• le mois dernier
Avec Bruno CLAVIER

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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-11-18##
Transcription
00:00:00Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:07La famille devrait être un lien dans lequel on se sent en sécurité, or il y a bien un
00:00:12endroit où l'enfant est souvent en danger, c'est bien dans sa famille.
00:00:17J'ai entendu un chiffre effrayant ce week-end, puisque un enfant tous les cinq jours meurt
00:00:23à cause de maltraitance dans sa famille.
00:00:26Alors ça paraît quand même incroyable dans un pays comme la France.
00:00:30Et puis si on évoque les abus sexuels, c'est aussi dans la famille qu'ils ont lieu le plus
00:00:34souvent et on sait que lorsque c'est un membre de sa famille, c'est encore plus dévastateur.
00:00:39Nous sommes aujourd'hui avec Bruno Clavier qui nous revient avec un livre extraordinaire
00:00:45que je conseille vraiment à tout le monde, ça s'appelle « Devenir un bon ancêtre »,
00:00:50c'est aux émissions Paillot.
00:00:52Dans ce livre, il nous parle de sa propre expérience, comme souvent, avec beaucoup de
00:00:56sincérité, de vérité, c'est ça, c'est très touchant.
00:00:59Et puis surtout, il nous montre à quel point c'est important de connaître sa famille,
00:01:05de savoir d'où on vient et c'est comme ça qu'on peut être peut-être mieux avec
00:01:10soi-même et avancer sur soi.
00:01:12Bref, on va parler bien sûr des abus sexuels et notamment de l'inceste et puis il nous
00:01:18dira pourquoi c'est si difficile lorsque c'est un parent et pourquoi pas un grand
00:01:26parent parce qu'on sait malheureusement que les grands parents sont parfois incestueux.
00:01:34Bref, vous avez envie de témoigner, vous avez envie de poser des questions, vous pouvez
00:01:37nous appeler au 0826 300 300.
00:01:40En programme aujourd'hui, notre devise du jour, vieillir c'est apprendre à se regarder
00:01:45de l'intérieur.
00:01:46En love conseil, on parlera du corps et on vous proposera de le décoder.
00:01:50En sexo conseil, je vous rappellerai ce que c'est que la santé sexuelle.
00:01:55Bruno Clavulier, merci d'être avec nous.
00:01:57Merci de l'invitation.
00:01:58Alors, vous êtes psychanalyste, psychologue clinicien, vous avez écrit beaucoup de livres,
00:02:03notamment l'inceste ne fait pas de bruit.
00:02:05Vous avez beaucoup, beaucoup, beaucoup travaillé sur les abus sexuels, notamment sur l'inceste.
00:02:11Vous nous revenez avec ce livre aux éditions Paillot, Devenir un bon, bon ancêtre.
00:02:16Je l'ai déjà dit et je le redis, c'est un livre formidable, je vais le dire durant
00:02:20ces deux heures, parce que je trouve que ce livre peut permettre, notamment aux personnes
00:02:26qui travaillent dans le soin, peut-être de mieux comprendre à quel point l'être humain
00:02:34est un être complexe, complexe, fragile, fragile, l'enfant, surtout l'enfant est fragile et
00:02:40l'adulte est fragile quand l'enfant a été maltraité.
00:02:43C'est ça, c'est toutes ces fragilités et puis c'est l'idée de faire attention.
00:02:48Il faut faire attention, c'est-à-dire que c'est moderne de faire attention aux enfants.
00:02:54Heureusement que ça commence à venir, c'est pas encore terminé, mais il y a encore beaucoup
00:02:58de travail.
00:02:59Mais l'attention portée aux enfants, c'est récent, si on regarde à plein de niveaux.
00:03:03C'est quelque chose qui est maintenant, heureusement, qui arrive là.
00:03:10Et d'ailleurs, c'est ce que parfois j'ai envie de dire, parce qu'on entend souvent en ce moment
00:03:14tout va mal, ça va de plus en plus mal, etc.
00:03:16Sur ce plan-là, non, les choses avancent quand même.
00:03:19Évidemment, ici, parce que ça dépend de quel endroit du monde, mais moi je donne un
00:03:23exemple, c'est qu'on ne bat plus les enfants, enfin, pas plus trop, c'est-à-dire pas comme
00:03:28avant.
00:03:29Avant c'était la norme, même, il y a des personnes qui me disent « j'ai été battu
00:03:32à l'école par mon maître », c'est impensable aujourd'hui.
00:03:35Dans les anciennes générations, le maître battait.
00:03:38Cela dit, j'ai vu ce chiffre, je l'ai vérifié ce matin en préparant l'émission, un enfant
00:03:42sur tous les 5 jours qui meurt à cause de la maltraitance de ses parents, on a du mal
00:03:50à l'imaginer quand même.
00:03:51C'est terrible, c'est ça.
00:03:52Mais ce qu'il faut voir, c'est qu'avant c'était généralisé, le droit de l'enfant.
00:03:56On trouvait ça presque normal.
00:03:57Voilà, on trouvait ça normal, donc je dis, on battait les enfants et ça c'est ce qu'on
00:04:02voyait.
00:04:03Et avant, exactement de la même manière, on incestait les enfants de la même façon
00:04:08et d'une façon généralisée, c'est ça qu'on a du mal à comprendre.
00:04:11Moi en ce moment, ce qui me fascine, c'est le procès de Dominique Pellicot, parce qu'elle
00:04:16l'a dit elle-même, la Gisèle Pellicot, elle a très très bien dit, elle a dit « tous
00:04:21ces gens, c'est des gens qui étaient nos pères, nos proches, nos conjoints, et qu'on
00:04:26aimait, et qui ont été des bons pères des fois, des bons mariés ». Elle dit « c'est
00:04:31pas des monstres, c'est Monsieur Tout-le-Monde ». Là, ce qu'on commence à comprendre, si
00:04:35on veut avancer là-dedans, c'est que ça peut être Monsieur Tout-le-Monde.
00:04:37Donc il va falloir qu'on réfléchisse.
00:04:40C'est pas le monstre qui se cache derrière un pare-dessus.
00:04:44Oui, mais je crois que tant qu'on n'accepte pas que soi-même on ait des parts d'ombre,
00:04:49que soi-même on peut avoir des pulsions meurtrières, etc., on va être dans le tout blanc, tout
00:04:55noir.
00:04:56Et en effet, j'entends souvent par rapport à ce procès, des gens qui disent « ce sont
00:05:01des monstres ». Non, c'est des gens ordinaires.
00:05:05Il y en a certains qui sont pervers, non ? Pardon.
00:05:07Oui, oui, bien sûr.
00:05:08J'ai vu qu'il y en avait certains, mais il y en a plein qui sont paumés, qui sont
00:05:11des pères de famille.
00:05:12On a dit beaucoup de choses de viol de l'opportunité, mais ça, c'est sociétal.
00:05:17On est dans quelque chose de la société.
00:05:19Ce que nous montre ce procès, c'est qu'il y a une révision à faire dans la société,
00:05:23et puis que cette information circule.
00:05:25Plus on pensera que ça peut être généralisé, qu'il faut donc en parler partout, moins
00:05:31ça aura lieu.
00:05:32Et si on pense que c'est les monstres isolés qui font ça, ce n'est pas vrai.
00:05:35Oui, mais le problème, Bruno Clavier, c'est que d'abord, il y a peu d'émissions comme
00:05:39celle-ci, où on essaie de montrer la nuance de la nature humaine, avec son côté positif
00:05:44et son côté négatif.
00:05:45Et puis, il y a peu de gens comme vous qui avaient vraiment la compréhension.
00:05:51Quand vous parlez dans ce livre, vous parlez de vous, et quand vous parlez de ce grand-père
00:05:56qui vous a abusé, vous osez quand même dire qu'aussi, il vous a aidé à vous construire
00:06:03en tant qu'homme.
00:06:04C'est le grand problème de l'inceste, c'est un problème extrêmement terrible dans les
00:06:10thérapies, notamment parce qu'il y a toujours de l'amour, quoi qu'il se passe.
00:06:14Un enfant, il aime son père, son grand-père, son oncle, il aime tout le monde.
00:06:20Les enfants ne fonctionnent que par l'amour, donc ça veut dire qu'ils aiment tout, et
00:06:24puis tout d'un coup, celui que vous aimez vous tue ou vous fait du mal, et ce n'est
00:06:28pas compréhensible, et donc ça va amener des pathologies difficiles, puisque ça se
00:06:33mélange entre cet amour incompressible et de la haine qui vient du fait qu'on vous a
00:06:38détruit.
00:06:39Donc, c'est compliqué.
00:06:40Oui, mais c'est pourtant important de comprendre ça, si on veut vraiment travailler et dépasser
00:06:47autant qu'on peut son inceste.
00:06:50C'est ça, et c'est pour ça que j'ai vu un compte-rendu de procès, c'est un juge qui
00:06:53avait dit ça dernièrement dans un procès, je trouvais ça très intéressant, il a dit
00:06:56qu'on ne veut pas, on n'est pas là pour justifier, il disait même aux prévenus, vous n'avez
00:07:01pas à vous justifier, on est là pour comprendre, il faut au moins qu'on comprenne.
00:07:05On va condamner, là on a parlé qu'on sait qu'il y a une part d'ombre, mais il n'empêche
00:07:10qu'il y a des interdits, non, on ne le fait pas, on ne va pas du côté de son ombre, mais
00:07:16en même temps de tout ça, il faut qu'on comprenne, il faut qu'on comprenne.
00:07:20Absolument, et on va comprendre aussi grâce à vous qui nous écoutez et grâce à vous
00:07:25qui allez oser nous appeler sur Soudradio pour témoigner, parce que comme on le fait
00:07:30chaque fois que vous venez Bruno Clavier, c'est en écoutant quelqu'un et en interprétant
00:07:34et en comprenant mieux qu'on passe le message, que c'est autour de nous, partout, tout le temps.
00:07:40Et puis on a chaque fois des témoignages formidables, de gens formidables, qu'il faut
00:07:45les entendre toutes ces personnes.
00:07:47Absolument, donc on va vous écouter dans un instant, et c'est Isabelle qui sera avec
00:07:51nous dans quelques minutes, à tout de suite.
00:07:55Vous voulez réagir et participer à l'émission ? Appelez-nous dès maintenant au 0 826 300 300.
00:08:02Vous pouvez aussi nous laisser un message sur le répondeur de l'émission pour apporter
00:08:06votre témoignage ou poser vos questions.
00:08:08Nous vous attendons, 0 826 300 300.
00:08:15On est aujourd'hui avec Bruno Clavier, avec lui on va aborder un sujet difficile mais
00:08:21c'est important, je veux absolument qu'on en parle régulièrement parce que c'est comme
00:08:26ça qu'on fait avancer notre société, et comme je le dis très souvent, notre société
00:08:32d'aujourd'hui, c'est en protégeant les enfants qu'on améliorera la société de demain.
00:08:38Isabelle, bonjour.
00:08:39Oui, bonjour.
00:08:41Merci d'être avec nous Isabelle.
00:08:43Merci, merci à vous pour votre émission, on vous le dit souvent, mais c'est vrai qu'elle
00:08:48est importante.
00:08:49Merci Isabelle.
00:08:51Alors vous avez été abusée par votre père, c'est ça ?
00:08:54Oui, donc entre mes 8 ans à peu près, mes 14 ans.
00:08:59C'est vrai qu'il avait réussi en fait à me convaincre, il avait pris l'excuse que
00:09:06ça faisait partie de l'éducation qu'un papa devait donner à sa fille, comment on
00:09:09s'occupe d'un homme.
00:09:11Ben voyons.
00:09:12Voilà.
00:09:13Ce que je trouve toujours sidérant Bruno Clavier, c'est que ça commence tôt, c'est
00:09:19à dire, comment un homme peut avoir envie d'abuser une petite fille de 8 ans, je veux
00:09:25dire.
00:09:26En général, à mon avis, ça commence plus tôt.
00:09:27C'est à dire que dans la plupart des cas que je connais, c'est plutôt du cas de 5
00:09:31ans.
00:09:32C'est vraiment...
00:09:33C'est encore pire.
00:09:34Ben oui, c'est vraiment ça, mais comment on se pose bien la question, c'est bien pour
00:09:39ça qu'il faut qu'on avance là-dessus pour comprendre et puis soigner, il faut s'y soigner.
00:09:44Moi je m'occupe de soigner les victimes, mais je connais des personnes qui soignent
00:09:48les agresseurs et c'est important, il faut les soigner aussi, que ça s'arrête.
00:09:52Ceux qui ne sont pas pervers, on peut les soigner.
00:09:54Voilà, ceux qui ne sont pas complètement pervers, on peut les soigner.
00:09:58Maintenant, en général, alors je viens de faire un colloque la semaine dernière où
00:10:02tout le monde se posait la même question, les agresseurs ont-ils été agressés ?
00:10:05Ça c'est des...
00:10:06Tant qu'on n'a pas de chiffres, on a un peu du mal à se le dire.
00:10:09Alors c'est vrai quand même que la plupart ont été agressés.
00:10:12Eux-mêmes.
00:10:13Donc ils reproduisent souvent ce qu'on leur a fait.
00:10:16Moi je ne sais pas Isabelle comment vous l'avez interprétée, mais la phrase que vous
00:10:20dit votre père, moi je la trouve perverse quand même.
00:10:22Ah mais totalement.
00:10:23Oui, oui, oui, tout à fait.
00:10:26On est d'accord.
00:10:27On est d'accord.
00:10:28C'est-à-dire que c'est souvent, vous en avez beaucoup aussi, qui dit je vais te faire
00:10:31du bien.
00:10:32Alors la perversion c'est toujours de mettre un double message, c'est-à-dire on fait
00:10:36du mal et on dit qu'on fait du bien, donc c'est le contraire de l'éducation ce qu'il
00:10:41a fait.
00:10:42Il vous a détruit quelque part, il n'a pas éduqué du tout.
00:10:46Oui, ça je m'en suis rendue compte il y a là, il y a 2-3 ans en fait, je vais avoir
00:10:5150 ans.
00:10:52Donc je n'en ai jamais, vraiment jamais parlé à personne, jamais jamais.
