• il y a 3 mois
Avec Arnaud Stéphan, Fondateur de l'agence La Note de com et Laurent Joffrin, fondateur du quotidien en ligne Lejournal.info, auteur de "La conquête de la liberté. Le roman de la France, de Mirabeau à Mitterrand" (éd. Tallandier)

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##LA_VERITE_EN_FACE-2024-09-23##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:04M. Didier Migaud, Mme Catherine Vautrin, M. Bruno Retailleau, Mme Anne Jeuneté, M. Jean-Noël Barraud, Mme Rachida Dati, M. Sébastien Lecornu, Mme Agnès Pannier-Runacher.
00:15Voilà, donc ça c'est la désignation de quelques-uns des membres du gouvernement.
00:19Laurent Geoffrin, bonjour.
00:21Bonjour.
00:21Ceux-là on les connaît encore, parce que vous me disiez juste avant de redémarrer, il y a beaucoup de...
00:27Il aurait fallu continuer.
00:28Oui, parce qu'après on ne les connaissait pas avant de m'inciter.
00:30Je ne sais pas si vous vous souvenez de l'émission de Pascal Sevran, vous vous souvenez ?
00:33Oui, bien sûr.
00:33On se moquait toujours de lui, parce qu'il inventait, il agitait des chanteurs que personne ne connaissait.
00:38Et là c'est pareil, il y a une liste interminable de gens.
00:40La chance aux chanteurs.
00:41On aurait mis un autre nom, personne n'aurait vu la différence.
00:43On aurait mis une équipe de foot, les gens auraient dit « bon oui, ça doit être eux », alors...
00:46Bon, Laurent Geoffrin, dans La Vérité en face, fondateur du quotidien en ligne Le Journal.info,
00:51et puis on ne va pas rappeler tout votre passé, évidemment, à la tête de journaux et de magazines chargés.
00:56Vous avez écrit La Conquête de la Liberté, le roman d'Affrance, de Mirabeau à Mitterrand,
01:00aux éditions Talendie.
01:01On va y revenir dans un instant sur les libertés, bien sûr.
01:05Et Arnaud Stéphan, vous êtes fondateur de l'agence La Note de Com, c'est ça ?
01:10Donc vous allez nous apporter quelques notes sur ce gouvernement.
01:14Dans la presse ce matin, enfin tout ce week-end, on a dit « il penche beaucoup trop à droite », etc.
01:20Vous avez ce sentiment aussi ou pas ?
01:23Il y a une question importante en communication, c'est la perception.
01:27Si la perception des médias, qui va se transformer éventuellement en une opinion publique,
01:33c'est que ce gouvernement est à droite, c'est une chose.
01:36Dans la réalité, c'est pas vraiment exact.
01:39Si vous regardez les votes de M. Barnier par le passé, c'est pas exactement ça.
01:45Il avait participé aux votes de 2005 sur le référendum sur l'Europe,
01:51il avait fait des choix avant de revenir en arrière parce qu'il était candidat à la primaire de la droite.
01:56Et à part M. Retailleau et à part Mme Genest,
02:00il n'y a pas grand-chose de très à droite ou de droite foncièrement idéologique au sens de ce gouvernement.
02:06Alors c'est un épouvantail, Libé qui titre « Le pacte réacte ce matin »,
02:11c'est assez fort comme titre, c'est un peu exagéré ?
02:15Si on prend l'exemple de Retailleau qui est le plus notable,
02:20c'est vrai qu'il a un itinéraire à sa droite, il n'y a aucun doute.
02:24Je ne dis pas ça pour le diaboliser, c'est pas la question.
02:28Certains dans les médias tentent de diaboliser quand même.
02:32C'est un collaborateur de De Villiers pendant très longtemps.
02:36Après il s'est brouillé avec lui, il était collaborateur de Fillon,
02:40qui n'est pas précisément de gauche.
02:42Et donc c'est la droite un peu réacte, c'est vrai, ça c'est pas faux.
