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00:00Est-ce que ça sert encore à quelque chose de descendre dans la rue pour manifester,
00:05pour sauver l'industrie ? C'est la question que l'on vous pose aujourd'hui à 7h46.
00:10Appelez-nous au 04-76-46-45-45.
00:13On écarte plusieurs centaines d'emplois sont menacés en isère dans l'industrie en particulier.
00:18On pense à Valeo, à Saint-Quentin-Falavier, à Vancorex, à Penteclet, à Logiplast, Timtex,
00:23à Charvio-Chavagne.
00:24Bref, la liste est longue malheureusement.
00:26Pour en parler ce matin, Adrien Poirieu, bonjour.
00:29Bonjour Théo.
00:30Merci d'être en ligne avec nous.
00:32Vous êtes référent en isère de la Fédération Nationale des Industries Chimiques, c'est
00:36la branche chimique de la CGT et vous êtes à Rousillon en ce moment même sur la plateforme
00:42chimique où là aussi la mobilisation commence, c'est ça ?
00:44Donc oui exactement, depuis ce matin 6h30, on a un piquet de greffe qui s'est installé
00:51au niveau de l'entrée nord de la plateforme et qui génère déjà une quantité de bouchons
00:56considérable pour accéder au site.
00:59L'objectif pour nous c'est de démontrer que les salariés sont déterminés à vouloir
01:06sauver leur industrie, sauver leurs emplois face au système capitaliste actuel qui, du
01:14fait de la mondialisation, détruit nos outils de travail et nos industries.
01:19Ce n'est pas la première mobilisation de ce type, il y a par exemple Sophie Binet,
01:23la dirigeante de la CGT qui est venue à Pont-de-Clay récemment pour déjà une journée
01:28de mobilisation.
01:29Qu'est-ce que ça peut changer ces journées aujourd'hui ? Est-ce que vraiment ça peut
01:33changer les choses ?
01:34Alors effectivement, au niveau de l'organisation CGT, depuis le 1er octobre on a fait plusieurs
01:41journées de mobilisation sur ces questions-là.
01:45L'objectif pour nous c'est de peser dans les discussions au niveau de l'actionnariat
01:53qu'il peut y avoir au niveau national, que ce soit chez Total, chez Ineos, chez Kemoine,
01:58tous les grands industriels qui gagnent des milliards d'euros, pour leur faire comprendre
02:04que sans nous, sans la force de travail que les salariés ont, tout s'arrête et c'est
02:10ce qui risque d'arriver si toutes nos usines ferment.
02:13On va d'ailleurs faire un détour par l'une de ces usines, je vous propose d'aller à
02:17Saint-Quentin-Falavier, rejoindre Hassan Boujemette.
02:20Bonjour Monsieur Boujemette.
02:21Bonjour.
02:22Merci d'être en ligne avec nous.
02:23Vous êtes élu au CSO de Valeo pour le syndicat Sud, à Saint-Quentin-Falavier, la grève commence
02:28à 8h sur le site de Valeo, vous êtes déjà sur place il me semble, c'est quoi le programme
02:32aujourd'hui ?
02:33Alors on a un programme chargé aujourd'hui, on est arrivé dès 6h avec les collègues
02:37de la CAT et de la CGT, nous sommes en intersyndical pour faire ce mouvement de grève et Sud Industrie
02:46rejoint la CGT sur l'appel à la grève contre les licenciements, mais pour Valeo, à la
02:51différence du Camargue, la différence c'est que nous le couperait les tombées la semaine
02:56dernière et les annonces sont là et on a une suppression de 238 postes de travail.
03:02Et cette journée là, qu'est-ce que ça peut changer ? Est-ce que ça peut changer les
03:05choses pour vous à Valeo ?
03:06Alors, ce qui peut changer nous c'est déjà médiatiser notre mouvement de grève aujourd'hui
03:13et le combat c'est, à la fois on rejoint le combat contre les licenciements mais c'est
03:19surtout par rapport à la Cité Valeo de Saint-Quentin-Falavier, on veut vraiment que les gens partent de
03:24manière digne, avec des indemnités conséquentes, qu'ils puissent pouvoir trouver un emploi
03:30ou une formation diplômante pour pouvoir essayer d'assurer leur avenir.
03:36C'est ça qui est compliqué.