00:10:58J'ai été hyper vigilante, j'ai deux filles, donc j'ai été hyper vigilante avec mes filles
00:11:07par rapport à leur père en fait, donc mes relations, voilà je faisais mon devoir
00:11:15conjugal, c'est-à-dire que j'avais presque un calendrier dans la tête où tous les 3-4
00:11:20jours il fallait absolument que j'assouvisse les désirs de mon mari pour pas qu'il s'entraîne
00:11:25à mes filles en fait.
00:11:26C'est terrible oui, parce que ça a dû être quand même très difficile pour vous, parce
00:11:33qu'au fond vous protégiez vos filles au dépend de votre propre désir.
00:11:40Oui.
00:11:41Tout ça parce que vous n'aviez pas encore réglé l'histoire avec votre père, parce
00:11:47que je suppose que votre mari n'est pas… vous en avez parlé avec votre mari de cette
00:11:54agression de votre père justement ?
00:11:55Non.
00:11:56Non.
00:11:57Non, c'est…
00:11:58Jamais.
00:11:59Donc vous dites que c'est que là, à la radio, vous en parlez ?
00:12:01Alors c'est pour ça, je veux vous dérouler l'histoire en fait, du coup, donc je les
00:12:07protégeais.
00:12:08Pour moi je les protégeais de leur père et la double peine ça a été il y a 4 ans
00:12:12quand ma fille est née, elle m'a dit qu'elle avait subi des attouchements de la part de
00:12:16son grand-père.
00:12:17Donc de mon père.
00:12:18Ah oui c'est ça.
00:12:19Je ne les ai pas protégés de la bonne personne en fait.
00:12:23Ah bah oui, je comprends tout à fait et malheureusement c'est souvent comme ça madame, j'ai observé
00:12:30ça beaucoup et j'imagine que vous devez vous sentir un petit peu coupable, du coup
00:12:35alors ?
00:12:37Oui, c'est très très compliqué.
00:12:39Bah oui, j'imagine, j'imagine.
00:12:41Même si, donc en fait c'est quand elle m'a raconté ça.
00:12:46Que tout vous est arrivé à la surface ?
00:12:49Bah c'est-à-dire que moi je lui ai dit écoute, tu fais, on fera ce que tu veux, tu veux aller
00:12:56en justice, tu veux pas, tu veux en parler, tu veux pas en parler, voilà, on va faire
00:13:00ce que tu veux.
00:13:01Et je lui ai dit dans tous les cas, moi je vais parler pour moi, pour ce qu'il m'a fait
00:13:04à moi.
00:13:06Et on s'est retrouvés à, on s'est retrouvés à entamer une procédure de justice qui depuis
00:13:12trois ans n'est toujours pas terminée.
00:13:14C'est très très long aussi ça.
00:13:16Bravo, alors je vous félicite d'y avoir été comme ça, c'est vraiment bien.
00:13:20Je me suis dit, j'ai pas su la protéger comme il fallait, donc je me suis dit, je
00:13:27peux au moins faire ça pour elle quoi.
00:13:28Mais je voulais juste savoir, elle avait quel âge quand il a commencé ?
00:13:32A peu près pareil, mais ça a duré moins longtemps, entre 8 et 12 ans.
00:13:36Et puis c'est ça, et puis j'ai rien vu, et à la fois j'ai rien vu, et à la fois
00:13:43quand elle me l'a dit, elle me l'a pas vraiment dit en fait.
00:13:47Elle me l'a dit à demi-mot, j'ai compris comme si je le savais, presque.
00:13:51Oui oui, mais ça c'est, vous savez Isabelle, c'est tout le, enfin on dit souvent que l'inconscient
00:13:56est parfois plus fort que le conscient, et c'est votre inconscient qui a fermé les
00:14:01yeux, qui vous a fait fermer les yeux, et en même temps vous le saviez, puisqu'inconsciemment
00:14:08il y avait quelque chose qui se répète.
00:14:10Et c'est pareil, j'ai un énorme doute sur le fait que ma maman n'ait pas aussi
00:14:19subi ce genre de choses.
00:14:21Aujourd'hui elle n'est plus là, donc je ne peux pas lui demander, mais il y a des
00:14:26choses dans la famille qui me font penser qu'elle aussi elle a subi.
00:14:30Vous savez, c'est souvent ce que je dis dans les émissions avec Brigitte, c'est
00:14:35souvent ce que je dis, c'est-à-dire que les mères qui ont été abusées vont fermer
00:14:41les yeux, vous voyez, à chaque fois comme ça, elles vont fermer les yeux, parce qu'on
00:14:45dit mais comment c'est possible de fermer les yeux, et bien parce qu'elles ont déjà
00:14:48subi et qu'elles sont dans un état de sidération, vous savez, on parle d'un état de sidération
00:14:53personnelle, et c'est la même sidération, c'est-à-dire que c'est comme s'il y a
00:14:57une paralysie presque.
00:14:59J'ai beaucoup travaillé depuis 3-4 ans, c'est pour ça que je n'en veux absolument
00:15:06pas à ma maman, parce qu'elle était aussi sous la coupe de mon père, c'est un homme
00:15:11à qui on ne disait jamais non en fait, on ne lui refusait rien, et surtout on en avait
00:15:16très très peur, donc je n'en veux absolument pas à ma maman, là où c'est compliqué
00:15:22pour moi, c'est que je sais ce que ma fille a vécu en fait, alors elle n'a pas vécu
00:15:29les mêmes choses, mais je ressens ce qu'elle vit et ce qu'elle peut ressentir, et voilà,
00:15:37et à quel point ça peut détruire ce qu'elle fait en fait.
00:15:40Oui mais Isabelle, vous avez pardonné à votre maman, et elle va vous pardonner visiblement,
00:15:46surtout si elle a pu vous en parler, ça montre bien qu'il y a quelque part quelque chose,
00:15:51et peut-être qu'enfin, vous allez casser cette répétition, et que sa fille ne subira
00:15:59pas ce genre de choses.
00:16:01C'est exactement ce que je me suis dit, c'est que moi j'ai énormément d'admiration pour
00:16:06ma fille, parce qu'elle a osé parler, et elle a un peu brisé un peu cette chaîne,
00:16:12et vous parliez aussi dans l'introduction, c'est vrai, de la dualité, moi ça reste
00:16:23quand même mon père, donc c'est très compliqué de le haïr, voilà, moi aujourd'hui ce que
00:16:30je veux en fait, quand je suis allée en justice, ce que je voulais c'était qu'on lui dise
00:16:34voilà monsieur ce que vous avez fait c'est pas bien, qu'il le reconnaisse, j'attends
00:16:38même pas qu'il me demande pardon en fait, je veux juste qu'il reconnaisse ce qu'il
00:16:42a fait.
00:16:43Et il l'a fait ?
00:16:44Non.
00:16:45Non, il est pervers votre père, c'est-à-dire que ça va être difficile, et c'est pour
00:16:47ça d'ailleurs qu'il a su manipuler votre fille, et qu'il a su aussi vous manipuler
00:16:53pour que vous ne vous en rendiez pas compte trop directement.
00:16:57Je crois malheureusement qu'il ne faut pas attendre qu'il reconnaisse quoi que ce soit,
00:17:01mais la justice le reconnaît.
00:17:03Excusez-moi, je veux juste dire quelque chose par rapport à ce que vous avez dit, je n'arrive
00:17:07pas à avoir de la haine, juste une petite subtilité, mais l'expérience m'a montré
00:17:12qu'on l'avait toujours la haine, mais c'est très important parce que si vous n'êtes
00:17:16pas en contact avec cette haine, souvent les gens la retournent contre eux, et ils vont
00:17:22commencer à faire des comportements d'autodestruction ou des choses comme ça.
00:17:26Donc ce que je veux dire c'est que c'est ça qui est terrible, c'est qu'immédiatement
00:17:31en même temps qu'il y a l'amour, il y aura toujours la haine, puisque quand on nous fait
00:17:34du mal, tout être humain déclenche quelque chose de l'ordre de l'haine, de la haine
00:17:37et de la colère.
00:17:38Ce qui peut peut-être vous aider Isabelle, j'aime bien toujours donner des choses un
00:17:42peu de bon sens, c'est très simple, c'est vous dire bon voilà, il y a 100% de sentiments
00:17:49pour mon père, et bien il y a peut-être 60% d'amour et 40% de haine, faites un peu le
00:17:56tri et vous verrez, ça va vous aider, et c'est normal, même quand on aime et qu'on
00:18:00est très bien avec quelqu'un, il y a toujours un tout petit peu de haine, parce qu'on est
00:18:05des êtres humains, et ça il faut l'accepter, et dans votre cas forcément qu'il y a de
00:18:10l'amour et de la haine, mais essayez de mettre les choses un peu plus clairement, ça va
00:18:16vous aider, ça va vous aider à être plus clair avec ce que vous ressentez.
00:18:20Ça vous plaît ça, j'imagine ? Et puis merci de votre témoignage, parce qu'il est fort
00:18:27et on commence évidemment toujours fort dans ce genre d'émissions.
00:18:31On fait une petite pause, on se retrouve avec le Love Conseil du jour, le corps parle, décodez-le.
00:18:36Nous parlons des abus sexuels, aujourd'hui avec Bruno Clavier, psychologue et psychanalyste,
00:18:42vous souhaitez témoigner ? Appelez-nous au 0826 300 300.
00:18:46Sud Radio, parlons vrai, Sud Radio, parlons vrai, Brigitte Ley, Sud Radio, le Love Conseil.
00:18:54Alors Bruno Clavier, le corps est un vrai révélateur de ce qu'on traverse, de ce qu'on est, évidemment.
00:19:02J'ai eu envie de faire ce Love Conseil, peut-être aussi parce que vous pourrez ajouter deux
00:19:07trois choses sur le corps lorsqu'on a subi des abus, mais d'abord je voudrais rappeler
00:19:12que le langage déguise notre pensée, sauf que le corps lui ne sait pas mentir, par exemple
00:19:18lorsqu'on croise les bras pendant qu'on s'exprime, ça indique une petite gêne, ou en tout cas
00:19:24on se méfie, on n'est pas tout à fait sur la même longueur d'onde.
00:19:27Le regard aussi est très révélateur, si on vous fixe un peu trop intensément et trop
00:19:32longtemps, c'est quand même un signe, voire agressif, voire on est en train de vous raconter
00:19:40un bobard et on a envie que vous y croyez, c'est pour ça qu'on vous regarde de manière
00:19:43très très très fixe.
00:19:46Si au contraire on évite, on détourne le regard, ça peut être de la timidité, mais
00:19:50c'est peut-être aussi parce qu'on vous ment, donc normalement quand on se dit la vérité
00:19:55on se regarde normalement.
00:19:56Et puis si on cherche anormalement le contact, c'est pas forcément un signe amical, ça
00:20:01peut être une façon de dominer, et quand on observe bien la position générale du corps,
00:20:07on voit si les épaules se tournent vers vous, ça c'est positif, si en revanche on tourne
00:20:12les épaules de l'autre côté, c'est un refus de rentrer en contact avec vous.
00:20:17Je vous conseille vraiment d'observer les corps des gens que vous côtoyez, et vous
00:20:22verrez que tout doucement vous allez développer votre intuition, parce que c'est des signes
00:20:27qu'on reçoit sans s'en rendre compte, et plus on est intuitif, plus on a appris à
00:20:31les décoder, et bien plus on a des informations justes sur ce que nous dit la personne en
00:20:36face de nous.
00:20:37Et est-ce que vous voulez Bruno Clavier ajouter quelque chose sur le corps des personnes justement
00:20:42qui ont été abusées ?
00:20:43C'est-à-dire qu'on a des mémoires, toute notre vie, quand il y a eu un traumatisme,
00:20:49on a différentes mémoires, des mémoires psychiques, des mémoires corporelles, des
00:20:53mémoires énergétiques même, et donc le corps est porteur de ça, et dans le cas des
00:20:59violences sexuelles, comme sur l'enfant notamment, puisque le corps de l'enfant est pas prêt,
00:21:05donc on s'aperçoit que le corps va prendre des chocs qui vont s'exprimer plus tard, c'est-à-dire
00:21:11qu'ils ne vont pas s'exprimer tout de suite, et moi et certaines personnes, on a étudié
00:21:17la question, vous avez des maladies comme la fibromyalgie par exemple, qui est caractéristique
00:21:22et qui s'explique très bien, c'est comme un choc électrique sur un fil électrique
00:21:26qui serait trop fin, donc du coup il brûle un peu, pas complètement, et puis un jour
00:21:31il casse.
00:21:32C'est un petit peu ça, c'est-à-dire qu'avec le temps, le corps, voilà il y a un livre
00:21:38formidable d'un Américain qui s'appelle Le corps n'oublie rien, mais c'est un beau
00:21:42titre, il dit Le corps n'oublie rien, c'est-à-dire qu'il est porteur de tout ça.
00:21:47C'est le livre, il parle beaucoup des traumatismes au Vietnam aussi, c'est un livre formidable,
00:21:54Le corps n'oublie rien qui est en poche maintenant, le nom est un peu compliqué à dire, je m'en
00:21:58souviens jamais, Vorn Del Coq, quelque chose comme ça, Vorn Del Coq.
00:22:01Je vois très bien de quel livre vous parlez, il est en effet formidable.
00:22:04Comme le vôtre d'ailleurs, devenir un bon ancêtre, ces deux éditions Paillot, et vraiment,
00:22:11vous rappelez d'ailleurs que plus on en sait sur ses origines, plus on va bien, et je crois
00:22:16que c'est vraiment important, quoi qu'on ait, quels que soient nos ancêtres, il faut
00:22:21parler.
00:22:22Et là le cas de la première personne qui est intervenue est magnifique, puisqu'il
00:22:25y a un procès, ils vont parler, tout ça va se savoir, tout dans la famille, tout se
00:22:29sait, c'est terminé, dès qu'on parle, tout s'arrête.
00:22:33Les secrets de famille doivent être révélés.
00:22:35Bonjour Aurélie, merci d'être avec nous.
00:22:38Bonjour Brigitte, bonjour Bruno, je suis ravie d'être avec vous aujourd'hui en tout cas.
00:22:44Nous on est ravis de vous écouter Aurélie, et décidément, c'est à partir de 8 ans déjà,
00:22:49vous aussi que vous avez subi de l'inceste de la part de votre oncle.
