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Après le dépôt des motions de censure de la gauche et du RN, Le Premier ministre s'est exprimé aux 20h de France 2 et TF1. Écoutez l'analyse de Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique, professeur à Sciences Po et Senior partner chez Iconic.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 04 décembre 2024.

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Transcription
00:006h12 sur RTL, c'est évidemment le titre de ce mercredi. Dans moins de 10 heures maintenant, les députés vont examiner les deux motions de censure qui pourraient faire tomber le gouvernement et signer l'échec de la méthode Barnier.
00:18Bonjour Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique, professeur à Sciences Po, question d'abord sur hier soir, l'intervention de Michel Barnier sur TF1 et France 2.
00:30Ça peut paraître anecdotique, mais un Premier ministre en simultané sur ces deux chaînes, c'est un truc de président ça d'habitude non ?
00:37Oui, ça indique la gravité du moment quand même, parce que c'est vrai que c'est un dispositif plutôt présidentiel et il y avait clairement une volonté d'essayer d'avoir un impact maximal sur la situation, sur les Français.
00:50C'était la première fois qu'il y avait un Premier ministre en direct sur les deux principales chaînes ?
00:55C'est la première fois de beaucoup de choses, c'est la première fois qu'on voit un Premier ministre en direct sur deux chaînes en simultané de cette façon.
01:02C'est la première fois qu'un Premier ministre vient aussi se défendre personnellement à l'avance d'une défaite politique annoncée.
01:10Et c'est aussi la première fois qu'on a un rapport de force aussi difficile, aussi compliqué pour un Premier ministre en exercice.
01:18Défaite annoncée dites-vous, vous dites en fait c'est plié, alors c'était quoi le but de cette interview ? Encore une minute M. Le Bourreau ou Mesdames, Messieurs les députés ?
01:26Il y avait deux buts pour moi en tout cas, il y avait un but qui était d'abord de se défendre, de venir expliquer quelque part que lui avait, il l'a dit d'ailleurs, c'est pas un vote pour ou contre Barnier.
01:36Je n'ai pas tout bien fait mais dans l'ensemble j'y ai mis beaucoup en gros de bonne volonté, j'ai fait ce qu'il fallait.
01:42Donc il y avait une volonté aussi de corriger son image, de ne pas faire les frais quelque part de cette séquence.
01:47Et puis une volonté, une deuxième volonté qui était d'essayer de parler aux électeurs RN, parce que c'est principalement à eux qu'ils s'adressaient,
01:55en mettant un peu la pression sur le RN en disant attention, est-ce que c'est bien ce que vous voulez ? Est-ce que vous voulez vraiment déstabiliser le système ?
02:02Est-ce que vous voulez vraiment quelque part qu'on retombe dans une crise ?
02:07Alors il s'est adressé aux électeurs RN mais ce sont les députés qui voteront en l'occurrence.
02:11Il a été naïf, l'ex-commissaire européen, l'homme du Brexit.
02:15Et il a fait une petite erreur d'analyse au sens où faire pression sur les députés RN ou sur le RN en s'adressant à ses électeurs,
02:23ça ne peut pas fonctionner parce que je pense qu'il confond les électeurs LR dont il a l'habitude et qu'il connaît,
02:29et les électeurs RN qui ne sont pas les mêmes électeurs.
02:32Les électeurs LR ont envie d'entendre quelque part qu'on va sauvegarder l'ordre, qu'il n'y aura pas de remise en cause et qu'on va travailler sur l'économie.
02:40Les électeurs RN ne sont pas les mêmes électeurs.
02:42Pour une majorité d'entre eux, il faut au contraire sanctionner le gouvernement, il faut au contraire le renverser, faire voter la censure.
02:52Ce ne sont pas les mêmes électeurs.
02:53Et on avait l'impression qu'il considérait qu'il y avait un seul gros électorat de droite qui rassemblait LR, RN,
03:00et qu'il allait essayer de parler à cet électorat-là pour faire un peu plier la direction du RN.
03:04Tout ça, c'était plein de bonne volonté d'une certaine façon.
03:09Mais c'est émission impossible en fait.
03:11C'est impossible et puis c'est une erreur de lecture politique.
03:13On avait le sentiment d'un Premier ministre très décalé par rapport à la réalité politique du pays.
03:19Hier soir ou sur ces trois derniers mois ?
03:22Alors sur les trois derniers mois, il a fait ce qu'il a pu.
03:24Mais hier soir, très sincèrement, on ne comprenait pas très bien l'utilité de cette intervention.
03:30On voyait bien qu'il essayait de faire quelque chose.
03:33Encore une fois, de travailler aussi son image et puis quelque part d'essayer de transmettre aux Français,
03:38en tout cas à ceux qui pouvaient faire pression sur leur politique, l'urgence de la situation.
03:43Mais on ne comprenait pas bien comment il espérait y arriver.
03:47C'était curieux parce qu'à la fois il se projetait dans l'après-censure,
03:49c'est-à-dire je ne serai plus là peut-être après-demain.
03:51Et en même temps, il disait j'y crois, je pense qu'on peut encore éviter la censure.
03:55On avait du mal à comprendre le message en fait.
03:58Il essayait de faire, vraiment il prenait l'opinion à témoin.
04:01C'était une stratégie qui a déjà été utilisée en politique,
04:05ce n'est pas la première fois, mais qu'il essayait de prendre à témoin l'opinion
04:09pour essayer de faire plier les élus, essayer de trouver quelque part.
04:12Alors encore une fois, plutôt du côté du RN parce qu'il n'a pas du tout parlé à la gauche.
04:17Il a qualifié à plusieurs reprises, et c'était vraiment très volontaire,
04:21la gauche d'extrême-gauche.
04:23Il a vraiment centré son discours sur les électeurs d'un grand bloc de droite.
04:29Mais on ne sentait pas très bien ce qu'il espérait.
04:33Parce qu'au fond, quelque part, si le vote de la censure a lieu,
04:36les électeurs ne peuvent pas grand-chose effectivement, vous l'avez dit.
04:39Et à ce stade, c'est beaucoup trop tard.
04:41Merci beaucoup Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique,
04:46professeur à Sciences Po.
04:47On verra ce qui se passe à partir de 16h, cet après-midi,
04:51avec l'examen de ces deux motions de censure.
04:53Merci d'avoir été avec nous en direct sur RTL.
04:55Bonne journée !

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