Julien Arnaud reçoit Eric Woerth, député Ensemble pour la République de l'Oise sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Et on va voir s'il a la patate ce matin Éric Wörth, bonjour.
00:03J'espère, j'espère.
00:04Et merci d'être là en direct.
00:06La patate peut-être parce que vous allez peut-être devenir un ministre du futur gouvernement de Michel Barnier.
00:11En tout cas, on lit votre nom à peu près partout.
00:13Est-ce que vous avez été contacté ? Est-ce que votre téléphone a vibré ou pas ?
00:17Non, je ne vais pas commenter, il y a toujours plein de rumeurs, vous le savez très très bien.
00:21Il y en a beaucoup sur votre nom spécifiquement.
00:22Il y en a beaucoup, il y en a beaucoup sur plein d'autres.
00:24Et puis c'est bien, c'est naturel dans ce type de situation, je ne vais pas commenter ça.
00:28Non, non, Michel Barnier ne m'a pas appelé si vous voulez.
00:31Et est-ce que si il vous appelle, vous direz oui, ça m'intéresse ?
00:34Ça fait beaucoup de si et avec des si, on se baignerait dans la scène.
00:38Non, mais il y a une question d'envie, il y a une question de moment, il y a une question d'expérience aussi.
00:43Vous êtes un homme expérimenté, on sait qu'on a besoin d'un homme expérimenté.
00:45Je ne veux pas répondre à ça.
00:47Je ne veux pas répondre à ça.
00:49Ce sont des rumeurs, on verra bien.
00:51De toute façon, il faut un gouvernement assez large, assez équilibré.
00:55Et c'est au Premier ministre de juger tout cela.
00:58La vraie question, c'est comment on fait pour qu'un gouvernement soit opérationnel tout de suite ?
01:02Parce qu'on n'a pas le temps.
01:04Notamment sur la question du budget, qui est un dossier que vous connaissez particulièrement bien.
01:08Il faut un profil expérimenté pour gérer cette question du budget ?
01:11Il faut des profils expérimentés partout.
01:14Parce qu'il y a beaucoup de sujets qui sont en cours de traitement.
01:18Gabriel Attal a donné au Premier ministre un certain nombre de sujets qui avaient été écrits.
01:24Les projets de loi étaient prêts.
01:26Il se passe beaucoup de choses.
01:28Il y a eu cette rupture par la dissolution, puis le temps de l'élection,
01:32puis le temps de domination du Premier ministre,
01:34ce qui n'était pas simple dans les circonstances.
01:36Aujourd'hui, il faut passer à l'opérationnel.
01:38Vous l'aviez regretté, la dissolution ?
01:40Moi, je ne regarde plus dans le rétroviseur.
01:42C'est comme ça.
01:45Ça oblige, au fond, à une coalition.
01:47Ça oblige à un accord.
01:49Il y a si longtemps qu'il n'y en a pas eu.
01:51Ça oblige à ça.
01:52Ça peut être la meilleure des choses, si on arrive à faire ça.
01:54Je regrette parfois, notamment les socialistes, qu'ils refusent de façon très abrupte,
02:02sans discuter de quoi que ce soit.
02:07On pourrait discuter de plein de sujets,
02:09et puis ils verraient s'ils veulent rentrer ou pas dans une coalition.
02:12Mais ils sont tellement pris et tellement cornaqués par Ellefie
02:16que ça ne fonctionne pas pour l'instant.
02:18On va parler de la coalition.
02:20Mais si vous voulez bien quand même un petit regard dans le rétro,
02:22parce que sur la question du budget, j'en reviens là-dessus,
02:24parce que le déficit prévisionnel pour l'année prochaine pourrait atteindre 5,6%.
02:28Évidemment, c'est colossal.
02:30Vous, vous êtes quelqu'un qui a toujours plaidé pour l'orthodoxie financière et budgétaire.
02:35Vous avez voté Emmanuel Macron.
02:36Est-ce que vous avez été déçu par ses résultats et par ses chiffres ?
02:39La crise est passée par là.
02:40Elle n'explique pas tout.
02:42Ça explique les deux tiers du déficit supplémentaire.
02:46C'est beaucoup.
02:47Maintenant, ça n'explique pas tout.
02:49L'économie est repartie sur l'emploi, sur plein de sujets.
02:54Donc, à quel moment ça a raté ?
02:56On parlait des patates, des pommes de terre.
02:58Même sur le commerce extérieur, on reste toujours en déficit important.
03:02Mais enfin, ça va nettement mieux.
03:04On est sur un bon chemin dans le domaine de l'économie et de la réindustrialisation.
03:08Qu'est-ce qui a raté ?
