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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur le programme d'éducation sexuelle, qui d'après le ministre, Alexandre Portier, n'est « en l’état pas acceptable ».
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Europe 1 soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et je salue mes camarades de la deuxième heure.
00:07Bonsoir Gabrielle Cluzel, éditorialiste, rédactrice en chef du site Boulevard Voltaire.
00:12Bonsoir Georges Fenech.
00:13Bonsoir cher Pierre.
00:14Et nous recevons Anne Coffinier.
00:16Bonsoir chère Anne.
00:17Bonsoir Pierre.
00:18Fondatrice, administratrice, dirigeante de la fondation Kéros pour l'innovation éducative,
00:23comme je venais de le rappeler dans le rappel des titres de l'actualité.
00:28Écoutons le ministre délégué en charge de la réussite scolaire cet après-midi au Sénat,
00:32Alexandre Portier, sur ce programme d'éducation à la sexualité
00:38qu'on attend depuis plusieurs semaines maintenant.
00:41Ce programme, en l'état, n'est pas acceptable.
00:44Et il doit être revu.
00:45Aujourd'hui, j'ai trois réserves importantes que je partage avec une totale franchise avec vous.
00:51Premièrement, je m'engagerai personnellement pour que la théorie du genre
00:55ne trouve pas sa place dans nos écoles parce qu'elle ne devrait pas y avoir sa place.
00:58Deuxièmement, le militantisme n'a pas non plus sa place dans nos écoles.
01:03Je veux un encadrement très strict de tous les intervenants
01:06qui auront à porter ces sujets dans nos établissements
01:10parce qu'il est hors de question de laisser nos écoles se transformer en terrain militant.
01:16Troisièmement, je veux aussi une meilleure prise en compte du développement de nos élèves
01:21parce que toutes les notions qui doivent être évoquées dans ces matières
01:25doivent être en fonction, évidemment, du développement de nos élèves
01:29et avec sagesse pour décider avec l'Académie des sciences et l'Académie de médecine ce qui est le plus approprié.
01:33Deux précisions avant de vous donner la parole.
01:37Trois. La première, c'est qu'Alexandre Portier n'a pas eu une standing ovation
01:42mais il a été copieusement applaudi par les sénateurs dont on sait que la majorité est Les Républicains.
01:49Deuxième précision, ce programme a été annoncé par un ministre précédent qui était Pape Ndiaye.
01:57Et troisième précision, Anne Genetay a assuré à plusieurs reprises,
02:01donc la ministre de l'éducation, avoir pris le temps qu'il fallait pour relire avec beaucoup d'attention ce programme
02:07qui selon elle est très complet et important car il permet notamment un accompagnement de nos élèves
02:13à la compréhension des émotions.
02:17Anne Coffinier, est-ce que vous applaudissez à votre tour Alexandre Portier ?
02:21Oui, je trouve qu'il a eu une réaction tout à fait indiquée
02:25même si c'est clairement une désolidarisation par rapport à Anne Genetay.
02:29Vous savez ce qu'on dit dans les ministères, on dit la ministre et son ministre délégué sont alignés
02:34même si leurs expressions diffèrent.
02:37Oui, c'est beau comme jargon diplomatique.
02:39Vous connaissez ce jargon en tant que diplomate.
02:41Voilà, maintenant c'est certain que le vrai débat il est sur la question de la théorie du genre.
02:47Alors c'est amusant parce qu'en 2014 au moment des abaissés de l'égalité,
02:51on a eu cette discussion et Najat Vallaud-Belkacem avait juré qu'il n'y avait pas de théorie du genre,
02:56que c'était un complot et que ça n'existait pas.
02:58C'était un complot ?
02:59C'était un complot, il n'y a pas de théorie du genre.
03:01Il n'y a peut-être pas de théorie du genre mais enfin il y a quand même une idée qui s'est imposée à peu près depuis cette époque
03:06qu'il n'y a pas simplement des sexes et des orientations sexuelles mais il y a aussi des identités de genre qui sont construites
03:12et on s'est mis à présenter le corps comme quelque chose qui nous assignait à résidence quelque part et qu'on subissait.
03:18Donc le débat il est là-dessus en réalité.
03:22Est-ce qu'on considère que font désormais partie des valeurs républicaines ces conceptions-là
03:28avec l'identité de genre qui passe dans les choses normales, habituelles, intégrées ou pas ?
