Avec Jean-Louis Schilansky, ancien président de l'UFIP (Union française des industries pétrolières) et Cédric Philibert, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, ex-analyste à l’Agence internationale de l’énergie
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NewsTranscription
00:009h-10h, Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:05Coup d'envoi de la COP 29 aujourd'hui.
00:08Le monde entier au chevet du climat.
00:11Cette année, scientifiques, ONG et chefs d'Etat se retrouvent à Bakour, en Azerbaïdjan.
00:15Quels sont les enjeux de cette COP 29 ?
00:17L'objectif reste le même chaque année, trouver des accords pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
00:22Mais ces COP sont-elles vraiment utiles ?
00:24How dare you ?
00:26Ils ont le pétrole, mais ils n'ont que ça.
00:31Oui, la COP 29 qui a lieu à Bakour, en Azerbaïdjan, c'est l'un des plus gros producteurs d'hydrocarbures.
00:38Enfin, l'un des plus gros.
00:39Parmi les grands producteurs d'hydrocarbures, Jean-Louis Chylanski, vous êtes avec nous.
00:44Bonjour.
00:45Vous êtes l'ancien président de l'Union française des industries pétrolières.
00:48Aujourd'hui, vous n'avez plus d'intérêt.
00:52Non, non, non, je suis complètement...
00:53Je ne veux pas vous accuser de conflit d'intérêts, même si vous avez toujours défendu le pétrole, non ?
00:59Ce n'est pas que j'ai défendu le pétrole, j'ai travaillé dans le pétrole.
01:01Dans le pétrole, oui.
01:02Et puis ensuite, j'étais président de l'UFIP, mais aujourd'hui, je suis indépendant.
01:06Oui, indépendant.
01:07Donc, pour nous apporter sur ce regard, parce que c'est vrai que depuis des années, on dit c'est bientôt la fin du pétrole.
01:15L'épuisement des réserves pétrolières est pour demain.
01:18Il y a eu des prédictions alarmistes.
01:20D'ailleurs, après 2020, 2024, il y avait même un spécialiste qui avait dit qu'on sera presque à sec, par exemple, en Arabie saoudite en 2024.
01:29Ça, c'était il y a une vingtaine d'années que l'on disait ça.
01:32Aujourd'hui, on voit qu'on n'est pas arrivé en fait là, qu'il y a toujours du pétrole, que ça coule.
01:39Il y a même en fait de grands pétroliers qui continuent évidemment d'explorer, d'avoir des gisements, de chercher des gisements.
01:49Où en est-on précisément ? Vous qui êtes un spécialiste, approchez-vous bien du micro.
01:52Il y a une différence énorme entre ce que les gens disent ou pensent ou espèrent et la réalité.
01:59Si on veut parler vrai, aujourd'hui, la consommation de pétrole dans le monde continue d'augmenter.
02:05On peut le déplorer.
02:07On peut dire que c'est pas bien.
02:08On peut dire qu'on veut pas.
02:10Mais c'est un fait.
02:11En 2024, on va consommer plus de pétrole qu'en 2023.
02:16Et en 2025, on va consommer plus de pétrole qu'en 2024.
02:20Donc la consommation de pétrole mondiale continue d'augmenter.
02:24Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a une demande.
02:28Il y a une demande des pays en développement.
02:31Il y a une demande de la Chine.
02:33Et les pays développés ont tout simplement atténué la croissance, ont une consommation à peu près stable.
02:41Donc vous avez un côté la stabilité et de l'autre côté, une consommation qui continue d'augmenter.
02:46Résultat, la consommation pétrolière mondiale continue d'augmenter chaque année.
02:51— Oui, tirée donc par ces pays comme la Chine et beaucoup d'autres.
02:56Et on continue de chercher des gisements, en fait, ce que je disais.
03:00— Alors pour satisfaire cette demande, tout simplement, les sociétés pétrolières,
03:04mais aussi surtout les sociétés nationales comme Aramco ou PetroChina
03:09continuent d'explorer et de produire de plus en plus de pétrole dans le monde.
03:14Il faut bien satisfaire à cette demande.
03:16Et donc il y a des forages, il y a de la production. Et la production de pétrole augmente.
03:21— Oui. Et elle augmente dans... Dans quel pays ? Est-ce qu'il y a des...
03:26Parce que c'est intéressant de voir la carte, en fait, des producteurs de pétrole, quoi, Jean-Richard.
