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Agnès Pannier-Runacher , ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche est l'invitée de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL Matin avec Olivier Boy du 27 décembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02L'invité d'RTL Matin est la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Bonjour Madame.
00:08Bonjour.
00:08On va évoquer d'abord avec vous la situation à Mayotte. Le Premier ministre François Bayrou part dimanche avec notamment
00:15Elisabeth Borne ou encore Manuel Valls. Vous, vous n'y allez pas à Mayotte. Pour quelles raisons ?
00:20Parce que j'irai dans quelques jours après. C'est-à-dire que moi je suis tout ce qui est en lien avec
00:27l'approvisionnement en eau, l'assainissement, le traitement des déchets. L'approvisionnement en eau, c'est le système
00:34d'approvisionnement, je dirais, par les tuyaux et les captages. Ce n'est pas l'acheminement de bouteilles d'eau qui a été
00:43organisé par les autres ministères. C'est le raccordement du réseau, c'est la réparation du réseau. On en est où d'ailleurs
00:48des derniers chiffres ? Il y avait une promesse que 90% du réseau soit réparé dès le week-end dernier. Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
00:55Oui, aujourd'hui 90% des Mayottais ont accès au réseau. De ceux qui avaient déjà accès au réseau, je rappelle qu'avant le cyclone,
01:04tout le monde n'avait pas accès au réseau d'eau. Ça c'est important pour comprendre aussi la crise auquel nous faisons face.
01:10En revanche, le réseau ne fonctionne pas 24h sur 24. On fait des tours d'eau pour permettre justement à chacun d'être approvisionné.
01:19Je vous demanderais si vous y alliez parce qu'on est d'accord que la gravité de ce cyclone, qui ne sont pas rares dans l'océan Indien,
01:25mais la gravité, l'ampleur du phénomène, la répétition aussi, c'est directement lié au dérèglement climatique qu'on connaît en ce moment et depuis des années.
01:32C'est un cyclone qui a tout ravagé. Je pense qu'il faut avoir cette idée que tout a été ravagé. Même les constructions endures, certaines ont vu
01:40leurs toits se décoller, partir. On est en saison des pluies. Il faut avoir cela aussi en tête, ce qui dégrade effectivement les conditions d'intervention.
01:49Il n'y a plus un arbre debout. Toute la partie électrique, tous les réseaux, tous les fils ont été ravagés. Et évidemment, toute la partie télécommunication.
01:59Télécommunication, ça veut dire que c'est très compliqué d'accéder aux personnes, de comprendre leurs besoins de manière rapide.
02:06Il faut aller sur place et c'est ça qui explique le temps qui est pris pour accompagner et reconstruire.
02:13C'est une énième catastrophe qui touche le territoire français, évidemment pas sur les mêmes lieux géographiques, mais on a connu les inondations dans le Nord-Pas-de-Calais.
02:20On a connu plus récemment, vous étiez en charge déjà, les inondations et la tempête en Ardèche, dans la Loire également. L'année 2024 a été de ce point de vue-là une année terrible ?
02:31Oui, en même temps c'est une année qui illustre ce qu'est le dérèglement climatique, qui envoie un message à tous ceux qui nous demandent de regarder ailleurs.
02:38Le dérèglement climatique, il est là, il est dans nos quotidiens, il menace nos emplois, il menace nos maisons et il faut agir.
02:46Et c'est un appel à l'action. Tous ceux qui disent qu'il faut ralentir dans la lutte contre le dérèglement climatique mettent en danger les françaises et les français,
02:54mettent en danger leur emploi. 80% des emplois en France sont liés à ce qu'on appelle les actifs naturels, c'est-à-dire qu'un titre ou un autre sont reliés à la nature.
03:03Lorsque vous êtes dans l'agroalimentaire, il faut pousser des plantes et il faut avoir de l'élevage. Lorsque vous êtes dans la construction bois, il faut des forêts.
03:13Et vous pouvez répéter dans la pharmacie, dans la cosmétique, vous êtes liés à la nature.
03:19Donc il y a plus que jamais urgence, on est d'accord, vous l'avez dit d'ailleurs lors de votre passation, mais si on regarde aujourd'hui, vous perdez par exemple le secteur de l'énergie
03:26dans votre ministère de tutelle qui part à l'économie. Vous êtes douzième sur le rang protocolaire.
03:33Juste, je dis ceci pour comparaison, Nicolas Elot, il était ministre d'Etat, troisième du gouvernement au moment où Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir.
