• il y a 3 mois
L'émission L'Équipe du Soir a consacré une soirée spéciale en hommage à Didier Roustan, décédé le 11 septembre 2024 à l'âge de 66 ans. Points clés de cet hommage :

Le surnom "Président à vie" lui avait été donné par l'équipe de l'émission, reflétant son statut particulier et l'affection que lui portaient ses collègues.
De nombreux témoignages ont souligné sa passion pour le football, son érudition et son approche romantique du sport.
Ses collègues ont évoqué ses analyses pointues, son franc-parler et son style unique, mêlant anecdotes et réflexions philosophiques sur le jeu.
Son amour particulier pour le football sud-américain, notamment l'Argentine et Diego Maradona, a été rappelé.
L'émission a diffusé des extraits de ses interventions les plus marquantes au fil des années.
Plusieurs personnalités du monde du football ont participé à l'hommage, partageant leurs souvenirs avec Didier Roustan.
Sa carrière variée a été retracée, de ses débuts à TF1 jusqu'à son rôle emblématique sur la chaîne L'Équipe.
L'hommage a aussi évoqué ses engagements, notamment la création du syndicat mondial des footballeurs et de l'association Foot Citoyen.

Cette émission spéciale a permis de célébrer la carrière et la personnalité de Didier Roustan, figure incontournable du journalisme sportif français, tout en soulignant l'impact qu'il a eu sur ses collègues et le monde du football en général.

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Sport
Transcription
00:00:00Ça te plaît bien ?
00:00:01C'est pas dérogable.
00:00:03D'ailleurs, quand je le fais avec Messaoud,
00:00:06qui, lui, oublie de temps en temps...
00:00:08De temps en temps, il dit que le président, aujourd'hui, c'est de l'Oustand.
00:00:12Une fois sur cinq, je lui dis à vie, Messaoud.
00:00:14Donc, quelque part, ça va pas me déplaire. C'est mon côté coquet.
00:00:17Oui. T'en plaisantes ou, mine de rien,
00:00:20il y a un petit peu d'ego avec ça ? Ça te plaît, quoi ?
00:00:23Ça me déplaît pas.
00:00:24C'est bien qu'il y ait des hiérarchies dans la vie.
00:00:27Ça va plaire aux autres.
00:00:31C'est l'équipe du soir. Bonsoir à tous et bienvenue.
00:00:34Une chaise de prise dans la vie vient disparaître libre.
00:00:37Voilà. Ce sera ce soir, ce sera...
00:00:39Lidier sera là, avec nous.
00:00:41Il y a beaucoup de mots pour expliquer la joie.
00:00:42Il y en a très peu pour exprimer la tristesse.
00:00:44Mais je le ressens, là.
00:00:46Autour de nous, toute la famille de l'équipe du soir s'est rassemblée.
00:00:49Et il y a énormément d'émotions.
00:00:51On va juste commencer...
00:00:52On va juste se libérer un peu de ces émotions
00:00:55pour mieux rentrer et mieux vous expliquer
00:00:57ce qui était pour nous dire.
00:00:58Je vais me lever et on va faire une mille d'applaudissements,
00:01:00mes amis, ensemble. Voilà.
00:01:25...
00:01:52Merci, mes amis.
00:01:54Et puis, merci à vous qui êtes peut-être devant votre poste,
00:01:56comme ça, qui êtes un petit peu...
00:01:59un peu brincballés par cette nouvelle, on va dire,
00:02:02suffocante, sidérante, stupéfiante.
00:02:03Moi, j'ai passé une drôle de journée, personnellement,
00:02:06parce que j'ai eu beaucoup, beaucoup de messages
00:02:08avec beaucoup de gens qui m'ont présenté, on va dire,
00:02:10leur condoléance.
00:02:11Et je me suis dit, c'est drôle,
00:02:12parce que je ne suis pourtant pas de la famille de Lidier.
00:02:16Et spontanément, les gens m'ont livré beaucoup de condoléances,
00:02:19m'ont donné, m'ont présenté leur condoléance, pardonnez-moi.
00:02:22Et finalement, une petite réflexion, d'ailleurs,
00:02:25finalement, oui, bah oui, j'étais aussi un peu de sa famille,
00:02:28sa famille de cœur, et vous voyez ici des oncles,
00:02:31des tantes, des cousins de la famille de cœur de Lidier Roustan.
00:02:34Donc, bah voilà, et vous qui êtes derrière le poste,
00:02:37à mon avis, il y a aussi quelque chose,
00:02:39un lien affectif avec Lidier, avec notre président,
00:02:43avide, de l'équipe du soir.
00:02:45Alors, le conducteur, ce soir, ou juste avant, d'ailleurs,
00:02:48j'en profite pour transmettre mes amitiés,
00:02:50mon bon souvenir, je les ai eus au téléphone,
00:02:52mais voilà, à toute la famille de Lidier,
00:02:54à son fils Dimitri, à sa fille Charlotte,
00:02:58à la maman de ses enfants qui restait avec lui,
00:03:00à sa compagne, également Louise, qui a été remarquable et magnifique.
00:03:04Maintenant, le principe, vous connaissez l'équipe du soir,
00:03:07en fait, ce soir, c'est pas du tout le principe de l'équipe du soir,
00:03:09il n'y a pas de question, il n'y a pas de duel,
00:03:10il n'y a pas de super duel, il n'y a pas de vote,
00:03:11il n'y a pas de vainqueur, voilà.
00:03:13Il y a juste quelqu'un...
00:03:16On a eu la chance de croiser, d'être d'accord,
00:03:19de ne pas être d'accord, et puis voilà.
00:03:21Donc, on va évoquer, on va dire ses souvenirs,
00:03:23genre à chaque fois, une question, j'irai à la pêche,
00:03:25et puis j'irai interviewer Régis, enfin présenter Régis,
00:03:30pour toi, Didier, c'est quoi ?
00:03:31Enfin voilà, il y a Régis, il y a Dominique, il y a Étienne,
00:03:33puis il y a toute la petite bande que vous connaissez.
00:03:37L'émission va être un peu foutraque,
00:03:39mais ça, ça pourrait plaire à Didier,
00:03:40puisque, évidemment, parfois, dans ses prises de position,
00:03:43il y avait ces fameuses parenthèses
00:03:45qui étaient parfois refermées et parfois qui étaient en suspens.
00:03:49Je vous propose maintenant que certains quittent le plateau,
00:03:53tranquillement, on a quelques éléments comme ça, voilà,
00:03:55et on va revoir Didier dans toute sa splendeur.
00:03:57Alors, parfois, les émissions de l'Equipe du soir,
00:04:00ça commençait avec ou sans Didier,
00:04:02mais quand il y avait Didier, parfois, c'était l'Equipe du soir,
00:04:06et puis parfois, ça virait à Top Chef.
00:04:08On va voir une émission,
00:04:09le début d'une émission formidable, mythique,
00:04:13avec quelqu'un que vous ne connaissez pas,
00:04:15c'est Rachid, le fameux cuistot, le Paul Bocuse de ce groupe.
00:04:18On y va, une archive parmi tant d'autres, on y va.
00:04:22Nous sommes en duplex avec le Paul Bocuse de cette institution,
00:04:25c'est Rachid, regardez.
00:04:27Bonsoir, Rachid.
00:04:28Rachid, c'est quoi, le menu du soir ?
00:04:29– Bonsoir, alors ce soir, j'ai pas loin de bœuf,
00:04:32et j'ai cordon bleu, et j'ai d'autres cabinets.
00:04:35Je vous dis à tout à l'heure et je vous attends.
00:04:38– Le coût est bas, j'ai fait une erreur magistrale, j'ai hésité.
00:04:43Vous pouvez me faire un petit carotte râpée, jambon,
00:04:45petit fromage blanc, machin, et je me suis fait avoir par Rachid
00:04:51avec son quoi, son sauté de bœuf, le sauté d'agneau.
00:04:56Je pense qu'à 23h30, peut-être, je reprendrai les couleurs,
00:04:59mais là, je sais plus trop, je vais gifler mon deuxième patient.
00:05:03– Il vaut mieux l'avoir en journal.
00:05:05– Comment va le foie, Dominique ?
00:05:07– Tout va bien, une grosse capacité de digestion chez moi.
00:05:09– Ok, Steve Austin est là.
00:05:12– Ça va mémé ?
00:05:13– Ça va bien, et vous ?
00:05:15– Boulette, poulet, taquerie.
00:05:18– Vous avez pris la boulette ?
00:05:19– Boulette et riz, le remède et le mâle dans la même assiette.
00:05:22– Bonsoir Rachid, la tigresse a tout dévoré.
00:05:28Bonsoir ma tigresse, vous avez mangé léger ?
00:05:31– J'ai fait très léger, j'ai fait petite salade.
00:05:33– Petite salade ? D'accord, très très bien.
00:05:35Et puis enfin, Thierry Marchand, notre dernier patient.
00:05:38Thierry, l'écarisseur de rien du tout d'ailleurs.
00:05:40– Il ne peut plus là, il a pu mais il ne peut plus, bonsoir Thierry.
00:05:48– Et franchement, les petits pois…
00:05:51– Allons-y, c'est parti.
00:05:59– Même les petits pois sont dangereux, c'est pas un truc pour tenir.
00:06:03– On va péter un annais sur mes pieds.
00:06:07Bon, ce n'est pas une émission culinaire,
00:06:09enfin gros bisous Rachid, voilà, Rachid, tenez bon.
00:06:13Voilà, pour commencer, c'était un début d'émission
00:06:14avec évidemment la bonne humeur, contagieuse de Didier Rousteing
00:06:18qui nous fait une séquence, voilà, on était partis pour débriefer,
00:06:20je ne sais plus ce qui était au menu ce soir,
00:06:22mais en tout cas, le menu de la cantine nous avait bien fait marrer.
00:06:26Je ne sais pas sur qui je vais convoquer là au tableau,
00:06:30j'ai l'impression d'être un maître d'école, tiens, j'ai mon Étienne…
00:06:34– J'ai toujours commencé par les meilleurs.
00:06:35– Je ne sais pas, voilà, je vous dis Didier,
00:06:38comme ça, spontanément, vous me dites quoi ?
00:06:41Il y a un souvenir qui revient, il y a quelque chose ?
00:06:45– Oui, il y en a 200 des souvenirs,
00:06:46mais déjà sur les démarrages d'émissions avec Didier,
00:06:49on n'était jamais sûr de rien, il avait des très très bonnes humeurs,
00:06:54il avait parfois des petites mauvaises humeurs,
00:06:56il avait parfois envie de parler de la cantine,
00:06:59parfois il avait envie de parler de la chance aux chansons,
00:07:01il avait envie de parler de ce dont il avait envie de parler,
00:07:03il ne parlait pas forcément de ce qui avait été prévu dans l'émission,
00:07:06et ça c'était formidable parce que c'était toujours imprévu,
00:07:10il prenait souvent le ballon, il ne le rendait pas toujours,
00:07:13mais quand il le rendait, il était beau.
00:07:16– Le ballon était propre, moi je me méfiais de lui,
00:07:21avant le générique, il disait, je ne suis pas bien aujourd'hui,
00:07:25presque même à la limite du forfait.
00:07:28Bon, générique qui démarre, et là, mes chantants pétaradants,
00:07:33je ne pouvais même pas présenter Hervé,
00:07:35qui ne pouvait même plus chanter son Patrick Juvet et tout ça.
00:07:37– Je l'ai reculé plus d'une fois pour ça, je lui ai dit, tu déconnes,
00:07:40laissez-moi chanter.
00:07:42– Vous, votre Didier, c'est quoi ?
00:07:45– Moi c'est l'humanisme du personnage,
00:07:48parce qu'on discutait beaucoup aussi en dehors,
00:07:50et puis on avait une passion commune pour l'Afrique,
00:07:52de savoir donc…
00:07:53– Né au Congo, Brazaville, notre Didon.
00:07:55– Né au Congo, Brazaville, j'ai fait trois ans là-bas,
00:07:57trois ans au Congo-Brazaville,
00:07:59donc il a toujours été touché par la terre,
00:08:00j'ai mis le maillot du Cameroun,
00:08:01parce que je sais qu'il avait un amour particulier pour le Cameroun,
00:08:04à Roger Mila notamment, et il a fait des reportages là-bas,
00:08:07et c'est vrai que c'est surtout ça qui m'a marqué chez lui,
00:08:10bon déjà j'étais hyper fier,
00:08:11la première fois que j'ai fait une émission avec Didier Rousteing,
00:08:13parce que moi je suis de la génération, je l'ai découvert à la télé,
00:08:18je suis un peu plus jeune que lui, mais pas beaucoup plus jeune non plus,
00:08:20donc ça veut dire que moi j'ai découvert le football de haut niveau,
00:08:24dans le journalisme, grâce à Didier Rousteing,
00:08:27les reportages qu'on voyait à la télé,
00:08:28et la première fois que vous vous retrouvez avec Didier Rousteing,
00:08:30ça vous fait…
00:08:31– Un petit truc.
00:08:32– Ah ben moi je suis très respectueux des anciens de toute façon,
00:08:34de manière générale, et lui c'était Didier Rousteing,
00:08:36c'était une image pour nous incroyable.
00:08:37– Peut-être qu'Olivier a un autre regard,
00:08:39parce que voilà, mais je voulais juste surfer sur ce que nous disait Hervé,
00:08:43vous la première que vous faites avec Didier,
00:08:45vous dites putain c'est le gars de téléfoot,
00:08:46c'est un peu mon enfance, ma bande de pros.
00:08:48– J'avais les pétaches.
00:08:49– Pétaches ?
00:08:50– J'avais les pétaches,
00:08:51c'est le mec avec qui j'ai grandi à la télévision,
00:08:54donc quand j'ai commencé à m'intéresser à ça,
00:08:57et à regarder les images de foot, téléfoot, c'était lui,
00:09:00l'Euro 84 j'ai suivi, c'était lui,
00:09:02on vient de le voir avec Michel Denisot,
00:09:04il a commenté la demi-finale et tous les matchs des Bleus.
00:09:06– Il avait un truc vache sacré, un truc côté total.
00:09:10– Et ce qu'il y a de bien, c'est que lui te met tout de suite à l'aise,
00:09:12il aurait pu avoir un peu de surplomb, un peu de condescendance,
00:09:15il a ce qu'on appelle une carrière,
00:09:16je pense que c'est un mot qu'il n'aurait pas aimé,
00:09:18il a eu mille vies, il a fait pas mal de trucs à l'ALPLUS, TF1,
00:09:21il était depuis 25 ans à l'équipe, dans le groupe,
00:09:24mais il a eu mille vies et ça ne se sentait pas qu'il était une bible,
00:09:30qu'il avait une connaissance hors du commun,
00:09:32qu'il connaît mieux le football sud-américain que n'importe qui en France,
00:09:35il t'accueillait comme si t'étais son copain.
00:09:38– Sur le football sud-américain, il vous faisait sentir qu'il était au-dessus.
00:09:40– C'est vrai.
00:09:43– Régis, même chose, même traque ou non ?
00:09:45Ou vous aviez une autre approche de la mètre ?
00:09:47– J'ai eu la chance de le connaître il y a très longtemps,
00:09:49au début des années 90, en jouant au foot avec lui.
00:09:52– Oh, les Globetrotters !
00:09:54– Exactement, tu sais tout mémé.
00:09:56On jouait dans une équipe de foot dont le président était Pierre Cangioni,
00:10:00qui était donc le mentor de plus ou moins Didier,
00:10:02et dans cette équipe de foot, il y avait des artistes,
00:10:05il y avait Herbert Léonard, Louis Bertignac, des gens comme ça,
00:10:08il y avait des anciens joueurs comme Jean-Luc Haribard,
00:10:10et pas mal de journalistes.
00:10:12Et je ne sais plus pourquoi j'étais rentré dans cette équipe,
00:10:14je me demande si ce n'était pas Didier que j'avais connu
00:10:16sur un reportage à Butte, et j'ai passé à peu près deux ans
00:10:19à jouer au foot avec Didier.
00:10:21Il jouait, alors, je peux vous parler du joueur.
00:10:23– Non mais ma question c'est, est-ce qu'il était si bon qu'il le disait ?
00:10:27– Quand Etienne dit qu'il l'a gardé un peu sur le plateau,
00:10:31il l'a gardé aussi pas mal sur le terrain.
00:10:33Mais c'était un beau joueur de foot, franchement, il jouait dans l'Axe,
00:10:37il jouait 10, il avait joué à Cannes quand il était jeune.
00:10:40– Il n'était pas libéraux, il avait commencé libéraux.
00:10:42– Quand il jouait avec les Globes, il jouait numéro 10,
00:10:45il jouait dans l'Axe, il jouait avec les chaussettes baissées un peu,
00:10:48sans protège-t-il-bien, un peu à la Mario Kempès, en Argentine, 78.
00:10:53Assez élégant, chaloupé, belle conduite de balle,
00:10:56belle qualité de pied et tout.
00:10:57– Nerveux ou pas sur un terrain ?
00:10:58– Non, hyper cool, il se prenait la tête jamais avec personne.
00:11:02En fait, il n'y avait pas de dichotomie entre ce qu'il était sur le terrain
00:11:08et ce qu'il disait sur le plateau, sur son romantisme,
00:11:10sur son idéal de jeu, tu vois, il était en rapport avec…
00:11:14il aimait les beaux joueurs, il aimait Cruyff, tout ça,
00:11:16et quand tu le voyais jouer au foot, quand tu jouais à côté de lui,
00:11:19tu sentais qu'il aimait être ce genre de joueur-là, quoi.
00:11:22Mais c'était un beau joueur de foot, pas un grand joueur,
00:11:24mais c'était un beau joueur.
00:11:25– Olivier, vous, vous n'étiez pas surpris quand vous l'avez vu,
00:11:27parce que vous, ça vous rappelle votre…
00:11:29– Ah, moi, tu vois la photo avec Michel,
00:11:33et moi, la première fois où j'ai vu Didier, il commentait.
00:11:36Donc, si tu veux, j'ai même une image qui est quand même assez dingue,
00:11:39c'était au Parc des Princes, et il était assis par terre.
00:11:41Nous, on rentre pour aller s'échauffer,
00:11:44puis tout d'un coup, on voit quelqu'un qui est assis,
00:11:46un jeune mec, quoi, parce qu'il avait 24 ans,
00:11:49oui, tout jeune, même pas, et il était là, il était assis,
00:11:53il était en train de préparer sa fiche, et il était là, assis et tout,
00:11:56et on l'a vu, bon, c'est tout, après, nous, on est partis faire le match, etc.
00:12:00– Mais le premier rapport que vous avez eu,
00:12:02ça, c'est la première vision de Didier, mais sinon, le premier interview…
00:12:05– Non, non, mais ce côté humaniste, ce côté calme, il n'y a pas de soucis,
00:12:12non, nous, il était très abordable pour nous,
00:12:16tu vois, par rapport à ce qu'il peut se passer maintenant,
00:12:19ça n'a strictement rien à voir, c'était super cool, c'était super bien,
00:12:23et puis, comme c'est quelqu'un qui est…
00:12:25il faut quand même se remettre aussi à l'époque.
00:12:27– Oui, c'est dans le contexte, c'est intéressant.
00:12:29– Tu vois, tu ne passais pas souvent à la télé,
00:12:30donc tu rencontrais ces mecs, donc automatiquement,
00:12:33le contact, il était parfait, tu ne refusais rien,
00:12:36et eux, les journalistes, à l'époque, ils ne refusaient rien non plus,
00:12:40donc c'était super cool, tu t'en es,
00:12:42et moi, quand je les retrouvais ici, il n'y avait aucun problème.
00:12:44– Didier, il a réussi à faire faire des trucs qu'à des joueurs,
00:12:47absolument incroyable, dans les reportages,
00:12:49maintenant, tu ne peux même pas tenter de faire un millième de ça,
00:12:52et c'est incroyable le rapport de confiance qu'il réussissait,
00:12:54même si l'époque était différente,
00:12:56il fallait quand même avoir une force de caractère,
00:12:58une force de conviction pour convaincre des grands joueurs de se déguiser,
00:13:02de faire faire des trucs à peler, de faire prendre une panthère,
00:13:05des trucs absolument incroyables,
00:13:07Louis Fernandez, c'était toujours à la limite du ridicule,
00:13:10parce que maintenant, quand on revoit ça,
00:13:12mais c'était des choses absolument formidables,
00:13:14il avait une capacité à convaincre les gens de quelque chose qui était folle.