03:31— Alors là, il y a un grand changement. Le grand changement, c'est les États-Unis.
03:36Les États-Unis, depuis une dizaine d'années, ont commencé à exploiter le pétrole de schiste.
03:42Et aujourd'hui, ce sont les plus gros producteurs de pétrole au monde, devant l'Arabie saoudite.
03:48Ils produisent environ 15 millions de barils de jour. L'Arabie saoudite, environ 12 millions de barils de jour.
03:53Pour vous donner une idée, la France, c'est 1,5 million de barils de jour.
03:58— La France, encore 1,5 million ? — Pas en production, en consommation.
04:01— Ah, en consommation. Oui, pardon, parce que je me disais... Oui, je comprends pas.
04:05— La France ne produit 0... Enfin presque rien. — Alors voici un tout petit peu, en fait, dans Seine-et-Marne et un petit peu dans le sud-ouest.
04:10— Oui, dans le sud-ouest. La France ne produit... — Un tout petit peu... Un petit peu d'autre.
04:16— De toute façon, c'est... On ne peut plus explorer, chercher une nouvelle source de pétrole.
04:27Non, c'était pour vous donner un ordre... — Franchement, il me semble quand même qu'en Seine-et-Marne, on cherchait encore, là, non ?
04:31— Non. Ah non. C'est interdit. Il y a une loi qui interdit l'exploration de pétrole en France.
04:39Donc qu'est-ce qu'on fait ? En France, on importe. On achète du pétrole au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe du Nord.
04:47Mais c'était pour vous donner un ordre de grandeur. — Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
04:50— La France, c'est consommation 1,5 million de barils de jour. Et l'Amérique produit 15 millions de barils de jour.
04:56Ça vous donne une idée de l'ordre de grandeur. — Oui. Premier pays, hein, devant...
05:00— Ah, c'est le premier pays. Essentiellement... — Approchez-vous bien du micro.
05:03— Essentiellement à cause du pétrole de schiste, c'est-à-dire de nouvelles techniques d'exploration et de production de pétrole.
05:11Les États-Unis sont devenus les premiers producteurs de pétrole au monde.
05:14— Oui. En France, on a refusé effectivement aussi sur le schiste, sur cette exploitation, parce que ça fracture un peu les terres.
05:23— Oui. Il y a une technique de fracturation hydraulique qui est très controversée. Mais les Américains ont mis au point des protections,
05:33des systèmes de surveillance de cette technique qui fait qu'aujourd'hui, on n'en parle plus, tout simplement.
05:40C'est devenu quelque chose de tout à fait banal, tout à fait ordinaire. On fort et on produit du gaz de schiste et du pétrole de schiste
05:48aux États-Unis en très grande quantité. — Oui. Vous avez longtemps travaillé effectivement à l'Union française des industries pétrolières.
05:57Est-ce qu'il y avait quand même la volonté d'un mouvement pour diminuer la consommation et donc l'extraction aussi de pétrole ?
06:03— Ah oui. Non, mais la France, c'est un pays qui a diminué sa consommation de pétrole. Aujourd'hui, on consomme en France
06:10moins de pétrole qu'il y a 25 ans. Donc il y a eu des efforts considérables qui ont été faits, notamment en matière automobile.
06:17Les voitures consomment moins. Les voitures sont beaucoup plus efficaces. Les chaussières à fuel, on en parle très peu,
06:25mais elles sont aussi beaucoup plus efficaces. Les moteurs d'avion, enfin toute la panoplie d'utilisation du pétrole a été rendue
06:32beaucoup, beaucoup, beaucoup plus efficace. Et on a eu une croissance économique complètement découplée de la croissance du pétrole.
06:40C'est-à-dire que la France a vu son économie croître considérablement dans les 25 dernières années, alors que sa consommation de pétrole
06:49était au plus stable, en fait, légèrement inférieure. — Ce qui veut dire qu'on pourrait avoir une économie sans pétrole ?
06:54C'est un raccourci un peu rapide, quoi, non ? — Ah, ça, c'est trop rapide. Ça, c'est trop rapide, parce qu'aujourd'hui,
06:59il y a des secteurs où on n'a pas de substitution. Les voitures. Bon, il y a les voitures électriques, mais c'est un peu lent,
07:09en quelque sorte. On pourrait dire ça comme ça. Les camions, on sait pas les faire fonctionner autrement qu'avec du gazole.