00:22:54De l'âge de 8 ans à 12 ans, il n'a pas arrêté, et après c'est moi qui ai mis un stop en
00:23:01grandissant, mais j'ai gardé le silence jusqu'à ce que ma mère, en fait en plus c'est bizarre,
00:23:07en allant voir quelqu'un qui lui a dit mais ta fille elle a subi des choses, il faut que
00:23:11tu lui en parles, et en plus elle a des lettres qu'elle peut montrer, où dedans il y a aussi
00:23:16des révélations, et justement en rentrant de l'université, ma mère m'est tombée
00:23:19dessus, et en fait quelque part elle m'a retiré la parole que moi je pense j'étais prête
00:23:24encore à garder peut-être toute une vie, et du coup ça a été très violent puisqu'on
00:23:28a fait une réunion de famille, mon oncle était présent, et en fait mon oncle a parlé,
00:23:33il a tout avoué, et suite à ça en fait c'est lui qu'on a décidé de garder au sein de la
00:23:38famille, et c'est moi qu'on a mis de côté.
00:23:40C'est ça, j'ai déjà vu ça, oui oui c'est incroyable.
00:23:44Donc déjà ça a été d'une violence inouïe, et puis le rejet, l'abandon déjà, parce que
00:23:51j'avais aussi, donc c'est le frère de mon père qui a fait ça, et mon père déjà qui
00:23:55n'était pas très présent, l'a été encore moins après, parce qu'il est toujours resté
00:23:59près de son frère.
00:24:00Quand il me parle il me dit mais tu comprends, c'est mon frère, mais moi je lui dis est-ce
00:24:03que tu comprends que moi je suis ta fille ? À un moment donné il y a les priorités
00:24:06qui ne sont pas mises au bon endroit je pense.
00:24:08Mais ça lui appartient, et du coup moi après j'ai suivi, donc j'ai continué ma vie,
00:24:14malheureusement je suis tombée dans l'obésité morbide, où je suis allée jusqu'à 237
00:24:18kilos, je me suis complètement enfermée dedans, et j'ai même essayé d'en finir
00:24:24avec ma vie pendant trois fois, mais j'ai toujours eu cependant une rage de vivre au
00:24:28fond de moi, et je suis contente de vous avoir au téléphone aujourd'hui, parce que malgré
00:24:31cette noirceur dans laquelle on grandit, moi cette noirceur j'en ai fait de la lumière.
00:24:36Alors je dois être de la famille Nicolas Tesla quelque part, j'ai réussi à transformer
00:24:41ça en quelque chose de magique, mais du coup voilà, si les gens m'entendent on peut vraiment
00:24:45s'en sortir, et c'est le message que moi je veux transmettre aujourd'hui.
00:24:48Un beau message.
00:24:49Il est d'autant plus beau que vous revenez de loin quand même, parce que vous avez,
00:24:54alors deux choses, c'est vrai que beaucoup de femmes deviennent obèses à cause d'abus,
00:25:00ce qui ne veut pas dire que toutes les femmes qui sont obèses ont subi des abus, et vous
00:25:04en parlez très très bien Bruno Clavier, de cette tentative de mettre fin à ses jours
00:25:09quand on a subi des abus.
00:25:11Alors c'est bien d'avoir des chiffres, au moins on a un chiffre récent là, 2024, le
00:25:16rapport de la CIVIS qui dit que 2 personnes abusées sur 3 feront une tentative de suicide.
00:25:23Donc ça c'est important, 2 sur 3, les deux tiers vont faire une tentative de suicide.
00:25:27Et c'est pour ça qu'on parlait des mémoires du corps, l'obésité, le surpoids, couplé
00:25:33avec des tentatives de suicide, des maladies, des fois de thyroïde, des choses comme ça,
00:25:38vont être ce que j'appelle des marqueurs qui devraient alerter tous ceux qui s'occupent
00:25:43du domaine de la santé pour commencer à repérer ça.
00:25:45Quand on envoie 3-4 marqueurs, comme vous, si moi je reçois quelqu'un qui me dit « je
00:25:52suis en surpoids et j'ai fait 3 tentatives de suicide », je dis tout de suite « qu'est-ce
00:25:55qui vous est arrivé ? Qu'est-ce qui se passe ? ».
00:25:57Oui, il y a des symptômes qui sont caractéristiques.
00:26:02Moi maintenant je commence à les connaître par cœur aussi, et pourtant je ne suis pas
00:26:06psychanalyste, donc on se pose quand même la question.
00:26:10Et surtout quand vous avez 3, 4 ou 5 types, vous pouvez vraiment faire une projection,
00:26:15au moins poser la question « qu'est-ce qui vous est arrivé ? » et essayer de faire
00:26:18une enquête.
00:26:19Je pense que j'ai grandi dans le silence parce que j'ai grandi seule avec ma maman
00:26:29du coup, et on vivait aussi des choses dures de son côté parce qu'elle avait un frère
00:26:32qui était alcoolique et qui nous pourrissait la vie, mais du coup j'ai grandi vraiment
00:26:35en disant « je ne vais pas faire plus de vagues que ça » et j'ai gardé ce secret
00:26:38pour moi parce que je voulais, bizarrement, une culpabilité presque de vouloir parler
00:26:43en disant « je ne veux pas causer de soucis à d'autres personnes avec ce qu'on vit,
00:26:45on en a déjà assez » et du coup j'ai gardé ça en moi pendant longtemps, mais
00:26:51ce qui est marrant c'est que j'ai quand même su déjà dès les premiers moments
00:26:54qu'un jour ou l'autre j'en ferais quelque chose de ça et j'irais vers la lumière
00:26:58parce qu'ils nous prennent tellement de choses à ce moment-là, c'est tellement
00:27:02violent ce qu'on nous prend, parce que moi j'ai fait des terrains nocturnes jusqu'à
00:27:05l'âge de 35 ans où je dormais que dans des baignoires la nuit parce que j'étais
00:27:08incapable quand j'étais toute seule de dormir dans un lit parce que j'avais peur,
00:27:12parce qu'on me regarde, j'avais peur qu'il y avait quelqu'un qui soit présent
00:27:15et il fallait que je retourne dans l'eau, alors j'ai fait des années de psychothérapie
00:27:18où on me disait que je retournais dans le liquide amniotique un peu, parce que j'avais
00:27:21besoin de la protection de ma maman quoi.
00:27:23Oui, ce qui est vrai.
00:27:25Oui, non mais d'accord, mais quand on a des terreurs nocturnes c'est forcément parce
00:27:31qu'on a peur de quelque chose et on sait, notamment sur les insomnies que parfois c'est
00:27:37dû à des abus.
00:27:40Aurélie, ce que je voudrais juste vous demander c'est comment vous interprétez le fait
00:27:46que c'est vous qu'on rejette et que votre père préfère rester proche de son frère,
00:27:51comment vous l'avez interprété puisque vous avez fait beaucoup de travail, vous avez
00:27:55beaucoup avancé ?
00:27:56Du coup, comment je l'ai interprété, en fait j'ai une famille un peu où il y a de
00:28:02l'argent, où ces choses là sont très taboues dans ma famille, voilà, il ne faut pas faire
00:28:07de vagues, il faut être très poli, très bien éduqué, il n'y a pas un mot plus haut
00:28:11que l'autre, il ne faut pas montrer aux gens ce qu'on pense, qu'il dit vraiment ce qu'on
00:28:15ressent.
00:28:16Du coup, ça a été très tabou et puis ils ont vraiment fait un choix, surtout que j'ai
00:28:20appris plus tard qu'en fait ils savaient déjà, mes grands-parents, mon père connaissait
00:28:23déjà un peu les dérives de mon oncle, parce que je n'étais pas la première et surtout
00:28:28ça a été gardé, ça a été étouffé dans la famille.
00:28:30Donc en fait la décision qu'eux ont prise c'est qu'on étouffe tout quoi, jusqu'au
00:28:34bout.
00:28:35Alors, c'est certainement juste ce que vous dites, on le voit bien dans certaines familles,
00:28:40on ne fait pas de vagues et puis ce n'est pas grave, mais je crois qu'il y a aussi encore,
00:28:45je ne sais pas ce que vous en pensez Aurélie et Bruno Clavier, je crois qu'il y a encore
00:28:48le fait qu'après tout vous étiez une enfance pas si grave quoi.
00:28:51Oui, il y a cette idée-là, il y a aussi autre chose qu'il y a, c'est que tout le système
00:28:57pourrait s'effondrer, c'est pour ça que c'est toujours très systémique une famille
00:29:00d'inceste et l'inceste est toujours familial, il n'y a pas un inceste isolé.
00:29:05Quand vous avez un inceste, vous en avez à d'autres générations, il y a divers endroits.
00:29:11Et là, ce que je pense quand même, c'est que vu le climat, vous comprenez, votre mère
00:29:18quand vous dites son frère alcoolique, tout ça, je ne sais pas si c'est un grand frère,
00:29:22mais on peut des fois faire l'hypothèse qu'elle-même aurait été abusée, vous voyez ? Alors dans
00:29:28ce cas-là, c'est elle qui pourrait être mal et ainsi de suite, ainsi de suite, c'est
00:29:32comme d'un système de domino.
00:29:34Donc moi, j'ai l'impression que vous avez été éjecté pour que tout le système tienne.
00:29:38C'est ça, oui.
00:29:39C'est-à-dire que dans votre famille, si on pouvait faire la clarté totale, on découvrirait
00:29:45à tous les endroits, vous allez en trouver.
00:29:47D'autres personnes qui ont été prédateurs et d'autres abusées évidemment.
00:29:51Ma maman, à son côté, elle, je sais qu'elle a vécu des attouchements de son papa, c'est
00:29:55son petit frère qui était alcoolique et qui n'a pas supporté justement cette violence-là.
00:29:59C'est de l'autre côté.
00:30:00Et en tout cas, moi, ce que je trouve aberrant, c'est qu'on préfère sacrifier un enfant
00:30:04parce que pour moi, c'est sacrifié.
00:30:05J'ai été sacrifiée dans ma famille.
00:30:06Complètement, complètement.
00:30:07Donc, c'est qu'on préfère sacrifier un enfant plutôt que de sacrifier une famille.
00:30:11Je veux dire, la famille est pourrie.
00:30:14Il y a vraiment quelque chose là, on ne met pas un enfant de côté comme ça.
00:30:17Mais Aurélie, on sait très bien, on sait très bien, vous savez, c'est la fameuse histoire
00:30:24du canard boiteux, du vilain petit canard.
00:30:26On sait très bien que dans les familles, on aime bien un bouc émissaire qu'on va
00:30:31rejeter, qui va être une sorte de nœud sur lequel on met tout ce qui ne va pas dans la
00:30:38famille et hop, on l'éjecte et puis la famille va bien.
00:30:41Ce que vous pointez Aurélie, c'est fondamental.
00:30:44Je vous remercie d'amener ça parce que c'est vraiment ça qu'on voit dans toutes les familles
00:30:48où il y a de l'inceste.
00:30:49Dès que quelqu'un parle, on dit tu vas salir la famille et c'est à chaque fois la même
00:30:54chose qu'on dit.
00:30:55Ne dis rien parce que tu vas salir la famille.
00:30:57Donc ça, c'est très important, il faut en tenir compte parce qu'il faut que ces familles,
00:31:03il faut que ça parle là-dedans et puis il faut qu'elles fassent le ménage.
00:31:05Mais vous connaissez l'expression on ne lave le linge sale qu'en famille.
00:31:10Il faut qu'il y ait des procès.
00:31:12Du coup, si je peux me permettre, moi ce que j'ai fait suite à ça, parce que moi je ne
00:31:19voulais pas quelque part donner raison à cet homme de la noirceur et vivre dans cette
00:31:24noirceur-là.
00:31:25J'ai repris mes études pour être thérapeute et aujourd'hui j'accompagne les gens pour
00:31:28libérer leur silence, libérer leurs paroles, d'abord pour qu'ils aillent mieux et comprendre
00:31:32qu'ils ont une vie malgré tout ça et qu'ils peuvent vivre dans la lumière.
00:31:35J'ai écrit un livre aussi qui a été édité cette année, j'en suis très fière qui s'appelle
00:31:38Murmure de résilience.
00:31:39Il amène les gens dans leur guérison et qui met en lumière tout ce qu'ils ont vécu
00:31:42aussi, même si ce n'est pas une biographie.
00:31:44En tout cas, je veux vraiment montrer que de sa famille ou de ce qu'on a vécu, on peut
00:31:49vraiment faire quelque chose de positif et qui nous attend mieux après, quand on a décidé
00:31:52vraiment d'être bien avec soi-même et qu'il ne faut pas rester avec cette noirceur-là,
00:31:56elle ne nous appartient pas, c'est la leur et que nous on est des bonnes personnes, on
00:31:59est des gens bien et qu'on mérite d'être heureux suite à ça.
00:32:02Et bien vous avez raison, c'est bien Aurélie et on entend chez vous qu'il y a l'agressivité
00:32:10qui est bien à sa place.
00:32:12Et vous allez aider beaucoup de personnes.
00:32:14Je les espère, pour qu'elles libèrent leurs paroles, pour qu'elles libèrent tout ça.
00:32:19Vous êtes juste dans votre ressentie, on l'entend donc forcément.
00:32:23Merci beaucoup Aurélie, merci à vous.
00:32:29On continue bien sûr avec Bruno Clavier et puis vos appels au 0826 300 300, à tout de suite.
00:32:4914h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:32:52Avec Bruno Clavier, aujourd'hui psychanalyste et auteur de ce livre « Devenir un bon ancêtre
00:32:59transgénérationnel et grand-parent », c'est aux éditions Payot.
00:33:02On parle aujourd'hui de l'inceste parce que vous abordez évidemment ce sujet également
00:33:06dans ce livre, et on continue avec Belinda qui est avec nous.
00:33:12Merci, bonjour Belinda.
00:33:14Bonjour à vous deux.
00:33:16Merci de m'accueillir.
00:33:20Merci à vous de témoigner.
00:33:22On est aussi avec le père et le grand-père, je crois, avec vous.
00:33:26C'est exactement ça.
