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En 1973, alors à l'apogée de sa gloire, Brigitte Bardot arrête le cinéma pour se consacrer entièrement à un combat : la défense et la protection des animaux. Ce portrait revient sur sa carrière et comment sa bataille pour la cause animale a rythmé sa vie. Pour la première fois, Brigitte Bardot revient sur cette épopée passionnante mais jalonnée d'épreuves. Un témoignage inédit et exclusif nous permet de comprendre un personnage complexe qui après avoir révolutionné l'image de la femme, a été pionnière d'un combat moderne et d'actualité aujourd'hui.
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Transcription
00:00Elle était la plus belle, la plus célèbre, la plus désirée.
00:05Elle aimait la fête, chanter et danser.
00:11Elle aimait les hommes, l'amour et la vie.
00:15Elle avait le monde à ses pieds.
00:18A 38 ans, à l'apogée de sa gloire et de sa beauté,
00:21elle abandonne pourtant un statut de star mondiale
00:24pour une religion dévorante, la défense des animaux.
00:27Je suis l'avocat des bêtes, des animaux.
00:311977, c'est sur la banquise canadienne que Bardot, la star,
00:35devient Sainte-Brigitte, mère protectrice des animaux.
00:38En 50 ans, elle a construit une véritable machine de guerre à leur service.
00:43Pour la première fois, elle a accepté de revenir avec nous
00:46sur cette épopée méconnue, ambitieuse, douloureuse, mais passionnante.
00:52Ma vie, maintenant, elle appartient au sauvetage d'animaux.
00:57Elle ne m'appartient plus.
01:14Colline n°545, première.
01:19Partez !
01:23Ces images sont historiques.
01:25C'est la dernière fois que Brigitte Bardot fait l'actrice.
01:28Cette chanson, de quoi parle-t-elle ?
01:31Elle ne parle de rien.
01:33C'est un trobarde-clous.
01:35Un trobarde-clous ?
01:37Une chanson close, obscure.
01:41Sur le tournage de Colline aux trousses-chemises, son 51e film,
01:45Brigitte Bardot a l'esprit ailleurs.
01:47Attention au bonheur !
01:49Depuis un moment déjà, Bébé vit un véritable dilemme.
01:52Le cinéma l'intéresse de moins en moins,
01:54alors que les animaux l'obsèdent de plus en plus.
01:57Un dilemme qui sera tranché le 6 juin 1973,
02:00à cause d'une étrange rencontre.
02:04On était en train de tourner une scène,
02:06où j'étais habillée avec un M, un machin,
02:09le truc moyenâgeux,
02:12et il y avait une dame qui faisait de la figuration,
02:15avec une chèvre.
02:17Evidemment, qu'est-ce que j'ai fait ?
02:19Aller directement vers cette dame avec sa chèvre.
02:22Je lui ai dit, elle est mignonne, votre chèvre et tout.
02:25Et elle me dit, dépêchez-vous de finir votre film, là,
02:28parce que dimanche, je fais un méchoui avec ma chèvre
02:32pour la communion de mon petit-fils et je sais pas quoi.
02:36Putain, là, j'ai cru que j'allais mourir.
02:39J'ai dit, vous allez la tuer ?
02:41Bien sûr, on va faire un méchoui.
02:44J'ai acheté la chèvre, j'ai quitté le plateau,
02:48je suis partie avec ma chèvre dans mon 5 étoiles,
02:51je l'ai mise dans mon lit avec la sienne et moi.
02:55Ça a fait un bordel dans l'hôtel.
02:59Je me suis vue dans une glace,
03:02je me suis dit, mais qu'est-ce que je fous là,
03:05déguisée ridicule,
03:08alors qu'une chèvre allait mourir dimanche,
03:12dimanche, pour faire un méchoui ?
03:16Mais la vie de cette chèvre,
03:18elle est bien plus importante que n'importe quoi.
03:21Et là, j'ai pris conscience
03:24qu'une vie d'animal
03:28était plus importante que toutes ces singeries
03:32que j'étais en train de faire de ma vie.
03:36Et j'ai décidé de ne plus les faire.
03:38Je veux moins passer mon temps
03:40à m'occuper de la défense animale.
03:43Et je crois que j'aurai beaucoup de travail.
03:45C'est pour ça qu'il vaut mieux que je fasse plus de cinéma.
03:47C'est peut-être son dernier film
03:49que Brigitte Bardot est en train de tourner à Sarlat dans le périple.
03:52Il faudra donc s'y faire.
03:53Brigitte Bardot plante les caméras pour aller planter ses choux.
03:55Voilà, c'est fini.
03:59Quand, à l'issue de ce tournage,
04:01Brigitte Bardot abandonne le 7e art,
04:03son bilan est flamboyant.
04:0551 films dont une poignée de chefs-d'oeuvre.
04:09Un répertoire musical promis à la postérité
04:12et une iconographie qui magnétisera encore longtemps les pages des magazines.
04:16Avec un tel palmarès,
04:18qui pouvait croire à une décision aussi radicale de sa part ?
04:21Elle est sans doute la seule, en juin 1973,
04:24à savoir que ses adieux au cinéma sont irrévocables.
04:28Quand je prends une décision,
04:30je la prends en ayant mûrement réfléchi à ce que je fais.
04:37Je ne reviens jamais dessus.
04:40Jamais.
04:43Pourtant, à l'époque, dans la presse comme auprès du public,
04:46c'est le scepticisme qui l'emporte.
04:49Pourquoi cette blonde incandescente,
04:51devenue non pas une star parmi d'autres,
04:53mais LA star internationale,
04:55claquerait-elle la porte du cinéma qui lui a tout donné ?
04:59D'autant qu'il est si simple de la confondre avec ses rôles.
05:02L'héroïne d'une ravissante idiote,
05:04ou de La femme et le pantin,
05:06est-elle à même de prendre une décision réfléchie ?
05:11C'est qu'on est à mille lieux d'imaginer le rejet violent et irréversible
05:15qu'elle éprouve depuis longtemps pour le cinéma.
05:19J'étais traitée comme une reine,
05:21mais ça ne correspondait pas
05:24à ce que j'avais en moi profondément, voilà.
05:28C'était du faux, des faux sentiments,
05:32des faux décors, des faux trucs,
05:35des faux mots qu'on dit aux autres.
05:41Bardot est en quête d'authenticité.
05:43Une authenticité qu'elle ne trouve qu'auprès des animaux.