07:15— Oui. Même si, bon, il y aura de l'hydrogène, peut-être, et puis certains... Camions électriques, en fait. On y vient.
07:21Mais bon, c'est assez long. — Pas vraiment pour demain. Les avions, ça marche toujours au jet fuel, au kérosène.
07:28Les bateaux, ça fonctionne avec du gazole ou du fuel. Donc on n'a pas trouvé les substituts. Et donc on continue d'augmenter
07:38– pas d'augmenter en France, stabiliser – la consommation de pétrole.
07:44— Oui. Est-ce que vous trouvez ça paradoxal d'organiser des COP dans des pays qui sont des producteurs d'hydrocarbures ?
07:50L'année dernière, c'était à Dubaï. Là, cette année, c'est en Azerbaïdjan, à Bakou.
07:56— Oui, ça paraît paradoxal de prime abord. Enfin la valeur faciale, le sens du verbe, ça ressemble à quoi ?
08:02Mais en fait, si on prend l'exemple de l'année dernière à Dubaï, la COP28 a abouti à des résultats ou du moins à des déclarations
08:11assez fortes. Ils ont dit qu'il fallait faire une transition en dehors des énergies fossiles. Et c'est le sultan de Dubaï
08:20qui l'a annoncé lui-même, tripler les énergies renouvelables. Donc ça n'a pas vraiment joué en quelque sorte.
08:27Ça paraît bizarre. Je reconnais. Je reconnais. Mais ça n'a pas été un facteur. — Non mais finalement, c'est peut-être pas plus mal
08:33de le faire dans les pays qui sont concernés pour voir ce qu'ils peuvent faire, eux, et aller vers une transition, quoi.
08:41— Oui. Et puis vous savez, le rôle du président de la COP, c'est un rôle de coordination. En fait, ce sont les pays eux-mêmes
08:47qui négocient. Ils négocient des accords dont on pourra parler. Mais le lieu a relativement peu d'importance.
08:56Et ces pays-là sont tenus d'afficher une position au minimum de neutralité. — Oui. Les accords, alors, qu'est-ce que vous voulez
09:05entendre par là ? — Bah écoutez, les accords COP, ça a commencé à Paris. Enfin les accords significatifs.
09:12— En 2015. — En 2015. La COP21, qui a fixé un objectif. Vous avez raison. Un objectif d'augmentation des températures
09:21de 2°C qui a été ramené à 1,5°C. Et donc à chaque fois, ça a été réaffirmé. L'objectif a été réaffirmé.
09:30Et aujourd'hui, on a une COP29 qui se tient dans le cadre en quelque sorte de ces accords de Paris.
09:36— Oui, absolument. Allez, nous allons poursuivre avec vous Jean-Louis Chylanski. Et puis nous aurons en ligne aussi tout à l'heure
09:42un chercheur, justement, en charge aussi de l'Institut français des relations internationales, qui a travaillé à l'Agence internationale
09:52de l'énergie, Cédric Philibert, qui sera avec nous dans un instant. Et puis vous, si vous voulez réagir ou poser des questions,
09:58n'hésitez pas 0826 300 300 La Vérité en face sur Sud Radio.
10:04— 9h10, Sud Radio. La Vérité en face. Patrick Roger.
10:09— Nous parlons d'énergie parce que c'est vital dans nos sociétés aujourd'hui. C'est au cœur du développement ou pas de l'ensemble de nos pays.
10:18Nous en parlons parce qu'il y a la 29e conférence de l'ONU, la COP29, qui a lieu autour du changement climatique, qui a lieu en Azerbaïdjan.
10:26Nous sommes avec Jean-Louis Chylanski, qui est ancien président de l'Union française des industries pétrolières, et avec nous,
10:32qui nous rejoint aussi, Cédric Philibert, qui est chercheur, qui travaille à l'Institut français des relations internationales et qui a
10:38travaillé à l'Agence internationale de l'énergie. Bonjour. — Bonjour.
10:43— Merci d'être avec nous. Nous poursuivons, avant de vous faire réagir, Cédric Philibert, dans un instant, avec Jean-Louis Chylanski,
10:51ce qu'on n'a pas évoqué tout à l'heure aussi, qui est le cœur. Je dis l'énergie est indispensable, mais il faut de l'énergie dans nos sociétés.
