• il y a 17 heures
Sudinfo vous propose l'émission "Home Cinéma" de VOO / Be TV consacrée à l'actualité du 7ème art. A l'honneur cette semaine: Jean-Marie Poiré dans le cadre d'une émission spéciale.
Réalisateur de films cultes comme « Le père Noël est une ordure », « Papy fait de la résistance » ou encore « Les visiteurs », il partage à Fabrice du Welz des anecdotes drôles mais aussi touchantes sur son parcours et sa belle carrière.
Transcription
00:00Dans Home Cinéma, j'ai le plaisir de recevoir le scénariste, réalisateur, producteur Jean-Marie Poiré, fils du célèbre producteur Alain Poiré.
00:20Avec Patrice Lecomte, il est indissociable de l'énorme succès de La Troupe du Splendide au cinéma.
00:27Avec lui, nous évoquerons son travail de scénariste déjà lié à de grands succès de la comédie française des années 70.
00:34Il nous parlera de son rapport privilégié avec Josiane Balasco et Christian Clavier, du rôle qu'il a voulu confier à Louis De Funès,
00:43de l'influence de la pub et des débuts de MTV sur un film comme Les Visiteurs ou de l'expérience désastreuse de son remake aux Etats-Unis.
00:52Rencontre avec l'un des plus célèbres réalisateurs de la comédie française. Allez hop, Home Cinéma, c'est parti.
00:59Jean-Marie Poiré, bonjour. Je suis ravi. Je suis ravi de vous avoir pour cette émission.
01:04Vous êtes un réalisateur populaire. Vous avez fait énormément de comédies, pas des moindres.
01:10Je n'ai fait que des comédies.
01:11Mais vous êtes principalement connu pour Les Visiteurs qui a été un énorme succès.
01:16Qui a donné naissance à de nombreuses suites, même un remake. Vous avez fait des films de troupe.
01:22Vous avez été très, très proche de La Bande du Splendide.
01:25Allô, Détresse Amitié, Joyeux Noël.
01:27Allô ?
01:28Oui, Joyeux Noël, monsieur.
01:29Joyeux Noël. Je vous appelle parce que c'est mon dernier Noël.
01:31C'est cela, oui.
01:32Je suis atteint de leucémie et je vais mourir dans deux mois.
01:35C'est cela, oui.
01:36J'aimerais revenir à vos débuts lorsque vous étiez assistant réalisateur pour Molinaro ou Plo d'Autant Lara.
01:44Est-ce que vous vous imaginiez vraiment avoir un parcours de cinéaste ?
01:49Je n'avais pas vraiment l'intention de faire du cinéma, pour dire la vérité.
01:52Pourquoi ? À cause de votre père, le célèbre producteur ?
01:55Non, pas vraiment.
01:57Mes deux ambitions étaient l'une d'être écrivain, de préférence prix Nobel de littérature.
02:02Ou alors la photo, j'adorais la photo.
02:04Pour les mannequins ?
02:05J'adore les mannequins.
02:06C'est cela.
02:07J'avais vu Blow Up d'Antonioni.
02:09J'avais été très impressionné par les séances de photos avec le photographe qui était au-dessus de la fille.
02:15Alors voilà, j'hésitais entre les mots et l'image.
02:18Finalement, j'ai été rattrapé par les films qui sont en fait une littérature moyenne avec une photo moyenne.
02:27Mais les deux ensemble font un produit assez sympa.
02:31Mais je n'ai jamais décidé de rien en fait.
02:36Curieusement, la vie a toujours décidé pour moi.
02:40C'est-à-dire que je suis devenu musicien par accident.
02:43Je me suis mis à écrire des livres.
02:45Ce n'est pas encore de la littérature, mais je vais peut-être écrire un roman maintenant.
02:49Pourquoi ? Parce que vous avez des difficultés ?
02:51Parce que j'ai pris goût à écrire.
02:53Et ce n'est pas aussi le fait d'être...
02:55De toute façon, pour l'instant, on ne me propose rien comme méthode.
02:58Peut-être c'est une question d'âge.
03:00Si un producteur écoute, je suis libre de suite, pas très cher.
03:04Et relativement talentueux.
03:06Avec des scores.
03:08Avec quelques millions d'entrées.
03:09Avec des scores.
03:11Spécialement à la télé qui font toujours des cartons.
03:28Pour l'instant, je fais de la peinture.
03:30J'écris quand même un film en ce moment avec Pascal Thomas.
03:33Mais j'ai écrit tellement de films qui ne se sont pas faits que...
03:36Ça, c'est le lot de tous les réalisateurs, non ?
03:38Oui, c'est le lot des artistes.
03:40Vous n'avez pas... On connaît les réussites.
03:43D'ailleurs, je disais souvent, les flops, on les retire de son CV.
03:48Personne ne vous les demande jamais rien.
03:51La vinaigrette, je la fais à l'huile de noix ou alors au citron ?
03:54Ceux comme tu veux.
03:55Non, parce qu'elle chante peut-être encore bien, la Bernadette.
03:57Mais alors, les valoches, bonjour.
03:58Ah bon, parce que toi, tu penses avoir échappé aux années, peut-être.
04:00Je ne sais pas si c'est le sport intensif.
04:02Mais plus je mûris et plus je me sens en forme.
04:04Ah oui, d'accord. Non vieilli, toi, tu mûris.
04:06C'est avantageux comme formule.
04:07Eh oui, mon vieux, je mûris. Comme une belle pomme.
04:09Juste pour revenir à votre début, M. Poiré,
04:11quand vous êtes premier assistant, à un moment donné, vous passez un cap important.
04:14Vous commencez à être dialoguiste et à écrire pour des noms quand même...
04:19On pense à Audiard, à L'Amoureux.
04:21Enfin, c'est quand même des gens qui pesaient dans l'industrie à l'époque.
04:24Comment vous êtes passé de premier assistant à dialoguiste et co-auteur ?
04:30Alors, je n'ai jamais su.
04:32Très drôlement, Jacques Audiard, un jour, je lui disais,
04:36je ne sais pas pourquoi, ton père m'a engagé.
04:39Il m'a dit pour faire chier le tien.
04:41Parce que je veux juste rappeler que votre père, c'est Alain Poiré,
04:45qui est vraiment un des...
04:47300 films.
04:49Un producteur de légendes qui a contribué à la grande renommée de la société Gaumont.
04:54Donc, souvent, je fais des rencontres qui changent ma vie.
04:59Et là, cette rencontre a changé ma vie.
05:02C'était à un cocktail chez Gaumont.
05:05Audiard y est allé avec les pieds de plomb,
05:08parce que ce n'était pas un film à lui, donc ça l'emmerdait.
05:12Moi, j'y allais...
05:14Je me disais, ça va nous économiser avec ma copine.
05:17On s'est dit, ça va nous économiser un dîner.
05:19J'ai rencontré Michel Audiard là, qui m'a dit,
05:21mais vous êtes le fils d'Alain Poiré.
05:23Oui, ah bon ? Il paraît que vous écrivez.
05:25On a parlé littérature, et là,
05:27une discussion mondaine de deux minutes
05:30est devenue une conversation amicale
05:33qui en a duré 15 ou 20.
05:35Mais vous étiez très jeune à ce moment-là.
05:37J'avais 20 ans.
05:39Je lui ai dit, vous écrivez comme Balzac,
05:41parce que tout le monde vous trouve drôle,
05:43mais vous écrivez d'une façon incroyablement concise.
05:45Je lui ai dit, je suis ultra épaté par votre travail,
05:47parce qu'en fait, vous réduisez les mots,
05:49et c'est absolument fantastique.
05:51Six mois après, alors que je crevais la dalle,
05:54je ne voulais plus faire assistant.
05:56J'étais devenu photographe de mode,
05:58ça marchait très mal.
06:00Au milieu de tout ça, on m'appelle,
06:03M. Audiard voudrait vous voir.
06:05Et je me dis, il va vouloir m'engager comme assistant,
06:08parce que j'avais senti que je ne lui avais plus.
06:10Donc je suis rentré, j'ai pris mon courage à deux mains,
06:12et j'ai dit, Michel, je suis venu parce que je vous admire,
06:15mais honnêtement, je ne veux plus faire assistant.
06:17Et il m'a dit, mais pourquoi ?
06:19Pourquoi je ne vous ai pas fait venir pour ça ?
06:22Je veux que vous écriviez des films.
06:24C'était sur quel film ?
06:25C'était son premier film comme metteur en scène.
06:27C'est pour ne pas prendre les...
06:28C'est un fort du bon dieu pour le gars sauvage.
06:30J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier.
06:33L'aigle va fondre sur la vieille buse.
