• il y a 3 mois
Didier Roustan était un journaliste sportif français spécialisé dans le football.
Il avait une mémoire exceptionnelle des moments de football, capable de se rappeler de détails précis de matchs anciens.
L'Argentine était son pays préféré en termes de football.
Diego Maradona était son joueur préféré. Le résultat mentionne que Roustan et Maradona sont "sans doute en train de taper le carton là-haut", suggérant que Roustan est décédé et faisant référence au décès de Maradona en 2020.
Roustan animait probablement une émission ou une chronique intitulée "Terre de Foot", bien que les détails exacts ne soient pas fournis.
Il semble avoir eu un impact important sur le journalisme sportif en France, notamment par sa façon unique de raconter les histoires de football.
Sa disparition a suscité de nombreux hommages dans les médias français, témoignant de son influence et de sa popularité.

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Sport
Transcription
00:00:00...
00:00:23Madame, Monsieur, bonjour. Pour ce terre de football, vous allez avoir droit à un spécial Maradona de 75 minutes, sa vie, son oeuvre.
00:00:29Vous n'êtes pas sans savoir qu'il a repris la compétition en ce début de mois avec sa nouvelle équipe, les New Wales Old Boys de Rosario.
00:00:36Mais nous allons nous projeter un petit peu dans l'avenir. Supposons que nous sommes en, je ne sais pas, moi, 95, 96, 97, enfin, bref.
00:00:43Au moment où Diego Armando Maradona arrête, et cela définitivement, sa carrière de footballeur.
00:00:49Il lâche les crampons, comme l'on dit. Et là, il va avoir une dernière parole, un petit peu bizarre, complètement étonnante.
00:00:57Et nous allons enquêter. Et en fait, l'histoire commence.
00:01:02...
00:01:06179.
00:01:08...
00:01:11179, ça veut dire quoi, ça ? Dernière parole de 179, ça veut rien dire.
00:01:15Pour le 79, là, c'est l'année où je l'ai fait. Pour le 79, là, c'est l'année où je l'ai fait.
00:01:20C'est le premier reportage, mais le 100, je ne vois vraiment pas.
00:01:23Et Argentinos Junior, tout ça, c'est...
00:01:25Tu crois qu'ils se souviennent de toi ? Non. 179, ça pourrait être le nombre de jours...
00:01:29Non, il manque le 100. Non, ça pourrait être le nombre de jours qu'il a passés sans toucher un ballon, sans faire un match.
00:01:36Ah ouais, la suspension.
00:01:38Ça a dû le marquer, ça a dû le marquer.
00:01:40Ou le nombre de voyages qu'il aurait pu faire entre l'Argentine et l'Europe. Les vrais et ceux qu'on ne connaît pas.
00:01:44Tu crois qu'il les a racontés, tout ça ? Non, mais c'est possible.
00:01:47Tiens, à propos de voyages, si on refaisait le vrai voyage, le voyage qui part de son enfance, Buenos Aires,
00:01:54jusqu'à la fin de sa carrière, en passant, bien sûr, par l'Europe, Barcelone, Naples...
00:01:57Et en retrouvant sur place tous les gens qui l'ont connu et qui, eux, doivent savoir la...
00:02:01Racontant son histoire.
00:02:03Alors, on va partager.
00:02:07Il s'appelle Diego Maradona, mais ce n'est pas celui que vous imaginez, non.
00:02:10Il s'agit de son père, que l'on surnomme aussi Don Chitiro.
00:02:13Don Chitiro descend le Rio Parana. Il quitte la province de Corrientes pour s'installer à Buenos Aires.
00:02:19Il y arrive un beau matin, accompagné de ses enfants et de sa femme, Doña Tota.
00:02:26Ce n'est pas dans ce Buenos Aires-là qu'il trouvera son refuge, mais dans un bidonville, situé bien plus au sud.
00:02:35Ici, à Villa Fiorito, Don Chitiro et sa petite famille vont bientôt découvrir leur maison.
00:02:41Pas d'eau, pas d'électricité, une pièce en tout et pour tout, cette maison, la voici.
00:02:48Pourtant, à Villa Fiorito, malgré cette misère, les enfants semblent heureux.
00:02:52Ils sont tous fous de football, et comme les Terravagues ne manquent pas, Don Chitiro aussi adore le football.
00:02:58Mais pour lui, il est difficile de partager sa passion avec ses enfants.
00:03:02Car il n'a que deux filles. On ne joue donc pas au ballon devant sa maison.
00:03:07Don Chitiro en vit cet homme qui se promène en compagnie de trois petits footballeurs.
00:03:15Le 30 novembre 1960, il priera longtemps le Seigneur à l'hôpital Pedro Fiorito,
00:03:21et quelques heures plus tard, Doña Tota accouchera, mais oui, d'un garçon.
00:03:28Il lui donnera son nom, bien sûr, mais également son prénom,
00:03:32et le jour des trois ans de Diego Junior, il lui offrira ce ballon.
00:03:36Il y aura ainsi des parties interminables de football avec Diego et ses copains.
00:03:41Nous avons retrouvé l'un d'entre eux, qui habite d'ailleurs toujours la maison qui jouxte celle de Diego.
00:03:46Oscar Tolaini nous explique que lors de cette fameuse troisième année,
00:03:50Diego a bien failli recevoir un autre cadeau, mais cette fois, venu de l'enfer.
00:03:55Il était tombé dans une fosse sceptique.
00:03:59Quand il y est tombé, personne n'a osé y entrer pour l'en sortir,
00:04:04et lui était en train de se noyer.
00:04:07Alors mon oncle a enlevé le couvercle et s'est jeté sans en connaître la profondeur,
00:04:12et c'est lui qui l'en a sorti.
00:04:17Après, c'est ma mère qui l'a lavé, et c'est comme ça qu'on a pu le sauver.
00:04:23Dieu merci.
00:04:24Les plus anciens se souviennent également.
00:04:26Du temps où Diego avait 5-6 ans, ils en comptaient 20 de plus.
00:04:29Tiens, ils se tiennent juste devant une maison qui abritait le siège du premier club de Diego,
00:04:33les Étoiles Unies de Fiorito.
00:04:36Crois-moi, Diego était ma mascotte.
00:04:39Moi j'avais formé une équipe à l'île de Chacabocos.
00:04:42Et là, il y avait le père, tous les enfants,
00:04:50et Diego qui nous suivait, et on rentrait sur le terrain de Paniarol,
00:04:54et les gens applaudissaient.
00:04:55Mais en fait, les applaudissements ne nous étaient pas destinés, ils étaient pour Diego.
00:04:59On rentrait sur le terrain avec la balle, et c'était tout un spectacle,
00:05:03et nous on était contents.
00:05:05Notre mascotte, ça a toujours été Diego.
00:05:08La réputation grandissante de Diego dépasse rapidement le cadre de Villa Fiorito,
00:05:12tant et si bien qu'une équipe de la télé argentine se déplace en ce mois d'avril 68.
00:05:21Il a deux rêves.
00:05:24Le premier, c'est de disputer le mondial.
00:05:28Le deuxième, vous l'avez compris, c'est de le gagner.
00:05:30Il a 7 ans et demi, l'âge où l'on rêve encore,
00:05:32mais comment ne pas imaginer les choses les plus invraisemblables
00:05:35quand on maîtrise à ce point son instrument de jeu.
00:05:39Dès l'âge de 10 ans, Diego prendra ce bus 4 fois par semaine
00:05:42afin de se rendre dans le quartier de la Paternale,
00:05:44là où se trouve l'équipe d'Argentinos Junior.
00:05:47Ce bus empruntera ainsi le pont Alcina,
00:05:50sorte de frontière entre les pauvres et la classe moyenne.
00:05:54Diego s'illustre dans les équipes de jeunes, Los Cebolitas.
00:05:591h30 de bus à l'aller, 1h30 au retour.
00:06:04Il revient chaque fois épuisé, mais sur le terrain il retrouve toute sa fougue,
00:06:07et l'histoire se répète ainsi durant 6 ans.
00:06:13Nous aussi, nous avons fait le trajet,
00:06:15le vieux stade situé à l'angle des rues Juan Agustin Garcia et Boyaca.
00:06:19L'équipe professionnelle n'y joue plus, depuis 82,
00:06:22mais Yolgue Arellano, lui, est toujours là.
00:06:25Il était l'un des dirigeants des équipes de jeunes,
00:06:27où s'illustra Diego.
00:06:28Aujourd'hui, il est encore dans ses pensées,
00:06:30et même s'il voit de temps à autre un gaucher portant le numéro 10
00:06:33et le ballon de l'extérieur du pied,
00:06:35il sait pertinemment que jamais, non jamais,
00:06:37il ne retrouvera sur son chemin un gosse capable
00:06:39de réaliser les exploits de Diego, au même âge.
00:06:45Il se faisait toujours remarquer lorsqu'il jouait pour les fameux Cebolitas,
00:06:48les petits oignons,
00:06:49que ce soit contre les Uruguayens ici,
00:06:51ou quand il jouait à l'extérieur,
00:06:53il ne marquait jamais moins de 7 ou 8 buts.
00:06:58Il jouait, il créait, et il finissait par marquer.
