• il y a 3 mois
DB - 16-09-2024

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00:00♪♪♪
00:27On a le temps, les employés n'arrivent qu'à 2 heures.
00:31Depuis que t'as compris que la parfaite secrétaire n'est pas forcément une fille maquillée comme Achille Zavatta,
00:35mais quelqu'un d'impeccable, tu me plais.
00:38Ah, tu sais, c'est pas pour ça que le patron me regarde.
00:41Mais il n'a pas à te regarder.
00:43Il a à sentir que tu existes et que tu es à la hauteur de la situation.
00:46Nuance.
00:49Ah, j'ai repris mon travail avec une de ces flemmes.
00:52Ces vacances en fleur m'ont complètement ramollie.
00:54Les jambes en spaghettis, le cerveau ailleurs.
00:57Ah, tu peux pas savoir.
01:00Moi aussi.
01:02Hier, j'ai coiffé une fille qui avait les cheveux longs, en large vague visante.
01:05Ça me faisait rêver à la mère.
01:08Je garde de ce petit séjour un souvenir, comment dire, très tendre.
01:13Oncle Étienne était adorable.
01:15On se réveillait les yeux sur un tapis d'herbes vertes.
01:20Il y a un charpe dans cette vieille campagne, tu ne trouves pas?
01:26Et j'y peux.
01:27J'y peux.
01:28Bah oui, j'y peux.
01:29T'as quoi, j'y peux?
01:30Tu trouves pas qu'il a du charme aussi, j'y peux?
01:34Si, je ne le voyais pas sous cet aspect-là.
01:37Avec sa veste de marin, drôlement jeune premier.
01:40Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
01:43Je le croyais très fermé, impénétrable, sans humour.
01:47Il m'est apparu très gai, très ouvert.
01:50Cela dit, il a aussi le charme.
01:53Tu trouves qu'on faisait un joli couple, tous les deux?
01:56À partir du moment où l'oncle Étienne nous a considérés comme plus ou moins fiancés,
02:00je vous ai regardé sous cet angle et ma foi...
02:04Non.
02:06Tu m'apparais un peu jeune.
02:10Voilà.
02:11Votre raccord de beauté est terminé, mademoiselle.
02:15Tu crois qu'il aurait fait un couple mieux assorti avec toi?
02:17Je ne sais pas, je ne me suis pas posé la question.
02:19Tu n'es pas amoureuse de lui?
02:20Non.
02:21En admettant que je serai un jour attirée par un garçon,
02:23je le garderai à sept fois avant de me laisser aller.
02:27Pourquoi? Tu aurais voulu que j'y paie?
02:28Là-haut? Non, je ne veux rien, je m'occupe de mes affaires.
02:32Et j'essaie de me servir de mon arme comme je peux.
02:34Il est deux heures, je peux partir?
02:36Oui.
02:37C'est ça.
02:38A soir.
02:40Tenez-vous bien!
02:41On a l'autorisation?
02:43Oui, on a le numéro du registre du commerce.
02:45À condition que vous soyez le gérant.
02:47Je serai le gérant.
02:48Sans sasses!
02:49J'ai écrit le texte que les filles apprendront pour le dire aux touristes.
02:52Il faudra que vous l'appreniez.
02:53Et les uniformes?
02:54Des marquants ne vont tout de même pas attendre que les filles aient des uniformes.
02:57On est bien forcé d'attendre.
02:59Il faut, premièrement, que les bureaux de tourisme inscrivent les noms des clients.
03:03Deuxièmement, les noms des clients sont centralisés à l'agence COP, chez Silhouette.
03:08Et troisièmement, on ne peut rouler que le samedi et le dimanche,
03:11puisqu'on travaille tous dans la semaine.
03:13Le bus ne débarra pas avant midi.
03:15Les filles n'ont qu'à aller chez la mère de Madeleine,
03:17qui leur taillera leurs uniformes d'ici huit jours.
03:20Et samedi prochain, on est prêts.