02:46Il a voté contre le mariage pour tous par exemple,
02:50ou contre la constitutionnalisation de l'IVG,
02:54c'est une position plutôt conservatrice, il n'y a aucun doute là-dessus.
02:58Il y en a d'autres qui sont moins à droite et il y a une partie qui sont des centristes.
03:02Parce que lui il est à l'intérieur, à la justice, c'est un homme de gauche.
03:06Oui, qui était il y a 15 ans au Parti Socialiste.
03:10Non mais quand même !
03:12C'est ça le paradoxe, c'est-à-dire qu'on est en train de dire que ce gouvernement penche énormément à droite,
03:18on essaye de trouver des raccourcis un peu faciles,
03:22et de l'autre côté vous avez un parti qui s'appelle le Rassemblement National,
03:26qui lui a voté la constitutionnalisation de l'avortement dans la constitution,
03:30qui est très en avance sur la défense de la communauté gaie face à des violences qui leur sont faites.
03:38Et puis il y a une représentation également au sein de la direction du parti,
03:42qui ne s'est même pas cachée d'ailleurs.
03:44Donc c'est de ça qu'est paradoxal, c'est-à-dire que le parti qu'on dit de droite réac,
03:50c'est-à-dire de ce qui reste de LR,
03:54est beaucoup plus accusé d'être réactionnaire que le parti qui est considéré comme le pire parti d'extrême droite en France.
04:04Il y a quand même un sacré paradoxe !
04:06Il conjugue les deux choses, c'est-à-dire qu'il a des positions conservatrices sur les mœurs, pour faire court,
04:10et il a les mêmes positions à peu de choses près que le RN sur les questions d'immigration par exemple.
04:14Oui mais pas sur les problèmes économiques, pas sur les problèmes...
04:18Il y a d'autres questions...
04:22Il est quand même pour les 64 ans, sans doute, non ?
04:26Oui, mais alors que le RN, le RN est pour dire à 62, 60 ans.
04:30Le RN a des positions ambiguës sur certains sujets, parce qu'il cherche à plaire à l'électorat populaire.
04:35Le RN a la même position que la gauche, en fait.
04:39Sur les retraites ?
04:41Sur les retraites, c'est vrai.
04:43Mais ce n'est pas pointé dans les médias, très peu, bien sûr.
04:45Si on pose la question de savoir si le RN va voter avec la gauche pour abolir la réforme des retraites.
04:53C'est l'inverse plutôt.
04:55Oui, c'est le contraire.
04:57Ils vont voter ensemble.
04:59Si le RN va proposer, est-ce que la gauche va le voter ?
05:01On se pose la question.
05:03Sur ce point-là, uniquement.
05:05Oui, sur ce point.
05:07Sur les libertés, parce que c'est le thème de votre livre aussi, Laurent Geoffrin.
05:11PMA, IVG, les grandes lois, on l'évoquait avec, à l'instant, Arnaud Stéphan.
05:15Les grandes lois de progrès social et sociétal, entre guillemets, évidemment.
05:19Elles vont être intégralement préservées, c'est ce qu'a laissé entendre Michel Barnier.
05:25Il y a des mises en cause dans notre société, c'est ce que vous décrivez dans votre livre.
05:31Je ne l'ai pas lu, je vais être très honnête avec les auditeurs, je ne l'ai pas lu.
05:33Je vais vous expliquer en 30 secondes.
05:35C'est une histoire de France,
05:37donc c'est chronologique, c'est à partir des personnages.
05:39C'est fait comme un roman d'aventure, pratiquement.
05:43Mais c'est vrai, c'est fait à partir du travail des historiens.
05:47Et ça raconte le combat mené depuis 1789 pour les libertés,
05:51qui a parfois été triomphale, parfois connu des défaites.
05:55Et donc, ça permet de réviser son histoire de France
05:59sans trop s'ennuyer, parce que c'est assez facile à lire et amusant à lire.
06:03Et par ailleurs, le fil conducteur, c'est ça.
06:07C'est-à-dire que la France a...