06:36C'est chouette comme métaphore, non ?
06:38Ce n'est pas une métaphore, c'est une périphrase.
06:41Je vous raconte, ça fait joli.
06:43Mais en fait, mauvaise surprise,
06:45quand je suis arrivé pour travailler avec lui,
06:47on était sept.
06:49Donc il n'y avait pas beaucoup de risques.
06:51Et puis sept, ça veut dire que vous allez diviser le salaire par sept.
06:54Donc déjà, mauvaise nouvelle aussi.
06:56Donc je me suis dit, il va falloir que je me débarrasse,
06:59que j'assassine rapidement tous ces gens.
07:01Ça s'est fait tout seul, en fait.
07:03Parce que j'avais tellement plus d'atomes crochus avec Michel
07:07que la plupart des gens autour de la table
07:09qu'ils ont commencé à dégager les uns après les autres.
07:12Parce que vous en avez fait quelques-uns avec lui.
07:14J'ai pratiquement fait tous ses films comme metteur en scène.
07:18Je crains déjà d'être important.
07:20Je ne voudrais pas être un délicat.
07:22Madame Marais est au courant, elle sait que vous êtes une ordure.
07:25Ah bon ?
07:26Ne voyez surtout pas en moi une future cliente.
07:28Mon mari sait tout.
07:30Dommage.
07:31Est-ce que c'est Audiard qui parle de vous à Lautner et à L'Amoureux ?
07:36Parce que vous faites certains films de Lautner,
07:39vous faites des films de L'Amoureux,
07:41La Septième Compagnie.
07:42Vous écrivez, vous co-scénarisez La Septième Compagnie.
07:45Je veux vouloir vin rouge !
07:47Bien sûr, monsieur, avec plaisir, vin rouge.
07:49Et aussi à manger, pour quatre !
07:51À manger pour quatre ?
07:52Vite, vite, on est pressés !
07:54L'Amoureux, c'est différent.
07:56L'Amoureux, je l'ai rencontré à travers mon père.
07:59Parce que j'avais fait des succès avec Audiard.
08:01Il s'est dit qu'il n'était pas content du premier scénario de La Septième Compagnie.
08:05Il ne le trouvait pas parfait.
08:06Donc il m'a demandé si je voulais être script doctor,
08:09étudier le scénario et le rectifier.
08:13C'est pas du halaï.
08:15Vous savez du halaï ?
08:17Du halaï ?
08:18Mon camarade, il faut du halaï !
08:20Allez chercher du halaï !
08:22Tout de suite !
08:24J'ai eu des propositions de tous les metteurs en scène français.
08:27Clouseau, Delannoy, Yves Boisset,
08:31Jean-Jacques Annaud, Claude Chabrol.
08:34Donc j'ai eu énormément de propositions.
08:38Elles ne se sont pas toutes faites.
08:40Il faut dire aussi que j'étais le genre à me casser quand je faisais une rencontre.
08:45J'avais un peu de pognon d'avance.
08:47Je partais vite en vacances.
08:48Mais jamais avec le désir de faire votre premier film.
08:50Vous n'étiez pas un stacanoviste en se disant
08:52je vais faire ça pour préparer mon premier film.
08:54Jamais.
08:55Je ne pensais surtout jamais de venir m'éteindre en scène.
08:57Parce que vous le faites relativement vite après.
08:59Les petits câlins arrivent en 1977.
09:01C'est un accident en fait.
09:03Le fromage à la fin d'un repas vous paraît-il indispensable ?
09:06Moyennement.
09:07Le fromage à la fin d'un repas vous paraît-il indispensable ?
09:10Moyennement indispensable ou pas indispensable ?
09:12Ce sont toutes comme ça vos questions.
09:14Moi je préférais un truc du genre...
09:17Tu me trouves jolie.
09:18C'est venu d'un hasard en réalité.
09:23Au cours d'un déjeuner dans lequel un producteur de films porno
09:28il me dit personne n'a jamais pensé à faire un film porno intelligent.
09:32Alors j'ai dit écoutez laissez-moi réfléchir.
09:34Puis le lendemain je l'appelle.
09:35Il m'a dit écoutez c'est tout réfléchi.
09:37Vous voulez les passages obligés ?
09:40Ah oui il m'a dit vous allez faire la partie des dialogues
09:44et puis je prendrai une deuxième équipe.
09:46Vous savez il y a des deuxièmes équipes pour faire la partie médicale.
09:49Enfin on a parlé, j'ai sympathisé avec lui.
09:52Et je lui ai dit que j'étais en train d'écrire un scénario pour des femmes.
09:56Parce que j'étais horripilé par le cinéma français de l'époque.
09:59Où il n'y avait aucune représentation féminine de l'époque ?
10:01Il y avait à part Romy Schneider.
10:03Il y avait Romy Schneider oui.
10:05La plupart des femmes étaient des potiches.
10:07Et je dis on voit que Belmondo, Delon, Noiret, De Funès, Gabin qui étaient encore là.
10:13En plus je trouvais que les femmes avaient changé.
10:15Oui c'est l'époque de la maman et la putain de Jean Moustache.
10:17Alors bon j'ai commencé à écrire ce film.
10:21Et le producteur de porno m'a dit ça m'intéresse beaucoup.
10:25Parce qu'il pensait qu'il allait faire du casting.
10:28Et puis comme il n'avait pas assez de sous parce qu'il avait mal calculé son coût.
10:32Il m'a dit je vais trouver un coproducteur.
10:34Il va voir mon père.
10:35Et mon père...
10:37On lui a proposé un film porno.
10:39Puis trois jours après il m'appelle et me dit ton père c'est un tyran on ne peut pas lui parler.
10:43Il me prend pour de la merde j'ai l'impression.
10:46Je pars.
10:48Et d'ailleurs le film il a failli ne pas se faire.
10:50Dieu merci Yves Robert qui a vu mon embarras.
10:54A eu la très grande gentillesse de me dire je ne peux pas le lire.
11:00T'as jamais vu une dame simuler ?
11:02Vous avez souvent simulé ?
11:04T'as pas du très bien regarder.
11:06Faut sortir le dimanche.
11:07Ça c'est quelque chose qui est assez symptomatique dans votre parcours.
11:10Vous êtes toujours rattrapé ou sauvé par le destin.
11:13Il y a vraiment quelque chose qui vous remet sur le rail de la réalisation.
11:17Je suis sauvé par Victor Lanoue.
11:20Je suis sauvé par Victor Lanoue.
11:22Je suis toujours sauvé par les gens en fait.
11:24Voilà et c'est comme ça que c'est venu.
11:26Il parait que vous voulez pas me payer.
11:28Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
11:29Tu vas pas les croire.
11:31Fais pas le coin derrière.
11:32D'ailleurs il s'est repassé la même chose avec Victor Lanoue.
11:34Ça a été le même scénario.
11:36Oui pour votre deuxième film Un retour en force.
11:38Voilà mais dans les deux cas mon père disait il faut qu'on trouve un metteur en scène.
11:42Puis après c'était et si on donnait sa chance.
11:45Au petit.
11:46A Pierre Cosson qui est un très bon assistant.
11:49On donnerait sa chance à Tartampion.
11:51On donnerait sa chance à machin.
11:53Donc à un moment donné je sais pas ce qui m'est passé par la tête.
11:55J'ai dit pourquoi on donne pas sa chance à Jean-Marie Poiré.
11:57Donc j'ai fait le premier et le deuxième point.
11:59Pareil j'ai écrit Un retour en force pour Georges Zautner.
12:02Parce que mon premier film a fait.
12:04Ça me fait marrer parce que le premier film a fait pratiquement 500 000 entrées.
12:07Mais aujourd'hui c'est énorme.
12:08Aujourd'hui c'est énorme.
12:09A l'époque ça paraissait un flop.
12:11Mais je m'étais dit bon je vais revenir à mon métier.
12:13Donc j'ai proposé Un retour en force.
12:15Qui n'est pas un film qui me ressemble beaucoup.
12:17Parce que c'est un peu l'art.
12:19Qui est évidemment une comédie.
12:21Que j'ai tiré vers la comédie.
12:22Ah mais t'es super moi j'ai revu.
12:26Mais alors ce qui se passe sur Les petits câlins.
12:28C'est que vous faites une rencontre qui va être déterminante.
12:32C'est Josiane Balasco.
12:33Déterminante.
12:34Ça finit par là ?
12:35Elle est partie faire les courses.
12:37Tu veux venir bouffer avec nous ?
12:39On est trois.
12:40Trois nanas.
12:41Elle est en manque.
12:42Elle voit encore les mecs ?