03:40Est-ce que ça, ce n'est pas un signal, un symbole que l'écologie n'est pas vraiment la priorité de ce gouvernement ?
03:44Je ne partage pas cette analyse parce qu'au contraire, j'élargis mon portefeuille à tout ce qui est enjeu de la forêt, les enjeux de la mer et de la pêche.
03:52Et je conserve la décarbonation de tous les secteurs, c'est-à-dire y compris celui de l'énergie.
03:57Mais comment on est ministre de l'écologie sans s'occuper d'énergie ?
04:01Mais je m'occupe de l'énergie, j'en ai le pilotage sur la partie décarbonation. C'est une compétence qui est partagée.
04:08Et par ailleurs, je rappelle que tant Éric Lombard que Marc Ferracci, Éric Lombard qui est le ministre de l'économie, Marc Ferracci qui est le ministre de l'industrie et de l'énergie,
04:18ont clairement affirmé leur engagement sur la décarbonation.
04:22Pourquoi on réunit industrie et énergie ?
04:25Parce que ce sont les réponses, ce sont les solutions pour construire les filières qui vont nous permettre de lutter contre le dérèglement climatique.
04:33Il faut des solutions, les Français ont besoin de solutions, ils ne sont pas contre la lutte contre le dérèglement climatique.
04:38Mais lorsqu'on dit il faut changer de voiture, ils disent très bien, mais je veux une voiture électrique qui ne soit pas chère et qui fonctionne.
04:44Que je ne me retrouve pas en difficulté parce que je n'ai pas une recharge rapide à proximité de chez moi.
04:50Donc c'est ces politiques que nous devons développer de façon à avoir de l'emploi.
04:55C'est tout le sens de la vallée européenne, de la batterie électrique que nous avons mis en place dans les Hauts-Hauts de France.
05:00Vous avez 20 000 emplois à la clé et de mettre en place des solutions qui soient accessibles au portefeuille des Français.
05:07Vous l'avez évoqué vous-même, le fait que la pêche soit sous votre responsabilité.
05:11On a entendu le 7h30 un pêcheur, le représentant dans le Finistère, qui disait justement qu'il regrettait qu'il n'y ait pas de ministère dédié alors que c'est un sujet, selon lui, central.
05:21Qu'est-ce que vous lui répondez ?
05:23Je lui réponds qu'il a un ministre plein et pas un ministre délégué.
05:26Et justement, vous mentionnez le rang protocolaire.
05:28Pour le coup, aujourd'hui, la pêche et la mer font l'objet d'un ministère plein.
05:33Je crois que c'est un signal fort envoyé par le Président de la République et le Premier ministre.
05:36Alors, l'urgence climatique, on a ce matin les chiffres sur les émissions de gaz à effet de serre en France.
05:41Je rappelle qu'on a l'objectif de les réduire de 30% à horizon 2030.
05:47Et là, ils repartent à la hausse ce matin sur les chiffres que vous nous annoncez pour le troisième trimestre.
05:52Attention, plusieurs choses.
05:53D'abord, on a déjà réduit nos émissions de 30%.
05:56L'objectif pour 2030, c'est 55%.
06:00Deuxièmement, effectivement, nous avons un ralentissement de la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre.
06:06Ce ralentissement, fort heureusement, nous laisse encore sur la bonne trajectoire.
06:10C'est-à-dire que, compte tenu des efforts que nous avons fait ces deux dernières années,
06:15nous ne prenons pas de retard.
06:17Mais attention, ça nous rappelle qu'il ne faut pas baisser la garde.
06:20Et que les Français doivent avoir des messages très clairs sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
06:26Deux phénomènes, alors.
06:28Ce sont des premiers éléments, il va falloir investiguer plus avant, mais deux phénomènes assez clairement.
06:32Le ralentissement du passage à la voiture électrique, en particulier dans les entreprises.
06:37Les entreprises achètent deux fois moins de voitures électriques que les ménages.
06:41Et donc, elles ne jouent pas le jeu. Il va falloir les pousser à jouer le jeu.
06:44Et deuxième élément, c'est sur le chauffage.
06:47Alors qu'on avait eu un rythme important de baisse des émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments,
06:52avec la rénovation thermique et avec le changement de chaudières fossiles,
06:56on constate cette année une augmentation de la pose de chaudières gaz.
06:59Donc ça, ce n'est pas une bonne nouvelle.
07:00Qu'est-ce que vous allez faire ?
