• il y a 2 mois

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h-14h, l'Europe 1-13h, avec Céline Giraud sur Europe 1, c'est l'heure d'accueillir
00:08nos deux chroniqueurs du jour. Jules Therès, journaliste politique au
00:11journal du dimanche et l'écrivain et philosophe Nathan Devers.
00:14Bonjour les amis, bienvenue à bord. Bonjour mesdames, bonjour messieurs.
00:16On a de quoi faire aujourd'hui et on va attaquer tout de suite avec cette
00:20première en Europe grâce à un accord entre les deux pays. L'Italie va donc
00:23pouvoir transférer des migrants dans des centres qu'elle gère en Albanie.
00:27L'Union Européenne suit évidemment cela de près. Et ce matin, Manuel Valls, le Premier
00:32ministre, était l'invité de nos confrères de BFM et pour lui cet accord
00:36entre l'Italie et l'Albanie n'est pas un tabou.
00:38Je crois qu'il ne faut pas de tabou et nous-mêmes nous avons d'ailleurs des
00:41relations évidemment privilégiées avec les pays francophones, avec les pays de
00:45l'ancien empire colonial, avec les pays d'Afrique de l'Ouest comme avec les
00:50pays du Maghreb. Mais par exemple, je crois qu'il faut comme l'avait proposé
00:54Edouard Philippe il y a déjà quelques mois, j'ai eu l'occasion de m'exprimer là-dessus,
00:57remettre en cause un certain nombre d'accords dont celui 1968 avec l'Algérie.
01:03Donc il faut une politique d'ensemble. Ce que je demande, pitié, c'est qu'on
01:07n'amuse pas la galerie, c'est qu'on ne se focalise pas sur tel ou tel point mais
01:12qu'on soit capable de bâtir une politique d'ensemble qui soit intelligente,
01:16comprise par les Français et surtout, je pense notamment reconduite à la frontière, efficace.
01:21Voilà, Manuel Valls, ce matin, à temps de verge, vous voyez avec attention ce qu'il
01:25disait, remettre en cause des accords de 1968, une politique d'ensemble.
01:29C'est des sujets dont on peut discuter mais ça n'a absolument rien à voir avec la
01:32question de ce qu'a signé l'Italie avec l'Albanie.
01:35Faisons une toute petite expérience de pensée.
01:37Imaginons que l'Allemagne ou que l'Italie ou que l'Espagne disent nous
01:41allons gérer nos migrants, c'est la France qui va le faire. On va mettre les
01:45centres en France, on va délocaliser tout ça et la France va devoir s'occuper de
01:48gérer l'immigration à notre place.
01:49Évidemment qu'en France, ça susciterait un tollé dans le débat public.
01:52On dirait mais qu'est ce que c'est que ce manque de respect, etc.
01:54Là, il y a un accord qui a été passé avec l'Albanie qui ne fait pas partie de l'Union Européenne.
01:58Mais ce que je veux dire, c'est qu'évidemment, l'Italie ici, manque de respect à un autre
02:03pays qu'elle considère comme inférieur dans les rapports de force, de la même
02:06manière que les partenaires européens ont manqué de respect à l'Italie avant
02:09Giorgia Meloni. Ce qu'il faut quand même rappeler, c'est que l'élection de Giorgia
02:12Meloni, la montée de Salvini même avant dans les sondages, n'est pas née de rien.
02:16Elle est née du fait que les partenaires européens s'étaient engagés à répartir
02:20équitablement les migrants qui arrivaient en Italie, l'Italie pour des raisons géographiques
02:23évidentes et un des principaux pays d'arrivée de migrants que nous n'avons pas respecté
02:28la France, notamment les accords que nous avions avec l'Italie.
02:31Pourquoi on ne l'a pas respecté ? On ne l'a pas respecté et nos engagements ?
02:34Parce qu'on partait du principe que l'Italie était un pays, entre guillemets, inférieur
02:37à nous dans le rapport de force économique, géopolitique et que donc, on avait tout à
02:40fait toute licence pour prendre des accords qu'on ne respecterait pas.
