• il y a 2 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05On commençait à en parler il y a quelques minutes, toujours avec Jules Torres, avec Paul Melun dans ce studio.
00:09Visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc à partir de demain et pour trois jours.
00:13Il y a un sujet épineux qui sera au cœur des discussions, la question migratoire et les renvois notamment des déboutés du droit d'asile.
00:19Parce que ça fait plusieurs années que Rabat ne fournit plus les laissés-passer consulaires nécessaires à tout renvoi effectif d'exilés sous OQTF.
00:26Alors ça devrait aller mieux puisque les relations entre Mohamed VI et Emmanuel Macron se sont un petit peu réchauffées, Paul Melun.
00:33Oui, c'est le moins qu'on puisse dire et c'est une très bonne nouvelle.
00:35Alors effectivement, il faut à mon avis mettre un peu d'espoir dans la relation franco-marocaine puisqu'on a reconnu le Sahara occidental.
00:41C'était une vieille demande du Maroc. Un certain nombre d'autres pays l'avaient fait avant nous.
00:46Et c'est très, très important parce qu'à partir de la reconnaissance du Sahara occidental, nous pouvons demander aussi au service marocain...
00:53De la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental qui était disputé depuis fort longtemps. Je ne refais pas l'histoire mais c'est effectivement très important pour le royaume du Maroc.
01:01Et ça resserre les liens avec le Maroc, entre la France et le Maroc, et ça desserre un peu aussi les liens entre la France et l'Algérie.
01:07Parce qu'évidemment, dans la zone, les Algériens n'avaient absolument pas envie que le Maroc puisse avoir la reconnaissance du Sahara occidental.
01:14Donc ça, c'est un premier point. Et grâce à ce point-là, nous allons pouvoir, nous Français, discuter avec nos diplomates de façon extrêmement sérieuse avec le Maroc sur le sujet des OQTF,
01:25sur la coopération par rapport aux groupes terroristes qu'il peut y avoir dans la zone sahédo-saharienne parce que là, il y a véritablement des choses à faire.
01:33Et ensuite, réfléchir aussi sur la question de la drogue parce qu'évidemment, il y a un certain nombre de produits qui nous arrivent du Maroc.
01:40Donc il faut réfléchir à cela. Il faut le préparer. Le pont avec Gibraltar, il est fondamental pour toute l'Europe.
01:45Donc ce qu'a fait la France par rapport au Maroc, ça vaut aussi pour toute la zone de l'Union européenne.
01:49Donc il faut vraiment travailler là-dessus. Moi, je pense qu'il faut mettre beaucoup d'espoir dans cette relation-là.
01:54Ça ne veut pas dire qu'il faut délaisser la relation avec l'Algérie. Il faut la travailler aussi parce que de toute façon, avec l'ensemble des pays du Maghreb,
02:00il y a cet enjeu sur le retour des OQTF. Et il y a un double enjeu d'ailleurs.
02:03Retour des OQTF et le départ des migrants, sachant que tous ces pays-là d'Afrique du Nord, ils recueillent aussi un certain nombre de migrants d'Afrique subsaharienne.
02:10Parfois dans des conditions d'ailleurs déplorables. C'est moins le cas du Maroc que d'autres pays du Maghreb.
02:15Mais là, véritablement, on est vraiment... On parlait tout à l'heure du narcotrafic.
02:18Là, on est vraiment aux racines de nos enjeux, aux racines des problèmes de demain, aux racines des défis d'avenir.
02:24Donc, déclarer la guerre, etc., avoir des formules choc sur les racailles ou je ne sais quoi.
02:29Bon, pourquoi pas, c'est très bien. Et Bruno Retailleau, du reste, a raison de s'investir là-dessus.
02:33Mais il faut vraiment travailler sur les racines.
02:36Pression sur les pays émetteurs d'immigration, pression pour qu'ils reprennent leurs ressortissants.
02:40Pour moi, c'est le nerf de la guerre.
02:42Si on ne travaille pas là-dessus, on peut toujours aller envoyer je ne sais combien de policiers ou je ne sais combien de gendarmes dans nos sous-préfectures.
02:47Ça ne servira à rien.
02:48Ça ne servira à rien.
02:49Il faut couper les racines du mal.
02:50Oui, Jules Torres, alors, sur cette visite d'État et surtout sur les dossiers épineux, ça pourrait bouger peut-être ?
02:55J'espère que ça va bouger parce qu'aujourd'hui, la France donne 238 000 visas au Maroc.
03:01Pour combien de laissés-passés consulaires chaque année ?
03:04800.
03:05Vous vous rendez compte du décalage ?
03:06Bien sûr.
03:07Le décalage est immense.
03:08Le problème, c'est que le Maroc ne veut pas récupérer ses délinquants étrangers.
03:14Aujourd'hui, on a 25 % d'étrangers en prison.