00:13:18– Virginie… – Il le faisait bien,
00:13:20parce que, excuse-moi, mais je veux dire,
00:13:22il y avait tellement de gentillesse, et je ne sais pas comment…
00:13:27oui, voilà, c'était de la gentillesse,
00:13:29tu ne pouvais pas refuser, c'est pas possible.
00:13:31– On ne peut pas dire non.
00:13:32– Non, c'était tellement bien amené, tellement cool,
00:13:36et puis en même temps, tu lui faisais plaisir,
00:13:39mais tu lui faisais plaisir aussi.
00:13:40– Parce qu'il avait 50 idées à la seconde.
00:13:41– Une petite bande-annonce par rapport à ce que vous venez de dire,
00:13:44parce que Roland Corbuis, c'est un souvenir d'un reportage,
00:13:47c'est ses années Canal+, Mad Max, avec des reportages,
00:13:49on va dire, extraordinaires, on s'est procuré juste un petit extrait,
00:13:54c'est le moment où, c'est vrai, vous faisiez quand même pas mal de choses,
00:13:58Didier a fait rentrer un loup, un vrai loup,
00:14:01dans les vestiaires de l'Olympique de Marseille,
00:14:03mais pas le vestiaire rempli avec tous les joueurs,
00:14:05il n'y a pas tout ça.
00:14:06– Il a mordu quelqu'un.
00:14:08– Non, mais imaginez aujourd'hui, je ne sais pas…
00:14:11– Je pense que Dominique peut essayer de le faire dans le vestiaire du PSG.
00:14:15– On en parlera ça, parce que c'est un souvenir prégnant de Roland Corbuis.
00:14:18Virginie, vous avez la une de l'équipe,
00:14:20on vous dit tout de suite de la passer,
00:14:21parce que la une de l'équipe, c'est notre Didoun qui est en ligne.
00:14:24– Il nous a tellement marqués, il nous a tellement apportés
00:14:27qu'on était obligés de faire une spéciale pour lui.
00:14:30C'est notre président à vie, Didier Roustand,
00:14:33c'est notre président éternel.
00:14:34– Voilà, président éternel, elle est belle la photo, elle est magnifique.
00:14:36– Et Baradonna ?
00:14:37– Il n'était pas présent sur le plateau,
00:14:39parce qu'il est rentré à Bordeaux, à son domicile, c'est Johan Mikou.
00:14:42Quand on parle de Didier et Johan, il y a quelque chose…
00:14:47Moi souvent, on me dit, Didier c'est ton chouchou,
00:14:51c'est ton chroniqueur préféré, je dis non, non, pas du tout,
00:14:55si vous êtes dans les parrains, je dis que c'est Johan, enfin voilà.
00:14:58Johan, votre lien avec Didier, ça a été tout de suite un coup de foudre,
00:15:04expliquez-nous mon cher Johan, bonsoir.
00:15:08– Bonsoir, tout d'abord j'aurais aimé être avec vous en plateau,
00:15:12mais c'est vrai que j'ai dû partir sur Bordeaux,
00:15:15donc ça me fait plaisir de participer à cette émission,
00:15:18parce que vous savez très bien que c'est quelqu'un
00:15:20qui a énormément compté pour moi, Didier.
00:15:24– Le coup de foudre, non, moi je l'ai connu déjà quand j'étais gamin,
00:15:27à 15-16 ans, j'ai entendu sur le plateau, on parlait de ses reportages à l'époque,
00:15:32et moi ça m'a toujours marqué, parce que des reportages,
00:15:36alors je ne vais pas attaquer les journalistes, loin de là,
00:15:38rassurez-vous tous sur le plateau, mais il y avait des reportages classiques,
00:15:43et il y avait un reportage qui m'avait marqué,
00:15:46c'était le reportage qu'il avait fait avec Antona en Angleterre,
00:15:49qui était dans un taxi, quelque chose d'improbable en fait,
00:15:53et la première image que j'ai de Didier, c'est celle-là,
00:15:56c'est-à-dire que je vois un journaliste interviewer un énorme joueur comme Antona,
00:16:00dans des positions qui me paraissaient improbables,
00:16:04et je me suis dit, mais qui est ce mec en fait ?
00:16:06Et là, je te parle de ça, je ne sais même pas si j'étais majeur,
00:16:11et je me suis dit, mais c'est génial d'avoir ça à la télé,
00:16:14quelqu'un qui arrive à faire ce genre de trucs avec des joueurs aussi importants,
00:16:19et les amener dans ce qu'il voulait, dans son délire,
00:16:21dans cette poésie, ce romantisme qui le caractérise,
00:16:26et d'essayer d'amener ces joueurs,
00:16:28et de les convaincre à faire ce genre de reportage.
00:16:32Donc moi, mon premier coup de foot, ça a été celui-là,
00:16:34et après, j'ai eu la chance de naître à Cannes,
00:16:39comme lui a pu vivre à Cannes,
00:16:41moi, j'ai eu la chance ensuite de pouvoir être professionnel,
00:16:44et le lien, il date de, je devais avoir une vingtaine d'années,
00:16:47quand j'ai commencé à côtoyer, à connaître un petit peu Didier,
00:16:52donc ça fait énormément de temps que je peux le connaître,
00:16:56et c'est déjà une chance énorme d'avoir pu rencontrer cette personne-là,
00:17:00et c'est même grâce à lui, si j'ai une anecdote,
00:17:04c'est grâce à lui que je suis aujourd'hui avec vous, à l'équipe,
00:17:06parce que c'est lui qui m'a fait rencontrer le responsable à l'époque,
00:17:11et qui m'a amené vers l'équipe, donc voilà,
00:17:15tout ça, c'est à la fois magnifique,
00:17:18et ce matin, quand j'ai appris ça, c'était terrible, quoi.
00:17:22Vous vous êtes déguisé en Didier, là, vous avez fait un bel hommage, là,
00:17:25j'ai l'impression que ce cuir est un cuir roustania,
00:17:30mon cher Johan, hein ?
00:17:33Eh bien, ouais, je me suis habillé à la Didier, quoi, ce soir,
00:17:36j'espère que je lui rends hommage,
00:17:38et que de où il est, il peut me voir, et que ça lui fait plaisir,
00:17:41mais j'ai essayé de tout mettre, parce qu'ils ne pouvaient pas aller ensemble,
00:17:46donc c'est bien, ça va, ça vous plaît ou pas ?
00:17:51C'est Didier, c'est le dresse code, c'est réussi.
00:17:54Oui, vous l'y abondez, là ?
00:17:56Oui, mais c'est normal, je pense, qu'ils se soient trouvés tous les deux,
00:17:59parce qu'il y a une filiation dans l'amour du foot,
00:18:02je pense qu'ils ont la même, ils partagent une vision,
00:18:05pour moi, romantique et presque utopique du foot.
00:18:08Alors, utopique, faites gaffe,
00:18:10parce que là, il va vous sauter dessus, je vois.
00:18:12Oui, mais pour moi, c'est un compliment.
00:18:14Didier, pour moi, il a essayé de ramener le foot vers l'utopie,
00:18:16ce qu'il n'aurait jamais dû lâcher, l'utopie, le rêve.
00:18:19Aujourd'hui, le foot, il est aux mains des financiers,
00:18:21j'aurais voulu qu'il nous parle de l'élection de Vincent Labrune.
00:18:23Didier, je pense qu'on serait pissé dessus,
00:18:25et je pense qu'il défendait, contrairement à ce qu'on dit,
00:18:29il était nostalgique, non, il aimait le foot d'aujourd'hui,
00:18:32il décortiquait Guardiola,
00:18:34il regardait toutes les nouveautés tactiques de tout le monde,
00:18:36mais il a toujours été amoureux d'un foot
00:18:39qu'il ne veut pas laisser aux mains des financiers,
00:18:41aux mains du business,
00:18:44et je pense que Johan, il retrouve chez Didier ça,
00:18:47parce que Johan, je pense qu'il ne le fait plus chier
00:18:50que le foot qui est devenu une espèce de machine ultralibérale
00:18:55et qui ne parle plus de jeu, de foot, d'offensive,
00:18:58de slasher, de rêve, d'émotion.
00:19:02Jo, l'affiliation, vous la validez ?
00:19:06Oui, je ne suis pas souvent d'accord avec Dominique,
00:19:08mais là, je le suis.
00:19:09Peut-être qu'il ira jusqu'à la 900e,
00:19:10comme je l'ai dit la dernière fois, qu'il n'irait pas,
00:19:12mais bon, il va peut-être faire 900 émissions avec lui.
00:19:14Mais non, mais il a raison, Didier, c'était ça.
00:19:18Moi, j'ai aimé aussi le foot par rapport à des gens comme Didier,
00:19:23parce que c'était quelqu'un qui allait dans des combats
00:19:26qui étaient peut-être perdus d'avance,
00:19:27mais il y croyait tellement
00:19:28qu'il amenait énormément de gens avec lui.
00:19:31Il a essayé de monter un syndicat des joueurs
00:19:34avec des grands noms comme Cantona, Maradona, etc.
00:19:38T'imagines, il est allé voir ces mecs-là,
00:19:40il leur a parlé, les mecs l'ont suivi.
00:19:42Donc, c'est qu'il avait une capacité de persuasion
00:19:45pour amener les gens vers quelque chose de juste.
00:19:48Et malheureusement, ça n'a pas pu aller au bout,
00:19:50parce qu'on sait très bien qu'il y a des pouvoirs
00:19:53qui sont peut-être trop puissants,
00:19:54mais il a essayé, il a fait un foot citoyen aussi
00:19:58pour essayer d'aider les mecs qui étaient au plus bas.
00:20:02Donc, c'était quelqu'un qui, par sa passion,
00:20:05son amour du foot, du jeu, comme l'a dit Dominique tout à l'heure,
00:20:08ce côté romantique où on se dit qu'on va garder ce football-là,
00:20:14il faut le garder à tout prix,
00:20:15et c'est quelqu'un qui s'est battu toutes ces années-là pour ça.
00:20:19Donc, j'espère qu'on va continuer cet état d'esprit-là.
00:20:25Et tout à l'heure, je suis tombé sur l'intervention de Bertrand,
00:20:32la tour dans l'équipe de Greg, qui m'a fait pleurer,
00:20:35parce que je trouve qu'en fait,
00:20:37j'espère que la jeune génération pourra s'inspirer de ce qu'a fait Didier
00:20:43et essayer de garder ça.
00:20:45Quand t'entends des gamins de 30 ans parler comme il a pu le faire tout à l'heure,
00:20:49je me dis qu'il a quand même mis une empreinte dans ça.
00:20:52Donc, j'espère qu'on va continuer ce combat-là
00:20:56en espérant se battre pour que le football reste ce qu'il est,
00:21:00c'est-à-dire la base.
00:21:02C'est pour ça que nous tous, on en parle et que nous tous,
00:21:04on est autour de ce plateau-là.
00:21:06C'est parce que ça nous amène des émotions,
00:21:08quelque chose qui nous fait vibrer.
00:21:10Et on a plutôt tendance à l'oublier aujourd'hui.
00:21:12Et Didier a essayé de le rappeler régulièrement.
00:21:15Moi, j'étais son adjudant à côté en essayant d'aller dans cette voie-là.
00:21:21Et je pense que ce qui me fait plaisir,
00:21:24c'est que même dans les jeunes générations,
00:21:27il les aura marqués en espérant qu'on continue ce combat-là
00:21:31et que ce football-là, on retrouvera ces émotions-là.
00:21:35On voit que Jo, c'est vraiment l'héritier de Didier
00:21:38parce qu'il peut même être un petit peu long.
00:21:42Et toi, Etienne Ouati, en général, tu fais assez court.
00:21:48C'est vrai.
00:21:49Virginie, on a Jo, on a Olivier qu'on a écouté,
00:21:53mais il y a eu beaucoup de joueurs de légende
00:21:56qui ont agi à la disparition de Didier.
00:21:59Vous pouvez nous faire une petite compilation, Virginie ?
00:22:01Il y a eu Michel Platini, au journal L'Équipe.
00:22:03J'aimais beaucoup Didier.
00:22:05C'était un amoureux du football et un révolutionnaire du journalisme.
00:22:08Il a commencé sa carrière avec Notre Génération à téléfoot
00:22:11et en commentant les matchs de l'Euro 84.
00:22:14On était copains, mais pas amis.
00:22:16J'étais sûrement un peu trop normale pour lui.
00:22:19Louise Fernandez s'est exprimée aussi.
00:22:20Quelle tristesse, quelle peine, mon ami, depuis 40 ans,
00:22:24Didier Rousteing est parti cette nuit.
00:22:26Un vrai personnage, un passionné de football, un homme vrai.
00:22:29Je t'ai toujours aimé, mon Didier, tu vas terriblement me manquer.
00:22:32Toutes mes pensées à sa famille.
00:22:34On a un mot du sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps.
00:22:38Didier aimait le jeu et les joueurs, les stades et leurs ambiances.
00:22:42Je me souviens de nos discussions
00:22:43quand il travaillait pour la chaîne de l'Olympique de Marseille,
00:22:45dont j'étais alors l'entraîneur.
00:22:47Sa passion pour le football nous manquera.
00:22:49Michel Donizot, avec qui Didier a longtemps commenté,
00:22:53il avait une forme de passion totale.
00:22:55Je ne dirais pas naïve,
00:22:56mais toujours avec les yeux de l'amour pour ces joueurs-là.
00:22:59Il ne s'est jamais compromis.
00:23:00Il avait une sorte de vision pure du football.
00:23:03Et il est toujours resté très indépendant.
00:23:05C'était un oiseau sur la branche, mais un très bel oiseau.
00:23:08Il n'a jamais eu la moindre erreur.
00:23:10Juste une vision précise de la vie, de sa vie.
00:23:14On revient sur ce dernier commentaire de Michel Donizot.
00:23:17Finalement, presque la boucle est bouclée.
00:23:19Par rapport à l'intervention de Johan,
00:23:21par rapport à la petite graine sur le jeu, sur l'émotion,
00:23:25sur même la qualité du bien jouer,
00:23:27du bien jouer au football, du jouer collectif,
00:23:29qui nous procure des émotions.
00:23:30Vous voulez intervenir ?
00:23:31Oui, je voulais même m'intervenir.
00:23:33Finalement, c'est un peu sur les réactions des uns et des autres.
00:23:35Parce qu'aujourd'hui, j'ai reçu beaucoup de messages d'Afrique.
00:23:37Vous pouvez me dire.
00:23:38Ah oui ?
00:23:39J'étais impressionné.
00:23:40Et même de dirigeants.
00:23:41Par exemple, le président de l'ACE Vita Club,
00:23:44un club de RDC.
00:23:46Et...
00:23:49Le propriétaire de l'ACE Vita Club.
00:23:50Ah oui ?
00:23:51On vous laisse un peu tranquille.
00:23:52On vous laisse un peu tranquille.
00:23:54Vous allez revenir.
00:23:54Il y a une autre réaction avec...
00:23:56Quand on parle de Didier, quand on l'associe au champion,
00:24:00il y a Éric Cantona.
00:24:01Eh oui, il y a Éric Cantona.
00:24:02Grande tristesse d'apprendre la mort de Didier Rousteing.
00:24:05C'était pour moi le plus grand journaliste sportif,
00:24:08intelligent, vif, avec un grand sens de l'image.
00:24:11Nous avons fait tant de choses ensemble,
00:24:13dont la création du premier syndicat de joueurs
00:24:15avec Maradona.
00:24:16Il va me manquer.
00:24:17Repose en paix, mon ami.
00:24:19Merci beaucoup.
00:24:20Il faut que la jeune génération dont parlait Johan
00:24:23aille voir ce que Didier faisait avant l'équipe du soir.
00:24:26Parce que l'écriture...
00:24:28Vous avez parlé de Magmax.
00:24:30Je pense qu'il a inventé un ton en télé,
00:24:34une écriture différente par rapport au journalisme de sport.
00:24:37Et je pense que ces jeunes,
00:24:38aujourd'hui avec les accès sur YouTube, tout ça,
00:24:40je pense qu'il faut qu'ils aillent voir les trucs des années 90 de Didier,
00:24:43notamment à Canal.
00:24:44Parce que moi, j'ai grandi aussi avec ça,
00:24:46et je pense que c'est très différent, c'est anti-formaté.
00:24:50En fait, le mot de Didier, il n'aimait pas ce qui était formaté.
00:24:53Pas le foot formaté, le foot préconçu,
00:24:55prêt à réchauffer, micro-ondes.
00:24:57Il aimait tout ce qui était libre.
00:24:59Lui était libre, un peu anarcho, un peu anarchiste,
00:25:01un peu rêveur, comme il s'habillait.
00:25:03Parce qu'on rigole de ses tenues.
00:25:06Il arrivait parfois en claquette à l'émission.
00:25:07Mais il était vraiment comme ça, c'est pas un jeu.
00:25:11Il rigolait pas. Lui, ses chemises, il les adorait.
00:25:13J'allais vous coincer, Dominique,
00:25:14parce qu'en disant qu'il a ouvert une voie au reportage sportif,
00:25:18c'était... Moi, je trouve qu'il est inimitable,
00:25:20parce que c'était lui-même...
00:25:22Je me souviens d'un reportage qu'il avait fait.
00:25:24Alors oui, il avait de la chance,
00:25:26parce que juste avant la saison 2011-2012...
00:25:292011-2012 ?
00:25:31Il lui a dit, tiens, je vais suivre Montpellier.
00:25:342011-2012, c'est l'année du titre.
00:25:37Et donc, il fait ce reportage.
00:25:41Moi, j'ai une culture du reportage,
00:25:42quelque chose, on va dire, d'extrêmement formaté.
00:25:44Vous savez, le reportage arrive, le documentaire,
00:25:46avec une sorte de mini-clip, une mini-bande-annonce qui arrive.
00:25:49Bon, c'est comme ça, ça se fait, puis c'est plutôt bien.
00:25:52Lui, c'est pas du tout. Il y avait des...
00:25:54Non, non, mais il y avait des temps, il y avait des grands...
00:25:57Moi, je me souviens d'une séquence où il filme Younes Belanda,
00:26:01le joueur de Montpellier.
00:26:02Il est dans le tunnel à l'Escure à Bordeaux.
00:26:05Il a un ballon, il jongle, c'est tout.
00:26:08Mais la position de la caméra, voilà.
00:26:10On voit donc juste Belanda, un ballon,
00:26:13l'art du... Juste l'amour du ballon,
00:26:16et tout est dit.
00:26:18Il y a, je crois, très peu de musique,
00:26:19très peu d'effets, très peu de choses,
00:26:21mais c'est quelque chose d'assez brut, assez saisissant.
00:26:25Après, il y avait toujours les animaux, avec Didier.
00:26:26Là, on était dans la Camargue, c'est le taureau camargué,
00:26:29il y avait Louis-Nicolas, mais dans cette narration,
00:26:32mais comme parfois, quand il prenait la parole,
00:26:34avec ses parenthèses, il avait quelque chose de...
00:26:36Voilà, de pas formaté, vous avez raison,
00:26:39mais est-ce que c'est une direction
00:26:41pour la jeune génération ? Stop au format ?
00:26:43C'est juste parce que je pense qu'on est dans un monde
00:26:45de chaînes d'infos où tout est un peu similaire, répété,
00:26:48tout le monde se confie, et que lui n'était pas là-dedans.
00:26:50Ce n'était pas une coquetterie.
00:26:52C'est qu'il dézoommait pour montrer autre chose.
00:26:55Je pense qu'il a élargi la focale
00:26:57de pas mal de gens du public ou de journalistes de sport
00:27:00qui se sont dit, tiens, on peut raconter le sport autrement.
00:27:03Et la musique, parce que c'était un journaliste
00:27:05qui était fan de musique, de rock.
00:27:07On a mis ses meilleurs tubes lorsqu'il commence à chanter.
00:27:10Et l'un des premiers...
00:27:11J'espère qu'il y a du Daniel Guichard.
00:27:14De rock et de Daniel Guichard, quand même.
00:27:16Daniel Guichard, on en parlera plus tard.
00:27:17C'est un chanteur, imitateur, enfin, c'est un peu comme ça.
00:27:20Hervé, est-ce qu'on est remis ?
