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Lundi 23 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Cécilia Creuzet (cofondatrice, May)

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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Cécilia Creuzet. Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue. Vous êtes membre du mouvement Impact France.
00:13On parlera dans un instant de ce troisième volet de l'étude consacrée au licorne à impact.
00:18Mais d'abord, un mot de mai. L'entreprise que vous avez fondée en 2019, c'est une application destinée aux futurs parents, c'est ça ?
00:25Exactement. En fait, plus précisément, c'est une équipe de 80 professionnels de santé, des sages-femmes, des médecins, des infirmières-puricultrices,
00:32qui accompagnent les parents au travers de notre application sur des périodes très clés, qui sont les périodes grossesse, postpartum,
00:39premières années de vie des enfants, des périodes où on se pose énormément de questions, où ce n'est pas toujours simple de naviguer.
00:45Et on le fait, en fait, de la façon suivante. Il y a trois grandes fonctionnalités dans notre application.
00:49Les parents, ils peuvent poser toutes leurs questions au travers d'un chat médical à notre équipe, tous les jours de 8h à 22h.
00:55Ils ont également accès à énormément de contenu fiable qui est rédigé par des professionnels de santé et qui est proposé de façon personnalisée.
01:02Et la troisième chose, c'est qu'ils ont aussi accès à des outils de suivi. Et donc, on fait effectivement ça depuis 4 ans.
01:08Et il y a un peu plus de 400 000 parents aujourd'hui qui se sont créés un compte sur Mai.
01:11Vous venez d'annoncer une levée de fonds de 7 millions d'euros. On est clairement dans un business. Est-ce que c'est aussi une mission, d'une certaine façon ?
01:18Et ça rejoint le thème de notre interview sur l'hélicorne Impact.
01:23Alors, effectivement, on est une entreprise à mission. Et on poursuit, nous, trois grands objectifs au travers de l'activité que je viens de vous présenter.
01:30Des parents sereins, parce qu'il y a des vrais enjeux, notamment autour de la santé mentale parentale. On pourra en reparler.
01:36Des enfants en bonne santé et contribuer à désengorger le système de santé. Et ça, on le fait au travers de notre activité.
01:42Donc, en fait, effectivement, quand on grandit, c'est notre objectif. On a un impact croissant.
01:46Et la nouvelle levée de fonds qu'on vient de faire va nous permettre d'aller beaucoup plus loin dans cet impact.
01:50Et Mai, c'est donc partie des entreprises qui ont participé à cette troisième étude menée par le mouvement Impact France, le Boston Consulting Group et l'ESSEC sur ces licornes à impact.
02:00Alors, peut-être, vous êtes en train de nous écouter. De quoi il nous parle déjà ? On peut peut-être rappeler le concept. C'est quoi une licorne à impact ?
02:06Oui, bien sûr. Alors, peut-être déjà, je pourrais dire que c'est qu'une licorne normale de l'animal. C'est donc une start-up qui est valorisée plus de 1 milliard d'euros.
02:13Les licornes à impact, c'est un petit peu différent. Donc, critère numéro un, ce sont comme les licornes des entreprises jeunes qui ont moins de 10 ans.
02:20Critère numéro deux, elles sont innovantes. Elles apportent une innovation de rupture. Donc, là aussi, comme les licornes normales, que ce soit dans le champ technologique, dans le champ social ou dans le champ environnemental.
02:31Mais c'est le troisième critère qui fait la différence. Ce n'est pas tant qu'elles ne sont pas valorisées, pour la plupart, 1 milliard d'euros. En revanche, elles permettent à la société d'économiser plus de 50 millions d'euros par an.
02:43Et c'est vraiment ce troisième critère qui est extrêmement important parce que ça permet finalement de changer de regard sur ce que c'est que la valeur d'une entreprise. Et c'est tout l'intérêt de cette étude.
02:53– Comment on calcule ça ? Comment on calcule finalement les millions d'euros qu'une entreprise fait gagner ou économiser à la société ?
03:01– Alors justement, c'est toute la méthodologie qu'ont bâti les trois acteurs dont vous avez parlé.
03:06Ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est qu'il y a des représentants de l'univers académique, des grandes entreprises.
03:11Au travers du mouvement Impact France, des entreprises à impact. C'est vraiment pluridisciplinaire.
03:16Et du coup, ça a été pensé avec des visions très complémentaires. Et la méthodologie qui a été établie, c'est la suivante.
03:24C'est de calculer les coûts directs évités et les coûts indirects évités. Je vais vous donner un exemple.
03:30Et c'est très important parce que ça nous permet de donner une valeur monétaire à l'impact qui est fait par une entreprise.
03:37Pourquoi ? Les entreprises à impact, comme nous, traditionnellement, on mesure notre impact.
03:42Par exemple, je vous l'ai dit, un de nos enjeux, c'est de contribuer à désengorger le système de santé.
