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Le monde agricole est à nouveau au bord de la crise de nerfs. L’annonce de la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, marché commun d’Amérique du Sud, ne passe pas. C’est le syndrome de la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien trop rempli. [...]

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00:00Le monde agricole est à nouveau au bord de la crise de nerfs.
00:12L'annonce de la signature d'un accord de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur, marché commun d'Amérique du Sud, ne passe pas.
00:20C'est le syndrome de la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà bien trop rempli.
00:24L'alliance Mercosur, créée en 1991, est aujourd'hui constituée de quatre de ses cinq membres fondateurs.
00:30Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, le Venezuela ayant quant à lui été suspendu en 2017, rejoint par la Bolivie en décembre 2023.
00:41L'ensemble représente une population de plus de 280 millions d'habitants, soit les deux tiers de la population du sous-continent sud-américain.
00:49Le PIB cumulé de ce bloc économique est proche de 3 000 milliards de dollars, soit l'équivalent du PIB français.
00:56Le niveau de vie des habitants se situe ainsi nettement en dessous des standards européens et varie de 1 à 6 entre le pays le plus riche, l'Uruguay, et la Bolivie en bas de l'échelle.
01:05Si cette alliance intéresse tant les industriels européens, c'est que la croissance y est plus forte qu'en Europe, le double environ.
01:11Les besoins de ces habitants en augmentation, tout comme ceux de ces entreprises en matériel et équipement.
01:16Faciliter les échanges de biens et de services entre l'UE et le Mercosur en réduisant fortement les barrières tarifaires semble dès lors une évidence.
01:24Les montants en jeu sont déjà colossaux.
01:26Rien que sur les biens, les échanges couvrent plus de 50 milliards d'euros d'importation et d'exportation.
01:32Le solde est plutôt favorable à l'UE, sauf en 2022.
01:36Mais le diable se cache dans les détails, car le contenu de la balance commerciale est profondément déséquilibré.
01:41D'un côté, il y a les biens non agricoles, amplement excédentaires.
01:45Les services, dont le solde est lui aussi structurellement positif.
01:49Et pour finir, les biens agricoles qui sont dans le rouge.
01:52La France est à l'image de l'Europe.
01:54En moyenne, sur les trois dernières années, le solde commercial vis-à-vis du Mercosur est légèrement positif,
02:01notamment grâce aux excédents dégagés sur le Brésil et l'Argentine.
02:04Là où le bas blesse, c'est que cette balance commerciale est elle aussi déséquilibrée entre les biens non agricoles et l'agriculture.
02:10A priori, cela prend toutefois l'allure d'une tempête dans un verre d'eau.
02:14La filière viande, celle qui serait la plus impactée avec le sucre, ne semble pas devoir être mise en péril.
02:19Les importations de viande en provenance du Mercosur représentent à peine plus de 60 millions d'euros,
02:24soit moins de 1% de ce qui est importé chaque année.
02:27Le solde est déficitaire de 61 millions d'euros, mais c'est un chiffre à comparer à un déficit global de plus de 2 milliards d'euros.
02:34Alors pourquoi tant de crainte ?
02:361. Parce que les importations et le déficit se concentrent sur les filières bovines et voilà, ils sont déjà fragilisés.
02:422. Jusqu'à maintenant, les flots en provenance de ces pays étaient à la fois soumis à des droits de douane, mais aussi contingentés, ce qui a limité leur pénétration.
02:50Mais il ne faut pas perdre de vue que le Mercosur produit un quart de la viande bovine de la planète
02:55et représente un tiers des exportations mondiales, une production ultra compétitive qui ne demande qu'à se développer si des débouchés venaient à s'ouvrir plus amplement.
03:04D'autant plus facilement que la lutte ne se fait pas à armes égales.
03:07Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas tant le coût du travail qui pose problème,
03:10mais le respect de normes réglementaires et environnementales imposées à certains et pas aux autres et qui fausse totalement la concurrence et rend non compétitifs les produits de la ferme France.
03:20Il faut se rendre compte des écarts de pratiques autorisés.
03:23Dans l'utilisation de pesticides, au Brésil, 145 sont autorisés alors qu'ils sont interdits en Europe, notamment ceux connus pour leur impact négatif sur les pollinisateurs.
03:33Les antibiotiques d'élevage utilisés comme activateurs de la croissance sont permis dans les élevages agricoles dans certains pays du Mercosur,
03:39mais prohibés en Europe depuis 2006.
03:42La culture d'OGM, massivement utilisée en Argentine et au Brésil, sont illicites en France depuis 2008.
03:48Les hormones utilisées dans l'élevage bovin au Brésil sont interdites dans l'UE depuis 40 ans.
03:53Traçabilité limitée, normes de bien-être animal moins strictes complètent la liste.
03:58Les raisons de la colère des agriculteurs sont bien là.
04:00Être sacrifié par Bruxelles sous l'autel de l'industrie automobile, des biens d'équipement, de la chimie, de la pharmacie, notamment allemande.
04:07Il semblait pourtant bien que la souveraineté et la sécurité alimentaire des Français n'étaient plus négociables depuis la crise sanitaire.

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