00:27:22Oui, je disais que ce qui m'a impressionné,
00:27:25c'est le nombre de messages que j'ai reçus d'Afrique,
00:27:27de journalistes africains, qui m'ont envoyé,
00:27:29pareil, comme pour vous, qu'on est en...
00:27:32On a l'impression qu'on est dans la famille.
00:27:34On est la famille.
00:27:36Et j'étais vraiment touché.
00:27:38Même des dirigeants, des dirigeants africains,
00:27:40qui m'ont appelé, qui m'ont dit Hervé, etc.
00:27:43Et là, je me suis dit, l'impact qu'il a pu avoir ailleurs,
00:27:46à l'extérieur, parce que je ne parle pas de gens
00:27:48qui sont d'origine africaine, qui vivent en France.
00:27:49Ce sont vraiment des journalistes en Afrique.
00:27:51Notamment, je pense qu'au Cameroun, par exemple,
00:27:53son décès a dû faire beaucoup de mal à beaucoup de journalistes.
00:27:56Il y en a un de mes amis qui m'a envoyé un long post
00:27:58qu'il a fait sur Facebook, justement,
00:28:01un grand journaliste camerounais,
00:28:02parce que Didier Rousteing, c'était une image
00:28:04qui avait dépassé le cadre... On est en football citoyen,
00:28:07c'est le football un peu mondial, en tout cas,
00:28:08dans les pays francophones.
00:28:10Bien sûr, dans les pays francophones.
00:28:11Et ça, moi, je ne m'attendais pas à voir autant de réactions
00:28:14de la part de gens qui me semblaient peut-être éloignés
00:28:16de ce qu'on est là.
00:28:17Il était sur TV5, en plus.
00:28:19Bien sûr, et moi, à la Cannes, par exemple,
00:28:21je lui disais, tiens, je t'ai entendu,
00:28:23parce qu'il commentait les matchs, et quand j'étais à la Cannes...
00:28:25Et lui, il avait toujours, quand j'étais à la Cannes,
00:28:27son premier truc, parce qu'on parle de Cannes, tout à l'heure.
00:28:29Cannes, la ville, pas Cannes, la Cannes.
00:28:34Michel Dessuyer, ne jamais oublier de dire bonjour
00:28:36à Michel Dessuyer, et à Véronard, évidemment,
00:28:38et dire la Cannes Connection.
00:28:40OK, bon, on va finir par cette anecdote-là.
00:28:43Quand Didier Rousteing a un art consommé
00:28:45pour faire dérailler les émissions.
00:28:47Ça dit quand même quelque chose, ça.
00:28:48Vous ne tombez pas de votre chaise.
00:28:50Quelques morceaux choisis, puis...
00:28:52Le casting va tourner.
00:28:53Voilà, allez, à tout de suite.
00:28:56C'est incroyable.
00:28:57On dirait Bernard et Didier qui font une partie le week-end.
00:29:00Oui, mais c'est Bernard qui est tombé.
00:29:01Avec son gros cul.
00:29:03Oh, non !
00:29:04Didier !
00:29:05Bien sûr que non.
00:29:06Evidemment que non.
00:29:07On ne peut pas dire ça.
00:29:08Bernard, une réponse ?
00:29:10Non, parce que je ne l'ai pas très bien placé.
00:29:11Je n'avais pas entendu dans la lauréate
00:29:13ce qu'on m'avait dit à Rigaud-Galtier.
00:29:15Cécilier, pour certains joueurs,
00:29:16on va détendre un petit peu l'atmosphère.
00:29:18Mais non, mais où tu...
00:29:19Parce que Valentin Esseric a trouvé un nouveau club,
00:29:21Didier Rousteing.
00:29:23C'est tout de suite pour Cécilier.
00:29:24Mais ça, on s'en fout.
00:29:25Didier, bonsoir.
00:29:26Je m'échauffe, je m'échauffe.
00:29:27Je m'échauffe, je m'échauffe.
00:29:28C'est bien.
00:29:30On lui donne des consignes.
00:29:31Mais quel acteur !
00:29:32Le fait d'avoir perdu contre l'Allemagne et l'Angleterre,
00:29:34tout de suite après.
00:29:36Mais t'es qui, toi ? Je parle, là.
00:29:37Mais t'es qui, toi ?
00:29:38Ça vaut le coup d'en reparler dans la deuxième partie ?
00:29:40Pas pour moi, en tout cas.
00:29:42J'ai dit ce que j'avais à dire, c'est-à-dire rien.
00:29:44Les Brigades.
00:29:45Tu te fais couper.
00:29:46Je vous fais couper.
00:29:47Pas de problème.
00:29:48Mais Didier, lui, parfois, on se coupe.
00:29:50Le prochain qui me coupe, il va morfler.
00:29:52Je t'ai dit, moi, déjà, je joue à droite.
00:29:54Bon, alors, je vais dire, toi, déjà, tu vas pas me casser les couilles.
00:29:57Je sors par notre main innocente.
00:30:00Mappé.
00:30:01Premier but.
00:30:03Deuxième but.
00:30:04Troisième but.
00:30:05Raï, c'était spécial.
00:30:06Raï, il avait un jeu particulier.
00:30:08Raï ?
00:30:09Oui, mais moi, je dis Raï.
00:30:10Tu dis rien, ou quoi ?
00:30:11Raï !
00:30:12Il est champion du Brésil en 1984.
00:30:14Raï, c'est un très bon copain.
00:30:15Chaque fois que je le vois, je l'embrasse, je dis, ça va ?
00:30:17Raï, il m'a jamais dit, on dit Raï.
00:30:19Il m'appelle Raï, tu vas pas m'emmerder.
00:30:21Le président, c'est toujours Didier Rousteing.
00:30:23Le président, c'est Laurent Blanc.
00:30:24Le président, c'est Laurent Blanc.
00:30:26Là, oui.
00:30:27La céleste.
00:30:28Un jour, imaginez, un jour, si on arrive Laurent Blanc.
00:30:31Si vous êtes conviés à nos discussions,
00:30:33qui est président ?
00:30:34Le président Blanc ou le président Rousteing ?
00:30:36Laurent Blanc, pendant la place de Manu.
00:30:38Champion du monde, c'est là.
00:30:39C'est dans ma diagonale.
00:30:40Je préfère conclure tout de suite cette émission.
00:30:42Voilà.
00:30:43Non, non, non.
00:30:45Kylian...
00:30:46C'est un ballon, toi.
00:30:47Tu fais ce que je veux.
00:30:48Voilà.
00:30:49Il y a un avocat débarqué.
00:30:51Voilà, il y a un avocat débarque sur le plateau.
00:30:54Non, il n'y a pas de procès.
00:30:56Sur la chaise, à côté d'Hugo Guillemet,
00:30:58notre père fondateur, maître Bretagne, Thierry Bretagne.
00:31:01Thierry, installez-vous avec Bernard, Lyon...
00:31:05J'espère que tu vois ça de là-haut.
00:31:07Hugo Guillemet.
00:31:08Tu dois pas être fier de nous.
00:31:09Bernard...
00:31:10Benjamin Cuarez, Dave Apadou et Mélisande Gomez.
00:31:14Est-ce que vous êtes installés, mon cher Thierry ?
00:31:16Attends, mon gros.
00:31:18Voilà.
00:31:19Place.
00:31:20On va juste faire un gros bisou à Johan Mikko
00:31:23parce qu'on l'a fait parler et je ne lui ai pas dit au revoir.
00:31:26Il y a eu un petit truc, un petit message,
00:31:27encore un petit truc à nous dire sur Didier ?
00:31:33En fait, moi, je suis particulièrement triste, ému
00:31:37et même tellement un peu ravagé par rapport à l'émotion.
00:31:43Mais en tout cas, ce que je vois, ça ressemble à ce que...
00:31:48Vous êtes encore au top
00:31:49parce que ça ressemble à ce que Didier voudrait.
00:31:51En fait, on est à la fois tristes,
00:31:53mais à la fois, on a envie de rire avec lui
00:31:59par rapport à toutes les conneries qu'il a pu faire sur le plateau.
00:32:02Et bravo à vous de montrer ça
00:32:03parce que c'est vraiment Didier qu'on voit là.
00:32:06Je vous embrasse tout.
00:32:07On vous embrasse.
00:32:09On vous aime.
00:32:10Votre vie ressemble, oui, mais...
00:32:13Allez, on vous embrasse.
00:32:15Je me retourne, je vais vous appeler les pères fondateurs.
00:32:18Vous avez la pression.
00:32:19C'est Bernard et Thierry.
00:32:22Vous étiez la première, l'équipe du soir,
00:32:24surtout vous, Thierry.
00:32:25Première saison également, Bernard.
00:32:28Vous, c'est la première fois que vous croisiez la route.
00:32:31C'est la même question.
00:32:34Thierry, je ne sais pas...
00:32:35L'équipe du soir, mais c'est la fin pour moi.
00:32:37Moi, je rencontre Didier pour la première fois dans les années 80.
00:32:42Il est dans un service des sports déprimé.
00:32:46TF1.
00:32:47Avec M. Denisot, qui est rédacteur en chef adjoint, à l'époque.
00:32:51M. Leliot, qui est rédacteur en chef adjoint.
00:32:53Et un mec qui déteste Didier,
00:32:55qui déteste l'originalité de Didier,
00:32:58sa personnalité, son écriture,
00:33:00parce que Didier a une écriture, déjà,
00:33:02et qui s'appelle François Jeannin, B. A. C. Sandre.
00:33:06Eh bien, Didier commence...
00:33:09Moi, j'ai envie de l'appeler...
00:33:13DJ Roustan.
00:33:16Parce qu'il met de la musique à l'intérieur du football.
00:33:21Il filme le football comme jamais il n'a été filmé.
00:33:25Et il est un personnage, principal, en 1 minute 30,
00:33:28parce qu'il fait des jingles au début,
00:33:30des petites virgules extraordinaires.
00:33:33Et je me dis, ce mec, il ne tirera jamais la distance.
00:33:36À Magmax, en 90, il fait 43 minutes sur Karim Abdul-Jabbar.
00:33:40Il rentre, on en parle ensemble, évidemment,
00:33:43et il me dit, j'ai trois heures de bande.
00:33:45Avec Jabbar, qui ne dit pas un mot, qui est un autiste.
00:33:48C'est extraordinaire. Il a fait de l'infiniment petit
00:33:52et du démesurément... J'y arriverai.
00:33:56Didier, tu me pardonnes ? Grand.
00:33:59Bernard, vous, en 1980, comme on a le même âge,
00:34:03vous ne pouvez pas rencontrer Didier Roustan.
00:34:05Vous le rencontrez à Vers-le-Poste, comme moi.
00:34:08C'était à l'occasion de l'équipe du soir ?
00:34:11Ou il y avait...
00:34:12La 1re fois que je l'ai croisé,
00:34:13c'était dans un ancien CH de l'équipe,
00:34:15à l'autre côté de la scène,
00:34:17où je voyais tous les matins un monsieur pas très bien fringué,
00:34:21en claquettes, pieds nus,
00:34:23il faisait froid, il était en T-shirt,
00:34:25il venait à la réception, il venait prendre l'équipe.
00:34:28J'étais toujours un peu intrigué par ce personnage.
00:34:31À un moment, j'ai regardé, je me suis dit, c'est Didier Roustan.
00:34:34Et Didier Roustan, pour moi, c'était l'œil du tigre.
00:34:38Ce fameux reportage qu'il avait fait
00:34:41sous la bande de son de Rocky Balboa avec Louise Fernandez.
00:34:44C'était quelqu'un qui pouvait faire sortir les Messins
00:34:47qui avaient perdu...
00:34:48Non, c'était la finale, après la finale Metz-Sochaux,
00:34:51où ils sortent tous du Lido,
00:34:53il fait rouvrir le Parc des Princes,
00:34:55il fait retirer le pénalty...
00:34:56-"Amadar".
00:34:58-"Amadar", qu'il avait raté.
00:34:59Il se pointe à 8h du matin à TF1,
00:35:01ils font le montage et ils le diffusent à téléfoot.
00:35:05Je me dis que c'est un extraterrestre.
00:35:07Pour moi, qui étais jeune journaliste
00:35:09et qui le voyait comme un monument,
00:35:11je me dis que c'est ça, Didier Roustan.
00:35:14Et après, j'ai appris à le connaître,
00:35:17même intimement,
00:35:18dans nos relations professionnelles,
00:35:20et je me suis rendu compte que c'était un homme
00:35:24très dilettante, un peu dandy,
00:35:26mais extrêmement structuré, réfléchi et intelligent.
00:35:30Je m'arrêterai là-dessus,
00:35:31sinon je fais du Roustan, je fais toute l'émission.
00:35:34C'est que c'était une gueule,
00:35:37c'était une voix, un ton libre, une conscience,
00:35:41et c'était un homme libre.
00:35:43Je place la liberté au-dessus de toutes les valeurs.
00:35:46C'est un peu comme a dit Thierry Bretagne.
00:35:48Je vais juste corriger, c'est moi qui vous corrige,
00:35:51dilettante, faux dilettante.
00:35:52Il est dilettante structuré.
00:35:54Il est dilettante structuré.
00:35:56On avait la photo.
00:35:57En 99, quand il débarque,
00:35:58quand il doit sortir les émissions,
00:36:00je peux vous le dire que Didier, avec le métoscope,
00:36:03toute la nuit, en train de structurer une image,
00:36:05un jour, il avait l'air de regarder...
00:36:08C'est des images d'agence,
00:36:09des images d'agence et quelques courts extraits de match.
00:36:12Un jour, il m'appelle et me dit,
00:36:14t'as vu le but, là ?
00:36:16Je vois le but, il y avait un but marqué par Romario.
00:36:19Il est bien ?
00:36:20Oui, il est bien, moi, je n'avais rien vu.
00:36:22Il est extraordinaire.
00:36:24Regarde l'appui de Romario,
00:36:26il fait un ballon qui arrive, il appuie pied gauche
00:36:29et il arrive à envoyer du pied droit fouetté, comme ça.
00:36:32Donc, la position, moi, j'avais rien vu, même, on peut le dire.
00:36:36Il dit, tu vois, c'est Romario.
00:36:38Il dit, merci, Didier, je vais me coucher.
00:36:40Je vous raconterai l'anecdote.
00:36:42On a vu la photo de la rencontre qu'on avait organisée
00:36:45à l'équipe entre Dominique Rocheteau et Didier Rousteing.
00:36:48C'est cette photo qui résume tout.
00:36:50On revient, mais là, tout d'un coup,
00:36:52ce n'est pas les premiers témoignages.
00:36:54Didier, ce n'est pas l'éditorialiste,
00:36:57ce n'est pas l'historien, c'est le reporter.
00:36:59J'aimerais entendre Hugo, j'aimerais entendre Benjamin,
00:37:02j'aimerais entendre Dave et Mélisande sur les souvenirs.
00:37:05Vous, spontanément, c'est ça ou c'est autre chose ?
00:37:08Mélisande ?
00:37:09Les souvenirs que j'ai de Didier, c'est Véronique Sanson, beaucoup,
00:37:13parce qu'il a beaucoup chanté Véronique Sanson
00:37:15et on s'est beaucoup échangé des paroles de Véronique Sanson.
00:37:18Bien sûr, parce qu'il a une énorme culture au-delà du football,
00:37:22on parle beaucoup de foot, c'est normal,
00:37:24mais c'était quelqu'un d'extrêmement cultivé,
00:37:27et sur la musique, notamment, et y compris la chanson française,
00:37:30Don Véro, que nous appelions Véro.
00:37:32Et...
00:37:34Et...
00:37:35Il y avait, je trouve, chez lui...
00:37:37Il aurait pu être intimidant, par rapport à moi,
00:37:40quand je suis arrivée ici, j'étais pas grand-chose dans le métier,
00:37:43et lui, il était Didier Rousteing,
00:37:45mais c'était quelqu'un qui était pas du tout intimidant,
00:37:48parce qu'il avait un regard sur tout,
00:37:50à la fois ses collègues de travail, sur les joueurs de foot,
00:37:53sur le foot, sur toute la vie en général d'un vrai romantique
00:37:57et d'une grande bienveillance.
00:37:58J'ai toujours aimé sa manière d'analyser et de penser le foot,
00:38:02qui dépassait largement les analyses qu'on peut avoir
00:38:05de celui qui gagne à raison et de celui qui perd à temps.
00:38:08Parce que celui qui gagne, il arrivait quand même
00:38:11à trouver à redire, et inversement, dans la défaite,
00:38:14le perdant avait toujours quelque chose de magnifique avec lui.
00:38:17Je me souviendrai de sa bienveillance et de sa culture
00:38:20et de son énorme connaissance des paroles de Véro,
00:38:23jusqu'au bout.
00:38:24Je me souviens, la dernière fois, on avait eu un débat,
00:38:27je trouve que ça le résume bien, sur Marquinhos.
00:38:29On avait tous les deux été un peu intrigués par cette question,
00:38:33parce que Marquinhos avait pleuré dans une interview
00:38:36après une question de Thiago Silva,
00:38:38sur le fait qu'il a joué avec Thiago Silva.
00:38:40-"Je tiens le coupable, c'est moi."
00:38:42Merci.
00:38:43Fallait-il retenir l'émotion de Marquinhos,
00:38:46ou son émotivité ? On avait trouvé ça...
00:38:48La question était géniale.
00:38:50Voilà la question, parce que l'émotivité,
00:38:53pour Didier, c'était évident que ça n'enlevait rien
00:38:55au champion.
00:38:57Au contraire, le champion devait être un homme,
00:38:59parce que lui, il était extrêmement humain
00:39:02dans le regard qu'il avait sur nous tous,
00:39:04y compris sur les grands champions.
00:39:06C'est pour ça qu'il a réussi à construire
00:39:08les relations avec eux.
00:39:10Il les regardait comme des humains,
00:39:12avec les défauts qu'ils pouvaient avoir,
00:39:14leur trucolence, comme lui en avait.
00:39:16C'est ça qu'on retiendra tous,
00:39:18parce que c'est une vraie chance de l'avoir côtoyé.
00:39:21David Vapadou, je vous sens ému
00:39:23à l'évocation de Mélisande Gomez et Didier Rousteing.
00:39:26Je vais remettre un peu la banane.
00:39:27Non, mais on n'a pas à l'extrême.
00:39:29Non, mais j'ai, pour moi,
00:39:31Dave Vapadou associé à Didier Rousteing,
00:39:33c'est Dave qui commence en disant,
00:39:35je vais jeter un voile pudique, il parle de Bakary Sagna.
00:39:38Et alors, le voile pudique, genre,
00:39:40il est pas mal, il est physique,
00:39:42mais il s'est pas centré, c'est machin,
00:39:44on l'a pas vu me tuer, voilà.
00:39:46Et Didier le coupe, il dit, écoute,
00:39:48Dave, si un jour tu parles de moi,
00:39:50évite d'abord de jeter un voile pudique.
00:39:52Ils rient.
00:39:54Parce que tu as blémenté.
00:39:55Pour moi, aujourd'hui, j'ai beaucoup repensé
00:39:58à ces petits moments,
00:39:59parce qu'en fait, c'est les petits moments,
00:40:02les petits moments de désaccord, de frottement, voilà.
00:40:05Et puis les moments où je le trouvais,
00:40:07mais vraiment, c'était quelqu'un qui me faisait beaucoup rire.
00:40:10Benjamin, Hugo, alors, c'est les petits derniers de la borne.
00:40:13Là, il y a un truc, c'est impressionnant
00:40:15d'être face à Didier Rousteing ou...
00:40:18Franchement, mes deux guerrières, vous cachez bien votre jeu.
00:40:21Je vous ai pas sentis...
00:40:22Pour reprendre ce que disait Mélisande,
00:40:25il avait ce côté-là hyper accueillant, en fait,
00:40:27et bienveillant, et il se mettait à la...
00:40:30En fait, il respectait les gens, mais tous de la même manière,
00:40:33et Jo parlait tout à l'heure de la trace
00:40:36qu'il laisse chez les jeunes générations,
00:40:39chez les très jeunes générations,
00:40:40parce qu'il y a eu énormément d'hommages de gens
00:40:43qui ont entre 25 et 35 ans.
00:40:44Il était présent sur Twitter.
00:40:46Mais c'est pas seulement ça.
