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Dans son édito du 27/11/2024, Paul Sugy revient sur l'ultimatum de Michel Barnier aux Français.

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00:00Paul Sujit avec nous, bonjour Paul, bonjour Romain. Le Premier ministre s'est adressé aux français hier soir dans le 20h de la une
00:05pour mettre en garde contre le danger que représenterait, selon lui, une motion de censure contre son gouvernement.
00:12Oui Romain, le moment est très grave, c'est Michel Barnier qui le dit, c'est vrai qu'on a moins souvent l'habitude de voir des Premiers ministres
00:17ou des Présidents de la République aux 20h de TF1 quand tout va bien et quand l'heure est légère, mais là l'heure est très grave,
00:23c'est Michel Barnier ou le chaos, c'est le message en substance adressé par le Premier ministre aux français,
00:28c'est le budget de la nation qui est en cause, dit-il, et si jamais il advenait que le gouvernement de Michel Barnier soit censuré,
00:34une tempête probablement assez grave surviendrait, des turbulences aussi sur les marchés financiers, le Premier ministre parle d'un risque de shutdown,
00:41il était temps de l'arrêter, encore allait-il presque promettre la suspension du salaire des fonctionnaires, la faillite de la Banque de France,
00:48que sais-je encore, le retour du Covid, l'effondrement de la Tour Eiffel ou peut-être même un troisième mandat d'Anne Hidalgo,
00:53bref, on a compris, Michel Barnier joue sur les peurs.
00:56Bon, il ne devrait pas jouer comme ceci sur les peurs selon vous, c'est ce que vous nous dites, Paul ?
01:01Mais la stratégie est sans doute la bonne, il est dans son rôle, Michel Barnier incarne un compromis de gouvernement et de responsabilité
01:07dans une situation politique dont on a bien vu qu'elle appelait peu de solutions et dans cette situation,
01:13Michel Barnier essaye bien de jouer cette carte de la responsabilité face aux différents risques et on sait qu'ils sont nombreux et majeurs,
01:19qui pèsent sur le pays, de toute évidence, ce budget, alors chaque budget est toujours présenté comme étant celui de la dernière chance,
01:25mais ce budget est scruté par les observateurs internationaux, par les organismes de notation financière
01:30et par ceux qui espèrent que la France va retrouver une trajectoire budgétaire plus saine.
01:34De ce point de vue-là, pour le moment, le budget tel qu'il a été négocié par Michel Barnier et le socle commun aujourd'hui
01:41est d'ailleurs encore assez peu rassurant puisqu'on voit bien que l'objectif d'économie fixé initialement,
01:47en l'état aujourd'hui, n'est pas tenu et de ce point de vue-là, il y a encore de quoi s'alarmer.
01:52Mais enfin, Michel Barnier prévient qu'il vaut mieux un budget que pas de budget du tout et en quoi il est dans son rôle.
01:57Mais il installe aussi un face-à-face avec les Français, directement, lui, face à l'opinion publique, qui est risqué.
02:03Alors, Michel Barnier ne devrait pas s'adresser directement aux Français, ça c'est votre point de vue ?
02:08En tout cas, il ne doit pas oublier d'abord que plus de la moitié d'entre eux souhaitent cette censure
02:12et au fond, ne partagent pas la même inquiétude que lui, aimeraient le voir tomber.
02:17Pour les Français, Michel Barnier, ça n'était pas du tout le premier choix.
02:21On l'a bien vu, Michel Barnier n'est pas sorti triomphant des élections législatives, temps sans faux.
02:26D'autre part, Michel Barnier, hier, a voulu contourner les partis politiques.
02:29Il ne s'adresse pas à eux et il ne les mentionne même pas en faisant état, pourtant, d'un certain nombre de concessions,
02:36qui sont des concessions, on le sait bien, ciblées.
02:38Lorsqu'il parle de la proportionnelle, le but est évidemment d'agiter un hochet pour plaire à Marine Le Pen et à ses électeurs.
02:44Mais enfin, la vie politique se joue sur trois tableaux.
02:47Il y a les tractations politiques entre les dirigeants, entre Michel Barnier et par exemple les différents membres du socle commun
02:53ou ses adversaires politiques, il y a le Parlement et il y a l'opinion publique.
02:57Michel Barnier a semblé jouer beaucoup sur le premier d'entre eux, c'est-à-dire ce sont des tractations qui se sont faites
03:02dans le clair-obscur des cabinets, avec Gabriel Attal, avec Laurent Wauquiez, à qui il a fait des concessions symboliques,
03:07en leur permettant même d'en revendiquer ensuite la victoire.
03:12Il installe maintenant un face-à-face avec les Français.
03:14Il semble avoir pourtant oublié que c'est d'abord et avant tout à l'Assemblée nationale que le destin du budget va se jouer
03:20et partant le sien aussi est celui de son gouvernement.
03:23Tout laisse penser que depuis deux mois, c'est un petit peu comme si la stratégie avait été de miser d'avance
03:28sur un effondrement des débats à l'Assemblée nationale.
03:31Le RN a beau jeu, mais c'est pourtant vrai, de dire que par exemple un certain nombre de députés du socle commun
03:35n'ont pas été très présents lors de ces débats, comme si finalement ils avaient anticipé d'avance leur échec
03:40pour ensuite venir voir les Français et dire, regardez, l'Assemblée nationale est irresponsable.
03:44Et c'est pourtant entre les mains de ces mêmes députés que le sort de Michel Barnier maintenant est lié
03:50et ce sont peut-être eux qui vont vouloir en quelque sorte se venger
03:53si jamais ils décidaient dans les jours ou les semaines à venir de voter la censure.

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