Dans son édito du 26/04/2024, Paul Sugy revient sur le discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à la Sorbonne.
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00:00 De manière assez simple Romain, quand on est à la veille d'une décision inquiétante des agences de notation financière sur la dette de l'Etat,
00:05 quand la liste du camp présidentiel, on l'a vu encore à l'instant, est au plus bas dans les sondages et n'en finit pas de chuter,
00:11 quand on en vient à se disputer même dans les rangs du camp présidentiel pour essayer d'être sur l'une des rares positions éligibles,
00:17 quand même le parti socialiste que pourtant vous aviez enterré sept ans plus tôt menace de faire un meilleur score que vous si les courbes se croisent,
00:23 bref quand tout va mal ailleurs, prendre la parole pendant deux heures pour dire que l'on a marqué l'histoire du continent et que le populisme c'est très méchant,
00:29 ça s'appelle faire diversion, je ne vois pas d'autre mot.
00:32 C'était un discours de campagne très engagé, c'est ce que vous avez vu ?
00:35 Oui c'est vrai mais hélas c'est d'abord et avant tout un discours présidentiel et Emmanuel Macron depuis qu'il l'était lui n'a plus retrouvé je crois l'accent et les sentences du candidat qu'il avait été jadis
00:43 et qui n'arrive plus à redevenir la stature présidentielle, sans doute la nécessité de défendre son action au cours des crises passées,
00:50 l'oblige du moins c'est ce qu'il croit à ne plus jamais se départir d'une certaine gravité dans la posture qui devient on l'a vu théâtrale.
00:57 Le fond c'est celui d'un discours de campagne mais la forme sous l'effet de cette dramaturgie surjouée ça devient celle au fond d'un long cours magistral,
01:04 on était à la Sorbonne et les étudiants à qui l'on a demandé, les pauvres étudiants à qui l'on a demandé d'écouter pendant deux heures ce discours ont certainement fini par faire ce qu'un étudiant sait faire le mieux en amphi,
01:13 c'est-à-dire s'endormir sur son cartable.
01:14 Au fond c'était un discours qui était puissamment macroniste dans toutes les règles de l'art,
01:18 il était exhaustif jusqu'à en devenir un peu ennuyeux quand il rentre dans le détail des derniers achèvements de la construction européenne.
01:25 Emmanuel Macron sait être plus précis que n'importe quel fonctionnaire de la commission européenne sur tous ses points et bien entendu certains l'admirent pour ça.
01:32 Mais il était aussi très prévisible, très attendu sur ses pics contre ses adversaires et singulièrement bien sûr le RN,
01:38 qu'il accuse de vouloir être le passager clandestin de l'Europe sans répondre sur le fond à cette inquiétude fondamentale qui alimente le vote RN,
01:45 celle que nous serions les dindons de la farce d'une Europe qui nous prend plus qu'elle nous donne et qui affaiblit notre souveraineté et nos lois.
01:52 Le président de la République a beaucoup insisté sur les crises qu'on traverse, il a dit également que l'Europe pouvait mourir, que l'Europe était mortelle.
01:59 Oui et c'est là encore que ce discours parachève le macronisme.
02:02 Au fond je me demande de plus en plus si cette rhétorique de l'inquiétude ça n'est pas constitutive au fond de la pensée d'Emmanuel Macron.
02:08 Il considère finalement son mandat comme celui de la dernière chance, force de répéter qu'il est le dernier rempart face au RN,
02:14 tenir bon dans les crises, être ébranlé mais ne pas plier, c'est pour lui une façon de dire que le vent de l'histoire souffle dans une autre direction
02:20 mais que lui se tient encore seul debout pour empêcher que l'inéluctable ne se produise.
02:25 Sauf que ce discours, eh bien justement, empêche aussi par essence l'émergence d'un successeur hors de Macron.
02:30 Point de salut.
02:31 Et en définitive, un long discours qui devait relancer la campagne de Valérie Hayé, eh bien on se demande presque s'il ne l'a pas enterré un peu plus.
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