Connaissez-vous l’INRS ? L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles est un partenaire incontournable des entreprises publiques comme privées. Stéphane Pimbert, son directeur général, nous explique le périmètre d’action de cette association loi 1901.
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00:00Générique
00:12Le Cercle RH est un grand entretien aujourd'hui pour mettre en lumière une institution, l'INRS.
00:19Est-ce que vous en avez entendu parler ? On va en parler avec son directeur général Stéphane Pimbert.
00:24Bonjour Stéphane. Bonjour.
00:25On est très heureux de vous accueillir. Alors est-ce que vous, le directeur, vous pouvez nous détailler l'acronyme INRS ?
00:31Et puis je donnerai quelques éléments de contexte chronologique.
00:34Alors INRS veut dire Institut National de Recherche et de Sécurité, mais au sens de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
00:46Ça, c'est l'histoire. C'est créé en 47 sous l'égide de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie.
00:53Elle a des règles déontologiques d'impartialité, c'est important. C'est un organisme paritaire, syndicats patronaux et salariaux ainsi que les ministères de référence.
01:02Et l'objectif, c'est la gestion des branches accidents du travail et de maladies professionnelles, puisqu'il y a quand même des enjeux de branches.
01:10À l'origine, et on va en parler, l'institution s'occupe quand même de tout ce qui est accidents du travail et risques physiques à l'origine.
01:19Oui, à l'origine, les fondateurs, vous l'avez dit, ce sont les partenaires sociaux, c'est-à-dire syndicats de salariés et syndicats patronaux.
01:29Au sortir de la guerre.
01:30Après la création de la Sécu, qui a été créée en 45, là c'est en 47 pour l'INRS.
01:36Et la mission qui a été donnée à l'INRS, c'est la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
01:43Avec un périmètre qui est celui de la sécurité sociale de l'époque.
01:48Et maintenant, c'est environ 20 millions de salariés, donc la majorité des salariés.
01:51On exclut quand même les fonctions publiques et le régime agricole, mais c'est l'ensemble des salariés, j'allais dire, du secteur privé schématiquement.
02:00Donc c'est 20 millions de salariés.
02:03Et l'objectif, c'est vraiment d'être un centre de ressources pour essayer de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles.
02:12Les accidents du travail en 47, c'est principalement des bras coupés, des mains coupées dans les machines.
02:19Plus de protection sur les cibles.
02:21Voilà, c'est ça, des mines qui s'écroulent, etc.
02:24Ce sont vraiment des accidents très très physiques.
02:27On va voir après que les accidents, ils ont évolué avec la société.
02:31Ils évoluent avec la société, ils évoluent aussi avec l'arrivée du plastique, de la chimie, des pollutions, avec les sites CVSO.
02:40Et là aussi, l'INRS intervient.
02:42Oui, alors ils évoluent avec, j'allais dire, l'évolution de la société et de l'économie.
02:47L'économie, elle est devenue en partie autour des substances chimiques.
02:51Donc ça, c'est une grande partie de notre activité, la prévention des risques chimiques.
02:56C'est à peu près 30% de l'activité.
02:58Mais il y a aussi une évolution vers le tertiaire.
03:00L'économie française, elle s'est tertiarisée.
03:03Elle est venue de plus en plus vers les banques, les assurances.
03:06C'est une volonté politique.
03:07Il y avait une volonté de passer du col bleu au col blanc.
03:10Alors, je ne sais pas s'il y avait la volonté politique.
03:12Mais en tout cas, je ne connais peut-être pas assez bien l'histoire économique.
03:15Mais en tous les cas, il y a une évolution concrète des entreprises en France
03:20et de l'économie française vers la tertiarisation.
03:22Même s'il reste encore des activités complètement industrielles.
03:25On a du temps, évidemment, pour essayer de comprendre l'INRS.
03:28Puisque c'est aussi une manière pour vous de mettre en lumière l'institution.
03:31Je trouve que c'est une très belle institution qu'il faut valoriser.
03:35Un mot sur votre événement du 14 novembre.
03:38Parce que c'est aussi la volonté pour vous, et votre présence le prouve,
03:41de mettre en lumière l'institution.
03:43De dire, on existe, on est au service des entreprises, on peut vous accompagner.
03:47Est-ce que c'est ça le message ?
03:48Oui, le message, c'est vraiment que l'INRS est là pour aider les entreprises.
03:53Alors, quand on dit les entreprises, c'est à la fois les employeurs et les salariés.
