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Dans son édito du 18/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Je vous sens moqueuse et je le serai aussi, en fait je le suis aussi, soyons honnêtes.
00:05Alors, commençons. J'ai le plus grand respect pour Michel Barnier, ce n'est pas phrase fine,
00:10c'est sincère. Voilà un homme qui a une carrière honorable en politique, voilà un
00:14homme qui a servi son pays comme il le souhaitait, ce qui ne veut pas nécessairement dire que
00:17c'était la meilleure manière de le servir, mais voilà un homme qui avait une belle carrière.
00:21Voilà un homme aussi qu'on associait à la retraite tout récemment. Normalement,
00:25Michel Barnier égale homme politique à la retraite qui était associé à l'aventure
00:29européenne. Un nouveau chapitre de sa vie s'est ouvert et il est désormais le premier
00:34ministre à la recherche de son gouvernement. Si on doit associer un mot à la nomination
00:39de Michel Barnier, de ce que j'en comprends, c'est moins enthousiasme que soulagement.
00:44C'est-à-dire qu'on n'a pas vu dans les rues défiler, je me suis moqué un peu de manière,
00:49je m'imaginais une chanson pour Michel Barnier aujourd'hui, c'était à peu près
00:53Il est nommé le divin Barnier, chantons la droite bénissez LR. Il est nommé le divin Barnier,
01:00chantons tous son gouvernement.
01:03On a perdu Mathieu.
01:05Justement, cette chanson, j'ai dû l'inventer parce que je ne l'ai pas entendue dans les rues.
01:12Et pourtant, si je me fie au sondage, il y a cette chanson, on devrait l'entendre un peu partout.
01:18Or, justement, hier, le sondage nous présente Michel Barnier comme l'homme politique le plus populaire
01:24auprès des Français. Et on nous présente quelques chiffres, notamment, je l'ai dit,
01:28je reviendrai sur certains d'entre eux.
01:30Michel Barnier, 57% d'adhésion.
01:34Édouard Philippe, 55%, qui profite de son statut de nouvel Alain Juppé, en quelque sorte.
01:39Gabriel Attal, 54%.
01:42Le retour de revenant, Jean Castex, 54%.
01:45Je vous avouerai que j'étais étonné.
01:47C'est pas rien, c'est-à-dire qu'on ignorait qu'il faisait encore de la politique aujourd'hui
01:51et il revient à la manière d'une proposition tentante.
01:53Et Rachida Dati, 48%.
01:56Sondage IFOP fiducial pour Paris-Montréal.
01:58Alors, je ne doute pas de la qualité du travail des sondeurs,
02:01mais je m'interroge sur le traitement médiatique de cette information.
02:05Lorsqu'on nous présente Michel Barnier sur le mode de 57% des Français s'enthousiascent pour lui,
02:11c'est l'homme politique préféré, l'homme depuis si longtemps attendu,
02:14j'ai vaguement l'impression que les médias au sens large
02:18cherchent à créer la Barniermania qu'ils auraient souhaité apercevoir.
02:23Ne parvenant pas dans la population à voir cette Barniermania spontanément s'exprimer,
02:28aussi bien la créer.
02:30De quelle manière? En transposant un chiffre, une bonne cote, 57%, sans le moindre doute,
02:35c'est votre homme politique préféré, les Français.
02:38Et il y a une publicité dans les années 80 au Québec d'une station de radio
02:42qui disait tout le monde le fait, fais-le aussi.
02:44J'ai l'impression qu'on est sur la logique de la publicité en ce moment.
02:48Tout le monde aime Barnier, aime-le aussi.
02:50Tu ne l'aimes pas, tu n'es pas normal, mon gars.
02:52Et il y a cette mise en récit qui relève moins, je crois en ce moment,
02:57d'une volonté de révéler l'opinion populaire en ce que devraient faire les sondages normalement,
03:02nous dire globalement quel est l'état d'esprit des uns et des autres.
03:07Et on cherche plutôt avec les sondages à modeler de manière quelque peu artificielle
03:13l'opinion publique en créant la Barniermania tant désirée.
03:17Je reviens sur une autre chose, sur ce type de sondage aussi pour un instant,
03:21sur les hommes politiques préférés, les hommes politiques les moins appréciés.
03:25Vous pourrez consulter le sondage évidemment dans le détail.
03:28Mais qu'est-ce qu'on voit? Il s'agit moins en fait d'un révélateur
03:31que d'une liste de gens à dire vous devez aimer lui, vous devez détester celui-là.
03:35Donc vous pouvez avoir le titre le moins désiré qu'il soit, le plus détesté des Français.
03:39Vous avez le titre préféré, l'homme politique préféré des Français.
03:42Mais au final, qu'est-ce qu'on voit à travers ça?
03:44Quelque chose comme une forme de, je pense, je ne dis pas le sondage lui-même,
03:48mais son traitement de manipulation médiatique.
03:51Donc on sélectionne à l'avance qui on doit admirer.
03:53On cherche à conditionner l'opinion, à applaudir à bon rythme.
03:57Et au final, qu'est-ce qu'on a? On a une forme de déconnexion totale
04:00du discours médiatique par rapport à la réalité politique.
04:03Et j'y reviens notamment avec le retour dans ce sondage, je l'ai dit il y a un instant,
04:07de Jean Castex. Alors c'est un homme tout à fait honorable, Jean Castex.
04:10Mais qui en ce pays, pendant un seul instant, s'est imaginé qu'il avait quelque chose
04:14comme la possibilité d'un avenir politique? Personne. C'est terminé.
04:18C'est une aventure, c'est une histoire d'un soir, c'est une histoire de Covid.
04:21Il était là, il n'est plus. Et là, aujourd'hui, on nous le présente
04:25justement comme un de ces hommes politiques qui serait au sommet des préférences des Français.
04:29Voyant tout cela, on a l'impression d'assister non pas, je crois,
04:32à un commentaire de l'actualité politique telle qu'elle est,
04:35mais à une forme de comédie politique où les sondages cherchent à transformer
04:39la vie politique en course de chevaux.

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