03:48Et donc nous, on évaluait le fait que, est-ce que les gens sollicitent mieux le système de santé grâce à mai ?
03:5386% de nos utilisateurs nous disent, je sollicite mieux le système de santé grâce à mai.
03:58– Et donc comment vous transformez ça en euros ?
04:00– C'est là que j'en arrive, c'est qu'en fait, c'est très bien de se dire ça, mais alors combien ça rapporte en euros ?
04:05Eh bien, les coûts directs évités, c'est les consultations en ville ou à l'hôpital,
04:10que les parents et les futurs parents ne vont pas faire.
04:12Une consultation en ville, c'est 32 euros, une consultation à l'hôpital, c'est plus de 200 euros.
04:15Et donc là, on voit déjà que mai permet d'éviter plus de 500 000 euros de coûts par an à l'assurance maladie.
04:20Ce sont les coûts directs.
04:22Les coûts indirects, ça va être de se dire, en fait, il y a même d'autres répercussions.
04:25Par exemple, quand les parents ne posent pas une demi-journée pour emmener leur enfant chez le médecin,
04:29eh bien, ils évitent aussi de l'absentéisme.
04:31Et il y a pas mal d'autres impacts indirects.
04:33Et donc en fait, on va sommer les coûts directs évités, les coûts indirects évités,
04:38et avec ça, on a vraiment une évaluation monétaire de la performance globale d'une entreprise,
04:43c'est-à-dire de sa performance économique, sociale et environnementale.
04:46Ne plus évaluer la performance d'une entreprise par sa seule valorisation financière,
04:51c'est finalement ce que propose ou ce que permet la CSRD, la Directive européenne sur le reporting extra-financier.
04:58On peut dire que c'est une nouvelle ère qui s'ouvre.
05:00Elle suscite pas mal d'inquiétudes.
05:02On en parle de plus en plus dans cette émission.
05:05Elle va rentrer en service petit à petit.
05:07Pour l'instant, c'est les entreprises les plus grandes qui sont concernées.
05:13Est-ce que ça suscite plus d'espoir que d'inquiétudes chez les licornes à imparts ?
05:18Vous voyez ce que je veux dire ?
05:19Si on compare cet écosystème à l'écosystème général qui se dit
05:23« Ouh là là, c'est quoi cette contrainte supplémentaire ? »
05:25Ce qui attire, là je vais parler peut-être plutôt pour…
05:28En tout cas, je vais parler de ma fenêtre, c'est que cette méthodologie, elle est simple.
05:32Elle est simple.
05:33Et elle permet de s'étalonner.
05:34Et elle permet de s'étalonner.
05:35Les entreprises dans le même secteur.
05:36Exactement.
05:37Et ce qui est très intéressant, c'est que ça permet de parler le même langage.
05:41Et de se dire « Ok, super, vous contribuez à désengorger le système de santé.
05:44Mais combien ça rapporte ? Combien ça permet d'économiser ? »
05:47Et ça permet d'apporter une réponse à cette question.
05:49Et c'est là que ça permet, je crois, aussi de revisiter le dialogue
05:53entre l'investissement public et les startups.
05:55En regardant non pas seulement, comme on le disait, la performance financière,
05:59la valorisation financière, mais aussi qu'est-ce que ça rapporte à la société.
06:02Vous parlez dans cette étude sur les écoles d'impact du retour social sur investissement.
06:06Alors ça rejoint un peu ce que vous nous décriviez, j'imagine.
06:09Mais si on rentre un peu dans le détail, de quoi s'agit-il ?
06:11Alors l'idée, c'est de se dire, normalement, le retour sur investissement,
06:14donc ça, je pense que les gens qui le regardent sont familiers.
06:17Là, c'est de se dire, on ne va pas gagner que de l'argent.
06:19On va aussi pouvoir avoir un retour social.
06:22C'est-à-dire qu'il y a de la valeur qui va être créée pour la société.
06:24Si je reprends l'exemple de Mai, on sait que, par exemple,
06:28la santé mentale des parents est un enjeu.
06:31Deux mois et demi après l'accouchement, il faut savoir qu'un quart des femmes en France
06:34présentent des symptômes d'anxiété majeure.
06:36Une sur six est en dépression.
06:38Ce sont des chiffres qui sont assez alarmants.
06:40Se dire que, oui, il y a des coûts qui peuvent être évités à la société
06:43parce qu'on va essayer de prévenir ces enjeux-là, c'est une chose.
06:46Mais il y a aussi une valeur sociale à avoir des parents
06:49qui sont plus confiants dans leur parentalité.
06:52Et donc, le retour social sur investissement, c'est finalement prendre en compte
06:56toutes les externalités positives d'un projet, d'une entreprise sur la société.