02:44L'Italie fait un peu la même chose aujourd'hui avec l'Albanie, c'est-à-dire qu'après avoir
02:48été un peu méprisée par la France, par l'Allemagne, etc., elle choisit un autre
02:52pays sur lequel elle décide que ce pays-là va s'occuper à sa place.
02:56Mais ce n'est pas du mépris, c'est de la concertation.
02:59C'est de la concertation sur fond, d'un rapport de force très très fort avec un bras
03:03de fer.
03:04Donc on peut appeler ça une concertation assez méprisante.
03:07Donc ça c'est votre idée Jules, vous êtes d'accord ?
03:08Oui, enfin non.
03:09Je suis d'accord avec Manuel Valls, mais c'est parce que je voulais parler de Manuel Valls
03:13tout à l'heure pour dire que c'est quand même dommage qu'il n'ait pas été ministre
03:15de l'Intérieur et Premier ministre pour proposer ce genre de mesures.
03:17Il y a eu la circulaire Valls qui, pour le coup, va être retoquée.
03:21La circulaire Valls qu'aujourd'hui Bruno Rote veut mettre fin parce que c'est une pompe
03:24aspirante de l'immigration.
03:25Non, je suis totalement en désaccord avec Nathan Devere pour une simple et bonne raison,
03:29c'est que ce n'est pas du mépris.
03:30Ce que l'Italie fait, c'est un accord qui est un deal gagnant-gagnant.
03:35C'est-à-dire qu'aujourd'hui l'Italie veut faire un transfert de migrants en Albanie,
03:40ça les arrange, ils vont toucher des millions d'euros justement pour accueillir ces centres
03:46de migrants.
03:47C'est comme les accords du Touquet qui sont également compliqués, mais la Grande-Bretagne
03:52donne aujourd'hui de l'argent à la France.
03:54Moi, je connais très bien un pays qui s'appelle le Danemark et qui, par exemple, envoie des
03:59prisonniers qui sont en fin de peine, des prisonniers étrangers qui sont en fin de peine
04:03dans une prison au Kosovo.
04:04Ils ont réaménagé, fait des travaux aux frais de Copenhague dans les prisons Kosovo.
04:10Ils paient des millions d'euros par an et finalement, tout le monde est plutôt d'accord
04:15et tout le monde est très content de ce deal-là.
04:16Donc, ce qui se passe aujourd'hui entre l'Italie et l'Albanie va aussi bien aux Albanais qu'aux
04:27Italiens.
04:28Moi, je pense qu'on est d'accord en fait, parce que je suis persuadé que vous n'approuvez
04:31pas les accords du Touquet.
04:32En tant que Français, on a bien vu à quel point.
04:34C'est parce qu'ils ne fonctionnent pas.
04:35Moi, les accords du Touquet ne me dérangent pas, c'est parce que ça ne fonctionne pas.
04:37C'est leur principe.
04:38Leur principe est de donner de l'argent à un pays dont on estime qu'il est inférieur
04:41sur le rapport de force, qui ne peut pas gagner le bras de fer, en lui disant tu vas gérer
04:44à notre place la question migratoire.
04:46Évidemment que nous, en tant que Français, quand on est victime de ce genre d'accords,
04:49on est les premiers.
04:50Oui, c'est de la coopération.
04:51Oui, mais en tout cas, pour le coup, je ne sais pas si la France est plus puissante que
04:54la Grande-Bretagne ou la Grande-Bretagne est plus puissante que la France.
04:56C'est juste un accord.
04:59Nous, on fait le travail à notre frontière pour ne pas que des migrants meurent dans
05:03la Manche.
05:04Malheureusement, il y en a déjà beaucoup trop.
05:05Et en échange de ça, la Grande-Bretagne nous donne de l'argent.
05:08C'est un accord.
05:09Je n'ai pas l'impression qu'il y ait du mépris ni d'un côté ni de l'autre.
05:11Mais c'est déjà ce qu'on fait avec la Turquie et la Tunisie.
05:13Bien sûr.
