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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 27/11/2024, il revient avec le sociologue, Serge Guérin, sur la jeunesse de 18 à 24 ans aimerait être en retraite à 51 ans et qu'est ce que cela traduit ?

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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00Serge Guérin. Bonjour M. Serge Guérin.
00:04Bonjour Pascal.
00:06Merci d'être avec nous. J'ai appris effectivement quelque chose qui m'a interpellé
00:11et c'est pourquoi on vous a demandé de venir.
00:14Parce que les 18-24 ans rêvent d'être en retraite à 51 ans.
00:21Donc qu'est-ce que ça dit de cette jeunesse ?
00:24Parce que quand j'avais 18 ans, je n'avais pas envie d'être en retraite à 51 ans.
00:27Et maintenant que j'en ai 60, je n'ai toujours pas envie d'être en retraite.
00:30C'est ça, je pense qu'il y a une certaine cohérence en fait.
00:33Déjà je pense que quand vous avez 18 ans, vous n'y pensiez même pas.
00:36Je ne sais même pas si on en parlait.
00:39Je suis d'accord avec vous, je crois qu'on n'en parlait pas.
00:41Vous avez parfaitement raison, on nous disait boss et puis voilà.
00:44C'est vrai qu'en plus c'est amusant parce que les gens imaginent, rêvent de vivre jusqu'à 100 ans
00:50mais ce n'est pas pour autant qu'ils voudraient partir à la retraite plus tard.
00:53Si on suit les jeunes en question, à 51 ans, si vous vivez jusqu'à 30 ans, vous passez 49 ans à la retraite.
00:59Et quand vous avez commencé à travailler vers la vingtaine, vous voyez ça commence à faire...
01:02Mais moi ça m'a fait de la peine, je vais vous dire ça m'a fait de la peine.
01:05Parce que ça veut dire que les uns, cette jeunesse-là n'a pas envie de s'épanouir à travers le travail.
01:13Et je pense que le travail, évidemment c'est une banalité de le dire.
01:16Il y a des gens qui souffrent au travail et sans doute ont-ils envie de vite le quitter
01:21mais autrement, de trouver un job qui te plaît, qui te passionne, il n'y a rien de mieux dans la vie.
01:28Si, il y a mieux d'ailleurs, c'est de trouver aussi l'amour en même temps et puis tout va bien.
01:32Justement, c'est entre guillemets un peu la même chose.
01:34Le bonheur c'est quand évidemment on est amoureux mais qu'on est aussi amoureux de ce qu'on fait.
01:38Et là du coup, on ne prend pas les heures, tout se passe bien et ainsi de suite.
01:41Mais remarquez que c'est les 18-24, la grande majorité des 18-24 n'a jamais travaillé.
01:46Donc on peut aussi partir du principe qu'il y a tellement un discours anti-travail
01:50ou toutes les histoires autour de la retraite que ceux qui ont déjà travaillé
01:54parfois découvrent que finalement ce n'est pas mal de travailler.
01:56Moi je vois avec mes étudiants, ceux qui sont en apprentissage,
01:59donc qui ont démarré l'activité professionnelle, globalement ils trouvent ça plutôt intéressant.
02:03Ça ne veut pas dire qu'ils veulent travailler comme des hommes, c'est un autre sujet.
02:06Mais globalement, il n'y a pas un discours anti-travail.
02:09Donc je crois que c'est aussi ceux, les plus jeunes, qui n'ont pas encore vu le travail
02:13et c'est plutôt ce qu'ils en entendent, parfois par la famille, parfois par les parents.
02:16Et ainsi de suite, c'est plutôt ça.
02:18Je pense que c'est un des éléments, c'est celui-là.
02:20Et vous êtes sociologue. Quand vous dites vos étudiants, ils sont étudiants en sociologie ?
02:24Non, non, non. Moi je suis propre à l'INSEX, une école de commerce.
02:28Donc j'ai des étudiants, voilà quoi.
02:30Ou qui vont devenir directeur d'établissement de santé, parce que j'ai un master là-dessus.
02:34Ou bien qu'ils vont travailler dans le management de commerce, la tube, la finance.
02:37Oui donc là effectivement, c'est plutôt des pro-actifs quand même que vous avez en face de vous.
02:41C'est des gens qui ont une ambition souvent déjà de gagner de l'argent.
02:45C'est à priori, lorsqu'on fait des études de commerce, voilà, c'est pas un gros mot.
02:50Non, c'est pas un gros mot.
02:52En quatrième année, 95% sont en apprentissage.
02:56Ils ont envie d'être des salariés ou ils ont envie d'entreprendre ?
03:01Alors, il y a vraiment les deux.
03:03Il y en a beaucoup qui disent, ou tout de suite, ou plus tard,
03:06ou d'ailleurs parfois en même temps déjà, j'ai envie de monter ma boîte, de créer quelque chose.
03:12Ils ne savent pas toujours trop quoi.
03:14Ils pensent parfois que c'est un peu plus facile que ça ne l'est.
03:16Mais une grande partie d'entre eux ont des envies de ce type-là.
03:19Et ça fait combien de temps que vous enseignez ?
03:23Oh là ! Dans les années 2000, donc ça commence à faire.
03:26Oui, pas tellement de temps quand même.
03:28Il s'est passé 25 ans.
03:29Mais est-ce que vous diriez que les étudiants de 2024 sont les mêmes que les étudiants de l'an 2000 ?
03:34Ou s'ils ne le sont pas, qu'est-ce qui a changé ?