00:40:48Nous, on n'a pas grandi avec Didier Rousteing,
00:40:50mais avec ceux qui ont grandi avec Didier Rousteing.
00:40:53Quand on est arrivé dans le métier,
00:40:55c'était le mastodonte de nos dinosaures à nous,
00:40:57et pourtant, ça a été celui qui a été le plus accessible
00:41:00pour tous, pour tous ceux qui sont arrivés ici,
00:41:03et même pour tous ceux à l'école.
00:41:05Ce qui lui rend hommage, aujourd'hui,
00:41:07c'est parce qu'à un moment donné,
00:41:09quand ils ont fait leurs premiers travaux à l'école,
00:41:12quand ils ont dû faire leur première interview
00:41:14de quelqu'un du métier, le seul qui répondait, c'était Didier.
00:41:17Ils sont retrouvés chez lui à faire des interviews de 20 minutes
00:41:21qui duraient 4 heures.
00:41:22Et en fait, tout le monde en garde un souvenir pour la vie,
00:41:26même ceux qui ne sont pas devenus journalistes.
00:41:29Et pour moi, c'est ça qui va rester,
00:41:33c'est qu'il a...
00:41:36Enfin, le premier souvenir que j'ai,
00:41:38j'avais monté un blog avec un pote et personne ne répondait.
00:41:42Même des journalistes inconnus.
00:41:44Didier Rousteing, lui, nous a donné plusieurs heures.
00:41:47Et en fait, je me suis rendu compte qu'il faisait ça avec tout le monde.
00:41:51Et c'est impressionnant, parce qu'il ne gagnait rien, finalement,
00:41:55mais il avait une telle passion à transmettre
00:41:59que c'était émouvant.
00:42:01Il parlait tout le temps d'amour, en plus, dans ses réponses.
00:42:06Il disait, voilà, n'oubliez jamais d'aimer.
00:42:10C'était un peu...
00:42:12Il avait des réponses un peu philosophiques, presque, parfois.
00:42:16Et bon, je pense qu'il a marqué beaucoup de jeunes, oui.
00:42:20Il est en train de faire Steven Seagal, là.
00:42:22Je crois qu'on va regarder un moment cet extrait,
00:42:25parce qu'il avait également une passion,
00:42:27mais au deuxième degré, pour Steven Seagal.
00:42:30Benjamin ?
00:42:31Je peux que souscrire à ce qu'a dit Hugo.
00:42:32Je parlais d'intimidation avant la première émission.
00:42:35Moi, pour le coup, je me suis dit, mais devant qui je vais être ?
00:42:38Je vois cette gueule, cette voix, évidemment,
00:42:41qu'on a tous en tête encore aujourd'hui.
00:42:43Et je me dis, comment il va m'accueillir ?
00:42:44Est-ce qu'il va me rentrer dedans, ne pas me laisser la parole ?
00:42:48Et au contraire, j'ai rencontré quelqu'un...
00:42:49Vous ouvrez ce soir un monde inconnu.
00:42:51Très chaleureux.
00:42:52Il mettait vraiment le pied à l'étrier.
00:42:53Et c'est au-delà de ça, parce que très rapidement,
00:42:56il a pris son téléphone pour m'appeler sur des articles
00:42:58que j'écrivais aux Parisiens pour savoir...
00:43:01Chercher un peu plus loin, toujours cette curiosité à se dire,
00:43:03tiens, j'ai vu que tu avais écrit ça dans le journal ce matin,
00:43:05mais sur cette phrase-là, qu'est-ce que tu voulais dire ?
00:43:08Qu'est-ce que tu n'as pas pu dire, peut-être ?
00:43:10Moi, je veux le savoir.
00:43:12Je veux savoir ce que tu cachais sur cette phrase.
00:43:14Et ça nourrissait évidemment ses podcasts,
00:43:16parce qu'il n'y avait pas que l'émission de l'équipe du soir.
00:43:20Et moi, j'ai ces souvenirs-là, évidemment,
00:43:22ses appels, ses textos.
00:43:24Et en parlant de transmission, on peut rassurer Jo.
00:43:27Et c'est vrai qu'encore une fois, il faisait référence
00:43:30aux mots de Bertrand qui étaient magnifiques tout à l'heure.
00:43:33Je pense effectivement qu'il a marqué...
00:43:34Il a traversé les générations.
00:43:36Il nous a touchés, nous, les jeunes, effectivement.
00:43:38Et voilà, on se rappellera bien évidemment de Didier,
00:43:41de tout ce qu'il peut être, de ce narrateur hors pair,
00:43:43parce qu'évidemment, on prenait plaisir à écouter ses histoires.
00:43:46Il a connu le journalisme comme nous.
00:43:47On ne le connaîtra certainement jamais.
00:43:49Et ses déplacements professionnels...
00:43:51Enfin, j'ai une anecdote qui me vient.
00:43:52Quand il était en Roumanie, au pays de Dracula,
00:43:55et il est en pleine forêt, il ne sait pas comment il va rentrer.
00:43:58Il voit des gens au bout du bois et il se dit,
00:44:01bon, il ne faut pas que j'y aille, parce qu'ils vont me ligoter.
00:44:05Il va se passer un truc.
00:44:07Et puis finalement, il est tellement sympathique,
00:44:08tellement agréable que ces gens-là, au bout du bois,
00:44:11lui ont donné le chemin et puis lui ont dit,
00:44:12tiens, il y a même un hôtel là-bas.
00:44:13Non, pas du tout.
00:44:14Ils lui ont même donné des sous, à la limite,
00:44:16tellement il était sympathique.
00:44:17Non, mais voilà, c'était ça, Didier.
00:44:19Et bien évidemment, ce matin, ça a été une profonde tristesse,
00:44:23un choc et, pour être honnête, je n'y crois toujours pas.
00:44:26Parce qu'il n'a jamais oublié qu'il était jeune.
00:44:28Qu'il a été jeune, il est resté jeune.
00:44:29Il a commencé très, très tôt, à une époque
00:44:32où quand même, c'était des gens installés
00:44:33et il n'y avait pas autant de jeunes dans les rédactions.
00:44:36On verra sa première télé dans quelques mois.
00:44:38Et je pense qu'il a gardé ça, cet esprit jeune.
00:44:40Il a sans cesse...
00:44:41Moi, ce qui m'a toujours impressionné chez lui,
00:44:43c'est qu'il a toujours cette volonté de se renouveler.
00:44:45Tu parlais de son arrivée sur les réseaux sociaux,
00:44:48sur les podcasts.
00:44:49C'était quelqu'un de moderne qui vivait dans son monde,
00:44:53mais les deux pieds bien dans la réalité.
00:44:56On va donner la parole à Éric Bilderman,
00:44:58qui ne pouvait pas être là ce soir.
00:45:00Éric, j'avais un œil sur l'écran de contrôle.
00:45:03Bonsoir, Éric.
00:45:06Bonsoir.
00:45:08Je travaille un petit secret.
00:45:09Je vous voyais écrire deux, trois petites bafouilles,
00:45:11comme ça, des petites choses.
00:45:13C'était quoi, vos notes, mon Éric ?
00:45:16En fait, j'avais deux Didier qui me revenaient.
00:45:23Et puis, dans ces moments d'émotion,
00:45:25j'avais peur d'oublier un des deux Didier
00:45:27parce qu'il y en a un avec qui j'étais en osmose totale.
00:45:33C'était le Didier Sepia.
00:45:36C'était le Didier qui me faisait parler de l'Ajax,
00:45:4271, 72, 73,
00:45:44qui aimait parler du Brésil 70, de la Roumanie de 1970,
00:45:49avec Mircea Lucescu, le sélectionneur.
00:45:51Donc, comme j'ai grandi en même temps que lui,
00:45:55et je dirais presque dans l'ombre de Didier,
00:45:58qui était pour nous tous un jeune journaliste,
00:46:00qui lui aussi était un jeune journaliste,
00:46:02mais il était à la télé, donc il nous faisait rêver,
00:46:04nous qui étions des journalistes en devenir de presse écrite.
00:46:08Et ce Didier-là, je l'ai vu évoluer avec les petites blessures,
00:46:14la blessure de l'arrêt Bossemann,
00:46:16qui a transformé le football de club,
00:46:20les blessures certainement du football de statistique,
00:46:25lui qui était un instinctif, qui ressentait le football,
00:46:28qui n'avait pas besoin de se protéger par des données chiffrées
00:46:31pour l'expliquer, le football des agents,
00:46:33le football du business,
00:46:35et peut-être dernièrement aussi le football de l'arbitrage vidéo.
00:46:39Donc, j'ai toujours eu la sensation d'un gars
00:46:45qui à la fois décrit tel présent, était visionnaire sur l'avenir,
00:46:49mais en même temps était profondément accroché au passé.
00:46:53Et en cela, c'est le Didier que j'aime,
00:46:57c'est un des deux Didiers que j'aime.
00:46:59Et puis, l'autre Didier,
00:47:01c'est un Didier qu'on a partagé avec Karine Galli.
00:47:04C'est le Didier amoureux des animaux.
00:47:07Je ne sais pas si dans l'émission,
00:47:08parce que malheureusement, je suis en reportage du côté de Nantes,
00:47:11là, je n'ai pas pu suivre toute l'émission.
00:47:14Mais c'est quelqu'un qui aimait profondément les animaux,
00:47:17qui ne supportait pas qu'on puisse leur faire du mal.
00:47:21Et on partage avec Karine et tous les trois, on partageait ça
00:47:26et on s'envoyait régulièrement des SMS sur WhatsApp,
00:47:29on communiquait.
00:47:31On était révoltés par ce qui pouvait se passer.
00:47:34Je pense que, quelque part,
00:47:36le fait qu'il n'ait pas vu le massacre des 150 dauphins
00:47:39qui a lieu tous les ans aux îles Ferrohay,
00:47:41qui a eu lieu le week-end dernier,
00:47:43je me dis, bon, au moins, il n'a pas vu ça.
00:47:45Et je sais que ça l'aurait rendu malade.
00:47:48Et c'est un combat qu'on partageait tous, tous les trois, ensemble.
00:47:54Et c'est un mec bien, c'était un mec bien, c'est tout.
00:47:58Éric, il y a un commentaire sur ce que vous venez de dire
00:48:01de Thierry Bretagne, je crois.
00:48:03Il avait une qualité extraordinaire,
00:48:06il pouvait être amoureux sans être mièvre.
00:48:09Et il n'était dupe, à mon avis, de rien,
00:48:12même pas de lui-même et du jeu qu'il pouvait jouer.
00:48:16Et ça, c'est, moi, vous savez ce qui m'a frappé,
00:48:20une des dernières émissions, vous vous souvenez de cette émission
00:48:23où il est critiqué sur Facebook ou je sais pas quoi,
00:48:27les réseaux sociaux, où il prend des tombereaux d'injures.
00:48:31Et où, je ne me souviens plus, sincèrement,
00:48:34où il dit, mais je vous emmerde, je vous emmerde,
00:48:38je continuerai à penser ce que je pense.
00:48:40Vous vous souvenez de cette émission ?
00:48:41Moi, ça m'avait frappé, parce que ce mec est énorme.
00:48:44Il a un siècle de télévision,
00:48:46c'est-à-dire qu'il part du début du feuilleton.
00:48:49Le feuilleton football commence avec Téléfoot.
00:48:53Le match du vendredi soir, les deux matchs du vendredi soir,
00:48:57c'est eux qui feuilletonnent.
00:48:59Et en plus, ils sont formidables,
00:49:00parce que Sadoul leur file du pognon pour faire leur émission.
00:49:03Vous vous rendez compte, quand même ? C'est le monde à l'envers.
00:49:06C'est eux qui sont au début du feuilleton
00:49:09et qui créent l'histoire du feuilleton football.
00:49:13Avant, il y avait des reportages,
00:49:14avant, il y avait les coulisses de l'exploit,
00:49:16avant, il y avait le cinq colonnes à la une du sport,
00:49:19avant, il y avait des matchs.
00:49:21Thierry, ce que vous venez de dire,
00:49:22c'était Jean Sadoul qui filait du blé pour diffuser les matchs.
00:49:24Aujourd'hui, la boucle est peut-être un peu bouclée.
00:49:27Oui, Sadoul filait du pognon et Guirou était furieux
00:49:32en disant que vous alliez vider les stades.
00:49:34Quelle prophète !
00:49:35Dave, je vous ai senti un peu chancelant,
00:49:37donc j'ai voulu vous faire un peu sourire avec ce voile pudique.
00:49:41Je crois que je ne vous ai pas tellement entendu sur Didier,
00:49:44mon professeur.
00:49:45Vous avez quoi, aujourd'hui, comme souvenirs, comme moments,
00:49:49comme ça, à nous raconter votre Didier à vous ?
00:49:52Ça a commencé comme pour beaucoup d'entre nous, l'enfance,
00:49:56mais particulièrement, moi, l'adolescence,
00:49:58parce qu'il a fait une émission...
00:50:00On a beaucoup parlé de Magmax, etc.,
00:50:02moi aussi, qui m'a marqué, mais Terre de foot.
00:50:04Antenne 2 ?
00:50:06Voilà, exactement, c'était Antenne 2, à l'époque, effectivement.
00:50:09Et Terre de foot, pour moi, c'était une sorte d'idéal, en fait.
00:50:11Je me suis dit, OK, là, il y a l'émission de mes rêves, en fait.
00:50:14Il y a l'émission que j'aurais voulu faire.
00:50:16J'étais ado, etc.
00:50:18Et je me suis dit...
00:50:19Il y avait quoi ? Il y avait musique, reportage ?
00:50:21Exactement, voilà, et puis sans frontières, en fait.
00:50:24C'est-à-dire que tu avais du foot africain,
00:50:27tu pouvais aller en Amérique du Sud.
00:50:29C'était l'évasion.
00:50:31Exactement, voilà, il y avait une idée d'évasion,
00:50:33et c'est ce qu'est Didier.
00:50:34Oui ?
00:50:35Sans contraintes, sans limites, sans frontières, sans a priori.
00:50:38Et c'est ce qu'est Didier, finalement.
00:50:41C'est-à-dire une espèce de voyageur du foot,
00:50:43un voyageur du temps aussi, c'est un passeur du temps.
00:50:46Et je disais ça à des copains,
00:50:49parce que, comme pour tout le monde,
00:50:50j'ai reçu des messages dans la journée.
00:50:51Vous aussi, on vous a présenté vos condoléances ?
00:50:53Oui.
00:50:54C'est vrai, ça, effectivement.
00:50:56C'est incroyable.
00:50:57Grosse pensée pour toi, etc. Courage.
00:50:59Et...
00:51:00Ta famille.
00:51:01Exactement, il y a un truc comme ça.
00:51:03Et du coup, on partageait avec Didier,
00:51:05enfin, je partageais avec lui l'amour pour Maradona,
00:51:09qui est mon dieu à moi, et lui aussi.
00:51:12Et donc, il avait fait le beau reportage pour moi sur Maradona.
00:51:15C'était dans Terre de foot.
00:51:17Un truc où le fil conducteur...
00:51:19Le Michel Platini argentin.
00:51:20Hein ?
00:51:21Maradona, le Michel Platini argentin.
00:51:22Exactement.
00:51:23Où le fil conducteur, il imaginait les dernières paroles
00:51:26de Maradona, footballeur.
00:51:27C'est en 93, donc on n'est pas encore à la fin de Maradona.
00:51:29Oui, mais on n'est pas loin.
00:51:30On n'est pas loin, on est au crépuscule.
00:51:32Et il imagine ces dernières paroles de footballeur,
00:51:34et c'est un nombre, 273, ou quelque chose comme ça.
00:51:37Et tout le reportage va être d'essayer de comprendre
00:51:40quel est ce chiffre que Maradona aurait dit.
00:51:42Une énigme, quoi.
00:51:43Une énigme.
00:51:44Et à la fin, d'ailleurs, et parce que je m'en souviens
00:51:47très, très bien...
00:51:48Et l'énigme est résolue ou pas ?
00:51:49Parce que là, vous mettez...
00:51:50Alors, en fait, l'énigme est résolue sans être résolue.
00:51:52C'est-à-dire qu'en fait, on voit le bus qui emmenait Maradona
00:51:56quand il était petit à son club de foot.
00:51:58Le bus 273 ?
00:52:00Voilà, exactement.
00:52:01C'est du Citizen Kane, là.
00:52:02Exactement.
00:52:03Le 273.
00:52:04Et en fait, Didier, dans sa narration,
00:52:06ne résout pas le truc.
00:52:08Il dit, j'ai senti que la réponse n'était pas très loin,
00:52:10mais je n'ai pas voulu lui prendre ça.
00:52:12Je trouvais que c'était magnifique.
00:52:13Enfin, il y avait une écriture.
00:52:14Chez Didier, il y avait quelque chose comme ça.
00:52:16Je lui avais refilé la VHS, parce qu'il ne l'avait plus,
00:52:18pour la numériser.
00:52:20Et en fait, moi, quand je finirais là-dessus,
00:52:23j'ai député de journaliste il y a un peu plus de 20 ans.
00:52:26J'avais décidé d'être journaliste il y a un peu plus de 20 ans
00:52:28et je me lançais en me disant, bon,
00:52:29je vais peut-être atterrir dans un journal municipal
00:52:31et peut-être je ne ferai pas plus.
00:52:32Mais dans le parcours que je rêvais,
00:52:34ce n'était pas d'être dans une telle ou telle émission,
00:52:37c'était, et je n'ai jamais pu lui dire,
00:52:40je n'ai pas osé lui dire,
00:52:41c'était de partager un jour un moment avec lui,
00:52:44un moment de rédaction.
00:52:45Ça aurait pu être la presse écrite, la radio, la télé.
00:52:48Et je n'ai pas voulu lui dire,
00:52:49parce que je voulais qu'il me voie comme un confrère,
00:52:51comme un collègue et pas comme un...
00:52:52– Fan ? – Exactement.
00:52:54Je lui dis maintenant.
00:52:55– Bernard, vous, vous aviez une histoire à nous raconter,
00:52:59on a le temps, mais on a le temps, mon cher Bernard.
00:53:02– Oui, parce que je suis repensé en regardant la photo.
00:53:04– Lorsque je revois des photos derrière vous,
00:53:06je vous lance, Bernard, parce que comme vous avez
00:53:08de mille idées à la seconde, vous allez me sortir un autre truc.
00:53:10Je vois Didier Roustand avec Dominique Rocheteau,
00:53:12et je crois que cette rencontre-là n'était pas pour le rien, non ?
00:53:17C'était ça ?
00:53:18– On l'avait organisé à l'occasion de la sortie de leurs deux ouvrages,
00:53:21c'était le premier livre de Didier Peuzel.
00:53:23– Aux éditions, malheureusement.
00:53:25– Et Dominique Rocheteau, fou de sentimental.
00:53:27Et c'est deux contemporains, mais qui ne se sont pas beaucoup côtoyés,
00:53:31parce que Didier a commencé à la fin des verres de 76,
00:53:34donc il a toujours eu cette attache-là avec Saint-Etienne,
00:53:37mais il ne connaissait pas très bien Dominique.
00:53:39Il en avait organisé dans les salons, au 8e SA, un rendez-vous,
00:53:43puis j'avais dit à Didier, on fera un shooting photo,
00:53:47viens un peu habillé, et vous avez vu le résultat que ça a donné.
00:53:52– Ah, c'était là, là ?
00:53:53– Et il m'a dit, et puis Didier, fais-moi plaisir, sois à l'heure,
00:53:58parce que Dominique Rocheteau, il est hyper timé,
00:54:01parce qu'il était en pleine promo,
00:54:02puis nous on l'avait gardé pour un déjeuner et un shooting.
00:54:04Et en fait, à ma grande surprise, parce que c'est quand même
00:54:06quelqu'un de très ordonné, il est arrivé à l'heure,
00:54:08et pas Rocheteau, et en fait, Rocheteau s'est perdu dans Paris,
00:54:12c'est-à-dire en sortant de, j'espère que Dominique ne m'en voudra pas,
00:54:15mais en sortant de la Porte de Saint-Clo, il s'est perdu.
00:54:17Et Didier, il me dit, c'est pas grave, on va aller le chercher.
00:54:20Je lui dis, on va prendre sa voiture,
00:54:21vous avez vu le gabarit que j'ai, Didier aussi,
00:54:23et en fait, tu te rappelles la voiture qu'il avait,
00:54:26une espèce de mini…
00:54:28– Une petite mini, oui.
