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Avec Antoine Piacenza, CPE dans un collège de Mamoudzou

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-23##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Maxime Liédo.
00:04Et on part immédiatement du côté de Mayotte, jour de deuil national avec Antoine Cassenza, bonjour.
00:10Bonjour.
00:12Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes CPE dans un collège de Mamoudjou, c'est le collège Kaweni, c'est un des quartiers qui a été les plus touchés.
00:20C'est, on le rappelle évidemment, un cyclone qui a totalement détruit l'archipel pour leur 35 décès, nous dit-on plus de 79 blessés
00:27et un peu plus de 3 000 blessés légers sont recensés.
00:31Dès la fin de ce week-end, dans une interview dans le JDD, Bruno Rotailleau, ministre de l'Intérieur, nous disait que 90% de la population serait reliée à l'eau courante.
00:40Quelle est la situation concrètement ce matin sur le terrain ?
00:43Alors, au niveau de l'eau, effectivement ça y est, on a réussi à avoir de l'eau dans les robinets,
00:50donc dans les robinets des établissements scolaires et aussi de nos maisons.
00:56Ensuite, concernant tout ce qui est l'acheminement de nourriture, etc., nous, on ne le voit toujours pas.
01:05Donc c'est pour ça que nous, hier, on a pris la décision de faire...
01:09Quand vous dites que vous ne voyez toujours pas, vous n'y avez pas accès, ce n'est toujours pas arrivé, vous êtes mal aiguillé encore sur le territoire actuellement ?
01:16Écoutez, honnêtement, on n'en sait absolument rien. Personne ne sait où c'est.
01:20Moi, de toutes les échos que je demande, etc., personne ne sait où c'est.
01:24Vous n'avez pas de lien avec les autorités ?
01:26Si vous les voyez, vous me le dites aussi, parce que pareil, j'ai vu zéro policier, zéro militaire qui vient nous aider.
01:33Puisque nous, on est dans un centre d'accueil, donc c'est le lycée des Lumières, donc à Kauany.
01:38Écoutez, on est une dizaine, je veux dire, de bénévoles.
01:42On est, je crois, le seul de l'éducation nationale.
01:45Qu'on comprenne bien, vous êtes quand même une des zones qui avaient été les plus touchées par le cyclone.
01:49On a eu des déclarations politiques du ministre de l'Intérieur, Emmanuel Macron, qui a quitté le territoire de Mayotte,
01:56pas plus tard qu'il y a 2-3 jours, en disant que toutes les forces de l'État seraient là.
02:01Si je peux me permettre, il vous a même un peu engueulé.
02:03Et là, vous me dites qu'il n'y a pas de policiers, il n'y a pas de soignants, il n'y a pas...
02:07En tout cas, je vous explique.
02:09En tout cas, nous, dans les centres d'accueil, là où on a demandé aux gens d'aller pour se regrouper, il n'y a personne.
02:17Là, nous, on est une dizaine à gérer à peu près 600 personnes.
02:22Et voilà, exactement.
02:24Et pourtant, on n'est pas du tout qualifiés pour ça.
02:26Et là, du coup, étant donné qu'avant-hier, le repas qu'on a dû donner aux gens,
02:32donc les enfants, les adultes, etc., c'était un paquet de bichocos, trois bonbons.
02:37Donc nous, on en a eu marre.
02:38Et là, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait un appel au don de tous nos amis, etc.,
02:41pour récolter de l'argent et nous-mêmes faire des courses pour les gens.
02:44Vous nous dites qu'en fait, Emmanuel Macron, qui disait que vous aviez quand même bien de la chance d'être en France
02:48parce que vous étiez aidé quand même de façon extraordinaire,
02:51là, vous nous dites qu'il n'y a pas les forces de l'État,
02:53que globalement, il y a un peu d'eau, mais on n'est pas non plus certain,
02:55et qu'en plus, tout ce qui est alimentaire, c'est du chocobon, c'est du chocolat,
02:59parce qu'en réalité, c'est vous-même qui faites les courses, c'est ça ?
03:02Alors, moi, pour revenir sur les propos du Président, c'est que c'est vrai.
03:10En France, on n'est plus une grande puissance, etc., et on a les moyens de dépenser les choses.
03:14Le problème, c'est un manque d'organisation.
03:16Je suis persuadé que ça doit être quelque part sur Mayotte, toutes ces ressources,
03:20mais elles sont mal distribuées ou je ne sais pas comment elles s'organisent.
03:23Et du coup, dans les établissements, les centres qui ont servi de centres d'accueil,
03:26donc là où les gens sont allés se réfugier,
03:28moi, je contacte tous mes amis professeurs ou autres qui sont dans les autres établissements
03:32et c'est la même situation partout pareil.
03:35Le seul truc qu'on a eu, c'est qu'on a eu des petites livraisons de la part des mairies,
03:38donc c'est une initiative locale encore,
03:41et c'était justement, comme je vous ai dit, ces paquets de bistrocos, etc., qu'on a pu avoir.
