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Dans son édito du 24/09/2024, Gauthier Le Bret revient sur le bras de fer entre le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Didier Migaud qui semble avoir déjà commencé.

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Transcription
00:00Hier soir, nous avions deux ministres à deux 20 heures différents et c'était prévisible qu'il allait se passer quelque chose pas loin du couac gouvernemental
00:09puisqu'évidemment, pas de concertation entre les deux hommes. C'était prévisible, on va y revenir dans un instant, mais au vu des profils du nouveau ministre de la Justice
00:17et du nouveau ministre de l'Intérieur, ça ne pouvait pas fonctionner comme s'il y avait un commun accord entre les deux.
00:23Alors je dirais qu'il y a deux hommes, l'un veut que ça change vite et fort, c'est Bruno Retailleau, et l'autre est beaucoup plus tiède et n'a pas du tout envie de mettre en place
00:32les mesures fortes qui s'imposent pour que ça change justement vite et fort. Bruno Retailleau l'a dit hier à trois reprises, il veut le retour de l'ordre.
00:41C'est aussi un message pour son prédécesseur Gérald Darmanin quand on demande le retour à l'ordre, c'est-à-dire que c'est le désordre actuellement en France.
00:48Vous l'avez dit, il veut des sanctions fermes pour les délinquants, il l'a détaillé dans une première interview au Figaro, des courtes peines de prison comme aux Pays-Bas,
00:56la construction justement de places de prison, et hier, lui aussi, au 20h de TF1, il a mis la pression sur son collègue du gouvernement, sur Didier Migaud, en disant
01:06« ça ne sert à rien d'arrêter qui que ce soit s'ils sont relâchés ». Ça, c'est le dossier de Didier Migaud, il faut que les peines tombent, et il ajoute « je suis ministre de l'Intérieur,
01:16pas de la justice, il faut faire le job à l'intérieur, mais aussi revoir la politique pénale pour exécuter les peines et construire des places de prison ».
01:24Alors, réponse de Didier Migaud, qui savait déjà ce qu'allait dire Bruno Rotaillot, puisqu'il a parlé quelques minutes avant son collègue ministre de l'Intérieur,
01:32il doit savoir que la justice est indépendante. Didier Migaud fait un peu la leçon à Bruno Rotaillot. Écoutez.
01:38Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c'est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie.
01:45Il faut redonner confiance, justement, aux citoyens dans leurs institutions, dans la justice aussi, parce qu'il y a le sentiment parfois que la justice est lente
01:56ou ne condamne pas suffisamment. Ça n'est pas toujours exact. Donc, j'aurai un certain nombre d'échanges avec Bruno Rotaillot. J'y suis prêt.
02:06Voilà, il doit savoir que la justice est indépendante. C'est presque à double sens, d'ailleurs. Il doit savoir que la justice est indépendante.
02:12C'était court et d'avance que les deux hommes ne s'entendraient pas.
02:14Vous entendez Didier Migaud, on a l'impression qu'il va rencontrer un opposant politique. J'y suis prêt. Ils font partie du même gouvernement, je le rappelle.
02:20Prêt à la bagarre, quoi.
02:21Je suis prêt quasiment à la bagarre. Mais quand vous prenez Bruno Rotaillot, homme d'autorité, d'ordre, qui voulait justement que les choses bougent,
02:29et Didier Migaud, qui a été député PS pendant plus de 20 ans, qui dit d'ailleurs hier qu'il est proche du député PS qu'il était,
02:37qui s'est opposé aux peines planchers. Il a voté contre les peines planchers de Nicolas Sarkozy.
02:42Et que vous en faites le nouveau ministre de la Justice, forcément ça va se passer comme ça.
02:46Alors oui, il fallait faire sans doute rentrer une personnalité divers gauche, mais fallait-il mettre Didier Migaud au ministère de la Justice ?
02:53Michel Barnier et Emmanuel Macron auraient pu le mettre ailleurs.
02:57Alors à noter aussi que le nom de Bruno Rotaillot a circulé pour la place Vendôme, mais qu'il n'a pas voulu y aller.
03:02Après, il faut expliquer que le chef de l'État ne voulait sans doute pas que les Républicains prennent à la fois le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice.
03:09Mais Bruno Rotaillot jugeait que c'était plus simple de faire bouger les lignes rapidement au ministère de l'Intérieur qu'au ministère de la Justice.
03:17Le problème, c'est qu'avec Didier Migaud, ça va être compliqué de faire bouger les lignes au ministère de la Justice, mais aussi au ministère de l'Intérieur,
03:23puisqu'à chaque fois que Bruno Rotaillot ira, selon lui, un peu loin, il sera là pour sermonner état de droit, état de droit, état de droit.
03:30Bon, ce que vous décrivez là, il y a comme un air de déjà-vu.
03:33C'est un jour sans fin. Rachida Natibri sort de feu, Manuel Valls, Christiane Taubira, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti.
03:40Je vous rappelle que les deux hommes qui ont passé exactement le même nombre de jours, l'un à la place Beauvau, l'autre à la place Vendôme,
03:48se sont affrontés dès le début sur le sentiment d'insécurité. Éric Dupond-Moretti parlait de sentiment d'insécurité
03:55quand Gérald Darmanin disait que la sécurité était bien quelque chose de réel sur l'ensauvagement, terme employé par Gérald Darmanin,
04:03qui ferait monter l'extrême droite et qui serait pire que l'ensauvagement lui-même, selon Éric Dupond-Moretti.
04:09Et puis, à partir des émeutes, ça a un peu changé. Les relations se sont améliorées entre les deux hommes. Pourquoi ?
04:15Parce qu'Éric Dupond-Moretti a eu un discours d'autorité. Il a demandé au magistrat d'appliquer des peines fermes, sévères, contre les émeutiers.
04:24Donc, pour que ça fonctionne entre le ministre de la Justice et le ministre de l'Intérieur, il faut que le ministre de la Justice
04:30se mette au diapason du ministre de l'Intérieur et demande lui aussi de la fermeté.
04:34Mais un couple qui marche entre la place Beauvau et la place Vendôme, ça ressemble drôlement à un veupieux.

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