12:43Elle est déterminante parce qu'elle vous amène quelques années plus tard.
12:46Oui.
12:47A l'équipe du Splendide.
12:48Oui.
12:49Vous écrivez Les hommes préfèrent les grosses.
12:52Avec Balasco.
12:54Et vous le faites dans des circonstances qui sont particulières.
12:57Parce qu'à l'époque ils tournaient.
12:59On défend du ski.
13:00Et je rencontre le Splendide.
13:01Alors votre.
13:03Santé.
13:05Merci.
13:07Bonne chance surtout.
13:10Le bouchon santé.
13:12Santé.
13:20C'est fort.
13:23Pour moi ça a été une bouffée d'oxygène.
13:25Parce qu'il faut comprendre la chose suivante.
13:28J'ai eu une carrière qui est partie comme une fusée.
13:31Parce que dans la même année j'ai écrit Pas de problème pour Georges Lautner.
13:35Et La Septième Compagnie pour Robert Lamoureux.
13:37Les deux plus gros succès de Gaumont.
13:39Et deux films parmi les dix premiers succès français.
13:43Donc en fait évidemment j'étais presquement star de scénario.
13:46Et j'avais ce copain américain.
13:48Et un jour j'arrive.
13:49J'ai dit c'est fantastique.
13:50J'avais eu la recette.
13:52Il m'a dit tu devrais pas te réjouir.
13:54Parce que tous ces gens sont beaucoup plus vieux que toi.
13:56Ils vont disparaître.
13:57Et tu vas partir avec eux.
13:59Parce que dans la vie.
14:01Il y a des toiles d'araignées qui se forment.
14:04Des groupes.
14:05Des bandes.
14:06Et il me dit t'es avec une bande de vieux.
14:08Mais n'empêche que c'est resté dans le fond de ma tête.
14:10Donc quand j'ai rencontré le Splendide.
14:13J'ai dit mais oui.
14:14Ça débouche la chiotte.
14:17C'est pas une boisson pour mauviettes.
14:20Je fais cette merde.
14:21C'est de la liqueur des chalotes.
14:23Mais c'est relevé au jus d'ail.
14:25Parce que les chalotes tout seul ça serait trop fade.
14:30Bien fouetté.
14:31Vous vous êtes un peu reniflé.
14:32Je pense qu'il y a quelque chose qui s'est passé directement avec Clavier.
14:35La rencontre c'est Josiane.
14:36Parce que d'une part je la trouve merveilleuse dans les petits câlins.
14:39Elle est absolument géniale.
14:40Ensuite on est très très amis.
14:42Il y a une complicité qui se forme.
14:44Deuxièmement.
14:45Elle me montre une pièce de théâtre.
14:47Je trouve qu'elle est brillante dans l'écriture.
14:49À l'école j'avais une copine qui s'appelait Monique le cul.
14:53Et bien elle a épousé un type qui s'appelait Merdard.
14:57Elle est déjà marquée quand même.
14:59Et tu sais ce qu'ils ont fait ?
15:00S'en suicider non ?
15:02J'admire beaucoup l'écriture du Splendide.
15:05J'admire les acteurs du Splendide.
15:08Tous ces gens je dis voilà.
15:09Là c'est une pépite.
15:11Je suis dans la maison.
15:13Je vais rester dans la maison un petit moment.
15:15Et je propose à Josiane d'écrire avec moi à Retour en Force.
15:20D'ailleurs elle botte en touche parce qu'elle avait Les Bronzés font du ski à faire.
15:24Donc j'ai été écrire avec elle pendant le tournage des Les Bronzés font du ski.
15:28Je lui avais dit tu fais un film tu tournes pas tous les jours.
15:30Quand tu tournes je vais faire du ski.
15:32Et puis quand tu tournes pas on travaille.
15:36J'en peux plus.
15:38J'en peux plus.
15:39J'en peux plus.
15:43Je vais dormir comme une masse.
15:45Après le tournage il y avait des dîners.
15:47Donc j'ai dîné successivement avec tous les acteurs du Splendide.
15:51Même avec Patrice Seconde d'ailleurs qui est charmant.
15:54Et des amitiés, des affinités se sont créées.
15:57Et curieusement l'affinité la plus forte a été avec Christian Clavier.
16:02Oh je vais l'épiler demain au Crétérium.
16:04Oh j'ai une pêche, j'ai une pêche les gars.
16:07Véritablement d'ailleurs j'ai vraiment eu une rencontre littéraire avec Christian Clavier.
16:12De la même façon que j'avais eu une rencontre littéraire avec Michel Audiard.
16:16Et ça m'a évidemment servi parce qu'il faut quand même savoir que c'est Christian Clavier
16:21qui a été le décideur de moi comme réalisateur sur Le Père Noël est une ordure.
16:32C'est cela oui.
16:34Ah oui alors donc bien sûr c'est vous qui m'avez appelé quoi.
16:37Oui.
16:39C'est cela oui, j'ai toujours eu beaucoup de chance.
16:42Josiane sortait d'un très gros succès sur Les Grosses.
16:45Donc elle m'a proposé.
16:47Oh pénible ces mecs, ils arrêtent pas de me coller.
16:50Moi j'aimerais bien qu'ils me collent un peu plus tiens.
16:52Il faut savoir que Les Grosses était un plus gros succès que Les Bronzés à l'époque.
16:55Je me demande ce que vous faites avec tous ces accomptes.
16:57C'est pour vous acheter de nouvelles lunettes sans doute ?
16:59Non monsieur.
17:00Je tâche de payer un appartement que je devais prendre avec un gros salopard qui s'appelle Paul Berthelot.
17:04Vous connaissez ?
17:05Si tu es venu là pour me faire une scène, ton avance tu peux te la foutre au cul.
17:08Mais t'as pas le droit de me le refuser pauvre con.
17:09Mais je vais me gêner espèce de pois tabac.
17:11T'as regardé sa caméra ?
17:12Pas du tout.
17:13Tenez.
17:14Tenez.
17:15C'était même le plus gros succès.
17:16Donc elle a dit j'aimerais vachement bien le faire.
17:18C'est toujours pareil ça.
17:19Quand on n'est pas une grande connasse la mai 75.
17:21Avec des seins comme des obus alors on n'est rien on n'est que moche.
17:23Bah oui oui oui.
17:24Bah moi j'ai des poils qui me poussent sous le maquillage.
17:26Et je suis un pot au tabac mais je réclame le droit de vivre.
17:28Voilà.
17:29Merde.
17:31Elle est pas gênée celle là ?
17:32Elle a foutu sa moumoute dans les huîtres.
17:33C'est déterminant pour la suite.
17:35C'est vrai que c'est une rencontre qui a changé totalement mon existence.
17:39Vous avez fait combien de films avec lui ? Une dizaine ?
17:41Oui beaucoup oui.
17:47Oh une serpillière c'est formidable Thérèse.
17:49Je suis ravi écoutez.
17:51Non Pierre c'est ta gilet.
17:52Ah oui ?
17:53Ah bah bien sûr.
17:54Alors bien sûr c'est ta gilet.
17:56Il y a des trous plus grands pour les bras.
17:58Alors ?
17:59Alors ce qui est étonnant c'est que vous faites, vous intégrez un groupe.
18:02Et vous faites à la suite beaucoup de films qui sont des passages de relais.
18:05Entre l'ancienne génération.
18:07Donc lui et la nouvelle génération.
18:10Est-ce que vous aviez conscience de ce passage de relais ?
18:13Parce que comme vous êtes entre deux mondes.
18:16Le monde de votre père et forcément le monde du splendide.
18:20Est-ce qu'il y avait cette idée de mélanger les comiques ?
18:23Oui parce que c'était d'abord ma première analyse du splendide.
18:28C'est qu'ils sont, ils se pensaient incroyablement révolutionnaires.
18:33Et moi je les trouvais incroyablement traditionnels.
18:36Et ils se trouvaient incroyablement révolutionnaires parce que
18:39ils avaient loué une bananerie et puis ils avaient repeint tout.
18:42Ils avaient appelé ça café théâtre.
18:44C'était très malin puisque personne ne les prenait dans les vrais théâtres.
18:47Mais en vérité quand je voyais la pièce je me disais
18:50elle serait beaucoup mieux dans un vrai théâtre.
18:52Et d'ailleurs très rapidement ils ont acheté un vrai théâtre.
18:55J'avais pensé à un joli camaillot de bleu marine comme je sais que vous aimez bien.
18:58Puis je me suis dit dans ces temps là ça changera.
19:00Vous avez tout à fait raison Thérèse parce que le gris et le bordeaux ça va avec tout.
19:03Alors ne risquez pas de vous tromper.