03:46Sauf que ce n'est pas des repas.
03:48Non, mais surtout que même d'un point de vue financier,
03:52de ce que je comprends, de ce que vous nous dites actuellement sur Sud Radio,
03:56c'est que c'est presque des virements entre particuliers
03:59pour essayer de faire des petits concitiers là.
04:02Ce n'est pas presque, je vous le dis.
04:04Moi, j'ai utilisé Instagram et j'ai fait une story,
04:09j'ai demandé aux gens s'ils voulaient me faire directement des virements sur mon compte bancaire
04:14pour que moi, j'aille acheter ensuite avec tous mes amis, bien sûr,
04:17faire des courses pour nourrir les gens.
04:20Et du coup, hier, on a pu enfin faire un repas avec du riz et du poulet.
04:25C'est ce qui s'est passé.
04:26Et vous nous dites ?
04:27Sinon, nous, à longueur de journée, on entendait des enfants nous dire
04:30« J'ai faim, j'ai soif, etc. »
04:33Le problème de l'eau, c'est bon, ils l'ont réglé.
04:35Donc, effectivement, on a de l'eau jusqu'à 17 heures.
04:37Donc, au moins, ça a permis de faire des réserves, etc.
04:41Donc, au moins, on a pu s'en occuper.
04:43Mais le problème de la nourriture, il est toujours présent.
04:45Moi, surtout, je travaille dans l'éducation nationale.
04:47D'entendre des enfants, à longueur de journée, me dire « J'ai faim, etc. »
04:51C'est impossible.
04:52On ne tient pas comme ça.
04:54Et vous nous dites que, parce qu'on vous a au téléphone,
04:57je rappelle que vous êtes dans le collège Kawini.
05:00C'est un collège de la région de Mamoudzou, on va dire.
05:04Donc, c'est évidemment une des parties du territoire qui a été le plus touchée.
05:08Mais quand vous discutez ou quand vous arrivez à échanger avec vos autres camarades ailleurs,
05:12ils sont dans la même situation.
05:14Exactement.
05:15Alors, moi, je précise juste, je travaille au collège Kawini 2,
05:18mais là, on est au lycée des Lumières.
05:20Le collège Kawini 2...
05:21Je vous avais dit tout à l'heure, parce que c'est le centre d'accueil.
05:24Voilà, ça a été un des centres d'accueil.
05:26Effectivement.
05:27Moi, j'ai eu des amis qui sont à Majikavo, etc.
05:30Donc, c'est d'autres établissements.
05:32En fait, c'est géré par des bénévoles, pas du tout par l'État.
05:37Donc, comme je disais, nous, on n'est pas qualifiés.
05:40À la base, il faut gérer 600 personnes, surtout des adultes, etc.
05:45Pour leur servir à manger, les contrôler, etc.
05:47Sur la gestion de la nourriture, etc.
05:49Ce n'est pas notre taf à la base.
05:51Parce que vous êtes actuellement combien au lycée des Lumières,
05:54dans ce centre d'accueil ?
05:56Alors, du coup, on est en train d'essayer nous-mêmes de faire le recensement.
06:00Et on ne l'a pas fini.
06:02Donc, je ne pourrais pas vous le dire exactement,
06:04parce que ça prend beaucoup de temps.
06:06Mais on a estimé déjà à peu près 600 personnes qui dorment le soir.
06:11Parce que la journée, du coup, les adultes,
06:14donc les hommes, partent du lycée pour aller reconstruire leur maison.
06:18Le soir, on est à peu près autour de...
06:20La première estimation, c'était 600.
06:22Et là, on est en train d'essayer de finir le recensement
06:24pour avoir une liste complète et beaucoup plus précise.
06:28Bon, Antoine Piacenza, je vous remercie d'avoir été sur Sud Radio ce matin
06:31pour nous décrire en cette journée de deuil national
06:33décrétée par le Président de la République à Mayotte.
06:36Une situation qui, visiblement, n'a pas changé.
06:38Si l'eau est revenue, toujours pas de nourriture,
06:40toujours pas de service de l'État.
06:42Peut-être que, plutôt que d'engueuler les Mahorais quand il est sur place,
06:46peut-être qu'Emmanuel Macron devrait s'assurer
06:48qu'actuellement, sur le sol de Mayotte,
06:50il y ait suffisamment de service de l'État
06:52pour justement venir en aide aux habitants
06:54qui doivent, de ce que nous disait actuellement Antoine Piacenza,
06:58eux-mêmes reconstruire leur maison,
07:01eux-mêmes donner à manger aux habitants
07:03et eux-mêmes payer les quelques nourritures
07:06qui, finalement, se contentent de quelques bouts de pain,
07:08de quelques bonbons et autres sucreries.
07:12Il est 7h45 sur Sud Radio.

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