00:33:28Moi j'ai été abusée, j'avais 6 ans, par mon père et mon grand-père jusqu'à mes 18 ans.
00:33:34Et encore après mes 18 ans, quand je me suis retrouvée veuve, mon père m'a dit que si
00:33:38j'étais en manque, il pouvait être présent.
00:33:43J'ai grandi avec cette histoire, on était 5 enfants, donc on a tous vécu l'inceste.
00:33:49Alors ça a été caché, pas dit, parce que mon père était gendarme.
00:33:53Et il disait toujours « on ne vous croira pas ».
00:33:59Oui, mais ça c'est pareil.
00:34:01C'est une phrase qui est répétée aux enfants, qui finissent par croire qu'on ne les croira pas.
00:34:07Heureusement, on croit quand même un peu les enfants.
00:34:13On croit les enfants, pardon, je vous en prie Brigitte.
00:34:17Mais on croit les enfants maintenant.
00:34:19Dans les années 60, on ne les croyait pas.
00:34:23On n'avait pas le droit à la parole.
00:34:25Oui, bien sûr Belinda.
00:34:27Mais il y avait quand même des gens qui pouvaient écouter et croire les enfants.
00:34:31Mais vous avez raison.
00:34:34Il y a toujours un tabou sur l'inceste.
00:34:38Bien sûr.
00:34:40C'est vrai que je me suis sacrifiée aussi quand mon père m'a appelé en allant chercher le lait.
00:34:46Pour que mes sœurs ne repassent pas la casserole.
00:34:48C'est une drôle de façon de dire ça.
00:34:50Je me suis sacrifiée quand il disait que c'était la personne qui allait.
00:34:52Je disais non, non, moi j'y vais.
00:34:54Pour que mes sœurs ne soient pas abusées.
00:34:58Avec ma deuxième sœur, on a été le plus abusés.
00:35:00Mais mes autres sœurs ont subi des attouchements.
00:35:04Mon frère a tellement été mal par rapport à tout ce qu'on a vécu.
00:35:08On s'est vendu.
00:35:10Mon père avait dit la première et la dernière,
00:35:12je n'aurais pas dû les garder à la naissance.
00:35:14Parce qu'il voulait un garçon en premier.
00:35:16J'étais fille et le dernier qui était un garçon était homosexuel.
00:35:18Donc il y a vraiment une longue histoire par rapport à l'inceste.
00:35:20Qui est liée à l'inceste.
00:35:22Mon histoire est vraiment toute liée à l'inceste.
00:35:24J'ai entendu le témoignage de l'autre personne avant moi qui a écrit un livre.
00:35:29Et je suis en train d'écrire un livre.
00:35:31Ce qui est impressionnant,
00:35:33c'est qu'on ressort tout de l'inceste.
00:35:35Soit démoli.
00:35:37Malgré tout, on est quand même démoli.
00:35:39Je me suis construite dans la résilience.
00:35:41Je suis famille d'accueil.
00:35:43J'accueille des enfants.
00:35:45Depuis des années, ils sont victimes de viol et d'inceste.
00:35:51Je m'occupe aussi des autres dans la bienveillance.
00:35:53Je ressens et j'entends des choses.
00:35:55Je pense qu'on a tout ce parcours-là.
00:35:57Je me suis construite avec mon histoire
00:35:59de façon à apporter du bonheur aux autres
00:36:01et à ne pas reproduire ce que j'ai vécu.
00:36:03Bien sûr.
00:36:05Et votre mère dans tout ça ?
00:36:07Parce que quand même,
00:36:09cinq enfants abusés par un père, un grand-père.
00:36:11Du côté maternel, grand-mère,
00:36:13qu'est-ce qu'elle a fait ?
00:36:15Qu'est-ce qu'elle a fait ?
00:36:17Qu'est-ce qu'elle a fait ?
00:36:19Qu'est-ce qu'elle a fait ?
00:36:22Du côté maternel, grand-mère,
00:36:24c'était quoi la soumission
00:36:26aux hommes ?
00:36:28Je pense que
00:36:30ma mère a été une enfant jetée dans la rue.
00:36:32Elle a été nourrie d'un sucre.
00:36:34Elle a été causette chez les uns, chez les autres.
00:36:36Et je pense que quand mon père
00:36:38est arrivé dans sa vie,
00:36:40ça a été le sauveur.
00:36:42Le fait d'être son sauveur,
00:36:44est-ce qu'elle a vu, est-ce qu'elle n'a pas vu ?
00:36:46Je préfère ne pas le savoir.
00:36:48Je suis honnête avec vous.
00:36:50Je préfère ne pas le savoir.
00:36:52Mais je pense que
00:36:54par rapport à son vécu, elle l'a peut-être su ou pas.
00:36:56Mais ça a été
00:36:58une mère bienveillante malgré tout.
00:37:00Et c'est vrai que quand on parle
00:37:02de mon père, encore aujourd'hui
00:37:04parce qu'il est décédé, les gens disent
00:37:06vous avez de la chance d'avoir un père comme ça.
00:37:08C'était quelqu'un
00:37:10de très bien au niveau de la société.
00:37:12C'était quelqu'un de complètement parfait.
00:37:14Même dans le couple,
00:37:16je n'ai jamais vu mes parents
00:37:18se disputer, je n'ai jamais
00:37:20entendu quoi que ce soit de cris
00:37:22ou de violences.
00:37:24C'est pour ça que je parlais de Gisèle Pellicot qui dit
00:37:26ce sont des bons maris
00:37:28et parfois des bons pères, entre guillemets.
00:37:30C'est ça qui est important.
00:37:32Mais est-ce qu'il y a eu quelque chose de l'ordre de la justice
00:37:34dans votre histoire ou pas du tout ?
00:37:36Pas du tout puisque
00:37:38donc
00:37:40je veux dire on en a parlé
00:37:42alors mes soeurs ont
00:37:44beaucoup de problèmes pour en parler.
00:37:46Je suis peut-être la seule l'aînée
00:37:48à en parler.
00:37:50Est-ce que vous êtes la seule et que vous en sortirez bien
00:37:52dans cette famille, justement sur les cinq ?
00:37:54Alors, j'ai une de mes soeurs
00:37:56qui est quand même soumise.
00:37:58Une autre qui est limite
00:38:00anorexique.
00:38:02Il y a des pathologies.
00:38:04Je veux dire mon frère s'est pendu.
00:38:06Donc il y a des pathologies.
00:38:08Moi je m'en sors bien sauf que
00:38:10je n'aime pas du tout mon corps.
00:38:12La petite dame parlait tout à l'heure
00:38:14à l'âge que j'ai
00:38:16je suis encore dans un système où j'ai besoin d'une lumière
00:38:18la nuit dans ma chambre.
00:38:20Bien sûr. Mais quand même, voyez,
00:38:22votre témoignage est fort et important.
00:38:24Moi j'appuie là-dessus.
00:38:26Vous étiez cinq enfants et il y en a une
00:38:28qui s'en sort bien et il y a quatre
00:38:30enfants qui ont
00:38:32des problèmes de santé ou qui se suicident.
00:38:34Enfin je veux dire, on voit les ravages
00:38:36de l'inceste. Donc c'est important.
00:38:38C'est important que tout le monde
00:38:40comprenne bien qu'il faut vraiment lever
00:38:42ce tabou.
00:38:44Puisque vous dites aussi sur le côté
00:38:46gendarme, je ne sais pas si vous avez vu,
00:38:48il y a l'histoire du Grélet.
00:38:50J'ai regardé un documentaire qui était gendarme.
00:38:52Je ne sais pas si vous êtes au courant
00:38:54de ça. Et la seule personne
00:38:56qui a compris
00:38:58que le Grélet était un gendarme
00:39:00était une femme et personne ne l'a crue. Pendant 30 ans
00:39:02on ne l'a pas crue.
00:39:04Et c'était une policière.
00:39:06Dans le documentaire, il montre que c'est un milieu
00:39:08uniquement masculin et qu'on se moquait
00:39:10d'elle. C'est la parole d'une femme et elle disait
00:39:12je vous assure, je suis sûr que cet homme
00:39:14est un gendarme.
00:39:16Enfin un policier en tout cas.
00:39:18Et vous savez, alors c'est vrai que
00:39:20du coup moi je me suis marrée
00:39:22avec un gendarme
00:39:24pour me dire peut-être que la justice
00:39:26elle existe vraiment, qu'il y a des gens qui sont bien
00:39:28et malheureusement je suis retombée sur
00:39:30quelqu'un de pas bien du tout.
00:39:32Donc j'ai reproduit une fois
00:39:34la personne est décédée
00:39:36quand je me suis retrouvée
00:39:38très jeune et je me suis remariée
00:39:40avec un gendarme.
00:39:42Pour à nouveau me prouver que
00:39:44les gendarmes
00:39:46peuvent être des gens bien.
00:39:48C'est pour ça que je vois
00:39:50les enfants
00:39:52qui font des dessins dans cas d'inceste
00:39:54dessinent souvent des voleurs
00:39:56dans une voiture de police.
00:39:58Ou des pompiers pyromanes.
00:40:00C'est des dessins qui reviennent beaucoup
00:40:02tout de suite on repère dans le dessin. Moi dès qu'un enfant
00:40:04fait un dessin avec un voleur dans une voiture
00:40:06de police je dis tiens.
00:40:08Parce que c'est incompatible, le policier
00:40:10et le gendarme est là pour nous sauver
00:40:12et ils nous détruisent.
00:40:14C'est ça qui est terrible.
00:40:16Tout ça je comprends que vous avez envie de réhabiliter
00:40:18les gendarmes.
00:40:20Et puis moi j'avais un père quand même
00:40:22qui était dans la toute puissance parce que je me rappelle d'une histoire
00:40:24à l'époque où il y a eu
00:40:26un monsieur qui avait tabassé
00:40:28sa petite fille de 4 ans ou 6 ans
00:40:30qui l'avait poussée avec un tison
00:40:32sous le buffet.
00:40:34Je me rappelle mon père est rentré
00:40:36en disant ouais c'est une pourriture
00:40:38on l'a tabassé et tout.
00:40:40C'est le maire de la société.
00:40:42Il a eu des propos et je me disais
00:40:44donc à ce moment là j'avais plus 6 ans
00:40:46j'avais peut-être 10 ans et je me disais
00:40:48comment il peut parler comme ça de ce monsieur
00:40:50alors qu'il fait pire.
00:40:52Mais ça c'est fréquent.
00:40:54Belinda, on sait que par exemple
00:40:56certains juges pédocriminels
00:40:58vont être très très durs
00:41:00quand ils vont donner
00:41:02le verdict sur quelqu'un
00:41:04qui est lui aussi pédocriminal.
00:41:06C'est
00:41:08une sorte de
00:41:10comportement humain
00:41:12qu'on connaît bien quand on s'intéresse
00:41:14au comportement humain et merci
00:41:16de votre témoignage parce que
00:41:18ça montre encore une fois
00:41:20que vous aviez certainement
00:41:22quelque chose en vous qui vous a
00:41:24permis
00:41:26de tenir et de
00:41:28vous sauver parce que
00:41:30vous venez de loin.
00:41:32Je suis famille d'accueil, je m'occupe d'enfants donc
00:41:34de jeunes filles, ça m'énerve d'avoir des garçons
00:41:36mais c'est plus des jeunes filles
00:41:38et c'est vrai que par contre
00:41:40c'est pour ça que je dis aussi que j'étais dans la résidence
00:41:42parce que les éducateurs sont au courant
00:41:44et je ne vais pas comparer mon histoire
00:41:46à la leur parce qu'on est tous différents
00:41:48quand on est dans l'inceste
00:41:50on est tous différents. Moi mon père
00:41:52je me mettais à 3 km de lui et j'ai ma soeur
00:41:54qui allait se mettre sur ses genoux, la deuxième.
00:41:56Mais Belinda
00:41:58on est tous différents
00:42:00chaque être humain va vivre sa propre
00:42:02histoire et c'est pour ça
00:42:04qu'il ne faut pas être
00:42:06dans le dogme
00:42:08en tout cas merci de votre témoignage
00:42:10parce qu'il est différent de celui d'Isabelle
00:42:12il est différent de celui d'Aurélie
00:42:14et ceux qu'on va entendre dans la deuxième heure
00:42:16seront également différents et c'est pour ça
00:42:18que c'est si important
00:42:20d'aborder ce sujet avec
00:42:22toutes les nuances qu'il y a.
00:42:24Et les nuances que je disais au début de l'émission
00:42:26les nuances qui mélangent la haine
00:42:28l'amour, l'attachement
00:42:30parce que vous comme
00:42:32toutes ces personnes incestées vous aviez de l'amour
00:42:34pour ce père.
00:42:36Absolument.
00:42:38Merci beaucoup Belinda, on continue
00:42:40après les infos bien sûr
00:42:42vous n'hésitez pas à réagir
00:42:44si vous le désirez
00:42:46ce que je voulais dire
00:42:48aussi Bruno Clavier
00:42:50c'est que dans
00:42:52votre livre vous parlez aussi
00:42:54de quelque chose d'intéressant
00:42:56de vous parler de la vieillesse
00:42:58de la mort qui sont aussi
00:43:00des sujets tabous dans notre société
00:43:02et je vous propose
00:43:04après les infos vous nous direz
00:43:06pourquoi vous avez eu besoin
00:43:08de parler de tout ça.
00:43:10Nous sommes avec Bruno Clavier
00:43:12aujourd'hui vous souhaitez réagir ou témoigner
00:43:14appelez-nous au 0 826
00:43:16300 300 merci.
00:43:25Bruno Clavier est avec nous
00:43:27psychanalyste, psychologue, clinicien
00:43:29et son dernier livre
00:43:31devenir un bon ancêtre aux éditions
00:43:33PAYO transgénérationnel
00:43:35et grands-parents c'est le sous-titre
00:43:37alors justement on va décoder
00:43:39la devise du jour
00:43:41vieillir c'est apprendre à se regarder de l'intérieur
00:43:43mais dans ce livre
00:43:45vous évoquez aussi
00:43:47le lien entre les grands-parents
00:43:49la mort mais ça on peut le comprendre
00:43:51ce tabou de la vieillesse
00:43:53la mort dans notre société
00:43:55quel est le lien avec l'inceste ?
