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Lundi 16 décembre 2024, SMART TECH reçoit Christophe Aulnette (senior advisor, Seven2) , Philippe Le Grand (Président, Teleos) et Alexandre Zapolsky (Président - Fondateur, Linagora)

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00:00Bienvenue dans le grand débrief de l'ActuTech de Smartech. Aujourd'hui autour de la table l'expert des réseaux, Philippe Legrand.
00:10Bonjour Philippe. Bonjour Delphine. Président de Téléos, nouvel opérateur Télécom B2B avec qui on souhaite le meilleur, bien évidemment.
00:17Et puis une grande figure de l'open source, à côté de moi Alexandre Zapolsky, président de l'Inagora. Bonjour Alexandre. Bonjour Delphine.
00:23L'Inagora, je rappelle, éditeur de logiciels libres français, mais tout le monde connaît bien évidemment.
00:29Tout le monde ne connaît pas encore, mais oui. En tout cas c'est un incontournable dans le secteur.
00:34Merci. Et puis l'investisseur, ancien président chez les GAFAM, Christophe Hollenetz. Bonjour Christophe. Bonjour.
00:41Aujourd'hui senior advisor chez Seven2. Alors on va confronter nos points de vue aujourd'hui sur plusieurs sujets.
00:48J'espère qu'on va arriver jusqu'au bout. D'abord le sommet de Paris sur l'IA avec une annonce sur un événement qui sera dédié à l'open source.
00:56Et puis on va parler du départ du patron d'Intel, voir ce qui va se passer après.
01:01Ou encore de Meta et cet investissement d'une dizaine de milliards de dollars pour faire passer un câble sous la mer, pour ses propres besoins au groupe Facebook Meta.
01:12Mais on commence avec la situation politique et le risque de casse dans la tech.
01:17En tout cas c'est comme ça que j'ai eu envie de le titrer, mais je voulais avoir votre avis sur cette question, cette motion de censure, le fait qu'on n'ait pas de budget voté.
01:25Et ce qui vous semble aujourd'hui que ça met en difficulté cet écosystème tech. On commence avec l'investisseur.
01:33Ok. Je pense qu'il faut rappeler qu'il s'agit d'une situation où il ne va pas y avoir de shutdown, puisqu'il va y avoir une prolongation à minima du budget tel qu'il était.
01:43Ça veut dire qu'il y avait des décisions potentielles qui pouvaient être soit des coups de rabot, soit des nouvelles taxes.
01:50Tout ça ne va pas avoir lieu. Donc il y a, je pense avec ça, des bonnes nouvelles et des mauvaises nouvelles pour les uns et pour les autres, en tout cas pour ce qui concerne l'année 2025.
01:57On ne désespère pas d'avoir quand même un nouveau PLF voté avec le nouveau gouvernement ?
02:05C'est possible. Mais en tout cas aujourd'hui, avec les informations qu'on a, il y a un certain nombre de sujets d'inquiétude de la part notamment des startups.
02:12Donc je ne dirais pas que c'est en danger. C'est une difficulté. Il y a pour moi deux sujets principaux.
02:18Le premier, c'est le crédit impôt innovation qui devait être renouvelé et qui concerne...
02:24C'est un peu comme le crédit impôt recherche, pour simplifier, mais pour les startups, pour les PME, et dont l'impact est limité à 80 000 euros de bénéfice.
02:32Donc ça reste petit. C'est-à-dire que ce bénéfice-là permet de financer, par exemple, gérer deux emplois.
02:40Donc c'est un problème potentiel pour les startups early stage qui avaient pu compter là-dessus.
02:48Mais d'un autre côté, si on ne compte que sur les interventions pour développer son business model, il y a un problème.
02:53Donc je pense que c'est plus un problème, une difficulté sur lesquels les investisseurs devront probablement faire un ou deux bridges pour améliorer les choses.
03:02Donc c'est un irritant, une difficulté, mais on ne peut pas dire que ça met en danger tout l'écosystème.
03:08Alors on entend dire que ça réduirait le nombre de bénéficiaires d'au moins de moitié quand même, si ce crédit impôt innovation n'était pas renouvelé.
03:17Oui, alors bon, j'avoue que j'ai du mal à comprendre cette assertion-là.
03:23Parce que pour moi, il s'agit, on a 20% d'économie sur les dépenses de prototypage.
03:29Je ne vois pas, si ça s'arrête, ça s'arrête pour tout le monde.
03:33C'est la baisse du taux, pardon. Tout à fait.
03:35C'est l'autre élément qui est la baisse du taux. Et je termine pour un sujet qui est plus important pour moi, qui est le plan France 2030.