03:09Pourquoi on en est là ?
03:10Je ne vais pas faire la liste de ce qui a raté.
03:12C'est trop long ?
03:13Non, je ne vais pas faire la liste non plus de ce qui a réussi.
03:16Je pense qu'il y a aujourd'hui un pays qui doit se transformer,
03:19sans employer des grands mots,
03:21et que cette transformation passe par beaucoup de points,
03:23et notamment par l'investissement.
03:25La situation qu'on connaît, on ne l'a pas connue depuis très longtemps,
03:29c'est qu'on n'a plus tellement de moyens d'emprunter.
03:32On ne va pas augmenter la dette comme ça.
03:34Elle ne va pas monter jusqu'au ciel ou descendre jusqu'au centre de la Terre.
03:38On doit maîtriser cela.
03:40Et en même temps, on a besoin d'investir.
03:42On a besoin d'investir dans l'économie, dans le numérique, dans l'écologie.
03:46Tout le monde le sait bien, ça a été chiffré.
03:48Pas tout seul, pas uniquement les finances publiques.
03:50Évidemment aussi les opérateurs privés.
03:53Il faut investir, mais il faut aussi faire des économies.
03:55Bruno Le Maire dit 20 milliards.
03:57Vous les connaissez, les comptes publics ?
03:58Sur quoi on économise ?
03:59Il faut sûrement transformer un peu de nos dépenses de fonctionnement.
04:02Il y en a beaucoup, c'est l'essentiel des dépenses.
04:04C'est-à-dire moins de fonctionnaires.
04:05Il faut dire les mots qui fâchent.
04:07Plus de fonctionnaires, c'est au fond l'efficacité de la dépense publique.
04:11Alors chacun le dit doctement sur des plateaux de télé, dans des colocs,
04:15mais il faut le faire.
04:17Il faut bien regarder quand un Français verse un euro d'impôt,
04:20quand une entreprise verse un euro d'impôt,
04:22qu'il est employé de manière efficace.
04:24Et là, il y a des gains d'efficacité tout à fait considérables.
04:26Ça a été documenté beaucoup par la Cour des comptes.
04:29Ça l'a été par Bruno Le Maire encore, par une revue des dépenses à Bercy.
04:35Donc on a plein de pistes, juste qu'il faut passer à l'acte.
04:38Et ce n'est jamais simple.
04:39Parce que si c'était simple, ça aurait été fait depuis longtemps.
04:41Vraiment.
04:42Oui, c'est sûr.
04:43La France a toujours comme réponse, la dépense publique a des problèmes.
04:47C'est une culture française qu'il faut tenter d'essayer d'enrayer.
04:50Alors, il y a eu la réforme des retraites.
04:51Et en même temps, les gens ne sont pas contents.
04:53En même temps, les gens ne sont pas contents.
04:54Ils ne sont pas contents de l'assurance maladie.
04:56Globalement, ils ne sont pas contents de la redistribution des revenus
05:01alors qu'on redistribue.
05:03On est le pays qui est le plus redistributeur.
05:05Donc il y a un petit moment, il faut essayer de recaler tout cela
05:07et dire qu'on dépense beaucoup d'argent public,
05:09qu'il y a beaucoup de services publics, qu'il y a beaucoup de gratuités.
05:12On doit évidemment un service public de grande qualité, mais pas moins cher.
05:17Ce n'est pas avec ce genre de discours que vous ferez venir des socialistes dans la coalition.
05:21C'est aussi ça le problème politique.
05:22C'est parce que les socialistes ont, j'imagine, des Français responsables et raisonnables.
05:25Sur la réforme des retraites, vous avez beaucoup plaidé pour cette réforme.
05:28Michel Barnier a dit qu'il était prêt à rouvrir le débat.
05:31Est-ce que ça vous inquiète ?
05:32Moi j'ai été le ministre qui a fait la réforme des 60-62.
05:36C'était un tabou et ça avait provoqué beaucoup de sujets.
05:39On est revenu à 60, on est passé à 64 avec Elisabeth Borne et il fallait le faire.
05:45Il y a eu beaucoup d'efforts pour faire ça, beaucoup d'efforts.
05:48Elisabeth Borne, son ministre, on fait beaucoup d'efforts pour essayer de mettre
05:55plus de justice fiscale à l'occasion d'une réforme.
05:58Ce qu'on n'a pas suffisamment bien fait, c'est le dialogue avec les entreprises
06:01pour dire comment on fait pour travailler plus longtemps.
06:03Les entreprises ont tendance à se séparer des seniors, comme on dit.
06:07Senior, on le devient relativement vite d'ailleurs.