00:43:57il y a un lien avec l'inceste
00:43:59c'est pour ça que dans ce livre
00:44:01j'ai dit qu'il y a deux tabous
00:44:03le premier tabou, ça on a compris
00:44:05depuis un certain temps, le tabou de l'inceste
00:44:07et comme dit Dorothée Ducy
00:44:09qui a écrit le berceau des dominations
00:44:11elle dit c'est aussi le tabou
00:44:13d'en parler, c'est pas simplement le tabou de l'inceste
00:44:15mais c'est le tabou de la parole sur l'inceste
00:44:17et il y a un deuxième tabou que j'ai remarqué
00:44:19qui est la question de la mort
00:44:21même la question de la vieillesse
00:44:23je pense qu'il y a un tabou sur la vieillesse et la mort
00:44:25on voit bien qu'on a fait
00:44:27disparaître les morts de notre société
00:44:29ils ne sont pas là, on les cache
00:44:31on cache les morts
00:44:33et puis il y a cette question
00:44:35de la vieillesse
00:44:37comme une espèce de fatalité
00:44:39j'ai remarqué qu'il y avait quelque chose
00:44:41de l'ordre de la fatalité
00:44:43je pense qu'il n'y a pas de fatalité
00:44:45ni avec la vieillesse
00:44:47ni avec la mort
00:44:49est-ce qu'on se penche là dessus ?
00:44:51oui, je suis complètement d'accord avec vous
00:44:53je ne comprends pas pourquoi
00:44:55vieillir
00:44:57combien de fois j'entends
00:44:59je ne fais pas mon âge
00:45:01c'est ridicule, on a l'âge qu'on a
00:45:03et puis après on a le physique qu'on a
00:45:05mais l'âge on l'a
00:45:07le rapport que je voudrais faire entre l'inceste et la mort
00:45:09c'est pour moi un rapport fondamental
00:45:11c'est que l'inceste fondamentalement
00:45:13c'est une certaine façon d'échapper à l'angoisse de mort
00:45:15et je parlais tout à l'heure
00:45:17du procès de Dominique Pellicot
00:45:19et il y a quelqu'un qui a témoigné à ce procès
00:45:21qui était un complice
00:45:23carrément un complice de Dominique Pellicot
00:45:25et il dit à un moment donné, ça je l'ai remarqué
00:45:27il dit, vous comprenez, j'étais pédophile
00:45:29et je violais cette femme
00:45:31pour me sentir vivant
00:45:33et ça, ça m'a parlé
00:45:35je me suis dit, c'est exactement cette question-là
00:45:37c'est un peu la toute-puissance qui fait qu'on est immortel
00:45:39il y a quelque chose de là
00:45:41et puis il y a le fait que l'inceste
00:45:43en particulier, c'est l'abolition
00:45:45des générations, c'est-à-dire que quand un père
00:45:47inceste sa fille, c'est comme s'il n'allait pas mourir
00:45:49puisque sa fille devient sa femme
00:45:51bien sûr, j'ai bien compris
00:45:53vous avez raison de préciser que tout le monde comprend
00:45:55et c'est pour ça aussi que j'insiste sur le fait
00:45:57que je suis moi-même grand-père aujourd'hui
00:45:59et puis qu'il y a des très bons grands-pères
00:46:01mais que parfois il y a énormément d'abus
00:46:03commis aussi par les grands-pères
00:46:05et les grands-oncles
00:46:07et notamment à l'approche de la grande veillesse
00:46:09et de la mort, l'angoisse de mort
00:46:11va amener certaines personnes à devenir
00:46:13pédophiles
00:46:15je ne sais plus quel est le comte
00:46:17qui dit qu'il faut manger
00:46:19ou boire
00:46:21et puis il y a combien
00:46:23de dictateurs qui ont fait l'amour avec des
00:46:25très jeunes filles pour se sentir immortels
00:46:27c'est ça
00:46:29on l'a dans des tas d'histoires
00:46:31on le voit dans une façon, dans la vie
00:46:33moi j'ai toujours remarqué quand même
00:46:35d'ailleurs c'est intéressant par rapport à l'angoisse de mort
00:46:37mais beaucoup d'hommes se disent
00:46:39tiens si je suis avec une petite jeune
00:46:41je vais moins vieillir
00:46:43mais c'est une terrible illusion
00:46:45et ça n'a pas de sens, mais c'est comme ça
00:46:47cette angoisse de mort
00:46:49elle est très très présente
00:46:51et il y a une sorte de tabou sur l'angoisse de mort
00:46:53j'ai beaucoup parlé de ça aussi
00:46:55et dans le domaine de la psy je trouve qu'on n'en a pas assez parlé
00:46:57en tout cas votre livre est formidable
00:46:59ça s'appelle Devenir un bon ancêtre
00:47:01c'est aux éditions Payot
00:47:03moi je me suis trouvé qu'il était vraiment extraordinaire
00:47:05et je vous en remercie
00:47:07La devise du jour, vieillir c'est apprendre à se regarder de l'intérieur
00:47:09vieillir
00:47:11normalement on va tous vieillir
00:47:13ou alors c'est parce qu'on est mort
00:47:15donc déjà ce serait bien d'accepter de vieillir
00:47:17je trouve
00:47:19et en fait vieillir c'est Goethe
00:47:21qui a dit ça et je trouve ça magnifique
00:47:23vieillir c'est se retirer progressivement
00:47:25du monde des apparences
00:47:27c'est beau
00:47:29ça veut dire qu'il faut se créer
00:47:31une vie dans laquelle on se sent bien
00:47:33non pas parce qu'on est vu de l'extérieur
00:47:35mais parce qu'on vibre de l'intérieur
00:47:37on vibre de l'intérieur
00:47:39et on n'a plus besoin
00:47:41du regard des autres
00:47:43pour se sentir séduisant
00:47:45narcissiquement
00:47:47on est nourri de l'intérieur
00:47:49c'est pour ça que je dis
00:47:51que ça peut être vu comme une libération
00:47:53c'est exactement le contraire
00:47:55on n'est plus obligé de...
00:47:57voilà exactement
00:47:59méditez là dessus
00:48:01le monde sera meilleur
00:48:03moi c'est un petit peu
00:48:05ce que j'aurais envie de transmettre
00:48:07dans ma vie
00:48:09essayer que le monde soit un petit peu
00:48:11et que les gens aillent un petit peu mieux
00:48:13Sophie bonjour merci d'être avec nous
00:48:15oui bonjour Brigitte
00:48:17bonjour Bruno
00:48:19c'est une très belle définition
00:48:21que vous venez de donner de la vieillesse
00:48:23c'est très beau
00:48:25j'adhère complètement
00:48:27voilà
00:48:29concernant le thème d'aujourd'hui
00:48:31oui moi j'aurais voulu dire
00:48:33je suis la seule dans ma famille
00:48:35on est plusieurs à l'avoir connue
00:48:39et
00:48:41en recollant un petit peu les morceaux
00:48:43et en essayant d'analyser
00:48:45un petit peu ce que je savais
00:48:47de l'histoire familiale
00:48:49parce que je ne sais pas grand chose
00:48:51il me semble assez clair
00:48:53que mon père a dû souffrir d'abus sexuels
00:48:55lui-même je pense
00:48:57parce qu'il nourrissait
00:48:59une haine incohérecible
00:49:01à l'égard de sa mère
00:49:03et à l'égard de deux de ses frères
00:49:05pour des raisons qu'on n'a jamais vraiment comprises
00:49:07à part de la jalousie
00:49:09mais bon ça c'est assez courant
00:49:11mais quand je dis une haine incohérecible
00:49:13c'était vraiment une haine très très forte
00:49:15et
00:49:17souvent il nous parlait
00:49:19des curés
00:49:21il détestait également ce qu'il appelait les curés
00:49:23et il en parlait
00:49:25il décrivait la robe
00:49:27cette robe flottante qui cachait des choses
00:49:29et en y repensant avec un petit peu de maturité
00:49:31de mon côté je me dis qu'il a sans doute
00:49:33commis peut-être
00:49:35ou bien l'inceste ou bien des abus
00:49:37d'une sorte ou d'une autre
00:49:39de toute façon je pense
00:49:41que juste rapidement
00:49:43par rapport aux curés
00:49:45heureusement que tout ça est sorti
00:49:47toutes les histoires dans l'église
00:49:49mais il ne faut jamais oublier qu'on appelle le curé mon père
00:49:51et donc
00:49:53automatiquement
00:49:55tout acte commis par un curé
00:49:57c'est un acte d'inceste, moi je le vois comme ça
00:49:59absolument
00:50:01c'est bien qu'il y ait quelque chose de cet endroit là
00:50:03oui absolument
00:50:05et vous évoquez aussi
00:50:07le désir de toute puissance
00:50:09c'était évident chez mon père qu'il fallait qu'il soit
00:50:11tout puissant à tous égards envers tous
00:50:13et
00:50:17je mettrais ça en parallèle
00:50:19avec son incapacité
00:50:21à nourrir
00:50:23une spiritualité
00:50:25une sensibilité quelque part aussi
00:50:27on ne peut pas le nier
00:50:29mais jamais il n'aurait accepté de dire
00:50:31je crois en quelque chose
00:50:33excusez-moi je ne suis pas sûr d'avoir compris
00:50:35parce que vous parlez de votre père et vous dites qu'il y a eu de l'inceste
00:50:37est-ce que c'est votre père qui vous a insisté ?
00:50:39oui
00:50:41d'accord
00:50:43et je mets ce désir
00:50:45cette négation
00:50:47de la
00:50:49comment dire
00:50:51peut-être de quelque chose qui nous dépasse
00:50:53mais j'ai l'impression que ça vient du fait
00:50:55qu'il était incapable
00:50:57de se sentir en position d'infériorité
00:50:59envers qui que ce soit quoi que ce soit
00:51:01et donc même de Dieu il était intolérable
00:51:03et je pense que c'est ce
00:51:05désir de toute puissance
00:51:07entre autres
00:51:09c'est peut-être aussi sa façon
00:51:11de surmonter ce qu'il avait vécu aussi
00:51:13oui oui
00:51:15bien sûr mais
00:51:17encore une fois ça n'excuse rien
00:51:19je crois que c'est important
00:51:21je ne sais pas ce que vous vouliez dire Sophie
00:51:23mais c'est important de le dire pour ceux qui écoutent
00:51:25ce qui est important aussi
00:51:27c'est que vous visiblement vous avez fait
00:51:29la part des choses c'est à dire que vous reconnaissez
00:51:31ce que vous avez pu aimer
00:51:33chez votre père et puis
00:51:35le mal qu'il vous a fait
00:51:37c'est bien parce que vous n'avez pas
00:51:39enfin vous n'êtes pas dans une
00:51:41un ressenti trop binaire
00:51:43on en avait
00:51:45déjà échangé à ce sujet
00:51:47je vous avais dit Brigitte je crois que
00:51:49j'avais mis longtemps
00:51:51mais j'avais pardonné et j'avais effectivement
00:51:53retenu tout ce qu'il y avait de bon à prendre
00:51:55et j'ai eu de la chance qu'il y ait des bonnes choses à garder
00:51:57et que le pardon
00:51:59en fait c'est très libérateur
00:52:01excusez-moi encore de vous couper mais
00:52:03est-ce qu'il y a eu de la justice parce que je demande toujours ça
00:52:05parce que c'est quand même important quand on voit un tableau
00:52:07est-ce qu'il y a eu une reconnaissance
00:52:09par la justice de votre...
00:52:11absolument pas
00:52:13et pour tout vous dire je ne sais pas comment
00:52:15je l'aurais vécu
00:52:17d'accord vous n'aviez pas envie
00:52:19et dans votre famille
00:52:21c'est sorti
00:52:23ou ça reste un
00:52:25quelque chose d'un peu secret d'un peu tabou
00:52:27alors ça a fini par sortir
00:52:29parmi nous frères et soeurs
00:52:31j'en ai un frère
00:52:35ça n'est toujours pas reconnu
00:52:37comment dire
00:52:39toutes mes soeurs ne l'ont pas admis
00:52:41envers leur conjoint
00:52:43je trouve ça
00:52:45malhonnête
00:52:47mais ça leur appartient
00:52:49enfin je trouve ça malhonnête pour une seule
00:52:51et simple raison c'est que tout le monde le sait
00:52:53donc nié l'évidence
00:52:55à partir du moment où tout le monde le sait je crois que la personne
00:52:57qui est confirmée elle a l'impression qu'on la prend un peu
00:52:59pour un imbécile et je pense qu'elle a raison
00:53:01et voilà en ce sens là
00:53:03je trouve ça malhonnête
00:53:05et donc il y a deux de mes soeurs je pense
00:53:07qui auraient vraiment beaucoup aimé
00:53:09qu'il y ait des poursuites mais elles sont extrêmement
00:53:11virulentes et je
00:53:13je sais pas
00:53:15moralement ça aurait été sans doute justifié
00:53:17mais je ne sais pas moi comment
00:53:19je l'aurais vécu
00:53:21ce que je veux dire je comprends
00:53:23mais vous voyez quand vous témoignez
00:53:25comme ça à la radio c'est une forme
00:53:27de procès
00:53:29oui c'est vrai
00:53:31les procès sont toujours collectifs
00:53:33il n'y a pas de procès privé ou individuel
00:53:35donc
00:53:37en témoignant vous avez
00:53:39une forme de procès c'est que tout le monde
00:53:41vous entend
00:53:43je veux dire l'enfant parce que c'est toujours une question
00:53:45vous aviez quel âge quand il a commencé ?