05:47Entre elle et eux, c'est du sérieux.
05:49Une histoire d'amour de toujours qu'on ne voulait pas voir
05:52et dont elle ne s'est pourtant jamais cachée.
05:55D'ailleurs, toute sa carrière cinématographique
05:57pourrait être revue à l'aune de cette passion dévorante.
06:01Sur les tournages qu'elle trouve interminables,
06:03tout l'énerve.
06:05Je sais que ça fait un mal au genou, c'est terrible.
06:10On va y aller ?
06:11Régime ta position.
06:12Position.
06:13C'est pas confortable.
06:15J'ai mal.
06:16Lance, oublie, claque.
06:17Un ancien moteur.
06:20Les animaux sont son échappatoire.
06:22Ses alliés et ses amis, son unique moyen de se connecter au monde réel
06:26dont son statut l'a irrémédiablement coupé.
06:31Quand ils ne sont pas naturellement présents sur les plateaux,
06:34Bardot s'arrange toujours pour les y inviter.
06:38Il y avait toujours des animaux.
06:41Ça me stimulait, j'étais contente.
06:43Ils étaient là, je les caressais.
06:45Que ce soit un âne, un cheval, une vache.
06:48Un chien, un chat, un canard.
06:57Sur le tournage de vie privée de Louis Malle,
07:00bébé sauve de la mort une fratrie de canetons orphelins
07:03en les couvant littéralement dans son décolleté.
07:09J'en ai rendu plus d'une folle, les abysses, les pauvres.
07:13Avec tous les animaux que je me trimballe.
07:19Aussitôt qu'elle le peut, Bardot fuit les plateaux de cinéma
07:22où elle s'ennuie à mourir pour investir les refuges de la SPA.
07:28Je vais repartir de là avec tous les chats et tous les chiens.
07:33La SPA, c'est à l'époque la seule organisation dédiée à la défense des animaux
07:37et essentiellement à l'accueil des chiens et des chats errants.
07:40Quand ils ne sont pas adoptés rapidement, ils sont supprimés.
07:43Moi je ne savais pas qu'on piquait les chiens à la SPA.
07:45Je croyais que ce n'était pas un paradis pour animaux,
07:49mais enfin, en tout cas, un asile sûr
07:52dans lequel ils pouvaient vivre en attendant un maître.
07:59J'ai pris dix chiens, vingt chats.
08:08Et j'ai mis tous les chiens derrière avec moi, dix chiens.
08:13Et c'est drôle parce qu'il y avait un truc qui a séparé le chauffeur de derrière.
08:21Il y avait vingt chats avec le chauffeur devant et le truc fermé.
08:25Et le chauffeur, il ne pouvait pas conduire
08:28parce qu'il avait les chats qui lui grappaient sur la tête.
08:37Je suis arrivée sur les plateaux de boulogne.
08:40Je suis rentrée dans tous les plateaux qui tournaient.
08:44Et j'ai dit, écoutez, j'ai des chiens à placer.
08:48Si vous n'en prenez pas, je ne tourne plus.
08:52Je fais la grève.
08:56J'ai placé tous mes chiens.
08:58Je les ai sortis de cages ignobles, affreuses, sales,
09:02où ils étaient dans un état de détresse.
09:06Mais j'en aurais pris bien plus.
09:10Pour Bardot, le cinéma fut donc toujours un moyen plutôt qu'une fin.
09:14Chez elle, aucun rêve de gloire ou d'argent.
09:17Ses ambitions sont bien plus surprenantes et traduisent déjà ses véritables priorités.
09:24Je voulais faire du cinéma pour m'acheter une ferme
09:27où on ne tuerait pas les animaux.
09:29Ça, ça a toujours été dans ma tête.
09:33Basoche, maison de poupées acquise en 1959
09:36dans une vallée cossue de la région parisienne,
09:39donnera une réalité à son rêve.
09:47Une maison qui nous restitue encore aujourd'hui, intacte,
09:50le charme et la simplicité de sa vie à la campagne dans les années 60.
09:54Très loin des paillettes de stars.
09:56Sa guitare trône dans le salon,
09:58tout près du piano sur lequel Serge Gainsbourg
10:00a composé pour elle quelques chefs-d'oeuvre.
10:14L'amour incandescent entre Bardot et Gainsbourg
10:17semble irradier encore ce rêve.
10:19Le premier film de Bardot,
10:21L'amour incandescent entre Bardot et Gainsbourg
10:24semble irradier encore ce lieu que la star a pensé
10:27comme un paradis pour elle
10:29et pour les animaux qu'elle accueille en grand nombre.
10:40Une fée, des animaux, un décor bucolique.
10:45On se croirait presque dans un dessin animé.
10:48Ce n'est pas un hasard.
10:52J'avais une passion pour Blanche-Neige
10:55parce qu'elle était entourée d'animaux.
10:57C'était extraordinaire, tous ces petits oiseaux
11:00qui lui apportaient sa robe,
11:03qui venaient tirer ses rideaux le matin.
11:12À l'époque où Brigitte Bardot était le sex-symbole absolu,
11:16on nous aurait dit que son rêve et son fantasme absolus
11:19à elle, c'est Blanche-Neige et les sept nains,
11:22on aurait ri.
11:23C'est à l'opposé de l'image qu'on s'en faisait.
11:26Cependant, quand on voit que sa trajectoire
11:29l'a amenée à devenir Blanche-Neige
11:31et parlant à tous les animaux autour d'elle,
11:34c'était son fantasme inaugural.
11:37Brigitte Bardot se rêve donc en Blanche-Neige,
11:40cette icône asexuée de Disney,
11:42tout en incarnant pendant toute une partie de sa vie
11:45une femme libre, provoquante,
11:47qui dévore la vie à pleines dents.
11:50Elle collectionne les amants au gré de ses coups de cœur
11:53et de ses envies.
11:57Elle est la femme de la vie.
11:59Elle est la femme de la vie.
12:01Elle est la femme de la vie.
12:04Brigitte Bardot, c'est une révolution sexuelle
12:06à elle toute seule, bien avant mai 68.
12:09Et notre révolutionnaire est aussi libre
12:11dans ses actes que dans ses paroles.
12:16Quel était le jour le plus heureux de votre vie ?
12:18Une nuit.
12:19Une nuit !
12:25Son sex-appeal naturel,
12:27c'est le sexe.
12:30Son sex-appeal naturel alimente tous les désirs.
12:53Est-ce que vous avez des idées préconçues
12:55sur les hommes américains ?