00:07:03Bien sûr, à ce rythme,
00:07:04Diego va rapidement intégrer l'équipe professionnelle.
00:07:06Ce sera au mois d'octobre 1976, à domicile,
00:07:09contre Tal Yares de Cordoba.
00:07:12En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire,
00:07:14il va devenir la star de l'équipe.
00:07:17Début 77, il n'a donc alors que 16 ans,
00:07:19il débute en sélection nationale face à l'Hongrie.
00:07:21Sa participation à la Coupe du Monde, un an plus tard, en Argentine,
00:07:24ne fait donc pas l'ombre d'un doute.
00:07:26Mais après avoir longuement réfléchi,
00:07:28le sélectionneur Menotti ne le retient pas dans les 22,
00:07:30et l'Argentine de Mario Kimpes
00:07:32sera donc championne du monde, sans Maradona.
00:07:36Ce sera sa première grande désillusion de footballeur,
00:07:39et il en voudra longtemps à El Flaco,
00:07:41c'est-à-dire ouvrir la marque.
00:07:44Les soviétiques égaliseront un petit peu plus tard,
00:07:47mais les argentins auront le dernier mot,
00:07:49grâce à ce coufran très bien travaillé
00:07:52de leur maestro-capitaine, Diego Armando.
00:07:55Ne sachant pas vraiment ce que pouvait signifier
00:07:57le dernier match de la Coupe du Monde,
00:07:59l'Argentine se déplace.
00:08:01Diego Armando, ne sachant pas vraiment
00:08:03ce que pouvait signifier le dernier mot de Maradona,
00:08:06le fameux 179.
00:08:10Allô, Bernard ?
00:08:12Oui, c'est Didier.
00:08:14Dis-moi, je suis au stade d'Argentinos Junior, là.
00:08:17Oui, j'ai retrouvé un dirigeant qu'ils connaissaient,
00:08:20pas pour l'équipe professionnelle,
00:08:22mais tu sais, quand ils jouaient en jeune
00:08:24dans l'équipe d'Argentinos Junior, donc.
00:08:26Les cebolitas, là, les petits oignons,
00:08:28je crois qu'on en les appelle, là-bas.
00:08:30Donc, lui, 179, ça ne lui dit rien, hein.
00:08:34Mais je suis persuadé que si tu trouves la cassette,
00:08:38tu ressors ton reportage, je suis persuadé
00:08:40que ça a un rapport avec son premier club.
00:08:42Oui, mais enfin, c'est pas évident
00:08:44dans la mesure où ça date quand même de 79
00:08:46et je me souviens qu'à l'époque, on avait tourné en film.
00:08:49Non, mais tu vas le retrouver, ce sujet,
00:08:51il n'y a pas de problème.
00:08:53Je suis sûr qu'on va trouver le chiffre.
00:09:01Diego Garazón.
00:09:03Ces deux mots résument bien ce qui unit
00:09:05Diego Maradona au peuple argentin, la passion.
00:09:08La passion venue du cœur, une passion dévorante
00:09:10qui peut tour à tour devenir haine ou idolâtrie,
00:09:13mais jamais indifférence.
00:09:15Il faut dire qu'au pays du champion du monde,
00:09:17le football, souvent, pour ne pas dire toujours,
00:09:19passe avant tout.
00:09:20Ici, on sait que les droits de l'homme sont bafoués,
00:09:22que l'inflation est galopante,
00:09:24que chaque jeudi, sur la place de mai,
00:09:26des femmes pleurent leur mari ou leur fils disparu.
00:09:28Et bien le dimanche, il semble que tout s'arrête,
00:09:31que l'on fête une trêve pour simplement un ballon.
00:09:34Pour bien comprendre ce phénomène,
00:09:36il suffit, un dimanche comme celui-ci,
00:09:38un dimanche comme les autres,
00:09:40d'assister à l'arrivée au stade de Diego Maradona
00:09:43pour tout comprendre.
00:09:58...
00:10:28...
00:10:41On peut s'étonner que les Argentins aient choisi
00:10:43ce petit bonhomme de 1m65 comme idole,
00:10:45alors que le beau Mario Kempes,
00:10:47meilleur buteur de la Coupe du Monde,
00:10:49semblait tout désigner.
00:10:50Mais le public se trompe rarement.
00:10:52Diego Maradona est très certainement l'exemple type
00:10:54d'une rencontre idéale
00:10:56entre un homme et un sport.
00:11:27Si Diego Maradona a su conquérir tout le monde
00:11:29sur les terrains de football,
00:11:31il n'en a pas été de même à l'extérieur.
00:11:33Sollicité de toutes parts,
00:11:35possédant une véritable cour autour de lui,
00:11:37le garçon est lunatique, difficile à approcher,
00:11:40en un mot, pas facile à vivre.
00:11:42Il faut dire qu'un transfert de 50 millions de francs,
00:11:455 milliards de centimes,
00:11:47des contrats publicitaires de plusieurs millions de francs
00:11:49peuvent vous faire tourner la tête.
00:11:51À le voir vivre,
00:11:53on a la très nette impression
00:11:55que ce garçon retrouve toute sa gentillesse
00:11:57et n'est véritablement lui-même
00:11:59qu'au milieu des siens,
00:12:01les footballeurs ou même mieux,
00:12:03dans sa famille pour laquelle il a tout fait.
00:12:21...
00:12:45J'ai un bon souvenir de mon enfance
00:12:47qui pour moi a été très belle.
00:12:49Sans luxe,
00:12:51sans avoir ce que beaucoup d'enfants ont,
00:12:53mais nous avions la liberté,
00:12:55les champs de jeu,
00:12:57nous avions la rue,
00:12:59nous pouvions jouer au football.
00:13:01Vraiment, mon enfance a été heureuse.
00:13:05Non, non, parce que nous savions
00:13:07que nous ne pouvions pas être comblés.
00:13:11Nous ne pouvions pas, par exemple,
00:13:13avoir une voiture électrique.
00:13:15Mais nous étions très heureux
00:13:17d'avoir ce que nous avions.
00:13:27La famille occupe une place importante?
00:13:31La première.
00:13:33La première parce qu'avec la famille,
00:13:35on peut bien jouer.
00:13:37On peut être tranquille,
00:13:39on peut faire plein de choses.
00:13:41Sans la famille, on ne fait rien.
00:13:43Le plus important pour moi,
00:13:45c'est que ma famille soit sans soucis
00:13:47et qu'elle ait tout ce qu'elle désire.
00:13:51Le luxe, ça vient après.
00:13:53Mais le plus important pour moi,
00:13:55c'est que ma famille soit unie
00:13:57et qu'elle soit heureuse comme elle l'est actuellement.
00:13:59Certains de vos compatriotes disent
00:14:01qu'il n'y a que l'argent qui vous intéresse.
00:14:05Je ne sais pas,
00:14:07mais ce qui se passe,
00:14:09c'est que certaines personnes sont dérangées
00:14:11parce que je gagne beaucoup d'argent.
00:14:13Mais si je gagne de l'argent,
00:14:15c'est en travaillant.
00:14:17Je ne le vole pas.
00:14:19Mais mon argent ne les empêche pas
00:14:21de parler toujours de moi.
00:14:41...
00:15:01Reportage intéressant, certes,
00:15:03mais toujours pas la moindre piste
00:15:05au sujet du 179,
00:15:07alors je suis retourné vers le centre-ville,
00:15:09et j'ai rencontré Ubaldo Fillol.
00:15:11Ça ne vous dit rien ?
00:15:13Alors, messieurs, Ubaldo Fillol,
00:15:15c'était bien sûr le légendaire gardien
00:15:17de la sélection championne du monde en 78.
00:15:19Il connaît bien Maradona,
00:15:21puisqu'il a disputé ensuite avec lui
00:15:23la Coupe du monde 82.
00:15:25Fillol possède maintenant une grande salle de sport
00:15:27qu'il a transformée en plusieurs mini-terrains de football.
00:15:29Ce sport fait fureur à Buenos Aires.
00:15:31Il ne nous parle pas du 179,
00:15:33mais du côté orgueilleux,
00:15:35dans le bon sens du terme, de Maradona.
00:15:37...
00:15:59...
00:19:05...
00:19:31...
00:20:03...
00:20:05Cet homme avait des idées, et pour l'anecdote,
00:20:07c'est même grâce à l'une d'entre elles
00:20:09que Maradona a pu passer une soirée tranquille à Barcelone.
00:20:11Il y avait pourtant beaucoup de monde
00:20:13à la soirée en question.
00:20:15...
00:20:17...
00:20:19Nous organisons un bal masqué
00:20:21chez moi, à Barcelone,
00:20:23et Diego se déguise en clown.
00:20:25Sa femme Claudia
00:20:27l'a si bien grimé
00:20:29que personne
00:20:31ne s'est aperçu que c'était lui.
00:20:33Après, nous sommes allés en boîte,
00:20:35et ce fut sans doute
00:20:37l'une des rares soirées où personne
00:20:39n'a reconnu Diego, Maradona.
00:20:41...
00:20:43Il était habillé en clown,
00:20:45il a passé toute la nuit
00:20:47sans que quiconque s'aperçoive que c'était lui.