00:54:29– Donc moi, déjà, je n'arrivais pas à comprendre
00:54:31comment il arrivait à rentrer dans la voiture,
00:54:34et moi, je n'ai jamais compris comment je suis rentré dedans,
00:54:36et on est parti, Porte de Saint-Clo, on a fait le tour de la Porte de Saint-Clo,
00:54:39– Jean Hienne et Pierre Tcherniav.
00:54:40– On a fini par trouver l'enjeu vert,
00:54:42– On a fini par le conduire.
00:54:43– On a fini par trouver l'enjeu vert, et j'ai dit,
00:54:44mais comment on va le rentrer dans la voiture ?
00:54:46Et Dominique, il s'est plié en quatre, alors Didier et Ossamina,
00:54:50et on est venus tous les trois au repas, et je lui avais dit aussi,
00:54:54Dominique, c'est quelqu'un d'un peu sur la réserve,
00:54:59enfin, pas timide, mais sur la réserve, tu le laisses parler,
00:55:03ne nous fais pas un monologue, c'est une interview croisée.
00:55:05Et il m'a dit, oui, oui, et il a tenu à peu près trois minutes,
00:55:09– Oui, c'est beaucoup.
00:55:11– Au bout de la quatrième, il a commencé à faire un monologue,
00:55:12donc je lui ai dit, là, ça va être une interview croisée,
00:55:15et chaque fois, je le coupais, je lui ai dit, le prends pas mal,
00:55:17mais quand t'es trop long, je te coupe.
00:55:19Et donc, je le coupais pour laisser parler Dominique,
00:55:21et Dominique, il s'enfonçait un petit peu comme ça,
00:55:23parce qu'il est… Roustan, il était comme ça,
00:55:26il restait un peu interloqué que je l'ose le couper,
00:55:29Dominique était un petit peu gêné, parce que je le coupais à chaque fois la parole,
00:55:32sinon Dominique, il n'en aurait jamais placé une,
00:55:34mais ça s'est très, très bien fini.
00:55:35Et là où je dis, c'est le côté très perfectionniste,
00:55:37c'est-à-dire le côté un peu dilettante, etc.,
00:55:40c'est que je pense que je n'ai pas eu l'équivalent
00:55:43d'une personne que j'ai interviewée qui m'a autant cassé les pieds.
00:55:46Parce qu'il m'a rappelé à peu près 40 ou 12 fois pour me dire,
00:55:51t'as pas oublié de mettre ça, t'as pas oublié de dire ça,
00:55:53parce que je réfléchis, en fait, ce que j'ai dit là,
00:55:56il faudrait vraiment que tu le mettes, etc.
00:55:57Et j'ai dit, Dominique, ça fait 30 ans que je fais des interviews,
00:56:00tu ne vas pas m'apprendre, tu me l'envoies quand même,
00:56:03et je crois que même il est allé dans les services
00:56:06pour qu'on lui montre l'interview, pour qu'ils choisissent la photo.
00:56:09– Directement, il t'a allé voir les rotatives aussi.
00:56:11– Non, non, non, mais c'était, et en fait, on ne lui a pas dit,
00:56:13qui me pardonne, on ne lui a jamais dit le jour de parution de l'interview,
00:56:18et je lui ai envoyé juste un texto pour lui dire le matin qu'elle était sortie.
00:56:21– Sale piot, hein !
00:56:23Le petit générique, tiens, un petit coucou à Éric qui est en reportage à Nantes,
00:56:29merci d'avoir participé, de nous avoir raconté votre délire.
00:56:33On vous fait d'énormes bisous aussi, puis on vous aime, Éric, hein, voilà.
00:56:37Merci mon cher Éric, il avait tous les talents, on dit dire,
00:56:41il était chanteur-imitateur, chanteur-imitateur, c'est les morceaux choisis.
00:56:45Certains m'ont dit Daniel Guichard,
00:56:47– Oui, oui, il chante Daniel Guichard, avec des paroles improvisées,
00:56:51les paroles, ce n'est pas du Thierry, ce n'est pas du Thierry Bretagne,
00:56:55le plateau tombe encore, mais regardez, c'est les morceaux choisis,
00:56:57chanteur-imitateur.
00:57:00– Classé seul médicament, nous n'y sommes qu'en ça, hein,
00:57:03Zouk classé seul médicament, nous n'y sommes qu'en ça,
00:57:05– Stop, stop, stop ! – Oh malade, oh malade, oh malade !
00:57:08Tu ne connais pas Kassab ?
00:57:09Je t'explique parce que tu n'as pas marre d'écrire,
00:57:10le Zouk est le seul médicament que nous avons.
00:57:13– Ah ah ah !
00:57:15– Les deux, on a fait la guerre, qui a gagné, qui a perdu,
00:57:22je ne sais pas, je ne sais plus, on se retrouve les mains nues.
00:57:27– C'est quoi, c'est Schalke ?
00:57:28– Non, non, ce n'est pas Schalke, c'est la musique,
00:57:30l'indicatif de l'équipe des champions.
00:57:32– Oh, oh, oh !
00:57:36– C'est la résistance, quoi, tu vois ?
00:57:38Enfant, t'entends-tu l'hymne ?
00:57:40– Oh, oh, oh !
00:57:42– Là, on n'est pas bien, là, là, on n'est pas bien.
00:57:45– Excusez-moi, j'allais juste dire.
00:57:46– On est là, c'est Paris, Paris libéré.
00:57:50– Ils ont été bien meilleurs que nous dans l'engagement,
00:57:53voilà, ce n'était pas faute d'avoir prévenu les gars.
00:57:55– On peut quand même mentionner aux gens ?
00:57:57– C'est Daniel Guichard ? – Oui, mon vieux.
00:57:59– Mon vieux.
00:58:00– La-la-la-la-la-la-la-la-la-la-la-la-la.
00:58:01Ne sautez pas sur les cornets, en septième, huitième, la-la-la-la-la-la.
00:58:06– Mais après la guerre, il nous reste à faire la paix.
00:58:17– Bravo !
00:58:18– C'est pas mal ça, là, chacun fait ce qu'il veut avec sa piste,
00:58:22On ne peut pas faire une chanson avec ça.
00:58:24Chacun fait ce qu'il veut.
00:58:26Tu n'as pas été assez agressif, mais il pensait toujours comme ça.
00:58:31Mon vieux, tu n'as pas battu l'édifice de viande.
00:58:36Et le caca qui s'y connaît, on le perdra quand même.
00:58:42Fais comme Julio un petit peu.
00:58:44Je n'ai pas changé.
00:58:46Je n'ai pas changé.
00:58:48Tu serres ce micro.
00:58:50C'est terrible.
00:58:52Il faudra donner le meilleur de nous-mêmes.
00:58:54Parce que vraiment, on est l'OM.
00:58:58Oh Guy !
00:59:00Brassage, ça suffit.
00:59:03Ramaya, la la la, Ramaya.
00:59:06Tous les matchs de ce genre, c'est comme ça.
00:59:08Tous les matchs sont comme ça.
00:59:11On n'a rien inventé de vrai.
00:59:14Et pourtant, il n'est plus là.
00:59:17Excusez-moi.
00:59:18Papa.
00:59:20Sans déconner.
00:59:22Écoute-moi, écoute-moi.
00:59:2683% de possession de balles pour Manchester City.
00:59:30Et Wigan qui est en divise et au droit.
00:59:34Le grand Manchester City est tombé.
00:59:37Guardiola a fait des mauvais choix.
00:59:41Il doit dégager.
00:59:43C'est une truffe comme l'autre.
00:59:46Ça ne vaut pas dégager le guichard, mais c'est pas mal.
00:59:53Vous commencez comme vous voulez, par le versant que vous voulez.
00:59:55On vous écoute.
00:59:57Plus qu'engagé.
00:59:59Parce qu'il a monté Foot Citoyen,
01:00:01qui était le premier média à parler de l'éducation.
01:00:05C'était suite au problème de violence qu'il y avait eu dans le football.
01:00:09Il a décidé de lancer ce média.
01:00:12Nous, on avait l'agence pour l'éducation par le sport.
01:00:15On a tout de suite naturellement collaboré.
01:00:17C'était une implication incroyable.
01:00:20Il s'est transformé presque en éducateur.
01:00:24Il allait sur le terrain.
01:00:26Cet outil était d'une qualité incroyable.
01:00:29Il faisait intervenir des psychologues.
01:00:31On a monté avec lui les assises nationales du football à Grenoble.
01:00:36Avec tous les anciens verts.
01:00:38Ça a été une aventure où on était obligé de le suivre.
01:00:43Je pense que c'est le seul média qui a autant parlé de l'éducation.
01:00:48Il a tenu une dizaine d'années.
01:00:51Je me rappelle, dans ses bureaux,
01:00:53il arrivait en début d'après-midi,
01:00:55il s'allongeait par terre.
01:00:57Après, on démarrait un petit peu les réflexions.
01:01:01Ça a été un outil incroyable.
01:01:04Malheureusement, ça s'est arrêté.
01:01:07Il y avait toute une équipe.
01:01:09Encore une fois, il était en avance.
01:01:13J'ai une tristesse.
01:01:15Il voulait qu'on reprenne Foot Citoyen.
01:01:18Il ne pouvait plus le faire vivre.
01:01:22Il était fatigué du peu de soutien qu'il pouvait avoir.
01:01:26Malheureusement, on ne l'a pas fait.
01:01:29C'est le dernier média qui a parlé de tout ce qui se faisait sur ce côté éducation.
01:01:35C'est un souvenir incroyable d'une personnalité intelligente.
01:01:41Avec ce média, on allait sur le terrain, il faisait des forums.
01:01:45C'est des articles, mais c'est aussi des actions concrètes.
01:01:49C'était des actions concrètes.
01:01:51Il allait dans les clubs.
01:01:53Quand je te parlais des forums,
01:01:55c'était quelqu'un qui avait tellement une aura.
01:01:59Le sport, c'est l'école de la fraternité.
01:02:02Didier, c'était avant tout ça.
01:02:04Je me souviens d'un article que j'avais lu,
01:02:07dans son livre Puzzle.
01:02:09C'était sur les comportements des éducateurs
01:02:12par rapport aux petits jeunes.
01:02:14On a tous un peu connu ça,
01:02:16nous, joueurs de foot du dimanche,
01:02:18même du lundi matin, vu mon niveau.
01:02:21Des éducateurs gueulards,
01:02:23qui faisaient peur, qui assulaient la jambe.
01:02:26Et lui, au lieu de condamner l'éducateur,
01:02:29il vient le voir, le retourner,
01:02:31il vient parler avec lui.
01:02:34Il est remarquablement manipulateur
01:02:36pour arriver à faire changer le comportement.
01:02:39Il nous explique ça.
01:02:41Il a beaucoup d'empathie pour la personne
01:02:44qui avait un comportement trop agressif
01:02:47avec les jeunes.
01:02:49C'était assez captivant, assez habile,
01:02:51assez intelligent et assez fin.
01:02:53C'était un précurseur.
01:02:55Finalement, c'est le sens du sport,
01:02:57c'est le sens de son engagement.
01:02:59C'est avec le football pour lui.
01:03:01Il ne pouvait pas supporter
01:03:03qu'il y ait autant de violence
01:03:05qui se manifeste dans le football.
01:03:07Tout ce qu'on entend depuis des heures et des heures
01:03:10montre que, finalement, il avait raison.
01:03:12Cette entité qu'il a portée,
01:03:14ça reste présent.
01:03:16Je me dis qu'il faut vraiment que ça perdure.
01:03:19Il faut que cette...
01:03:21Par l'Oxalban, Fouitte-Sutoyen,
01:03:23c'est éteint, c'est endormi.
01:03:25Deux fois par an, ces quatre dernières années,
01:03:28Didier arrivait le lundi
01:03:31pour des décrochages scolaires.
01:03:33Et il faisait, sur ce plateau-là,
01:03:35l'équipe du soir.
01:03:37Il me remplaçait, le salopio.
01:03:39Il avait écrit des petites choses,
01:03:41des dialogues, des petits trucs
01:03:43avec des collégiens qui
01:03:45revisaient le match,
01:03:47des thèmes d'actualité.
01:03:49C'était un programme éducatif.
01:03:51Il y avait la cantine.
01:03:53Après, il leur demandait de rédiger
01:03:55des petits articles.
01:03:58C'était...
01:04:00Je ne sais plus la commune.
01:04:02Une commune du sud-ouest de France.
01:04:05J'avais un truc à vous faire écouter.
01:04:07Est-ce que vous étiez là ?
01:04:09Je vous sens un peu remé, Nabil.
01:04:11C'est normal, c'est compréhensible.
01:04:13Je me souviens...
01:04:15On est en train de faire l'émission.
01:04:17On a encore la première partie.
01:04:19On me dit qu'il y a un film magnifique,
01:04:21vraiment une oeuvre fantastique.
01:04:23Steven Seagal.
01:04:25C'était Steven Seagal.
01:04:27Je ne savais pas du tout
01:04:29que Didier avait une passion
01:04:31pour le karaté et les films coup de poing.
01:04:33Une passion au deuxième degré.
01:04:35Allez-y, Didier.
01:04:37On y va.
01:04:39Je ne savais pas, Didier,
01:04:41que vous aviez pour passion
01:04:43Steven Seagal et son jeu de bras.
01:04:45Moi, j'adore.
01:04:47Parce que c'est tellement nul que j'adore.
01:04:49Si tu le vois au premier degré,
01:04:51tu fuis, bien évidemment.
01:04:53Mais c'est toujours sur son côté.
01:04:55Il y a 10 000 mecs en face,
01:04:57armés.
01:04:59Il arrive et il fait...
01:05:01C'est ridicule.
01:05:03Mais moi, j'adore.
01:05:05Des fois, à 3h du matin,
01:05:07je caresse le chien, tout le monde dort.
01:05:09Je les appouille.
01:05:11Je me dis que je vais aller me coucher.
01:05:13Je tombe sur cette merde.
01:05:15C'est mon jour de chance.
01:05:17C'est mon jour de chance.
01:05:19Je reste.
01:05:21Je me régale.
01:05:23Le chien attend.
01:05:25Steven Seagal, c'est magnifique.
01:05:27Après, il nous avait fait
01:05:29des cigaleries, des chinoiseries
01:05:31avec des bras cassés.
01:05:33Je crois qu'on était incapables
01:05:35de faire le débat qui était après.
01:05:37On l'a sagouiné.
01:05:39Nabil, un petit mot ?
01:05:41On tient ou pas ?
01:05:43Allez, un petit mot sur Didier.
01:05:45Si vous n'allez pas au bout,
01:05:47ce n'est pas très grave.
01:05:49Vous avez tout prévu ?
01:05:51Non, mais moi...
01:05:53Pour moi, il cochait
01:05:55un peu toutes les cages.
01:05:57J'avais un peu un rapport affectif avec lui.
01:05:59Comme quand on aime
01:06:01un club pour la première fois ou une sélection.
01:06:03J'étais gamin.
01:06:05J'ai une image que je n'ai jamais oubliée.
01:06:07J'étais petit.
01:06:09Au Maroc, il y avait la Cannes.
01:06:11C'était sur téléfoot.
01:06:13C'était la première fois que je voyais des images
01:06:15de la Cannes
01:06:17sur une télé française
01:06:19où quelqu'un s'intéressait à ce football-là.
01:06:21Moi, vu mon identité,
01:06:23ma double culture,
01:06:25ça m'avait touché.
01:06:27Cette image, je l'ai photographiée.
01:06:29Je l'ai toujours conservée en moi.
01:06:31Et en plus...
01:06:33L'année dernière,
01:06:35à la même époque,
01:06:37il y a eu l'attribution de la Cannes
01:06:392025, je crois.
01:06:41C'était au Maroc.
01:06:43Je me suis souvenu de cette image.
01:06:45J'ai appelé Didier.
01:06:47Je lui ai dit
01:06:49« Est-ce que tu peux me raconter... »
01:06:51Je lui ai dit « Je n'ai jamais oublié ça.
01:06:53Je voudrais que tu me le racontes. »
01:06:55C'était un disque dur.
01:06:57C'était incroyable.
01:06:59Il m'avait refait le tournoi.
01:07:01Il m'avait dit qu'ils étaient au-dessus.
01:07:03D'ailleurs, tu as vu, deux ans plus tard,
01:07:05ils étaient en quart de finale de la Coupe du monde.
01:07:07S'il était tout terrain,
01:07:09c'est vrai qu'on l'associe à l'Amérique du Sud.
01:07:11Hervé en parlait un petit peu tout à l'heure.
01:07:13Ce matin, j'ai reçu plein de messages
01:07:15d'Algérie, d'ailleurs.
01:07:17C'est quelqu'un qui était
01:07:19aimé partout.
01:07:21Il cochait toutes les cases.
01:07:23En plus,
01:07:25quand je voyais les images avec Maradona, je n'en revenais pas.
01:07:27J'ai dû lui poser 250 fois
01:07:29la question. Vas-y, dis-moi comment il était.
01:07:31Ceci, cela.
01:07:33Parfois, quand on redescendait...
01:07:35Je l'associais aussi au parking.
01:07:37Quand on repartait,
01:07:39c'est comme un
01:07:41performer. J'ai l'impression
01:07:43qu'il sortait de là. Après la tempête,
01:07:45il y avait un retour au calme.
01:07:47Il se faisait vers le parking.
01:07:49En plus, j'avais l'impression...
01:07:51C'est le moment où vous avez bigné sa bagnole.
01:07:53Il s'en foutait, d'ailleurs, je crois.
01:07:55Je crois qu'il y a eu un truc.
01:07:57C'est pas l'essentiel
01:07:59dans l'émission.
01:08:01Il est sur le même méridien.
01:08:03Je savais qu'il n'allait pas dormir.
01:08:05À chaque fois,
01:08:07une fois ou deux, quand on discutait, il faut que j'y aille.
01:08:09C'est comme un blog ou un podcast.
01:08:11Vers 14h,
01:08:13il avait terminé.
01:08:15De temps en temps, comme certains,
01:08:17on recevait un message.
01:08:19C'est ça, pour moi, Didier.
01:08:21C'est un rapport affectif.
01:08:23J'entends tout ce qu'il a pu apporter
01:08:25au journalisme,
01:08:27mais c'est plus
01:08:29une affaire d'émotion.
01:08:31Là, c'est le disque dur.
01:08:33Si c'est l'enfance, il n'y a pas de problème.
01:08:35À propos d'enfance, le plus jeune,
01:08:37c'est des souvenirs de télé.
01:08:39Vous avez une culture télé.
01:08:41Vous adorez la fabrication
01:08:43des produits télé.
01:08:45Il y a quoi ? Il y a ça.
01:08:47Il y a l'idée de se confronter à Didier
01:08:49quand on débarque dans l'équipe du soir.
01:08:51C'est vraiment deux
01:08:53personnages différents.
01:08:55Pour le coup, pour dire
01:08:57à quel point il dépassait les frontières.
01:08:59J'ai une famille de télé,
01:09:01mais il piperie en sport.
01:09:03Le seul journaliste sportif que mon père connaissait,
01:09:05c'est Didier Roustan.
01:09:07C'est le seul.
01:09:09Quand je suis arrivé à l'équipe,
01:09:11il m'a dit « tu verras, Didier,
01:09:13tu le salueras ».
01:09:15Sur les deux personnages,
01:09:17il y avait le côté personnel.
01:09:19Je me pensais pour elle aussi
01:09:21très proche de Karine Galli,
01:09:23qui ne peut pas être là ce soir,
01:09:25avec qui il a toujours été
01:09:27d'une gentillesse,
01:09:29d'une tendresse, d'une bienveillance
01:09:31assez exceptionnelle.
01:09:33Ce qui n'est pas toujours sympa,
01:09:35voire parfois dégueulasse,
01:09:37c'est qu'un homme de ce statut-là,
01:09:39Hervé, Dave,
01:09:41Mélisande aussi,
01:09:43c'est vraiment quelqu'un qui était gentil,
01:09:45profondément gentil.
01:09:47J'ai pu le constater au quotidien.
01:09:49Quand j'ai eu parfois quelques polémiques,
01:09:51quelques tempêtes avec certains clubs,
01:09:53ça a été un des rares qui m'a soutenu,
01:09:55qui a pris le temps de m'appeler plusieurs fois.