03:34C'est la seule vraie question.
03:35Et dans ce texte, il y a 16 allusions directes à l'identité de genre.
03:41Et la question c'est de se dire, est-ce qu'il suffit de sortir les mots ?
03:44Parce qu'on a déjà entendu ça, apparemment on gommerait les termes d'identité de genre pour que l'esprit même change.
03:50C'est ça la question, je ne suis pas sûre qu'en sortant le mot on change l'approche générale qui est de mettre comme quelque chose d'évident, de central l'identité de genre.
04:00Il a aussi raison ce jeune ministre, Alexandre Portier, de souligner que le problème c'est aussi qui va dispenser ces formations ?
04:10Qui sont très peu suivies, elles sont obligatoires mais elles sont très peu suivies.
04:14En fait elles ne sont pas dispensées en réalité alors qu'elles existent depuis 2001.
04:18Mais il n'y avait pas de volume d'heures dédiées et pas de programme.
04:22Donc maintenant il y aura un programme.
04:24Mais donc la question c'est qui va délivrer ces formations ?
04:27Et traditionnellement, si j'ose dire, c'était des organisations très militantes.
04:32SOS Homophobie, Side Action, Planning Familial, c'est les principales qui interviennent dans ce domaine là.
04:38Et quand on regarde ce que dit le SOS Homophobie, il diffuse par exemple, alors ce n'est pas Destination des Enfants c'est certain,
04:47mais c'est tout à fait accessible et ça fait partie de ce qu'on trouve en ligne en deux secondes.
04:51Il diffuse par exemple des brochures comme cette fameuse brochure qui avait déjà défrayé la chronique qui s'appelle Tomber la Culotte.
04:56Donc là maintenant on en est à Tomber la Culotte 2.
04:59Et c'est sûr que c'est toute une esthétique très trash, très explicite.
05:03Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Il y a des exemples ?
05:05Ah bah vous pouvez regarder, c'est destiné à expliquer la relation sexuelle entre deux femmes.
05:11Mais sauf que c'est tout un graphisme, c'est toute une expression qui est vraiment très trash.
05:15Et ça c'est pour des enfants de quel âge ?
05:16Non ce n'est pas supposé être pour des enfants, sauf que la réalité c'est que ces acteurs-là qui viennent faire des cours,
05:21ils parlent de tous ces sujets et forcément ils diffusent un peu tous leurs supports
05:26et après les gens vont sur les sites et ils développent ces supports-là.
05:30Donc ce que je veux dire c'est que la théorie du genre, premier problème.
05:33Deuxième problème, qui fait les cours ?
05:35Troisième problème, quel contrôle ont les parents ? Quelle information ont les parents ?
05:38Et moi je serais pour ajouter une initiative en plus là-dessus au sujet du contrôle des parents,
05:42qui à mon avis paraîtra peut-être irréaliste mais qui ne l'est pas.
05:46C'est de dire qu'il y a un tel état de défiance de beaucoup de parents à l'égard de ces cours
05:51qu'il faut les rendre en toute transparence complètement accessibles.
05:54C'est-à-dire par exemple les filmer, qu'en direct c'est facile maintenant de faire de la vidéo en temps réel,
05:59et bien de filmer les cours pour que les parents puissent savoir exactement ce qu'on enseigne à leurs enfants
06:04et le cas échéant faire part de leur...
06:06Et en tirer les conséquences, le cas échéant.
06:08Gabrielle Cluzel, commentaire sur ce sujet et les propos d'Anne Coffinier.
06:13Oui, moi j'aurais plusieurs commentaires.
06:14Le premier c'est que je trouve l'éducation nationale bien présomptueuse,
06:18qui n'arrive pas à apprendre à lire, écrire, compter à nos enfants,
06:22de vouloir, on sut, rentrer dans le registre de l'intime et leur enseigner l'éducation sexuelle.
06:28Je n'aime pas du reste la rhétorique, je suis parent d'élève,
06:32à l'endroit des parents qui seraient circonspects,
06:35qui consistent à leur dire, mais comment ça ?
06:38Est-ce que vous ne seriez pas un peu coincés sur ce sujet ?
06:42Vous ne voulez pas prévenir vos enfants contre les agressions sexuelles ?