06:11Il y a un pitch.
06:13C'est l'article premier de la Déclaration des droits de l'homme.
06:17Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.
06:19Et donc, c'est pour réaliser cette phrase
06:23que l'histoire de France s'est déroulée depuis deux siècles.
06:27Il y a eu les propriétaires blancs, ensuite on a aboli l'esclavage,
06:31ensuite on a fait droit aux demandes ouvrières, on a donné le droit de vote aux femmes.
06:35Et aujourd'hui, ça s'est déplacé plutôt sur les affaires des minorités en général.
06:39Mais c'est la même histoire qui continue, avec des gens qui sont hostiles à cette évolution
06:43en disant que ça va nous conduire à l'individualisme ou à la décadence.
06:47Et d'autres qui disent que c'est ça le progrès, il faut aller toujours plus loin
06:51dans le sens de la liberté au sens large, c'est-à-dire la liberté aussi économique.
06:55La gauche et le socialisme.
06:57Oui, d'ailleurs, on oppose toujours.
06:59Grosso modo, c'est les gens de gauche qui sont pour une...
07:01Pour l'égalité.
07:03Oui, pour l'égalité.
07:05Et les gens de droite, beaucoup plus pour une liberté économique.
07:09Mais ça a beaucoup changé.
07:11Il y a un auteur, je sais qu'il est devenu quasiment hérétique alors qu'il vient de la gauche,
07:15c'est Jean-Claude Michéa, qui a expliqué dans l'Empire du Moindre Mal,
07:21on va citer celui qui me vient le plus vite à l'esprit,
07:25qu'en vérité, depuis la fin de l'Histoire,
07:29c'est-à-dire la fin du mur de Berlin et du bloc de l'Est,
07:33gauche et droite finalement ont trouvé un accord.
07:36C'est-à-dire que la gauche s'est convertie au libéralisme économique.
07:40Enfin, oui...
07:42La loi El Khomri, vous m'excuserez.
07:44Et puis, vous avez la droite qui s'est, elle, en partie,
07:48pas toute la droite, mais une grande partie de la droite,
07:50qui s'est convertie au libéralisme sociétal.
07:53On a bien vu au moment de la manif pour tous,
07:55ça a duré deux mois,
07:57il y avait les gens de LR qui étaient au premier rang,
07:59et puis, hop, terminé Moniteur,
08:01une fois que ça a raté, ils étaient les premiers à dire
08:03« non, non, je me suis trompé, finalement c'était une mauvaise idée,
08:06j'aurais jamais dû faire ça »,
08:07comme M. Copé, M. Wauquiez, etc.
08:10Donc, il y a quand même un glissement depuis les années 90,
08:16on a vu des grands partis comme le RPR,
08:19puis les MLP sont devenus des partis
08:21qui sont un peu mollassons en termes de droite.
08:24Je ne le vois pas comme ça,
08:26parce que la gauche, les socialistes en tout cas,
08:29ont admis l'économie de marché,
08:30c'est pour ça qu'on les accuse de libéralisme.
08:32Mais ce n'est pas du libéralisme,
08:33les 35 heures, ce n'est pas du libéralisme,
08:35l'impôt sur la fortune, ce n'est pas du libéralisme.
08:37Quand Hollande augmente,
08:40puisqu'on reconnaît l'économie de marché,
08:42il vaut mieux qu'elle fonctionne bien,
08:43pour pouvoir redistribuer après.
08:45C'est ça la nouveauté.
08:46C'est une gauche réaliste.
08:47Oui, voilà.
08:48Avant, l'idée c'était de sauter dans un autre système,
08:50entièrement collectivisé.
08:52Mais cette expérience ayant eu lieu dans les Pays de l'Est,
08:55ça n'a pas marché.
08:56Même si on y revient de plus en plus.
08:58Vous avez vu, sur la médecine.
09:00On revient à une certaine attention.
09:02Oui, mais c'est ça l'idée.
09:03Avec notre système.
09:04Non mais c'est assez intéressant ce qui se passe.