00:53:47alors
00:53:49disons qu'il y a une préparation qui a commencé
00:53:51très tôt vers 7-8 ans mais
00:53:53dans mon souvenir il n'y avait pas d'attouchement
00:53:55c'était juste une
00:53:57explication selon laquelle
00:53:59nous sommes au dessus des lois parce que nous on sait s'aimer
00:54:01les gens ne savent pas ce que c'est l'amour
00:54:03et puis à 13 ans
00:54:05c'est ça
00:54:07c'est pour ça qu'il y a un mot pour ça
00:54:09je viens de l'apprendre parce que je viens de faire un colloque
00:54:11sur l'inceste et j'ai appris que ça s'appelle
00:54:13le grooming
00:54:15c'est à dire de
00:54:17préparer pour
00:54:19oui tout à fait
00:54:21comme on prépare un chien quand on lui fait la toile
00:54:23exactement
00:54:25c'est le même terme en anglais
00:54:27oui
00:54:29merci de ce témoignage
00:54:31Sophie merci beaucoup
00:54:33bravo à vous aussi parce que
00:54:35vous avez cheminé
00:54:37et c'est bien
00:54:39on fait une petite pause et on continue dans un instant
00:54:41avec vous bien sûr sur Sud Radio 0826
00:54:43300 300 à tout de suite
00:54:45vous voulez laisser un message
00:54:47proposer un sujet qui vous tient à coeur
00:54:49ajouter un commentaire ou poser
00:54:51une question le répondeur de l'émission
00:54:53est là pour vous
00:54:55appelez nous au 0826 300 300
00:54:5714h16
00:54:59Brigitta et Sud Radio
00:55:0114h16
00:55:03Brigitta et Sud Radio
00:55:05nous sommes avec
00:55:07Bruno Clavier nous évoquons
00:55:09l'inceste et merci à
00:55:11tous de témoigner
00:55:13Philippe est avec nous maintenant
00:55:15et merci aussi de témoigner
00:55:17Philippe parce que vous êtes papa
00:55:19et c'est votre fille
00:55:21qui a été abusée par quelqu'un de la famille
00:55:23oui
00:55:25c'est ça bonjour Brigitte
00:55:27bonjour Bruno
00:55:29c'est ma fille
00:55:31qui a été abusée par
00:55:33son cousin dans ma belle famille
00:55:35donc je m'en suis aperçu
00:55:37je m'en suis aperçu aussi
00:55:39un peu grâce à
00:55:41Michel Audoul puisque j'ai pris des cours
00:55:43de chiatsu et j'avais trouvé
00:55:45qu'en faisant un
00:55:47soin à ma fille qu'il y a quelque chose
00:55:49qui se passait au niveau du bassin
00:55:51et en même temps avec
00:55:53tout ce qui est de la perception
00:55:55neuro linguistique donc son corps
00:55:57elle avait l'habitude de mettre son
00:55:59sa jambe
00:56:01si vous préférez comme pour fermer
00:56:03son bassin
00:56:05comme pour fermer son sexe
00:56:07le corps parle quoi
00:56:09moi je suis parfaitement
00:56:11en phase avec ça
00:56:13et un jour j'ai posé la question
00:56:15ouvertement à ma fille en disant
00:56:17dis moi qu'est ce qui s'est passé
00:56:19et là ma fille m'a lâché
00:56:21papa je me suis
00:56:23fait agresser sexuellement par mon cousin
00:56:25lorsque j'étais en Afrique
00:56:27à partir
00:56:29de là
00:56:31donc vous pensez bien qu'en tant que papa
00:56:33qui adore ses enfants
00:56:35vous vous demandez
00:56:37si vous êtes vraiment sur cette planète
00:56:39là et qu'est ce qui se passe
00:56:41donc suite à ça j'ai posé la question
00:56:43ouvertement
00:56:45parce que ça montre qu'il y a quand même des pères
00:56:47qui sont normaux
00:56:49merci à vous
00:56:51et ça je pense qu'il y en a quand même beaucoup plus
00:56:53qu'on pense ou qu'on veut nous faire croire
00:56:55bien sûr
00:56:57à partir de là j'ai posé la question
00:56:59ouvertement donc à mon ex-femme
00:57:01puisque maintenant c'est mon ex-femme
00:57:03et la réponse m'a encore beaucoup plus sidéré
00:57:05ça a été
00:57:07mais ça ne te regarde pas c'est dans ma famille
00:57:09bien sûr puisque ça a impliqué
00:57:11deux de mes ex-belles soeurs
00:57:13c'est à dire la maman
00:57:15de ce cousin
00:57:17et ensuite une autre de ses soeurs
00:57:19chez qui ça s'était passé
00:57:21sauf que ce que je remarque aujourd'hui
00:57:23c'est quand même votre fille
00:57:25parce que c'est votre fille de toute façon
00:57:27exactement mais ce que je remarque
00:57:29si vous préférez aujourd'hui
00:57:31c'est que lorsque ça arrive dans nos familles
00:57:33je dirais que ça soit
00:57:35vis-à-vis d'une maman qui découvre ça
00:57:37ou vis-à-vis d'un papa comme moi qui découvre ça
00:57:39nous n'avons pas
00:57:41du tout de soutien lorsque
00:57:43nos enfants sont majeurs
00:57:45c'est à dire que moi je l'ai découvert ma fille était
00:57:47majeure donc elle seule pouvait porter
00:57:49plainte c'est à dire que moi je ne peux plus
00:57:51porter plainte et à partir de là
00:57:53pour nous les parents
00:57:55il n'y a aucun soutien
00:57:57aujourd'hui
00:57:59et mais vous aimeriez quoi
00:58:01Philippe ?
00:58:03c'est à dire qu'aujourd'hui
00:58:05ne serait-ce que de la notion
00:58:07d'écoute parce que lorsque vous voulez en parler
00:58:09avec des personnes
00:58:11de ce que vous avez vécu
00:58:13parce que par
00:58:15ricochet en tant que papa
00:58:17et je pense que c'est pareil en tant que maman
00:58:19vous avez l'impression
00:58:21de ne pas avoir protégé votre enfant
00:58:23oui je comprends
00:58:25parce que ça vous pouvez aller en parler
00:58:27à quelqu'un Philippe
00:58:29oui on est d'accord
00:58:31mais au niveau des associations
00:58:33si vous préférez de défense
00:58:35ou d'aide aux personnes victimes
00:58:37il n'y a rien je n'ai rien trouvé
00:58:39d'accord ça voudrait dire
00:58:41Bruno Clavier que finalement les parents
00:58:43ne sont pas pris en charge parce qu'on
00:58:45entend là ce que dit Philippe
00:58:47justement c'est ça ce qu'amène
00:58:49Philippe c'est extrêmement important
00:58:51c'est toujours sociétal et familial
00:58:53ça veut dire qu'on ne peut jamais considérer
00:58:55l'inceste comme un événement isolé
00:58:57dans la famille ça concerne tout le monde
00:58:59ce que vous voulez dire c'est que
00:59:01oui c'est pour ça qu'à ce moment là par exemple
00:59:03les thérapies familiales peuvent être excellentes
00:59:05que tout le monde à un moment donné
00:59:07par exemple se parle qu'on échange
00:59:09et tout ça mais je comprends tout à fait
00:59:11puisque c'est toujours familial mais
00:59:13on a bien compris depuis le début
00:59:15de l'émission par certains témoignages que la famille
00:59:17c'est sacré
00:59:19le mot d'ordre pour protéger
00:59:21les gens qui commettent l'inceste
00:59:23c'est la famille c'est sacré touche pas à la famille
00:59:25et bien non
00:59:27il faut que les familles puissent être
00:59:29prises dans leur globalité
00:59:31sur ce problème là c'est ça que vous voulez dire
00:59:33excusez moi Bruno
00:59:35de vous couper mais ça a été
00:59:37exactement ça donc moi
00:59:39mon ex-femme est d'origine africaine
00:59:41et on ne parle
00:59:43pas de ça c'est à dire que
00:59:45si ça reste dans la famille
00:59:47il est hors de question d'en parler
00:59:49oui bien sûr
00:59:51et ça c'est quelque chose quand même
00:59:53qu'il faut dire qu'il faut
00:59:55témoigner par rapport à ça
00:59:57parce qu'on peut tous être amené
00:59:59à vivre ça dans nos familles
01:00:01moi j'ai presque envie de dire que
01:00:03dans toutes les familles il doit y avoir
01:00:05de près ou de loin des
01:00:07histoires d'abus de toute façon
01:00:09quand on connait les chiffres une femme sur quatre
01:00:11de toute façon mais
01:00:13vous avez raison Philippe parce que le jour où
01:00:15la famille n'est plus sacrée
01:00:17sur le plan sociétal on avance
01:00:19on fera un grand pas en avant
01:00:21ça c'est sûr
01:00:23exactement
01:00:25et ça permettra de faire tomber les tabous
01:00:27oui oui
01:00:29j'entends bien et vous avez raison
01:00:31mais
01:00:33il y a du boulot quand vous voyez
01:00:35que moi personnellement
01:00:37je suis assez d'accord avec Bruno Clavier
01:00:39il faudrait que dans
01:00:41les jeunes enfants on puisse
01:00:43un peu parler de ça
01:00:45et bien les familles
01:00:47les parents sont horrifiés
01:00:49comment ?
01:00:51moi je milite beaucoup là dessus
01:00:53mais c'est difficile d'être
01:00:55entendu là dessus pour qu'il y ait de l'information
01:00:57sur l'inceste
01:00:59qui soit amenée dès la maternelle
01:01:01dès la moyenne section
01:01:03mais on va imaginer
01:01:05vous faites ça dans les écoles
01:01:07tout le monde va bondir en disant comment pouvez-vous dire
01:01:09ces horreurs là
01:01:11aux enfants qu'il y aurait du danger dans la famille
01:01:13or c'est le cas
01:01:15il peut y en avoir
01:01:17pourquoi ne pas dire aux enfants quand ils sont petits
01:01:19puisque c'est là qu'ils vont grandir
01:01:21avec des choses
01:01:23qui vont s'inscrire
01:01:25en eux
01:01:27de leur dire très tôt on n'a pas le droit
01:01:29de te toucher aussi dans la famille
01:01:31et on peut le retrouver
01:01:33après dans le tranche générationnel
01:01:35c'est à dire que ça peut
01:01:37se poursuivre après dans les
01:01:39schémas familiaux
01:01:41on n'a pas osé en parler
01:01:43mais ça se répète
01:01:45c'est ça que j'insiste là dessus c'est malheureusement ça se répète
01:01:47comme vous le dites
01:01:49et
01:01:51de ce fait je vais me procurer votre livre
01:01:53parce que je pense que ça fera plaisir
01:01:55je dirais à ma fille de pouvoir le lire
01:01:57il est formidable je vous confie
01:01:59je suis sûre qu'il va vous plaire
01:02:01surtout si vous intéressez au Tchétchouk
01:02:03devenir un bon ancêtre aux éditions
01:02:05je redis le titre
01:02:07pour tous ceux qui ont envie de se le procurer
01:02:09merci beaucoup Philippe
01:02:11c'est un témoignage important aussi
01:02:13de ce que dit Philippe
01:02:15parce qu'on voit bien il faut que ça bouge dans tous les sens
01:02:17pas seulement
01:02:19libérer la parole des enfants
01:02:21libérer les paroles des familles
01:02:23et oser toucher
01:02:25à cette sacrée sainte famille
01:02:27alors j'allais dire
01:02:29la détruire moi je soutiens
01:02:31on ne va pas la détruire
01:02:33on ne va pas détruire la famille
01:02:35on met de la lumière
01:02:37on fait un peu de nettoyage
01:02:39on met de la lumière sur nos phases
01:02:41sales d'ombre
01:02:43on nettoie
01:02:45pas le linge sale en famille
01:02:47j'ai mis dans mon premier livre cette phrase
01:02:49que je continue à dire c'est tout ce qui n'est pas dit est répété
01:02:51c'est le contraire
01:02:53tout ce qui n'est pas dit est répété
01:02:55je la connais pas la phrase
01:02:57je la connais pas
01:02:59je ne saurais pas la dire
01:03:01je l'imagine bien
01:03:03exceptionnellement il n'y a pas de sexe au conseil
01:03:05parce qu'on a beaucoup d'appels
01:03:07donc on va continuer avec vous bien sûr
01:03:09sur Sud Radio 0826 300 300
01:03:1314h16
01:03:15Brigitta et Sud Radio
01:03:1714h16
01:03:19Brigitta et Sud Radio
01:03:21Bruno Clavier est avec nous
01:03:23on évoque l'inceste et merci à tous
01:03:25de témoigner c'est important
01:03:27parce que c'est grâce à vos témoignages
01:03:29vraiment tout ce qui se passe
01:03:31tout ce que vous dites
01:03:33fait lever ce fameux tabou
01:03:35de l'inceste dans notre société
01:03:37bonjour Gaëlle
01:03:39oui bonjour
01:03:41merci de me recevoir à votre antenne
01:03:43je vous appelle par rapport au thème
01:03:45de l'émission justement je voulais
01:03:47témoigner je vais être succincte
01:03:49le plus possible mais c'était surtout
01:03:51pour dire que justement
01:03:53en 97
01:03:55je ne pensais pas qu'il y avait autant de
01:03:57autant de femmes autant d'enfants
01:03:59autant d'enfants
01:04:01filles ou garçons qui pouvaient subir
01:04:03ce genre de choses
01:04:05et moi même
01:04:07j'ai eu de l'émisseur
01:04:11dans ma famille
01:04:13et le secret
01:04:15malgré la petite mort que j'avais de mon être
01:04:17de ça et que je gardais
01:04:19je me suis dit
01:04:21que ce n'était pas possible de garder ce secret
01:04:23plus longtemps
01:04:25j'ai pris beaucoup de temps
01:04:27pour déclencher
01:04:29la procédure
01:04:31l'acte
01:04:33de porter plainte
01:04:35mais je ne pouvais pas laisser ce loup
01:04:37près de mes petites soeurs
01:04:39moi étant majeure
01:04:41étant plus grande
01:04:43puisque les parents ont divorcé
01:04:45j'étais donc quelque part
01:04:47ça m'a incité
01:04:49vous vouliez protéger vos petites soeurs
01:04:51bravo
01:04:53et donc j'ai porté plainte
01:04:55et c'est vrai que la démarche de porter plainte
01:04:57on ne sait pas trop comment s'y prendre
01:04:59et je me suis tournée vers
01:05:01d'abord une psychiatre
01:05:03et ensuite elle m'a dit qu'il y avait une association de femmes
01:05:05qui pouvaient me recevoir
01:05:07et c'est là qu'elles m'ont expliqué
01:05:09le premier acte de la démarche
01:05:11c'est à dire porter plainte par un courrier
01:05:13auprès du préfet dans la ville
01:05:15et à partir de là
01:05:17les choses s'enclenchent
01:05:19je suis un petit peu émue
01:05:21comme le disait votre invité tout à l'heure
01:05:23c'est un petit peu comme une deuxième dénonciation
01:05:29c'était pour dire que c'est faisable
01:05:31même si ça bouscule énormément la famille
01:05:33les êtres les plus proches
01:05:35que vous aimez ne vous croient pas forcément
01:05:37mettent en doute votre parole
01:05:39et ça abîme
01:05:41ceux qui sont
01:05:43avec vous
01:05:45alors ils se mettent de votre côté ou pas
01:05:47moi j'ai eu la chance malgré un petit peu
01:05:49de réticence qu'ils soient
01:05:51à mes côtés
01:05:53vous savez Gaëlle
01:05:55je le dis surtout pour tous ceux qui nous écoutent
01:05:57la manière dont réagissent les autres
01:05:59par rapport à ce qu'on dit
01:06:01ça parle toujours d'eux, ça parle pas de nous
01:06:03oui oui
01:06:05c'est vrai qu'on n'a pas envie de leur faire du mal
01:06:07parce qu'on porte la culpabilité
01:06:09c'est ça
01:06:11on porte la culpabilité
01:06:13de faire encore des dégâts
01:06:15bien sûr
01:06:17il y a ce fameux lien de loyauté
01:06:19malgré tout, c'est notre famille
01:06:21et on la protège parfois
01:06:23c'est toute l'ambiguïté
01:06:25et donc sa question posée Brigitte
01:06:27tout à l'heure pour une autre personne, il a avoué ?