12:58Non ?
12:59Je pense qu'ils sont merveilleux.
13:01Regardez !
13:05Mais une liberté aussi effrontément affichée,
13:08revendiquée,
13:09dans la société patriarcale et machiste des années 60,
13:12lui attire autant d'amour que de haine.
13:14Et les cinéastes utilisent son sex-appeal
13:17pour dynamiter l'ordre établi.
13:20Vous avez des pieds de marquise.
13:22M. Carradine, vous avez un culot du diable.
13:27Ça va barder.
13:30Bonjour, monsieur.
13:31Les hommages, madame.
13:32Ça fait une demi-heure que tu devrais être à la librairie.
13:34Naturellement, tu préfères te montrer nue devant des hommes,
13:37des vergondés.
13:38On sort une fille de l'orphelinat
13:40et voilà sa façon de vous dire merci.
13:42Mais je travaille.
13:43Mais je travaille.
13:44Mais je travaille.
13:45Mais je travaille.
13:46Mais je travaille.
13:47Voilà sa façon de vous dire merci.
13:48Mais je travaille.
13:49Mais je travaille.
13:50Ah oui, d'une jolie manière.
13:51Ah oui, d'une jolie manière.
13:52Toi, tu dira pas longtemps,
13:54je te réserve une surprise.
13:56C'est tout ce qu'on raconte de toi dans le pays.
13:58Tu t'en moques ?
13:59Eh ben moi pas,
14:00j'ai des vergondés.
14:01Tu parles de bail, celui-là.
14:06Une violence qui traduit bien la place
14:08qu'occupe Brigitte Bardot
14:09dans l'imaginaire collectif des français.
14:13Son public vit comme une trahison
14:15la fin de sa carrière d'icône.
14:21Et les hommes, dont elle est le fantasme absolu,
14:23se sentent tout particulièrement trahis.
14:30Elle est gentille, elle aime les animaux.
14:32Elle s'occupe des bébêtes.
14:33Oui, oui, oui, bon bah ça va.
14:36Et j'ai été...
14:38Vous avez quelque chose à dire ?
14:39Non, je dis, j'aimerais bien qu'elle s'occupe de la mienne.
14:41Mais c'est pas...
14:43Ça s'arrête là.
14:45Oui, j'espère que ça s'arrêtera là.
14:49Cet amour des animaux, elle l'a toujours proclamé.
14:52Mais bébé, on ne l'écoutait pas.
14:54On se contentait de la regarder.
14:57Et pourtant, ce jour de janvier 1962,
14:59sur le plateau de 5 colonnes à la une,
15:01la militante cherchait déjà à faire oublier la star.
15:06Les petits animaux, les veaux, les moutons et les chèvres
15:09sont égorgés vivants.
15:12On leur coupe la gorge
15:14et le sang s'écoule, entraînant la mort.
15:20Vous dénoncez parce que vous croyez être un scandale,
15:22parce que vous pensez être un scandale.
15:24Je ne crois pas, je suis sûre que c'est un scandale.
15:28Et elle ne se contente pas de dénoncer.
15:30Elle apporte des solutions.
15:32Il y a quelque chose qui existe
15:34en Angleterre et au Danemark
15:37qui est un pistolet qui est muni d'un emporte-pièces
15:40avec une broche
15:42qui transperce la boîte crânienne
15:44qui donc met l'animal
15:46en chaos, si on peut dire.
15:48C'est une sorte d'anesthésie.
15:52C'est la première fois que Bardot prend position
15:54avec une telle force sur le problème de la maltraitance animale.
15:59J'étais malade de traque
16:01en me disant,
16:03selon ce que je vais dire,
16:05comment je vais le dire,
16:07la façon dont ça va être,
16:10interprété,
16:12je sauve
16:14ou je ne sauve pas des vies.
16:16Et ça c'est terrible,
16:18c'est comme un avocat un peu.
16:20Notre ambition,
16:22notre vœu, notre but
16:24c'est de faire passer
16:26un décret
16:28qui interdise
16:30la tuerie
16:32sans anesthésie
16:34ou sans assommement préalable.
16:39Des paroles aux actes.
16:41L'avocat de Bardot,
16:43déjà activiste de la cause animale,
16:45n'ignore pas que sans un prolongement législatif,
16:47les revendications énoncées à la télévision
16:49resteront lettres mortes.
16:51Direction donc les hautes instances
16:53de l'État pour les faire valider.
16:57C'est Roger Frey
16:59qui était ministre de l'intérieur à l'époque
17:01qui m'a reçu
17:03avec mes pistolets.
17:05Je lui apportais le prototype
17:07de pistolet d'abattage
17:09parce que ça n'existait pas à l'époque.
17:11Convaincu par l'exposé
17:13de la jeune actrice,
17:15Roger Frey fait passer en avril 1964
17:17un décret spécifiant
17:19que les animaux devront être endormis
17:21avant d'être saignés.
17:23Victoire pour Bardot,
17:25et pas des moindres.
17:27Mais il lui en faudra beaucoup d'autres
17:29pour acquérir une crédibilité.
17:33Sur le plateau de 5 colonnes à la une,
17:35Pierre Desgropes pose une dernière question
17:37que tout le monde a sur les lèvres.
17:39Une question dont elle aura
17:41à répondre toute sa vie.
17:43Vous ne pensez pas que le public va trouver étrange
17:45que vous, Brigitte Bardot, vous vous occupiez
17:47de ces problèmes ? Qu'il va se dire
17:49je m'excuse. C'est de la publicité.
17:51Pourquoi pas ? On se l'est déjà dit à propos d'autre chose.
17:53Oui. Vous savez, je pense
17:55que je suis peut-être une des rares personnes
17:57au monde qui n'ait pas besoin de publicité.
18:01La question est d'autant plus légitime
18:03que ce jour-là, Bardot a aggravé
18:05son cas.
18:07Ce ne sont plus seulement les chats et les chiens
18:09qui la préoccupent. La voilà qui met aussi son nez
18:11dans le milieu âpre et masculin des abattoirs.
18:17Si auprès des politiques, elle a remporté une victoire,
18:19auprès du public,
18:21elle reste inaudible.
18:23Et pour cause. Elle vient troubler le festin
18:25auquel accède enfin la France
18:27après les privations et les rationnements
18:29de la guerre.
18:31Elle a culpabilisé les mangeurs de viande
18:33devenus grâce à la prospérité des Trente Glorieuses
18:35le premier parti de France.