07:00Il y a des secteurs dans lesquels c'est plus facile à calculer ?
07:04Vous voyez ce que je veux dire ?
07:05Probablement des secteurs dans lesquels c'est plus facile à calculer.
07:08Mais pour autant, je dirais que dans tous les secteurs,
07:10ça me semble essentiel d'avoir cette vision de la performance globale.
07:14Parce que dans la société dans laquelle on est,
07:17on a quand même un certain nombre d'enjeux sociaux et environnementaux.
07:20Et donc, cette évaluation-là, je ne pense pas qu'on puisse se dire
07:22qu'il y a des secteurs qui puissent y couper.
07:24Ça valorise vos entreprises ?
07:26Ça valorise nos entreprises, c'est le but.
07:28C'est aussi tout l'enjeu du plaidoyer du mouvement Impact France suite à cette étude.
07:33Je pense que justement, par rapport à ce que je viens de dire,
07:36au fait qu'on est aujourd'hui de grands enjeux, de grands défis auxquels faire face,
07:40se dire qu'on va valoriser les entreprises qui impactent positivement la société,
07:45ça me semble très nécessaire.
07:47Qu'est-ce que vous attendez des pouvoirs publics du nouveau gouvernement ?
07:52Là-dessus, je ne parlerai pas pour le mouvement Impact France par rapport au nouveau gouvernement.
07:57En revanche, je peux vous parler des propositions qui ont été formulées
08:01à l'issue de la publication de cette étude.
08:04Il y en a trois principales qui permettent de concrétiser l'ambition qu'on a abordée,
08:09qui est celle de systématiser la prise en compte de la performance sociale et environnementale.
08:15Les trois propositions sont les suivantes.
08:17La première, c'est de faire des coûts évités, un véritable pilier de l'investissement public.
08:21C'est-à-dire de prendre en compte les coûts évités dans l'investissement public
08:25avec un système de favoriser des entreprises qui ont un impact positif.
08:29Voire de conditionner certains investissements publics à cet impact positif.
08:33Aujourd'hui, ça n'est pas tellement le cas.
08:36La deuxième proposition, c'est de faire en sorte que toutes les entreprises à impact
08:41puissent bénéficier de certains cadres réglementaires favorables
08:45qui sont initialement destinés seulement aux startups innovantes.
08:48On parle par exemple du statut JEI, Jeune Entreprise Innovante,
08:52qui permet des exonérations fiscales.
08:56Que ce statut-là puisse être élargi à toutes les entreprises de l'impact.
09:00Pour que toutes puissent bénéficier de ces exonérations et développer leur activité.
09:06Et la troisième grande mesure, c'est de créer un écosystème de financement
09:10qui soit très favorable aux licornes à impact.
09:13Un écosystème de financement dédié, en quelque sorte. Quelle forme ça pourrait prendre ?
09:17On a un exemple qui est très clair, c'est celui de la French Tech.
09:20La French Tech, je pense que c'est un de nos grands succès.
09:23L'objectif, c'était de permettre l'émergence de licornes tout court.
09:26Et si je ne me trompe pas, on en a une petite trentaine en France.
09:30Des startups qui sont valorisées plus d'un milliard.
09:32Je crois qu'on peut s'en enorgueillir.
09:34On pourrait avoir un French Impact qui pourrait bénéficier pas seulement...
09:40On a des formes, on a Tech for Good, etc.
09:42Mais là, vraiment, d'avoir quelque chose d'élargi et qui puisse véritablement favoriser,
09:46encourager par un cadre réglementaire et en fléchant des investissements,
09:52favoriser l'émergence de champions de la transition.
09:55Parce que parmi les licornes, les licornes tout court,
09:58effectivement une trentaine, il y en a assez peu qui sont directement
10:02dans l'environnement de la transformation environnementale.
10:05Ça peut être un peu une déception, ça, de la French Tech.
10:08Mais il y en a quand même.
10:11Ensuite, le dispositif n'a pas été pensé pour.
10:14L'objectif, c'était des startups qui se valorisent à un milliard.
10:16Je pense qu'il est temps aujourd'hui,
10:18et le mouvement Impact France pousse beaucoup cette idée-là,
10:21et en tant que membre, je le soutiens activement,
10:23de dire qu'on mette la même ambition pour faire émerger d'aussi beaux champions,
10:27mais qui aient vraiment cet objectif unique
10:30de contribuer à la transition sociale et environnementale.
10:34On espère que cette étude sera en haut de la pile
10:36du nouveau ministre de l'Économie.
10:38Merci beaucoup, et de la transition environnementale aussi.
10:42Merci Cécilia Crozet.
10:43Elle est à retrouver sur le site du mouvement Impact France.
10:45Exactement.
10:46C'est tout simple.
10:47On passe tout de suite à notre débat,
10:50le débat de Smart Impact.
10:51C'est parti.

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