10:58Il y a aussi ce qui peut remplacer le pétrole, puisqu'on parle beaucoup de pétrole. Et là, on a du mal. Et puis derrière,
11:08c'est une question d'argent, bien sûr, de financement, quoi, non ? — Bien sûr. Non, mais il y a un effort énorme qui est fait en matière
11:15d'énergie renouvelable, notamment avec les éoliennes, les éoliennes terrestres, les éoliennes en mer, avec les panneaux solaires.
11:23Et tout ça, c'est de la production d'électricité. On produit de l'électricité. À partir de cette électricité, il faut en faire quelque chose,
11:30en quelque sorte. Et transformer l'électricité en mobilité, c'est pas tout à fait évident. Bien sûr, ça sert à l'éclairage, à ces choses-là.
11:37Mais c'est quand même... Enfin c'est limité aujourd'hui à la production électrique, globalement. Et puis il faut rappeler que dans le monde,
11:45les énergies renouvelables aujourd'hui ne représentent qu'environ 12% à 15%, un peu moins, de l'ensemble de la consommation
11:54ou de la production énergétique mondiale. Donc ça reste une très faible partie de la production d'énergie.
12:01— Oui. Et quand on dit qu'il faut abandonner, alors, le pétrole... — Oui. Bah oui, bien sûr, il faut abandonner le pétrole.
12:07Mais il faut une solution. On peut pas dire aux gens d'arrêter de chauffer au fuel, d'arrêter de conduire leur voiture,
12:13d'arrêter de prendre l'avion. On fait quoi ? Le problème, c'est qu'on n'a pas aujourd'hui une énergie de substitution économique
12:21et qu'on peut utiliser... — Valable, quoi. — Valable, et qu'on peut utiliser dans tous les usages qui sont aujourd'hui les usages du pétrole.
12:29— Oui. Et ce que vous disiez, je le rappelle pour les auditeurs qui nous rejoignent, Jean-Louis Chielanski, c'est que certains pays
12:36comme la France, par exemple, ont diminué progressivement, stabilisé leur consommation de pétrole, mais qu'il y a beaucoup de pays,
12:44notamment dans les pays qu'on appelait en voie de développement il y a quelques années, qui sont en fait d'autres pays que l'on connaît,
12:50qui, eux, tirent et consomment de plus en plus. — Bien sûr. Et qui ont besoin de pétrole pour se satisfaire à la demande locale.
12:58Ils ont plus de voitures. Ils ont plus de chauffage. Ils ont plus d'équipements. Et donc ils augmentent leur consommation de pétrole.
13:08Un peu moins qu'avant, mais quand même. La Chine, en particulier, l'Inde, des grands pays. — Oui. Cédric Philibert, votre réaction, effectivement.
13:19C'est-à-dire que... Oui, allez-y. Allez-y, allez-y. — Je pense qu'on ne peut pas laisser dire à votre invité qu'on n'a pas les solutions.
13:27Nous avons les solutions presque sur tout. Alors on ne l'a pas sur l'avion. Ça, c'est clair. Pour l'instant, c'est trop compliqué, c'est trop cher.
13:35Et surtout, c'est pas le bon usage qu'on peut faire à court terme de l'électricité renouvelable. Mais on va avoir de plus en plus d'électricité renouvelable.
13:43Il faut quand même réaliser le caractère exponentiel de la progression des renouvelables. Il y a 20 ans, on avait mis toute une année
13:52pour équiper le monde de 1 000 MW de solaire. Il y a 15 ans, on a mis 1 mois. Il y a 5 ans, on a mis 1 semaine. Et maintenant, on fait ça tous les jours.
14:04C'est-à-dire on équipe tous les jours d'autant de MW, 1 000 MW, plus de 1 000 MW par jour dans le monde d'électricité solaire,
14:13alors qu'avant, il y a 20 ans, ça nous avait pris toute l'année. Donc c'est exponentiel. Ça croît très vite. Et en fait, on sait très bien l'utiliser pour la mobilité.
14:21Vous mettez un produit pétrolier dans votre voiture, les deux tiers vont être transformés en chaleur. Un tiers va être transformé en mouvement.
14:31Vous mettez de l'électricité dans votre voiture, 95 % va être transformé en mouvement. Donc vous évitez ou réduisez votre consommation d'énergie primaire des deux tiers.
14:40Et donc les pourcentages que vous donnez qui sont valables sur ce qu'on appelle l'énergie primaire, c'est-à-dire ce qu'on extrait du sol,
14:47ne sont pas valables dès lors qu'on parle de l'énergie finale, celle qu'on utilise vraiment. Et en fait, on a besoin de beaucoup moins.