00:20:49La seule chose qui pouvait l'identifier
00:20:51était un numéro 10.
00:20:53Mais à part nous,
00:20:55et il y avait 400 invités,
00:20:57personne ne s'est rendu compte
00:20:59que Maradona était déguisé en clown.
00:21:01Juan Eduardo,
00:21:03c'est ainsi que Sester Piller
00:21:05a prénommé son premier fils.
00:21:07S'il en a un deuxième,
00:21:09il l'appellera Diego.
00:21:11Ah là là, Diego en clown
00:21:13avec un numéro 10,
00:21:15et pourquoi pas un 179,
00:21:17ça m'aurait arrangé, ça.
00:21:19Allez, vite, vite,
00:21:21j'en avais oublié mon rendez-vous
00:21:23téléphonique avec Alain.
00:21:25Il est midi à Buenos Aires,
00:21:27j'ai trouvé l'homme-clé.
00:21:29C'est celui qui est allé chercher Diego en Argentine.
00:21:31C'est le premier dirigeant européen à l'avoir rencontré.
00:21:33Lui, il devrait savoir, quand même.
00:21:35Bon, super, écoute,
00:21:37n'oublie pas notre affaire du 179,
00:21:39et puis, de toute manière, on se rappelle,
00:21:41on se tient au courant.
00:21:43Bon, tu nous montres Barcelone, hein.
00:21:47Ici, les idées circulent aussi vite que les Catalans.
00:21:49Et la dernière idée avant-gardiste
00:21:51dont on parle sur les remplaces de Barcelone
00:21:53porte un nom.
00:21:55Un nom qui va devenir célèbre à la seule condition
00:21:57de retraverser l'Atlantique,
00:21:59comme pour imiter Christophe Colomb.
00:22:01Dès 78, un homme reçoit une lettre d'Argentine.
00:22:03C'est le vice-président du Barça, Nicolas Casaus.
00:22:05Argentin d'origine,
00:22:07il s'envole pour Buenos Aires
00:22:09à la conquête du meilleur joueur du monde.
00:22:15Quand je suis arrivé là-bas, à l'aéroport,
00:22:17et que tous les journalistes m'attendaient,
00:22:19on m'a demandé si je venais chercher
00:22:21un nouveau Di Stefano ou un nouveau Kubala.
00:22:23Maradona, c'est Maradona.
00:22:25Un type de joueur différent,
00:22:27mais qui réunit toutes les conditions
00:22:29pour être un très grand.
00:22:31Et je dois dire que c'est le meilleur joueur
00:22:33que j'ai jamais rencontré dans ma vie.
00:22:35Le 1er juillet 82.
00:22:37Pour 55 millions de francs,
00:22:39le jeune Maradona devient donc Catalan.
00:22:41Premier contrat, premier maillot européen.
00:22:43Le Mundial español ne l'a pas encore révélé,
00:22:45mais les 108 000 socios savent déjà
00:22:47que le Barça n'a pas raté son recrutement.
00:22:49La star du Nou Camp, c'est toujours Bernd Schuster.
00:22:51Allemand, blond, intellectuel.
00:22:53Rien à voir avec un petit Metec
00:22:55sorti de son bidonville
00:22:57et qui prétend déjà conduire le jeu des Catalans.
00:23:01Mais Maradona est une vraie bombe de muscles.
00:23:03Rapide, vif,
00:23:05doté d'une exceptionnelle technique.
00:23:15Maradona marque 26 buts en 83.
00:23:17C'est le pichichi, le meilleur buteur du club.
00:23:19Maradona obtient ce qu'il veut.
00:23:21Mais Noti remplace Allemand ou Dolatec
00:23:23à la tête du Barça.
00:23:25Maradona est devenu le numéro 1 de l'équipe.
00:23:27Et les entraînements regardés incroyables du Barça
00:23:29font le plein du Nou Camp.
00:23:33Pas de titre de champion pourtant pour Maradona,
00:23:35mais des coupes.
00:23:37La Coupe du Roi et la Coupe de la Ligue.
00:23:41Maradona est si célèbre
00:23:43qu'il joue même un petit rôle au théâtre en 83.
00:23:45Le metteur en scène n'est autre
00:23:47que l'actuel entraîneur de la Bolivie,
00:23:49Javier Ascargorta,
00:23:51un médecin basque
00:23:53qui conduit à l'époque le club concurrent
00:23:55de l'Espagnol de Barcelone.
00:23:57Et Ascargorta sait
00:23:59que le jeu dur
00:24:01est l'un des fléaux du championnat espagnol.
00:24:03On commence à toucher à l'artiste.
00:24:05Souvenez-vous, Bilbao.
00:24:07Tacle terrible de Goycoetxea.
00:24:09Maradona perd 30%
00:24:11de la flexibilité de sa cheville
00:24:13après son opération du perronné.
00:24:15Le môme en or souffrait déjà
00:24:17d'une mauvaise croissance osseuse
00:24:19due à son enfance.
00:24:21Cette vilaine blessure en Pays Basque
00:24:23n'arrange rien.
00:24:27C'est très fréquent
00:24:29de voir Maradona
00:24:31avec des douleurs lombaires,
00:24:33des problèmes de sciatique.
00:24:35Parfois, les traitements infligés
00:24:37à base d'anti-inflammatoires,
00:24:39y compris à base de cortisone,
00:24:41provoquent une prise de poids conséquente.
00:24:43Non seulement une prise de poids,
00:24:45mais en plus,
00:24:47cette sensation d'être
00:24:49comme ça, un peu bouffi.
00:24:55C'est pourquoi, connaissant Diego
00:24:57comme je le connais,
00:24:59je sais qu'il souffre en réalité.
00:25:01Et même parfois,
00:25:03il doit faire des efforts
00:25:05presque surhumains
00:25:07pour pouvoir jouer au football.
00:25:13Alors, en compagnie de Menotti,
00:25:15Diego réapprend.
00:25:17Chaque geste reconstitue
00:25:19chaque parcelle de son talent.
00:25:21Et le meilleur numéro 10 du monde
00:25:23retrouve enfin le Nutan.
00:25:25Le Barça, lui,
00:25:27est redevenu le Barça.
00:25:31Maradona gagne la Supercoupe d'Espagne
00:25:33et inscrit 19 buts en 84.
00:25:35Il est toujours
00:25:37le meilleur buteur du club.
00:26:01Au coeur du quartier des affaires de Barcelone,
00:26:03rendez-vous est pris avec Vilma.
00:26:05Vilma Ortiz, Argentine.
00:26:07C'est la secrétaire de Maradona Productions,
00:26:09une société qui va gérer
00:26:11la carrière européenne du prodige
00:26:13sorti de Fiorito.
00:26:15Contrats publicitaires,
00:26:17gestion des revenus,
00:26:19achats et investissements immobiliers
00:26:21aux côtés de Jorge Sister-Piller.
00:26:23Maradona découvre surtout
00:26:25les originalités de l'urbanisme catalan,
00:26:27les facéties de Gaudi.
00:26:29Barcelone est fière
00:26:31de ces différences.
00:26:33Maradona va se faire la plus belle vue
00:26:35sur la colline Pedralbes.
00:26:37Maradona est devenu un homme riche.
00:26:41Oui, je crois que c'est cela qui s'est passé.
00:26:43Il faut bien comprendre qu'après le contrat
00:26:45intéressant qu'il avait déjà eu en Argentine,
00:26:47Barcelone a été son premier
00:26:49grand bond international.
00:26:51Alors oui, on peut dire que c'est ici
00:26:53qu'il a construit une fortune.
00:26:55Mais les ennuis de Maradona se lisent sur son visage.
00:26:57Une hépatite tenace, une blessure douloureuse,
00:26:59des dettes qui s'accumulent à 23 ans.
00:27:01Le mythe Maradona prend fin.
00:27:03La petite chapelle où il a l'habitude
00:27:05de se recueillir avant chaque match
00:27:07n'a plus la même chaleur.
00:27:09Ce qui unit les socios, en réalité,
00:27:11Maradona le découvre enfin.
00:27:13Les stars ici ne sont qu'un élément du jeu.
00:27:15La fidélité au club,
00:27:17dirigée par José Luis Núñez,
00:27:19est aussi importante que l'attachement à la Catalogne
00:27:21dans sa lutte avec Madrid
00:27:23pour la suprématie autant économique que sportive.
00:27:27En Catalogne, par exemple, on danse la sardane.
00:27:29Et quiconque veut entrer dans la danse
00:27:31doit saisir la main tendue
00:27:33dans le cercle qui s'agrandit à volonté.
00:27:35Maradona ne semble-t-il jamais
00:27:37entrer dans cette danse.
00:27:43Maradona traînait derrière lui
00:27:45un tel cortège de gens
00:27:47que c'était difficile de l'approcher.
00:27:49Pour arriver jusqu'à lui,
00:27:51il fallait franchir des barrières
00:27:53et cela ne lui faisait pas de bien.
00:27:55C'est un garçon merveilleux,
00:27:57un type adorable, très agréable,
00:27:59très simple, très proche de ses parents,
00:28:01y compris de Claudia,
00:28:03qui deviendra son épouse.