18:39Mais cet appétit insatiable pour la barbaque
18:41ne sera pas sans conséquence
18:43sur les conditions de vie des animaux.
18:45Désormais, on les fait se reproduire par milliers,
18:47par millions.
18:49Entassés, compressés,
18:51puis tués à grande échelle.
19:01Longtemps,
19:03Bardot, végétarienne depuis les années 70,
19:05sera l'une des rares
19:07à dénoncer ses dérives.
19:11Bardot seule contre tous.
19:13Et qui mesure, maintenant qu'elle est loin
19:15des plateaux de cinéma,
19:17le gouffre qui sépare le statut d'icône
19:19de celui de simple mortel.
19:27Le tournant a été très dur.
19:29Je sortais d'un milieu
19:31où j'avais un chauffeur,
19:33une maquilleuse,
19:35j'avais une vie extrêmement simplifiée.
19:37Tout le monde était là,
19:39elle veut une cigarette,
19:41on lui apportait une cigarette à verre de champagne.
19:43Puis tout d'un coup,
19:45je me suis retrouvée
19:47à aller ramasser les crottes
19:49des chiens à la SPA.
19:53J'avais un cœur,
19:55mais aucune expérience.
19:59Mais Brigitte dispose
20:01d'un atout considérable,
20:03sa célébrité.
20:05Il ne faut plus que les animaux
20:07soient les souffre-douleurs des hommes.
20:09Elle déploie sa verve
20:11sur tous les plateaux télévisés.
20:13La vivisection, ça c'est une horreur.
20:15On devrait au moins endormir les bêtes
20:17sur lesquelles on fait des expériences.
20:19De 1973 à 1977,
20:21elle devient la professionnelle
20:23de l'indignation tous azimuts.
20:25Une avocate un peu brouillonne,
20:27généreuse, mais peu efficace.
20:29Je trouve ça horrible.
20:31Un jour,
20:33je me suis dit,
20:35je vais structurer ça
20:37par quelque chose.
20:39J'ai voulu une fondation.
20:41Cette fondation, la fondation Brigitte Bardot,
20:43va se battre. Nous ne sommes pas là
20:45pour faire des sourires. Le but de ma fondation,
20:47c'est de rendre les lois fortes
20:49et applicables.
20:53Mais à ce moment-là, Brigitte la cigale
20:55n'est pas suffisamment armée pour affronter
20:57les contraintes juridiques et financières
20:59inhérentes à une telle entreprise.
21:01La première fondation Brigitte Bardot,
21:03née en 1976,
21:05fermera donc ses portes 4 mois seulement
21:07après sa création.
21:09Bardot accuse le coup.
21:11Mais lorsqu'on a trouvé en soi la force
21:13de renoncer à un destin fabuleux
21:15pour un sacerdoce ingrat,
21:17on ne se renie pas au premier revers.
21:19Et un an plus tard,
21:21en mars 1977,
21:23sur la banquise canadienne,
21:25la star va livrer, au nom des bébés phoques,
21:27le combat qui donnera enfin à sa cause
21:29toute sa légitimité.
21:31Grâce aux Suisses, Franz Weber,
21:33sommité mondial de l'écologie.
21:39On m'a dit que Franz Weber envisageait
21:41d'aller sur place
21:43pour essayer de sensibiliser
21:45l'opinion publique
21:47à ce massacre.
21:49Au culot, je lui ai écrit,
21:51je lui ai dit,
21:53est-ce que je peux vous aider dans cette mission
21:55que vous allez accomplir ?
21:57Et j'ai donné de l'argent
21:59pour ça, parce que ça coûte cher.
22:01Et je suis partie
22:03à l'aventure là-bas.
22:05Mais vraiment à l'aventure.
22:15Bardot est toujours un aimant à caméra.
22:17Sa présence attire les projecteurs
22:19du monde entier qui saisissent quasiment en direct
22:21le massacre industriel
22:23de bébés phoques, à peine sortis du ventre
22:25de leur mère.
22:27300 000 chaque année, dont le sang répandu
22:29sur la neige marquera les esprits
22:31et dérangera les consciences.
22:35Je pense que c'est dégueulasse,
22:37parce que ces animaux ont deux mois,
22:39qui ne peuvent pas bouger, qui ne savent pas nager,
22:41qui ne peuvent pas marcher,
22:43et qu'on les dépêche vivants.
22:45Je suis partie en guerre contre ça,
22:47et j'irai jusqu'au bout.
22:51Alors là, les bébés phoques...
22:55Terrible.
23:05Moi qui ne suis pas du tout aventurière,
23:07qui n'aime pas prendre l'avion,
23:09qui n'aime pas bouger de chez moi,
23:11c'est un exploit, un exploit que j'ai fait.
23:15Et là-bas, on a été vraiment boycottés.
23:17On ne pouvait pas y aller sur la banquise,
23:19on nous refusait.
23:21On nous refusait les hélicoptères,
23:23on nous refusait tout.
23:27Mais Bardot contourne les interdits,
23:29brave les obstacles,
23:31et atterrit enfin sur la banquise
23:33au milieu d'un parterre de journalistes
23:35qui l'accueillent dans une ambiance effervescente.
23:41J'aurais voulu faire mon premier voyage au Canada
23:43dans des conditions différentes.
23:45Je voudrais le silence, s'il vous plaît.
23:49Je suis venue de France,
23:51vous savez pourquoi,
23:53à cause du massacre des bébés phoques.
23:55Et si je fais le voyage de France jusqu'ici,
23:57c'est pas pour faire du tourisme
23:59ni pour me faire photographier
24:01comme au festival de Cannes.
24:03Et si je viens vous voir aujourd'hui,
24:05c'est amicalement pour vous prévenir
24:07qu'il va se passer quelque chose de grave
24:09pour le Canada si le massacre ne cesse pas.
24:13Sur place,
24:15les relations avec les autorités canadiennes,
24:17ulcérées par l'indiscipline
24:19et l'ingérence de la Star,
24:21sont brutales.
24:23Elle leur tient tête.
24:25Et l'éloigne de la banquise,
24:27Manu Militari aborde un hélicoptère
24:29qui vole au cœur d'une tempête.
24:31On n'arrivait pas à prendre de la hauteur.
24:35On était à quoi,
24:37à 50 cm des falaises,
24:39poussées par un vent de la neige
24:41qui tombait dans tous les sens,
24:43on voyait rien.