14:53Et j'entends encore dire qu'on n'a pas de solution pour les camions. Ce sera peut-être l'hydrogène un jour. Mais il existe déjà ces camions. Ils sont sur nos routes.
15:01Vous prenez y compris des 38 tonnes. — Pas énormément. Attendez, Jean-Jouy. — Ils sont pas assez nombreux, mais ils existent.
15:08— Là, il s'agit pas de parler des solutions techniques. Il s'agit de parler des solutions économiques. C'est-à-dire est-ce qu'aujourd'hui...
15:15— Oui. À l'usage, ils sont plus économiques. — Bien sûr qu'il y a des solutions technologiques. Mais aujourd'hui, regardez ce qui se passe avec les voitures électriques.
15:26À partir du moment où on arrête de subventionner les voitures électriques, la demande est en train de plafonner. Les gens hésitent.
15:36— Oui, ça fait un ralentissement. Oui, oui, parce qu'on sait que des modèles moins chers vont arriver dans très peu de temps.
15:40— L'autonomie reste malgré tout assez faible. Je dis pas que ça va pas venir. Je ne le dis pas. — Non, non, c'est là. C'est là.
15:47— Oui, c'est là. — C'est là, mais bon... — Oui, oui, c'est là. Les outils sont à notre disposition.
15:53Le camion électrique coûte moins cher à l'utilisation sur sa durée de vie que le camion diesel. — Mais pas à l'achat.
16:00— Il est beaucoup plus confortable. — Mais pas à l'achat. — Mais pas à l'achat, y compris en comprenant l'achat et les dépenses de carburant.
16:07Il coûte moins cher sur sa durée de vie qui est très longue. Il est 35 ans. Il est moins cher.
16:12— Vous rentrez dans un débat polémique, là. Je suis pas dans la polémique. Moi, je comprends très bien ce que vous dites.
16:18Je vous dis aujourd'hui, aujourd'hui, du point de vue économique, du point de vue praticité, on n'est pas au niveau de praticité du pétrole.
16:28C'est aussi simple que ça. Est-ce que ça va venir ? Oui. Quand ça va venir, on sait pas bien. Et en tous les cas, il y a des domaines
16:35qui sont très difficiles à substituer. — Mais c'est en train de venir. Écoutez, il faut bien le dire. On a 120 000 bornes maintenant
16:41de recharges électriques publiques. On en met dans l'écopropriété. C'est en train d'arriver à une vitesse grand V.
16:48— Là, vous parlez de France. Vous ne parlez pas du monde, parce qu'évidemment, Cédric Philibert, par exemple, nos voitures qui sont interdites...
16:55Oui, bien sûr, qui sont interdites à la circulation en France des voitures thermiques. Où est-ce qu'on les retrouve aujourd'hui ?
17:01Où est-ce qu'elles vont, à votre avis ? — Elles ne sont pas interdites à la circulation. Vous avez vu ça ?
17:06— Eh bien elles vont beaucoup, en fait, dans des pays... — Non, mais elles ne sont pas interdites à la circulation.
17:12Attendez, attendez. Il ne faut pas dire ça. Les voitures thermiques neuves seront interdites à la vente en 35.
17:20Elles seront toujours interdites à la circulation. — Non, mais certaines voitures qui sont trop anciennes, effectivement, en France...
17:26— Ah oui, les plus polluantes, oui, sont interdites dans les villes. — Mais elles ne vont pas à la casse, ces voitures. Vous savez qu'elles sont...
17:32— Bien sûr, il y a une plume à la casse. — Et il y en a beaucoup qui vont effectivement aussi dans d'autres pays où on continue de les utiliser.
17:39— Alors il y a un marché de la voiture thermique dans les pays émergents, le Mexique, la Russie, etc. On est bien d'accord.
17:47C'est pas tellement de voitures d'occasion. C'est pas vrai. C'est un tout petit nombre qui part là-bas. Il faut regarder les chiffres.
17:52C'est tout petit. Mais oui, c'est tout petit. Mais ça existe. Mais c'est tout petit. Il y a une prime à la casse.
18:00Et les gens, plutôt que de vendre une voiture pour un prix dérisoire, préfèrent encaisser la prime à la casse au moment où ils achètent
18:06une voiture électrique ou hybride. Donc non, non, il faut pas voir les choses comme ça. Il y a des pays qui ont interdit...