00:28:05Mais il n'a pas eu l'occasion
00:28:07de s'intégrer en Catalogne,
00:28:09précisément à cause de cette muraille
00:28:11qui l'entourait.
00:28:13Dans sa lutte pour l'autonomie,
00:28:15la Catalogne avait donc une voix,
00:28:17le public du Nou Camp.
00:28:19Et Guigaud l'a fait vibrer, ce public.
00:28:21Mais un jour de 84,
00:28:23Maradona va traverser la Méditerranée
00:28:25en direction de Naples.
00:28:27Oui, Naples en 84,
00:28:29nous allons y revenir bien sûr,
00:28:31mais tout d'abord, la boucle à l'oreille
00:28:33et la pression sur les orteils,
00:28:35pression énorme sur Diego
00:28:37pour ce Mondial 86 à Mexico.
00:28:39Il n'a pas été retenu en 78,
00:28:41il a échoué en 82,
00:28:43il se doit de réussir en 86,
00:28:45mais son sourire au moment
00:28:47des interviews était plutôt rationnel.
00:28:49Lors du premier tour contre l'Italie,
00:28:51Guterre, on l'a vu,
00:28:53mais aussi créateur, distributeur
00:28:55et pour terminer, meneur.
00:28:57Lui qui bien souvent menait la vie dure
00:28:59à ses entraîneurs,
00:29:01lui qui pouvait avoir à l'occasion
00:29:03des caprices de Diva, lui qui, enfin,
00:29:05Maradona aura été pour le sélectionneur
00:29:07de l'époque, Carlos Bilardo,
00:29:09un allié de choix tant sur le terrain
00:29:11qu'en dehors.
00:29:13Diego Maradona, c'est plus
00:29:15qu'une talonnade ou un dribble,
00:29:17c'est le compagnon solidaire,
00:29:19c'est le capitaine qui ordonne,
00:29:21c'est le capitaine qui encourage,
00:29:23c'est le buteur,
00:29:25mais aussi le sacrifice,
00:29:27c'est le joueur exemple.
00:29:29Maradona est serein
00:29:31en ce mois de juin 86,
00:29:33sage comme une image.
00:29:35De toute manière, il a le plus souvent
00:29:37été très aimé de ses partenaires
00:29:39et comme l'a dit Bilardo, son influence
00:29:41est très grande sur le reste du groupe.
00:29:43Nous avons retrouvé à Buenos Aires
00:29:45l'un des champions du monde 86,
00:29:47le milieu terrain,
00:29:49Ricardo Giusti.
00:29:53Au cours de ce mondial en particulier,
00:29:55Diego a,
00:29:57en plus de son football,
00:29:59aidé avec son tempérament de gagneur,
00:30:03avec sa façon de faire face
00:30:05non seulement au match,
00:30:07mais aussi au stage
00:30:09qui a duré 70 jours,
00:30:11ce qui est une très longue période.
00:30:13Dans ce mondial,
00:30:15Maradona est également
00:30:17un modèle de fair play.
00:30:19Il ne répond pas aux attentats,
00:30:21le mot n'est pas trop fort,
00:30:23des défenseurs coréens.
00:30:25Pas la moindre agressivité
00:30:27en ce qui le concerne
00:30:29et pourtant ce genre de tacle
00:30:31est vraiment oncle.
00:30:33Non, on lit juste dans son regard
00:30:35une sorte de grande lassitude,
00:30:37pour lui le football étant
00:30:39synonyme de plaisir,
00:30:41on ne peut pas prendre de plaisir
00:30:43quand un Coréen ou qui que ce soit
00:30:45vise le genou de son adversaire.
00:30:47C'est quelque chose que je ne comprends pas.
00:30:51Heureusement qu'il a été à bonne école
00:30:53avec le football sauvage.
00:30:55Vous le constatez,
00:30:57on ne se fait pas toujours des cadeaux,
00:30:59mais dans ce football de rue,
00:31:01on découvre aussi le vice,
00:31:03marquer un but de la main par exemple.
00:31:05Contre l'Angleterre,
00:31:07il va avoir ce mauvais réflexe.
00:31:09Il aurait aussi mis en péril
00:31:11tous ses partenaires.
00:31:13Le mal était donc déjà fait.
00:31:15Dans ce même match,
00:31:17Maradona va sans doute
00:31:19réussir le plus beau but
00:31:21de l'histoire de la Coupe du Monde.
00:31:23Jamais sans doute un joueur
00:31:25n'avait possédé une telle technique
00:31:27individuelle,
00:31:29mais celle-ci,
00:31:31comme va nous l'expliquer
00:31:33son préparateur physique personnel
00:31:35Fernando Signorini,
00:31:37n'a pas eu de chance.
00:31:39C'était dans la possibilité
00:31:41qu'il avait de s'appuyer
00:31:43sur une coordination neuromusculaire
00:31:45qui était insolite
00:31:47dans le monde du football.
00:31:49Avec une qualité de fibre musculaire
00:31:51qui a fait dire au célèbre professeur
00:31:53Del Monte,
00:31:55qui a eu tant d'athlètes d'élite
00:31:57dans son école de Rome,
00:31:59que la réponse motrice de Diego
00:32:01à la simulation
00:32:03était beaucoup plus importante
00:32:05que la réponse mondiale.
00:32:07L'Argentine a donc battu
00:32:09en demi-finale la Belgique
00:32:11grâce à deux nouveaux buts
00:32:13fabuleux de son capitaine.
00:32:15Dans le match décisif
00:32:17contre l'Allemagne,
00:32:19nous en sommes à deux partout.
00:32:21Et puis, suite à une ouverture
00:32:23millimétrée de Maradona,
00:32:25Borucaga s'en va tromper Schumacher.
00:32:27A Villa Fiorito, bien sûr,
00:32:29on a suivi les exploits
00:32:31de qui vous savez
00:32:33dans le monde de la société.
00:32:35Ici, tout le monde se souvenait
00:32:37que 18 ans auparavant,
00:32:39le petit Diego avait dit
00:32:41« J'ai deux rêves.
00:32:43Le premier, jouer le mondial.
00:32:45Le deuxième, le gagner.
00:32:47Quand le rêve
00:32:49d'un gosse des bidonvilles
00:32:51devient réalité. »
00:32:55Dans l'avion qui les ramène
00:32:57à Buenos Aires,
00:32:59les héros ne sont pas fatigués.
00:33:01Borucaga aime rire, chanter,
00:33:03parler aussi et dans ce domaine,
00:33:05il va également droit au but.
00:33:07On le retrouve avec Fito Paez,
00:33:09chanteur très coté du pays,
00:33:11sorte de Renaud Argentin en plus rock.
00:33:13Les deux hommes ont beaucoup
00:33:15de points communs et notamment
00:33:17une certaine forme de lucidité
00:33:19par rapport aux gens
00:33:21qui détiennent le pouvoir
00:33:23d'une manière générale.
00:33:25« Le pouvoir, ce pouvoir qui t'écrase,
00:33:27ce pouvoir dit non.
00:33:29Pourquoi ne le laisses-tu pas ?
00:33:31Puisque c'est toi qui as le pouvoir.
00:33:33Puisque nous savons que tu es en train
00:33:35de tout voler, alors pourquoi
00:33:37tu ne le laisses pas ? »
00:33:39Alicia Ortiz a écrit un superbe
00:33:41ouvrage sur Maradona.
00:33:43Nous avons donc pris rendez-vous
00:33:45avec elle dans le jardin botanique.
00:33:47Elle a été visiblement très séduite
00:33:49par la richesse du personnage.
00:33:51« C'est un excessif, c'est un être
00:33:53qui n'a pas de limites,
00:33:55un transgresseur, un rebelle
00:33:57qui n'a pas besoin du surréalisme.
00:33:59Donc il avait tous les éléments
00:34:01de non-rationalité, des fantaisies,
00:34:03d'imprévisibilité absolue
00:34:05pour m'attirer. »
00:34:07Des erreurs ?
00:34:09« C'est d'avoir été aussi sûr
00:34:11et d'avoir toujours dit
00:34:13ce qu'il pensait. »
00:34:15Nous avons ensuite rejoué Phil Topaez.
00:34:17Nous avons parlé avec lui
00:34:19du côté imprévisible et spontané
00:34:21de Diego.
00:34:23On dit que Diego réagit
00:34:25comme un enfant,
00:34:27comme un chico.
00:34:31« Eh bien, c'est ce qu'il y a mieux à faire.
00:34:33Je crois que cette saloperie de monde va mal
00:34:35parce que les gens n'agissent pas comme moi. »
00:34:39Naples était sans doute
00:34:41une ville pour l'excessif Diego Armando Maradona.
00:34:43Tiens, à propos de Naples.
00:34:45« Alain, c'est Didier.
00:34:47Bon, Naples, tu t'en sors ?
00:34:49C'est pas trop l'enfer pour bosser, ça va ? »
00:34:51« Tu sais, Didier, ici, comment te dire,
00:34:53la rumeur est féroce.
00:34:55Ce sera dur de retrouver celui ou celle
00:34:57qui connaît vraiment la vie intime de Maradona.