09:06On avait le témoignage d'une commune, d'un maire ce matin,
09:09qui avait trois médecins,
09:11médecins généralistes classiques,
09:13il n'en a plus en fait aujourd'hui.
09:14Et ce n'est pas un cas isolé d'une petite commune rurale.
09:17Qu'est-ce qui se passe en fait aujourd'hui ?
09:19Quelles sont les solutions ?
09:20C'est-à-dire qu'on dit, c'est la collectivité
09:22qui va embaucher les médecins,
09:24qui va les rétribuer.
09:25Et c'est ce qui commence à se faire dans beaucoup de communes.
09:27Et on va les rémunérer.
09:29On revient en fait à cela,
09:30à travers quelques exemples.
09:32C'est toujours la même chose.
09:33Sans caricaturer.
09:34La liberté sans l'égalité, c'est la liberté pour quelques-uns.
09:37Quand vous travaillez 15h par jour et que vous êtes mal payés,
09:40vous n'êtes pas libres.
09:41Donc ça c'est le discours des socialistes,
09:43pas des communistes.
09:44Les communistes voulaient changer le système complètement.
09:46Les socialistes voulaient réformer le système agréable.
09:48En fait, ce sont des sociodémocrates.
09:50Ils admettent le marché,
09:52la propriété privée,
09:54mais ils la régulent.
09:56Ils font en sorte que ces excès soient combattus.
09:58Et ça, je ne pense pas qu'ils aient changé là-dessus.
10:00Ils n'ont pas changé.
10:01Ah quand même, la loi El Khomri quand même.
10:03Mais la loi El Khomri, c'est rien du tout.
10:05Ce n'est pas rien du tout.
10:07La dérive européenne,
10:09en acceptant les normes européennes,
10:12sur la déréglementation, etc.
10:14Vous ne pouvez pas dire ça.
10:16La déréglementation européenne, ça a été vraiment le choc.
10:18L'Europe, c'est une société mixte.
10:20L'État joue un rôle très important,
10:22surtout en France.
10:23Comment vous pouvez dire qu'on est libéraux,
10:25alors qu'on est à...
10:2748 pour l'élément obligatoire,
10:29et à 50 et quelques de dépenses.
10:32C'est ça le libéralisme ?
10:33Non, ce n'est pas sérieux.
10:34Non, c'est une version française du libéralisme.
10:36Mais ce n'est pas le libéralisme du tout.
10:38L'État occupe la moitié du PIB.
10:40Comment on peut appeler ça le libéralisme ?
10:43C'est un faux procès, ça.
10:45Non, ce n'est pas un faux procès.
10:47Les lois sociales en France sont les plus développées de l'Europe.
10:49On a vu ce qui s'est passé avec le prix de l'électricité,
10:51les énergéticiens,
10:53avec des faux producteurs d'électricité
10:55qui vendent de l'électricité que leur vend l'EDF,
10:58à prix cassé,
10:59pour pouvoir créer un marché de toutes pièces,
11:01sans obligation de production, sans rien.
11:04Si, c'est une déréglementation terrible.
11:06Il y a eu un effet boomerang, terrible.
11:08Surtout l'effet boomerang.
11:10On a essayé de les taxer,
11:12on a pris trois francs six sous.
11:14Bien sûr, bien sûr.
11:16Surtout les gens qui ont voulu prendre ces contrats,
11:18alors qu'on les avertissait.
11:20Bien sûr, ça a été terrible.
11:22Mais c'est une déréglementation.
11:24On ne peut pas dire qu'on n'est pas dans une démarche
11:26complètement libérale.
11:28Non, ce n'est pas vrai.
11:30Aux Etats-Unis, c'est libéral, c'est vrai.
11:32En Grande-Bretagne, éventuellement.
11:34Encore que.
11:36Mais en Europe continentale, beaucoup moins.
11:38Et en France, c'est le pays le moins libéral d'Europe.
11:40Quand vous comparez
11:42le revenu primaire,
11:44qu'on touche quand on travaille,
11:46et le revenu après redistribution,
11:48il y a une différence très importante.
