Avocat et président du CRSI (Centre de réflexion sur la sécurité intérieure), Thibault de Montbrial s'est exprimé sur l'arrestation de Boualem Sansal : «C'est une farce».
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00:00Je voudrais d'abord souligner qu'outre l'émotion légitime qui est assez largement partagée sur le sort de Boalem Sansal,
00:07je voudrais rappeler qu'il est membre du comité stratégique du centre de réflexion sur la sécurité humaine que je préside,
00:13et qu'à titre personnel, en plus de l'émotion légitime nationale, je suis très inquiet pour Boalem,
00:20qui est un type d'un courage extraordinaire et qui est arrêté par les autorités algériennes pour une seule raison,
00:26c'est qu'il fait partie de ces gens qui ont une légitimité absolue pour parler des dérives du régime algérien,
00:32parce qu'ils sont algériens et qu'ils ont vécu en Algérie.
00:36Donc ce sont eux qui connaissent le mieux et peuvent parler des dérives de ce régime.
00:42Moi, j'intègre, je suis très inquiet parce que la...
00:46Parce qu'il va être présenté à un juge en tant que terroriste ou subversif.
00:49Oui, mais ça c'est de la farce.
00:52Attendu.
00:53Non mais c'est une farce.
00:54C'est une farce, c'est-à-dire ?
00:55Bien sûr que c'est une farce.
00:56La réalité, c'est que ce qui semble être reproché, d'après les premières informations qu'on arrive à avoir à Boalem Sansal,
01:03ce sont ses propos, c'est précisément ce que je viens de dire.
01:06C'est-à-dire le fait que, depuis la France, il fait partie, avec d'autres Algériens qui ont choisi de vivre en France,
01:13mais en étant lucides sur leur régime, de parler des dérives du régime algérien, des dangers de l'islamisme
01:18et des dérives d'un régime autoritaire.
01:20Donc, ce que je pense, c'est que c'est l'occasion maintenant d'ouvrir les yeux, pour ceux qui ne les ont pas encore ouverts,
01:26et de rentrer dans un rapport qui n'est pas un rapport de force, qui est un rapport de vraie normalisation avec l'Algérie.
01:33Pourquoi de vraie normalisation ?
01:34Parce qu'en réalité, quand vous regardez les rapports franco-algériens depuis la fin de la guerre 1962,
01:40depuis les accords de 1968,
01:43On va en parler de ces accords.
01:44La façon dont la France s'est conduite, c'est systématiquement d'accorder aux partenaires algériens
01:51des droits dérogatoires aux autres droits, dans le cadre des relations entre les pays, sur les visas, etc.
01:59Regardez la politique d'Emmanuel Macron depuis qu'il a été élu, depuis même avant qu'il soit élu.
02:03Souvenez-vous de ses déclarations sidérantes sur le crime contre l'humanité,
02:07lors de la campagne électorale, avant sa première élection.
02:10Nous avons, nous nous sommes mis à genoux, la France s'est mise à genoux devant l'Algérie.
02:15Le dernier exemple en date étant le dépôt de gerbe à la demande du Président de la République par l'ambassadeur de France à Alger le 19 novembre,
02:25c'est-à-dire quelques jours avant l'interpellation de Boilem-Sensal,
02:29où l'un des chefs du FLN, sa tombe a été fleurie, M.Midi, qui a été fortement...
02:37L'arbitre M.Midi, qui était un des chefs du FLN et qui a été tué par l'armée française pendant la guerre.
02:44Vous savez l'opération, pour finir là-dessus, l'opération vérité et réconciliation engagée par Emmanuel Macron,
02:49elle n'a amené jusqu'à maintenant qu'à l'humiliation.
02:52Il faut sortir de là et il faut rebâtir des relations d'adultes post-guerre,
02:56il faut laisser ça derrière nous, mais pour ça il faut se parler les yeux dans les yeux
02:59et il faut arrêter de porter une culpabilité qui est reçue par les Algériens comme de la faiblesse.