00:34:59Après tout, il y a passé 7 ans.
00:35:01Mais on a quand même notre chance avec tous ces gens-là. »
00:35:03« OK, ça marche. Ciao, Alain. »
00:35:15C'était un jour de juillet.
00:35:17Le Vésuve s'était endormi.
00:35:19La terre ne tremblait plus.
00:35:21Chacun avait repris sa vie,
00:35:23son travail.
00:35:29Il y avait comme une langueur,
00:35:31un peu étouffante sous le soleil.
00:35:37Naples sentait le sud,
00:35:39pauvre, oublié.
00:35:41Naples n'attendait rien,
00:35:43mais espérait peut-être encore
00:35:45qu'un jour le développement frappe à sa porte.
00:35:47Enfin, en ce 5 juillet 84,
00:35:49Naples ressemblait plus que jamais à Naples.
00:35:51Et puis, un miracle est arrivé.
00:35:59« Oui, c'est vrai que le premier jour
00:36:01de Maradona ici nous a causé
00:36:03une sacrée peur sur le monde.
00:36:13Je me souviens le jour où il est arrivé.
00:36:15C'était la chasse à Maradona.
00:36:19Tout le monde le poursuivait.
00:36:23Il y avait peut-être un million de personnes.
00:36:27Je me rappelle les changements incessants d'itinéraire.
00:36:29On décidait pour l'emmener en ville,
00:36:31à l'hôtel.
00:36:33Sinon, c'était impossible
00:36:35de lui faire faire traverser la ville.
00:36:37Il y avait un enthousiasme incroyable. »
00:36:39Dino Celentano,
00:36:41c'est lui qui est à l'origine
00:36:43de cette immense liesse au stade de San Paolo.
00:36:45Il est allé chercher Maradona là-bas,
00:36:47à Barcelone.
00:36:4970 000 typhosis sont venus saluer l'arrivée
00:36:51du meilleur joueur du monde.
00:36:53Chacun a payé 3 000 lires, 15 francs,
00:36:55pour voir Diego, qui aura tout de même coûté
00:36:5780 millions de francs aux banques napolitaines.
00:36:59Version officielle.
00:37:01D'ailleurs, certains ne l'ont peut-être même pas vu.
00:37:03Si, enfin.
00:37:09Des journalistes imprudents
00:37:11posent des questions.
00:37:13La Camorra a-t-elle payé ce transfert mirobolant ?
00:37:15Est-ce qu'une des villes les plus pauvres d'Italie
00:37:17peut-elle se payer le joueur le plus cher du monde ?
00:37:19Que la juve de Turin convoitée, elle aussi ?
00:37:21N'empêche, ce soir-là,
00:37:23il y a de l'espoir au sud de Rome.
00:37:25L'espoir que Maradona
00:37:27offre enfin un titre au Napoli.
00:37:31Après 80 ans d'attente,
00:37:33les napolitains ont pourtant très vite
00:37:35la réponse à la question
00:37:37« Maradona est-il vraiment
00:37:39le meilleur joueur du monde ? »
00:37:45De San Paolo à San Siro,
00:37:47de Gênes à Florence,
00:37:49de Rome à Turin,
00:37:51Maradona multiplie les exploits,
00:37:53les dribbles, les buts.
00:38:07Devenu champion du monde en 86,
00:38:09Maradona est-il vraiment
00:38:11le meilleur joueur du monde ?
00:38:13Devenu champion du monde en 86,
00:38:15Maradona réussit tout,
00:38:17y compris offrir à Naples
00:38:19son premier Scudetto.
00:38:21C'est le plus bel événement survenu à Naples
00:38:23depuis bien longtemps.
00:38:27Ce titre, il est pour tous les napolitains,
00:38:29tous, parce qu'ils m'ont fait la plus grande fête de ma vie.
00:38:33Mais Ghegho, vous êtes déjà champion du monde.
00:38:35Oui, mais ce n'était pas dans mon pays,
00:38:37et ce n'étaient pas les supporters comme ceux-là.
00:38:39Le 15 mai 87,
00:38:41restera jamais gravé
00:38:43dans la mémoire des napolitains.
00:38:45Pensez donc,
00:38:47Naples a enfin gagné quelque chose.
00:38:49Toute l'Italie est inondée
00:38:51de ces images de gloire,
00:38:53sans cesse commentées, recommentées.
00:38:59Alors qu'il arrive d'Argentine
00:39:01ou d'ailleurs,
00:39:03Ghegho fait ici partie du patrimoine sentimental.
00:39:05Il est partout,
00:39:07dans les chœurs,
00:39:09sur les murs.
00:39:15Même le patron de Naples,
00:39:17San Gennaro, en convient.
00:39:19Ce moment-là peut nous sortir
00:39:21de la grisaille.
00:39:23Merci mon fils.
00:39:27Maradona a même réveillé
00:39:29l'intelligentsia napolitaine.
00:39:31Anthropologue, psychologue, médecin,
00:39:33philosophe, rendent hommage à Ghegho,
00:39:35le meilleur maire que Naples n'ait jamais eu, disent-ils.
00:39:37Ici, les intellos n'ont pas honte
00:39:39d'aimer le foot.
00:39:43Écoutez,
00:39:45à Milan d'abord, et puis à Rome,
00:39:47Maradona a été renié.
00:39:49Il a été agressé
00:39:51comme un symbole du Sud,
00:39:57du Sud profond.
00:40:01Maradona, c'était Naples.
00:40:03Il représentait même
00:40:05le début d'un phénomène
00:40:07qui prenait de l'importance,
00:40:09à savoir la Ligue du Nord.
00:40:15C'est un regroupement politique
00:40:17des gens du Nord
00:40:19qui font de l'anti-Sud,
00:40:21de l'anti-méridionalisme,
00:40:23l'un des points forts
00:40:25de leur politique.
00:40:27Au fait, professeur Digny,
00:40:29quel est l'imbécile qui a dit
00:40:31qu'on ne doit pas mélanger
00:40:33le sport et la politique ?
00:40:35Ridicule, n'est-ce pas ?
00:40:41Ce qu'on a voulu dire
00:40:43avec ce colloque,
00:40:45c'est que les hommes politiques
00:40:47auraient dû faire comme Maradona.
00:40:49Quand il est arrivé, il a dit
00:40:51« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir
00:40:53pour gagner ».
00:40:55En revanche, tous les politiciens
00:40:57ont fait des promesses
00:40:59dont certaines étaient simples à tenir,
00:41:01mais aucun ne l'a faite.
00:41:07La première de Naples,
00:41:09une victoire contre Stuttgart
00:41:11en Coupe de l'UEFA.
00:41:13Diego a bien tenu sa promesse
00:41:15et le président Ferleino.
00:41:17Les lendemains de fête sont amers.
00:41:19Diego tarde à rentrer de vacances.
00:41:21Les avions en provenance d'Argentine
00:41:23ne veulent pas que Diego,
00:41:25mais il a peur de Naples la possessive,
00:41:27Naples qui menace.
00:41:31Diego revient pourtant.
00:41:33Mieux même,
00:41:35il invite toute l'équipe
00:41:37à son mariage à Benozaire.
00:41:39Diego épouse Claudia,
00:41:41sa compagne depuis 5 ans.
00:41:43Les noces auront lieu
00:41:45à la basilique du Saint-Sacrement
00:41:47le mardi 7 novembre à 20h15.
00:41:53Plus de 1000 invités,
00:41:55près de 2 millions de dollars
00:41:57pour un immense banquet
00:41:59servi au complexe sportif de Luna Park.
00:42:01Diego, dépensier,
00:42:03irrite même le pape Jean-Paul II.
00:42:05Il dit que j'ai dépensé
00:42:07plus d'un million de dollars
00:42:09pour mon mariage
00:42:11et que c'est une honte.
00:42:13Mais moi je suis allé au Vatican
00:42:15et au Vatican,
00:42:17les plafonds sont en or.
00:42:19Il dit que j'ai dépensé
00:42:21plus d'un million de dollars
00:42:23pour mon mariage
00:42:25et que c'est une honte.
00:42:27Mais moi je suis allé au Vatican
00:42:29et au Vatican,
00:42:31les plafonds sont en or.
00:42:33Et après lui,
00:42:35il va en Afrique et il embrasse le sol.
00:42:37Il n'est pas dans la réalité,
00:42:39ce type-là.
00:42:41Ah Diego,
00:42:43sa sainteté n'a pas ton appétit
00:42:45pour les plaisirs de la vie,
00:42:47les plaisirs de la nuit.
00:42:49Il m'a dit non, tu le mérites,
00:42:51ne me remercie pas.
00:42:53Mais il y a surtout des jeux
00:42:55napolitains que Maradona a du mal
00:42:57à comprendre.
00:42:59Des règles qui diffèrent selon les individus,
00:43:01des matchs qui sentent la
00:43:03combinazione.
00:43:05Maradona m'a dit,
00:43:07toi aussi, tu as peur de ce match ?
00:43:09Maradona ressentait
00:43:11quelque chose dans l'atmosphère,
00:43:13dans l'air, quelque chose
00:43:15de difficile pour l'équipe
00:43:17et la vie.