19:04Je pense qu'à l'époque si ça n'avait pas été une pièce qui avait bien marché.
19:07Parce que la pièce a eu énormément de difficultés à se monter.
19:11Et je ne suis pas sûr que le film se serait fait.
19:13Puis c'est une chose qui n'est pas commune et que vous ne verrez pas chez tout le monde.
19:16Ah mais j'espère bien Thérèse, j'espère bien.
19:18Écoutez si vous saviez ce que ça tombe bien.
19:20Je me disais encore hier soir qu'il manquait quelque chose pour descendre les poubelles.
19:24Je suis ravi Thérèse.
19:25Tous les jours le producteur du film il voulait me servir.
19:28Heureusement il y avait le splendide qui était producteur et qui me défendait.
19:31Mais tous les jours le producteur était là.
19:33Mais il y a combien de prises ?
19:35Mais il y a combien d'axes ?
19:37Oh !
19:38Alors après tout le splendide faisait oh dès qu'il y avait des trucs.
19:41Et même je trichais parce que pour l'emmerder.
19:45En général on fait prise 1, prise 2.
19:47Moi je commençais à 80.
19:49Donc la première prise c'était 80.
19:51Donc quand je faisais la deuxième j'avais écrit 82.
19:5582 prises ! Oh non !
19:57Mais parfois c'est pas mal d'avoir un producteur aussi qui modère.
20:01Oui parfois c'est pas mal.
20:03Il n'est pas question ici de comparer vos films.
20:05Mais Le Père Noël est une ordure est un film complètement transgénérationnel.
20:09C'est vrai.
20:10L'humour passe.
20:12C'est absolument politiquement incorrect.
20:15C'est drôlissime.
20:16Je ne sais pas si vous avez remarqué Thérèse.
20:18Il y a une espèce de deuxième couche à l'intérieur.
20:21Oui.
20:22C'est fin.
20:23C'est très fin.
20:24Ça se mange sans faim.
20:25C'est une fabrication artisanale.
20:27Oui effectivement on a un petit peu l'impression que c'est fait à la main.
20:30Oui oui c'est fait à la main.
20:32C'est roulé à la main sous les aisselles.
20:34Il y avait quand même cette notion de théâtre qui est très importante.
20:39Je ne sais pas.
20:40C'est quand même le même métier.
20:42Alors il se trouve que quand on a écrit Papy,
20:46le producteur du film qui était Christian Fechner,
20:48trouvait le budget beaucoup trop important
20:51par rapport à la valeur commerciale de Christian Clavier et de Martin Lamotte.
20:57Jetez ce type là dehors.
20:58C'est le roi des cons.
20:59Mais je vous en prie.
21:00Qu'est-ce qui vous permet de dire ça ?
21:01Mais vous portez des jugements un peu trop actifs.
21:03Monsieur super résistant.
21:04C'est lui super résistant.
21:05Il avait dit qu'il faudrait un nom d'une vraie vedette.
21:10D'où l'idée de proposer le rôle de Papy à Louis de Funès.
21:13Que vous aviez rencontré à l'époque d'Oscar.
21:15Que je connaissais très bien.
21:17Louis et moi, on a été très amis.
21:20C'est vrai, la première fois que je l'ai connu,
21:22j'ai été stagiaire sur un film.
21:24Je crois que c'est mon premier film vraiment comme stagiaire.
21:26C'était lequel ?
21:27C'était Le Grand Restaurant.
21:28Je suis arrivé, j'attendais la voiture de Louis.
21:31Il était arrivé dans sa DS.
21:32On a ouvert une porte.
21:33J'ai tendu la main, il ne m'a pas prise.
21:35Je l'ai amené dans sa loge.
21:37Il a piqué une crise de rage.
21:40La loge était un fait.
21:41Tout était dégueulasse.
21:42Regardez ça, c'est honteux de me recevoir là-dedans.
21:44La table de maquillage.
21:45Il me hurle dessus.
21:47Alors j'ai dit, monsieur, est-ce que je peux vous couper la parole s'il vous plaît ?
21:51Il me dit, oui.
21:52Premièrement, je vais d'abord vous dire que je vous admire énormément.
21:55Deuxièmement, je suis d'accord avec vous.
21:57Je trouve cette pièce épouvantable.
21:58Tout est dégueulasse ici.
21:59Vous avez oublié quelque chose.
22:01Elle pue.
22:02Il me dit, oui, c'est vrai, elle pue.
22:04J'ai dit, voilà.
22:05Et maintenant, ne me parlez plus jamais sur ce ton.
22:08Je n'accepterai pas de devenir votre souffre-douleur.
22:11Et il me fait, ah oui, vous avez raison, excusez-moi.
22:15Il est devenu un amour.
22:17Il a fait chier tout le monde.
22:19Sauf vous.
22:20Sauf moi.
22:21J'étais le chouchou.
22:22Je répète.
22:23Un kilogramme de pommes.
22:26Un litre de lait.
22:28Trois oeufs.
22:3090 grammes de beurre.
22:33Du sel.
22:34Et ?
22:35Et ?
22:36Des noix de mousquetaires.
22:54Je riais tellement que je mettais des pullovers dans ma bouche pour ne pas faire de bruit.
22:58Et puis, un jour, on m'appelle.
23:00J'avais un rendez-vous galant.
23:01Et je prends un râteau.
23:03Donc, j'étais dans le désarroi et dans le désespoir.
23:06Et donc, je ne riais pas.
23:07Et tout à coup, j'entends 58e.
23:11Et après, j'entends 59e.
23:14Et tout à coup, j'ai dit, mais 59e prise ?
23:17Pourquoi ?
23:18Et alors, je regarde.
23:19Et je vois Louis, les yeux rivés sur moi.
23:22Qui faisait une gueule d'enterrement.
23:25Et je comprends qu'il n'est content que si je riais.
23:29Son seul jugement, c'était que je riais au fond.
23:32Donc, j'ai fait, c'est bon.
23:34Cette prise est bonne.
23:35Alors, ce n'est pas tellement qu'il attendait le regard.
23:37Il attendait qu'on s'amuse.
23:39Il adorait tourner avec Gérard Aury pour ça.
23:41Parce que Gérard Aury était client.
23:43Et moi, je suis très client des comédies.
23:45Et les acteurs adorent tourner avec moi parce que je me marre.
23:47Et donc, c'est ça qu'ils attendent.
23:50Mais quand vous tirez sur votre nez.
23:52Que vous faites des tourniquets avec.
23:54Et que vous avez une équipe qui est comme ça.
23:59Non, ça va pas.
24:00C'est terrible.
24:01C'est-à-dire que vous êtes dans une solitude incroyable.
24:11Mais qu'est-ce qui s'est passé alors sur Papy fait de la résistance ?
24:14C'est-à-dire qu'il est mort, c'est ça ?
24:15Il est mort.
24:16Il avait accepté sans lire.
24:18Même si c'était un petit rôle.
24:19Il voulait un petit rôle parce qu'il avait eu des problèmes cardiaques.
24:21Il avait peur.
24:22Et il voulait deux choses.
24:24Un petit rôle.
24:25Et ne pas avoir à faire des cavalcades.
24:29Trop de trucs physiques.
24:31Je dois dire qu'il avait une admiration énorme pour les acteurs du Splendide.
24:36Il allait beaucoup au théâtre.
24:37Il adorait les comiques.
24:39Il avait félicité Clavier pour Papy, la pièce.
24:42Moi, j'ai toujours eu un très bon rapport avec lui.
24:45Et puis, il est mort.
24:46C'est un grand regret.
24:47Parce que j'aurais adoré tourner avec lui, évidemment.
24:51Alors, Ausweis, papier, s'il vous plaît.
24:55Au temps !
24:56Mais que se passe-t-il ? Vraiment, je ne comprends rien.
24:57Pas la peine de prendre vos grands airs.
25:00J'ai dit Ausweis !
25:03Tiens, pendant que vous y êtes, rajoutez-moi l'étiquette peint.
25:05Servez-vous, ils sont là, sur la table.
25:07Ce passage de relais transgénérationnel entre la vieille garde,
25:10habillée, maillant, noirée.
25:13Ça s'est passé très mal.
25:14Parce qu'en fait, tous ces gens,
25:16je voyais un très mauvais oeil.
25:18On ne sait pas, mais j'ai proposé le rôle de Jacqueline Maillon à Annie Girardot.
25:24Elle m'a dit, mais ce n'est pas un rôle assez grand pour moi.
25:28Je ne peux pas avoir la même taille de rôle que Christian Clavier.
25:32Et j'ai dit, mais c'est un film choral.