18:13L'Éthiopie a interdit l'importation de voitures thermiques. Ils ne veulent que des électriques. C'est le premier.
18:20L'Éthiopie, c'est pas un énorme marché, je vous l'accorde. Mais c'est un signe. — Comment est-ce que l'Éthiopie produit son électricité ?
18:29— Eh ben écoutez, elle développe son éolien assez fortement. Mais c'est vrai qu'elle a encore beaucoup de fossiles dans son électricité.
18:35— L'électricité est produite à partir de gaz naturel. Et donc en apparence, on a une solution. Et je ne dis pas qu'il faut pas aller dans ce sens-là.
18:47Je dis simplement qu'il faut voir les choses dans la réalité de ce qu'elles sont. — De la vérité en face, oui.
18:52— Il faut les voir dans la dynamique, dans la réalité, certes, mais aussi dans la réalité de la dynamique. Et la dynamique, c'est qu'on développe
19:00aussi l'éolien et le solaire en Éthiopie. C'est qu'on développe ça dans le monde entier et qu'on va décarboner progressivement l'électricité.
19:07Alors il y a des pays qui sont déjà à un niveau très bas, la France, la Belgique, à cause du nucléaire. Mais partout ailleurs, la proportion de carbone
19:15dans l'électricité diminue. Et de ce fait, l'avantage pour le climat de la voiture électrique ne cesse de s'améliorer.
19:23— Je suis pas en désaccord avec vous. Je crois qu'il y a effectivement une tendance. Mais faire croire que c'est pour demain matin, ça n'est pas vrai.
19:32C'est juste pas vrai. Et donc ça veut dire qu'il faut travailler, il faut améliorer, il faut trouver de nouvelles solutions, il faut réduire les coûts
19:39de façon à ce que les consommateurs, les gens qui achètent des voitures, les gens qui achètent des chaudières,
19:44eh ben ils achètent quelque chose qui soit économique et pratique. — Oui, qui puisse fonctionner. C'est ce qu'on disait sur les pompes à chaleur, en fait.
19:52— Exactement. — Je suis à la fois d'accord et pas d'accord. Vous dites qu'il faut améliorer les choses. Bien sûr. Bien sûr, il faut faire
19:59des voitures électriques plus performantes avec une autonomie plus grande. Il faut faire des pompes à chaleur encore meilleures, etc.
20:04Mais vous en parlez comme si on n'avait pas les solutions. Il faut les déployer aussi. C'est en les déployant, d'ailleurs, qu'on les améliore,
20:11qu'on a des entrepreneurs qui font des progrès, parce qu'il y a un marché derrière. — Accessible et abordable. C'est le filibère.
20:18— Juste avant, j'avais des retraités qui gagnent moins de 1 000 € par mois, en fait, aujourd'hui. Et donc c'est difficile pour eux d'accéder...
20:25— Il y a la location avec auction d'achat. Il y a beaucoup d'aides. — Oui, oui, oui. Mais pas pour tout le monde tout le temps.
20:32Ça coûte quand même beaucoup plus cher. — Il y a un problème d'investissement initial. Mais ensuite, on se rattrape sur les kilomètres parcourus,
20:39si je veux dire. Quand vous pouvez prendre l'électricité de votre maison, ça va être beaucoup moins cher que du pétrole. Je suis désolé de le dire.
20:46Et donc chaque fois que vous roulez, vous allez faire des économies. Mais il y a un problème – c'est tout à fait vrai – d'investissement initial.
20:53Donc il faut des aides, il faut des prêts à taux bonifié ou à taux très faible, etc. C'est ça qui est en discussion à Bakou.
21:01Pour les pays émergents et en développement, il faut leur fournir de l'argent pour aider à franchir cette barrière du coût d'investissement initial.
21:10— Sans parler des pays en développement, si vous regardez la France, simplement, à partir du moment où les subventions d'État ont été réduites
21:17sur les voitures électriques, la demande aux voitures électriques a chuté. Elle s'est diminuée.
21:25— C'est un problème d'accessibilité. — Exactement. — Merci à tous les deux. Jean-Louis Chylanski, ancien président de l'Union française
21:31des industries pétrolières, et Cédric Philibert, qui est chercheur à l'Institut français des relations internationales.
21:36Dans un instant, c'est Valérie Expert, la partie média et les débats.