03:37Alors, je crois qu'ils ne le sont pas.
03:39Alors, il faut se méfier des généralisations hâtives.
03:43Mais globalement, il y a un rapport au travail qui est différent.
03:47Il y a un rapport à la vie qui est différent.
03:50Il y a aussi un niveau de culture, de capacité, de concentration qui est différent.
03:57Voilà, d'autant qu'il y a plein d'éléments de ce type-là.
03:59Les niveaux de culture, par exemple, vous le trouvez plus faible ?
04:02Niveau de concentration, vous le trouvez plus faible ?
04:04Oui, c'est beaucoup plus difficile pour eux aujourd'hui de se concentrer sur un long moment.
04:08Par exemple, le plus beau des compliments que j'ai eus,
04:12alors c'était un séminaire, c'était huit heures la journée,
04:15une étudiante me dit « Monsieur, je n'ai pas regardé mon téléphone ni mon ordinateur pendant toute la journée. »
04:19Et elle en était, mais elle leur bluffait.
04:21Je lui dis « Mais ça vous est arrivé depuis quand ? »
04:22« Oh, je ne sais même pas si ça m'est arrivé une fois. »
04:24C'est-à-dire que j'arrête de parler, on raconte les choses.
04:27Sinon, ils ont beaucoup de mal à garder leur attention très très longtemps.
04:32Il faut vraiment les solliciter.
04:34C'est vrai que huit heures, en même temps, c'est beaucoup.
04:36J'ai l'impression que pour l'attention...
04:39Le preuve que vous êtes, par exemple, c'est combien de temps vous arrivez,
04:44sans faire une pause, à maintenir une attention forte ?
04:48Je dirais une heure et quart, une heure et demie, puis après il faut faire une pause ?
04:51Oui, c'est ça.
04:54Une heure, et parfois il faut déjà laisser un peu respirer.
04:57Ou dans l'heure, ou dans les deux heures, faire en sorte que le rythme ne soit pas le même.
05:01Déjà les interpeller eux, les faire interagir, et ainsi de suite.
05:05De ce point de vue-là, il faut réinventer en partie les manières de faire.
05:10Et un entrainement, je dirais à la papa, ne fonctionne plus beaucoup.
05:13Et dans les 18-24 ans, vous faites une différence entre les hommes et les femmes,
05:16les étudiants masculins et féminins ?
05:18Quand je vois sur les étudiants, pas spécialement.
05:22Après, quand on regarde les études, on voit qu'il y a de plus en plus de différences.
05:25Mais de toute façon, l'élément absolument majeur du pays France,
05:28mais d'une manière plus globale, c'est l'hétérogénéité croissante des populations.
05:33Que ce soit d'ailleurs les seniors, ou que ce soit les jeunes,
05:36il y a une diversité beaucoup plus forte de mode de vie, de culture, d'imaginaire.
05:42Quand on dit la jeunesse, ça ne veut strictement rien dire.
05:46C'est vraiment intéressant ce que vous dites.
05:49C'est très intéressant ce que vous dites.
05:51Quand moi je passe en fac en 1984, il y a une homogénéité de la fac, je pense.
05:56Et parce que je perçois des gens qui ont souvent la même culture, le même goût, pourquoi pas,
06:02les mêmes passés.
06:03Souvent, parce qu'on avait grandi avec la même télévision, avec les mêmes moeurs, etc.
06:10Aujourd'hui, les choses, effectivement, sont très différentes.
06:13C'est intéressant ça ce que vous dites.
06:14Et puis n'oubliez pas que, en 1984, globalement, il y avait de mémoire à peu près 12% de la population qui avait le bac.
06:21Pour les jeunes, aujourd'hui, on est à 80%.
06:24Il n'y avait pas 12% d'une classe d'âge qui allait...
06:28Ah bon ?
06:29Oui, sur les générations...
06:31Dans ma classe d'âge, vous pensez qu'il n'y avait que 12% des gens qui arrivaient jusqu'au bac ?
06:36Oui, avant que ça arrive aux 80% d'aujourd'hui.
06:39Imaginons même que ce soit 20%.
06:41Mais vous voyez combien ça a...
06:43Un, ça dévalorise évidemment le bac.
06:4580% de la population a le même diplôme.
06:48Évidemment, ils ne peuvent pas espérer avoir les mêmes emplois.
06:51Mais du coup, à l'entrée en fac, évidemment, on n'a pas du tout prévu ça.
06:55Donc vous avez beaucoup plus de gens.
06:57D'où d'ailleurs aussi le succès des écoles de commerce, des écoles d'ingénieurs privés, etc.
07:00Où il y a plus aussi de sélection.
07:03Il y a aussi tous ces éléments-là qui ont joué.
07:05Donc beaucoup plus d'hétérogénéité et aussi une barrière à l'entrée qui est complètement différente.
07:10Puisqu'en plus, on interdit la sélection, etc.
07:12Tout ça a des effets au long cours.
07:14Bon bah écoutez, M. Garin, c'est très intéressant de vous écouter.
07:17Je ne sais pas si vous êtes passé par notre studio.
07:19Je pense que vous êtes venu un jour nouveau, Arnaud ?
07:21Oui, il y a fort longtemps, mais tout à fait.
07:23Serge Garin, sociologue et c'est toujours très précis.
07:26Et puis moi, j'aime bien les statistiques.
07:28Effectivement, ces informations sur une jeunesse et puis tout ce que vous avez dit mérite évidemment d'être...

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