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Dans son édito du 09/12/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur l'accord passé entre l'UE et les pays du Mercosur.

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00:00Alors je reprends votre mot parce que je le crois très juste, coup de force, j'ai
00:02entendu depuis vendredi trahison et je pense pas que le mot trahison s'applique,
00:07je pense qu'on est dans un coup de force, c'est-à-dire les élites européistes se
00:10sont dit et incarnées par madame von der Leyen, un peu la Kaiser de l'Europe en
00:14quelque sorte, qu'elle s'est dit c'est l'occasion de foncer, nous avons une
00:17fenêtre politique et historique qui permet d'imposer à des nations affaiblies
00:22ce traité et plus encore de nous instituer comme véritable souveraineté
00:27européenne, de dire c'est nous les patrons et les nations sont désormais des
00:31provinces appelées à simplement enregistrer les décisions européennes.
00:35Alors je le rappelle, effectivement elle s'est rendue là, il y a plusieurs pays
00:39européens qui s'y opposent encore aujourd'hui, mais elle y va sur le mode
00:42c'est réglé, on en a parlé pendant longtemps, on a hésité, on a débattu,
00:46maintenant c'est réglé, je tranche et disons qu'elle tranche à partir de là
00:51qu'est ce que ça veut dire ? Il reste le travail de ratification mais qui est un
00:54travail d'enregistrement administratif de la décision politique de la
00:58commission européenne de madame von der Leyen.
01:01Oui parce que c'est pas très clair, c'est à dire que c'est décidé mais pas ratifié.
01:05Voilà, il faut que chaque nation ratifie bien que, bien que, pas exactement, parce
01:10que, alors on se demande souvent il faudrait pas que l'Europe devienne une
01:14fédération, le fédéralisme non, l'Europe oui, dans les faits l'Europe a déjà un
01:17mode de fonctionnement fédéral pour la ratification des traités, c'est le
01:20principe de la majorité qualifiée donc il faut 55% des états qui représentent
01:2665% de la population. Autrement dit, il y a un scénario possible
01:30où des nations, des états européens décident de soutenir le Mercosur, la
01:34France s'y oppose mais la France se fait imposer le Mercosur par une fédération
01:40par un rassemblement d'états qui considère que leur intérêt c'est le
01:43Mercosur et la France, on s'en fiche. Donc la France sur une question aussi
01:47fondamentale que le Mercosur et ce que ça représente pour ses
01:51agriculteurs notamment, a dans les faits abdiqué sa souveraineté. Elle accepte le
01:56scénario où on pourrait lui imposer cette décision. De ce point de vue il y a
02:00donc deux syndicats qui s'opposent aujourd'hui au Mercosur en France, le
02:04premier c'est la vaste mouvance syndicale des agriculteurs et l'autre
02:07syndicat c'est le gouvernement français qui à l'échelle de l'Europe n'est plus
02:11que le syndicat des intérêts français mais sans capacité décisionnaire sur une
02:15question de souveraineté aussi importante. Alors revenons-y, j'ai évoqué
02:20l'argument juridique c'est-à-dire effectivement il y a une composition
02:22juridique particulière tant d'états, tant de pourcentages de la population.
02:27Au final il faut comprendre ce qui se passe. Madame von der Leyen profite d'un
02:31scénario où l'Allemagne et aujourd'hui l'Allemagne est pour le Mercosur, ne
02:35l'oublions pas, mais il y a une décomposition du gouvernement en
02:37Allemagne. En France il y a une impuissance politique qui fait penser aux derniers
02:41jours de la quatrième république. C'est l'occasion pour une élite nouvelle, pour
02:45l'élite européiste, pour l'oligarchie européiste de faire le coup de force
02:49donc d'imposer à des états qui résistaient néanmoins, c'est l'occasion
02:54d'imposer un nouveau régime, une nouvelle souveraineté. La France
02:57évidemment pourrait ce soir ou demain dire ça se passera pas comme ça. Soit en
03:02pratiquant la politique de la chaise vide à Bruxelles, soit plus largement en
03:05exigeant le départ de Madame von der Leyen ou encore en cessant le
03:08financement. Vous décidez de heurter aussi brutalement notre souveraineté, nous
03:13cessons immédiatement les transferts de fonds vers l'union européenne.
03:1727 milliards je crois. Non, c'est plus que ça je crois, mais je pense que ça ne se fera pas
03:21surtout. Donc la France pourrait ce soir, demain, après demain, dire cette
03:26confiscation de souveraineté, ce coup de force fédérale, ce coup de force en fait
03:30supranationale ne doit pas arriver, mais encore une fois ça impliquerait de
03:34m'engager donc. Madame von der Leyen impose un rapport de force,
03:36inversement ça impliquerait que la France accepte d'entrer en rapport de
03:39force avec Madame von der Leyen, ce qu'elle n'accepte pas pour l'instant.
03:43Je note une chose qui est très importante. On nous dit c'est un traité qui se
03:46négocie depuis 25 ans et c'est vrai. Ce qui nous rappelle une chose, la
03:51mondialisation, le mondialisme n'est pas une espèce d'effet naturel qui pousserait
03:55les peuples à se regrouper. Non, non, c'est un projet politique piloté sur un quart de
04:01siècle par une élite, une technostructure qui, quel que soit le
04:05gouvernement qui passe, continue de piloter ce projet d'unification dans ce
04:10cas-là des marchés par le travail, donc la technostructure. Quand on parle d'un
04:15état profond, c'est de ça dont on parle, c'est-à-dire quel que soit le
04:17gouvernement de passage, le Mercosur poursuivait son petit bonhomme de chemin.
