
01:07:43Actuellement, M. Fenech a raison, il a retracé l'histoire et les relations entre justice et d'ailleurs, il a raison.
01:07:49Mais je crois que c'est quand même la première fois qu'on a, sur ces deux postes, deux personnalités qui, par leur parcours,
01:07:55leur déclaration, leurs actions aussi, on peut quand même présager une bonne cohérence sur le...
01:08:01En restant sur une note optimiste.
01:08:02Néanmoins, ce que disait M. Fenech est parfaitement exact.
01:08:05Mais c'est vrai que la nomination du duo est plutôt très bien perçue par les Français, d'ailleurs.
01:08:09Et vous avez un ministère qui est en verticalité, qui est l'Intérieur, et un ministère qui est en horizontalité,
01:08:13sur lesquels, effectivement, le pouvoir de décision et de maîtrise de son administration n'est pas le même.
01:08:18Le ministre de l'Intérieur est le premier flic de France, le ministre de la Justice n'est pas le premier juge de France.
01:08:22Donc c'est cette différence-là aussi qui rend difficiles les ajustements.
01:08:26Néanmoins, je pense qu'une fois de plus, une question de volonté politique, ça peut fonctionner.
01:08:29Bernard Cohen à date.
01:08:31Avec l'entrée à la finance, je croyais qu'on parlait de nos amis agriculteurs.
01:08:33J'avais raison de reprendre l'historique du duo difficile, mais pour des raisons politiques et d'organisation, ça a été très bien dit.
01:08:41Mais c'est parti des Français qui attendent que ça marche.
01:08:44Que ça fonctionne, qu'il y ait des actes.
01:08:45Parce que les enjeux sont là.
01:08:46Et au-delà des égaux et des ambitions de l'un et de l'autre, on espère qu'ils sauront faire abstraction de leurs enjeux personnels
01:08:54et répondre à l'attente des Français.
01:08:56Il y a une condition pour que ça puisse fonctionner, c'est que les juges soient dépolitisés.
01:09:04S'il n'y a plus de politique pénale propre aux juges, vous vous souvenez, la contre-circulaire, etc.
01:09:11Si le garde des Sceaux arrive à faire en sorte avec beaucoup d'habileté, d'intelligence,
01:09:16à faire en sorte que les juges acceptent d'impliquer les circulaires telles qu'elles ont été voulues par le garde des Sceaux,
01:09:22qui est le seul responsable au fond dans le pays, ça pourrait fonctionner.
01:09:26Le communiqué de presse du syndicat de la magistrature.
01:09:28Et puis on ne va pas dans ce sens.
01:09:30Non, c'est un bon accueil pour M. Darmanin.
01:09:33Est-ce qu'il faut faire preuve d'habileté ou est-ce qu'il faut assumer de dissoudre le syndicat de la magistrature ?
01:09:38Oh là là là là là là.
01:09:40Alexandre, on ne nous serait pas nommé ministre.
01:09:45Peut-être qu'il faut l'assumer, car c'est ce qu'on attend d'un ministre de droit,
01:09:49parce que le syndicat de la magistrature n'est pas un syndicat qui défend les intérêts matériels de la justice,
01:09:54ce qu'on pourrait comprendre.
01:09:55C'est un syndicat politisé.
01:09:57Alors vous me direz, ce n'est pas le seul, sauf que ça pose un problème dans la justice,
01:10:00que ça ne pose pas quand vous êtes cheminot ou quand vous êtes ouvrier.
01:10:04D'avoir un juge qui n'est pas impartial, ça pose un véritable problème de déontologie.
01:10:10Donc il s'agirait juste là encore de faire respecter la loi et le code de déontologie de la magistrature.
01:10:14C'est quand même une incongruité française.
01:10:17Vous prenez par exemple la magistrature financière, la cour des comptes.
01:10:22Il y a un syndicat de ces magistrats, mais ils ne font pas de politique.
01:10:26Prenez les syndicats qui existent dans les juridictions administratives,
01:10:29conseils d'État, les syndicats qui défendent des intérêts purement professionnels.
01:10:34Ils ne font pas de la politique à la place du législateur.
01:10:37Là, on a laissé prospérer une espèce de monstre juridique.
01:10:41Le syndicat de la magistrature qui s'est autoproclamé,
01:10:43alors que le syndicalisme n'était pas prévu par la loi,
01:10:46et qui aujourd'hui, effectivement, veut sa propre politique.
01:10:50Oui, c'est ça, c'est là où ça blesse.
01:10:53M. Darmanin va vite comprendre que la justice, ça n'est pas la place Beauvau
01:10:58et qu'il va se heurter à des opposants politiques.
01:11:01Vous comprenez ?
01:11:02Donc je pense que si on veut que la justice marche en tant que système régalien,
01:11:08qui a le souci aussi de la défense de la sécurité des citoyens,
01:11:11il va falloir d'une manière ou d'une autre dépolitiser l'institution judiciaire.
01:11:16Alexandre Devecchio a dit ce que je n'osais pas dire tout à l'heure.
01:11:19Mais je le félicite pour son courage.
01:11:22Il est très courageux, évidemment.
01:11:24Allez, très rapidement, je vois qu'on évoque un autre dossier,
01:11:27mais on va le faire très très rapidement, c'est l'agriculture.
01:11:30Là aussi, les agriculteurs sont dans l'attente.
01:11:33Les actions vont reprendre à la demande de la FNSEA.
01:11:37On a rencontré Jean-Baptiste qui est éleveur dans le Tarn-et-Garonne
01:11:41et il nous fait part de ses espoirs et de ses craintes.