25:35Le film fait déjà deux heures.
25:37Je ne peux pas rallonger 40 minutes.
25:39Annie, qu'est-ce qu'on fait ?
25:42Il n'y a qu'à réduire les rôles des autres.
25:44Oui, bien sûr.
25:45Qui ont écrit la pièce de théâtre.
25:47Vous ne pouvez pas faire sauter votre bombe, il y a trop d'innocents à côté.
25:49C'est réglé comme papier à musique, ma pauvre.
25:51À 10h, le spectacle est fini, tout le monde s'en va.
25:53Et à 10h15, feu d'artifice signé Michel Topin.
25:57J'ai rendez-vous avec l'histoire.
25:59Ce qui est particulier, en plus, dans ces comédies,
26:01dans vos comédies des années 80,
26:03c'est qu'elles sont faites comme certains films de Melville, en fait.
26:06C'est dans un Paris ultra réaliste,
26:08avec une photographie quand même assez incroyable.
26:10Tout à fait juste.
26:11Il y a quand même une cinématographie qui est déployée,
26:13qui est quand même d'ampleur, d'amplitude,
26:15même presque proche d'un certain classicisme.
26:17Oui, oui.
26:18Qui va contraster complètement avec vos films suivants,
26:20surtout la vague Post 2000,
26:22où là, le rythme est très, très saccadé.
26:24Comment vous avez balancé, en fait, équilibré
26:27ce côté transgénérationnel entre une bande de comiques
26:30et l'aspect, la dimension esthétique de vos films ?
26:33Parce que je suis un fervent fan,
26:37un admirateur de Gérard Houry.
26:39Je trouve que Gérard Houry était un très grand artiste,
26:44mais d'une famille d'artistes.
26:46Il a vécu avec des peintres toute son enfance
26:48et il considérait qu'une comédie,
26:51ça devait être aussi beau qu'un grand film d'action
26:54ou qu'un grand film d'aventure.
26:57La plupart des producteurs de comédies sont des gougnafiers.
27:02Ça marche, alors c'est pas la peine de dépenser, écoutez.
27:04Ça fait marrer tout le monde, alors allons-y, allons-y.
27:06C'est bien, allons-y, le décor est parfait.
27:08Lui, il disait pas du tout.
27:10Il prenait des grands chefs-op,
27:11parce qu'il voulait de la très belle photographie.
27:13Et moi, j'étais très admiratif de ça.
27:16Et j'avais envie, c'est pas parce qu'on fait une comédie
27:19qu'il faut pas avoir des beaux costumes.
27:21Donc j'engage Catherine Leterrier qui fait les films de René
27:24et qui fait des films américains.
27:26Et je prends un grand photographe
27:29et je prends le décorateur de Paris Brutal.
27:32Papier, bitte.
27:33Nous venons de chez Monsieur Murat.
27:35Viens, viens.
27:36Rausse.
27:38Halt, papier.
27:40Je suis avec ces personnes.
27:41Versine sous sa main.
27:42Papier.
27:43En plus, je crois que c'est pour ça que les films vieillissent bien.
27:45Je crois qu'il faut garder un standing de spectacle.
27:50C'est pas parce qu'on fait un film commercial
27:52qu'il faut qu'il soit moche.
27:58C'est la première fois qu'on ose m'interrompre.
28:00Même votre fureur en 33 a fait la queue dans ma loge.
28:03Vous faites un film que personnellement j'aime beaucoup.
28:06Je pense qu'on a dû vous le dire.
28:08Qui a été un gros échec pour vous.
28:10Qui a été un game changer.
28:12Vraiment qui a réorienté pas mal votre...
28:15Il y a du vin peut-être ?
28:16Non, non, non.
28:17Vous voulez du vin ?
28:18Pas du tout.
28:19J'ai failli ne plus faire changer de métier.
28:22On va en parler parce que ça m'intéresse beaucoup.
28:24Parce que j'ai l'impression qu'esthétiquement
28:25il y a quelque chose qui s'opère là.
28:27C'est-à-dire que comme vous basculez dans la pub.
28:29C'est-à-dire qu'après l'insuccès de Mes Meilleurs Amis...
28:32Tu viens de l'appeler Mes Meilleurs Amis.
28:34Mes Meilleurs Copains.
28:35C'est pour ça qu'il n'a pas marché.
28:37C'est déjà un mauvais titre.
28:38Personne n'en retient.
28:39L'île de White, franchement, ça n'a rien de ringard.
28:42Un million de personnes a écouté Dylan ou les Doors.
28:46Moi j'en suis resté décoiffé.
28:48Nous on s'en est aperçu.
28:49L'île de White, quel souvenir.
28:50Je pars rencontrer huit Allemands.
28:52Mais alors, en revanche, deux Espagnols de ces villes.
28:55Attends, on va faire nous les détails.
28:56C'est un film qui est charmant, que j'ai revu.
28:58Vraiment charmant.
28:59Une étude de personnages comme ça.
29:01Une bande de copains.
29:02La vie quoi.
29:03Aujourd'hui la vie est beaucoup plus cruelle qu'autrefois.
29:05On vit un mauvais cycle.
29:06Un beau cycle de merde.
29:07On est tous repliés sur nous-mêmes.
29:08Chacun dans son petit coin.
29:09Bloqués par la peur.
29:10Moi j'ai peur.
29:11De toute façon, moi j'ai toujours pensé qu'on était dans un monde de flippés.
29:14Je comprends très bien ce que tu dis, Eric.
29:16Parce que la peur, c'est le grand problème entre les gens.
29:17Évidemment.
29:18J'ai beaucoup de tendresse pour ce film.
29:19En plus, c'est pas mal basé sur ma vie.
29:22Parce que c'est venu d'une discussion dans laquelle la vie, un jour, m'a dit
29:26« Mais qu'est-ce que sont devenus tes partenaires de ton groupe Les Frenchies quand t'étais chanteur ? »
29:32Arrêtez de vous agresser, les mecs.
29:34Ça pompe.
29:35C'est ces discussions sans queue ni tête qui foutent une mauvaise ambiance.
29:38Chacun son karma.
29:40Le film se ramasse.
29:42Oui.
29:43C'est un gros institution.
29:44On promeut les films comme producteurs.
29:45Oui.
29:46Je ne dis pas l'angoisse.
29:48Et vous êtes à un moment donné fauché.
29:51Et Ardisson vous appelle pour vous proposer de faire de la pub.
29:54Oui.
29:55Un coup de pot.
29:56On ne fait pas de pub tant qu'on n'en a pas fait.
29:59Il se trouve qu'une pub tellement mauvaise, tellement nulle, accablante,
30:04que même le metteur en scène qui était là pour le pognon a dit « Je ne peux pas ».
30:08Et l'acteur a dit « Je veux travailler avec un metteur en scène de cinéma parce que je fais cette pub,
30:13uniquement parce que je veux rencontrer un metteur en scène de cinéma ».
30:16Et donc, il a cherché et il a dit « Poiré, appelons-le ».
30:21Donc, il n'a pas fait difficile.
30:23Il m'a dit « Tu as déjà fait des pubs ? »
30:24Je lui ai dit « C'est pas grave ».
30:25Par contre, tu tournes après-demain, tout est prêt, les costumes, tout.
30:28Il n'y a plus qu'à dire « metteur ».
30:30Donc, un coup de bol, mais incroyable.
30:33Là-dessus, on m'appelle, le téléphone sonne.
30:36Tu fais de la pub, tu fais de la pub.
30:38On peut voir ta bande, c'est-à-dire le démo dans lequel on montre ses autres pubs.
30:42Je dis « J'en ai fait qu'une ».
30:44On peut la voir.
30:45Ah non, je dis « Vous ne pouvez pas la voir parce qu'elle n'est pas finie ».
30:47Pas grave.
30:48Et je fais une pub avec Junio qui fait un carton dans la pub pour Radiola.
30:55Attention derrière !
30:59Arrête sur l'image !
31:01Après, j'ai fait 100 pubs, donc c'est vrai.
31:03Mais est-ce que ce n'est pas un changement esthétique aussi ?
31:05J'ai l'impression qu'il y a le rythme qui change.
31:08Oui, c'est vrai.
31:09Même l'image change un peu.
31:11C'est-à-dire que vous osez des choses qui sont plus proches des acteurs.
31:16Les focales changent.
31:17Oui.
31:18Est-ce que c'est à cause de la pub ?
31:20C'est à cause de l'expérience.
31:21C'est ça.
31:22C'est-à-dire que d'abord, il se passe plusieurs choses.
31:24Quand on fait une pub, on a 30 secondes.
31:26Il n'est pas question d'avoir tenté une.