00:43:19Un vent tournant venu du nord,
00:43:21venu de Milan, qui prétend dessouffler
00:43:23la victoire au Napolitan pour quelques
00:43:25permis de construire au fer par Berlusconi,
00:43:27au bâtisseur Ferlino.
00:43:29C'était en 88. Les ballons d'attaque
00:43:31de Naples semblaient inoffensifs.
00:43:33Alors Maradona se fâche.
00:43:35Le vent tourne
00:43:37et Diego marque.
00:43:39Diego, tu aurais pu
00:43:41te contenter d'une défaite sans rien dire
00:43:43pour faire plaisir à ton président.
00:43:45L'artiste a voulu savoir la vérité
00:43:47de la bouche de Diego.
00:43:49J'ai lui raconté cette hypothèse
00:43:51d'une manière ouverte mais aussi
00:43:53d'une manière un peu métaphorique
00:43:55en faisant allusion
00:43:57à une nouvelle
00:43:59d'un nouveliste uruguayen
00:44:01Mario Benedetti
00:44:03où il raconte l'histoire
00:44:05d'un footballeur d'un quartier
00:44:07de Montevideo qui gît
00:44:09dans un lit d'hôpital avec
00:44:11les os cassés et qui raconte
00:44:13un ami qui vient le voir
00:44:15tu sais ce qui m'est arrivé
00:44:17le président de mon club m'a demandé de perdre
00:44:19le parti du dimanche dernier
00:44:21j'ai accepté parce que
00:44:23cela me convenait
00:44:25parce que j'avais peur etc
00:44:27mais une fois sur le terrain je n'ai pas pu perdre
00:44:29j'ai gagné et c'est la raison
00:44:31pour laquelle tout cela m'arrive
00:44:33et Maradona fait comme ça avec les doigts
00:44:35et me répond
00:44:37c'est exactement ce qui s'est passé avec moi
00:44:39Finalement
00:44:41Maradona a perdu
00:44:43mais peut-être que le fruit de l'imagination
00:44:45d'une romancière naïve et de quelques journalistes à scandale
00:44:47car le 29 avril 1990
00:44:49Maradona s'offre enfin
00:44:51un deuxième Scudetto
00:44:53Naples gagne encore
00:44:55Naples est une ville qui gagne
00:44:572-0 pour l'Italie
00:44:59allez
00:45:01en 90 c'est vrai que les italiens
00:45:03se voient déjà en finale de leur coupe du monde
00:45:05il mondiale
00:45:07d'ailleurs les querelles nord-sud sont oubliées
00:45:09Naples a toujours été italienne
00:45:11de coeur
00:45:13Naples est pourtant bleu et blanche
00:45:15aux couleurs de Maradona, aux couleurs de l'Argentine
00:45:19et ici
00:45:21Diego est dans son jardin
00:45:23en famille même
00:45:29pas une défaite à Naples pour l'Argentine
00:45:31qui bat par exemple le RSS 2-0
00:45:33comment imaginer alors
00:45:35à ce moment là que Naples
00:45:37va progressivement détruire la vie de Maradona
00:45:39le 3 juillet
00:45:41l'histoire perverse oppose l'Italie et l'Argentine
00:45:43à Naples en demi-finale
00:45:45je t'aime moi non plus, vous savez
00:45:47entre les deux mon coeur balance
00:45:49Caniggia trompe Zenga
00:45:51Naples veut la victoire de l'Italie
00:45:53mais Maradona-Diego réussit son tir au but
00:45:55et prie pour la victoire de l'Argentine
00:45:57Guicocia fait le reste
00:45:59stop les frappes de Donadoni et de Serena
00:46:01l'Italie est éliminée
00:46:03sur le sol de ceux qu'on appelait il n'y a pas si longtemps
00:46:05les cutéreux du sud
00:46:07alors ciao Italia
00:46:09tout cela grâce
00:46:11ou à cause de Maradona
00:46:13Diego lui est heureux
00:46:15il ne sait pas qu'à Rome
00:46:17on va le siffler en finale
00:46:19longtemps, trop longtemps
00:46:21Joao Avlange, le président de la FIFA
00:46:23qui se souvient de Diego, le contestateur du Mexique
00:46:25aura sa revanche, son propre Jean
00:46:27oui, son propre Jean de M. Codessa-Sanchez
00:46:29l'arbitre mexicain
00:46:31accorde un pénalty aux Allemands en finale
00:46:33Andreas Brehme le réussit
00:46:35Diego se rend peut-être compte
00:46:37du malheur qui le frappe
00:46:39mais il est impuissant
00:46:41les Allemands sont champions du monde
00:46:43l'année de la réunification
00:46:45les pleurs de Diego, eux, ne pèsent pas lourd
00:46:47dans le football business
00:46:49et l'Italie a la rancune hideuse
00:46:53il est vrai que ce mondial avait mal commencé
00:46:55avec notamment cette incroyable défaite
00:46:57contre le Cameroun, Maradona semblait un peu
00:46:59désabusé lors des entraînements
00:47:01même à deux à l'heure, avec un ballon
00:47:03c'est toujours impressionnant pour un journaliste
00:47:05d'être pour un coéquipier
00:47:07écoutons par exemple Jolgué, bourouchaga
00:47:09est-ce qu'il y a des choses
00:47:11qu'il a fait au quotidien
00:47:13qui vous ont impressionné
00:47:15sur le plan du jeu, avec un ballon
00:47:17je pense que surtout
00:47:19c'était à chaque fois qu'on finissait
00:47:21les entraînements
00:47:23lui faisait des séances
00:47:25d'échanglage
00:47:27et la chose qui m'impressionnait le plus
00:47:29c'est qu'il frappait le ballon vers le haut
00:47:31je crois qu'une vingtaine, une trentaine de mètres
00:47:33et sans la laisser rebondir
00:47:35il la rétapait, mais surtout
00:47:37avec l'extérieur
00:47:39il frappait beaucoup avec l'extérieur
00:47:41d'une façon impressionnante
00:47:43même pour nous, qu'on était à côté
00:47:45qu'on avait l'habitude de le voir
00:47:47les jonglages de Diego
00:47:49c'est vraiment quelque chose
00:47:51tiens au fait
00:47:53il y avait un reportage de Dominique
00:47:55durant ce mondial 90
00:47:57il s'agissait des choses vraiment étonnantes
00:47:59durant l'échauffement
00:48:01et si le 179 avait un rapport avec tout cela
00:48:03voyons en France, il est 20h45
00:48:05oui, avec un peu de chance, il est encore au bureau
00:48:09Dominique, c'est Didier
00:48:11alors, t'as trouvé ?
00:48:13si je t'appelle, c'est peut-être toi qui pourrais nous aider
00:48:15dis-moi, tu te souviens de ton reportage où tu jongles là-bas ?
00:48:17oui, où il jongle le petit Maradona
00:48:19pendant le mondial en Italie
00:48:21effectivement, c'est peut-être le nombre de jonglages
00:48:23qu'il est capable de faire avec n'importe quelle partie de son corps
00:48:25peut-être bien le nombre de minutes
00:48:27qu'il nous faisait attendre avant de nous donner une interview
00:48:31quand on vient voir l'Argentine, à l'entraînement, il faut être patient
00:48:33le rendez-vous a été fixé à 17h
00:48:35il est déjà 18h
00:48:37alors on grignote ce que l'on peut
00:48:39on saisit derrière la Louvre romaine les deux Ferrari
00:48:41du signor Maradona
00:48:43et puis, miracle, la grille s'ouvre
00:48:45mais ce n'est pas encore pour nous
00:48:47c'est le président de Naples, Ferlaino, qui vient s'entretenir
00:48:49avec sa star
00:48:51et c'est l'arrivée du dieu Diego
00:48:55et c'est l'arrivée du dieu Diego
00:49:25Diego, une parole pour la télévision de France
00:49:27seulement une
00:49:29salut à papa
00:49:31oui, bonjour à papa
00:49:33il est bien gentil
00:49:35mais on n'avance pas trop au niveau de l'enquête
00:49:37pauvre Diego
00:49:39sérieusement touché à la cheville gauche
00:49:41il évolue dans une équipe très moyenne
00:49:43finalement, son meilleur souvenir restera
00:49:45un emploi douté, sa victoire contre le Brésil
00:49:47et cette fameuse passe décisive
00:49:49du pied droit par la force des choses
00:49:51à Canigia
00:49:53il y a tout de même de temps à autre dans cette épreuve
00:49:55explication
00:49:57vous vous êtes rasé, c'est nouveau ?