03:41Sur lequel il y a 54 milliards destinés à des projets de recherche, de deep tech, recherche fondamentale, qui sont évidemment très importants et qui sont en attente.
03:52Tout ce qui a été validé l'est, mais il faut attendre pour la suite.
03:56Du côté des infrastructures, je sais, Philippe, qu'il y a des budgets en attente, en souffrance.
04:02Et on dit que ce sont finalement les collectivités qui vont supporter le coup.
04:08Alors des budgets et des attentes aussi de décisions qui ne viennent pas et qui gèlent beaucoup d'activités.
04:16Il n'y a rien de pire pour une industrie que l'incertitude.
04:19Savoir quelles seront nos contraintes, quelles seront nos incitations, quelles seront les règles du jeu permet de débloquer des investissements et d'aller de l'avant.
04:26Là, en l'occurrence, sur l'ensemble de l'industrie numérique, bien entendu, cette incertitude va peser sur des investissements et des projets.
04:33Et effectivement, sur la filière des infrastructures numériques, nous avons des attentes en matière de raccordement complexe,
04:38en matière d'économie long terme des réseaux pour qu'on puisse répercuter les tarifs, l'évolution des coûts dans les tarifs de commercialisation,
04:44et également sur la résilience de nos réseaux pour qu'ils soient pérennes.
04:47Et effectivement, la tentation sera sans doute grande de se tourner vers les collectivités.
04:51Ce n'est pas un bon signal.
04:53Jusqu'à présent, le succès de la France en matière d'infrastructures numériques a reposé sur une capacité de l'État à organiser,
04:59des collectivités à s'impliquer et de la filière à répondre présente.
05:03Alexandre, comment vous estimez l'impact aujourd'hui de ce qui se passe d'un point de vue politique pour l'écosystème tech et peut-être open source plus précisément ?
05:12Je pense que nos problèmes sont beaucoup plus importants qu'uniquement les sujets du crédit d'impôt innovation.
05:21Christophe le rappelait, on a eu des générations entières d'entreprises qui se sont créées, qui se sont développées sans crédit d'impôt innovation.
05:28Moi, quand j'ai créé l'Inagora au début des années 2000, il n'y avait pas de crédit d'impôt innovation.
05:32Ça ne nous a pas empêché de nous développer.
05:34Donc bon, effectivement qu'il y ait des corporatismes qui viennent plaider leur cause, on peut tout à fait le comprendre.
05:41Mais notre sujet, il n'est pas du tout celui-là.
05:43Je pense que notre sujet, il est, de mon point de vue, de l'énergie, de la flamme qu'avait amené le président de la République au moment de son premier quinquennat.
05:53Et on était bien partis, il faut le dire.
05:56On avait une politique de l'offre, enfin, dans ce pays.
05:59Et il y avait une forme d'unité, d'énergie qui avait été lancée.
06:07Et à l'instar d'autres pays, comme on peut le voir actuellement aux États-Unis, il y avait une forme d'énergie.
06:13La France était devenue le maillon fort, en fait, de l'Europe.
06:17Et ce qu'on peut tous constater, Philippe le rappelait, c'est qu'en réalité, on est passé dans une forme d'attentisme.
06:26En plus, on a vu que chacun y va de sa nouvelle idée de taxes, etc.
06:30Donc on est tous très inquiets, les chefs d'entreprise sont tous très inquiets.
06:33Et donc, quand un chef d'entreprise est inquiet, il arrête d'investir.
06:36Et on voit, arrêter d'investir, ça veut dire quoi ?
06:38Ça veut dire arrêter les commandes.
06:40Et donc, ce dont on a tous le plus besoin, et la French Tech en particulier, parce que c'est des entreprises nouvelles, c'est de commandes.
06:46Et donc, ce qui est en train de se tarir, c'est cet enthousiasme, en fait, collectif.
06:51Et d'ailleurs, moi, je pense que ce qu'il faut qu'on arrive à faire, c'est justement de résister.
06:55C'est-à-dire qu'il faut arrêter de tout attendre des politiques.
06:58Et il faut que les entreprises, les chefs d'entreprise, prennent quelque part le relais.
07:03Et c'est à nous de faire vivre une part d'enthousiasme dans ce pays qui en a bien besoin.
07:08Oui, on a quand même besoin d'une ligne politique pour le numérique et la filière.
07:13Mais j'espère qu'en fait, on aura compris, en tout cas, nous dans l'écosystème Tech, que cette incertitude, elle n'est pas bonne.