03:37Oui, c'est tout ce qu'on souhaite et effectivement on suit ce combat des salariés de Valeo depuis
03:41un petit moment sur France Bleu Isère.
03:42Merci beaucoup Hassan Boujemet d'avoir été en ligne avec nous sur le piqué de grève
03:46de Valeo à Saint-Quentin-Falavier.
03:48On parle industrie ce matin et on a des commentaires sur notre page Facebook.
03:52Tout à fait, on recueille vos réactions, est-ce que ça sert encore à quelque chose
03:56de descendre dans la rue pour défendre l'industrie en France à 7h50 et quelles sont les réactions
04:01sur nos réseaux soisiques ?
04:02Je vous le disais, un petit peu pessimiste ce matin, on a Eliane qui nous dit « ça
04:06ne sert plus à grand chose de descendre dans la rue, peu de personnes se sentent concernées
04:12» Olga qui nous dit « une impression de combat du pot de terre contre le pot de fer
04:16hélas » puis on a Maxime qui nous dit « il faut manifester mais pas contre les plans
04:20sociaux mais pour une Europe qui imposerait des règles nécessaires à la survie de nos
04:25industries » et qui ajoute qu'il faut qu'on se souvienne que nos emplettes sont nos emplois
04:31et qu'il faut faire attention à ce qu'on achète pour être solidaire avec cette industrie
04:36française.
04:37On aura l'occasion d'écouter vos témoignages dans quelques instants et on parle de cette
04:42situation avec notre invité Théo.
04:44Oui, notre invité Adrien Poirieu, référent en Isère de la Fédération Nationale des
04:48Industries Chimiques.
04:49Monsieur Poirieu, à force de grèves et de manifestations, est-ce que vous ne craignez
04:53pas aussi de dégoûter certains investisseurs, notamment pour Vancorex ?
04:56La question ce n'est pas de dégoûter des investisseurs parce qu'aujourd'hui les investisseurs
05:03sur le cas de Vancorex plus particulièrement, on sait qu'il n'y en a qu'un seul qui s'est
05:06positionné.
05:07Et quand bien même que l'on fasse grève ou pas, cela ne changera rien du tout.
05:11On en est à plus de 50 jours de grève quand même.
05:14On est d'accord, mais ça veut dire que les salariés, s'il y a un repreneur qui vient,
05:19ils reprendront tout de suite le travail et ils seront tout à fait en capacité d'assurer
05:24l'avenir de l'entreprise.
05:25En fait, ils ne se bagarrent pas par rapport aux indemnités, un petit peu contrairement
05:30à ce qu'a évoqué le camarade avant, parce qu'on n'est pas du tout sur la même bataille.
05:34Sur ces questions-là, l'objectif pour nous, c'est de démontrer qu'on sait faire une grève
05:44de manière très pacifique et d'être prêts à repartir dès qu'on aura une offre qui
05:50sera suffisamment concrète de reprise.
05:54Comment se mobiliser pour sauver l'industrie Iserois ? Je reviens vers vous dans un instant
05:59Monsieur Poirieu.
06:00Un petit témoignage au standard de France Blizzard peut-être ?
06:02Tout à fait, on va à Fontaine Paul qui nous appelle.
06:05Bonjour Paul.
06:06Oui, bonjour.
06:07Alors justement, je vous pose la question Paul, est-ce que ça sert à quelque chose,
06:11est-ce que ça peut changer les choses de descendre dans la rue pour manifester ou est-ce
06:14que la situation n'est pas déjà arrivée à son terme ?
06:18Faut-il rester, disons, assis sur son siège devant la télévision ? Si malheureusement
06:27ils bougent, mais ils ont intérêt à bouger, je vous prie de m'excuser, comme cadeau
06:32de Noël, ça ne peut pas mieux tomber pour les centaines de chômeurs et de chômeuses
06:36qui vont se retrouver là dans quelques jours, dans quelques temps peut-être.
06:40C'est une véritable honte, pensez un peu à leurs enfants, que vont-ils leur offrir
06:45pour Noël ? Papa sera au chômage, maman également, non, c'est une véritable honte.
06:52On sent de la colère Paul.
06:54Oui, oui, oui, non mais écoutez, les gens ne veulent plus bouger, mais moi je vais avoir
07:0087 ans dans 12 jours, si j'y arrive, j'espère, mais écoutez, enfin, il faut que les gens
07:07se bougent.
