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00:0013h-14h, Europe 1-13h. 13h32 sur Europe 1, la suite d'Europe 1-13h avec vous Céline Giraud et aujourd'hui, votre chroniqueur, le chroniqueur politique Olivier d'Artigolles et le journaliste Yvan Rioufol.
00:11Et on continue à parler de ce qui se joue actuellement à Matignon, puisque François Bayrou a commencé ce matin ses consultations avec les partis pour constituer son gouvernement.
00:22On va écouter Marine Le Pen, chef de file des députés Rennes, accompagnée de Jordan Bardella, président du parti. Elle était conviée donc à cette toute première consultation et en sortant, elle dit avoir écouté.
00:33J'ai été écoutée. Il est peut-être un peu tôt pour dire si nous avons été entendus, mais nous avons été écoutés, oui.
00:41Le Premier ministre nous a exprimé le souhait que l'ensemble des députés soient traités de manière parfaitement égale, c'est-à-dire que chaque force politique puisse être entendue, soit respectée.
00:55C'est évidemment un sujet de satisfaction pour nous. La méthode est plus positive que ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Maintenant, j'espère qu'elle sera utile.
01:06Est-ce qu'elle sera utile, Yves-Henri Houffole ? Elle dit qu'elle a été écoutée. C'est positif. Voilà les mots qu'elle emploie.
01:13Les réalités sont têtues. Bayrou est obligé de se confronter à l'Assemblée nationale telle qu'elle est depuis qu'elle avait été imposée à Barnier également.
01:24C'est-à-dire que la crise démocratique persiste puisque son groupe, le groupe de Bayrou, représente lui maintenant 36 députés, je crois, les 36 députés, madame.
01:33Barnier, c'était 46, donc c'est encore plus petit. Le socle légitime qui légitimerait Bayrou est vraiment ridicule et donc il est obligé, il s'oblige naturellement,
01:45à renouer avec cette partie de l'électorat, le Rassemblement national, qui a voulu être éjecté par le Président de la République dans une démarche très despotique, quasiment totalitaire.
01:53Il n'y a que dans les pays totalitaires où l'on voit un Président dire, je ne parlerai pas à une partie presque quasiment majoritaire, si on l'adjoint avec la France Insoumise, d'un électorat.
02:02Et François Bayrou, je suis désolé, François Bayrou avait cautionné à demi-mot et entré dans cette logique. Et là, il est obligé de se corriger, sinon il ne tiendra pas 30 secondes.
02:12Au moment des réquisitions du procès des parlementaires européens, il avait été au soutien de Marine Le Pen en disant qu'il trouvait que la République était très sévère à son égard.
02:20Bien sûr, il avait également parrainé Marine Le Pen quand elle ne trouvait pas ses parrainages en 2022, je n'oublie pas tout cela, mais simplement tout son discours était malgré tout...
02:26Elle non plus, j'imagine, mais maintenant elle veut avancer.
02:29Je vous disais qu'il y a un double discours, il est pris dans le discours macronien qui est celui de dire qu'il n'y a qu'un parti unique qui s'impose dans le fond, et c'est ce centre-là, ce centre mou de mon point de vue, dans lequel il veut représenter, qu'il a théorisé.
02:41Et puis il y a la réalité du terrain, et la réalité du terrain l'oblige aujourd'hui malgré tout à faire comme Barnier, c'est-à-dire à répondre d'abord aux exigences du RN qui est le premier parti.
02:51Cela veut dire plus concrètement que s'il veut tenir, et s'il ne veut pas que le RN agite à nouveau la bombe nucléaire, en tout cas la censure, ce qui amènerait à sa démission, il faut qu'il amende son budget, notamment sur ce qui avait été l'achoppement de Barnier, c'est-à-dire...
03:07Mais Marine Le Pen maintient la menace de la motion de censure en disant voilà, on attend de voir si on sera entendu.
03:13Mais simplement il me semble maintenant que Marine Le Pen va réfléchir à deux fois, malgré tout, parce que je ne suis pas sûr qu'elle n'ait eu que des avantages à secouer à ce point une cinquième république qui est maintenant finissante, et on ne tire pas sur une ambulance.
03:23Je pense que ce serait préjudiciable pour son image que d'accentuer le désordre.
03:28Donc Béaou a peut-être un peu plus de sursis, disons quelques semaines, quelques mois, mais les logiques sont les mêmes.
03:35Olivier Vertigole sur la posture de François Bayrou, la méthode François Bayrou pour réconcilier toutes ces parties.
03:41Sur le lien François Bayrou-Marine Le Pen, plus que vers le RN, mais Marine Le Pen plus singulièrement, le passé n'est pas en effet du passif,
03:51puisque François Bayrou a porté un discours sur la nécessité de changer le mode électoral, aller vers la proportionnelle, ce qui est une demande historique du Rassemblement National.