03:17Vous croyez que le Maroc veut récupérer ces étrangers-là ?
03:20Non.
03:21Mais veulent-ils récupérer, par exemple, le meurtrier présumé de Philippines qui est marocain, qui n'avait rien à faire en France ?
03:28Non, ils ne veulent pas.
03:29Donc, qu'est-ce qu'on offre aujourd'hui aux Marocains ?
03:31Rien.
03:32Rien.
03:33On a offert quand même la reconnaissance du sort occidental.
03:36C'est déjà beaucoup.
03:37Je suis bien d'accord, Paul.
03:38Mais il faut accélérer sur cette question-là.
03:40Il y a plusieurs leviers.
03:41Il y en a trois.
03:42Il y a les douanes.
03:44On n'en parle jamais.
03:45C'est-à-dire ?
03:46C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la France laisse au Maroc un désavantage sur les droits douaniers.
03:53Il y a un deuxième levier qui est celui de l'aide au développement.
03:57Chaque année, on donne des millions d'euros au Maroc.
04:00C'est très simple.
04:01S'ils ne veulent pas accepter nos laissés-passer consulaires, nous les délivrer, on arrête tout ça.
04:06Et le troisième, c'est évidemment les visas.
04:08Comment on peut tolérer qu'on donne 238 000 visas pour seulement 800 laissés-passer consulaires ?
04:15Aujourd'hui, le Maroc est le pays qui nous laisse expulser le moins.
04:20Alexis de La Fontaine nous le racontait tout à l'heure.
04:222,4 % des OQTF.
04:24Même les Algériens et les Tunisiens font mieux.
04:27À un moment donné, c'est une situation qui n'est évidemment plus donnable.
04:31Certes, la coopération franco-marocaine sur le trafic de drogue fonctionne très bien.
04:35Mais on ne peut pas les laisser continuer à nous mener en bateau sur la question de l'immigration.
04:41Ce sera la mission du président de la République.
04:43Ce sera la mission de Bruno Roteuilhau.
04:45Je peux vous dire que Bruno Roteuilhau arrive avec des objectifs.
04:47Il est en soutien du président de la République.
04:49Ce n'est pas son déplacement.
04:51Mais il va arriver avec des objectifs et il veut des résultats concrets.
04:53Est-ce qu'on peut obtenir des résultats ?
04:55Vous pensez, Paul Melun, que c'est très compliqué.
04:57Mais il a raison, on ne peut pas laisser le Maroc accepter le moins possible d'OQTF.
05:03Après, il faut voir qu'avec le Maroc, la France a une relation singulière dans tous les pays du Maghreb.
05:08Parce qu'il n'y a pas de relation de colonisation comme avec l'Algérie.
05:12C'était un protectorat.
05:14Précisément, vous avez raison.
05:16Il n'y a pas de revendications décolonialistes.
05:18Il y a beaucoup d'amitié.
05:20Il y a beaucoup de familles franco-marocaines.
05:22Les élites dirigeantes du Maroc connaissent la France par cœur.
05:24Les élites françaises connaissent aussi très bien le Maroc.
05:26Donc, toute cette relation-là, elle doit nous porter.
05:29Un autre argument qui, à mon avis, sera cité par les diplomates français vis-à-vis du Maroc,
05:33c'est de dire, écoutez, regardez aussi la façon dont vous, vous gérez les frontières.
05:36Quand vous arrivez à un aéroport au Maroc,
05:38le temps que vous attendez pour montrer vos papiers, c'est incroyable.
05:41Là-bas, il y a une vraie protection des frontières.
05:43Frontières extérieures vis-à-vis des Européens qui arrivent au Maroc
05:46et que dire vis-à-vis du reste de l'Afrique.
05:48Donc, le Maroc sait se comporter, je dirais, en souverainiste.
05:52En tout cas, en protectrice de ses frontières.
05:54C'est une nation qui sait protéger ses frontières.
05:56Donc, à un moment donné, nous, en France,
05:58ça ne peut pas être open bar toute l'année, si vous voulez,
06:00quand en face, vous avez des pays qui ont garanti, consacré leur indépendance et leur souveraineté.
06:05Donc, en parlant ce langage de vérité avec ce pays, le Maroc, qui est un pays ami,
06:09on peut réussir à avoir des résultats plus encore que par rapport à d'autres pays
06:13avec lesquels le rapport de force aura plus d'importance.
06:16Sur l'aide au développement, Julien en a parlé.
06:18Pourquoi pas geler les transferts d'argent, c'était proposé par Montebourg, la Western Union, etc.
06:22Il y a des mesures plus restrictives, plus dures, plus rudes qui peuvent être mises en place.
06:26Le Maroc, on n'en est pas là. Il faut d'abord apaiser les choses.
06:29C'est ce qui a été fait avec la reconnaissance du sart occidental et c'est une très bonne chose.