31:28Ces 30 secondes, c'est coupé.
31:30Je me suis aperçu, à ma grande stupeur,
31:32que c'était des fois difficile,
31:34mais qu'on arrivait à raconter une histoire très complexe
31:38en un temps défini très court.
31:40Deuxièmement, j'utilise beaucoup plus les focales larges.
31:44C'est aussi parce qu'elles sont plus proches.
31:47Les focales larges, c'est aussi parce qu'elles se sont développées.
31:51Prochement, on s'est mis à avoir des tas de focales larges,
31:53différentes, de bien meilleure qualité.
31:56Parce que le 18 d'autrefois était absolument dégueulasse à déformer.
32:00Vous aviez un pif comme ça.
32:02Dans Les Visiteurs, je fais exprès qu'il y ait un pif comme ça.
32:04C'est une autre chose.
32:05Mais là, je n'utilise même pas une grande focale.
32:07Je prends un fichaille.
32:08C'est-à-dire que je mets le clavier, le nez contre l'objectif.
32:11Et on lui pèlera le jonc comme au bail du limousin.
32:16Et puis, le monde avait changé.
32:19Le monde avait changé.
32:21Les clips arrivent.
32:23Et moi, je regardais mon fils qui regardait la télé.
32:27Il regardait la télé.
32:30Il zappait.
32:31Il y avait plusieurs chaînes.
32:32Il zappait.
32:33Il avait peur de s'ennuyer.
32:34Il mettait en plus une cassette.
32:36Et au cas où vraiment il ne trouvait rien de bien,
32:38il allait dans la cassette.
32:40Il revenait dans le film.
32:41Et je me disais, mais c'est marrant, le film.
32:43On a l'impression qu'il n'a pas bougé.
32:44On est à la même scène.
32:45Si vous voyez un film à moi et que vous ratez deux scènes,
32:49vous pouvez rentrer chez vous.
32:50Il faudra le voir la prochaine fois parce que vous avez tout pommé.
32:52Mais il y a beaucoup de films.
32:53Vous ratez trois scènes, vous allez pisser, vous allez chercher une bière.
32:56Vous revenez avec, vous revenez.
32:57Le film n'a rien changé.
32:58Vous êtes au même endroit.
32:59Ça n'a pas bougé.
33:01C'est aussi une réflexion que je me suis faite.
33:04Mais vous l'avez poussé loin.
33:05Peut-être.
33:06Parce que dans Le Dernier Visiteur,
33:08ce poiret, c'est pratiquement sous amphétamine.
33:11Pourtant, je ne prends pas de drogue.
33:12Enfin, plus.
33:13Il me faut du bon crotin pour la blander.
33:15Attrape ça et régale-toi.
33:17Quand on se chauffe au crotin, on pue la merde.
33:18Robert, on est à table.
33:20Je crois que c'est le public qui vous dit quoi faire.
33:23Est-ce que ce n'est pas le succès plutôt ?
33:25Non.
33:26C'est l'impression.
33:27Parce que le succès des visiteurs est quand même colossal.
33:30Mais là, vous établissez vos codes esthétiques,
33:33certains codes esthétiques que vous allez développer par la suite.
33:37Oui, j'ai développé surtout la réflexion suivante.
33:39C'est que tout film est possible et agréable à voir la première fois.
33:46Même si c'est très lent, il peut y avoir des belles images.
33:49Vous regardez ça, on vous présente une histoire la première fois.
33:52En vieillissant, je me suis aperçu qu'il y avait des films que j'avais beaucoup aimé.
33:55Et puis, je repassais à la télé et je faisais...
33:57Oh non !
33:59Et je cherchais autre chose.
34:01Et il y avait le rythme de MTV.
34:03Et en plus, moi, je suis chanteur de rock.
34:05Et la pub m'a montré qu'on comprenait tout à un point incroyable.
34:09J'avais un plan, mais qui ne durait pas une seconde.
34:13Oh, sa femme, je la connais.
34:15Non seulement, elle est gentille, mais en plus, elle est vernie.
34:17C'était une femme qui gagnait.
34:19Et elle poussait un cri comme ça.
34:21Je fais deux ans plus tard la suite de ce film.
34:26C'était la femme de Guy Marchand dans le premier film.
34:30Dans le deuxième film, il fait la cour à Lyo.
34:32On a oublié qu'il est marié.
34:35Et clair, neuf coups de foudre.
34:38L'annonceur a reçu 10 000 lettres de gens pour dire que c'est honteux.
34:43Il trompe sa femme.
34:45Mais pour moi, c'est une réflexion incroyable.
34:47Je me dis qu'ils se souviennent d'un plan d'une seconde dans un film.
34:53Mais le public est dément.
34:55C'est pour ça que je me dis pourquoi je m'emmerde.
34:57Je vais faire des films plus rapides parce que, par contre, c'est plus agréable à revoir.
35:00Est-ce que ce n'est pas aussi plus amusant à faire ?
35:02Parce qu'on a l'impression qu'avec la vie...
35:05Il y a quelque chose.
35:06Avec le succès démentiel des visiteurs...
35:08Oui, je suis producteur après.
35:10C'est moi qui décide de ce que je fais.
35:12Bien sûr, mon cousin. Tu es né en 1079.
35:14Et monsieur est un écrivain de Jeanne d'Arc.
35:15Et moi, je suis la reine d'Angleterre, non ?
35:18J'ai l'impression que...
35:19Les visiteurs, le concept est génial.
35:21C'est un concept...
35:22Vous en avez souvent parlé.
35:24Que vous aviez préécrit quand vous étiez jeune adolescent, au même enfant.
35:30C'était malade.
35:32C'était malade.
35:34C'était malade.
35:36C'était malade.
35:40Est-ce que le succès des visiteurs...
35:43Est-ce que vous l'espériez ?
35:45Est-ce que vous vous imaginiez avoir un succès pareil ?
35:48Est-ce que aussi le casting...
35:50Parce que je pense que le casting est déterminant.
35:52L'idée de génie, c'est Renaud.
35:54Avec Clavier.
35:55Le mec qui avait marché dans Cordonnay-de-Bretagne.
35:57C'est lui.
35:58C'est lui.
35:59C'est lui.
36:00C'est lui.
36:01C'est lui.
36:02Avec Clavier.
36:03Le mec qui avait marché dans Cordonnay-de-Bretagne.
36:04Tout à fait.
36:05Et qui est d'ailleurs devenu un triomphe à la télé pour la suite.
36:08Avec des scores à 12 millions et demi, des choses comme ça.
36:33Ce dont je m'aperçois, c'est qu'il y a quand même une prime au film pas emmerdant.
36:37Je suis désolée, monsieur, mais je ne peux pas déranger le directeur.
36:39Il est en réunion avec le comité des travailleurs.
36:41Non, c'est urgent.
36:42C'est une question de vie ou de mort.
36:44Je vais voir ce que je peux faire.
36:45Il a sûrement fini.
36:46Il doit emmener sa fille passer le concours Tchaïkovski.
36:49Essaie sa chambre.
36:50Oui, c'est ça, essayez sa chambre.
36:51Il doit rouplier.
36:52Quoi, il refuse de te parler ?
36:53C'est toujours la 240, la chambre du directeur.
36:55240, 241, 242, 43 et 44.
36:58Et celle des cinq postes.
37:02J'ai eu la chance de remonter plus rapide.
37:04Twist again à Moscou.
37:06C'est presque un slapstick.
37:08Les Allemands ont voulu acheter le film très cher,
37:10mais par contre, ils étaient embarrassés,
37:12parce qu'à l'époque, l'Allemagne était coupée en deux.
37:14Chaque fois qu'il passait des trucs très anticommunistes,
37:17ils avaient des problèmes diplomatiques,
37:19parce que les Russes hurlaient.
37:20Ah, vous faites des trucs !
37:22Donc, on achète le film,
37:23mais il faut enlever un certain nombre de gars qui vont choquer.
37:26Et où allez-vous passer le réveillon ? Dans les Carpathes ?
37:28Non, à Leningrad, chez Alexei.
37:29J'ai reçu le Bristol ce matin.
37:31On a toujours les relations là où il faut.
37:33Ils ont un yacht de 22 mètres.
37:35Nous sommes partis ensuite prendre le petit-déjeuner sans contrôle.
37:37Un ministre n'aura tout de même pas montré son passeport.
37:40Donc, on m'a montré les coupes.
37:41J'ai refusé les coupes telles qu'elles étaient présentées.
37:44J'ai dit, je vais faire les mêmes coupes.
37:46Je vous enlèverai tout ce qui vous plaît pas,
37:47mais laissez-moi le monter de façon correcte et pas à la hache.