06:46Un discours culpabilisateur que je trouve tout à fait détestable.
06:50Et dernier point, je vais vous parler d'un fait très précis
06:53qui me fait profondément douter de la capacité de notre ministre
06:56de gérer ces questions-là, Anne Gionnet.
06:59C'est le prix Goncourt des lycéens.
07:02Le prix Goncourt des lycéens, vous savez, il sera rendu demain,
07:05on est vraiment dans l'actualité, il sera décerné demain.
07:07Donc c'est les livres du prix Goncourt pour adultes
07:11qui deviennent par destination des livres pour enfants.
07:142000 lycéens, donc les plus jeunes, 14-15 ans.
07:17Il y a dans ce livre, un livre qui s'appelle
07:20Le club des enfants perdus de Rebecca Didieri,
07:23avec des propos extrêmement trash,
07:26qu'on peut dire pornographiques, je ne vais pas les citer ici.
07:30Et incestuels aussi.
07:32Vous pouvez aller taper le nom de ce titre de livre,
07:36vous avez des extraits dans la presse.
07:38Et la ministre est passée complètement à côté.
07:40Une sénatrice l'a interpellée sur ce sujet,
07:42elle a répondu à côté.
07:44Elle a dit, vous savez, c'est comme les faux monnayers d'André Gide,
07:47ça a fait vraiment grand scandale à l'époque,
07:49mais ça n'avait absolument rien à voir.
07:50Je pense qu'elle a lu ni les faux monnayers,
07:52ni Le club des enfants perdus.
07:54Et elle a vraiment botté en touche en disant
07:56les enfants ne sont pas obligés de le lire,
07:58s'ils n'ont vraiment pas envie, ils peuvent interrompre au milieu.
08:00C'est détestable de voir sa réponse sur ce sujet.
08:05Je comprends que certains parents soient très méfiants.
08:08Georges Fenech.
08:09Je tiens à féliciter moi le jeune ministre,
08:11comme vous avez dit, le jeune ministre,
08:13qui est le plus jeune député du Rhône, que je connais,
08:15Alexandre Portier, pour la clarté de son propos.
08:18Il s'est exprimé aussi, l'a-t-il précisé, comme père de famille.
08:21Oui, en effet.
08:22Il s'agit de nos enfants.
08:24Mais à quoi joue-t-on ?
08:26Est-ce qu'on joue avec nos enfants comme si c'était des cobayes ?
08:29Vous imaginez le traumatisme pour un enfant
08:31d'entendre ce genre de choses,
08:33de se demander, le soir en rentrant chez lui,
08:35s'il doit choisir son sexe, son identité.
08:38C'est profondément traumatisant.
08:40D'ailleurs, Maurice Berger le dit très bien.
08:42Les dangers que ça représente dans la formation,
08:45l'esprit de ces enfants.
08:47On n'a pas le droit de jouer avec des enfants comme ça.
08:49Et je crois que la position moins tranchée,
08:53plus flouche, que je n'arrive pas à saisir,
08:55d'un jeune tel, la ministre de l'Éducation nationale,
08:57me pose problème.
08:58D'ailleurs, elle a accepté, suite à l'émission de Sonia Marbeau,
09:01de venir débattre avec Maurice Berger et Sophie.
09:05Donc je crois que là, véritablement,
09:08il faut s'élever contre ce qui est en train de se préparer,
09:12parce qu'il s'agit de protéger nos enfants.
09:14Et je ne peux pas imaginer qu'on en arrive là.
09:18Et je me souviens très bien,
09:20effectivement en 2014,
09:22lorsque Mme Valot-Belkacem,
09:24j'y étais dans l'hémicycle à cette époque-là,
09:26jurait ses grands dieux qu'il n'y aurait jamais ce genre de choses.
09:29Donc ça suffit, quoi.
09:30Il va falloir véritablement que l'école retrouve le chemin de la raison.
09:34Oui, il y a des associations familiales qui ont fait signer des pétitions.
09:38Ludovine Delarocher, présidente du syndicat de la famille,
09:4124 500 signatures à date.
09:44SOS Éducation, 79 000 signatures.
09:48Et là où on est quelques-uns, sur Europe 1,
09:51sur CNews, dans le JDD,
09:53à constater un peu le phrasé,
09:55pas seulement de certains médias,
09:58comme les radios ou les télévisions du service public,
10:01mais également de l'agence France Presse.