03:56Entreprise avec les deux éléments, ou deux ensembles.
04:01Et on est là à titre gratuit pour les entreprises.
04:05Toute notre documentation, tous nos travaux,
04:08tout notre site internet, toutes nos brochures, toutes nos vidéos,
04:12sont là pour aider les entreprises, employeurs et salariés, et à titre gratuit.
04:17Et ça, c'est notre mission, qui est une mission d'intérêt général.
04:20On reçoit pour ça un financement qui vient schématiquement du Fonds national des actions du travail,
04:26via la Secrète sociale.
04:27Pour la prévention.
04:28Pour la prévention.
04:29Et donc, on a ce rôle d'intérêt général pour les entreprises et pour les salariés.
04:34On reçoit beaucoup, alors on a bien vu qu'il y avait les enjeux d'accidentologie physique,
04:37mais il y a aussi aujourd'hui, et vous le découvrez et vous l'adressez,
04:40dans ces organisations tertiaires, les burn-out, les dépressions,
04:44les organisations qui impactent le psychisme et la santé mentale des collaborateurs.
04:49Ça aussi, vous l'adressez.
04:50Oui, j'ai évoqué un petit peu l'aspect historique et l'évolution de la société.
04:54Nous, on est là pour aider les entreprises, aider les salariés,
04:58donc on suit l'évolution de la société.
05:00J'ai parlé en 1947-1950 des aspects des machines, des risques liés aux machines, aux mines, etc.
05:06Mais évidemment, il y a tout un aspect qui a évolué vers le risque chimique, on l'a dit,
05:11mais aussi vers tout ce qui est lié à ce qu'on appelle les risques psychosociaux,
05:16les burn-out et autres.
05:18Et ça, c'est une évolution forte.
05:20Pas simplement depuis quelques années, mais depuis au moins une dizaine d'années,
05:24l'évolution forte.
05:25Ça, vous le sentez à l'INRS ?
05:26Oui, on le ressent.
05:27On le ressent dans les entreprises.
05:29On le ressent dans les entreprises, c'est très net.
05:31Et c'est une évolution dans la société aussi, mais qui se voit dans les entreprises.
05:35Et donc, dans notre activité, c'est l'activité la plus récente qu'on ait largement développée
05:41et que l'on veut encore développer.
05:43On a un conseil d'administration qui souhaite que l'on soit très présent pour aider les entreprises sur ces sujets-là.
05:49Et c'est important parce que les entreprises sont presque plus démunies sur les aspects liés aux risques psychosociaux
05:55que sur les aspects d'accidentologie et équipement de protection individuelle ou collective.
06:03De vous à moi, ce qui est plutôt bon signe d'ailleurs, ça veut dire que l'INRS a fait aussi un sacré boulot
06:07de prévention, d'explication, que les règles de sécurité sont globalement respectées.
06:13Oui, les systèmes d'arrêt d'urgence sur les machines, il y en a partout maintenant.
06:19Les machines sont conçues comme ça.
06:22Et puis, si vraiment il y avait besoin de concevoir autre chose après, c'est rajouté.
06:27Donc, il y a vraiment tous ces systèmes physiques de système d'arrêt d'urgence
06:31ou de détection des personnes autour des machines, autour des engins dans le BTPO.
06:36Ça, c'est fait.
06:37Ça existe et ça marche bien. Pour les machines, ça marche bien.
06:41Le chemin qui reste à faire, c'est les sujets dont vous évoquez depuis une dizaine d'années,
06:45sur lesquels, comment on adresse ? Parce que l'entreprise revient vers l'INRS en disant
06:49qu'on est démuni, qu'on ne sait plus quoi faire, qu'on a des salariés désengagés,
06:53des salariés qui sont en dépression. Qu'est-ce que l'INRS peut faire ?
06:57Nous, on essaie d'intervenir avant que l'entreprise nous dise qu'on a des salariés en dépression.
07:01On essaie de lui donner des conseils pour justement identifier les signaux faibles
07:06de ces salariés par des taux d'absentéisme, par des attitudes, etc.,
07:11qui vont donner ces éléments d'attention à l'entreprise avant même qu'elle ait trop d'absentéisme
07:17et trop de problèmes liés au burn-out, voire plus grave, parfois, avec la santé des salariés.
07:23Deux sujets, les polluants, on l'évoquait, les polluants éternels et le climat et les enjeux environnementaux.