03:23Et les garçons?
03:24Vous n'avez pas l'air de faire grand-chose dans cette organisation.
03:27Tout est sur le dos des femmes.
03:29Pas du tout.
03:30Moi, je dirige.
03:31Moi, je conduis.
03:32Moi, je fais casquer les touristes.
03:34Moi, je les reçois, je contrôles et je vends les articles de Paris.
03:40Bon, Silhouette et Yolande,
03:41disent le texte de la visite.
03:42Les deux autres sont là pour décorer.
03:43C'est une organisation parfaite.
03:47Mesdames et messieurs,
03:48nous ne vivrons pas le parcours de la visite,
03:50mais le Paris historique.
03:51Le vrai Paris.
03:58Ben quoi, c'est pas bien?
04:00Mais vous allez vous casser la figure
04:02avec votre bus pour touristes et hélicas.
04:04Comme vous vous êtes cassé la figure
04:05dans le lancement de Matt Blondy.
04:07L'artisanat ne paye pas.
04:08L'amateurisme non plus.
04:09Et les touristes ne veulent pas connaître le Paris number two.
04:12Ils veulent qu'on leur montre le Paris number one.
04:14Le gros truc spectaculaire.
04:15La tour Eiffel, le palais de Chaillot,
04:17le Louvre, Notre-Dame, le Sacré-Cœur.
04:19Et moi, je vous dis que le petit coin du Paris number two,
04:21ils veulent aussi les connaître.
04:23Le Bergaland, la maison de Nicolas Flamel,
04:25Saint-Séverin et son petit jardin,
04:27la place des Vosges,
04:28les hôtels particuliers du Marais.
04:30Non, mais je te dis que votre bus est bon à mettre à bord.
04:32C'est pas ça.
04:33C'est pas ça.
04:34C'est pas ça.
04:35C'est pas ça.
04:37Mais il faut faire la retraite avant d'être sorti.
04:39Croisant les professionnels de la publicité,
04:41votre idée n'est pas publicitaire du tout.
04:43Tiens, tu consulteras le duc.
04:45Non, je ne dois rien demander à le duc.
04:48Madeleine fait partie de l'équipe.
04:50Eh, alors?
04:51Eh, alors?
04:52Hé là, en tout cas, nous on y croit.
04:55Et c'est en tant que publicitaire
04:57que je vous demande de me dessiner des uniformes
05:00pour les quatre filles, dont moi,
05:02qui seront les hôtesses du bus.
05:04Et tout ça, sans être payé, bien entendu.
05:06Ah ben ça !
05:08Ah ben ça !
05:09Bien entendu.
05:10Et en dehors de nos heures de travail ?
05:12Ah mais quand vous voulez.
05:14Que ce soit près de demain, c'est tout.
05:16Mais nous, quand...
05:18Mais qu'est-ce que vous faites ?
05:20Laissez-en faire. Laissez-en faire.
05:22N'oubliez pas qu'elle est la secrétaire du patron.
05:24Ah !
05:25En faisant semblant d'obéir volontiers.
05:27Sans quoi elle le save.
05:28Ce sont les galèves, la civérie, les chafauds qui nous attendent.
05:31Nous sommes à vos ordres, citoyenne.
05:33Dites aux citoyens Robespierre
05:35que les costumes seront prêts demain.
05:37Demain, c'est juré.
05:38Et ne m'envoyez pas à Cayenne.
05:40Je suis si faible de constitution.
05:42Eh ben, il y a de la joie.
05:44Eh ben, ça tombe bien.
05:46Vous avez terminé les maquettes pour les pantalons en polyester ?
05:48Ben oui, c'est fait.
05:49Ça y est, c'est chez le patron.
05:51On nous met sur un euphorisant.
05:53Qu'est-ce que c'est que ça ?
05:55C'est un produit pour détendre.
05:57Pour provoquer un tonus optimiste.
06:00Comment ça va, Sylvette ?
06:02Ça va.
