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Dans son édito du 18/12/2024, Gauthier Le Bret revient sur le futur gouvernement choisi par le Premier ministre fraîchement élu François Bayrou.

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00:00Oui, certains se demandent dans les ministres, autour des ministres démissionnaires, si François Beyrou va même réussir à former un gouvernement.
00:07Alors on s'était posé la même question en ce qui concerne Michel Barnier, il avait terminé par mettre sa démission sur la table en disant soit on se met d'accord,
00:14maintenant, il parlait à Laurent Wauquiez et Gabriel Attal pour trouver une équipe gouvernementale, soit je pars, soit je démissionne.
00:20Alors on n'en est pas encore là pour François Beyrou, mais il y a différentes raisons qui pourraient faire en sorte qu'il n'arrive pas à former un gouvernement.
00:28Déjà, une tension mais alors maximale avec l'Elysée, ce n'est jamais aussi mal parti entre un Premier ministre et le Président de la République depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé à l'Elysée.
00:39Déjà pour une raison simple, François Beyrou s'est imposé à Emmanuel Macron, il s'est autonomé, il a pris un bélier et il est entré dans Matignon.
00:47Ça devait être Sébastien Lecornu, pour des raisons qui paraissent au fond assez évidentes, c'est-à-dire que Sébastien Lecornu, tout se serait fait plus facilement,
00:56pas dans la douleur notamment, avec les Républicains, c'était le candidat de Nicolas Sarkozy, le candidat de Bruno Rotailleau pour Matignon.
01:03Donc avec l'Elysée, ça part mal. Il y a une phrase qui a vexé Emmanuel Macron, François Beyrou est à Pau et il dit « j'aimerais nommer un gouvernement cette semaine ».
01:10Mais je ne sais pas si le Président est disposé à nommer puisqu'il ne sera pas énormément à Paris cette semaine.
01:17Ben oui, le Président, il ne part pas skier à Courchevel, il part à Mayotte jeudi.
01:20Donc l'Elysée a très mal pris cette phrase. Résultat des courses, François Beyrou a été convoqué hier à midi par le Président de la République en lui disant « tu veux que je nomme, vas-y, présente-moi une liste ».
01:31Donc vous voyez les tensions entre les deux hommes et ils se sont revus hier soir.
01:37Donc certains se disent, si François Beyrou est poussé par la sortie, ça ne sera pas par le Rassemblement National, ça ne sera même pas par les socialistes, ça sera par son propre camp.
01:45Il faut voir d'ailleurs comme Marine Le Pen l'épargne dans son interview du Parisien, elle épargne François Beyrou.
01:51Et on compare déjà François Beyrou à l'Istrus, vous savez la première ministre anglaise qui n'a tenu qu'un mois et qui a été poussée par les conservateurs, son propre camp, en dehors du 10 Downing Street.
02:02D'autres le comparent à Amélie Oudéa-Castera, la ministre de l'Éducation nationale qui n'a tenu que quelques jours justement à l'Éducation nationale.
02:09Pourquoi ? Parce qu'on peut faire un point de comparaison sur, vous savez, vous avez une polémique au tout début, vous arrivez, vous avez une polémique que vous n'arrivez pas à contrôler, elle vous dépasse.
02:19Et chaque jour qui passe, vous rajoutez une couche à la polémique. Et là justement, on va voir la couche qu'il a rajoutée à la polémique Mayotte.
02:24Oui, parce qu'il a fait une nouvelle gaffe hier à l'Assemblée Nationale.
02:27Exactement, Chana. Donc Mayotte, on a compris, il préfère Pau à Mayotte, c'est comme ça que tout le monde l'a compris, parce que quand il s'agit de faire une visio, il préfère que la visio ça soit pour Mayotte que pour Pau.
02:38Il faut être physiquement présent à Pau, mais pas physiquement présent à la cellule de crise interministérielle présidée par le Président de la République sur Mayotte.
02:45Donc déjà, évidemment, ça part mal. On dit est-ce qu'il n'y a pas un mépris pour les territoires ultramarins, parce que s'il s'était passé la même chose sur le territoire hexagonal,
02:53tout le monde débarque évidemment dans les deux heures et on ne vous explique pas que c'est parce qu'il y a le ministre de l'Intérieur qu'il ne faut pas que le Premier ministre soit présent.
03:01Et donc, il ne fallait pas qu'il fasse la bourde qu'il a faite, et pourtant il l'a faite. Hier, à l'Assemblée Nationale, il a laissé sous-entendre que Mayotte n'était pas le territoire national et n'était pas le territoire français.
03:11Écoutez le Premier ministre.
03:14Le Président de la République a annoncé qu'il irait à Mayotte. Il n'est pas d'usage que le Premier ministre et le Président de la République quittent en même temps le territoire national.
03:27Surtout que, disons-le humblement, j'ai la responsabilité de proposer au Président de la République un nouveau gouvernement et je le ferai dans les délais les plus rapides.
03:39Voilà, alors ça tombe mal parce que Mayotte c'est le territoire national, Mayotte c'est la France, donc si le Premier ministre et le Président de la République étaient ensemble à Mayotte, ils seraient ensemble en France.
03:49Et ça relance la petite musique. Déjà c'est dommage pour un homme qui parle sans cesse du mépris contre les territoires et qui expliquait qu'il était à Pau en train de présider le Conseil municipal pour justement faire ce lien entre Paris et les territoires et ne pas déconnecter les territoires de Paris et vice-versa.
04:07Il a fait exactement le contraire par cette déclaration.
04:10Ça donne le sentiment, une nouvelle fois, aux Français qui vivent dans les territoires ultramarins d'être des Français de seconde zone.
04:16On ne vient pas les voir. Ils payent leurs produits alimentaires beaucoup plus cher. Ils sont totalement abandonnés. Mayotte s'est abandonnée depuis des années, bien avant évidemment les ravages de l'ouragan.
04:26Donc c'est malheureux cette sortie du Premier ministre.
04:28Et Gauthier, concernant la formation du gouvernement, ça bloque avec les Républicains ?
04:31Voilà, avec les Républicains et ça pourrait quasiment réconcilier Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau qui n'étaient pas sur la même ligne il y a encore quelques heures.
04:38Le problème, c'est que François Bayrou, pour les Républicains, veut faire rentrer trop de ministres de gauche, veut enlever trop de portefeuille à LR qui a déjà perdu Matignon.
04:48Donc c'est la question du curseur. Et puis il y a la question aussi de la feuille de route politique.
04:53Est-ce que Bruno Retailleau sera pleinement maître de ce qu'il veut faire ?
04:57Ce n'est pas certain. Donc c'est pour ça que ça coince.
05:00Et c'est pourquoi, encore une fois, le profil de Sébastien Lecornu aurait permis de mettre plus d'huile dans les rouages.
05:06Donc on va voir si François Bayrou arrive à former un gouvernement ou si, au bout d'un moment, Bruno Retailleau claque la porte en disant
05:13« je ne suis pas maître de la politique que je veux mener, je ne peux pas faire une politique de droite parce qu'il faut trop donner de gages à la gauche ».
05:19Donc tout ça n'est pas gagné et tout ça part assez mal.

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