07:19Que le fait de ne pas donner de majorité, ce n'est pas bien non plus.
07:22Et donc, il y aura forcément, à un moment donné, à nouveau des élections.
07:25Et j'espère qu'on aura enfin appris à quel point c'est important d'avoir un bloc pro-économie, pro-offre.
07:33Voilà. Et donc, si de tout ce merdier, il en sort en fait cette conviction collective,
07:40eh bien, ça sera finalement peut-être un mal pour un bien.
07:45Et c'est ça qu'il faut espérer. De toute façon, nous, on n'a pas d'autre choix.
07:47Il faut qu'on délivre en fait de l'optimisme.
07:49Bon, et puis, pour l'instant, il y a quand même en fait toujours un gouvernement, même si c'est un gouvernement technique.
07:54On a en fait une jeune ministre, une jeune secrétaire d'État du numérique, Edlia, qui fait bien le boulot.
08:00Clara Chapa.
08:01Clara Chapa. Elle est aujourd'hui aux commandes. Il va y avoir AI Action Summit. Il faut qu'on regarde devant.
08:06Elle est aux commandes d'un gouvernement des missionnaires.
08:08Des missionnaires.
08:09Et c'est beaucoup moins simple pour agir.
08:11C'est sûr. Bon, mais on sait qu'il devrait y avoir des annonces dans les prochains jours, ces prochaines heures.
08:16Oui, d'ailleurs, peut-être que d'ici notre diffusion, on saura à quoi s'attendre plus précisément.
08:20Alors, je voulais justement qu'on se projette un petit peu plus loin que ça, sur le sommet de Paris sur l'IA.
08:28On a les grandes lignes du programme.
08:30On va parler donc de l'intérêt public, l'intérêt général, avec justement la question des infrastructures ouvertes,
08:37la question de l'accès aux données.
08:39On va s'intéresser aussi à l'avenir du travail, la culture, avec les questions juridiques, notamment autour de la propriété intellectuelle.
08:46On va parler de l'IA de confiance, de la gouvernance mondiale de l'IA.
08:51Bon, on a un rapport de parlementaire qui nous dit quand même, dedans, il n'y a pas l'éducation.
08:55Tu peux oublier. Il n'y a pas la souveraineté, non plus.
08:58Alors, vous, quel est votre sentiment sur ce programme et qu'est-ce que vous en attendez ?
09:03Je vais peut-être poser une question.
09:08Je trouve que jusqu'ici, les choses commencent à se dévoiler.
09:13Et vu d'où je suis, je ne suis peut-être pas très bien informé, mais ça paraissait assez mystérieux encore,
09:19difficile de comprendre quel en va en être l'agenda.
09:22Et la première question que j'ai envie de poser, c'est quel est l'objectif ?
09:26Est-ce que l'objectif, c'est de faire un beau casting et puis d'ajuster un agenda fourre-tout par rapport à ça et de s'en tenir là ?
09:37Est-ce que l'objectif, c'est d'aller vers une vraie discussion de fond sur les problématiques éthiques de régulation liées à l'IA ?
09:45Et elles sont nombreuses.
09:47Ça semblait d'une direction, puisque j'ai vu un poste hier soir de Clara Chapaz qui avait assisté au partenariat mondial pour l'intelligence artificielle,
09:54une réunion de 44 pays à Belgrade, et elle parlait d'une sorte de giegue de l'IA.
09:59Donc, est-ce qu'on va faire une COP de l'IA, avec ce qu'on peut en espérer,
10:04ou est-ce qu'on va aller sur des sujets un peu plus concrets qui vont servir nos entreprises ?
10:10Et est-ce qu'on va donner une dimension européenne ?
10:14Parce que je pense que, voilà, il l'a dit tout à l'heure, Alexandre, si on n'est pas capable...
10:17Alors on nous dit que c'est international, que ça dépasse l'Europe.
10:19Oui, oui, d'accord, mais bon, voilà, si on montre juste nos petits bras, ça ne marchera pas.
10:23Donc moi, j'aimerais qu'on définisse un objectif et que par rapport à cet objectif, on fasse un agenda.
10:29Mais Christophe, je crois que justement, déjà dans le titre, la particularité de cet événement,
10:35c'est que dans le titre, ça donne en partie les motivations de l'événement.
10:39AI Action Summit. Et Anne Bouvreau, qui est l'envoyée spéciale du président de la République,
10:44en charge de l'organisation de ce sommet, avec toute une équipe dédiée, etc.,
10:48elle a toujours été très claire depuis le premier jour.