37:51Et on pouvait raconter la même histoire avec 11 minutes en moins.
37:54Bon.
37:55Et le film s'est mis à marcher très bien à la télévision, tout à coup.
37:58Et les gens me disaient,
37:59je me souvenais pas que c'était aussi nerveux.
38:14On me reproche souvent un montage épileptique, des choses comme ça.
38:19Bon.
38:20Ce sont des techniciens qui me disent ça
38:24parce qu'ils regardent les films avec un regard...
38:28Moi, quand je vois un film,
38:29s'il y a un micro dans un coin, je le vois tout de suite.
38:32On n'a pas le même regard.
38:33Vous n'avez pas le même regard que les gens.
38:35Quand j'ai fait « Les anges gardiens »,
38:36qui était un film où j'ai accéléré beaucoup le montage,
38:39j'étais un peu obligé pour des raisons de format aussi
38:41parce qu'on ne voulait pas que je dépasse deux heures.
38:42Alors, j'avais un doute et j'ai fait venir plusieurs classes de lycée.
38:56J'aurais posé des questions.
38:57Le film, est-ce qu'il est trop rapide, normal, pas assez rapide ?
39:1090 % des réponses, normal.
39:12Pas assez rapide, trois personnes.
39:15Trop rapide, zéro.
39:17J'ai dit, les gamins voient plus vite que les vieux.
39:28Vous étiez derrière moi, alors j'ai changé son tour.
39:30Ta gueule ! Viens avec moi, toi.
39:31Vous êtes ici dans la maison de Dieu.
39:33Comportez-vous de manière décente.
39:34Je me comporterai de manière décente le jour où tu m'auras exorcisé.
39:37Donc, c'est vrai que petit à petit,
39:39j'ai coupé les gens qui viennent du fond de la pièce.
39:43J'ai coupé des choses comme ça qui n'ont pas d'intérêt, en fait.
39:47Donc, c'est des moments magiques, d'ailleurs.
39:49C'est des moments où on s'amuse.
39:51Moi, j'adore faire des trucs comme ça.
39:52Monsieur, j'ai un doute affreux.
39:54Je me demande si, en fin de compte,
39:55ce roman lycéen n'est pas de ma famille.
39:56Pardon ?
39:57Il vient de hurler « Mon joie »,
39:58qui est le cri de guerre des chevaliers français.
40:01Il vient aussi de hurler « Que trépasse si je faiblis ».
40:03Et ça, c'est la devise de Godefroy Lehardy.
40:05Le premier conte, c'est la devise de notre famille.
40:07Vous auriez pu m'avoir ce doute affreux plus tôt.
40:09Vous ouvrez votre bouquin « Rire est une fête »
40:13avec cette rencontre avec Lemercier
40:15où il vous a dit non pour le 2.
40:17J'aimerais savoir comment vous avez vécu sa défection.
40:20Est-ce que vous pensez que ça a porté préjudice
40:22à l'entreprise visiteur au sens général ?
40:25Je pense que oui.
40:26Les visiteurs ont été le plus gros succès de l'année,
40:28donc j'avais une statuette.
40:30Les anges gardiens étaient le plus gros succès de l'année,
40:33donc j'ai eu une statuette.
40:34J'étais persuadé que j'aurais une statuette pour les visiteurs 2.
40:37Et c'est mon père qui me l'a volée avec le dîner de cons
40:39à 500 millions de réprès.
40:41Donc il était ravi.
40:43Il m'a dit « Bah, t'as vu ? ».
40:45Et je pense que s'il y avait eu Lemercier,
40:48on aurait fait plus que le dîner de cons.
40:50D'une façon assez injuste,
40:54juste parce que Muriel Aubin n'était pas du tout mauvaise.
40:57Monsieur Jacquard est parti dans votre époque.
41:00Vous avez compris ?
41:01Oui.
41:02Alors c'est impossible de laisser Monsieur Jacquard dans votre époque.
41:05Oui.
41:06Alors nous sommes d'accord, il faut arranger ça.
41:08Mais ils avaient le souvenir de l'autre.
41:10C'est ça, c'est dément.
41:11Si elle avait joué le premier film,
41:13ils auraient dit « Elle est incroyable ».
41:15Parce qu'elle jouait comme Maillant.
41:16Ah, vous êtes là.
41:17Tenez, goûtez-moi cette souplette.
41:20Ça va vous plaire.
41:21Monsieur Houille s'est bien corsé, comme vous aimez.
41:23Et on a dit « Elle copie Lemercier ».
41:24Ce n'est pas du tout vrai.
41:25Elle est faite beaucoup plus bourgeoise,
41:27elle est beaucoup plus posée,
41:28elle est beaucoup moins chic que Valérie,
41:31qui est une bourgeoise un petit peu simili-fermière, noble.
41:36Mais qui est très belle quand on la regarde bien.
41:38Oui, mais...
41:39Parce que Lemercier, elle est tout et son contraire.
41:40Comment fais-tu pour vivre dans un si pitoyable logis ?
41:43C'est une vilette de Manon.
41:44Cousin, je vous en prie.
41:45C'est une petite bicoque sans prétention, d'accord ?
41:47Mais elle est très bien conçue,
41:48on a passé des soirées formidables.
41:49Je crois quand même que beaucoup de gens étaient heurtés.
41:51Beaucoup de gens étaient déçus,
41:52et beaucoup de gens n'ont pas été,
41:53parce qu'ils se sont dit « Ah non, on aimait beaucoup Lemercier ».
41:55Je n'ai pas compris pourquoi elle le faisait,
41:57j'ai supplié, j'ai imploré.
41:59Oui, vos premières pages du bouquin sont assez chères.
42:02Et j'ai commencé par ça,
42:03parce que c'est la question que m'a posée le plus Valérie.
42:06Pourquoi elle n'a pas fait « Demandez-lui ».
42:08Regarde, l'heure dit.
42:09Une vague ressemblance.
42:10Ok, c'était quand même un gros macho,
42:12crétentiaire, hyper poilu,
42:13qui devait puer de la gueule comme...
42:15Tu vois ce que je veux dire ?
42:16Ok !
42:18J'aimerais évoquer avec vous
42:20la débâcle américaine.
42:26Oh merde !
42:27Que faites-vous dans ma chambrine ?
42:32J'imagine que ça a dû être sacrément douloureux,
42:35mais pourtant ça avait commencé plutôt bien.
42:38Ça a commencé très bien,
42:40parce qu'on m'a acheté le film pour faire un remake.
42:44C'était formidable !
42:45Et je pense qu'on vous a très très bien acheté le film.
42:48Oui, très bien.
42:49Tout était bien.
42:50De ce côté-là, tout était bien.
42:51Puis c'est John Hughes !
42:52Je n'ai jamais vécu comme ça aussi bien.
42:53Mais John Hughes...
42:54John Hughes, formidable !
42:55Très très sympathique.
42:56Un réalisateur comme lui.
42:57Il achète le truc,
42:58il dit que c'est fantastique,
42:59et voilà !
43:00Et moi, je n'en avais rien à foutre.
43:03Quand il me dit « Les remakes, c'est toujours raté »,
43:05je dis que je m'en fous.
43:06Il y avait un mec américain, du Père Noël,
43:08qui a fait un film le plus mauvais qu'on ait jamais fait,
43:11avec Steve Martin.
43:12J'ai dit « Tant mieux ! »
43:13J'ai touché beaucoup d'argent.
43:15Est-ce qu'il fallait le faire ?
43:16Est-ce que John Hughes n'aurait pas pu le faire,
43:18ou un autre réalisateur américain ?
43:20Je n'ai pas eu le courage de résister au chèque qu'on m'a proposé.
43:25Voilà.
43:43John avait été abasourdi par les effets spéciaux des anges gardiens.
43:50Donc, c'est ça qui s'est passé.
43:52Il m'a dit « Je voudrais que tu fasses le film ».
43:54Et j'ai dit non.
43:55Alors, j'ai été un peu bêta,
43:58parce qu'un jour, il ne me donnait plus de nouvelles.
44:00Au bout d'un an, j'étais dans le bureau du patron de Gaumont de l'époque,
44:04et les claviers font « Mais comment ça se fait que John ne nous rappelle pas ? »
44:08J'ai dit « C'est parce que j'ai refusé le film ».
44:10« Mais non, mais non ! Il s'en fout d'avoir toi comme metteur en scène ! »
44:14Ça m'a un peu vexé, je ne cache pas.
44:16Et c'était une erreur.
44:17Tout ce qu'on fait en étant vexé est une connerie.
44:20Il ne faut jamais se laisser avoir quand on est vexé.