11:50Oui, mais la France est pleine de paradoxes.
11:52Ça prouve qu'il y a une redistribution massive.
11:56Il y a beaucoup de paradoxes en France.
11:58Le paradoxe en France, c'est que vous mettez
12:00systématiquement pour mener
12:02des politiques publiques
12:04plutôt pro-business,
12:06comme on disait à une époque.
12:08Vous faites ça par des fonctionnaires.
12:10Donc forcément, au bout d'un moment,
12:12ça pose quand même un petit problème.
12:14C'est vrai que la société civile, le monde économique,
12:16est peu associé à la décision politique.
12:18Et on laisse l'idéologie
12:20s'appliquer, c'est-à-dire avec
12:22un programme qui ait des réglementations
12:24en concurrence à...
12:26Vous voudriez des patrons, par exemple, à Bercy.
12:28Vous n'allez pas être très content avec celui qui a été nommé,
12:30ça n'a jamais été vraiment un vrai succès.
12:32Tout le monde se souvient.
12:34Il n'y en a eu qu'un seul.
12:36Mais parce que le monde économique
12:38ne s'intéresse pas. Et puis le monde économique
12:40a subi une mue invraisemblable.
12:42C'est pour ça que je parle de paradoxes.
12:44C'est qu'aujourd'hui, beaucoup des grands patrons sont des hauts fonctionnaires.
12:46C'est ça le paradoxe français.
12:48C'est-à-dire qu'on marche avec une jambe
12:50idéologique en disant
12:52qu'on veut faire du libéralisme.
12:54Et de l'autre côté, on applique ça par des gens qui ont
12:56un autre logiciel.
12:58On ne marche pas, en fait.
13:00On va continuer d'en discuter.
13:02C'est intéressant, cette discussion sur le fond, bien sûr.
13:04Et si vous voulez réagir, 0 826
13:06300 300, La Vérité en face.
13:08On se dit les choses droit dans les yeux, bien sûr.
13:10Évidemment, Laurent Geoffrin
13:12et Arnaud Stéphan.
13:14Sud Radio.
13:16La Vérité en face. Patrick Roger.
13:18La Vérité en face.
13:20Jusqu'à 10 heures avant de retrouver Valérie Expert.
13:22Tout à l'heure, Gilles Ganzemann.
13:24Laurent Geoffrin, qui est fondateur du
13:26journal qui dit en ligne lejournal.info.
13:28Ça marche bien, d'ailleurs, Laurent Geoffrin.
13:30C'est un journal social-démocrate.
13:32Social-démocrate.
13:34Contre le vent.
13:36Mais justement,
13:38ça progresse. On a doublé l'audience cet été
13:40avec la crise politique.
13:42Et ça vous sert, ça.
13:44On constate que d'ailleurs, quand j'ai lancé ça,
13:46tout le monde m'a dit, il ne faut pas dire
13:48social-démocrate, les gens ne savent pas ce que c'est.
13:50Ils ne comprennent pas.
13:52Puis c'est désuet, c'est passé, etc.
13:54Maintenant, je constate que tout le monde
13:56se réfère
13:58aux social-démocrates qui ne résistent pas assez.
14:00À Mélenchon, il faudrait que les social-démocrates
14:02se...
14:04Et les macronistes disent qu'on veut bien s'allier
14:06mais uniquement avec les social-démocrates.
14:08Donc, ce concept-là est revenu
14:10dans le débat public, en tout cas.
14:12Laurent Geoffrin et Arnaud Stéphan, fondateur
14:14de l'agence La Note de Com.
14:16On parlait tout à l'heure de la liberté.
14:18Alors, on est allé très loin.
14:20Non mais c'est vrai,
14:22en fait, dans les fondamentaux
14:24de la liberté aujourd'hui. Est-ce qu'elles sont remises
14:26en cause ? Parce que votre
14:28livre, c'est la conquête de la liberté,
14:30de Mirabeau
14:32à Mitterrand. Est-ce qu'elles sont remises
14:34en cause dans notre société ?