10:51Ils veulent en fait délivrer, ils veulent que ce sommet, ça ne soit pas qu'un sommet de discussion,
10:56ils veulent aussi des actes concrets. Alors qu'est-ce qu'il y aura dedans ?
11:00Comme toujours, c'est aussi ce que les parties prenantes vont amener,
11:04mais ce que j'ai compris, c'est qu'il y a un projet de fondation pour les communs numériques,
11:08qui est porté depuis des années par Henri Verdier,
11:11qui devrait voir le jour à l'occasion de ce sommet.
11:15Nous-mêmes, avec l'Inagora, la communauté OpenLLM France,
11:19on va essayer de faire progresser un certain nombre d'éléments d'état de l'art
11:23dans le domaine de l'IA open source, parce qu'on en a bien besoin.
11:26On va en reparler certainement, mais il y a beaucoup de confusion entre les gens
11:29qui font du faux open source IA, du vrai open source IA,
11:33et donc aujourd'hui, c'est vraiment le binz.
11:37Et puis, on peut aussi en attendre des actions concrètes.
11:41Moi, je porte des projets d'alliances franco-québécoises pour l'IA,
11:45ou d'alliances franco-marocaines pour l'IA, avec l'objectif derrière
11:48d'avoir un plan de route dans le cadre de ces alliances,
11:51et d'avoir une vraie feuille de livrable.
11:55Et là, je te rejoins Christophe, ça doit servir à ça,
11:58c'est-à-dire que faire des sommets pour des sommets, il faut arrêter,
12:01mais faire des sommets pour qu'on ait les bonnes personnes autour de la table.
12:04Si Elon Musk vient, il fagocitera tout l'agenda.
12:07Est-ce qu'on le veut ? C'est aussi ça, je pense qu'il faut déterminer l'objectif.
12:11Le signal quand même positif, je vais rejoindre Alexandre,
12:14c'est que le premier sommet était vraiment basé sur les risques,
12:17chez les anglais, là, il y a cette volonté de dire c'est une action,
12:20on veut des actions, on veut passer à des choses concrètes.
12:23Ça, c'est extrêmement positif, et il est très bien d'avoir une réflexion mondiale
12:26pour des actions concrètes sur l'IA, parce que si on ne le fait pas,
12:30on va se faire dépasser par des initiatives d'envergure.
12:34Quand même, Alexandre, c'est très bien d'avoir des initiatives bilatérales
12:38comme celles que tu viens d'évoquer, toutefois, je pense que,
12:41et Christophe l'a souligné, la réflexion doit être européenne.
12:44Sur les 10 dernières années, enfin 2013-2022, on a investi 6,6 milliards de dollars.
12:50Pendant ce temps-là, les États-Unis, c'était 40 fois plus,
12:53la Chine, c'était 15 fois plus, le Royaume-Uni, c'était 3 fois plus que nous.
12:57Donc en fait, on a de bonnes idées, une bonne intelligence,
13:00on a des laboratoires de recherche, on a des initiatives,
13:02les trois IA, l'INRIA qui travaillent, mais on ne pèsera rien.
13:06On va se faire complètement absorber, et de ce sommet mondial,
13:09on réussira à sortir quelques actions, et peut-être qu'on mettra l'éthique,
13:13la régulation en haut, et c'est les deux sujets qu'il faut appréhender,
13:16pour moi, dans un tel sommet.
13:18Toutefois, si l'Europe n'est pas capable de porter une réflexion européenne,
13:22c'est même pas si ça sert à quelque chose d'essayer de jouer dedans.
13:26Comment est-ce qu'on évite, effectivement, d'être phagocyté par les Américains ?
13:31Si on a Donald Trump et Elon Musk, ça va être, évidemment,
13:35la prise de parole la plus écoutée, a priori.
13:38Je pense que, pour revenir sur le sujet de l'éthique et de la régulation,
13:42en général, un sommet, il se réussit par le travail qui a été fait avant.
13:47Si on parle d'éthique et de régulation, c'est un sujet extrêmement compliqué,
13:52parce qu'on peut décider, nous-mêmes, de mettre de la régulation.
13:54On le voit, par exemple, avec Sora, qui n'est pas disponible en Europe,
13:57ce genre de choses.
13:59D'OpenAI, le Sora Turbo, qui ne sera pas là, en France,
14:02à cause des questions de régulation.
14:04Voilà. En tout cas, c'est peut-être un jeu politique autour de ça.
14:07Mais ce qui est sûr, c'est qu'on peut décider, nous-mêmes,
14:09de mettre des régulations, des règles, des freins.