01:09:57Ça me marque.
01:09:59Après, il y a la partie plateau,
01:10:01où vous vous remplacez quand vous êtes en vacances.
01:10:03C'est vrai que quand on présente l'équipe du soir
01:10:05et que c'est Didier,
01:10:07le président,
01:10:09et que tu as bossé toute la journée
01:10:11pour faire un conducteur...
01:10:13Il vous a sagouiné vos lancements.
01:10:15Je n'ai jamais fait un lancement propre.
01:10:17On se dira que c'est de ta faute,
01:10:19tu as qu'à être bon, grand.
01:10:21Il avait ce côté...
01:10:23Je ne sais plus...
01:10:25Je crois que c'est Étienne qui disait
01:10:27qu'il avait ces humeurs.
01:10:29Tu passais une émission exceptionnelle.
01:10:31Si ça débordait dans tous les sens,
01:10:33ce n'était pas grave.
01:10:35Il était capable d'emmener tout le monde,
01:10:37de réagir sur tout.
01:10:39C'était fantastique.
01:10:41Et puis l'autre ?
01:10:43Les jours, un peu moins bien.
01:10:45Franchement, c'était un cauchemar.
01:10:47Honnêtement, c'était un cauchemar.
01:10:49Sur 600 émissions, c'est arrivé deux fois.
01:10:51Pour conclure,
01:10:53mon idole d'enfance et de jeunesse,
01:10:55c'est Ronaldo Le Vrai, R9, le Brésilien.
01:10:57Je lui posais tout le temps 500 questions
01:10:59parce que je voulais qu'il me raconte Ronaldo.
01:11:01Il avait toujours
01:11:03cette passion pour en parler.
01:11:05C'était formidable.
01:11:07Virginie, vous n'êtes pas toujours là
01:11:09pour lire les messages des autres.
01:11:11Est-ce que je peux donner un petit message
01:11:13pour mon didoune ?
01:11:15Allez-y, racontez-moi.
01:11:17J'ai été très touchée de la raison pour laquelle il est parti.
01:11:19La maladie qu'il a emportée.
01:11:21J'ai écrit un petit mot.
01:11:23Ce n'est pas facile de rendre hommage
01:11:25à quelqu'un que je n'ai pas connu longtemps.
01:11:27Pour ma part, l'aventure a duré 4 ans.
01:11:294 ans pendant lesquels je n'ai cessé de le regarder
01:11:31avec des yeux de petite fille
01:11:33parce qu'il a toujours été impressionnant
01:11:35comme président, comme orateur, comme encyclopédie.
01:11:37On aimait bien parler ensemble des Antilles.
01:11:39Moi de la Guadeloupe, lui de la Martinique.
01:11:41Il me disait toujours ça ou fait, comment tu vas.
01:11:43Petit clin d'oeil à ses origines maternelles.
01:11:45Ça ne m'empêchait pas de bouder
01:11:47quand il n'écoutait pas mon journal
01:11:49où il me coupait la parole pour chanter.
01:11:51Mais personne ne lui fait jamais la tête très longtemps à Didier.
01:11:53Moi aussi j'aime chanter, encore un point commun.
01:11:55On chantait tous les deux comme des casseroles.
01:11:57Sa joie de vivre était contagieuse.
01:11:59Je ne compte plus les fois où les fans de football
01:12:01que j'ai rencontrés ça et là
01:12:03dans les stades ou en dehors
01:12:05me disaient vous direz à Didier Rousteing
01:12:07que c'est le meilleur de toute l'histoire de l'équipe du soir
01:12:09et que je l'adore. Je l'ai toujours fait.
01:12:11Je n'y ai jamais manqué.
01:12:13Et il me répondait toujours, il a bon goût ce monsieur
01:12:15ou elle a bon goût cette dame.
01:12:17Alors Didoun, c'est comme ça que mémé t'appelait
01:12:19et c'est un surnom qui te colle à la peau.
01:12:21C'est un personnage aussi chiant qu'attachant.
01:12:23Tu es le meilleur de toute l'histoire
01:12:25de l'équipe du soir et on t'adore.
01:12:27Et comme on dit, les meilleurs partent les premiers.
01:12:29Mais putain, ça fait chier
01:12:31et tu vas tous nous manquer.
01:12:33Merci beaucoup Virginie. En plus c'est très bien, c'est honnête
01:12:35parce que je sais que vous chantez faux, c'est bien de leur connaître.
01:12:39Philippe, c'est quoi votre Didier ?
01:12:41Puisque vous vous intégrez à l'équipe du soir
01:12:43il y a quelques années.
01:12:45Vous l'aviez rencontré,
01:12:47vous étiez proche, pas proche,
01:12:49vous avez tous observé la bête médiatique.
01:12:51C'est quoi votre Didier pour vous mon cher Philo ?
01:12:55J'anticipe peut-être une distance avec Didier.
01:12:57Pas de désamour, pas de truc,
01:12:59mais je ne sais pas.
01:13:01Didier c'est le troisième
01:13:03grand monstre
01:13:05de ce métier
01:13:07que j'ai rencontré et avec qui j'ai eu la chance de travailler.
01:13:09J'ai eu énormément de chance, j'ai travaillé avec Thierry Roland,
01:13:11j'ai travaillé avec Eugène Saccomano
01:13:13et j'ai travaillé avec Didier Roustan.
01:13:15Et Nabil tout à l'heure
01:13:17a parlé des termes de photographie.
01:13:19Je crois qu'on a tous en fait,
01:13:21moi ma génération,
01:13:23j'ai grandi avec le téléfoot de Didier,
01:13:25les images avec Maradona,
01:13:27les images avec Cantona.
01:13:29Finale de la CUP moi.
01:13:31Quand tu arrives à faire ce métier,
01:13:33déjà tu te dis, j'ai une chance extraordinaire,
01:13:35il faut profiter.
01:13:37Mais après il y a un stade au-dessus,
01:13:39il y a le Graal en fait, c'est de te dire,
01:13:41est-ce que tu vas pouvoir vivre ce que ces mecs-là ont vécu ?
01:13:43Non.
01:13:45C'est cette humanité, cette capacité
01:13:47à pouvoir approcher des immenses champions
01:13:49et de partager quelque chose
01:13:51presque d'intime.
01:13:53Alors eux, ils en ont vécu 20 000
01:13:55des histoires.
01:13:57Et puis nous parfois, de temps en temps, on en vit une.
01:13:59Je me souviens d'un soir
01:14:01de Coupe du Monde 2014
01:14:03à Ribeiro Preto,
01:14:05la ville natale de Rai.
01:14:07Et je passe une soirée avec Rai,
01:14:09on se connaissait un petit peu, mais il m'invite dans sa maison
01:14:11de famille.
01:14:13Il me fait des photos avec Socrates,
01:14:15il me montre le jardin où il a appris à jouer au ballon.
01:14:17Socrates, son frère,
01:14:19pour les téléspectateurs.
01:14:21On paie une bière, une deuxième, on discute.
01:14:23Et puis à un moment donné, les 5h du matin,
01:14:25le jour se lève.
01:14:27Et quand j'ai rencontré Didier Rousteing,
01:14:29le premier truc que j'ai eu
01:14:31envie de lui raconter, c'est ça.
01:14:33Parce que je me suis dit,
01:14:35j'ai vécu ça,
01:14:37j'en aurais peut-être pas deux dans ma carrière,
01:14:39mais ce moment-là, pendant trois heures,
01:14:41j'étais un petit Didier Rousteing.
01:14:43Et du coup, j'étais fier.
01:14:45Et puis après,
01:14:47j'ai eu les premières émissions
01:14:49ici avec lui.
01:14:51Le Multiplex à RTL aussi,
01:14:53où j'ai vu mon petit Bertrand Latour
01:14:55qui se retrouvait confronté à Didier Rousteing.
01:14:57Ils n'ont pas dû lui poser de problème.
01:14:59Il a gagné son 4 ans de maturité
01:15:01en l'espace d'un an.
01:15:03Ça a été exceptionnel.
01:15:05Et comme le disait Dominique Sévrac
01:15:07en début d'émission,
01:15:09t'as ta première
01:15:11à l'équipe du soir
01:15:13avec Didier en face.
01:15:15Il y a l'examen du bac un peu ?
01:15:17T'arrives, tu te dis...
01:15:19C'est vrai.
01:15:21Franchement, vous cachez vachement bien votre jeu.
01:15:23Passe décisive
01:15:25à Pia Clément.
01:15:27Pia, vous êtes là, vous avez votre beau maillot du Paris Saint-Germain.
01:15:29C'est quoi ? C'est l'époque 90 ?
01:15:31Je crois que c'est 92.
01:15:33C'était efficace avant le but à ce moment-là.
01:15:35J'ai une archive à vous montrer.
01:15:37Ce n'est pas de l'archive de l'équipe du soir.
01:15:39C'est votre émission de radio.
01:15:41100% Paris Saint-Germain.
01:15:43En plus, il était content
01:15:45parce qu'il faisait sa promo pour son livre Puzzle
01:15:47aux éditions de Marabout.
01:15:49Il vous dit, ça concerne combien de temps d'émission ?
01:15:51Non, non, mais c'est spécial Didier.
01:15:53Alors là, Didier, il est bien.
01:15:55La promo pour son bouquin, il est content.
01:15:57Vous avez plein de points communs,
01:15:59notamment le beau jeu,
01:16:01les passes soyeuses de Ravier Pastorey
01:16:03et puis à un moment, Pia, la confiance,
01:16:05le truc.
01:16:07Ousmane Dembélé.
01:16:09Dembélé quand il touche le ballon.
01:16:11Dembélé ?
01:16:13Ah non.
01:16:15Quand il touche le ballon, c'est fini.
01:16:17C'est délicat.
01:16:19Pour moi, Dembélé, c'est un canard sans tête.
01:16:21Pourtant,
01:16:23non, il est charmant
01:16:25et il a quand même des petites choses.
01:16:27Mais il faudrait que...
01:16:29Il faut qu'il passe un câble.
01:16:31C'était terrible.
01:16:33Je m'en tiens sur Dembélé.
01:16:35Il est en train de passer le cap.
01:16:37Mais oui, il est en train de passer le cap.
01:16:39C'est fou parce que cet extrait-là,
01:16:41je suis sortie de l'émission avec Didier
01:16:43et j'ai fait le montage moi-même.
01:16:45Je m'étais dit, ce moment,
01:16:47il s'est passé un truc.
01:16:49Donc j'ai fait le petit montage,
01:16:51je l'ai mis sur les réseaux,
01:16:53mais je me suis dit, je vais avoir 40 likes comme n'importe quoi.
01:16:55Et puis en fait, on est arrivé à 4,5 millions de vues.
01:16:57Et ce qui est intéressant, c'est que ce matin,
01:16:59on était à 4,5 millions
01:17:01plus 900 000 vues.
01:17:03Depuis que son décès a été annoncé.
01:17:05900 000 vues en plus,
01:17:07juste cet après-midi.
01:17:09Et en fait, c'est incroyable parce qu'il y a des centaines de personnes,
01:17:11peut-être même des milliers,
01:17:13qui ont retweeté à nouveau la vidéo aujourd'hui.
01:17:15Tu peux le faire.
01:17:17En écrivant des messages qui, en gros,
01:17:19disaient que
01:17:21dans ces deux petites minutes de vidéo,
01:17:23il y avait beaucoup de choses de Didier.
01:17:25C'était court,
01:17:27mais la façon dont il parle
01:17:29de Ravier Pastorey,
01:17:31et la façon dont il parle aussi des footballeurs un peu robotisés
01:17:33qu'on peut avoir aujourd'hui,
01:17:35ça résumait beaucoup de choses que représentait Didier.
01:17:37Et c'est étonnant,
01:17:39la vie de cette vidéo.
01:17:41Après, j'ai vécu le reste
01:17:43de l'émission,
01:17:45qui était comme un déflorage
01:17:47d'une certaine façon.
01:17:49Parce que tout ce que tu as prévu dans l'émission,
01:17:51c'est ce que tu disais tout à l'heure,
01:17:53tout pète. Je suis en plein milieu d'une météo,
01:17:55il me parle de Joel Batts.
01:17:57Les conducteurs, ça n'existait pas.
01:17:59Non, il n'y a pas de conducteurs,
01:18:01il n'y a plus rien, il n'y a que Didier.
01:18:03Et en fait, moi, ce que je me disais
01:18:05en écoutant tout le monde, c'est que
01:18:07Didier, sa parole,
01:18:09elle n'était pas toujours facile à interrompre
01:18:11et en même temps, quelque chose en nous
01:18:13n'a pas envie de l'interrompre. Pourquoi ?
01:18:15Parce que cette parole-là, c'est comme un espèce de câble.
01:18:17Et ce câble, c'est un des derniers
01:18:19qui nous relie à une forme du football
01:18:21qui est en train de sombrer,
01:18:23et à laquelle on est tous attachés.
01:18:25Et on n'a pas envie que ça disparaisse.
01:18:27On n'a pas envie de ça.
01:18:29Et par exemple, je vais vous donner une anecdote,
01:18:31il y a quelques années,
01:18:33j'étais à 20 minutes de mon émission,
01:18:35j'avais préparé toute mon émission,
01:18:37c'était une quotidienne d'une heure et tout,
01:18:39et puis là, il y a un journaliste de France Bleue
01:18:41qui court dans l'open space et qui crie
01:18:43« Maradona est mort ».
01:18:45Et là, je me mets à chialer.
01:18:47Après, ça m'arrive souvent,
01:18:49mais là, je chiale vraiment fort,
01:18:51si fort que je casse toute mon émission,
01:18:53je récupère plein de gens pour me parler de Maradona
01:18:55qui a joué au Parc des Princes et tout.
01:18:57Et en fait, je pleure, mais à sanglots,
01:18:59et j'ai carrément au début de l'émission
01:19:01des collègues qui me font des massages dans le dos,
01:19:03qui m'apportent des cafés,
01:19:05qui lisent mes textes à ma place et tout.
01:19:07Et en fait, si ce jour-là, je pleurais
01:19:09alors que je n'ai jamais vu jouer Maradona,
01:19:11parce que je suis trop jeune,
01:19:13c'est parce que des gens comme Didier existent.
01:19:15Et c'est parce qu'il y a des gens
01:19:17qui ont su nous transmettre ce que c'était que ce football.
01:19:19Et c'est parce que Didier existait
01:19:21qu'ils sont tombés amoureux du football.
01:19:23Et c'est tellement vrai, j'ai tellement, même moi
01:19:25qui suis là que depuis un an à l'équipe du soir,
01:19:27j'ai tellement de supporters qui m'ont aussi envoyé
01:19:29leurs condoléances, qui se sont inquiétés
01:19:31de l'absence de Didier avant qu'on ait la mauvaise nouvelle
01:19:33en me disant, Pierre, renseigne-toi,
01:19:35qu'est-ce qui lui arrive, pourquoi il n'est plus là.
01:19:37Donc voilà, c'est quelqu'un,
01:19:39quand il est là, on est heureux,
01:19:41quand il n'est plus là, il y a un vrai vide
01:19:43et une vraie différence.
01:19:45Juste un mot pour rebondir sur Maradona,
01:19:47parce que ça lui colle à la peau.
01:19:49Parce que moi, je lui posais toujours
01:19:51plein de questions et tout.
01:19:53Et en fait, il m'a fait penser,
01:19:55quand il me parlait des coulisses
01:19:57de ses reportages à Maradona,
01:19:59c'était le film de Koutsouritsa,
01:20:01c'était Roustan avant Koutsouritsa.
01:20:03Parce qu'il disait,
01:20:05une fois il a pris un billet,
01:20:07il ne savait pas, il n'y avait pas de rendez-vous
01:20:09ni rien, et il est resté
01:20:11trois jours sur place
01:20:13à attendre
01:20:15d'arriver à attraper,
01:20:17à coincer à Diego Maradona.
01:20:19Je veux dire, c'est un truc,
01:20:21c'est irréel.
01:20:23Et ce n'est pas à deux heures d'avion.
01:20:25C'est dingue.
01:20:27C'était ça aussi Didier.
01:20:29Je peux ajouter un petit truc ?
01:20:31Non, mais oui.
01:20:33Juste, si vous ne l'avez pas encore fait
01:20:35et si ça ne vous rebute pas de lire 427 pages,
01:20:37lisez Puzzle, parce que c'est un livre
01:20:39fantastique, moi je l'ai adoré,
01:20:41et vraiment un conseil de lecture,
01:20:43lisez-le en écoutant les morceaux
01:20:45que Didier cite tout au long du livre.
01:20:47Parce que franchement, il y a des scènes
01:20:49où il ride dans New York en voiture,
01:20:51il va commenter un match de boxe incroyable,
01:20:53et à chaque fois, il vous cite le morceau
01:20:55qu'il est en train d'écouter dans la bagnole,
01:20:57et par exemple, vous écoutez là même,
01:20:59en vous endormant ce soir après l'émission,
01:21:01vous écoutez Long Time Gone de Crosby,
01:21:03Stills & Nash, vous pensez à Didier,
01:21:05et je vous jure que votre nuit va bien se passer.
01:21:07Est-ce que vous pouvez redire
01:21:09la française de cuisine ?
01:21:11Les téléspectateurs ont peut-être un truc,
01:21:13mais qu'est-ce qu'elle a dit ?
01:21:15C'est de l'anglais, tu peux le chanter !
01:21:17Non, je ne peux pas chanter !
01:21:19Le groupe, c'est Crosby, Stills & Nash,
01:21:21et le titre, Long Time Gone,
01:21:23ça veut dire parti depuis longtemps.
01:21:25Crosby, Stills & Nash, je crois qu'il y a
01:21:27un des gars, c'est un mari de Véronique Samson,
01:21:29je crois que la boucle est bouclée.
01:21:31Avec Véro !
01:21:33Une réaction, celle de...
01:21:35Elle est encore ministre des sports ?
01:21:37Enfin, démissionnaire ?
01:21:39Pour l'instant, elle n'est pas encore
01:21:41Amélie Oudéa Castera.
01:21:43J'ai eu beaucoup de tristesse en apprenant
01:21:45ce matin le décès de Didier Roustan,
01:21:47grande figure du journalisme sportif français.
01:21:49Son amant pour le football,
01:21:51le beau jeu et tout ce qui faisait l'émission
01:21:53de ce sport manquera à tous.
01:21:55Son combat contre le racisme, qui pouvait l'abîmer,
01:21:57le dénaturer, a fait de lui le pionnier
01:21:59d'une cause dont nous devons tous
01:22:01nous sentir les dépositaires.
01:22:03J'adresse à mon tour une pensée émue
01:22:05à sa famille, ses proches et ses collègues.
01:22:07La boucle est bouclée.
01:22:09Jean-Philippe, j'avais ouvert par vous.
01:22:11Les politiques rendent hommage
01:22:13à l'oeuvre, au combat,
01:22:15chose comme ça.
01:22:17Il y a deux podcasts extraordinaires
01:22:19de plus de deux heures sur Maradona.
01:22:21J'écoutais un podcast de deux heures
01:22:23que j'écoutais avec mon fils régulièrement.
01:22:25Il a quel âge, votre fils ?
01:22:27Il a 28 ans. Il a fait un stage
01:22:29chez Didier quand il avait 14 ans.
01:22:31Il voyait Didier arriver,
01:22:33s'allonger par terre, monter dans le studio.
01:22:35Pour lui, c'était un extraterrestre.
01:22:37C'est ce qu'on écoute là.
01:22:39C'est la mélisse de Didier et Pierre.
01:22:41C'est le crossbichaud.
01:22:43Là, vous imaginez Didier dans sa bagnole
01:22:45aux steaks.
01:22:47J'ai un peu des frissons.
01:22:49On avait un petit PAD, un petit truc,
01:22:51une petite pastille, comme on dit dans le jargon,
01:22:53sur les fourrir.
01:22:55Les fourrir avec Didier.
01:22:57Il est fulgurant ce Didier.
01:22:59On change de casting juste après.
01:23:01Pour ou contre la chemise
01:23:03de Didier Rousteing ?
01:23:05Bonsoir Didier.
01:23:25Symboliquement, 4 et 5,
01:23:27c'est...
01:23:29Oui.
01:23:31Quand je revenais de l'école,
01:23:33j'ai eu un 8 sur 20.
01:23:35Non, 8, ça passait très bien.
01:23:39Vrai ou faux ?