07:28Puisqu'on parle du mental, mais notre mental est aussi très impacté par les enjeux climatiques.
07:33Sur le climat, là aussi, vous faites de la prévention, les bonnes pratiques, comment on fait à l'INRS ?
07:38On fait des bonnes pratiques. On est toujours dans le cadre de l'entreprise,
07:43on n'est pas dans le cadre du citoyen.
07:46C'est compliqué, là.
07:47Mais par exemple, des problèmes très concrets, c'est comment est-ce que des voitures électriques sont réparées par des garagistes ?
07:55C'est vrai.
07:56Qui, eux, avaient l'habitude de réparer des voitures électriques.
08:01On a traité le sujet il y a quelques jours.
08:03On leur donne les conseils. Comment est-ce que des parkings gèrent les voitures électriques ?
08:08Comment est-ce qu'on gère l'entretien des éoliennes sans prendre de risque ?
08:12C'est un moteur qui est à 100 mètres de haut.
08:14C'était innovateur quand ça a commencé à arriver.
08:16Maintenant, on sait faire.
08:18Maintenant, il y a l'ascenseur, etc.
08:21Mais quand même, il y a peu de place.
08:23Au début, il n'y avait pas d'ascenseur.
08:24Au début, il n'y avait pas d'ascenseur et il y avait des problèmes cardiaques.
08:26Notre rôle, c'est justement d'essayer d'amener ces éléments de prévention par rapport aux nouvelles technologies qui arrivent.
08:35Et dans les nouvelles technologies, il y a des nouvelles technologies qui sont liées au climat,
08:39qui amènent des risques pollutionnels liés au climat.
08:41Il y a des nouvelles technologies comme les soudures aux champs électromagnétiques, par exemple,
08:45qui sont très puissantes, sur lesquelles on intervient en expliquant comment il faut travailler dans ces cas-là.
08:50Mais qu'on entende bien, il y a 600 salariés à l'INRS.
08:54Arrêtez-moi si je me trompe dans mes chiffres.
08:56Sur deux sites, avec toute la palette.
08:58Vous apportez du conseil et de l'accompagnement.
09:01On est bien d'accord, puisque vous n'êtes pas là pour sanctionner.
09:04Ce n'est pas vous qui dites, attendez, vous n'avez pas mis votre harnais, ça ne marche pas.
09:07Ce n'est pas votre boulot, pour être bien clair.
09:09Il y a des institutions qui font ce travail-là.
09:12Il peut y avoir l'inspection du travail, évidemment, qui a ce rôle-là.
09:16Il y a les caisses régionales de santé au travail, les CARSAT, qui ont ce rôle-là aussi,
09:22d'aller dans les entreprises, de conseiller les entreprises.
09:24Nous, on est plus le centre de ressources qui va informer et qui va donner des conseils.
09:29Alors conseil, encore une fois, toujours à titre gratuit.
09:31On n'est pas un cabinet de conseil.
09:33Mais dans un but d'intérêt général, expliquer aux entreprises ce qu'il faut faire
09:36pour essayer d'éviter ces maladies professionnelles et accidents du travail.
09:41L'événement du 14 novembre, pour vous, c'est quoi l'esprit ?
09:44C'est donner de la visibilité à l'institution ?
09:46L'événement du 14 novembre, c'est de réfléchir à ce que seront les accidents du travail
09:52ou la santé au travail dans 20 ans, 30 ans.
09:55C'est-à-dire, à quoi est-ce qu'on doit s'attendre dans 20 ans, 30 ans ?
10:00Et ça, on le fait avec 22 pays.
10:02Il y aura 22 nationalités qui seront représentées.
10:05Et Américains, Anglais, etc.
10:08On réfléchit ensemble.
10:09On réfléchit ensemble.
10:10Et qu'est-ce qu'on voit venir sur la santé au travail dans les 20 prochaines années ?
10:14Sans défleurer l'événement du 14, vous avez déjà une petite idée de ce qu'on voit venir.
10:18On parle du climat.
10:19On évoque l'IA qui va être un élément très central dans la vie des collaborateurs.
10:24Est-ce qu'on a déjà un peu de prospectif sur les enjeux, sur les impacts sur les collaborateurs ?
10:28Oui.
10:29Sur les collaborateurs, oui.
10:30Et puis surtout sur la prévention.
10:32C'est-à-dire qu'on commence à voir l'apport de l'IA sur la prévention.