07:08Dans ma cité, on n'est pas nombreux à bouger, je crois que je suis un des rares à bouger.
07:13Alors écoutez, franchement, il faut accepter tout ce qui se passe, on supprime des postes
07:20partout alors qu'en haut lieu certains font des milliards de bénéfices, écoutez, c'est
07:24une catastrophe, c'est un désastre.
07:26Je vous propose, Paul, qu'on aille justement écouter l'un des travailleurs dans ce secteur
07:31qui est aussi au stand-up.
07:32Laurent qui vient de nous appeler, de Ruy-Monceau, bonjour Laurent.
07:35Oui, bonjour, m'entendez-vous ? Tout à fait, on vous entend très bien.
07:39D'accord, bah écoutez, oui, je partage un peu le point de vue de Paul parce que c'est
07:45dramatique pour les gens qui sont les premières victimes, mais je pense qu'il y a aussi un
07:50problème compliqué avec les fermetures en cascade de la chimie grenobloise qui mettent
07:57en péril notre indépendance énergétique et stratégique.
08:01Vous, vous êtes dans ce secteur, est-ce qu'on ressent, est-ce que c'est pesant ce contexte ?
08:07Tous les jours quand je vais au travail, je passe devant Arkema et son pendu et son feu
08:14qui rappelle que l'usine est en grève, etc.
08:17C'est très compliqué pour eux, mais ça peut le devenir pour beaucoup d'entreprises
08:22qui dépendent de Bancorec chez Arkema, comme je vous disais, la filière nucléaire française
08:26par exemple, chez Framatome.
08:28C'est pesant, effectivement, cette mobilisation, elle installe un contexte aussi qui est très
08:34compliqué, on l'entend.
08:35Merci beaucoup Laurent de nous avoir appelé pour partager ce point de vue.
08:37Et merci à Paul également pour nous avoir communiqué son sentiment.
08:40Notre invité, Adrien Poirieu, référent en Isère de la Fédération Nationale des Industries
08:45Chimiques.
08:46Adrien Poirieu, qu'est-ce que vous attendez maintenant comme action ? Il y a une manifestation
08:50devant la préfecture de Grenoble à 11h, qu'est-ce que vous demandez à l'État ? Est-ce
08:55que la solution passe selon vous par la nationalisation ?
08:58La nationalisation temporaire de l'entreprise Bancorec, c'est pour nous inévitable.
09:05C'est une obligation au niveau de l'État, sur les questions stratégiques évoquées
09:11par l'auditeur tout à l'heure, notamment sur le nucléaire.
09:14Vu le contexte, Monsieur Poirieu, il n'y a pas de gouvernement, il n'y a pas de budget,
09:18ça paraît compliqué aujourd'hui.
09:19La question peut être posée directement au Président de la République, chose qui
09:27a été faite par bon nombre de députés sénateurs et députés européens dans un
09:33courrier qui lui a été adressé la semaine dernière et qui a été signé par une dizaine
09:38de représentants politiques de haut niveau.
09:40C'est une décision qui peut être prise très rapidement en indiquant qu'on nationalise
09:47et l'affaire est réglée pendant un temps.
09:49Et surtout, on garantirait une souveraineté industrielle, notamment sur des questions
09:55stratégiques, que ce soit sur les questions militaires, sur les questions énergétiques
10:02et nucléaires.
10:03Mais également, ça répondrait aussi à des hérésies environnementales dans lesquelles
10:09on se retrouve.
10:10C'est-à-dire que lorsque l'on a des productions qui sont déplacées à des centaines de milliers
10:15de kilomètres de lieux d'utilisation, ça n'a aucun intérêt, alors qu'on est dans
10:23une urgence climatique qui a été très largement expliquée au niveau du GIEC il n'y a pas
10:31très longtemps.
10:32Et c'est le message que vous allez passer aujourd'hui devant les fenêtres de la préfecture
10:36de l'ISER à Grenoble, notamment à 11h, c'est l'une des manifestations du jour.
10:40Merci beaucoup Adrien Poirieu d'avoir été en ligne avec nous, référent en ISER de
10:44la Fédération Nationale des Industries Chimiques, CGT.
10:47Belle journée, merci.