00:49:59non, ce qui se passe
00:50:01c'est qu'hier
00:50:03j'ai eu la visite
00:50:05de deux femmes
00:50:07deux femmes que j'adore
00:50:09et quand je les embrassais
00:50:11je leur piquais le visage
00:50:13alors je me suis rasé
00:50:15après le match
00:50:17pour ne plus les piquer
00:50:19avec la barbe
00:50:21Diego
00:50:23est un père modèle
00:50:25la famille, il l'avait déjà dit en 79
00:50:27à Bernard Paire, c'est sacré
00:50:29ses deux filles, il en parle toujours
00:50:31avec beaucoup de tendresse
00:50:33remettant un petit coup de griffe au passage
00:50:35aux gens du pouvoir
00:50:37rebelle jusqu'au bout, le gentil papa
00:50:43non, j'ai beaucoup de chance
00:50:45car il m'est arrivé des choses pénibles
00:50:47mais j'ai deux filles
00:50:49j'ai vraiment deux soleils
00:50:51qu'il me suffit de regarder
00:50:55et dès que j'ai un problème
00:50:57ciao
00:50:59tous les problèmes sont oubliés
00:51:03voilà ce qu'il manque aux autres
00:51:05ça les emmerde
00:51:07car eux ne peuvent regarder personne
00:51:11l'homme qui a fait rêver Naples
00:51:13pendant 7 ans n'était pas un dieu
00:51:15ni même un héros
00:51:17c'était un argentin
00:51:19qui ressemblait à un napolitain
00:51:23un argentin qui aimait Naples
00:51:25sans pouvoir y flâner
00:51:29un napolitain fréquenté par des napolitains
00:51:31peu fréquentables
00:51:33un napolitain qui aurait même
00:51:35fait un petit napolitain
00:51:39une vie napolitaine
00:51:41que chacun voulait raconter
00:51:43entendre, voir, suivre à la trace
00:51:47Diego tu n'es pas un héros
00:51:49un héros à l'urine positive
00:51:51à la cocaïne n'est plus un héros
00:51:53mais ce voyage
00:51:55clandestin au delà des lignes
00:51:57de terrain
00:51:59c'est ton aventure d'homme
00:52:01celle qu'on ne pardonne pas
00:52:03comme ce vrai faux départ
00:52:05pour Marseille
00:52:09et ici le pardon a parfois
00:52:11la couleur du deuil
00:52:13seul le temps peut-être
00:52:15effacer l'image du napolitain
00:52:17pour ne garder que celle du champion
00:52:19venu d'ailleurs
00:52:21le temps d'une image
00:52:23l'image du temps
00:52:25tiens c'est drôle l'histoire
00:52:27c'est à Naples
00:52:29sur une plage
00:52:31que la sirène Parthénope a échoué en pleurant
00:52:33parce que son chant n'avait pu retenir
00:52:35Ulysse
00:52:39retour à Benozaire
00:52:45Diego retrouve la place de mai
00:52:47mais ce sera en juillet le 26
00:52:49pour être précis
00:52:51qu'il sera arrêté par la police
00:52:53avec deux de ses amis
00:52:55en plein centre de la capitale
00:52:57on aurait alors trouvé
00:52:59dans l'appartement
00:53:01un sac de cocaïne
00:53:03de 500 grammes environ
00:53:05mais il n'y avait pas
00:53:07de sac de cocaïne
00:53:09dans l'appartement
00:53:11il n'y avait pas de sac de cocaïne
00:53:13il chante
00:53:15oé oé
00:53:17Diego Diego
00:53:19surréaliste
00:53:21à l'âge de 3 ans
00:53:23il était tombé dans un trou
00:53:2527 ans plus tard
00:53:27c'est la même chose
00:53:29à une différence presque néanmoins
00:53:31car si autrefois on lui avait tendu la main
00:53:33aujourd'hui on lui enfonce bien la tête
00:53:35puisqu'on le prive de son meilleur
00:53:37remède c'est à dire le football
00:53:39il y a aussi une rumeur
00:53:41Du côté du palais gouvernemental, on ne pouvait pas ne pas être au courant.
00:53:46Le pouvoir ne fait pas de sentiments. Il avance, imperturbable, au pas cadencé.
00:53:55Ils sont nombreux à dire là-bas que le président Menem l'a bien manipulé,
00:53:59et de préciser que lorsque Diego avait le vent en poupe, il se trouvait toujours à ses côtés pour un oui ou pour un non.
00:54:04Aujourd'hui, pour des raisons qui restent obscures, mais qui doivent bien l'arranger, il le laisse tomber.
00:54:10Mais on a toujours besoin d'une victime expiatoire, parce que le monde est ainsi fait.
00:54:17Cette fois, c'était le tour de Diego. Il ne faut pas être hypocrite, tout cela a été planifié, c'est quelque chose que je sens.
00:54:25Du petit flic de base, qui a dû se dire qu'avec ça il aurait une promotion, jusqu'au gars qui a tout organisé.
00:54:31Je pense que ça a été utilisé comme moyen politique, pour détourner l'attention.
00:54:43Ce pays est en ébullition, même s'il paraît stable, parlons de la cocaïne, mettons-le en prison, et l'attention sera détournée.
00:54:54Mal rasé, l'air triste, les yeux dans le vague, peut-être parce que trop lucide, sa femme Claudia l'était encore plus.
00:55:03Dis-lui ce que tu m'as dit quand on m'a mis en prison, tu m'as bien dit, ne reviens plus à Buenos Aires.
00:55:13Je lui ai dit de ne pas retourner à Buenos Aires, de partir d'Italie et d'aller ailleurs, qu'ici ils allaient le tuer.
00:55:22Diego passera deux jours et deux nuits dans les locaux de la brigade anti-drogue, avant d'être relâché.
00:55:29Malade, au bord du gouffre, il accepte de suivre une thérapie.
00:55:36Il se rendra ainsi très souvent dans le quartier nord de la ville, le quartier de Palermo, et travaillera avec Ruben Navedo.
00:55:44Tout n'a pas été facile pour ce psychiatre, car lors des premiers entretiens, Diego se refusait à parler de sa vie privée,
00:55:49et puis peu à peu il a pris confiance, et aujourd'hui les progrès sont notables.
00:55:54Ruben Navedo a rapidement compris de quel mal souffrait son illustre patient.
00:56:01Je me souviens de l'époque de Naples, où il a essayé à de nombreuses reprises de sortir de ses situations, et on ne l'a pas laissé faire.
00:56:13Il se sentait comme un objet, et non comme un sujet.
00:56:18Une des choses que j'ai mise en lumière, du moins théoriquement, c'est que c'est l'objet qui génère l'accoutumance.
00:56:27Privé de football, Maradona taquine encore le ballon pour les besoins d'une chaîne privée.
00:56:34L'audience est maximale pour ses petits matchs, qui frisent parfois le ridicule avec ses maillots rose-bonbon.
00:56:38Diego est bien grassouillé, et on voit mal comment il pourrait retrouver le haut niveau à la fin de sa suspension.
00:56:43Et pourtant, et pourtant...
00:56:54Sous le soleil de Séville, Diego Maradona fait sa réapparition, après 15 mois de suspension.
00:57:01Séville a donné rendez-vous au monde entier, mais au stand de l'Argentine, l'exposition universelle a un invité surprise.
00:57:11Après 88 jours de négociations avec Nard, et l'intervention même de la FIFA, Maradona peut enfin jouer pour le football club de Séville.
00:57:21Montant du transfert, 38 millions de francs, pour une saison.
00:57:28A presque 32 ans, Maradona fait encore recette. Il pèse autant qu'à son arrivée en Italie.
00:57:33Mais fait-il encore illusion ? Le 24 septembre 1992, Maradona fait officiellement partie de l'effectif du club andalou.
00:57:40Il était boursouflé, malade, vieux même. Maradona cette fois a perdu plus de 10 kilos, et reprit l'entraînement.
00:57:46Son appétit du jeu semble intact, son humour aussi.
00:57:51Diego, vous pouvez tenir 90 minutes ? Non, je ne crois pas, mais 89 oui.
00:57:59Maradona n'a pourtant plus les ressources suffisantes pour tenir, quoi qu'il en dise, un match entier.
00:58:05N'empêche, celui que Carlos Bilardo a accepté d'intégrer dans son effectif fait encore le spectacle.
00:58:13Il marque même des buts, avec moins de souplesse, moins de vivacité qu'avant sans doute.
00:58:20Mais le championnat espagnol en est toujours friand.
00:58:26Maradona a même réussi à séduire la sélection argentine, qui le rappelle, pour affronter le Brésil à Buenos Aires, le 17 novembre 1992.
00:58:48Et puis Diego regagne Séville. Mais le charme est tombé. Le public a compris que Diego l'espiègle, Diego l'aventurier ne resterait pas.
00:59:02Le plus sceptique, c'est peut-être Diego, celui qui a 64 ans, se demande si son fils ne devrait pas raccrocher pour de bon.
00:59:10Mais non, le roi n'est pas mort.
00:59:13Il signe, mi-septembre 1993, un contrat d'un an sur une base de 4 millions de dollars pour l'équipe des New Wales Old Boys de Rosario.
00:59:20Pour son match de reprise, Maradona inscrit l'unique but contre l'équipe équatorienne des Menek.
00:59:26Ambiance indescriptible, c'était la fête ce soir-là à Rosario.
00:59:32Le lendemain, c'est-à-dire le 8 octobre, les habitants de la ville auront une grande pensée pour le 27e anniversaire de la mort d'un homme qui luttait contre toute forme de dictature.
00:59:41Il était argentin, il était né à Rosario, il habitait ici, dans la rue Urquiza.
00:59:46Il s'appelait Ernesto Guevara.
00:59:49Jeudi, Diego, vendredi Guevara, coïncidence ?