14:12Mais si on le fait uniquement pour nos entreprises,
14:17et qu'on édicte des règles que seule l'Europe suit,
14:22et qu'on n'embarque pas les Américains ou les Chinois,
14:25jamais on ne restreindra l'utilisation de l'IA,
14:31parce que c'est devenu, aujourd'hui, un enjeu de domination mondiale.
14:34C'est un enjeu de sécurité nationale, un enjeu de sécurité mondiale.
14:38Donc, jamais un État dira, non, je me restreins et je m'empêche de développer.
14:43Il faut vraiment qu'il y ait un accord de toutes les parties.
14:47Donc, c'est pour ça que...
14:48Oui, mais Christophe...
14:49Mais là, il y a un problème de rapport de force.
14:51On a quand même besoin de régulation.
14:52Parce qu'on fait toujours le procès de la régulation.
14:54Mais la régulation, la première des choses qu'elle protège,
14:57c'est, en fait, les TPE, les PME, les ETI,
15:00et les États qui mettent ça, en fait, en œuvre.
15:04Regarde ce qui s'est passé dans le domaine de la culture.
15:06Il y a aussi les PME qui disent que c'est très, très lourd, aujourd'hui,
15:08de respecter toutes les réglementations européennes, et que ça les plombe.
15:11Alors, c'est un autre... Enfin...
15:12Non, mais il faut...
15:13Non, attends, vas-y, je te laisse finir.
15:15Effectivement, toutes les régulations ne sont pas bonnes,
15:17et il faut, en fait, des régulations intelligentes, pertinentes,
15:21au service, en fait, de l'industrie, et elles ne le sont pas toutes.
15:24C'est absolument évident.
15:26Mais regardons ce qui a été fait dans le domaine de la culture.
15:28Si on n'avait pas mis en place des quotas dans les radios,
15:31et toutes les radios, publiques comme privées,
15:34on n'aurait plus de musique française en France.
15:36Dans plein de pays dans le monde, ils n'écoutent plus leur musique nationale.
15:40Ils n'écoutent que de la musique américaine.
15:42Heureusement qu'on a inventé un système du financement de la création en France,
15:47et notamment dans le domaine du cinéma.
15:49Sinon, il n'y aurait plus de création française dans le domaine du cinéma.
15:53Et aujourd'hui, ces acquis, on sait que ça a marché.
15:56On s'en félicite, en fait, tous les jours.
15:58On a le plus grand festival de cinéma au monde, en fait, à Cannes.
16:01On a vu qu'on était capable de le faire dans le monde de la culture,
16:04mais l'IA, c'est en réalité, bien sûr, des maths, du langage,
16:08mais c'est avant tout de la culture.
16:09C'est pour ça que c'est aussi important, l'IA.
16:10Et donc, bien évidemment qu'il faut réfléchir à des mécanismes
16:13qui vont nous permettre de résister avec nos armes.
16:16Et nos armes, ça ne sera jamais le surinvestissement à l'américaine,
16:19puisque, by design, les niveaux de valorisation en bourse étant ce qu'ils sont,
16:25les niveaux d'investissement de la part des retraités américains
16:30par rapport aux retraités européens,
16:32le fait qu'on n'accepte pas en France, en Europe,
16:34d'être sur des systèmes par capitalisation,
16:36tout ça fait qu'il y a un déséquilibre structurel sur les montants de valorisation.
16:40À la fin des fins, il y aura toujours plus d'argent aux États-Unis pour les boîtes américaines
16:44que ce qu'il y aura de l'argent, en fait, pour les boîtes françaises et européennes.
16:47Donc, de toute façon, il faut qu'on invente une nouvelle façon
16:51à la fois de nous protéger et de nous soutenir.
16:53Alors, transition vers ce sommet open source.
16:57Alors, il va y avoir autour du sommet pour l'action de l'intelligence artificielle
17:02un Paris Open Source AI Summit que vous pilotez, d'ailleurs, l'Inagora.
17:08Vous le faites quand ? Pourquoi vous le faites ? Qu'est-ce qui va s'y passer ?
17:12Alors, on le fait le 22 janvier.
17:14Vous êtes d'ailleurs invité, messieurs et Delphine, et tous ceux qui nous regardent.
17:19Le 22 janvier, il y a un site web, ça doit être opensourceaisummit.eu.
17:24Ah, important !
17:26Ben oui, parce qu'il faut placer notre action à l'échelle européenne.
17:29Je suis absolument, je partage tout à fait l'avis de Philippe et de Christophe, en fait, sur ce sujet-là.