04:03Son parrainage avait justement permis à Marine Le Pen, de mémoire, de basculer et d'atteindre les 500 signatures parce qu'il y avait un problème, un blocage réel.
04:14Bon, il y a d'autres éléments. Après, bien sûr, Marine Le Pen hâte le changement de méthode, puisque Michel Barnier n'avait pas traité, selon la formule consacrée,
04:26le Rassemblement National comme il aurait dû le faire au vu de la donne parlementaire à l'Assemblée Nationale.
04:32Là, de fait, François Bayrou change la méthode, ce qui va dans le sens de ce que souhaitait attendait le Rassemblement National.
04:43Mais bien évidemment, le rendez-vous essentiel sera le prochain budget, car là, il ne s'agira pas de méthode, mais d'arbitrage politique.
04:55Et là, le Rassemblement National remettra ses sacrosanctes lignes rouges.
05:01Pour quelques mots, je pense qu'au-delà, avant le budget, le grand rendez-vous sera celui de la composition du gouvernement.
05:07Et je n'imagine pas que Bruno Retailleau, qui est maintenant la figure remontante de la droite souverainiste,
05:14enfin en tout cas de la droite compatible avec le Rassemblement National, puisse accepter de participer à un gouvernement de conciliation
05:20qui viendrait s'y adjoindre des Verts ou des socialistes.
05:23Ou alors je comprendrais trop la droite qui deviendrait l'UFPS, c'est-à-dire la droite qui se noie dans des compromissions.
05:31Parce que justement, ce projet de loi immigration, c'est une information repeinte, mais ce texte ne pourrait ne pas voir le jour.
05:37Bruno Retailleau serait prêt à faire des concessions.
05:40Et justement, le PS menace de censurer François Bayrou si une nouvelle loi immigration voit le jour.
05:46On va écouter Olivier Faure, il vient de sortir il y a quelques minutes de cette consultation.
05:50Nous cherchons à comprendre quelles sont les conditions à partir desquelles nous pourrions être amenés à ne pas censurer le gouvernement.
05:57Nous étions prêts à gouverner en étant ouverts aux compromis.
06:01Nous sommes dans une opposition qui est elle-même ouverte aux compromis.
06:04Encore faut-il qu'un chemin soit ouvert.
06:07Et de ce point de vue, pour l'instant, nous sommes restés sur notre fin.
06:10Nous n'avons pas encore d'indication précise sur la façon dont le Premier ministre entend gouverner.
06:16Voilà Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, la plus mesurée que Marine Le Pen sur sa capacité.
06:22C'est une info en effet européenne sur l'idée que Bruno Retailleau pourrait ne pas aller vers une nouvelle loi immigration.
06:30Mais il dit qu'il pourrait faire appliquer certaines mesures en dehors de la loi.
06:34Il peut agir avec d'autres leviers législatifs.
06:38Par exemple, s'il veut passer d'une AME à une AMU, on sait que c'est une allocation médicale d'urgence.
06:47On sait qu'on peut passer en activant le PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
06:51On peut aussi demander au préfet d'être plus ferme, mais par exemple, pour augmenter la durée de détention.
06:55Il est obligé de passer par une nouvelle loi.
06:57Pour augmenter la durée de détention dans les centres de rétention administrative, en revanche, il faut une loi.
07:01Mais en tout cas, il peut agir en poussant certains curseurs.
07:07On sait que cette nouvelle loi, qui reprendrait des articles qui avaient été retoqués par le Conseil constitutionnel,
07:13est l'un des irritants, et l'un des marqueurs les plus nettement portés par le Parti socialiste pour dire...
07:21Donc ça veut dire concession ? Et en faisant des concessions comme ça, on ne se dirige pas dans un gouvernement d'attente ?
07:28Est-ce que, selon la formule qui tourne aussi, est-ce que François Bayrou va faire dans deux mois une Barnier ?
07:35Est-ce qu'il va faire une Barnier ?
07:37Une Barnier, c'est-à-dire ?
07:39Une censure.
07:41Est-ce qu'il est censuré dans 2-3 mois ?
07:43S'il est censuré dans 2-3 mois, nous basculons dans quelque chose qui accentue la crise politique et la crise de régime,
07:51et qui expose directement le Président de la République.
07:55Donc, d'une certaine manière, le rapport de force entre Bayrou et Macron est aussi un rapport de force qui s'est conclu
08:01par un dispositif qui pourrait peut-être protéger le Président de la République.
08:06Oui, c'est ça.