01:23:41Vrai.
01:23:47Paris
01:23:49outragé.
01:23:51Paris brisé.
01:23:53Paris mortirisé.
01:23:55Mais Paris
01:23:57libéré.
01:23:59Et rouillé libéré ou pas ?
01:24:01Si elle veut s'emparer de cette affaire,
01:24:03le maillot de l'équipe de France
01:24:05est sacré.
01:24:07Tu n'as plus un joueur à emmener
01:24:09à la Coupe du Monde.
01:24:11C'est deux lunettes qui l'ont fait.
01:24:13Et des fourrir
01:24:15à la pelle avec Didier Rousteing.
01:24:17Raymond, vous vous asseyez où vous voulez.
01:24:19De façon maintenant directe, c'est soit là, soit là.
01:24:21Mais allez-y, choisissez votre camp.
01:24:23A droite ou à gauche.
01:24:25Moi, je suis plutôt à gauche.
01:24:27On a Raymond, on a Timothée,
01:24:29on a Bernard Lianz, le retour.
01:24:31Romain, Olivier Rouillet qui arrive
01:24:33au petit trot avec ce joli t-shirt.
01:24:35Je n'avais pas vu Bob Marley.
01:24:37Grégory Schneider qui n'est pas habillé du tout.
01:24:39Moi, j'ai du mal même à vous reconnaître.
01:24:41Et puis, un nouvel ami
01:24:43de l'équipe du soir, c'est Roland Courbis.
01:24:45Roland, je vous ai eu au téléphone
01:24:47depuis ce matin et depuis qu'on a commencé
01:24:49cette émission, je suis frappé
01:24:51par les souvenirs qu'il a laissés
01:24:53en tant que
01:24:55reporter, documentaire,
01:24:57je ne sais pas comment vous l'appelez.
01:24:59Et vous, vous m'avez dit
01:25:01je me souviens
01:25:03un peu flou au début, parce que vous m'avez
01:25:05lancé un animal, c'était un guépard,
01:25:07et puis finalement, vous m'avez rappelé, vous m'avez dit
01:25:09non, non, non, il y a un loup
01:25:11avec Mozart, on est à Marseille.
01:25:13On a retrouvé, puis après
01:25:15vous avez fait aussi votre enquête.
01:25:17C'est pas l'expression, il y a un loup.
01:25:19Non, il y a un vrai loup.
01:25:21C'est un documentaire sur l'OM.
01:25:23C'est sur Canal+.
01:25:25C'est la grande équipe de Marseille.
01:25:27Donc il fait, Didier,
01:25:29il fait rentrer un loup dans les vestiaires
01:25:31de l'OM, avec les joueurs de l'OM,
01:25:33vous ne me croyez pas, regardez.
01:25:37Viens donc nous voir,
01:25:39viens donc nous sentir.
01:25:55Alors le loup prit peu à peu confiance,
01:25:57alla s'excuser auprès de Mozart,
01:25:59s'excuser d'avoir comme les hommes
01:26:01porté un jugement sans appel.
01:26:03Il alla par la suite flairer ce sac,
01:26:05et là il sentit un décalage
01:26:07entre cet homme
01:26:09et ses belles paroles.
01:26:11C'est un extrait.
01:26:13Vous pouvez d'ailleurs le regarder en intégralité
01:26:15sur Youtube.
01:26:17C'est Roustan, le loup, l'OM.
01:26:19Ça dure à peu près un quart d'heure.
01:26:21Je vous passe la main.
01:26:23C'est spontanément, vous m'avez cité ça.
01:26:25Allez-y Roland.
01:26:27Oui, je pense que c'était un gars
01:26:29avec beaucoup de qualités,
01:26:31et parmi ces qualités,
01:26:33il y avait une certaine polyvalence
01:26:35que là, c'est l'exemple.
01:26:37Parce que premièrement, c'est un reportage
01:26:39voire même un documentaire,
01:26:41mais d'avoir l'idée,
01:26:43pour qu'on puisse peut-être se rappeler
01:26:4530 ans après,
01:26:47d'avoir l'idée de mettre un loup,
01:26:49même un petit peu domestique,
01:26:51dans ce vestiaire
01:26:53où quand il passe
01:26:55et qu'il s'approche de Mozart,
01:26:57on a peur que Mozart fasse une grimace
01:26:59et que le loup...
01:27:01Le croque.
01:27:03Donc ça, ça m'est resté gravé.
01:27:05Et en plus de ça,
01:27:07c'est pas seulement l'idée
01:27:09de mettre le loup,
01:27:11c'est le commentaire qu'il fait
01:27:13avec cette musique-là
01:27:15qui est sympa comme tout.
01:27:17Ça démontre un petit peu
01:27:19ce qu'il pouvait avoir.
01:27:21J'en profite de votre invitation
01:27:23pour présenter mes condoléances
01:27:25à toute sa famille.
01:27:27Et c'est vrai que j'ai eu le plaisir
01:27:29de le connaître depuis
01:27:31une quarantaine d'années
01:27:33où finalement,
01:27:35je savais pas exactement où il était le meilleur.
01:27:37Dans les commentaires,
01:27:39dans les documentaires,
01:27:41dans la façon d'analyser
01:27:43les choses, c'était un gars
01:27:45complet pour moi
01:27:47qui, pour notre football adoré,
01:27:49je pense que c'était
01:27:51une grosse perte.
01:27:53Je reviens, on est en 91.
01:27:55Donc on a une équipe de l'OM
01:27:57qui est l'une des meilleures équipes d'Europe.
01:27:59Donc des joueurs qui sont des stars.
01:28:01Le gars arrive à faire entrer
01:28:03un loup domestiqué.
01:28:05Oui, j'imagine que c'est quand même pas une bête sauvage.
01:28:07C'est pas les loups-garous.
01:28:09On a Raymond Goethals.
01:28:11On a donc un entraîneur
01:28:13qui est là.
01:28:15C'est ouvert.
01:28:17Ce serait pas possible
01:28:19aujourd'hui.
01:28:21Ah non, là, c'est totalement impossible.
01:28:23Quel regard vous jetez ?
01:28:25Je me pose la question.
01:28:27Est-ce que c'était vrai ? C'est un montage.
01:28:29C'est pas possible.
01:28:31A l'heure actuelle, on peut même pas
01:28:33l'imaginer.
01:28:35Il y a quelqu'un qui veut
01:28:37apporter quelque chose de différent
01:28:39maintenant dans les prises de vue.
01:28:41Il pourra jamais rentrer dans un vestiaire
01:28:43et faire un truc pareil.
01:28:45Ça a été une fois et c'est exceptionnel.
01:28:47C'est unique.
01:28:49Mais c'est extravagant.
01:28:51Mais ça lui ressemble bien.
01:28:53Qui a une très bonne mémoire ?
01:28:55On a vu passer un jour
01:28:57en équipe du soir,
01:28:59on a fait passer un facochère.
01:29:01Vous vous souvenez pas d'un facochère ?
01:29:03Facochère, l'équipe du soir.
01:29:05Regardez, c'est avec Jérôme Alonso.
01:29:07Si tu es en situation de jouer le ballon
01:29:09et que même un tout petit
01:29:11est déséquilibré,
01:29:13c'est pas parce qu'il y a 30 kg d'écart.
01:29:15C'est un facochère.
01:29:17Le facochère est petit mais rabelé.
01:29:19Le facochère est très méchant.
01:29:21Le facochère, il te fait...
01:29:23Il y a des lions, ils vont pas là.
01:29:25Le tweet de l'autre,
01:29:27tu es costaud, sois relâché.
01:29:29Moi, j'arrive derrière, je vais te le faire.
01:29:31Viens là.
01:29:33T'as pas la même coiffure.
01:29:35Moi, je me dirige vers le but.
01:29:37Attendez, je me casse.
01:29:39Il y a le réalisateur en train de...
01:29:41Non, tu me vois pas.
01:29:43Mais tu es relâché, d'accord ?
01:29:45Oh le salaud !
01:29:47Il a mis au dessus.
01:29:49Il est pas mal.
01:29:51Je pense que ma charge
01:29:53est moins forte que celle de Carvajal.
01:29:55Car déjà, je ne suis pas un facochère.
01:29:57Ah, quand on n'a pas les images,
01:29:59il faut avoir des idées.
01:30:01C'est une faute de Carvajal.
01:30:03Olivier,
01:30:05vous avez quoi en tête ?
01:30:07Si je vous dis comme ça,
01:30:09vous me dites un souvenir ?
01:30:11Quelque chose ?
01:30:13Vous avez branché un peu sur le joueur
01:30:15quand vous étiez joueur,
01:30:17mais maintenant, à la hauteur du plateau ?
01:30:19Pas du tout.
01:30:21J'ai, assez récemment,
01:30:23son bouquin.
01:30:25Son bouquin qu'il m'a donné
01:30:27cet hiver, quand j'étais en vacances.
01:30:29J'ai découvert, Didier Rousteing,
01:30:31que je ne connaissais pas, sous cet angle,
01:30:33d'être un mec qui bossait
01:30:35comme un malade,
01:30:37comme un fou furieux.
01:30:39C'est un truc de dingue.
01:30:41Dans son bouquin,
01:30:43quand il rentre à TF1 au début,
01:30:45et tout son parcours,
01:30:47quand le représentant de Foot Citoyens était là,
01:30:49tout ce qu'il a fait,
01:30:51tout l'investissement.
01:30:53On ne se rend pas compte de l'investissement
01:30:55de Didier Rousteing dans ses idées.
01:30:57Comme l'a dit Joe tout à l'heure,
01:30:59d'aller voir Cantona et Marathona,
01:31:01de leur parler, de les emmener
01:31:03et de leur expliquer à des joueurs.
01:31:05Son investissement était extraordinaire.
01:31:07Quand je suis rentré, je lui ai dit
01:31:09que j'étais découvert.
01:31:11Je ne te connaissais pas aussi impliqué.
01:31:13Ça l'a touché ?
01:31:15Complètement.
01:31:17Il était sur son cul.
01:31:19Il m'a regardé avec des yeux en me disant
01:31:21que j'ai fait quelque chose de normal.
01:31:23Je n'ai fait que d'aller au bout de mes idées.
01:31:25C'est extraordinaire.
01:31:27On devrait en parler souvent.
01:31:29On devrait beaucoup plus parler de ton bouquin.
01:31:31Je pense qu'il l'a démontré.
01:31:33Les gens ont compris.
01:31:35Je viens de regarder Berfrand Latour
01:31:37tout à l'heure dans son petit truc
01:31:39de ce matin où il est en larmes.
01:31:41Tu comprends l'impact.
01:31:43Je suis heureux que les jeunes
01:31:45puissent prendre conscience de cela.
01:31:47Ce qu'a fait Didier, je vous le dis encore,
01:31:49je l'ai découvert cet hiver.
01:31:51C'est extraordinaire, c'est fabuleux.
01:31:53C'était vraiment un très grand monsieur.
01:31:55On a un jeune là.
01:31:57Timothée Memon.
01:31:59Votre Didier, à vous.
01:32:01C'est assez particulier
01:32:03parce que j'ai grandi sans la télévision.
01:32:05Jusqu'à 20 ans, je n'avais pas la télévision.
01:32:07Pour moi, la télévision, c'était des bribes.
01:32:09C'était des moments quand j'étais chez ma grand-mère.
01:32:11J'allais voir les matchs chez mon voisin, César.
01:32:13Il n'y a pas la télé à Sainté ?
01:32:15Non, c'était un choix de mes parents,
01:32:17un choix éducatif.
01:32:19Je les en remercie parce que ça m'a poussé
01:32:21vers la radio.
01:32:23Pour moi, Didier Roussand,
01:32:25c'est avant tout une voix.
01:32:27Une voix très particulière.
01:32:29Depuis tout à l'heure, on parle beaucoup de ses reportages.
01:32:31On parle peu de ses commentaires.
01:32:33Moi, quand j'écoute, quand j'allume la télé
01:32:35et que je ne suis pas forcément devant la télé,
01:32:37j'aime reconnaître, j'aime savoir qui parle.
01:32:39Il y a des voix qui sont interchangeables.
01:32:41Quand c'était Roussand, c'était Roussand.
01:32:43Il n'y avait aucun doute là-dessus.
01:32:45On reconnaissait la voix.
01:32:47On reconnaissait aussi un phrasé.
01:32:49Parce qu'on a la voix qu'on a.
01:32:51Moi, en tant que commentateur,
01:32:53le phrasé, essayer de mettre les bons mots,
01:32:55la belle expression, la belle image,
01:32:57exploser une émotion dans la tête des gens,
01:32:59c'était quelque chose d'assez frappant.
01:33:01J'ai la chance d'avoir pour parrain
01:33:03quelqu'un qui s'en est allé
01:33:05il y a quelques années, Robert Herbin,
01:33:07qui avait un rapport avec les journalistes
01:33:09qui était celui qu'il avait
01:33:11avec les hommes en général.
01:33:13C'est-à-dire qu'il avait un petit peu du mal
01:33:15dans la communication, Robert Herbin.
01:33:17Mais quand j'ai décidé d'être journaliste,
01:33:19un des rares noms que m'a cité Robert Herbin,
01:33:21c'est celui de Didier Roussand.
01:33:23Il n'avait pas toujours été d'accord,
01:33:25mais il y avait de l'estime.
01:33:27Quand on avait l'estime de Robert Herbin,
01:33:29c'était déjà pas mal.
01:33:31– Raymond, avec Didier, c'était comment ?
01:33:33Il y avait les joutes ?
01:33:35– Oui, c'était particulier.
01:33:37Mais nous, on a commencé il y a longtemps.
01:33:39Je me souviens, je ne sais pas
01:33:41si je peux le dire aujourd'hui,
01:33:43c'est un de mes pires souvenirs de commentateur.
01:33:45– C'est vrai ?
01:33:47– C'est une des premières fois
01:33:49où je commentais avec Didier.
01:33:51J'avais pas l'école, j'avais pas les règles.
01:33:53Et je me suis retrouvé avec Didier.
01:33:55– Et on est où, là, à peu près ?
01:33:57– C'était un match de Coupe de France.
01:33:59C'était…
01:34:01– C'était sur Antenne 2 ?
01:34:03– C'était sur Antenne 2.
01:34:05Je ne sais plus.
01:34:07Et Didier ne commande pas les matchs.
01:34:09– Qu'est-ce qu'il fait ?
01:34:11– Il explique. Il parle de trucs.
01:34:13Il part à droite, il part à gauche.
01:34:15Les joueurs, il en cite un ou deux
01:34:17parce qu'il les connaît et qu'il les aime bien.
01:34:19Ils n'existent pas.
01:34:21Mais le match, c'est un prétexte
01:34:23pour faire ce qu'il faisait ici.
01:34:25– D'accord.
01:34:27– Je veux dire, il parlait, il expliquait.
01:34:29– Et vous, là, à côté ?
01:34:31– Il doit s'accrocher à quelque chose
01:34:33pour parler.
01:34:35En plus, moi, j'ai pas son bagage, sa culture.
01:34:37Il me sortait des noms de joueurs.
01:34:39J'ai dit, d'où il me les sort ?
01:34:41Il faut que je dise quelque chose.
01:34:43Moi, je suis testé, là,
01:34:45pour les commentaires.
01:34:47Je ne savais plus.
01:34:49J'ai vécu une heure et demie de souffrance.
01:34:51– Et après ?
01:34:53– Mais avec lui, je veux dire,
01:34:55c'est pas pour me ramuser.
01:34:57– Non, c'est pas pour vous plomber.
01:34:59– Non, mais il partait dans ses histoires,
01:35:01dans ses trucs.
01:35:03Et de temps en temps, je ramenais en disant,
01:35:05oui, et là, sur l'action, regardez ce qui se passe.
01:35:07Et il repartait sur autre chose.
01:35:09Oui, ça me rappelle une action que j'ai vue.
01:35:11C'était machin, là.
01:35:13Et il repartait là-dessus.
01:35:15Donc, c'est les premiers trucs.
01:35:17Après, je me souviens,
01:35:19quand on est arrivé là…
01:35:21– Là, il y a un peu des joutes idéologiques, tout ça.
01:35:23Il y a des petits trucs,
01:35:25il y a des machins,
01:35:27les coachs français, les coachs étrangers…
01:35:29– Je pense qu'on était, à la base,
01:35:31opposés sur tout.
01:35:33On avait une vision totalement différente.
01:35:35Moi, je sortais du métier
01:35:37d'entraîneur, de sélectionneur.
01:35:39Je me disais,
01:35:41les idéalistes, c'est bien beau,
01:35:43mais nous, il faut qu'on gagne des matchs.
01:35:45– Vous êtes en salle des machins.
01:35:47– Voilà, il faut qu'on gagne des matchs.
01:35:49C'est ce rapport-là.
01:35:51Chaque fois, c'était l'idéal.
01:35:53Pour lui, c'était un truc…
01:35:55Pour moi, c'était utopique.
01:35:57Et puis, petit à petit, je pense
01:35:59qu'on s'est un peu rapprochés.
01:36:01On n'a plus…
01:36:03Au début, je sentais que,
01:36:05quand je disais quelque chose,
01:36:07il était là, il mangeait son frein.
01:36:09Quand il disait quelque chose,
01:36:11j'arrive, donc je vais faire attention.
01:36:13– On est poli quand on arrive dans la maison.
01:36:15– Alors que je pensais totalement
01:36:17le contraire.
01:36:19Et puis, finalement, en s'écoutant,
01:36:21je crois qu'on a
01:36:23un peu rapproché
01:36:25nos manières
01:36:27de voir les choses.
01:36:29Peut-être un peu plus pragmatiques
01:36:31et moi un peu plus idéalistes.
01:36:33– On se dilue un peu ?
01:36:35– Un petit peu, mais les débuts ont été…
01:36:37– Dans le contrat de Didier Rousteing,
01:36:39on va être d'accord avec Grégory Schneider.
01:36:41C'est dans le contrat, d'ailleurs,
01:36:43de tous les chroniqueurs.
01:36:45J'ai toujours une formule pour lancer.
01:36:47Je vous taquine à chaque fois.
01:36:49Vous, votre Didier, c'est quoi ?
01:36:51À part Bernard, qui le connaît peut-être
01:36:53depuis plus longtemps que vous,
01:36:55mais c'est quoi Didier ?
01:36:57– C'est un truc très précis qu'il avait fait
01:36:59en 1983 en tant que réalisateur,
01:37:01quand il était sur TF1 à l'époque.
01:37:03La voie du foot, c'était Thierry Roland.
01:37:05Je n'enlève rien, mais je ne m'y retrouvais pas.
01:37:07Je trouvais ça patriotique.
01:37:09– Franck Chouiat ?
01:37:11– Oui, nationaliste.
01:37:13Moi, franchement, j'étais pour les pays de l'Est
01:37:15en train de faire chier le monde à l'époque.
01:37:17Je ne me sentais pas avec les autres.
01:37:19Je ne voulais pas cette sensation de foot là.
01:37:21Et l'Euro 84 est passé.
01:37:23Je me souviens d'un résumé
01:37:25des buts de l'Euro 84
01:37:27où il avait choisi, sur les buts
01:37:29France-Belgique, de mettre
01:37:31Deuster, ce qui est assez rare,
01:37:33et de mettre la chanson
01:37:35Toda menina bayana
01:37:37de Gilberto Gil.
01:37:39Et je ne sais pas si vous vous souvenez
01:37:41de ce match, de ce qui se dégageait de ce match.
01:37:43C'était à La Beaujoire, la lumière,
01:37:45le karma de cette équipe,
01:37:47le karma de Platini, le karma de Fernandez.
01:37:49Et là-dessus, la musique brésilienne,
01:37:51c'était un truc
01:37:53qui m'a,
01:37:55comment dire, qui m'a guidé toute ma vie presque.
01:37:57C'était une vision œcuménique.
01:37:59Je me sentais avec les autres, pour le coup.
01:38:01C'est un peu mon Brésil 70,
01:38:03pour ceux qui en parlent et qui voient ça
01:38:05comme une étoile un petit peu.
01:38:07Et c'est vraiment quelque chose, j'y ai pensé tous les mois,
01:38:09juste parce qu'il a fait le choix.
01:38:11Il y avait un côté,
01:38:13il y avait la fraîcheur, il y avait la jeunesse,
01:38:15il y avait une espèce de promesse d'éternité,
01:38:17parce qu'à 13 ans, tu crois que ça va durer éternellement,
01:38:19que ça va toujours être aussi beau, aussi joyeux.