07:01Une augmentation de l'utilisation du fioul.
07:04On prend la voiture électrique, le bonus va baisser à partir de janvier
07:07et ça pénalise clairement les ventes de voitures électriques qui baissent en ce moment en Europe.
07:12Qu'est-ce que vous pouvez faire là-dessus ?
07:14Attention, le bonus est bien maintenu et par ailleurs,
07:17nous allons travailler au travers des certificats d'économie d'énergie
07:20pour compléter ce bonus et faire en sorte que les Français aient des aides importantes.
07:26Par ailleurs, le prix des voitures électriques, et ça c'est une bonne nouvelle,
07:29est en train de fortement baisser.
07:31On n'est pas encore au coût de la voiture thermique.
07:34Et puis avec les marques chinoises, pas avec les marques françaises ?
07:37Non, avec les marques françaises, je rappelle que la C3,
07:40c'est une voiture électrique qui est en dessous de 25 000 euros.
07:44Je rappelle que la R5 électrique, elle est produite en France,
07:48elle est à moins de 30 000 euros.
07:49Nos politiques avaient été calées il y a quelques années sur des voitures électriques
07:55qui étaient au-delà de 30 000 euros, c'est-à-dire un montant considérable.
07:58Donc ça c'est un des éléments positifs.
08:00Le bonus 4 000 euros, est-ce que ça va augmenter ?
08:02C'est juste pour qu'on ait des chiffres sur les ordres de grandeur
08:04que les Français puissent se projeter dans un éventuel budget.
08:06Ce n'est pas encore tranché.
08:08Par contre, ce qui est clair, c'est que vous avez aussi des aides
08:13pour la pose de bornes électriques et que, comme je vous l'indiquais,
08:19vous avez un marché de la voiture de l'occasion qui est en train de se constituer.
08:24Parce que les Français n'achètent pas... 85% des Français achètent des voitures d'occasion.
08:30Et c'est ce marché-là aussi qui va décoller progressivement.
08:33Et c'est ça qui va nous permettre de basculer.
08:35Mais aujourd'hui, l'enjeu, c'est les entreprises qui n'achètent que 11% de voitures électriques,
08:41là où les Français, les ménages, achètent 25%.
08:43Est-ce que vous avez des garanties sur les moyens que vous aurez pour agir ?
08:47On a en tête qu'il y a deux mois, lors du gouvernement Barnier,
08:50vous aviez les mêmes fonctions.
08:52Vous aviez laissé entendre que le compte n'y était pas pour le moment,
08:55laissant même planer la menace d'un départ si les choses n'étaient pas rectifiées.
09:00Aujourd'hui, vous allez avoir les moyens de fonctionner ?
09:03En tout cas, moi je porterai effectivement une vision offensive.
09:07L'examen du budget tel qu'il a été fait à l'Assemblée nationale et au Sénat
09:13a permis de faire des avancées assez importantes sur ce budget-là.
09:18Je pense notamment à l'enveloppe des carbonations de l'industrie,
09:21je pense à l'augmentation du fonds chaleur,
09:23je pense effectivement au budget du fonds Barnier,
09:27qui est un budget qui permet d'accompagner notre territoire
09:31à l'adaptation aux changements climatiques, c'est essentiel.
09:33C'est là-dessus que c'était critiqué, l'enveloppe avait beaucoup baissé,
09:35ce fonds de transition qui est censé aider les collectivités.
09:37L'enveloppe était stabilisée et j'ai obtenu à l'époque une augmentation de 30%.
09:42Maintenant, on remet les compteurs à zéro,
09:44donc c'est une nouvelle discussion budgétaire qui va démarrer,
09:47mais je pense que les éléments de la discussion budgétaire antérieure
09:51restera en mémoire de chacun et on voit bien les améliorations
09:54qu'il faut apporter à ce budget, tout en étant responsable.
09:58Parce que si on ne tient pas les finances publiques,
10:02c'est nos prêteurs qui vont exiger plus d'intérêts
10:07et là ça sera moins d'argent public pour nos politiques publiques,
10:11qu'elles soient écologiques ou dans d'autres domaines.
10:13Merci beaucoup, Agnès Pannier-Runacher, d'avoir été avec nous sur RTL ce matin.
10:16Je rappelle que vous êtes la ministre de la transition écologique,
10:19de la pêche également, puisque vous avez rassuré notre auditeur
10:22qui s'inquiétait de ne plus avoir de ministère de plein exercice là-dessus.
10:25Merci à vous.

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