01:06:31moi je l'avais confrontée
01:06:33pour ses 50 ans
01:06:35parce qu'il voulait le fêter, il voulait
01:06:37une invitation d'anniversaire pour le fêter encore
01:06:39j'ai dit non ça c'est pas possible, donc je lui ai appelé
01:06:41je lui ai dit que je ne viens pas
01:06:43mais je veux te voir
01:06:45je l'ai rencontrée dans un bar
01:06:47et là il a pleuré
01:06:49il n'a pas ses parents
01:06:51et après je n'ai jamais su si lui-même avait tué
01:06:53je ne sais pas s'il a tué
01:06:57mais est-ce que dans la procédure de justice
01:06:59il a avoué du coup ?
01:07:01dans la procédure de justice, au tribunal
01:07:03non il n'a pas avoué, puisqu'à un moment donné
01:07:05je n'ai pas pu me retenir, j'ai dit mais pourquoi tu mens ?
01:07:07et là mon avocate m'a dit de me rasseoir
01:07:09ah bon ?
01:07:11oui
01:07:13donc il n'a pas avoué au tribunal
01:07:15il n'a pas avoué mais
01:07:17il a été
01:07:19il a été puni
01:07:21accusé, oui
01:07:23reconnu coupable
01:07:25il a été reconnu coupable, oui mais là il vous a volé quelque chose
01:07:27c'est très important
01:07:29dans le café il pleure
01:07:31c'est encore une petite manœuvre perverse
01:07:33bien sûr
01:07:35vous l'avez compris, parfait
01:07:37vous voulez dire
01:07:39Bruno Clavier que peut-être il espérait
01:07:41dans le café en pleurant
01:07:43que Gaël arrête
01:07:45c'est pour ça qu'à ce moment là c'est un peu des larmes
01:07:47un peu de crocodile
01:07:49pour que vous ayez pitié de lui
01:07:51c'est pour ça que je voulais vérifier
01:07:53est-ce qu'il avait été jusqu'au bout ? bah non
01:07:55je comprends
01:07:57mais voilà c'est possible et il faut protéger
01:07:59et c'est surtout ça, et moi j'ai eu une fille après
01:08:01et ils étaient au courant
01:08:03mes enfants, alors c'est vrai que c'est un peu brutal pour eux
01:08:05parce que c'est quand même quelque chose
01:08:07qui choque
01:08:09malgré tout ma fille ça lui a permis
01:08:11de rester sur ses gardes
01:08:13j'ai divorcé
01:08:15il avait commencé à quel âge ?
01:08:17il avait 13 ans
01:08:21je crois encore une fois
01:08:23Gaël que c'est un parcours
01:08:25du combattant, c'est difficile, c'est long
01:08:27c'est compliqué, la justice
01:08:29on le sait, c'est toujours compliqué
01:08:31mais en même temps
01:08:33à un moment donné
01:08:35je pense qu'on se sent bien
01:08:37parce qu'on a l'impression d'avoir
01:08:39fait sa part
01:08:41c'est ça, c'est à dire qu'effectivement
01:08:43on fait des recherches introspectives
01:08:45on n'est pas bien, on arrive dans des trous noirs
01:08:47de vie, on se retrouve en bas
01:08:49et on se propulse pour se dire
01:08:51parce que c'est la survie
01:08:53on essaye de survivre et du coup on est combattant
01:08:55à un point que vous n'imaginez pas
01:08:59je ne sais plus ce que
01:09:01on combat
01:09:03et on essaye de survivre
01:09:05et une fois qu'on a fait ce
01:09:07acte, on se libère
01:09:09la démarche de se soigner
01:09:11n'est pas finie non plus
01:09:13ce n'est pas avec le tribunal qu'on est guéri
01:09:15le chemin se poursuit
01:09:17ça c'est important de le dire
01:09:19il ne suffit pas de porter plainte pour aller mieux
01:09:21c'est deux choses
01:09:23assez différentes
01:09:25ça fait partie du processus
01:09:29c'est un moyen d'avancer
01:09:31en tous les cas, et de protéger
01:09:33ceux qui sont avec ces personnes là
01:09:35encore
01:09:37et puis rappelons Bruno Clavier
01:09:39que c'est une des caractéristiques des pervers
01:09:41c'est qu'ils n'avouent jamais
01:09:43on le voit avec certains hommes politiques
01:09:45ou si ils avouent c'est pour en tirer
01:09:47un avantage
01:09:49ils vont accepter d'aller voir un thérapeute
01:09:51parce que le juge les oblige
01:09:53mais il ne se passe pas grand chose
01:09:55je crois quand même pour revenir à la justice
01:09:57ma petite expérience de
01:09:59thérapeute et de vie me dit que
01:10:01toute personne réclame justice
01:10:03ça me semble d'une façon ou d'une autre
01:10:05la notion de justice
01:10:07est extrêmement importante
01:10:09c'est à dire toute personne
01:10:11d'une façon ou d'une autre
01:10:13réclame justice
01:10:15ça permet de continuer son chemin
01:10:17de rétrospection
01:10:19et d'avancer dans sa vie pour être bien
01:10:21et faire les bons choix aussi
01:10:23et d'arrêter de se fuir soi-même
01:10:25et vous avez réussi à sauver vos demi-sœurs ?
01:10:27du coup ?
01:10:29je n'ai pas revu
01:10:31mais il a été condamné
01:10:33une des demi-sœurs
01:10:35était déjà plus grande
01:10:37et la petite dernière je suppose que
01:10:39tout ça dans sa famille
01:10:41dans son couple à ce moment là
01:10:43a dû s'embouler les choses
01:10:45et a dû poser question
01:10:47ça a ouvert les yeux à pas mal de monde
01:10:49on va dire
01:10:51c'était ça le but
01:10:53j'ai fait ma part
01:10:55c'est clair
01:10:57merci beaucoup Gaëlle
01:10:59merci de votre témoignage
01:11:01Anne-Marie est avec nous
01:11:03bonjour Anne-Marie
01:11:05oui bonjour
01:11:07vous voulez revenir
01:11:09sur la justice aussi je crois
01:11:11oui parce qu'en fait
01:11:13moi j'ai été victime d'inceste
01:11:15par mon père
01:11:17la première fois j'avais de mémoire
01:11:195 ans et demi
01:11:21ce qui est apparemment très
01:11:23rare d'après les thérapeutes que j'ai
01:11:25consulté c'est que je l'ai tout de suite dit à ma mère
01:11:27je l'ai tout de suite dit à ma mère
01:11:29et elle m'a dit c'est normal
01:11:31tous les papas font ça
01:11:33donc en fait je me suis retrouvée dans une espèce
01:11:35d'enfermement à me dire je suis abusée
01:11:37physiquement par mon père
01:11:39et quelque part mentalement par ma mère
01:11:41puisque on sait bien
01:11:43même enfant que c'est pas normal
01:11:45donc je suis restée avec cette
01:11:47enfermement
01:11:49et en fait
01:11:51quand j'ai vraiment fait une très très grosse
01:11:53dépression et je suis toujours dans un état
01:11:55dépressif à 29 ans
01:11:57et à ce moment là tout est ressorti
01:11:59pas que j'avais oublié mais tout est vraiment
01:12:01tout ça était à vie
01:12:03et j'ai voulu parler à mon père
01:12:05et à ma mère
01:12:07ma mère a nié qu'elle avait compris
01:12:09elle voulait pas que je parle à mon père
01:12:11en fait mon père m'a pas nié
01:12:13il m'avait même
01:12:15dit à l'époque
01:12:17voir
01:12:1970 ans, 30 et 40
01:12:21c'est ça à peu près
01:12:23il m'a même dit si tu veux tu peux appeler
01:12:25la police
01:12:27ce que j'ai pas fait parce que je me suis dit
01:12:29c'est un vieil homme etc
01:12:31et puis casser la famille
01:12:33etc etc
01:12:35par contre ma mère elle a complètement
01:12:37au début elle a nié puis à un moment donné
01:12:39je lui ai dit écoute c'est simple en fait
01:12:41soit t'as compris soit t'es pas ma mère
01:12:43ils sont trompés à la maternité
01:12:45tu peux pas ne pas avoir compris
01:12:47là elle m'a dit si si j'avais compris
01:12:49moi j'ai vécu la même chose
01:12:51avec mon oncle
01:12:53etc et du coup il s'est passé quelque chose
01:12:55qui fait que c'est devenu
01:12:57elle a pris la place de la victime
01:12:59et en fait
01:13:01c'est resté comme ça tout le temps
01:13:03au point où elle a tellement pris la place de la victime
01:13:05que je l'ai aidé là
01:13:07dans ses maladies je l'ai accompagné
01:13:09jusqu'à il y a peu de temps
01:13:11et là
01:13:13au point où maintenant elle me rejette
01:13:15et quand je lui avais dit j'aurais du porter plainte contre mon père
01:13:17elle a dit t'aurais voulu salir la famille
01:13:19et moi du coup
01:13:21le fait que je n'ai pas porté plainte
01:13:23c'est quelque chose qui est très dur pour moi
01:13:25c'est à dire comme si la justice
01:13:27n'avait jamais été faite
01:13:29ma soeur me dit arrête de te plaindre
01:13:31il y a pire dans la vie
01:13:33et je suis complètement rejetée de tout le monde
01:13:35et je vois que je reste avec un désir de réparation
01:13:37qui est énorme
01:13:39comme tout mon corps crie
01:13:41fibromyalgie, insomnie
01:13:43tendance suicidaire
01:13:45même si je ne suis jamais
01:13:47elle n'a jamais été tentative réelle
01:13:53et du coup
01:13:57il est trop tard pour porter plainte ?
01:13:59complètement
01:14:01maintenant j'ai 57 ans
01:14:03j'avais cru que vous étiez plus jeune
01:14:05non pas du tout
01:14:07parce que
01:14:09j'ai vécu avec ça
01:14:11et avec le fait que ma mère
01:14:13elle a tellement
01:14:15mon père je me suis dit
01:14:17le pauvre il est trop vieux
01:14:19j'en ai quand même néanmoins parlé à ma soeur
01:14:21quand ses enfants ont eu sa première fille
01:14:23il y a près de 4 ans
01:14:25je lui ai dit tu sais si tu laisses ta fille
01:14:27chez papa et maman
01:14:29je voudrais quand même te le dire
01:14:31que moi j'ai été abusée par notre père
01:14:33donc au cas où
01:14:35bien sûr
01:14:37ça me semblait être de mon devoir
01:14:39elle m'a dit oh mais non
01:14:41c'est un espèce de côté
01:14:43pourquoi tu te plains en gros
01:14:45écoutez au moins
01:14:47je trouve que l'émission de Brigitte
01:14:49a ce mérite de donner justice
01:14:51et là au moins nous on vous entend
01:14:53et je pense que
01:14:55je ne connais pas les audiences
01:14:57mais qu'il y a énormément de monde
01:14:59qui sont en train de vous entendre
01:15:01et vous avez déjà ce petit procès là
01:15:03ça me semble important
01:15:05c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gens
01:15:07qui écrivent, qui témoignent
01:15:09il faut que la communauté
01:15:11vous entendent
01:15:13on ne peut pas rester tout seul
01:15:15Anne-Marie il y a une chose importante
01:15:17que j'ai envie de vous dire
01:15:19votre mère est restée dans son statut
01:15:21de victime et on voit les dégâts
01:15:23que ça fait, elle ne va pas bien
01:15:25elle ne s'est jamais
01:15:27soignée
01:15:29elle a toujours
01:15:31nié
01:15:33que vous étiez vous aussi victime
01:15:35tellement elle est restée dans son statut de victime
01:15:37vous au moins
01:15:39vous avez fait votre part
01:15:41comme vient de le dire Gaëlle
01:15:43quand vous prévenez votre soeur
01:15:45donc quelque part
01:15:47vous avez fait
01:15:49le cheminement quand même
01:15:51de mettre de la lumière
01:15:53sur tout ça
01:15:55oui mais en même temps
01:15:57le fait de ne pas être entendue
01:15:59voir, à chaque fois
01:16:01je fais des histoires
01:16:03c'est moi qui fais des histoires
01:16:05retourner complètement la situation
01:16:07et le fait de parler et de ne pas être entendue
01:16:09c'est presque encore pire que quand on ne parle pas
01:16:11ce qu'il faut que vous compreniez
01:16:13c'est parce qu'elle est
01:16:15dans son statut de victime
01:16:17et elle ne veut pas vous le donner
01:16:19à vous son statut de victime
01:16:21parce qu'elle veut rester la victime
01:16:23la grande victime
01:16:25voyez
01:16:27c'est triste pour elle
01:16:29parce qu'en effet
01:16:31elle va très très mal
01:16:33vous avez reconnu que vous étiez une victime
01:16:35mais vous ne restez pas dans ce statut de victime
01:16:37vous avez
01:16:39voyez ce que je veux dire
01:16:41vous avez pris votre responsabilité
01:16:43vous avez dit les choses
01:16:45vous êtes sortie
01:16:47de ce statut de victime
01:16:49j'aimerais bien le vivre
01:16:51comme ça
01:16:53mais là je suis rejetée
01:16:55d'absolument tout, mon père est décédé il y a 10 ans
01:16:57et là je suis rejetée
01:16:59de ma mère
01:17:01de ma soeur
01:17:03mes neveux et nièces
01:17:05qui carrément même ont porté plainte contre moi
01:17:07parce que je me suis foutue de base
01:17:09donc là c'est le monde à l'envers
01:17:11mais effectivement
01:17:13c'est important, c'est une amie
01:17:15qui m'a parlé de cette émission
01:17:17et qui m'a dit tu devrais essayer de prendre la parole
01:17:19elle l'a bien fait
01:17:21et effectivement
01:17:23je vous remercie
01:17:25je trouve qu'effectivement je me penchais sur la question
01:17:27d'aider, de trouver un moyen
01:17:29aussi d'aider
01:17:31les victimes, je ne sais pas dans quelle mesure
01:17:33parce que
01:17:35j'ai l'impression que
01:17:37ça peut être
01:17:39une forme de résilience
01:17:41voilà.