01:38:21Et ce choix de mettre la musique là,
01:38:23c'était fulgurant.
01:38:25Est-ce que vous pouvez
01:38:27juste répéter le nom de la musique, c'est Gilberto Gil ?
01:38:29Toda menina bayana.
01:38:31Voilà.
01:38:33Je pense que tout le monde la connaît.
01:38:35Vous voyez, avec un peu de musique Brésil,
01:38:37ce France-Belgique,
01:38:39le 5 à 0 à la bourgeois,
01:38:41le foot n'est plus une utopie.
01:38:43Le foot est une réalité, Raymond.
01:38:455-0.
01:38:47Ça c'est la réalité.
01:38:49La première réalité.
01:38:51Après, on peut l'agrémenter.
01:38:53Louis Sarrière-Droit.
01:38:55Oui, Louis Sarrière-Droit, je me souviens.
01:38:57Vous le trouviez comment, Roland,
01:38:59sur ses commentaires ?
01:39:01Non, sur son parti pris.
01:39:03L'idée d'avoir un biais, d'avoir un parti pris
01:39:05sur un football,
01:39:07le résolument dire tourner vers l'avant.
01:39:09Vous aussi, coach,
01:39:11vous êtes dans l'équilibre de l'équipe,
01:39:13dans le concret.
01:39:15Je me trouvais souvent, pour ne pas dire toujours,
01:39:17différent,
01:39:19pas de tous les autres, mais de beaucoup d'autres.
01:39:21Et d'ailleurs,
01:39:23je ne sais pas, Julien Tanniau,
01:39:25aujourd'hui, on avait une expression,
01:39:27il a fait une roussant.
01:39:29Et c'est quand même un compliment.
01:39:31Parce que ce qui
01:39:33l'analysait, lui,
01:39:35de la façon dont il analysait,
01:39:37c'était totalement différent
01:39:39des autres commentateurs.
01:39:41Et moi, qui suis un petit peu curieux
01:39:43et passionné comme vous,
01:39:45je l'écoutais toujours attentivement
01:39:47et souvent, je me disais,
01:39:49tiens, ça, je n'y avais pas pensé.
01:39:51Et donc, si on me dit
01:39:53qu'elle était finalement,
01:39:55dans sa polyvalence et dans le fait
01:39:57qu'il était vraiment
01:39:59bon dans pas mal de secteurs,
01:40:01je vous pose la question,
01:40:03qu'est-ce que c'est, là où il était le numéro 1
01:40:05de ce qu'il savait faire ?
01:40:07Ce soir, en tout cas, moi, ce qui me surprend
01:40:09à travers l'évocation et son souvenir,
01:40:11c'est ses reportages.
01:40:13C'est ce qui... Roland, moi, vous m'avez bluffé
01:40:15quand vous m'avez dit ça ce matin, quand vous avez appris
01:40:17la disparition de Didier, en disant, tout de suite,
01:40:19je pensais qu'il y avait peut-être une interview
01:40:21à bord de match, après une victoire,
01:40:23après un triomphe, quelque chose et tout ça.
01:40:25Non, vous, c'était ses reportages,
01:40:27et c'est souvent ce qui transpire.
01:40:29Sur l'évocation
01:40:31de Didier qui nous parle de foot,
01:40:33moi, je me souviens que c'était
01:40:35la Ligue des Nations
01:40:37qui a remporté l'équipe de France du Vélechon
01:40:39avec un incroyable but de Benzema contre la Belgique.
01:40:41On avait les images,
01:40:43alors c'est le but,
01:40:45on est des 2 à 0 à la pause, on ne l'a pas,
01:40:47mais je viens d'avoir l'idée,
01:40:49donc ne paniquez pas, on ne le verra pas,
01:40:51mais c'est la Ligue des Nations.
01:40:53C'est la Ligue des Nations,
01:40:55la France est devenue des 2 à 0,
01:40:57puis tout d'un coup, il y a une révolte,
01:40:59il y a Benzema, ce génie,
01:41:01et tout d'un coup, les images tournent en boucle,
01:41:03on les a, et tout ça.
01:41:05Il me dit, regardez la façon
01:41:07dont Karim prend son temps,
01:41:09se donne du temps,
01:41:11et c'est vrai qu'il est dans une surface de réparation
01:41:13avec tous les joueurs belges autour de lui,
01:41:15mais regardez comme il ne panique pas,
01:41:17regardez comme il prend son temps,
01:41:19et c'est vrai que le moment,
01:41:21et en plus, il avait un rapport à l'image
01:41:23qui était très intime,
01:41:25qui était un pro,
01:41:27et c'est vrai que, je ne sais pas si parfois,
01:41:29vous, Olivier, Roland, Raymond,
01:41:31en conseillant, peut-être un attaquant,
01:41:33en disant peut-être, prends ton temps,
01:41:35je ne sais pas si ça se dit ou pas,
01:41:37peut-être fais un choix,
01:41:39et de là, notre Didier nous avait pris par la main,
01:41:41nous avait un peu ouvert la porte,
01:41:43en tout cas moi, j'ai eu mes connaissances
01:41:45sous l'homéstique technique,
01:41:47et je trouvais que c'était sensible,
01:41:49c'était intéressant.
01:41:51Bernard, vous aviez un truc là,
01:41:53parce que quand vous touchez votre alliance,
01:41:55c'est qu'il y a quelque chose,
01:41:57sur Didier, par rapport aux évocations de Raymond,
01:41:59Timothée, Grégory, Grégory,
01:42:01on va revenir vous voir après.
01:42:03Je vous écoute les uns les autres,
01:42:05j'ai eu une discussion cet après-midi avec Osvaldo Piazza,
01:42:07qui est son ami argentin,
01:42:09je sais qu'il allait souvent, quand il partait
01:42:11dans ses voyages, il avait besoin toujours de se ressourcer,
01:42:13et il me racontait un petit peu ça,
01:42:15ils allaient voir des matchs ensemble,
01:42:17et il me disait, c'est incroyable, c'est que Didier l'avait l'oeil,
01:42:19mais pendant les matchs on ne se parlait jamais,
01:42:21il ne parlait pas,
01:42:23parce qu'il ne commentait pas, donc il regardait,
01:42:25et qu'à la fin du match,
01:42:27il me demandait ce que j'avais pensé du match,
01:42:29et lui se lançait dans des monologues interminables
01:42:31à la Didier Rousteing,
01:42:33et il me disait, il voyait des choses que, effectivement,
01:42:35lui n'avait pas été joueur professionnel,
01:42:37il n'a pas été entraîné, mais qu'il arrivait à voir,
01:42:39et ça je pense que c'est quelque chose qu'il avait de plus
01:42:41en tant que journaliste.
01:42:43Oui, sensibilité,
01:42:45mais ce que je disais tout à l'heure,
01:42:47ce que j'ai le plus aimé chez Didier,
01:42:49c'était le fait que ce soit un homme libre,
01:42:51mais à travers
01:42:53ses voyages, à travers le football, il cherchait l'homme aussi,
01:42:55il cherchait les relations humaines,
01:42:57il cherchait à vivre
01:42:59des émotions, et à les partager,
01:43:01c'est peut-être pour ça aussi qu'il y avait ses voyages en Argentine,
01:43:03et cet amour inconsidéré
01:43:05pour le football argentin,
01:43:07parce que pour y être allé plusieurs fois,
01:43:09l'Argentine, tu ne vas pas qu'à un match de foot,
01:43:11tu vas à une célébration,
01:43:13une communion,
01:43:15comme il n'y en a plus trop
01:43:17par le monde,
01:43:19et c'est pour ça que j'étais très proche avec lui sur la sensibilité,
01:43:21on dit toujours que le plus grand pays au monde
01:43:23de football, c'est le Brésil, et je partageais sa vision
01:43:25en disant que c'était l'Argentine,
01:43:27justement pour le côté sociétal,
01:43:29expérience, aventure humaine, et surtout le partage,
01:43:31parce que le football, à la base, c'est ça,
01:43:33et je pense que Didier, ce qu'il a recherché toute sa vie à travers le football,
01:43:35c'est l'homme et le partage.
01:43:37Je vous invite à relire, si vous l'avez sous la main,
01:43:39vous pouvez l'acheter, c'est son livre puzzle aux éditions Marabout,
01:43:41puisque ses petits voyages en Argentine,
01:43:43et la façon dont il nous raconte
01:43:45un rapport, il est au stade,
01:43:47je ne sais plus dans quel stade,
01:43:49oui, il les a tous faits,
01:43:51mais à un moment, il fait un pas de côté,
01:43:53il parle des gens, des supporters qui sont là,
01:43:55le match est finalement un prétexte,
01:43:57et il y a une description sur l'amour,
01:43:59l'émotion que suscite le foot,
01:44:01on n'est presque plus en train de regarder
01:44:03si un contrôle est réussi, si une frappe est ratée,
01:44:05non, il s'est déplacé
01:44:07pour regarder juste les gens,
01:44:09et la passion qu'ils avaient.
01:44:11C'est pour rebondir sur ce qu'il dit,
01:44:13il a constamment vu le foot
01:44:15comme un espace de liberté,
01:44:17y compris dans son exercice journalistique.
01:44:19Or, il a travaillé dans de très grosses boîtes,
01:44:21TF1, France Télé, même ici,
01:44:23et il s'est toujours dégagé une marge,
01:44:25il s'est toujours dégagé quelque chose de personnel,
01:44:27il n'a jamais, moi je me souviens
01:44:29que quand il était là, quand il était président,
01:44:31quand il sentait qu'on disait des choses un peu rebattues,
01:44:33je le sentais physiquement se crisper.
01:44:35Ah oui ?
01:44:37Oui, parce qu'il n'aimait pas
01:44:39qu'on utilise le temps qu'on avait
01:44:41pour répéter ce qu'il s'était dit.
01:44:43Ah vous le sentiez ?
01:44:45Physiquement, quand il entendait un truc qui tournait,
01:44:47très franchement, ça n'allait pas.
01:44:49Ah, je ferai ça la prochaine fois.
01:44:51Oui, vous pouvez.
01:44:53C'est pour ça que tu le stressais au début.
01:44:55Journaliste sportif, l'air de rien,
01:44:57quelque part, tu es peut-être un peu plus libre
01:44:59qu'un autre journaliste. Pourquoi ?
01:45:01Parce que tu as le monde entier dans la main.
01:45:03Le football, il est partout, il traverse tes frontières,
01:45:05tu rencontres tout le monde. Quel autre métier,
01:45:07ou quel autre exercice journalistique
01:45:09te permet de voir un tel panel de gens ?
01:45:11Tu peux aller chercher un bulgare, tu peux aller chercher
01:45:13un nigérian, tu peux aller chercher un... Il n'y a que ça en fait.
01:45:15Et il a constamment usé
01:45:17de cette liberté-là en poussant les murs
01:45:19et en faisant des choses spéciales.
01:45:21Le coup du loup, le coup du...
01:45:23C'est ça, en tout cas, qu'il faut retenir.
01:45:25On dit en fin du jeu, évidemment,
01:45:27on pense à en fin du foot, donc on pense à qui ?
01:45:29Ah oui, amis téléspectateurs de l'équipe TV,
01:45:31c'est bien sûr Didier Rousteing.
01:45:33Didier, venez par ici.
01:45:35Applaudissements nourris
01:45:37sur les bancs de la droite et de la gauche.
01:45:39Ainsi que du sang.
01:45:41Bon, Didier, ce Raymond Domenech,
01:45:43défendez-le un petit peu, non ?
01:45:45Il ne vous convainc pas du tout ?
01:45:47Il avale toutes les couleurs.
01:45:49C'est un avaleur d'anaconda. On lui dit
01:45:51il faut que ça soit comme ci, il faut que ça soit comme ça,
01:45:53et maintenant on te mettra sous tutelle, et il n'y aura plus ton docteur,
01:45:55et je veux du beau jeu, etc.
01:45:57Et lui, il dit oui à tout. Quelque part,
01:45:59parce qu'il sait qu'il a toutes les chances quand même
01:46:01de se qualifier, et qu'après, on aura tout oublié,
01:46:03il sera encore là, il fera le beau,
01:46:05et ça continuera. Une équipe très attractive
01:46:07aussi, et assez performante, c'était quand même la Russie.
01:46:09Il joue avec un milieu de terrain défensif,
01:46:11qui est un ancien attaquant, c'est Mac, pour te dire.
01:46:13C'est peut-être un peu pointu, mais...
01:46:15Non, non, c'est bien, vous êtes le guest,
01:46:17vous êtes le spécialiste, je vous suis.
01:46:19Il est taquin, il est taquin ce Dinoud.
01:46:21Non, non, mais parce que pour les gens, peut-être...
01:46:23Non, mais attends, qui est milliardaire,
01:46:25qui a 24 ans, qui est dans les plus belles
01:46:27années de sa vie, et qui va s'éclater,
01:46:29quoi, je veux dire. Il va dans un club de rats,
01:46:31où il va s'entraîner avec... Non.
01:46:33Par rapport à Chelsea, si tu veux.
01:46:35Où il va s'entraîner avec des joueurs moyens,
01:46:37il va s'emmerder tout au long de la semaine. Ne touche pas à cette cloche.
01:46:39Le dimanche, il va se balader,
01:46:41il ne va pas avoir de ballon, alors qu'il pourrait être...
01:46:43Duel, duel, duel.
01:46:45Et puis en plus, finalement, ce soir...
01:46:47Tu lui laisses la carte bleue, la femme de joueur
01:46:49en connaît un petit peu, ça va vite.
01:46:51Moi, je trouve qu'ils ont pris la belle vie.
01:46:53Eh bien, ça veut dire que 24 000 euros,
01:46:55ma foi. Oui, c'est un peu juste.
01:46:57Tu ne peux pas te payer un hélicoptère.
01:46:59Non. Voilà, attention.
01:47:01C'est parti, les images qui partent, et puis nous, on se dit au revoir.
01:47:03Ah, voilà. Donc, j'ai quoi le voyage ?
01:47:05Ah, j'ai un maillot de Lyon. D'accord, très bien. Et là, je sors
01:47:07un pouf, voilà,
01:47:09et j'explique que si Paul Le Gouen
01:47:11allait faire ses conférences de presse, au moins
01:47:13avec ça sur la tronche, eh bien, au moins, on rigolerait.
01:47:15Ce serait beaucoup plus sympa. Et Pierre Ménès
01:47:17sent que le vent tourne, et que
01:47:19cette bêbête pue énormément, et je lui cours
01:47:21après. Mais il est rapide, hein. Il est rapide,
01:47:23Pierre Ménès, vous avez vu, hein.
01:47:25Il est vif, le Pierrot.
01:47:27Oh là là, c'est une lutte terrible.
01:47:29Arrête, arrête, arrête !
01:47:31Ah, c'est de la télévision, ça.
01:47:33Ah, c'est extraordinaire. Merci, quel homme de direct.
01:47:35On vous en reparle souvent, de cette petite chose-là ?
01:47:37De temps en temps, oui. Mais là, je pense que ça passe en boucle,
01:47:39parce qu'on en reparle beaucoup.
01:47:41Ah, c'est la première, devinez-vous, à ce temps, en 2008,
01:47:43avec un Raymond, une nouvelle fois, un peu
01:47:45gratiné. Qu'est-ce qu'il y a, mon Raymond ?
01:47:47Non, la première, où il a été extraordinaire,
01:47:49il a réussi à couper la parole sur les Bretagnes.
01:47:52Ah, je veux dire, d'entrée,
01:47:54il avait gagné sa place.
01:47:56Il y a eu juste un petit doigt levé de Timothée.
01:47:58Non, parce qu'en fait, je voyais ces images,
01:48:00et c'est vrai que c'est brillant, c'est des grandes images
01:48:02de télé, mais j'ai, comme Giovanni,
01:48:04eu la chance de vous remplacer une fois,
01:48:06et je me souviens très bien d'avoir dit à Marc Lasse,
01:48:08qui fait les équipes, je lui avais dit,
01:48:10pour ma première, je te demande une chose,
01:48:12comme président, ne mets pas
01:48:14Éric Blanc, ni Didier Rousseau.
01:48:16J'étais dans une angoisse absolue
01:48:18d'avoir quelqu'un d'ingérable à ma gauche.
01:48:20Pour les suivantes, pourquoi pas ?
01:48:22Mais pas pour la première.
01:48:24Et la première, non ?
01:48:26Non, non, il avait accédé à ma demande, heureusement.
01:48:28Marc ne vous aime pas, on le sait,
01:48:30on le sait tous.
01:48:32On a beaucoup évoqué Maradona,
01:48:34ses relations, Didier, Maradona.
01:48:36Il n'est plus là, Nabil ?
01:48:38Je ne le vois pas.
01:48:40Nabil, Nabil, Nabil.
01:48:42Ah non, il n'est pas là.
01:48:44En tout cas, c'est Nabil qui nous en a parlé.
01:48:46J'ai deux dessins à vous montrer de Faro.
01:48:48Voilà, regardez.
01:48:50Regardez Didier.
01:48:52Et puis le deuxième dessin.
01:48:58Voilà.
01:49:00Maradona,
01:49:02Didier Roustan.
01:49:04On a eu la surprise,
01:49:06pas forcément une grande surprise,
01:49:08d'apprendre le dessin de Maradona.
01:49:10C'était le 25 novembre 2020.
01:49:12Donc Maradona par Didier Roustan.
01:49:14On a réfléchi de la manière dont Clotureff
01:49:16a parlé de ses relations.
01:49:18Je pense qu'il fallait donner la parole à Didier sur Maradona.
01:49:20Non ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:49:22C'est une possibilité ?
01:49:24On va faire ça comme ça ?
01:49:26Il y a des micros qui circulent.
01:49:28Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut ajouter quelque chose ?
01:49:30Je pense qu'on a embrassé tout le monde,
01:49:32même nos téléspectateurs qu'on n'a pas embrassés.
01:49:34A chaque fois, on leur dit finalement
01:49:36on est aussi un peu de la même famille,
01:49:38donc on vous aime.
01:49:40Et puis voilà.
01:49:42On lance le dernier ?
01:49:44On vous embrasse.
01:49:46On vous dit de passer une belle nuit.
01:49:48Et puis on a été ensemble pour évoquer Didier.
01:49:50On a essayé de
01:49:52nous le faire revivre.
01:49:54Et puis d'essayer de vous le présenter
01:49:56tel qu'il est, avec ses qualités,
01:49:58ses défauts et sa folie.
01:50:00On vous embrasse et on vous souhaite
01:50:02une douce nuit.
01:50:04L'équipe du soir, il y a Dieu. Au revoir.
01:50:10La logique aurait été
01:50:12qu'il meure sur un terrain de football.
01:50:14Ce n'est pas passé loin,
01:50:16puisqu'il entraînait encore récemment.
01:50:22Avec tout ce qu'il a connu,
01:50:24si tu veux,
01:50:26on pourrait dire à un moment
01:50:28le football, ou quelque chose comme ça.
01:50:32C'est incroyable.
01:50:34Quand je vois, et je ne juge pas,
01:50:36des gens qui sont au bout du rouleau
01:50:38dans leur équipe nationale,
01:50:40qui ont beaucoup donné,
01:50:42parce qu'ils l'ont porté pendant 10 ans.
01:50:44Je pense à Michel Platini,
01:50:46mais qui arrête à un moment.
01:50:48C'est fini.
01:50:50Remarque qu'il arrête sa carrière en même temps.
01:50:52Zidane, pareil,
01:50:54après il a repris.
01:50:56Mais certains disent, je comprends,
01:50:58ils n'en peuvent plus, ils n'ont plus la foi.
01:51:00Mais Maradona, tu lui dis,
01:51:02tu joues en béquille,
01:51:04mais tu lui mets le maillot de l'Argentine,
01:51:06mais il y va.
01:51:08C'est cet amour qu'il a
01:51:10pour ce sport.
01:51:12J'ai mis ce tee-shirt aujourd'hui,
01:51:14parce que c'est Maradona,
01:51:16mais si tu élargis un peu,
01:51:18Maradona, tu vois,
01:51:20il est là avec son maillot,
01:51:22je vais te le mettre là,
01:51:24avec ses pantoufles et un ballon.
01:51:26C'est ça Maradona.

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