17:34Donc, le 22 janvier, en amont du sommet, parce que je suis aussi d'accord avec Christophe,
17:38un sommet, ça se prépare avant.
17:40C'est-à-dire que si on veut venir avec des propositions concrètes,
17:43défendre des points de vue, il faut qu'on s'organise avant.
17:47Et donc, nous, tout simplement, on propose à l'ensemble des communautés
17:52qui portent les sujets d'IA open source de se retrouver sur une journée
17:57pour réfléchir à quels sont nos enjeux,
18:00comment on peut inventer un nouveau modèle européen dans le domaine de l'intelligence artificielle.
18:06Moi, je suis convaincu...
18:07Il y aura META ? Est-ce que META sera dans le sommet open source ?
18:10À partir du moment où on dit qu'on est prêt à inviter tout le monde,
18:12META sera la bienvenue, Microsoft sera la bienvenue s'ils veulent en fait venir.
18:17Mais on aura la main avec la communauté open LLM sur le programme et sur les discussions.
18:22Donc, ça ne deviendra pas qu'un événement marketing.
18:26Et on ne servira pas de faunée pour faire avancer les thèses de ceux qui, dans le fond,
18:32n'ont qu'un seul objectif, c'est d'utiliser l'Europe comme un marché.
18:35Il n'y a aucune volonté de la part des géants mondiaux du numérique
18:40de faire autre chose de l'Europe que de nous vendre leur solution.
18:44Il faut être clair par rapport à ça.
18:45Mais je pense que maintenant, plus personne n'est naïf.
18:47Par contre, s'ils veulent effectivement contribuer à développer un modèle européen,
18:51une troisième voie numérique, nous, on prendra en fait les idées,
18:55la réflexion de partout de là où elle vient.
18:57Mais on a besoin de clarté.
18:58Et donc, naturellement, quand Meta dit je fais de l'open source IA,
19:02mais je ne permets pas à chacun de l'utiliser,
19:04j'interdis à des pays d'utiliser une partie de mes modèles,
19:07naturellement, on n'est plus dans l'open source.
19:09On est dans autre chose.
19:10Et donc, c'est ça aussi qu'il va falloir clarifier.
19:12Et on pense qu'aujourd'hui, la définition de l'OSI, Open Source Initiative,
19:16qui a défini ce qu'on appelle l'IA open source,
19:18cette définition a le mérite d'exister.
19:20Nous, on y a contribué, mais on pense qu'elle ne va pas assez loin.
19:22Et on est avec un certain nombre de personnes à penser ça.
19:25Il y a notamment mon collègue Sam avec qui on travaille sur l'idée d'une open source alliance
19:30qui permettrait, en fait, de redéfinir le travail structurant de ce qu'on appelle open source
19:37et des enjeux qui sont derrière, c'est-à-dire quelle politique industrielle
19:40il faut qu'on mette en place à l'échelle européenne pour enfin soutenir massivement cette industrie.
19:45C'est certain, la seule façon de mon point de vue de résister,
19:48c'est effectivement mon point de vue depuis un quart de siècle,
19:50mais ça reste toujours d'actualité.
19:52Le seul moyen de résister aux géants américains du logiciel,
19:56c'est de changer les règles du jeu.
19:58Et donc, dans le numérique, changer les règles du jeu, ça veut dire faire de l'open source.
20:02Et donc, c'est pour ça que c'est important.
20:04Et donc, le 22 janvier, à l'Institut de France.
20:06Ok, le rendez-vous est pris.
20:08On a beaucoup de débats sur ce sujet, donc je vous propose qu'on passe à la suite.
20:12Je voulais qu'on s'intéresse au départ de Pat Gelsinger, le directeur général d'Intel,
20:16qui a été mis à la retraite anticipée par son conseil d'administration.
20:20Tout ça, ça arrive après une suite de rumeurs de rachats d'Intel,
20:26ça arrive après un plan de sauvetage qui a été présenté par cet ex-DG.
20:32On est sur une des plus grandes crises, je pense,
20:35qu'est connue cette entreprise depuis sa fondation en 1968,
20:39avec des pertes majeures.
20:43Est-ce qu'il vous semble que la situation est complètement désespérée aujourd'hui pour Intel, par exemple, Christophe ?
20:49Ou vous dites, oui, un changement de direction peut redonner un nouveau souffle ?
20:53Parce que là, on a l'impression que Pat Gelsinger a été rappelé à la rescousse pour sauver ce géant,
20:58et ça n'a pas marché.
21:00Oui, pour nous qui avons connu l'informatique des années 90,
21:04et l'ultra-puissance, l'ultra-dominance d'Intel,
21:08on a une très bonne illustration de la dynamique capitaliste schumpeterienne.