24:45Vraiment, on a cru mourir.
24:47On a cru mourir.
24:53Malgré le danger,
24:55elle ose un nouveau coup d'éclat.
24:57Elle fait atterrir l'hélicoptère
24:59en plein territoire de chasse.
25:01Pour une confrontation d'anthologie
25:03avec des chasseurs.
25:05Did you mind to change your job ?
25:07Do you like the job you are doing ?
25:11You like to kill baby seals ?
25:13So, it's not a pleasure,
25:15I think, for you
25:17to kill baby seals.
25:19We propose you,
25:21and it's very, very,
25:23very serious,
25:25to make here
25:27a factory,
25:29a big factory,
25:31a fantastic modern
25:33and everything, the best.
25:35To make
25:37synthetic furs.
25:39You heard about me,
25:41you know who I am.
25:43Maybe, I don't know.
25:45I have my name
25:47very well known in all the world.
25:49And I give you
25:51my name
25:53to sell
25:55from Vannes.
25:57To sell the merchandise
25:59in all the Canada
26:01with my name
26:03and the money will be not for me,
26:05but for you.
26:07C'est à l'issue de cet échange surréaliste
26:09que Brigitte Bardot
26:11va faire l'une des plus importantes
26:13rencontres de sa vie.
26:15Voilà ce que c'est qu'un bébé phoque
26:17et voilà ce qu'on tue
26:19par centaines de milliers
26:21pour la fourrure.
26:25On les aura bas.
26:29J'ai ressenti une émotion,
26:31une émotion,
26:33un amour
26:35pour cet animal,
26:37pour la maman
26:39qui cherchait,
26:41qui était un peu plus loin.
26:43Regarde, regarde la mère
26:45qui sort, là, vite, vite, vite.
26:51Est-ce que c'est mignon?
26:53Est-ce que c'est mignon?
26:55J'étais consciente
26:57et là, vous voyez,
26:59j'ai les larmes aux yeux.
27:01Et quand j'ai fait le truc,
27:03j'avais pareil.
27:05C'était pour moi
27:07un sauvetage,
27:09mais inimaginable.
27:11Dans le monde entier,
27:13bébé et son bébé phoque,
27:15c'est le choc des photos,
27:17l'impact des images.
27:19Conséquence immédiate,
27:21Valéry Giscard d'Estaing,
27:23président de la République française,
27:25interdit l'importation
27:27de la fourrure de phoque.
27:29Nouvelle victoire
27:31pour la Passionaria
27:33qui, malgré le succès spectaculaire
27:35de son expédition canadienne,
27:37fait un retour désenchanté
27:39et même douloureux sur le sol français.
27:43J'ai remis l'opinion publique canadienne.
27:45Je suis un peu fatiguée,
27:47excusez-moi.
27:49J'ai remis l'opinion publique canadienne
27:51et même dans le pays
27:53le plus hostile, celui que j'allais attaquer,
27:55j'ai des alliés.
27:57Je rentre en France épuisée
27:59en me disant, ici, je suis soutenue,
28:01j'espère, par tout le monde.
28:03Je sais que le public me soutient
28:05mais je ne comprends pas
28:07que la presse française
28:09adopte une telle attitude
28:11à mon égard.
28:13Je trouve ça injuste.
28:15Décidément, Bardot n'aura jamais été
28:17prophète en son pays.
28:19Elle est considérée comme un symbole français de haut vol,
28:21certes, mais rejetée comme
28:23rebelle, rétive,
28:25et toujours du cadre.
28:27Une scandaleuse doublée d'une emmerdeuse.
28:29Quand j'entends tous ces politiques
28:31qui nous font des mots émerveilles de promesses
28:33et qu'il n'y en a pas un seul,
28:35que ce soit de droite, de gauche ou du milieu,
28:37qui parle une fois
28:39d'un problème ou d'une amélioration
28:41de la condition animale en France,
28:43moi je suis scandalisée.
28:45Brigitte Bardot voit toujours
28:47le verre à moitié vide.
28:49Et pourtant, elle n'a cessé de contribuer
28:51à l'évolution des lois en faveur des animaux.
28:53Seulement en France.
28:55Christophe Marie,
28:57porte-parole de la Fondation Bardot,
28:59va porter partout les revendications de sa patronne.
29:01Y compris au Parlement
29:03européen, où il se livre à un lobbying
29:05très actif.
29:07La question du bien-être animal
29:09et même de l'écologie, c'est
29:11un enjeu de civilisation.
29:13La question animale, elle fait
29:15progresser l'idée
29:17qu'on a de l'humanité.
29:19Et le travail que fait la Fondation
29:21Brigitte Bardot a permis
29:23très clairement de faire évoluer
29:25un certain nombre
29:27de directives
29:29européennes.
29:31Diplomatie d'un côté,
29:33communication et provocation de l'autre,
29:35ce sont les deux leviers de la femme
29:37d'influence qu'est devenue Bardot au fil du temps.
29:41Mais avant d'arriver à ce savoir-faire politique,
29:43Bébé a dû professionnaliser
29:45son action et créer l'outil
29:47indispensable à son combat.
29:49Ce sera la Fondation
29:51Brigitte Bardot deuxième version,
29:53créée en 1987,
29:55qui évitera cette fois les écueils
29:57rencontrés dix ans auparavant.
30:01C'est Charles Pasqua
30:03qui m'a aidé
30:05parce que j'y comprenais
30:07que dalle.
30:09Je suis allé carrément voir le ministre.
30:13Et c'est lui
30:15qui m'a dit, Brigitte, il vous faut
30:17un capital de 3 millions
30:19de francs à l'époque
30:23pour mettre en fond de votre fondation.
30:25Et là, j'ai commencé
30:27à vraiment comprendre
30:29c'est pas le tout d'avoir un cœur.
30:31Il fallait se plier
30:33aux obligations administratives
30:35et je l'ai fait.
30:413 millions de francs, pour réunir cette somme
30:43dont elle est loin de disposer,
30:45trop modestement peut-être.
30:49A Saint-Tropez, devant les Badeaux et Berluer,
30:51elle déballe sur le marché de la Place d'Elysse
30:53une partie du contenu de la madrague.
30:57Je me levais à 5h30 du matin
30:59et j'allais préparer
31:01mon petit stand joli.
31:05Ils achetaient.
31:09J'ai vendu tous mes bracelets mexicains,
31:11mes chapeaux, mes colliers,
31:13mes jupons,
31:15et tout ce que vous voulez.