08:08Bayrou ne peut tenir, si vraiment Bayrou a dans la tête de répondre à la mission du Président de la République,
08:14qui ne veut pas, lui, qui ne veut pas des solutions de l'Assemblée jusqu'en 2027,
08:19il ne peut tenir qu'en accentuant l'immobilisme d'État, l'immobilisme gouvernemental.
08:25Or, je n'imagine pas que Retailleau, qui précisément a une carte à jouer,
08:28et qui lui aussi se voit maintenant comme présidentiable, puisse accepter ce jeu-là,
08:32ce jeu des accommodements raisonnables, ce jeu des compromis,
08:35ce jeu qui viendrait défigurer ou qui viendrait caricaturer encore davantage
08:38toute cette partie des Républicains qui a accepté de jouer le jeu,
08:42et qui est prête maintenant, si vraiment il accepte de retirer sa loi sur l'immigration,
08:47ce serait, de mon point de vue, une erreur de communication.
08:49J'entends bien qu'il y a des artifices qui pourraient faire passer d'autres éléments à travers des décrets, etc.
08:54Mais le message qui serait lancé, qui serait compris,
08:57ce serait celui des Républicains qui acceptent malgré tout de baisser la garde
09:02pour précisément préserver des postes.
09:04Or, ce n'est pas l'impératif qui est demandé par une partie de l'opinion qui se radicalise.
09:09Mais la mission de François Bayrou, c'est aussi de pouvoir agréger justement
09:12le Parti Socialiste dans ce bloc élargi.
09:15On va écouter Lionel Jospin, il était sur France Inter ce matin,
09:17et pour lui, je rappelle qu'il a été Premier ministre et Premier secrétaire du Parti Socialiste,
09:21et bien le PS ne doit pas participer au gouvernement.
09:24Les socialistes, les communistes et les écologistes,
09:28considérant qu'ils n'avaient pas été appelés par le Président à former le gouvernement,
09:33sont entrés dans l'opposition.
09:35Je pense qu'il faut qu'ils restent dans l'opposition.
09:38Entrer dans une coalition serait entrer dans la confusion politique,
09:43mais en même temps, il faut qu'ils contribuent à ce que ce gouvernement,
09:47dont ils ne partagent pas les options, dure.
09:52Le PS n'est pas dans un scénario de participation au gouvernement François Bayrou.
09:57Le PS construit un récit autour d'un pacte de non-censure.
10:03Les noms qui circulent, qui pourraient être des prises de guerre
10:07dans ce qui est présenté comme venant de la gauche pour un futur gouvernement Bayrou,
10:13sont des personnalités qui sont déjà très marquées par le macronisme depuis les toutes dernières années.
10:19C'est Mme Méadel, c'est M. Epsamen, ancien maire de Dijon,
10:23c'est Pierre Moscovici, je donne les noms qui circulent le plus.
10:26Ce sont déjà des personnalités qui sont dans l'écosystème du macronisme.
10:31Il ne s'agit pas là de prises de guerre comme Nicolas Sarkozy avait pu,
10:35par exemple, à son époque, le faire sous forme de débauchage personnel.
10:38Donc pour vous, finalement, il va y arriver ?
10:40Vous pensez que François Bayrou a cette propulsion à agréger le PS au réseau Amiral Macronique ?
10:46Ça, il s'y emploie, nous verrons, je ne peux pas vous dire.
10:48L'instabilité politique de la crise est telle qu'on voit bien
10:52que quand il parle d'Himalaya, c'est véritablement un Himalaya.
10:55En tout cas, ce que l'on voit, c'est que malgré tout, on s'achemine vers des magouilles
10:58qui vont se multiplier et qui vont asseoir, me semble-t-il, dans l'opinion,
11:02maintenant cette exigence qui s'affirme de plus en plus,
11:05de voir le Président de la République écourter son mandat,
11:07parce qu'aujourd'hui, la France a besoin de réformes,
11:09qu'ils soient des réformes vraiment structurantes, radicales.
11:12Or, encore une fois, on va retomber dans le ventre mou
11:15qui a été celui de ce centrisme qui nous a mis dans la panade
11:18depuis 40 ou 50 ans, parce que ce centrisme-là,
11:20c'est en fait la congestion entre la gauche et la droite
11:23qui se refile le mystique gris.
11:25Et précisément, il faut sortir de ce piège-là.
11:27Or, avec Bayrou notamment, théoricien précisément de ce monde-là,
11:32il n'y a aucune issue.
11:33Donc, je pense que la seule issue maintenant qui se confirme,
11:36de mon point de vue, c'est bien celle d'Ivan Riofol,
11:40ce que regrette Ivan Riofol,
11:42qui aimerait des réformes fortes et en urgence,
11:45c'est ce que prononçait Edgar Ford sur
11:47« L'immobilisme est en marche, rien ne l'arrêtera. »
11:50Si vous voulez.

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