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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 07/10/2024, il revient sur l'arrestation à Marseille d'un tueur à gages de 14 ans et se demande si la violence a franchie un nouveau cap dans la cité phocéenne ?

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Transcription
00:00Bon, autre sujet du jour, M. Tessier, et on parle de Marseille, effectivement, avec cette histoire invraisemblable.
00:09Un tueur à gage, âgé de 14 ans, recruté pour 50 000 euros, a été arrêté.
00:14Il a froidement abattu vendredi un chauffeur VTC de 36 ans, qui est un joueur de football amateur d'ailleurs, père de famille.
00:21Un adolescent de 15 ans a été poignardé une cinquantaine de fois, puis a été brûlé vif, mercredi.
00:27Le procureur de la République de Marseille parle d'une sauvagerie inédite cette semaine dans la ville.
00:32Un degré supplémentaire a été franchi, on est sur des tueurs à gage de 14 ans.
00:36Donc nous sommes avec Kamel, qui est chauffeur-livreur à Marseille, et on vous laisse son sentiment sur cette nouvelle sauvagerie,
00:46si tant est qu'on puisse parler de nouvelles sauvageries. Bonjour Kamel.
00:50Oui, bonjour M. Prost, vous allez bien ?
00:52Écoutez, ça va bien, c'est un jour particulier, c'est un jour de commémoration et un peu de tristesse.
00:58Je voudrais faire une parenthèse avant d'attaquer le sujet sur Marseille, qui est triste aussi.
01:05Je voudrais être solidaire, ma solidarité envers toutes les victimes du terrorisme, que ce soit des Israéliens,
01:13ou des Palestiniens, ou même des gens en France qui ont été victimes du terrorisme.
01:19J'espère que le Moyen-Orient trouvera une solution pour la paix, et que tout le monde puisse vivre en paix.
01:28Parce que, que ce soit juif ou musulman, personne ne mérite de souffrir comme ça.
01:35J'entends votre message de paix, aujourd'hui c'est vrai qu'on ne voit pas forcément de solution.
01:41Quel âge vous avez Kamel ?
01:4343.
01:44Bon, on s'est eu effectivement, mais je pense aux auditeurs qui entendent votre voix pour la première fois.
01:50Vous êtes d'une génération où il y avait quand même, même parmi les plus violents d'entre vous,
01:58que vous avez pu croiser de temps en temps, mais vous n'avez pas vu des jeunes de 14 ans être peu ragages ?
02:03Alors je vais vous raconter une petite anecdote.
02:07Moi je suis né en 81 à Marseille, dans le quartier où j'ai grandi, je suis né dans la cité.
02:13À une époque de ma jeunesse, mes parents se sont séparés, et vous allez comprendre le pourquoi du comment.
02:21Et j'ai un de mes frères, on a un an d'écart, qui petit à petit est rentré dans la délinquance.
02:28Donc il avait à l'époque 13 ans.
02:32Et avec un copain à lui, ils se sont mis à giler du chit, pour ainsi dire.
02:38À 13 ans ?
02:39À faire le chouf, hein. À 13 ans, oui.
02:42Et moi je m'en suis aperçu du truc une fois que j'ai découvert qu'il avait de l'argent liquide, une grosse somme d'argent,
02:50à l'époque c'était un franc, je crois que c'était dans les 3 000 ou 4 000 francs, je ne me rappelle plus.
02:54Et je me rappelle qu'on s'était battus, mon frère et moi, parce qu'il n'a jamais voulu me dire la vérité.
02:58Donc bon, il a fallu que je mette les points, tout ça, et j'avais beau taper dessus, il ne me disait pas les choses.
03:04Et je me suis mis, moi, au milieu, dans cette histoire, je l'ai guetté, tout ça.
03:09Et je suis allé voir un gars du quartier qui était connu pour le trafic de stupéfiants.
03:14Et je lui ai dit une chose, je lui ai dit, écoute, à l'époque j'avais 14 ans,
03:18j'ai dit, écoute, moi mon père est parti de la maison, je suis devenu le chef de famille,
03:23mon frère il n'a pas un vrai gilet pour toi, que tu le prennes bien ou mal, peu importe, je m'en fous.
03:28J'ai eu peur, hein, attention, j'ai eu peur parce que je me suis dit, putain, qu'est-ce qui va m'arriver derrière ?
03:35Mon frère, il s'était fait attraper par les flics, il a fait, je crois, un an ou deux ans de prison, et ça l'a calmé direct.
03:43La différence qu'il y a aujourd'hui, avec aujourd'hui, c'est qu'un gamin de 14 ans,
03:51on va dire les parents ne sont pas responsables, ils estreignaient leurs gosses,
03:55les gamins de 14 ans aujourd'hui font 1m80.
03:59Si le père n'est plus à la maison et que la mère se retrouve désemparée, on ne peut plus le tenir.
04:06Quand on propose 50 000 euros depuis une prison pour tuer quelqu'un à 14 ans,
04:10mais je vous dis sincèrement, monsieur Pro, mais même pour 10 000 euros, même pour 5 000 euros, il aurait fait.
