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00:0013h14, Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 13h19. Céline, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour.
00:07Le journaliste Yvan Yoffoel et le chroniqueur politique Olivier d'Artigolle.
00:11Que je suis ravie de retrouver en ce début de semaine. Bonjour Yvan.
00:14Plaisir partagé.
00:15Bonjour Olivier, bienvenue.
00:16Alors on a beaucoup à faire une fois encore aujourd'hui, parce que vous l'avez vu, le bal des consultations a donc démarré de jour pour François Abeyrou qui est à Matignon,
00:25alors qu'Emmanuel Macron voulait nommer Sébastien Lecornu, le ministre des missionnaires des armées.
00:30Mais face aux menaces du président du Modem, le président de la République a capitulé.
00:35Écoutez Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre de Jacques Chirac sur Radio Classique ce matin.
00:40Je connaissais sa détermination depuis une bonne trentaine d'années. Je l'ai vu très actif et notamment ambitieux quant à la volonté d'être à l'exécutif en action.
00:52Mais j'ai trouvé en effet le rapport de force avec le président un peu bizarre pour la Vème République.
00:57Mais enfin, quand on veut quelque chose, il faut y mettre les moyens.
01:01Il faut y mettre les moyens, le bras de fer avec le président.
01:06Est-ce que ça peut changer la donne justement pour ce gouvernement et cette façon de gouverner de François Abeyrou ?
01:12En tout cas, c'est le premier premier ministre d'Emmanuel Macron depuis 2017 à avoir établi dès le début ce rapport de force.
01:21Mais il faut bien se dire que les premiers ministres précédents, Emmanuel Macron ne leur devait rien.
01:28Tandis qu'il faut bien se rappeler que quand en février 2017, François Abeyrou apporte son soutien à Emmanuel Macron et se retire de la course à la présidentielle,
01:40il fait à peu près 6-7% dans les sondages. Il a touche-touche avec François Fillon.
01:45Et c'est le soutien de François Abeyrou à Emmanuel Macron qui permet justement à Emmanuel Macron d'avoir dans les sondages qui suivent l'ascendant sur le candidat de droite.
01:55Est-ce qu'on lui tord dans le bras comme ça en gagnant ce bras de fer et il achète quelque part son indépendance ?
01:59C'est ce que les commentateurs disent. Moi, je ne suis pas convaincu par ceci.
02:03Alors naturellement, il a affirmé une autorité.
02:05Mais enfin, Michel Barnier l'avait affirmé tout autant en disant qu'il voulait tourner la page.
02:09On a vu que c'était compliqué malgré tout et là, il est quand même dans la continuité de Macron.
02:13Bayrou, c'est la continuité du macronisme. Bayrou, c'est le macronisme avec toutes ses contradictions.
02:20C'est-à-dire que Bayrou se présente comme étant aujourd'hui conciliateur mais Bayrou a été notamment celui qui a participé le 10 décembre à ce conciliabule de la honte à l'Elysée
02:29qui a rassemblé tous les partis politiques hormis le Rassemblement National et la France Insoumise.
02:34Aujourd'hui, il parle de réconciliation. C'est le mot qu'il emploie.
02:36Il parle de réconciliation mais il ne fait pas ce qu'il dit.
02:38Puisque normalement, un réconciliateur n'aurait refusé de jouer ce jeu-là, de jouer ce jeu du front anti-républicain.
02:45Il a exclu toute une partie d'un électorat qu'il veut maintenant à nouveau cajoler.
02:50Je pense que c'est trop tard et je pense qu'il est pris en tout cas dans la contradiction intrinsèque du Président de la République
02:55et de sa propre contradiction parce qu'il y a des doubles langages également chez Bayrou que l'on va voir survenir très vite.
03:01C'est-à-dire qu'à nouveau, il essaie de concilier des inconciliables en voulant éviter des ruptures
03:07et en même temps en accédant à la marginalisation de ceux qu'il ne veut pas voir apparaître sur la scène.
03:12Je ne sais pas comment il va se débrouiller.
03:14D'accord ou pas d'accord, Olivier Dardigolle ?
03:15En tout cas, la méthode change. Emmanuel Macron lui a demandé de réunir de nouveau les responsables politiques
03:23sous le format habituel qu'apprécie Emmanuel Macron, un format qui ne donne rien.
03:28On l'avait vu sur les rencontres de Saint-Denis et au début de la semaine dernière, on rassemble tout le monde en excluant certains partis.
03:35Là, François Bayrou ne veut pas de grande messe, il veut du cap-à-cap comme on dit en Verne.
03:42Non mais justement, je vous pose la question, est-ce qu'en ayant finalement remporté son bras de fer face à Emmanuel Macron,
03:46il n'a pas acheté son indépendance justement et il fait ce qu'il veut ?
03:49Il y a un couple exécutif. En tout cas, là, sur la manière de consulter les partis politiques,
03:54il n'a pas suivi la volonté d'Emmanuel Macron qui voulait reproduire le schéma passé.
03:59Il reçoit donc cap-à-cap en commençant par le groupe politique à l'Assemblée nationale, le RN, le plus nombreux,
04:06en recevant tout le monde sauf la France.
04:08Cap-à-cap, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
04:10Cap-à-cap, c'est du tête-à-tête, c'est-à-dire pas de multilatéral où tout le monde est là avec ses grandes tables qui ne servent à rien.
04:16Oui, cap-à-cap, c'est peut-être du béarnais, désolé.