31:17Alors le soir, je dédicassais des photos
31:19et je les vendais.
31:21Ils étaient contents.
31:25Mais jouer à la marchande deux fois par semaine
31:27ne l'amènera pas loin.
31:29Bébé le découvre assez vite.
31:31Elle est mûre pour se dépouiller
31:33encore plus de ce qu'elle possède.
31:35Ça tombe bien, son célèbre appartement parisien
31:37de l'avenue Paul-Doumer
31:39recèle d'inestimables trésors.
31:43J'ai contacté Tajan
31:45qui est un fantastique
31:47commissaire priseur.
31:49Il est venu chez moi
31:51et on a fait un tri.
31:53Il m'a dit ça.
31:55Des choses auxquelles je tenais
31:57évidemment les plus belles.
32:03Des meubles qui venaient
32:05de ma famille,
32:07des bibelots splendides
32:09qu'on m'avait offerts.
32:11Il y avait la première Marianne
32:13sortie du moule
32:15qui vaut une fortune.
32:17Ma première guitare,
32:19des robes de mes films,
32:21ma robe de mariage avec Vadim,
32:23des bijoux
32:25de ma famille.
32:33116 lots,
32:351000 personnes présentes
32:37et 14 chaînes de télévision
32:39pour couvrir cet événement
32:41qui se déroule le 17 juin 1987.
32:51Je voyais partir tout ça.
32:55C'était un peu ma vie
32:57qui s'écoulait comme ça
32:59à prix d'or
33:01ou à rien du tout.
33:03Je me disais
33:05ce sont des objets morts
33:07et ces objets morts
33:09vont servir à sauver des vies.
33:15La vente rapporte
33:173 millions de francs à Brigitte Bardot,
33:19soit la somme nécessaire
33:21à la constitution de sa fondation.
33:23Oui, je suis heureuse.
33:25Vous êtes merveilleux.
33:27Vous êtes merveilleux vous
33:29parce que c'est grâce à vous.
33:33Et c'est à la fin de cette vente
33:35qu'elle racontera une de ses phrases
33:37qui contribue à sa légende.
33:39J'ai dit comme ça,
33:41on m'a demandé quelque chose
33:43et ça m'est sorti tout seul.
33:45J'ai donné ma jeunesse
33:47et ma beauté aux hommes
33:49et je donne ma sagesse
33:51et mon expérience
33:53maintenant et le meilleur de moi-même
33:55aux animaux.
33:57Et maintenant je donne ma sagesse
33:59et le meilleur de moi-même
34:01aux animaux.
34:03Tout ce qu'elle possédait,
34:05notamment la madrague,
34:07pour pouvoir obtenir la reconnaissance
34:09d'utilité publique,
34:11c'est ce qui va permettre
34:13de conférer une pérennité à la fondation.
34:15Brigitte Bardot se déleste donc
34:17au profit de sa fondation,
34:19de sa légendaire maison tropézienne,
34:21d'une valeur restée secrète
34:23mais probablement inestimable.
34:27Et la donne change du tout au tout.
34:29Désormais, elle peut poursuivre
34:31à une autre échelle.
34:33Une fondation d'utilité publique
34:35bénéficie de prérogatives exceptionnelles
34:37dont la plus importante
34:39est la possibilité de recevoir
34:41des héritages.
34:45Nous sommes totalement exonérés
34:47des droits de succession.
34:49C'est pour ça que nous avons
34:51beaucoup de lags puisque nous ne payons pas d'impôts.
34:55On ne vit que de ça.
34:57Parce que comme moi j'ai tout donné,
34:59je ne peux pas avoir le doute
35:01que leur argent ne sera pas utilisé
35:03pour les animaux.
35:13Les sacrifices de Bardot
35:15ont payé.
35:17Ses années de combat
35:19dans l'indifférence générale
35:21où les moqueries cruelles n'auront pas été vaines.
35:23Son acharnement a permis
35:25à sa fondation de devenir
35:27une machine de guerre.
35:2915 millions d'euros de budget annuel
35:31financés à 80% par les lags.
35:35110 salariés permanents.
35:43Une action qui s'étend à 70 pays.
35:45Des centres de sauvegarde
35:47de la faune sauvage sur les 5 continents.
35:49Des sauvetages
35:51d'animaux marins
35:53à bord du trimaran
35:55le Brigitte Bardot
35:57qui sillonne les océans.
36:03Des hôpitaux animaliers
36:05en Asie et en Afrique
36:07où l'on greffe même
36:09des prothèses
36:11à des éléphants victimes des braconniers.
36:13Et aussi des sauvetages d'animaux
36:15qui peuvent mobiliser des moyens
36:17dignes d'une superproduction hollywoodienne.
36:19Comme pour l'hippopotame Tonga.
36:23Tonga a été exploité en France
36:25dans un cirque itinérant
36:27mais en toute illégalité.
36:29Son cadre de vie, c'était une roulotte
36:31et de l'eau croupie.
36:35Alerté, la fondation Bardot
36:37décide de le sauver
36:39et de le transférer en Afrique du Sud,
36:41sa terre d'origine.
36:55Mais transporter un pachyderme de 2 tonnes
36:57à l'autre bout du globe,
36:59c'est un pari fou.
37:01Camion, avion, cargo
37:03et enfin transfert jusque dans son nouveau lieu de vie africain.
37:05Qu'en BBM, elle ne compte pas.
37:0740 000 euros
37:09rien que pour l'acheminement de Tonga.
37:11Et une happy end,
37:13il coule aujourd'hui des jours heureux dans son milieu naturel.
37:23Romain Michel baladait avec des ours.
37:25Des ours qui ont un noeud dans le nez
37:29et à qui on a appris à danser
37:31en les mettant sur des plaques chauffantes
37:33et en tapant du tambourin.
37:35Et ces plaques chauffantes,
37:37ils brûlent.
37:39Ils bougent les pieds comme ça,
37:41en même temps qu'on tape du tambourin.
37:43Donc même s'il n'y a plus de plaques chauffantes,
37:45ils bougent les pieds.
37:47C'est le réflexe de Pavlov.
37:49Ces ours de Bulgarie
37:51doivent aussi leur salut à l'action de Brigitte Bardot
37:53et à son indignation
37:55devant les tortures qu'ils subissent.
37:57Cela a pris du temps,
37:59mais dès les années 2000,
38:01une équipe de la fondation s'envole pour la Bulgarie,
38:03avec pour mission de les racheter un à un
38:05et de les récupérer.