04:17Il aurait fait.
04:19On ne peut plus rattraper ces mecs-là.
04:22Le type a 14 ans, il a réussi à avoir une arme à feu qu'il va toucher pour 500 balles,
04:29on va carrément lui fournir, on va lui dire voilà, t'as ça à faire, le type il va y aller,
04:35alors il n'aura pas intérêt de le refuser parce que sinon c'est lui qui va prendre,
04:39et quand il aura fini son truc, il va se planquer le mec,
04:42parce que même s'il a touché de l'argent, il va se planquer, ça se passe comme ça, ça se passe comme ça.
04:47Et moi je n'arrive pas à comprendre une chose,
04:49c'est comment quelqu'un qui est en prison arrive à communiquer vers l'extérieur,
04:54on sait qu'ils ont des téléphones, qu'ils ont le moyen de communiquer avec les parloirs,
04:58tout ça, on sait très bien comment ça se passe.
05:01Mais je n'arrive pas à comprendre qu'on ne puisse pas régler ce problème à la base dans la prison.
05:06Bon Kamel, merci de votre témoignage qui est très fort, on revient dans une seconde et vous restez bien sûr avec nous.
05:11Et comme Kamel, appelez Pascal Praud au Standard Européen, vous composez le 01 80 20 39 21, à tout de suite.
05:22On va dire au revoir à Kamel, votre témoignage était passionnant,
05:25parce qu'il racontait une histoire ancienne, une France ancienne,
05:29effectivement avec la peur du gendarme, vous qui êtes présent, vous accompagnez votre frère, etc.
05:32Mais moi ce qui m'intéresse c'est la vie d'aujourd'hui aussi.
05:35C'est-à-dire que vous voulez...
05:37Oui mais ces gosses là, parce que vous vous dites j'ai grandi dans la cité,
05:41la cité dans laquelle vous avez grandi, vous y retournez de temps en temps ?
05:46Plus trop. La dernière fois où je suis allé, je n'ai plus reconnu mon quartier.
05:50J'ai devenu n'importe quoi.
05:52Mais voilà, est-ce que c'est par exemple l'école dans laquelle vous alliez,
05:55il y a peut-être même encore des instituts, comme vous avez 43 ans,
05:59il y a peut-être encore des profs qui étaient là il y a quelques années.
06:03Une ancienne prof qui est devenue directrice de l'école.
06:06L'école était dans le quartier.
06:09Mais il y avait des règles manifestement, et que ces règles ont explosé.
06:13Ah mais les règles à l'époque, elles étaient strictes.
06:16Je veux dire, quand moi j'étais gamin, on avait ce qu'on appelait des grands frères.
06:18Il y avait du trafic, il y a toujours eu du trafic.
06:20Mais nous on se mêlait pas de ça.
06:22Ils venaient pas chercher des gamins de 14 ans, nous on jouait au ballon,
06:25ils venaient pas nous chercher.
06:26A l'école, on était réprimandés par nos profs quand on faisait des bêtises,
06:31et nos parents derrière étaient beaucoup plus sévères que nos profs.
06:34Et on avait peur de nos profs.
06:36Aujourd'hui, les gamins de 14 ans dans le quartier,
06:39moi je vois un peu, je vais à Marseille encore,
06:41je vois un peu, mais les mecs, qu'est-ce que vous voulez faire ?
06:44Vous allez leur dire quoi ?
06:46Les types ils vont gagner de l'argent en faisant le sou,
06:48ils vont gagner 100 euros par jour.
06:49Vous allez leur dire demain on va faire une formation de peintre, de pompier.
06:53Ils sont perdus ces membres.
06:55C'est terminé.
06:56La justice n'est pas assez sévère en France.
06:59Ça fait peur, ce que vous dites fait peur évidemment.
07:01Mais c'est la vérité le problème.
07:03Comment un gamin de 14 ans peut arriver avec une arme
07:06ou un autre, planter 50 coups, 40 coups de couteau,
07:09peu importe, même un seul coup de couteau.
07:11Je veux dire, on est rentré dans une violence.
07:14Il faut couper la tête du serpent.
07:16Et la tête du serpent, c'est taper dans les têtes de réseau,
07:19leur bloquer leur argent, et je suis désolé.
07:22Il arrive un moment, la justice elle doit être beaucoup plus sévère que ça.
07:25Un gamin de 14 ans, on ne le met pas dans un centre fermé de mineurs,
07:28on le prend et on le met dans une...
07:30On n'a qu'à ouvrir des centres assez éloignés du territoire français,
07:34on les éloigne, on va dans nos colonies,
07:36on les met là-bas et on les fait travailler.
07:37Je ne vais pas revenir à Cayenne.
07:39Mais à l'époque, c'était dur, mais je pense que ça m'était...
07:42Mais il faut, on va en arriver là.
07:45Merci en tout cas Kamel, merci.
07:47Merci beaucoup et merci surtout de votre franc-parler
07:50et de la qualité de votre témoignage.
07:52Il est 12h38, on est avec le docteur Jean-Michel Cohen.

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