05:14Oui, mais alors là, c'est encore une question différente parce que la Turquie et la Tunisie
05:18sont aussi des pays de départ de l'immigration.
05:21Et c'est ce que disait Manuel Valls.
05:22Je ne suis pas fondamentalement en désaccord là-dessus.
05:24C'est que, évidemment, si on veut penser la question migratoire, il faut la penser
05:28à l'échelle internationale.
05:29Pas seulement, si vous voulez, en étant obnubilé par notre perspective d'Européens, c'est-à-dire
05:33de pays d'arrivée, mais il faut penser pourquoi massivement des gens fuient un certain nombre
05:37de pays.
05:38Et en effet, des pays qui souvent étaient des pays qui étaient colonisés jadis par
05:42nous, Européens.
05:43Si on ne commence pas par poser cette question, on ne peut pas résoudre le problème à long
05:47terme.
05:48Et en effet, ça suppose peut-être de s'interroger sur les blocages qui existent dans ces pays.
05:52Manuel Valls parlait de l'Algérie.
05:54Évidemment, c'était une des principales revendications du Hirak, le grand mouvement
05:58de révolte qui a traversé la société algérienne, où tous les vendredis, il y avait des millions
06:03d'Algériens dans les rues pendant plus d'un an.
06:05Leur revendication principale, c'était qu'ils voulaient arrêter de devoir traverser la Méditerranée
06:10pour trouver leur bonheur, qu'ils avaient envie d'être heureux chez eux.
06:12Et évidemment, ce mouvement a été roulé dans la farine, avec un peu l'aide de la
06:15France d'ailleurs.
06:16Je pense que le vrai sujet, ce n'est pas tant ce que font aujourd'hui l'Italie et l'Albanie,
06:20c'est qu'en Europe, tous les pays européens sont en train de se réveiller sur les sujets
06:24migratoires.
06:25Et l'Italie est précurseur quelque part, pionnier.
06:27L'Italie, donc Giorgia Melloni, a été couverte de critiques au moment de son élection et
06:33pris en modèle, que ce soit par Ursula von der Leyen.
06:35Et elle dit ce qu'elle fait, surtout, elle fait ce qu'elle dit, c'est-à-dire qu'elle
06:37avait renoncé à ça il y a un an.
06:38Absolument, on a moins de 65% d'entrées de clandestins l'année dernière.
06:40Ursula von der Leyen, qui est du centre droit entre nous, veut des centres de migrants en
06:49dehors de l'Europe et à l'intérieur de l'Europe, mais sur des pays comme l'Albanie.
06:52Donc, vous voyez, l'Union européenne est en train de bouger sur cette question-là.
06:55Le premier ministre du Royaume-Uni, qui est un démocrate, un social-démocrate, est sur
07:00quasiment la même ligne que Giorgia Melloni, il la félicite d'ailleurs.
07:02En Espagne, c'était les derniers à ne pas s'être réveillés et là, avec la crise
07:08qu'on connaît aux îles Canaries, qui devient le nouveau Lampedusa, le gouvernement espagnol
07:13est un petit peu obligé, socialiste, qui était un petit peu naïf sur cette question
07:17migratoire depuis des années, est en train de se droitiser un petit peu, d'être obligé
07:20en tout cas de prendre des positions qui sont de plus en plus fermes.
07:23J'ai parlé du Danemark, mais on pourrait aussi parler des Pays-Bas, les Pays-Bas qui
07:28refusent de mettre en application le fameux pacte asile-immigration.
07:31Les Polonais, c'est Donald Tusk, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire plus Emmanuel Macron
07:35au sein de l'Union européenne aujourd'hui.
07:37Donc, les Polonais décident aujourd'hui de rétablir les frontières.
07:41Je ne parle même pas de l'Allemagne.
07:42Il y a en tout cas un réveil des peuples européens dans les urnes, ça on l'a constaté
07:47lors des européennes, et il y a aussi un réveil des gouvernements de tous les pays
07:51européens qui aujourd'hui ont décidé d'appliquer une politique migratoire qui est beaucoup
07:54plus stricte.

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