38:09On les a tous récupérés, presque.
38:11Ils avaient le nez tout arraché,
38:13plus de poils,
38:15ils n'ont plus à manger,
38:17ils n'ont plus de griffes,
38:19on les a dégriffés.
38:3124 ours se récupéraient
38:33dans un immense parc de 11 000 m2
38:35cofinancé par la fondation.
38:39Au début, ils ne bougeaient pas.
38:41Ils étaient prostrés.
38:47Ils ont mis du temps
38:49à comprendre
38:51que tout d'un coup,
38:53ils n'étaient plus esclaves de l'homme,
38:55qu'ils étaient libres.
38:57Aujourd'hui,
38:59ces ours hibernent,
39:01renouant ainsi
39:03avec leurs instincts les plus primitifs.
39:09Mais Brigitte Bardot
39:11ne s'en est pas tenue là.
39:13Grâce à ses interventions,
39:15le gouvernement bulgare a modifié sa loi.
39:17Il est interdit désormais de chasser,
39:19de vendre, d'acheter
39:21ou d'exhiber devant un public des ours bruns.
39:27En France également,
39:29de nombreux sauvetages
39:31sont à mettre au crédit
39:33de la fondation Brigitte Bardot
39:35et souvent à la demande
39:37des services vétérinaires de l'État,
39:39comme lorsqu'il a fallu arracher
39:41100 bovins maltraités
39:43à un éleveur francilien.
39:45Cette opération commando
39:47a nécessité 10 employés de la fondation,
39:494 semi-remorques,
39:51un bataillon de gendarmes,
39:53les services vétérinaires de l'État
39:55On y va !
39:57C'est très stressant de se dire
39:59qu'est-ce qu'on va trouver ?
40:01Est-ce qu'on va trouver des cadavres ?
40:03Est-ce qu'on va trouver des animaux très affaiblis ?
40:05On est face aussi à une détresse souvent humaine
40:07parce qu'on va enlever les animaux
40:09d'une personne dont il ne gagne pas.
40:13C'est bien moi, je ne vais pas me laisser faire.
40:15Vous m'enlevez ma raison d'être,
40:17vous m'enlevez mon troupeau,
40:19vous m'enlevez mes vaches.
40:21Mais la fondation Bardot agit sur ordre de l'État.
40:23L'éleveur se doit d'obtempérer.
40:27Les bovins seront conduits dans la nuit en Normandie
40:29chez l'un des agriculteurs partenaires
40:31de la fondation Bardot.
40:37Des bêtes de cette grosseur là,
40:39c'est quand même des petites malheureuses.
40:45La Normandie va devenir leur paradis.
40:53Ils sont une vingtaine d'agriculteurs en France
40:55à souscrire à une idée mise en place
40:57par Brigitte Bardot et ses équipes.
40:59En contrepartie d'un salaire fixe,
41:01ces éleveurs n'emmènent plus leurs bêtes à l'abattoir.
41:09On s'est dit qu'on va demander
41:11à des agriculteurs qui sont
41:13en étape de semi-faillite
41:15s'ils ne veulent pas
41:17s'occuper des animaux
41:19qu'on recueille, qu'on sort de l'abattoir,
41:21qu'on sauve, qu'on leur paye
41:23une pension pour ces animaux
41:25et ne font plus de commerce
41:27avec de l'élevage, etc.
41:31Et bien ça marche très bien.
41:35Marguerite.
41:37Tu viens Marguerite ?
41:39Marguerite, la grise,
41:41a été sauvée d'un abattoir.
41:43Elle était prête
41:45à passer de l'autre côté
41:47et elle a été sauvée
41:49à l'extrême.
41:53Et ça fait 4 ans qu'elle est là.
41:55Elle est belle.
41:59Jérôme Le Brun, 54 ans,
42:01est l'un de ces agriculteurs reconvertis
42:03en gardien de troupeau.
42:05C'est même le premier à avoir souscrit
42:07il y a 20 ans à cette idée révolutionnaire.
42:09Il accueille en pension chez lui
42:11en Normandie 37 bovins
42:13et 32 moutons.
42:15Qu'il regarde vieillir.
42:19C'est l'un des petits élevages
42:21les plus vieux de France.
42:23Le fait de voir mourir naturellement
42:25comme nous, c'est beau quand même.
42:27C'est normal qu'on s'attache
42:29vraiment aux animaux.
42:31On n'a pas le même rapport du tout.
42:39Des agriculteurs reconvertis.
42:41Une piste pour l'avenir
42:43dans une société qui aspire
42:45à consommer moins de viande.
42:47L'île de Bordeaux,
42:4931 hectares au total,
42:51sont désormais tous saturés.
42:53Bazoche, son ancienne maison
42:55dans les Yvelines,
42:57Montpont près de Bordeaux
42:59et Lamarrosou en Normandie.
43:03J'ai un très mauvais souvenir
43:05des refuges quand j'allais
43:07à la SPA, etc.
43:09Pour moi c'était des prisons.
43:11Donc je ne voulais pas avoir de refuge.
43:13J'ai dit si un jour j'ai un refuge,
43:15ce sera avec des animaux en liberté
43:17comme si c'était ma maison.
43:23Nutrition, santé, bien-être
43:25et relation avec l'homme.
43:27Dans ces refuges, Brigitte Bardot
43:29a élaboré un véritable art de vivre animalier.
43:33Presque une utopie réalisée.
43:37Ici, les chats, ils vivent
43:39dans des maisonnettes avec des cours extérieurs,
43:41avec des arbres, ils peuvent grimper à l'arbre.
43:43Ils ont du chauffage au sol.
43:45C'est une bonne vie de chat.
43:59Ils mangent un mélange de bananes,
44:01de pain trempé dans l'eau,
44:03de légumes de saison en général.
44:05On avait des raisins, là on n'en a plus.
44:07Il y a des petits pois, de la salade,
44:09des produits frais.
44:11Du poisson, du fenouil,
44:13il y a déjà des épinards,
44:15de la pomme, du brocoli
44:17et de la poire pour ces messieurs-là.
44:21C'est l'heure de manger.
44:23Généralement, les gens
44:25exterminent les rats et ne s'en occupent pas.
44:27On en prend soin.
44:37Nous, l'équipe chien,
44:39on prépare environ 200 gamelles.
44:41Chaque chien a sa ration.