21:13C'est que les géants ont parfois aussi des pieds d'argile quand ils s'endorment un peu sur leur situation confortable,
21:19et c'est sûr qu'on est très loin de l'esprit qu'avait voulu insuffler Andy Grove chez Intel.
21:28Moi, je pense, et d'ailleurs, quand on voit aujourd'hui,
21:32ils sont à moins de 100 milliards de dollars de valorisation,
21:35alors qu'NVIDIA est à plus de 3 000 milliards.
21:38Mais il faut voir aussi ce qui se passe en ce moment, l'accélération.
21:42Le croisement des valorisations a eu lieu en 2020, il y a 4 ans, 250 milliards.
21:47Entre temps, ils sont tombés à 100 milliards,
21:49mais les autres sont passés de 250 à plus de 3 000 milliards.
21:52Donc il faut voir de quoi on parle.
21:54Donc je crois que ce dont a pâti Pat Gelsinger, c'est ça aussi,
21:59c'est qu'avec cette inflation, l'exponentialité des valorisations autour de l'IA générative,
22:07le succès phénoménal d'NVIDIA,
22:09le fait que les GAFAM veulent développer leur propre chipset, etc.,
22:16la patience du conseil d'administration a grandi.
22:19Je pense qu'il avait attaqué les bons sujets,
22:21à savoir briser un certain nombre de tabous,
22:24comme le fait de revoir la chaîne...
22:26Ils avaient une chaîne de valeur totalement intégrée.
22:28Aujourd'hui, on fait le design des chips et on peut designer,
22:31on fait de la fonderie, de la fabrication,
22:34mais on ne peut faire que ça et le vendre à d'autres.
22:37On fait du packaging et de l'exploitation et donc il faut être capable...
22:41Cette ouverture, pour vous, c'était une bonne stratégie ?
22:43C'était la seule pour moi, de créer cette Intel Foundry Service,
22:46avec le soutien d'ailleurs du gouvernement américain,
22:49qui sera peut-être remis en cause par Donald Trump d'ailleurs,
22:52ce qui ne sera pas le moindre des sujets pour le prochain CEO.
22:56Je pense qu'il a fait les frais de cette descente aux enfers d'Intel,
23:01qui a loupé tout un tas de vagues.
23:03On raconte qu'en 2006, Paul Otellini, qui était patron d'Intel,
23:07a pris un appel de Steve Jobs et lui a dit non merci,
23:09il n'est pas intéressé pour faire des chipsets pour l'iPhone,
23:12en ne se croyant pas du tout au succès.
23:14Donc ils ont loupé la vague du mobile,
23:16ils ont loupé la vague...
23:18Pas du tout perçu que les GAFAM allaient créer leurs propres chipsets
23:21s'ils ne répondaient pas.
23:24Donc ça a descendu.
23:26Et puis là, il y a l'essor de l'IA génératif
23:28qui crée une impatience terrible vis-à-vis des actionnaires.
23:32On n'a plus beaucoup de temps, donc ça va être le sujet pour Philippe.
23:36C'est une info de TechCrunch en fait,
23:38que je rêvais de vous faire commenter, Philippe Legrand évidemment.
23:41C'est ce projet titanesque de méta,
23:43construire un câble sous-marin pour son propre usage,
23:46qui fera le tour de la planète.
23:48C'est une infrastructure de 40 000 km.
23:50Comment vous avez réagi quand vous avez lu ça ?
23:52Ecoutez, ce n'est pas une surprise.
23:54D'abord, il y a des précédents.
23:56Il y a déjà eu un premier câble qui a relié la côte Est des Etats-Unis à l'Espagne,
23:59le projet Anjana.
24:01Là, il y a 10 milliards d'investissement et 40 000 km.
24:04Mais il faut savoir qu'aujourd'hui,
24:06il y a un million de kilomètres de câbles optiques sous-marins.
24:09Et il y a 500 câbles.
24:11Et la moitié, à peu près, sont détenus par les big techs déjà.
24:15Donc c'est juste la continuité.
24:17Ce projet qui est baptisé W,
24:19parce qu'il relie la côte Est, l'Afrique du Sud,
24:21l'Inde, l'Australie et la côte Ouest,
24:23qui va faire le tour du monde,
24:25est assez singulier quand même parce qu'il a vocation,
24:27d'une part, à apporter une diversification
24:31dans des pays ou des zones du monde, du globe,
24:33qui sont mal desservis par les câbles optiques sous-marins.