01:17:43Je voulais vous dire, excusez-moi, parce que c'est à force de travailler
01:17:45avec des personnes abusées
01:17:47les familles, tout ça
01:17:49j'ai l'impression que votre mère a d'autres secrets
01:17:51je vous dis ça comme ça
01:17:53après c'est l'habitude qui me fait dire ça
01:17:55c'est qu'à mon avis il n'y a pas que l'oncle
01:17:57c'est pour ça que ça expliquerait son état
01:17:59c'est-à-dire que c'est pour ça
01:18:01que la famille s'arc-boute
01:18:03quand c'est comme ça c'est parce qu'il y a d'autres dossiers
01:18:05donc c'est pour ça que
01:18:07il faut que vous compreniez cela
01:18:09c'est qu'ils vous rejettent parce que
01:18:11il y a d'autres dossiers encore derrière
01:18:13c'est un nid de vipère
01:18:15en quelque sorte
01:18:17Anne-Marie, merci de votre témoignage
01:18:19et bien oui, prenez
01:18:21votre part et faites-en quelque chose
01:18:23et ça vous permettra de
01:18:25vous sentir mieux
01:18:27et merci d'avoir témoigné et merci à votre amie
01:18:29en tout cas, on fait une petite pause
01:18:31on va conclure dans un instant avec
01:18:33Bernadette qui nous rejoint également
01:18:55Bruno Clavier est avec nous
01:18:57on en a dit du bien de votre livre
01:18:59et je continue
01:19:01de devenir un bon ancêtre
01:19:03aux éditions Payot
01:19:05alors tous vos livres sont bien
01:19:07mais j'avoue que ce dernier
01:19:09m'a paru
01:19:11à la fois très touchant
01:19:13et en même temps vous avez l'art
01:19:15d'expliquer assez simplement
01:19:17toute la complexité
01:19:19de la nature humaine
01:19:21et ça c'est quand même important
01:19:23et puis on a tous
01:19:25eu des parents et on a tous eu
01:19:27des grands-parents et c'est intéressant
01:19:29parce qu'on comprend mieux encore
01:19:31le rôle des grands-parents
01:19:33dans notre propre histoire
01:19:35alors moi, c'est vrai que je connais un petit peu
01:19:37pourquoi j'ai
01:19:39ce passé mais
01:19:41voilà, donc je invite les auditeurs
01:19:43à lire votre livre
01:19:45Devenir un bon ancêtre aux éditions Payot
01:19:47Bernadette, bonjour
01:19:49Bonjour Brigitte
01:19:51Bonjour Bruno
01:19:53Merci de me prendre
01:19:55Je vous en prie Bernadette, c'est nous, ça fait plaisir
01:19:57Voilà donc
01:19:59je témoignais pour vous dire
01:20:01que de l'âge de 9 ans
01:20:03jusqu'à l'âge de 12 ans
01:20:05j'étais abusée par mon beau-frère
01:20:07et que
01:20:09en 93
01:20:11donc
01:20:13j'avais 34 ans
01:20:15j'ai une leucémie
01:20:17et cet an il est venu
01:20:19m'apporter du sang
01:20:21à l'hôpital et
01:20:23j'ai hurlé
01:20:25c'est ma maman et mon papa
01:20:27qui m'ont dit
01:20:29qui étaient venus m'apporter du sang
01:20:31j'ai hurlé
01:20:33je ne veux pas de ce sang
01:20:35il m'a violée, je ne veux pas entendre
01:20:37parler de cet homme et j'ai même
01:20:39interpellé le personnel
01:20:41de l'hôpital ce qui était complètement idiot
01:20:43parce que je sens qu'ils en avaient besoin
01:20:45pas spécialement pour moi
01:20:47c'est comme ça que ma famille
01:20:49a appris
01:20:51c'est terrible ce que vous racontez
01:20:53c'est à la fois très fort
01:20:55et c'est magnifique de le témoigner
01:20:57Bernadette merci
01:20:59surtout que
01:21:01l'inceste c'est un crime de sang
01:21:03donc vous aviez tout à fait raison
01:21:05oui c'est un crime de sang
01:21:07puisqu'on mélange des sangs
01:21:09qui ne devraient pas se mélanger
01:21:11et il était
01:21:13encore dans une démarche perverse
01:21:15quelque part
01:21:17vous aviez compris
01:21:19c'est horrible
01:21:21mais ma soeur aînée
01:21:23qui malheureusement est schizophrène
01:21:25elle le savait
01:21:27quand j'étais petite un jour
01:21:29elle est partie
01:21:31on était tous les trois à la maison
01:21:33elle et moi
01:21:35et elle lui a dit je te laisse
01:21:37avec ma petite soeur
01:21:39mais tu ne la touches pas
01:21:41donc elle le savait
01:21:43elle n'a rien fait
01:21:45et ça a été terrible
01:21:47parce que plus tard elle a divorcé
01:21:49elle m'a reproché de ne pas avoir témoigné
01:21:51contre lui pour son divorce
01:21:53alors qu'elle était tout à fait informée
01:21:55du problème
01:21:57j'étais un jouet dans leur main
01:21:59voilà ce que j'en ai déduit
01:22:01c'était très difficile
01:22:03j'ai une sexualité
01:22:05très difficile
01:22:07même aujourd'hui
01:22:09j'ai jamais réussi
01:22:11à passer ce cap
01:22:13il est toujours dans ma tête
01:22:17en tout cas
01:22:19Bernadette
01:22:21je ne sais pas ce qu'il en est
01:22:23je ne sais pas
01:22:25ce que vous avez pu comprendre
01:22:27de votre soeur
01:22:29peut-être qu'elle
01:22:31se servait de vous
01:22:33pour éviter des rapports sexuels
01:22:35avec son compagnon par exemple
01:22:37non parce que
01:22:39c'était sadomaso
01:22:41pas du tout
01:22:43il pratiquait le sadomasochisme
01:22:45il pratiquait le sadomasochisme
01:22:47oui tout à fait
01:22:49non c'était pas pour ça
01:22:51pour moi j'étais leur jouet
01:22:53excusez-moi de vous demander ça
01:22:55est-ce que dans votre famille
01:22:57il y avait un autre prédateur
01:22:59non
01:23:01j'ai le sentiment
01:23:03qu'il lui serait arrivé quelque chose
01:23:05pour être avec quelqu'un comme ça
01:23:07il y a eu d'autres personnes
01:23:09dans la famille
01:23:11de son côté
01:23:13des jeunes femmes qui ont été abusées
01:23:15mais pas de mon côté
01:23:17ils étaient trois soeurs
01:23:19vous aviez combien d'années d'écart
01:23:21avec elle
01:23:23neuf ans
01:23:25vous étiez du même père
01:23:27oui
01:23:29on était trois filles
01:23:31trois du même papa
01:23:33il n'y aurait pas un grand-père
01:23:35qui aurait pu mourir
01:23:37on n'a pas connu nos grands-pères
01:23:39ils sont morts pendant la guerre
01:23:41on a une famille
01:23:43qu'on ne connait pas
01:23:45oui parce que c'est bizarre
01:23:47elle est schizophrène
01:23:49ça veut dire fendue
01:23:51donc elle est clivée
01:23:53elle dit tu ne le touches pas
01:23:55et en même temps elle vous livre à lui
01:23:57c'est ce qu'on appelle le clivage
01:23:59c'est là qu'on sait qu'il y a eu
01:24:01quelque part de la perversion
01:24:03oui et non au même endroit
01:24:05tout à fait
01:24:07mais je ne sais pas comment
01:24:11oublier
01:24:13je n'y arrive pas
01:24:15c'est impossible
01:24:17vous avez fait des thérapies
01:24:19alors
01:24:21je suis hypnothérapeute
01:24:23je faisais un autre métier avant
01:24:25je suis hypnothérapeute
01:24:27mais quand on essaie
01:24:29de me faire entrer en hypnothérapie
01:24:31ah oui
01:24:33c'est très difficile
01:24:35les méthodes avec les violences sexuelles
01:24:37des fois ça ne marche pas
01:24:39ni le MDR
01:24:41j'ai inventé une méthode aussi
01:24:43et l'hypnose aussi
01:24:45mais à part ça
01:24:47vous n'avez pas essayé d'autres thérapies
01:24:49j'ai eu ma psychothérapie très longtemps
01:24:51ça ne m'a rien apporté
01:24:53ah c'est étrange
01:24:5510 ans
01:24:57de psychothérapie pour rien
01:24:59vous avez parlé de ça dans votre psychothérapie
01:25:01oui
01:25:03j'en ai parlé
01:25:05j'ai refuté en 97
01:25:07malheureusement
01:25:09j'ai eu une grève de moi
01:25:11ça a été une très longue maladie
01:25:13ce que vous avez subi
01:25:15dans votre corps
01:25:17ça n'arrange rien non plus
01:25:19vous aviez 34 ans
01:25:21quand vous avez cette leucémie
01:25:23la première oui
01:25:25et 3 ans après
01:25:27c'est votre corps
01:25:29qui trahit
01:25:31toute cette souffrance
01:25:33peut-être
01:25:35peut-être Bernadette
01:25:37vous avez essayé l'art-thérapie
01:25:39par exemple
01:25:41de pouvoir écrire ou dessiner
01:25:43alors j'ai écrit
01:25:45j'ai écrit un bouquin
01:25:47j'ai essayé de poser des mots
01:25:49mais je cache ce livre
01:25:51je ne le montre pas
01:25:53de quoi vous avez peur ?
01:25:55peut-être
01:25:57je ne sais pas
01:25:59peut-être encore du genre des autres
01:26:01pourtant tout le monde
01:26:03est informé
01:26:05donc c'est idiot
01:26:07je crois qu'il y a eu beaucoup de honte
01:26:09à un moment donné
01:26:11et c'est ça qui bloque
01:26:13je me suis senti
01:26:15coupable
01:26:17aujourd'hui je me sens encore coupable
01:26:19c'est peut-être ça
01:26:21qui n'a pas été suffisamment travaillé
01:26:23c'est pour ça que je suis curieux
01:26:25que vous disiez votre thérapeute
01:26:27globalement dans les 10 ans
01:26:29qu'est-ce qu'elle vous a dit de tout ça ?
01:26:31c'était quoi son discours ?
01:26:33c'est vieux, je ne me souviens plus
01:26:35mais c'était pas
01:26:37on n'en parlait pas énormément
01:26:39elle parlait surtout de la maladie
01:26:41parce qu'on était plus dans la maladie
01:26:43à cette époque là
01:26:45c'est pour ça que je vous ai demandé
01:26:47est-ce qu'elle en parlait
01:26:49parce que je pense que vous ne l'avez pas
01:26:51dans cette thérapie
01:26:53mais je pense
01:26:55Bernardette
01:26:57peut-être que ce n'est pas l'hypnose
01:26:59qui vous convient, on a tous des choses qui nous conviennent
01:27:01et des choses qui ne nous conviennent pas
01:27:03moi ce que je crois dans votre témoignage
01:27:05c'est qu'au fond vous n'avez pas
01:27:07travaillé vraiment ça avec votre thérapeute
01:27:09parce qu'elle n'était pas apte à le faire
01:27:11et vous n'étiez peut-être pas encore prête
01:27:13parce que peut-être que la maladie
01:27:15a pris toute sa place
01:27:17et a caché si je puis dire
01:27:19les racines du mal
01:27:21parce que la maladie elle vient sans doute
01:27:23de ce que vous avez subi
01:27:25donc moi je crois qu'il ne faut pas lâcher
01:27:27tant qu'on est en vie il y a de l'espoir
01:27:29je vous conseille vraiment une thérapie
01:27:31avec quelqu'un qui soit au courant
01:27:33de ça, vraiment
01:27:35qui prenne en charge les violences sexuelles
01:27:37et qui vous le dise qu'elle est capable de le faire
01:27:39voilà, il faut quelqu'un comme Bruno Clavier
01:27:41par exemple
01:27:43quelqu'un d'averti
01:27:45parce que ça se travaille
01:27:47et on doit aller mieux
01:27:49on a eu des témoignages aujourd'hui de personnes qui ont dit
01:27:51qu'ils allaient mieux
01:27:53vous avez droit d'aller mieux
01:27:55merci en tout cas
01:27:57et j'espère que d'avoir témoigné déjà ça vous a fait du bien
01:27:59en tout cas on vous embrasse Bernadette
01:28:01Devenir un bon ancêtre
01:28:03c'est le titre de Bruno Clavier
01:28:05tout de suite vous retrouvez
01:28:07Marie Poursé, votre avenir
01:28:09demain on sera avec Jean-Benoît Dubontex
01:28:11on va parler aussi d'un sujet difficile, on va parler de l'alcoolisme
01:28:13pourquoi on est alcoolique
01:28:15comment on fait pour s'en sortir
01:28:17comment on fait pour aider son partenaire, ce sera demain

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