04:21J'ajoute une chose encore une fois, non seulement le mondialisme était ici,
04:26c'était la condition d'accès aux élites. Si vous êtes en désaccord avec le
04:29Mercosur, fondamentalement vous n'êtes pas partie, vous ne faites pas partie de
04:32l'élite européenne, mais si vous marquez une dissidence avec cela, vous êtes
04:35traité comme un paria, on se permettra de vous traiter comme le dernier des
04:39résidus. Pourquoi le dernier des résidus d'une classe politique vaincue? Pourquoi?
04:43Parce que vous n'avez pas compris le génie du principe supranational, donc la
04:46logique mondialiste qui se déploie, qui est un projet porté, pas un complot, je
04:50parle pas de complot, c'est un projet politique qui a traversé les 25
04:53dernières années, et bien là on a décidé de le faire accoucher au forceps avec
04:56un coup de force et c'est ce qu'on a devant nous.
04:58Mais est-ce que c'est la stratégie d'Ursula von der Leyen de profiter de
05:04chaque crise pour accélérer la fédéralisation de l'Europe dont vous
05:08parliez tout à l'heure, et ne peut-on pas dire qu'elle a fait une faute en
05:12cherchant à forcer la signature? Alors la faute c'est une question morale, je
05:15pense que sur le plan moral oui, mais de son point de vue, puisque de son point de
05:18vue la morale supérieure c'est l'avancement toujours plus grand d'une
05:21Europe plus intégrée, je pense qu'elle croit avoir fait le coup de force
05:24nécessaire. Si le coup de force est possible... On attend le coup de force sur
05:27l'actualité du soir, c'est une parenthèse. Ah non mais ça c'est tout discret sur ça.
05:31Donc si le coup de force est possible, disent les théoriciens politiques au début du
05:34XXe siècle, et bien je dirais que si le coup de force est possible, madame
05:37von der Leyen a décidé de l'imposer. Alors il faut dire que c'est sa méthode.
05:41L'intégration européenne ne fonctionne plus à coup de traités qui viendraient
05:45marquer une nouvelle étape dans la construction de l'Europe.
05:47On considère que les traités sont presque un peu derrière nous. Ce qu'on a
05:51désormais c'est une méthode qui consiste à s'emparer de chaque crise pour
05:55accélérer le transfert de pouvoir des capitales nationales vers Bruxelles, vers
06:01la Commission européenne, vers ce politburo bruxellois incarné par madame
06:05von der Leyen. Donc on l'a vu avec la question migratoire, il y a eu un temps, on
06:08regardera ce que ça donne avec la nouvelle crise. Avec la question de la
06:11COVID, rappelez-vous ce discours un peu étrange, pour ne pas dire un peu débile,
06:14qui consistait à dire que sans l'Europe, les pays n'auraient pas eu accès aux
06:17vaccins. Il y a plein de pays dans le monde qui n'étaient pas dans l'Europe qui ont eu
06:20accès aux vaccins aussi en ces circonstances-là.
06:22Marc s'en désordrera. Mais il faut juste pas oublier que l'argument européen,
06:27quelles que soient les circonstances, ça justifie toujours plus d'Europe. Il fait
06:30pas assez soleil aujourd'hui, il faut plus d'Europe, il y aura plus de soleil.
06:33La même chose, c'est en passant avec la guerre en Ukraine, ne l'oublions pas,
06:36c'était vu par l'oligarchie européiste comme l'occasion d'accélérer l'intégration
06:41politique du continent et la création d'une forme de souveraineté stratégique
06:45transcendant les différences nationales. Et l'Ukraine n'est pas en Europe.
06:49Oui, c'est compliqué, c'est à la frontière. Et là, on a ce point central, c'est-à-dire,
06:55qu'est-ce qu'on voit? Eh bien, on assiste à une véritable dépossession de la
06:59souveraineté nationale. C'est-à-dire, comment ça fonctionne? Il y a encore des
07:02étonnations, on les voit, mais ils sont vidés progressivement de leur pouvoir qui est transféré
07:07vers la technostructure globale qui s'incarne avec la Commission européenne. Donc, croissance
07:12de la bureaucratie, des tribunaux, toute une série de nouveaux pouvoirs. Et qu'est-ce qu'on
07:15voit le résultat des choses? C'est que les peuples croient avoir maîtrisé au moins
07:18encore le pouvoir des traités, le pouvoir des accords internationaux. C'est pas du tout
07:22ce qui arrive, ils n'ont plus ce pouvoir. Mais je note qu'un pouvoir résiduel qui
07:25conserve encore une forme, même folklorique, on peut le réinvestir. C'est le populisme.
07:30Le populisme, ça consiste à dire le pouvoir abandonné qui appartenait au peuple, on va
07:33s'en emparer à nouveau. Et le souverainisme, ça consiste à dire que l'état-nation qu'on
07:38a abandonné, qu'on a laissé de côté, on peut aussi le réinvestir. Ce n'est pas sans intérêt.

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