06:03Bon, allez, c'est le patron.
06:04S'il est content pour les maquettes,
06:06on se mettra tout de suite sur l'euphorisant.
06:08Je vous expliquerai.
06:10Dis donc, quand vous rentrerez, je serai à la rédaction.
06:12Vous pensez à mes uniformes, hein ?
06:14D'accord. On dessine quelques modèles pour demain.
06:16Quels uniformes ?
06:18Je vous ai parlé de notre bus.
06:20Ah, oui.
06:22Les hôtesses.
06:24Madeleine en fait partie ?
06:25Oui.
06:27Madeleine.
06:29On n'y pensait plus.
06:32C'est ce que je me dis sans cesse.
06:34N'y pense plus.
06:36Mais de se dire sans cesse, n'y pense plus,
06:38on n'y pense sans cesse.
06:40Pourquoi est-ce que je suis tombé amoureux de cette gamine ?
06:44De toute manière, ça ne pouvait mener à rien.
06:46J'ai le double de son âge.
06:48Elle a repris son travail ?
06:50Oui, depuis quelques jours.
06:52Vous l'avez revue ?
06:53Non. Non, pas depuis qu'elle a repris.
06:55Mais justement, je voulais vous demander
06:57si elle a échoué dans la chanson.
06:59C'est parce que son lancement a été mal fait,
07:01comme le laissent entendre les dessinateurs,
07:03ou parce qu'elle n'en avait pas l'envergure ?
07:07C'est parce qu'elle n'avait pas l'envergure.
07:11Pour devenir une étoile,
07:13mais durer, rester,
07:15la beauté ne suffit pas.
07:17Il faut quelque chose de plus à l'intérieur.
07:20Lorsque la Andresse, Brigitte Bardot, Sofia Loren
07:22ont quelque chose de plus que leur beauté,
07:25ça ne se voit pas tout de suite,
07:27en tout cas pas forcément,
07:29mais un jour ça se révèle.
07:31Et c'est ça, cette vibration profonde,
07:34qui les maintient là-haut.
07:40Non, je me suis trompé sur Madeleine.
07:44J'ai été subjugué par sa beauté et son charme,
07:47mais il n'y avait rien derrière.
07:50J'ai manqué de lucidité par amour.
07:55Il y a le travail.
07:57Mais s'il y a de tragique,
07:59ou plutôt de tragi-comique,
08:00parce que vu de l'extérieur,
08:01ce serait plutôt comique,
08:02c'est que maintenant j'ai à lancer des euphorisants
08:05avec des slogans dans le genre
08:06« Soyons gays » et « Tendons », non ?
08:10Non.
08:12Non.
08:14Oh, il suffit que je ne voie plus Madeleine.
08:16Tout à l'instant, ça.
08:26Et là ?
08:28Ah, Sabine.
08:31Sabine, encore quelqu'un à guérir.
08:33J'en finirai jamais, moi,
08:34de rencontrer des hommes souffrantes.
08:36Enfin, pour celle-là,
08:37j'ai une ordonnance et des médicaments.
08:42Bonjour.
08:43Bonjour.
08:44Bonjour.
08:45Bonjour.
08:46Bonjour.
08:47Bonjour.
08:48Bonjour.
08:49Bonjour.
08:50Bonjour.
08:51Bonjour.
08:52Bonjour.
08:53Bonjour.
08:54Bonjour.
08:55Bonjour.
08:57Ah.
08:59Je vous apporte quelques mots
09:00sur le nouveau produit à lancer.
09:05Un euphorisant au phosphore.
09:06Oui.
09:07Qu'est-ce que c'est ?
09:08Une espèce de gazila.
09:10Maintenir le tonus, retrouver l'optimisme,
09:13ne plus ressentir la fatigue.
09:15Pour les intellectuels surmenés
09:17et les travailleurs astreints à de longs efforts.
09:19Tout à fait ce qu'il me faut.
09:20Je vais en commander une caisse
09:21et en mettre sur mes tartines au petit déjeuner.