01:11:43Cet emportage de Jean-Luc Thaumant, on aura quelques instants pour réagir.
01:11:48L'hiver dernier, cet agriculteur élu syndical a participé durant un mois au blocage de l'A62.
01:11:54Ils font de beaucoup d'espoir pour l'année prochaine.
01:11:57Pour 2025, c'est retrouver de la visibilité pour le métier d'agriculteur,
01:12:02afin d'installer des jeunes et renouveler tous les départs à la retraite qu'on aura d'ici 10 ans.
01:12:09Il faut qu'on retrouve des moyens de production,
01:12:12mais aussi qu'on remette l'agriculture en tant qu'intérêt majeur de l'État.
01:12:18Avec ses 75 hectares de céréales, d'arboriculture, tout en bio,
01:12:23il aimerait pouvoir vivre de son métier.
01:12:25Je voudrais que là, on ait des vraies négociations,
01:12:28c'est-à-dire des négociations qui vont dans le sens et dans l'intérêt de l'agriculteur.
01:12:33C'est lui qui développe le plus de travail pour la production des denrées alimentaires
01:12:39et c'est celui qui touche la plus petite part du prix de vente.
01:12:43Selon les agriculteurs, les négociations commerciales actuelles
01:12:46laissent entrevoir des marges irrationnels chez les intermédiaires.
01:12:50En Occitanie, 60% des exploitations sont dans le rouge.
01:12:55On demande maintenant un soutien massif à la trésorerie,
01:12:58un minimum en Occitanie et je pense qu'à l'échelle de la France,
01:13:01il ne va rien avoir besoin si ça ne va pas beaucoup plus vite au niveau de l'État.
01:13:05Les Français et les politiques veulent tous une agriculture plus rémunératrice,
01:13:09plus vertueuse, plus juste en 2025.
01:13:12Nous allons donc devoir faire des efforts
01:13:15pour que l'agriculture française puisse s'en sortir.
01:13:19Arthur Garagnon, là aussi, il y a des attentes.
01:13:21Parce que les agriculteurs ont été relativement patients,
01:13:24mais il va vraiment falloir qu'il y ait des actes.
01:13:26Il y a plusieurs sujets dans cette question.
01:13:29Déjà, il va y avoir des élections professionnelles dans ces filières-là.
01:13:34Je sais que les relations entre les différents syndicats,
01:13:36FNS, CER, etc. ne sont pas simples non plus.
01:13:39Il y a aussi cet enjeu d'influence au sein du monde agricole qui se joue.
01:13:44Donc ça, ce sera un premier indicateur.
01:13:46Deuxièmement, on a bien vu que la censure n'avait pas été du tout appréciée
01:13:48par les agriculteurs parce qu'elle retardait la mise en application
01:13:51d'un certain nombre de décisions qui ont été prises notamment par Gabriel Attal,
01:13:54qui en a mis en application un certain nombre.
01:13:56Mais pour d'autres, il y avait besoin d'avoir des décrets d'application,
01:13:58d'avoir une transposition.
01:14:00Gabriel Attal avait été extrêmement clair sur sa volonté
01:14:03de simplifier, de débureaucratiser un certain nombre de fonctionnements.
01:14:07Ça pose en fait la question du rôle que l'on souhaite donner aux agriculteurs en France.
01:14:11Vous avez deux options.
01:14:12Soit vous en faites finalement des annexes paysagistes
01:14:17et vous considérez qu'ils sont là juste pour entretenir un peu les paysages de nos terroirs.
01:14:22Moi, ce n'est pas mon option.
01:14:23Soit vous considérez qu'il faut donner les moyens
01:14:25à la fois pour produire en quantité et en qualité.
01:14:27Et là, ça implique effectivement de faire des choix politiques.
01:14:30C'est le dilemme avec le Mercosur.
01:14:32Est-ce qu'on accepte de les mettre à genoux,
01:14:34c'est-à-dire en autorisant d'importer des denrées
01:14:35qui sont traitées avec des produits que nous,
01:14:37on interdit en France à nos agriculteurs ?
01:14:39Ça pose un certain nombre de questions.
01:14:40Donc, c'est sur ce point-là, évidemment, que nous, on s'oriente
01:14:42et qu'on souhaite aussi apporter des réponses.
01:14:44Donc, ça va dépendre au législateur maintenant de pouvoir apporter le soutien.
01:14:47La classe politique, pour une fois, a été unanime
01:14:49dans son refus de l'application du traité Mercosur.
01:14:52On va voir ce que ça donne.
01:14:53Je crois que le président est très clair sur le sujet
01:14:55et on va rentrer dans le bras de fer.
01:14:56Et on va suivre ça avec attention.
01:14:57Assiste-ami, vous avez entendu les petites musiques.
01:14:59C'est la fin de cette heure des pro-week-end.
01:15:01Merci de m'avoir accompagné.
01:15:04Je souhaite bon courage à Elodie Huchard,
01:15:07qui a été victime d'un virus.
01:15:09Et vous savez quoi ?
01:15:11Le thème de l'émission de Brigitte Millot qui suit,
01:15:14c'est comment lutter contre les virus qui circulent.
01:15:16Voilà, le hasard fait que...
01:15:17On pense à Elodie.
01:15:18Et on pense très fort à Elodie.
01:15:20Et merci beaucoup à Sabrina Slimani qui m'a préparé,
01:15:24très rapidement, cette émission.
01:15:28Merci à vous tous et je vous retrouve à midi pour Midi News.
01:15:32A tout à l'heure.
01:15:33Belle matinée sur CNews.