44:23Je suis rentré à la maison, j'ai envoyé...
44:25À l'époque, il y avait des faxes.
44:27« John, finalement, je vais faire le film. »
44:28Dix minutes après,
44:30j'ai dit « Allô ? »
44:34« Alors, tu veux faire le film ? »
44:35J'ai dit « Oui, je veux faire le film. »
44:36« Si, il est beaucoup changé. »
44:37« Si, ceci. »
44:38« Si, tu m'aides. »
44:39« Si, blablabla. »
44:40« Si, ceci. »
44:41Puis le lendemain, j'ai rappelé les autres.
44:42J'ai fait « Alors ! »
44:44Et après, j'ai dit « Mais quelle connerie j'ai faite ! »
44:48« Qu'est-ce que je peux faire pour me se tirer de ce que je n'avais pas ? »
44:50Alors, j'appelle mon avocat et je lui ai dit
44:53« Qui est la personne la plus payée de l'histoire du cinéma américain
44:57qui ne soit pas américain ? »
44:59On me dit « John Woo. »
45:00Je lui ai dit « Tâche de savoir combien il touche,
45:03parce que je vais demander plus. »
45:04J'ai demandé un pourcentage qu'aucun metteur en scène n'a jamais eu.
45:08Et on m'a dit « Oui, à tout ! »
45:10Et après, j'ai demandé, j'ai fait chier
45:13avec des chambres d'hôtel.
45:14« Il me faut une rôle. »
45:15« S'il me faut ceci, il me faut cela. »
45:18J'ai fait la star chiante.
45:21Et tout passait.
45:22Donc, il y a un moment, tu te dis « Bon, tant pis, après tout.
45:25Je veux dire que ce que tu fais,
45:26tu fais aussi ça pour gagner ta vie. »
45:32Merde !
45:44Monsieur Poiré, j'ai une dernière question pour vous.
45:46Dans votre bouquin, vous écrivez au chapitre « Rire est une fête »,
45:50il y a une citation d'Albert Einstein.
45:52Vous dites « Il n'y a que deux façons de vivre sa vie.
45:55L'une en faisant comme si rien n'était un miracle.
45:58L'autre en faisant comme si tout était un miracle. »
46:00Oui.
46:01Quelle direction vous avez choisie ?
46:03Je pense que ma vie a été un miracle, oui.
46:06C'est tout simple.
46:08Je voulais être artiste.
46:11Quoi ? Je ne sais pas.
46:13J'ai d'ailleurs essayé d'être chanteur.
46:15Ça a foiré.
46:17Je fais des tableaux aujourd'hui.
46:19L'angoisse qu'on a quand on veut être artiste,
46:21c'est qu'on crève la faim, les artistes.
46:24Écrire des trucs, des conneries, et être payé pour ça,
46:27alors qu'on s'amuse tout le temps,
46:29je dis que ce n'est pas un miracle.
46:31Expliquez-moi.
46:33Ce sera le mot de la fin.
46:34Je vous remercie beaucoup, Monsieur Poiré.
46:35Ça a été un plaisir de nous rencontrer avec vous.
46:36C'est moi.
46:37Vraiment.
46:45Sous-titrage Société Radio-Canada
47:15Sous-titrage Société Radio-Canada
47:45Je vois la terre des lions derrière l'horizon.
47:48Vous devez trouver votre place dans le cycle de la vie.
47:52Les amis !
47:53C'est à vous. Ne le mangez pas.
47:55Magnifique.
47:56Un autre marginal que nous n'avons pas le droit de manger.
47:59Il était une fois l'histoire de Mufasa, le père de Simba.
48:03Cinq ans après le roi lion,
48:05le réalisateur Barry Jenkins signe un préquel
48:08qui revient sur les origines de la légende avec la même énergie.
48:16On pourrait éclairer un village d'Afrique pendant un an.
48:19Je ne sais pas si j'ai bien fait d'assister pour qu'ils viennent.
48:21Vous aimeriez, vous ? On vous mange le foie à Noël.
48:24Ma maman n'avait dit plus de ça.
48:26T'as acheté une teinte fermière.
48:27Vous en avez rien à foutre de la planète, tous les deux ?
48:30Bûches glacées et réchauffement climatique sont-ils compatibles ?
48:33On m'a volé mes enfants.
48:34Eux, là, en bas, je ne sais pas qui c'est, mais ce ne sont pas mes enfants.
48:37A l'aube du réveillon, Didier Bourdon et Noémie Lwowski
48:40se prennent le chou avec leurs enfants sur la composition du menu de Noël.
48:44Est-il durable et écologique ?
48:51Que ce soit le vin de la mer,
48:54que ce soit le vin du Nord,
48:59je t'abreuverai le sang des taureaux.
49:02Présentée à la Semaine de la Critique canoise,
49:04ce western féministe prend le patriarcat par les cornes
49:07et plante ses bandes des riasses dans l'univers macho des courses camarguaises.
49:12Je crois que j'étais attaquée par un taureau.
49:14Un conte fantastique porté par Oulaya Amamra,
49:17César du meilleur espoir féminin en 2017.
49:27Monsieur Sangari, moi, je suis là pour vous écouter.
49:31C'est quoi votre histoire à vous ?
49:36Perrault, je t'ai donné le compte pour que tu travailles.
49:38Il faut travailler, il faut travailler, Perrault.
49:40Je n'ai pas venu en Europe pour jouer.
49:43Souleymane, je t'ai donné le compte.
49:47Moi, j'ai besoin de sous.
49:48Demain, je te paye à 13h.
49:52Souleymane, ce n'est pas le 22 février, c'est le 19 février.
49:54Entretenez-moi encore deux jours.
49:56Je dois maîtriser l'histoire.
49:59Construit comme un documentaire,
50:00ce thriller social dénonce les galères d'un sans-papier
50:03et révèle Abou Sangaré, un comédien non professionnel saisissant,
50:07auréolé par le prix d'interprétation masculine
50:10dans la section « Un certain regard » à Cannes.
50:22Martin dit qu'elle vient de Bruxelles.
50:25On va se fêter.
50:26Tchin tchin !
50:28Hey !
50:29As-tu déjà été si jeune ?
50:31Oui.
50:32C'est le plus joli sentiment que j'ai jamais eu.
50:37Oh !
50:39Oh, mon Dieu, c'est tellement drôle !
50:42Tu peux toujours dire que c'est drôle.
50:44Ce serait tellement bizarre si je le disais.
50:46Je ne me fais pas confiance.
50:48Les premiers sentiments amoureux provoquent un vrai chaos
50:50chez le jeune Elias, 14 ans.
50:52Un drame familial qui plante son décor entre Bruxelles et Cannes.
51:02Vous n'allez pas sauter, Damien.
51:04Les papiers sont là.
51:05Mais pourquoi vous les avez pris ?
51:06Ça fait six fois qu'il nous fait le coup.
51:07C'est un chantage affectif.
51:09Je crois que j'ai enfin une solution pour vous.
51:11Nous allons arrêter nos séances.
51:12Et je compte bien vous revoir.
51:13Ah ouais ? Alors quand ça ?
51:14Quand vous aurez décidé de trouver l'amour.
51:16T'es balancé !
51:18Je suis tellement contente qu'Alice vienne avec son nouveau chéri.
51:20Moi aussi.
51:21Non !
51:22Sur nos 30 ans de mariage...
51:23A chaque fois que je t'ai présenté quelqu'un,
51:25t'as pas pu t'empêcher de l'analyser.
51:26Ça ne te surprendra plus, je te le promets.
51:28Je vais le chercher. Il y a moins de des choses.
51:31Oh, la vache !
51:32Docteur Blanchet ?
51:34All you need is love.
51:36C'est ce qu'un illustre psychanalyste,
51:38campé par Christian Clavier,
51:39tente de faire comprendre à Baptiste Le Caplin,
51:42son patient très angoissé.
52:04Je suis venue me marier.
52:07Mon amie...
52:08Elle est venue de Londres pour se marier avec moi.
52:10Mais j'ai perdu le courage et j'ai fui.
52:12Elle m'a abandonnée à Caïs et s'est embarquée en Singapour.
52:17Je vais lui chercher.
52:19Embarquée pour un voyage virtuose en Asie,
52:22pris de la mise en scène à Cannes cette année,
52:24ce grand tour tragi-comique planté en 1918
52:27relate l'épopée romantique de Molly la têtue.
52:30Elle court derrière son futur mari,
52:32qui, lui, la fuit parce qu'il a changé d'avis.
52:37Homme cinéma se pose pour les fêtes.
52:39Moi, je vous retrouve début 2025 avec grand plaisir.

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