24:35Et d'autre part, il tient compte,
24:37et c'est important de le souligner,
24:39il tient compte des risques terroristes sur les câbles optiques.
24:42Il n'emprunte que des zones sûres.
24:44Et d'ailleurs, l'atterrissage en Australie est motivé aussi par ça,
24:46la rapidité des autorisations d'une part,
24:48mais aussi la sûreté de l'espace maritime.
24:51Et ça renvoie à ce qui s'est passé,
24:53le cargo chinois qui a accidentellement
24:55laissé traîner son encre et a accroché
24:57un câble optique sous-marin dans la mer Baltique,
25:00ou bien les outils qui avaient détruit en mer rouge
25:03un autre câble optique sous-marin.
25:05Ce sont des infrastructures critiques,
25:08elles ne sont pas toujours très bien redondées,
25:10elles sont essentielles,
25:12et ce projet de méta illustre quand même
25:14l'importance de ces câbles,
25:16les risques et le besoin de diversifier les tracés.
25:19En outre, pour approfondir la question
25:22de la stratégie des big tech en la matière,
25:24il faut savoir que méta, Facebook,
25:26Instagram et WhatsApp
25:28représentent 22% du trafic sur le mobile
25:32et 10% sur le fixe dans le monde,
25:34sur l'ensemble du globe, y compris la Chine,
25:36qui sont moins utilisateurs, la totalité.
25:38Donc il est malheureusement naturel
25:40que méta conduise cette stratégie,
25:43que Google a déjà commencé,
25:45je crois que Google détient aujourd'hui 16 câbles
25:47en pleine propriété et 17 en copropriété
25:49sur les 500, c'est déjà beaucoup.
25:51On préfère quand il y a du partage d'investissement,
25:54parce que la mutualisation c'est mieux,
25:56et être très dépendant de ces big tech là,
25:58c'est dangereux pour l'économie mondiale des télécoms.
26:01Une réaction rapidement ?
26:03Moi ça me fait surtout penser que
26:05Starlink est en train de débarquer
26:07et qu'en réalité,
26:09à la fois il y a cette appropriation commerciale
26:15des réseaux sous-marins,
26:17mais aussi l'espace aujourd'hui est en train d'être privatisé.
26:20Là, je pense que ça devrait vraiment
26:23nous interpeller sur la nécessité
26:26de passer effectivement à une puissance
26:29même pas 10 ou 100, mais 1000
26:31en matière d'investissement.
26:33On a annoncé hier 1,5 milliard d'investissement
26:35pour créer des datacenters dans le domaine de l'IA en Europe,
26:38pas une seule implantation en France,
26:41c'est terrible,
26:43et 1,5 milliard,
26:45quand on regarde les sommes qui sont annoncées là,
26:47on n'est pas à l'échelle.
26:49C'est vraiment un changement,
26:51c'était un peu ce que disait Mario Draghi dans son rapport,
26:53mais bon, il est presque déjà enterré ce pauvre rapport.
26:56J'ai l'impression qu'on perd beaucoup de temps
26:58sur des sujets non essentiels à l'Europe,
27:01malgré les efforts.
27:03Mardi dernier, il y avait l'alliance
27:06pour le cloud, l'Edge et l'IA
27:08qui réunissait tous les acteurs industriels à Bruxelles,
27:11mais on voit bien qu'on a besoin d'un souffle politique
27:14et d'une vraie ambition politique à l'échelle européenne sur ces sujets.
27:1730 secondes, Christophe ?
27:19Peut-être, là, tu vois l'illustration des entreprises
27:21qui n'attendent pas les fonds publics
27:23pour y aller et foncer et avancer.
27:26Et bon, je veux dire,
27:28ils se créent eux-mêmes leur marché finalement,
27:30puisqu'il y a plein d'impacts.
27:33L'impact sur les télécoms, il est monstrueux,
27:35parce qu'effectivement, ça leur donne une maîtrise sur les coûts,
27:37et puis aussi, ça leur permet d'accéder,
27:39d'accélérer le déploiement de l'Internet mobile au débit
27:43dans les pays émergents,
27:45qui est une énorme source de croissance potentielle pour Meta.
27:47Donc, c'est gagnant, gagnant, gagnant.
27:49Merci beaucoup.
27:51Merci Christophe Hollenette de Seven2,
27:53merci Philippe Legrand de Téléos,
27:55et merci Alexandre Zapolsky de l'Inagora.
27:57Et merci à tous de nous suivre.
27:59C'était Smartech, à très bientôt.
28:09Sous-titrage Société Radio-Canada

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