06:09Donc il faut faire très attention à conserver une trajectoire de carrière, de formation.
06:15Et ça, ça n'a pas été suffisamment fait et ça doit être fait.
06:18On a aperçu, pendant que vous parliez, les trois ténors de la droite
06:21qui ont été reçus hier à Matignon, Gérard Larcher, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau.
06:24Est-ce que les LR sont en train de devenir les futurs piliers du gouvernement ?
06:28Et est-ce que c'est souhaitable ? On sent que ça grince pas mal des dents.
06:30Du côté notamment du camp présidentiel.
06:33LR a évidemment toute sa place au gouvernement.
06:35Et d'ailleurs, il aurait dû l'avoir depuis deux ans.
06:37Toute sa place, mais rien que sa place ? Ou plus ?
06:40C'est un parti, là, charnière.
06:4347 députés ?
06:44Oui, 47 députés.
06:45Donc c'est un groupe qui a deux fois moins de députés que le groupe Renaissance lui-même.
06:50Mais évidemment, LR joue un rôle fondamental.
06:53S'il n'y a pas LR, il n'y a pas de coalition.
06:55Donc tout ça a un prix.
06:56D'ailleurs, le Premier ministre, il est LR.
06:57On l'oublie toujours.
06:58Il est bien LR, Michel Barnier.
07:00Donc il faut que LR rentre au gouvernement.
07:04Avec Laurent Wauquiez ?
07:05Parce que Sylvain Maillard dit que c'est un irritant, Laurent Wauquiez.
07:07Laurent Wauquiez, il laisse pas indifférent.
07:09Mais ça peut être une qualité comme ça peut être un défaut.
07:13Je ne sais pas.
07:14Il y a aussi des trajectoires personnelles derrière tout cela.
07:16Il n'y a pas que l'intérêt général du pays.
07:18Si avec l'intérêt général du pays, à mon avis, on y arriverait assez facilement.
07:21Mais il y a des trajectoires personnelles, évidemment, des uns et des autres.
07:25On ne va pas se cacher derrière son petit doigt.
07:27Et ces trajectoires, elles peuvent un peu créer des fritures sur la ligne.
07:30Est-ce qu'il faut un renouvellement complet comme le souhaite François Bayrou ?
07:33Je pense qu'il faut des gens d'expérience.
07:35Il faut des gens qui soient capables de faire fonctionner leur ministère tout de suite.
07:38Pas une semaine, pas 15 jours après.
07:40Être capables d'arbitrer en fonction du discours de politique générale du Premier ministre.
07:46D'arbitrer les projets suffisamment transformateurs et suffisamment bien pour les Français.
07:51Alors, parmi les gens d'expérience qui sont peut-être disponibles,
07:53il y a Thierry Breton, puisqu'il n'est plus à la Commission européenne.
07:55Il a démissionné avec fracas hier.
07:58En gros, c'est Ursula von der Leyen qui a demandé ça pour Emmanuel Macron et qu'il l'a obtenu.
08:02Ça montre un affaiblissement de la France en Europe.
08:04C'est ce que j'ai vu toute la presse ce matin.
08:05Oui, j'ai vu ça dans la presse.
08:07J'espère pas. Je pense qu'il ne fit...
08:09D'abord, je dois rendre hommage à Thierry Breton.
08:11Ça a été un extraordinaire commissaire. Extraordinaire.
08:14Ce qu'il a fait sur le numérique, il l'a fait avec un caractère trempé.
08:18Mais entre nous, si on n'a pas un caractère trempé, ça ne peut pas marcher.
08:21Donc la France, il y avait une mésentente qui s'était accrue avec la présidente allemande de la Commission.
08:28C'est ainsi et Thierry en a tiré les conséquences.
08:31Mais ça a été un très grand commissaire européen.
08:33Aujourd'hui, Stéphane Séjourné doit reprendre le flambeau.
08:36Il faut qu'il le reprenne sur le plan économique.
08:38Il faut que la politique de concurrence de l'Union européenne soit revue.
08:43Il faut aussi que sur les grandes entreprises du numérique,
08:48il y ait une régulation extrêmement forte pour maintenir nos libertés publiques
08:53et pour ne pas faire en sorte qu'il y ait une sorte de monopole, à un moment donné,
08:57du pouvoir numérique de quelques-uns.
08:59Ce n'est juste pas possible.
09:01La nouvelle commission sera présentée aujourd'hui par Ursula von der Leyen.
09:03Oui, c'est pour ça que le temps presse.
09:05Merci beaucoup.
09:06Le temps presse partout.
09:07Nous aussi, le temps presse.
09:08Merci infiniment, Éric Wörth.