Avec Guillaume Dewevre, Secrétaire Général UFMLS (Union française pour une médecine libre Syndicat)
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00:00Soudradio, il est à 6h50 bientôt, c'est bon à savoir, va-t-on vers la fin du secret médical ?
00:10Question posée alors qu'un nouveau décret oblige désormais les médecins à préciser sur vos ordonnances la maladie dont souffrent leurs patients, dont vous souffrez.
00:20Bonjour Guillaume Devevre.
00:21Bonjour à vous.
00:23Et merci d'être avec nous sur Soudradio, ce matin vous êtes le secrétaire général de l'Union française pour une médecine libre, syndicat.
00:31Vous êtes en colère contre ce nouveau décret, vous allez nous dire pourquoi dans quelques instants, mais d'abord, qu'est-ce qu'il contient précisément ce décret qui a été publié d'ailleurs au journal officiel ?
00:42Alors ce décret signé par le Premier ministre Michel Barnier en date du 30 octobre, contient le fait que les médecins devront pour l'article 73 de la loi de financement de sécurité sociale de 2024,
00:56détailler et indiquer pourquoi nous avons prescrit certains médicaments en dispositifs médicaux.
01:03Ces médicaments en dispositifs médicaux devront s'inscrire dans ce qu'on appelle l'indication thérapeutique remboursable et répondre aux recommandations HHS.
01:11Pour bien comprendre, ça veut dire qu'on parle de quelle pathologie, de quel type de médicaments précisément Guillaume Devevre ?
01:18Alors la liste n'est pas encore étayée, l'ACNAM parle de médicaments onéreux ou faisant l'objet de mésusages,
01:26il faut bien comprendre qu'aujourd'hui le décret dit que nous devons indiquer sur l'ordonnance ou de manière dématérialisée via Amélie ou sur un gif catif associé à l'ordonnance,
01:35finalement le diagnostic médical et c'est cela qui a créé finalement cette fronde d'une majorité de médecins puisque ça entraînera de fait une surcharge administrative,
01:46une perte de temps médicale, nous devrons encore remplir des papiers pour justifier une prescription,
01:51ça entraînera également une perte de chance pour les patients puisque tout ce temps dévolué administratif c'est du temps médical en moins,
01:58et surtout ce décret finalement n'est pas qu'une manière de devoir justifier nos prescriptions mais c'est aussi une double peine pour les médecins et pour les patients.
02:07Pourquoi une double peine ?
02:09Puisque en conscience si un médecin prescrit un médicament à un patient en dehors des recommandations strictes de l'HHS ou de l'ITR, il pourra se voir exposer des indûs,
02:19et a contrario s'il décide que le médicament est nécessaire au patient mais qu'il ne s'inscrit pas dans les recommandations,
02:24alors le patient devra lui payer ce médicament puisqu'il sera non remboursable,
02:30ce qui augmentera le reste à charge des patients qui seront forcément les premières victimes de ce décret d'habitation.
02:36En fait on vous met un petit peu sous surveillance pour des raisons d'économie quoi ?
02:41Alors effectivement vous avez parfaitement raison, c'est une mise sous tutelle de nos prescriptions qui est évidente et qui répond à des mesures de restrictions budgétaires.
02:51Prenons quelques exemples par exemple, nous avons des anti-diabétiques de nouvelle génération, l'Ozempic et le Trulicity,
02:58qui sont très surveillés par l'assurance médicale, ces médicaments on ne les trouve plus actuellement en pharmacie,
03:03pas parce qu'ils sont trop prescrits, parce que l'on fait face finalement à un défaut de stock, à un défaut d'approvisionnement des pharmacies,
03:09mais qui n'est pas le fait des médecins.
03:12On se dit bien aussi que ce décret, qui dans la liste encore une fois je le rappelle n'est pas encore détaillé,
03:18va tendre à intégrer des médicaments sous tension.
03:21Est-ce que l'on devra justifier nos prescriptions de Ventoline pour les patients asthmatiques,
03:25ou d'Augmentin pour les infections pulmonaires ou digestives ou urinaires de nos patients ?
03:30C'est absolument aberrant.
03:32C'est pour gérer les pénuries presque c'est ça ?
03:35On peut se poser la question, si finalement obliger les médecins à signer l'ordonnance,
03:41en plus d'être une mise sous tutelle et de répondre à une contrainte budgétaire,
03:46n'est pas aussi une manière détournée de gérer la pénurie,
03:49qu'il y ait surtout un défaut de souveraineté nationale, que l'on connaît tous,
03:53par la désinstabilisation, par le fait que nous ne produisons plus en France le principe actif,
03:58puisqu'il y a également aussi une mise en tension du marché mondial du médicament,
04:02et également un aspect notable, en France nous achetons les médicaments moins chers que la moyenne européenne.
04:08Est-ce que derrière tout cela, il y a un véritable risque pour le secret médical ?
04:13Est-ce que finalement c'est une première étape vers la fin de ce secret médical ?
04:17C'est ça aussi ?
04:18Alors effectivement, c'est ce que nous redoutons évidemment,
04:22il y a un risque du secret médical, c'est-à-dire que vous imaginez bien que nous médecins,
04:27vous patients face à nous, lorsqu'on écrira que vous avez besoin de tel médicament pour telle pathologie,
04:31si c'est par voie dématérialisée, très bien, mais qui va traiter à l'ACNAM cette information sur le diagnostic médical du patient qui est face à nous ?
04:38Si c'est inscrit sur l'ordonnance comme le prévoit initialement le décret ou sur un papier associé à l'ordonnance,
04:43qui va le traiter à la pharmacie et à qui ce sera adressé ? Pour l'instant nous n'en savons pas plus.
04:48Donc oui, le secret médical actuellement est remis en cause.
04:52Et au-delà de ça, il y a aussi cette question de la liberté de prescription et l'indépendance d'exercice.
04:57Il faut bien comprendre que les recommandations HAS doivent rester des orientations.
05:01Elles doivent effectivement nous permettre de tendre une prescription la plus justifiée possible.
05:06Mais nous répondons aussi aux recommandations de sociétés savantes qui ne sont pas toujours en équation avec les recommandations HAS.
05:12Et ça pose aussi cette question-là. Merci beaucoup Guillaume Devev d'avoir été avec nous pour nous expliquer tout cela.
05:17Je rappelle que vous êtes secrétaire général de l'Union française pour une médecine libre. Très bonne journée à vous.