10:36Tout ce qui est élément de données de prévention,
10:38élément sur les maladies, sur les accidents, comme outils surtout.
10:41C'est surtout cet élément-là qu'on commence déjà à voir très concrètement.
10:45Pour avoir une analyse encore plus fine grâce à l'IA, à la data ?
10:49Surtout plus performante.
10:51Plus fine, mais surtout beaucoup plus performante puisque les données seront apportées par la data.
10:56Un dernier mot sur ces fameux polluants éternels.
10:59Comment vous faites ?
11:01Parce qu'on a une photographie sur ces polluants éternels qui inquiète de plus en plus le grand public.
11:06On ne peut pas interdire à une entreprise de ne pas utiliser ce produit
11:09parce qu'elle vous explique que si elle n'utilise pas, elle met la clé sous la porte.
11:12Globalement, c'est un peu ça l'idée.
11:14Je ne vous vois pas sourire là.
11:17Ce n'est pas tout à fait qu'on ne peut pas interdire.
11:21Parce qu'on peut quand même interdire certaines substances.
11:24Enfin, pas nous INRS, mais les États peuvent interdire certaines substances.
11:28Nous, on peut indiquer à l'État qu'on a fait des études sur tel ou tel produit utilisé dans telle entreprise
11:35ou dans telle industrie et indiquer qu'il est dangereux pour la santé des salariés.
11:40On peut également indiquer à l'entreprise comment protéger soit collectivement, soit individuellement ses salariés.
11:47Soit par des systèmes collectifs, soit par des systèmes individuels.
11:52Donc ça, on peut aider l'entreprise par rapport à ça.
11:56Ce n'est pas nous qui interdisons, mais on peut donner les conseils pour éviter les maladies professionnelles qui vont arriver
12:03et qui, dans ces cas-là, seront très souvent des cancers avec un décalage pour les salariés.
12:09Vous ne m'avez pas répondu. Le 14 novembre, vous allez vous connecter avec 22 autres pays.
12:13Ils seront présents en grande partie.
12:15En grande partie. Quand je dis se connecter, c'est connecter les cerveaux pour penser demain.
12:19Ce n'était pas de la visio, même si on a fini par s'y faire.
12:23C'est quoi les grands sujets sur lesquels d'autres pays développés comme le nôtre
12:27commencent à réfléchir comme risque potentiel ou futur sujet essentiel ?
12:32Futur sujet, il y a l'IA pour tout le monde.
12:35Il y a le climat.
12:37Comme outil, pas comme danger.
12:39Oui, comme outil.
12:40C'est important de le préciser.
12:41Le danger, on commence à se poser des questions par rapport à l'attitude des salariés, etc.
12:45Mais pour l'instant, c'est quand même comme outil.
12:48Mais il y a tout ce qui est des règlements climatiques.
12:50Ça, c'est un vrai problème.
12:52On commence à s'en apercevoir dans la société.
12:54Mais on l'aura aussi par rapport aux entreprises.
12:58Et puis, d'autres produits chimiques qui vont arriver.
13:01Qu'est-ce qui va arriver comme produit chimique ?
13:03On s'est posé la question il y a quelques années des nanoparticules, par exemple.
13:07C'est quelque chose qui arrivait.
13:09C'était tout petit.
13:10On pensait que c'était forcément dangereux.
13:12Ce n'est pas forcément dangereux parce que c'est tout petit.
13:15Mais il a fallu les étudier pour le savoir.
13:17Et les étudier au travail pour le savoir.
13:19Là, on va se poser exactement la même question pour ces substances chimiques.
13:23– Merci Stéphane Pimbert de nous avoir éclairé sur cette belle institution.
13:26Vous l'aurez compris, le conseil est gratuit.
13:29Ce que vous recevez en formation, en documents, en apports.
13:32– Sites internet.
13:33– Sites internet, qui est vraiment un outil essentiel
13:36lorsque vous voulez en savoir plus.
13:38Et vous vous posez des questions.
13:39Parce qu'on se pose souvent des questions sur la sécurité.
13:41Et l'INRS est à votre service.
13:43Merci Stéphane Pimbert.
13:44– Merci.
13:45– Directeur général de l'INRS pour ce grand entretien.
13:48On tourne une page et on s'intéresse aux carrières scientifiques chez les femmes.
13:52Carrière souvent trop genrée, trop d'hommes, pas assez de jeunes étudiantes.
13:56On en parle tout de suite avec notre invité.