14:36Globalement, non. On reste dans une société
14:38libre. C'est-à-dire qu'on peut
14:40faire ce qu'on veut. Enfin, pas ce qu'on veut,
14:42on peut en respectant les lois.
14:44On est libre. Quand je crée un journal,
14:46personne ne me demande rien.
14:48Et on peut s'exprimer comme on veut.
14:50Ah bah non !
14:52Dans un journal, mais pas
14:54dans des médias audiovisuels où vous êtes
14:56extrêmement régulé. Là, c'est différent.
14:58Mais c'est régulé pour éviter
15:00les appels à la haine et au racisme.
15:02Oui, bien sûr, heureusement.
15:04La liberté, ce n'est pas la licence,
15:06ce n'est pas de dire n'importe quoi. La liberté,
15:08c'est d'obéir aux lois, d'abord.
15:10La liberté, c'est de faire ce que les lois permettent.
15:12Ensuite, il faut que les lois, évidemment, soient démocratiques.
15:14Mais c'est ça.
15:16Donc, qu'il y ait une régulation des médias,
15:18c'est normal.
15:20Vous, vous publieriez
15:22ce qu'il y a sur le net ?
15:24Sur la pédocriminalité ?
15:26Sur l'islamisme ?
15:28Il faut réguler le net.
15:30Ce n'est pas porter atteinte à la liberté.
15:32C'est faire en sorte que les lois soient respectées.
15:34Les lois sur la liberté d'expression.
15:36La loi sur la liberté d'expression,
15:38elle existe depuis 1885.
15:40Et personne ne l'a jamais changée.
15:42Parce qu'elle donne satisfaction.
15:44Arnaud Stéphan, on dit souvent,
15:46pourtant, quand même, dans notre société,
15:48alors est-ce que c'est une caricature,
15:50que nos libertés sont menacées de plus en plus ?
15:52Les libertés sont menacées
15:54par des dérives, justement,
15:56de la pureté.
15:58C'est-à-dire que sur le principe
16:00de, vous comprenez,
16:02on doit quand même réguler un certain nombre de choses
16:04sous ce prétexte-là
16:06qui est légitime. C'est-à-dire qu'on n'a pas le droit
16:08de faire des appels à la haine, on n'a pas le droit
16:10d'appeler au meurtre, on n'a pas le droit de faire du racisme.
16:12Et c'est normal. D'accord ?
16:14C'est normal. Il y a une dérive
16:16qui se fait toujours,
16:18c'est que tout d'un coup,
16:20on invente de nouveaux mots.
16:22C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
16:24c'est difficile de dire qu'on est contre l'immigration.
16:26Parce que si on dit qu'on est contre l'immigration,
16:28on dit...
16:30Mais j'entends ça toute la journée,
16:32sur CNews,
16:34en lisant Valences Actuelles,
16:36ils sont contre l'immigration.
16:38Sur le service public, c'est le cas ou pas ?
16:40Mais attendez, est-ce qu'on est libre ou pas ?
16:42Oui, on est libre de dire ça.
16:44Mais le service public, oui,
16:46il y a des gens du Front National qui passent sur le service public tout le temps.
16:48Donc ils ont le droit d'exprimer.
16:50C'est fabuleux, d'accord.
16:52C'est merveilleux.
16:54C'est pour ça qu'il y a des espaces de liberté et des médias
16:56qui, tout d'un coup, se sont développés. C'est parce qu'il y avait un besoin.
16:58Vous le comprenez bien.
17:00Et que ça n'arrange pas.
17:02C'est très récent.
17:04Et ça rend vos amis
17:06malades. Tout le temps, ils sont en train de dire
17:08c'est pas possible, il y a des médias qui se sont développés,
17:10on ne peut pas dire n'importe quoi, etc.
17:12Il y a eu un besoin parce que
17:14il y a une partie des médias
17:16qui sont très corsetés
17:18par, encore une fois,
17:20par un curseur.