04:20Je vais vous redonner un terme, François Bayrou est un cabourut, c'est-à-dire qu'il a la tête dure et il va faire comme bon lui semble sur la méthode.
04:29On revient sur quelque chose qui consiste...
04:31C'est comme ça qu'on le surnommait rugby, c'est ça ?
04:33Oui, un peu. Ne me lancez pas sur les anecdotes.
04:37Mais en tout cas, il faut bien voir, il va falloir suivre ça de près.
04:42François Bayrou a été un allié d'Emmanuel Macron.
04:47Il arrive enfin à une responsabilité qu'il souhaitait, qu'il a arrachée d'une certaine manière.
04:54Ça ne va pas pour faire comme avec les bonnes volontés d'Emmanuel Macron.
05:01Il voulait mettre un macroniste pur jus, en l'occurrence.
05:04Oui, un collaborateur. François Bayrou n'est pas un collaborateur.
05:07Il a dit qu'on peut faire quelque chose de grand, il ne faut pas faire quelque chose de petit.
05:10Déjà, on va voir si François Bayrou, avec sa nouvelle méthode, en rupture de ce qui s'est fait auparavant, va trouver la voie de passage à l'Assemblée Nationale.
05:18On en parlera dans quelques instants de la méthode François Bayrou.
05:20En attendant, est-ce que justement, le fait de faire du chantage aussi, ça a été un élément puissant selon vous dans la négociation ?
05:28Le chantage, c'est un petit peu partout dans toute cette sinistre comédie politique où chacun maintenant essaie de tirer les intérêts vers lui.
05:36Bayrou, comme les autres, est d'abord motivé par, me semble-t-il, son propre destin.
05:40Il s'est autoprogrammé présidentiable et on voit bien, d'ailleurs, qu'il se projette maintenant en 2017.
05:46On verra bien. Moi, je ne suis pas fasciné par ce personnage.
05:49Enfin, il a beaucoup de qualité humaine, j'aime beaucoup son côté littéraire, son côté provincial.
05:52Tout cela me parle, mais encore une fois, je le vois pris dans ses contradictions.
05:59Moi, j'ai un peu de mémoire quand même, mais je n'oublie pas qu'en 2012, quand il a lâché Sarkozy,
06:03il ne l'a pas simplement lâché sur la personne qu'il trouvait désagréable, on peut très bien comprendre ceci,
06:08mais il l'a lâché parce qu'il, précisément, collait à la roue du Rassemblement National.
06:12Il faut reprendre du Front National de l'époque.
06:14Est-ce que les convictions n'ont pas changé depuis ?
06:17Non, mais écoutez, on est habité par des convictions.
06:19Et à l'époque, c'était Jean-Marie Le Pen, ce n'était pas Marine Le Pen.
06:21Oui, absolument, c'est vrai.
06:22Mais les obsessions qu'il reprochait à Sarkozy étaient les mêmes que celles maintenant de Rotaillot.
06:27C'est-à-dire qu'il reprochait à Sarkozy d'être obsédé par l'immigration et par les frontières.
06:31Or, Rotaillot est obsédé également, et à juste titre, et moi aussi, par l'immigration et par les frontières.
06:36Donc je ne vois pas très bien comment cet homme-là, qui a voulu rompre avec une famille politique,
06:40va maintenant participer, dans le fond, à une politique qu'il rejette au profond de lui-même.
06:44On va en parler pour donner sa chance aux produits, on va voir ce que ça donne.
06:47Pour résumer, il y a beaucoup d'insincérité chez cet homme-là, malgré tout.
06:51Dans le livre « Abus de pouvoir », François Bayrou dit de Nicolas Sarkozy
06:56« Il aime tout ce que je déteste et il déteste tout ce que j'aime ».
07:00Il y avait aussi un affrontement de personnalité vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, l'américain,
07:06d'une certaine forme de bling-bling.
07:09Je pense que la connexion humaine est beaucoup plus facile et fluide
07:13entre un Bayrou et un Rotaillot, qui sont des terriens,
07:16qu'entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy, qui ont en effet partagé peu de passion.
07:21C'est vrai, mais il n'empêche que Rotaillot représente tout ce que Bayrou,
07:24jusqu'à présent, dans son itinéraire, a rejeté.
07:27J'ai regardé le parcours d'un homme et le parcours d'un homme
07:30est précisément en rupture très systématiquement.
07:32Ça fait 40 ans qu'il est en politique, ça fait 15 ans,
07:35les faits dont vous parlez datent de 15 ans.
07:37Peut-être est-il girouette, il est d'ailleurs un peu girouette.
07:40Ne faut-il pas l'être, justement, pour pouvoir avancer ?
07:43En tout cas, il est au centre, et justement, c'est pour ça qu'il peut ratisser large.
07:47Un dernier mot, peut-être, dans le langage béarné, pour qualifier ce qui se passe actuellement.
07:50Vous avez dit cap à cap Camerouth, pour dire que c'était une tête tenue.
07:55En tout cas, il préside le conseil municipal ce soir à Pau,
07:58où la ville de Pau aura un budget, au moins Pau aura son budget,
08:01et la France en va attendre encore un peu.
08:03Permettez-moi de douter quand même sur l'efficacité du centrisme,
08:06quand vous avez un président de la République qui se radicalise
08:08en voulant fracturer la société. Je ne crois pas à ce centrisme.

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