00:59:52De nombreux intellectuels argentins estiment que Maradona est un révolutionnaire à sa façon.
00:59:57Diego est allé récemment à Cuba et là encore, il s'attaque à un gros morceau.
01:00:01Les Etats-Unis, carrément.
01:00:05Pour moi, j'avais la sensation de me trouver face à une légende, mais vivante.
01:00:12Et face à un gars qui en a.
01:00:14Mais je te l'ai déjà dit, c'est pour ça que j'aimerais organiser un match à Cuba.
01:00:20Pour rappeler que Cuba existe aux Américains. Tu comprends ?
01:00:25Parce que la guerre, la guerre du Koweït, elle a existé.
01:00:29Il y avait du pétrole. Et en Bosnie, qu'est-ce qu'il y a à prendre ? Rien.
01:00:34C'est pour ça qu'ils n'y vont pas, les Américains.
01:00:37Mais la véritable guerre, c'est aussi le blocus de Cuba.
01:00:42Parce qu'on y tue des gens.
01:00:44Ce n'est pas toujours des bombes et des missiles.
01:00:47Les gens meurent de faim, vieux, ici.
01:00:49Alors on va être juste. Moi, je ne veux pas être un héros.
01:00:53Mais il faut dire des choses telles qu'elles sont.
01:00:55Alors pourquoi ne pas les dire ?
01:00:57Il a un problème de structuration des langages.
01:01:00Le langage, ce n'est pas ses armes, son arme.
01:01:04Mais à sa façon, il dit des choses.
01:01:07Et il suffit de l'entendre avec un autre...
01:01:10Maradona a connu la dictature lors de son adolescence.
01:01:13Et il en a été profondément marqué.
01:01:15Dimanche 10 octobre, les New Wales jouent un championnat à Independiente.
01:01:19Aujourd'hui, on ne rigole plus. On ne lui fera pas le moindre cadeau, encore que...
01:01:23Regardez cette banderole accrochée par les supporters d'Independiente, sur la droite.
01:01:27Maradona, tu es ici chez toi.
01:01:29Et lorsque le capitaine des New Wales arrivera un peu plus tard sur la pelouse,
01:01:32il aura droit à une véritable ovation.
01:01:34Une ovation à vous en donner la chair de poule.
01:01:39Diego a toujours des yeux dans le dos.
01:01:41Et le public se régale.
01:01:45Il a perdu 13 kilos en un peu plus de trois semaines.
01:01:48Et à 500 grammes près, il a le même poids qu'en 1986.
01:01:51Le ballon lui colle toujours aux pieds.
01:01:53Et Independiente, pourtant largement mieux placée au classement,
01:01:56connaîtra quelques petites frayeurs dans cette première mi-temps.
01:02:00Le public est aux anges.
01:02:02Le contrôle et la fameuse accélération à la sortie.
01:02:05Il n'hésite pas à aller au contact.
01:02:07Certes, il manque encore un peu de puissance,
01:02:09mais ce premier véritable test demeure très encourageant.
01:02:12En deuxième période, le public va encore vibrer lorsque, sur cette action,
01:02:15Diego, pour se retrouver sur son bon pied, le gauche,
01:02:17effectue ce que l'on appelle là-bas « una rabona ».
01:02:21Malheureusement, un quart d'heure après la reprise,
01:02:24un joueur des New-Wells sera expulsé et à 10 contre 11,
01:02:27les Rouges et Noirs vont encaisser trois buts de ce même joueur,
01:02:30Alfredo Moreno, et cela en 19 minutes.
01:02:35New-Wells ne réduira la marque qu'en fin de partie.
01:02:37Diego sortira épuisé et applaudira cette foule
01:02:39qui ne lui a jamais été hostile, bien au contraire.
01:02:42Son retour est réussi et cela était loin d'être évident.
01:02:45Un retour, c'est toujours très spécial,
01:02:47surtout lorsqu'on l'effectue sur ses propres terres.
01:02:49D'ailleurs, Diego était très crispé le 7 au soir à Rosario.
01:02:54...
01:03:10Tant à Rosario qu'à Buenos Aires, il a été fêté en héros.
01:03:13Il est revenu, et cela avec la plus grande humilité qu'il soit.
01:03:16...
01:03:45...
01:04:14...
01:04:18Ici, en Argentine, on a toujours respecté cet homme,
01:04:21et cela bien plus qu'ailleurs. Pourquoi ?
01:04:23Peut-être parce qu'ici, on connaît bien son histoire,
01:04:25on sait tout ce qu'il a fait pour sa famille, ses proches,
01:04:27pour les déshérités aussi, et bien sûr, pour son pays d'une manière générale.
01:04:31S'est démêlé avec la drogue importe peu,
01:04:33les gens vous diront d'ailleurs à ce sujet qu'en agissant de la sorte,
01:04:36il n'a finalement fait de mal à personne, si ce n'est à lui-même.
01:04:39Diego est et demeure l'enfant du peuple.
01:04:42Marcos Franchi regarde attentivement toujours sur le qui-vive,
01:04:45car il sait que tel un enfant sont protégés,
01:04:47et comme on l'a déjà dit, imprévisibles et excessifs,
01:04:49même si dans son excès, il a toujours au fond de lui une certaine logique.
01:04:53...
01:04:55Il est très difficile de trouver dans la vie une personne cohérente.
01:04:59Cohérente avec sa ligne de conduite.
01:05:03Parfois, on peut dire des choses qui peuvent paraître ambiguës, incohérentes.
01:05:08Mais si on analyse la vie de Diego,
01:05:12on y trouve une cohérence et un profil parfaitement défini.
01:05:17Et je crois que les gens ne réalisent pas toujours
01:05:20qu'il faut un cœur énorme pour pouvoir se tenir à cette ligne de vie,
01:05:23et ne pas en dévier.
01:05:29Il fait sa vie comme n'importe quel gars du coin,
01:05:32et faire ça, c'est déjà énorme.
01:05:34C'est pour ça qu'il attire autant l'attention,
01:05:36indépendamment du fait qu'il joue très bien au foot.
01:05:38Et je crois que c'est ça.
01:05:40Je te donne l'exemple de Pelé,
01:05:42qui fait le tour du monde en donnant des conférences
01:05:44pour dire ce que doit être une bonne personne.
01:05:46Diego, ça ne lui arrivera jamais.
01:05:48Nous autres, nous sommes ses amis pauvres.
01:05:51Mais il fait attention à nous.
01:05:53Par exemple, il peut y avoir tout un tas de gens autour de lui,
01:05:56des milliers de gens,
01:05:58mais s'il nous voit, nous, il nous dit,
01:06:00viens Guillaume, viens Antonio, viens Alberto.
01:06:04Moi, une fois, je l'ai vu sur un terrain,
01:06:06je pensais que, car c'était déjà Diego,
01:06:09il est quand même venu m'embrasser à travers le grillage.
01:06:12Lui, qui est au départ la simplicité même,
01:06:14est toujours obligé de s'isoler, tel un pestiféré.
01:06:17Certes, il est sorti depuis longtemps de la misère,
01:06:19tout au moins sur le plan matériel,
01:06:21car si l'on en croit les pressions dont il est encore l'objet,
01:06:23on se demande si sa vie, finalement,
01:06:25n'aura pas eu quelque part un côté misérable.
01:06:29Ah, et le 179, j'allais l'oublier celui-là.
01:06:31Allez, je me lance.
01:06:34Diego, pouvez-vous me donner la signification de 179 ?
01:06:43179 évoque quelque chose de très fort en moi,
01:06:50et qui compte énormément,
01:06:52quelque chose que l'on ne pourra jamais m'enlever.
01:06:55C'est un des plus beaux souvenirs de ma vie.
01:06:58Je suis retourné une dernière fois à Villa Fiorito,
01:07:00persuadé que c'était ici que se cachait la clé du mystère.
01:07:03Je l'ai senti souvent proche de moi,
01:07:05mais peut-être qu'inconsciemment.
01:07:07J'ai préféré alors détourner la tête.
01:07:09On lui avait déjà volé tant de choses.
01:07:34Voilà, finalement, c'était aussi visible
01:07:36qu'un nez au milieu d'une figure.
01:07:38Ce 179, ce bus l'amenait, en fait,
01:07:42tous les soirs de Villa Fiorito,
01:07:44au quartier d'Argentinos Junior,
01:07:46lorsqu'il avait 10-11 ans.
01:07:47Et c'était une période de sa vie
01:07:49où les choses étaient finalement encore assez simples,
01:07:51assez naturelles.
01:07:52Bien sûr, il évoluait dans un milieu modeste.
01:07:54Ensuite, il y allait avoir la gloire, l'argent,
01:07:56mais tellement de choses super spéciales.
01:07:58Et vous avez bien compris, tout au long de ce reportage,
01:08:00qu'il attache beaucoup d'importance
01:08:02au côté naturel des choses.
01:08:04Donc, finalement, c'était assez logique
01:08:06que sa dernière parole de foot-voleur
01:08:08fasse référence à cette époque de sa vie
01:08:10et à ce bus.
01:08:30Sous-titrage Société Radio-Canada
01:09:00Sous-titrage Société Radio-Canada

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