10:03Pour ceux qui ne savent pas comment est constituée une dépêche,
10:07c'est l'élément le plus récent au début
10:10et l'élément le plus lointain à la fin.
10:12Donc là, on arrive aux pétitions.
10:14Les associations conservatrices
10:17de protection de la famille,
10:19proches de la droite et de l'extrême droite,
10:21sont montées au créneau
10:23depuis la rentrée contre ce programme.
10:26Avec notamment des diffusions de tracts
10:28devant des établissements scolaires
10:30qui ont inquiété les syndicats enseignants.
10:33C'est une dépêche de l'agence France Presse
10:36d'aujourd'hui de 18h49.
10:39Voilà, je vous dis juste ça, je fais pas de commentaire.
10:42Voilà comment on en vient quand même à parler de ces sujets.
10:47Anne Coffinier, pour conclure sur ce sujet,
10:49qu'est-ce qu'on doit faire ?
10:51Qu'est-ce que peut faire M. Portier ?
10:53Il va pas prendre la place de Mme Jeuneté ?
10:55Ou peut-être qu'il devrait le faire ?
10:57En tout cas, là, il a force à revoir sa copie.
11:00Elle va pas pouvoir passer complètement en force là-dessus.
11:03Donc je pense qu'il a joué son rôle
11:05et c'est déjà remarquable.
11:07Après, qu'est-ce qu'on doit faire ?
11:08Je pense qu'il faut regarder le détail du texte pour le coup.
11:11Jamais rien croire.
11:12Il y a 42 pages.
11:13Oui, on peut quand même le faire parce que c'est important.
11:15Et voir là où ça va, là où ça va pas.
11:18Après, bien sûr, il y a une question globalement de confiance.
11:20Donc j'en reviens à l'idée.
11:22Certainement, comme dans d'autres pays, en Suède,
11:24pas forcément avec les mêmes contenus,
11:25mais en tout cas, ils forment les professeurs.
11:26Nous, ce ne sont pas les professeurs qui interviennent.
11:28Ce sont des gens extérieurs ultra militants.
11:30Je crois qu'il faut former les professeurs
11:32et avoir un accès direct à la totalité des contenus
11:34et filmer les cours.
11:36Et puis arrêter aussi les contenus
11:38qu'on a pu voir sur le hashtag
11:40monéducsex
11:42qui sont, alors c'est pas dans le programme,
11:44ce sont des contenus qu'on peut voir
11:46sur, comment dirais-je, internet.
11:49Aimer autant les maths que le français, c'est possible.
11:51Être bisexuel aussi.
11:53Savoir que j'ai le droit de jouer dans la cour,
11:55de récréer, c'est bien.
11:56Savoir que j'ai le droit d'avoir plusieurs amoureux aussi,
11:58etc, etc.
11:59Vous avez ça dans le JDD de dimanche dernier.
12:01Et on peut effectivement se poser
12:03quelques questions sur l'avenir
12:05de nos enfants.
12:06Merci beaucoup, Anne Coffinier, d'avoir été
12:08l'invité d'Europe un soir.
12:10Je vous annonce également que
12:12Cyril Hanouna a rejoint
12:14ces cultures médias.
12:16Alors du coup, j'ai perdu la feuille.
12:17Alors il va falloir que je retrouve la feuille.
12:19C'est pas grave. En tout cas, sachez que demain,
12:21Thomas Hill vous retrouve
12:23pour son émission de 9h30
12:25à 11h
12:27sur Europe 1
12:29avec des tas d'invités.
12:31Vous pouvez bien sûr, comment dirais-je,
12:33participer à l'émission.
12:35Il y aura Mika,
12:37le chanteur Mika. On n'a pas une chanson de Mika ?
12:39Voilà, on pourrait passer une chanson de Mika,
12:41mon cher Benoit. Comme ça, on pourrait
12:43avoir ça de manière un peu plus joyeuse. C'est pas grave.
12:450180 2039 21 pour joindre Thomas Hill
12:47dans Culture Média 20h27
12:49et nous, avec Georges Fenech et
12:51Gabriel Cluzel, on parle de l'actualité
12:53brûlante dans un petit instant sur
12:55Europe 1. A tout de suite.

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