09:24Eh bien, dites-moi, ça a l'air d'aller.
09:25Oui, ça va.
09:26Eh bien, moi qui venais pour vous consoler,
09:28je le suis, j'ai passé la soirée avec lui.
09:31Avec le patron ?
09:32Oui, hier soir.
09:33Ah non, Sabine, vous n'allez pas recommencer.
09:36On peut vous parler de votre orgueil
09:37et vous vous contenter de miettes.
09:40Non, vous faites erreur.
09:41C'est exactement le contraire.
09:43Non, je dois d'être gaie ce matin
09:45parce que j'ai regardé cet homme,
09:47comme vous m'avez dit de le faire,
09:49avec rancune, avec cruauté,
09:52en cherchant ses défauts.
09:54Et avec quelle expérience !
09:56Evidemment, c'était un grand bonhomme,
09:58un grand patron.
10:00S'aimait cet égoïsme,
10:02cette sécheresse de cœur.
10:04Je me suis sentie glacée au fur et à mesure
10:06que la soirée avançait.
10:08Et pourtant, je vous assure que...
10:10que je n'ai pas vécu les premières heures
10:12de cette soirée avec cet esprit-là.
10:14Il vous a mobilisées pourquoi ?
10:16Pas mobilisées, invitées.
10:18Après le travail.
10:20Oui, je suis restée une des dernières hier soir
10:22à l'agence pour attendre les épreuves
10:24des communiqués rédactionnels.
10:26Un petit typographe me les apporte vers 7h.
10:28Il n'y avait plus personne dans les bureaux.
10:30Je les corrige, le typographe s'en va
10:32et je me prépare à sortir.
10:34M. Vandenberg parait.
10:36Sabine, j'ai besoin de vous voir.
10:38Seriez-vous libre ?
10:40Nous dînerions ensemble.
10:42Et vous étiez ravie, je parie.
10:44Bien sûr, j'étais ravie.
10:46Vous n'êtes pas humain.
10:48Dites-moi, vous me permettrez de vous traiter d'idiote ?
10:50Vous vous adressez à quelqu'un qui ne l'est plus ?
10:52Trouvez-le.
10:54Tout de suite ?
10:56C'est effarant.
10:58Lorsqu'on ouvre les yeux sur une erreur,
11:00comme on les ouvre grands,
11:02comme on les ouvre vides.
11:04Il m'invitait pour une question de travail
11:06commencé lorsque j'étais secrétaire
11:08et que je voulais l'utiliser pour ne pas vous encombrer.
11:10Et il ne voulait pas en parler au bureau ?
11:12Non, parce que je devais fournir
11:14mon travail. Je n'y étais pas forcée.
11:16Le dîner ferait mieux passer les choses.
11:18Et tout d'un coup,
11:20j'ai eu devant moi un homme détendu,
11:22sans téléphone,
11:24sans horaire,
11:26qui m'a parlé tout au long de cette soirée
11:28de lui, de lui et encore de lui.
11:30Et de son intelligence et de sa réussite.
11:32Et de sa femme.
11:34Et de sa femme.
11:36À 9 heures, je l'admirais encore.
11:38Et à minuit, je lui étais étrangère.
11:40Vous êtes sûre ?
11:42Je voulais savoir que je vous apportais.
11:46Et vos centrismes ?
11:48Sécheresse.
11:50Passionnée pour un seul être,
11:52le reste de la terre peut s'écrouler.
11:54Ça concorde, non ?
11:56Ça concorde.
11:58Ah, Sabine, ce que je suis soulagée.
12:00Et moi ?
12:02Sabine, j'ai besoin de vous.
12:04Vous aussi ?
12:06Non, mais je veux dire,
12:08depuis qu'on est amies, je voudrais que vous m'aidiez.
12:10Je suis cultivée.
12:12Prenez-en un euphorisant.
12:14Bien sûr, je vous aiderai.
12:16C'est à vous que je dois d'être libre.

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