44:43Et on fait des réunions de temps en temps
44:45pour revoir le dosage,
44:47si le chien peut maigrir aussi.
44:59On s'en occupe du matin au soir.
45:01Dès qu'il y en a un qui tousse,
45:03on apporte ses vétérinaires tout de suite.
45:05C'est une diarrhée d'origine bactérienne en plus,
45:07qui répond qu'au traitement antibiotique.
45:09C'est bon, on peut y aller.
45:11C'est tout, c'est fini, c'est bientôt fini.
45:13Voilà.
45:21Que ce soit avec une poule,
45:23un chat, un chien, un rat,
45:25on sent l'amour qu'ils ont,
45:27on sent leur apaisement,
45:29on sent leur détresse,
45:31on sent quand ils sont stressés.
45:33Il y a des connexions.
45:35La communication inter-espèce, ça passe.
45:37Et on le sent énormément, oui.
45:43La communication inter-espèce,
45:45une évidence pour Brigitte Bardot depuis toujours.
45:57Brigitte Bardot a toujours eu cette connaissance instinctive
45:59des animaux.
46:01Sans doute parce que, bien plus que n'importe qui,
46:03elle s'identifie à eux.
46:09Je sais très bien ce que ressentent les animaux,
46:11je les ressentis moi.
46:15J'étais comme un animal.
46:17Traqué.
46:19Traqué.
46:21Traqué.
46:25Il faut se souvenir avec quel acharnement
46:27et quelle violence Bardot fut harcelé,
46:29épié, poursuivi,
46:31parfois piétiné.
46:33Pris au piège de sa notoriété.
46:37Ma vie ressemble à une grande prison.
46:43Je suis obligée de vivre avec les rideaux tirés
46:45ou les volets tirés
46:47parce qu'il y a des téléobjectifs sur le toit d'en face.
46:53Elle-même a été traitée
46:55comme un animal, c'est-à-dire
46:57traqué, enfermé.
46:59On pense à ce qui s'est passé au moment
47:01où elle a donné naissance à son Nicolas,
47:03avec des photographes sur les toits à l'entour,
47:05comme dans les reportages animaliers
47:07où on se planque pour pouvoir
47:09surprendre la nichée.
47:13Il est évident qu'elle a été un bel animal,
47:15victime de safari photo,
47:17certes, mais de safari.
47:19Je suis beaucoup plus animale
47:21que être humain.
47:25Elle s'identifie totalement
47:27à ses animaux.
47:29C'est pour ça que quand un animal souffre,
47:31c'est dans sa chair à elle qu'elle le ressent.
47:37J'ai mal.
47:39Pas physiquement,
47:41mais j'ai mal dans mon cœur.
47:43J'ai mal, j'ai mal.
47:51Elle incarne l'amour des bêtes.
47:53La question animale n'est pas seulement
47:55liée à l'argumentation, à la science.
47:57Bien sûr, la science est fondamentale.
47:59L'éthologie, qui nous fait
48:01prendre conscience de la richesse
48:03des existences animales,
48:05est majeure.
48:07Mais ce n'est pas seulement avec les arguments
48:09et les connaissances qu'on change le style de vie.
48:11Il faut aussi des émotions.
48:15Brigitte Bardot a joué un grand rôle.
48:17C'était un phare.
48:19Tout le monde savait qui c'était.
48:21Donc ce phare a été
48:23une porte-parole,
48:25et elle a mis en lumière un problème
48:27que les scientifiques précisent.
48:31L'éthologie sans phare
48:33restait dans les laboratoires.
48:35Et en associant les deux,
48:37on a métamorphosé la condition animale.
48:41La rencontre de l'émotion
48:43et de l'élaboration scientifique,
48:45ce serait donc la recette,
48:47qui a donné une ampleur nouvelle à la cause animale.
48:49Bébé fut sûrement
48:51la lanceuse d'alertes la plus tenace,
48:53la plus constante et la plus impliquée.
48:55Et aujourd'hui,
48:57ce combat qui lui est si cher,
48:59infuse enfin toute la société.
49:03Guerre pour les abattoirs !
49:05Guerre pour le cauchemar !
49:07Guerre pour les abattoirs !
49:09Pour les boules !
49:11Guerre pour les abattoirs !
49:13Pour les vents !
49:15Guerre pour les abattoirs !
49:17Une prise de conscience,
49:19de public,
49:21mais forte.
49:23Et que dalle
49:25de la part des gouvernements
49:27de celui-là, d'un sud avant,
49:29d'un sud encore avant, etc.
49:31Guerre pour le cauchemar !
49:33Guerre pour les abattoirs !
49:35Pour les boules !
49:37Guerre pour les abattoirs !
49:39Les jeunes !
49:41Les petits !
49:49Telle est Brigitte Bardot.
49:51Éternelle révoltée,
49:53éternelle insatisfaite.
49:59Ma vie, maintenant,
50:01elle appartient au sauvetage
50:03d'animaux.
50:05Elle m'appartient plus.
50:07Je suis responsable d'eux.
50:09Au point de tout leur sacrifier.
50:13Brigitte Bardot, c'est la tour de contrôle
50:15de la souffrance animale.
50:17C'est pas que prétendre l'éradiquer,
50:19c'est une mission impossible.
50:21Aussi, dans ces moments de doute,
50:23elle sait où puiser le courage
50:25de poursuivre sa bataille.
50:31C'est un endroit magique.
50:33C'est très rare.
50:35Avec le silence,
50:37la beauté de la mer,
50:39qui est très importante.
50:41Et puis cette petite chapelle
50:43minuscule, où on prend quand même
50:45une espèce de sérénité mystique.
50:53Alors,
50:55quand vraiment ça va pas,
50:57mais j'y vais.
50:59Souvent, je m'engueule avec la petite vierge.
51:01Parce que quelquefois,
51:03ça va pas fort.
51:05Mais ça s'arrange toujours.
51:11Le mythe dont elle fait toujours l'objet,
51:13elle le balaie d'un revers de la main.
51:15Son passé glamour,
51:17elle l'occulte.
51:19L'émancipation des femmes
51:21dont elle fut le porte-drapeau,
51:23elle l'a presque oubliée.
51:27De son bilan pourtant impressionnant
51:29en faveur de la défense des animaux,
51:31elle ne tire aucune fierté.
51:35Le passé ne l'intéresse pas.
51:37Le présent est entièrement dédié
51:39à sa cause.
51:41La cause la rassure.
51:43Son combat lui survivra.

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