17:22C'était pour dire les choses.
17:24C'était peut-être le fameux
17:26politiquement correct que l'on a eu pendant des années.
17:28Il y a un politiquement correct qui existe dans les entreprises également.
17:30Non, ce n'est pas vrai.
17:32Ce n'est pas vrai parce que
17:34je peux vous citer 300 exemples
17:36d'expression.
17:38C'est devenu un pont aux ânes.
17:40Moi, je ne suis pas politiquement correct.
17:42C'est la phrase que j'ai le plus entendue.
17:44Si c'était interdit, je ne l'entendrais pas.
17:46Donc, ce n'est pas interdit. Donc, on l'entend.
17:48On a le droit de le dire.
17:50On a le droit de dire des choses politiquement incorrectes.
17:52Evidemment, si vous commencez à faire des discours racistes
17:54ou des appels aux mœurs, vous tombez sous le coup de la loi.
17:56Ce qui est la moindre des choses.
17:58Je constate que dans l'éventail
18:00des médias,
18:02vous avez maintenant des télés qui sont plutôt d'extrême droite,
18:04vous avez des radios qui sont
18:06droite ou gauche, etc.
18:08Tout le monde est représenté.
18:10C'est une blague, cette histoire
18:12de dire qu'on est opprimé.
18:14Moi, j'entends toute la journée
18:16Zemmour. Il passait tous les jours
18:18à la télé en disant qu'on l'empêchait de parler.
18:20C'est ridicule.
18:22C'est ridicule.
18:24C'est une grotesque.
18:26C'est du baratin pour dire que la démocratie ne fonctionne pas.
18:28C'est dangereux de dire ça parce que du coup,
18:30on finit par faire croire aux gens
18:32que la démocratie et la dictature, c'est pareil.
18:34La seule différence,
18:36c'est que ce dont vous parlez
18:38est composé d'une offre
18:40privée qui s'est créée sur la nécessité
18:42de remplir un besoin.
18:44Vous comprenez, c'est le
18:46système quasiment économique. Il y avait un besoin,
18:48on a créé une offre qui remplissait ce besoin.
18:50Quand il est question
18:52de France Inter,
18:54quand il est question du service
18:56public télévisuel,
18:58c'est beaucoup
19:00plus problématique.
19:02Il y a des règles qui obligent...
19:04Mais non, il y a des règles de rien du tout.
19:06Normalement, il y a des règles de rien du tout.
19:08Il y a des règles qui obligent
19:10le service public
19:12à donner la parole
19:14à tout le monde, y compris
19:16au rassemblement national.
19:18Mais ce n'est pas vrai.
19:20C'est vrai que ce n'est pas vrai.
19:22Ils sont tenus
19:24parce qu'il y a quand même des règles.
19:26Peut-être qu'ils donnent moins la parole
19:28à certaines personnalités.
19:30Il suffit d'écouter
19:32France Inter, France Culture,
19:34la gamme de services
19:36de Radio France.
19:38Ce matin, l'invité de France Inter,
19:40c'était un jeune mec
19:42du Rassemblement National.
19:44Chenu Tanguy.
19:46Un jeune.
19:48C'est ça l'expression libre.
19:50C'est ça l'expression libre.
19:52Il a parlé
19:54pendant 10 minutes à l'heure de la plus grande
19:56écoute, et il avait
19:582 millions de personnes qui l'écoutaient.
20:00Tout le monde se reconnaît dans ces médias-là.
20:02Les gens ne sont absolument pas en colère.
20:04Il n'y a pas 11 millions de gens qui votent pour le Rassemblement National
20:06alors que ça fait des années que tout le monde explique
20:08que c'est mauvais, que ça nous rappelle les heures les plus sombres.
20:10Parce qu'il y a
20:12une vraie exaspération
20:14sur la manière dont, un,
20:16les politiques publiques sont menées, deux, la façon dont les gens sont traités.
20:18C'est pas pour ça qu'ils votent pour le Rassemblement National.