06:32Oui, il fallait imposer d'abord les relations avec le Maroc,
06:35les relations qui s'étaient dégradées.
06:37Le Maroc qui nous regarde aussi avec des yeux.
06:39Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette séquence, cet été, pendant les vacances,
06:42où il y avait quelques Français qui étaient allés au Maroc, qui avaient semé la zizanie.
06:48Ça avait fleuri sur les réseaux sociaux.
06:50En fait, les Marocains ne veulent pas de ces Français-là ou de ces...
06:54Mais c'est exactement ce que je vous disais.
06:56Alors là, on ne parle pas forcément de délinquants qui ont été condamnés.
06:59Mais c'est qu'aujourd'hui, on a une immigration de la deuxième, troisième génération.
07:04Vous voyez très bien de quoi je parle, de ces vidéos.
07:07Je vois très bien de quoi vous parlez, Pascale.
07:09C'est-à-dire que c'est des jeunes Marocains, français d'origine marocaine,
07:15qui retournent au Maroc et qui foutent le bordel.
07:18Qui font des rodeos dans les rues, ça ne passe pas au Maroc.
07:21C'est exactement ce que je vous disais précédemment.
07:23C'est que le Maroc n'en veut plus.
07:25Ils ne veulent plus de ces racailles.
07:28Ils ne veulent plus de personnes qui foutent le bordel.
07:30Et donc, évidemment, ils ne veulent pas récupérer, par exemple,
07:33leurs ressortissants qui, aujourd'hui, posent problème à la France.
07:36Et ça va être tout le débat de cette visite d'Emmanuel Macron.
07:39C'est forcer la main, forcer le Maroc à récupérer certains de leurs ressortissants
07:44qui, malheureusement, n'ont rien à faire aujourd'hui en France.
07:47Et c'est compliqué quand on est le Maroc qui veut de plus en plus être un État,
07:52non pas démocrate, mais qui s'aligne plutôt avec le respect de ses règles,
07:58le respect des us et coutumes qui, aujourd'hui, font le Maroc.
08:04Et non, ils ne veulent pas. Ils ne veulent pas les récupérer.
08:07Donc, ça va être l'objectif d'Emmanuel Macron.
08:09Ça va être l'objectif de Morito Roteo.
08:11C'est évidemment un dossier qui est très, très complexe,
08:14qui nécessite, aujourd'hui, une visite d'État.
08:16Mais c'est très important.
08:18Ça va durer trois jours. On va la suivre avec beaucoup d'intérêt.
08:20C'est sans doute l'un des déplacements les plus importants d'Emmanuel Macron
08:23depuis qu'il a été réélu.
08:24Et j'espère qu'Emmanuel Macron ne va pas tomber dans la caricature,
08:30dans la petite polémique, dans les outrances.
08:33Car ces dernières semaines, depuis la dissolution d'ailleurs,
08:36Emmanuel Macron a multiplié les polémiques.
08:38On les a beaucoup commentées ici, que ce soit sur Israël, que ce soit sur le budget.
08:43Les Français en ont un petit peu ras-le-bol de l'expression d'Emmanuel Macron,
08:48de ses sorties.
08:49Il a une cote de popularité qui est au plus bas.
08:51La semaine dernière, on l'a calculé avec l'IFOP, 22% de soutien.
08:54C'est le score le plus bas depuis François Hollande,
08:58qui était à 12% à l'automne 2014.
09:01Donc voilà, le Président de la République,
09:03il doit rester sur une ligne de fermeté.
09:05Il sera accompagné de Bruno Retailleau.
09:07On espère que ce duo Beauvau-Élysée arrivera à avoir des résultats.
09:13Rendez-vous la semaine prochaine.
09:15Voilà, parce que vous êtes attendus ailleurs.
09:16Je crois qu'il va falloir y aller.
09:19Je reste avec vous jusqu'au bout.
09:21Il ne peut pas se passer de vous.
09:23Les paroles, les paroles.
09:25Encore et toujours, les paroles.
09:27Il va falloir y aller.
09:29Merci beaucoup en tout cas, Jules Torres-Polmelin,
09:31d'avoir été en direct avec nous sur Europe 1.
09:34Il est 19h57, dans un instant, sur Europe 1.
09:38Philippe Lelouch, comédien entre autres, réalisateur, humoriste.
09:44Philippe Lelouch sera mon invité.
09:47Vous allez entendre ces mots très forts.
09:49C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
09:51Pas de « aides » du tout.
09:53Plutôt un appel au calme.
09:55Philippe Lelouch qui va répondre à mes questions
09:59à propos de la montée de l'antisémitisme en France,
10:01à propos des mots d'Emmanuel Macron,
10:03à propos de la situation de la communauté juive en France.
10:07Philippe Lelouch est mon invité à 20h12.

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