20:20Ils votent à cause du chômage, à cause de l'immigration,
20:22ou à cause des problèmes réels, pas à cause du discours
20:24qu'on entend dans les médias.
20:26Je pense que j'ai raison.
20:28Non mais c'est bien d'être
20:30responsable d'être reconvaincu
20:32pour exprimer le fait que vous étiez d'accord avec vous-même.
20:34C'est important d'ailleurs.
20:36La preuve d'ailleurs qu'on est libre
20:38c'est qu'on n'est pas d'accord.
20:40Et que vous pouvez débattre.
20:42Et c'est ce qu'on essaie de faire
20:44nous justement à Sud Radio.
20:46On a créé aussi Sud Radio pour essayer...
20:48Mais c'est un espace assez rare quand même à Sud Radio.
20:50Oui, c'est possible en tout cas.
20:52Il n'y en a pas énormément, je suis désolé.
20:54La conquête de la liberté, vous allez lire quand même
20:56Arnaud Stéphan, le roman de la France de Mirabeau
20:58à Mitterrand.
21:00Aux éditions Talendiers.
21:02De Laurent Geoffray.
21:04Pour réviser l'histoire de France.
21:06En fait, je ne veux pas laisser
21:08à l'extrême droite le récit national.
21:10Ça a le but.
21:12J'ai fait un récit national républicain.
21:14Mais il est républicain, il n'est pas émourien.
21:16Pour terminer, par rapport à ce
21:18gouvernement, parce qu'on a commencé évidemment sur ce gouvernement,
21:20certains disent qu'il n'ira pas très loin.
21:22Alors c'est toujours difficile
21:24de formuler un pronostic
21:26rapport à la réalité. Laurent Geoffray.
21:28J'en suis pas sûr parce que
21:30c'est comme dans les échecs, il faut voir le coup d'après.
21:32On renverse le gouvernement.
21:34Donc le RN et la gauche
21:36se mettent d'accord pour
21:38renverser le gouvernement. Mais qu'est-ce qu'on fait après ?
21:40Qui on met à la place ?
21:42C'est quoi l'autre majorité ?
21:44C'est le NFP.
21:46Le NFP sera victime d'une motion de censure tout de suite.
21:48Probablement. Donc ce n'est pas une alternative.
21:50Du coup, il n'y en a pas ?
21:52Oui, sauf qu'à la semblance...
21:54On met le RN au pouvoir, c'est ce qu'on veut.
21:56Pour les idéologues
21:58de l'ultra-gauche
22:00ou pour une partie,
22:02on va dire,
22:04je n'arrive pas à quantifier, d'un certain nombre de députés
22:06RN, dont je vois que d'ailleurs
22:08la phrase zéologie
22:10est un peu différente de celle de leur président.
22:12D'ailleurs, ils parlent de dépasser,
22:14d'une vie très courte,
22:16qu'il va falloir mettre fin à ça.
22:18Ils s'en moquent, en vérité, de tout ça.
22:20Eux, l'objectif, c'est de pousser
22:22éventuellement, et assez vite,
22:24à la démission du président de la République.
22:26Et donc de le mettre dans un
22:28corner qui l'obligera à démissionner.
22:30Est-ce que la gauche a intérêt ?
22:32Mélenchon, oui.
22:34Est-ce que la gauche a intérêt ?
22:36Il faut que la gauche dans son ensemble vote avec le RN.
22:38Voilà.
22:40C'est pour ça d'ailleurs qu'elle n'est pas...
22:42Si on pousse Macron encore, faut-il qu'il démissionne ?
22:44Ce n'est pas évident. Imaginons qu'il démissionne,
22:46on va se retrouver avec un duel Mélenchon-Le Pen.
22:48On a envie de ça.
22:50Merci à tous les deux, Laurent Geoffrin, Arnaud Stéphan.
22:52Je pense qu'on va continuer d'en parler dans un instant
22:54avec Valérie Expert et
22:56Gilles Gansman, évidemment, dans tous les programmes de
22:58Sud Radio.

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