• il y a 11 mois
Légende de la batterie et juré emblématique de "Nouvelle Star", Manu Katché joue avec les plus grands (Sting, Peter Gabriel, Jonasz, Cabrel, Youssou N'dour, Souchon, etc.). Pour Yahoo, et en exclusivité dans la "Face Katché", il a voulu partir à la rencontre de personnalités issues de la diversité, célèbres ou anonymes. Leurs histoires, bouleversantes, inspirantes, leurs parcours de vie : ils se livrent au plus célèbre batteur de France.
Sa carrière est inspirante. Âgé aujourd’hui de 49 ans, Olivier Dacourt a joué parmi les plus grands. L’ex-footballeur, désormais réalisateur et consultant, a toujours fait de sa passion pour le sport sa priorité. Invité par Manu Katché dans son émission "La Face Katché", le quadragénaire s’est livré sur son parcours, revenant notamment sur ses grandes ambitions mais aussi sur ses moments de solitude où il a dû faire preuve d’une force de caractère à toute épreuve pour pouvoir les surmonter.
À noter qu’en 2022, le football est resté le sport le plus pratiqué en France. Au total, la Fédération française de football a comptabilisé plus de deux millions de licenciés cette année-là. Il s’agit également du sport le plus populaire au monde. Comme le rappellent les professionnels du secteur, l’enthousiasme pour le ballon rond provient notamment de son accessibilité. Le football est également un facteur de socialisation tout au long de la vie et permet, comme n’importe quel sport, de rester en bonne forme.

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Transcription
00:00 - Moi, quand je suis arrivé à Strasbourg, il n'y avait pas de black déjà.
00:02 Donc, c'était compliqué.
00:03 - Justement, c'est exceptionnel.
00:04 - Je me rappelais, on m'appelait Schwarzkopf.
00:08 En allemand, c'est les têtes noires.
00:12 Et je pensais que c'était une pulve au départ.
00:13 - Olivier, bonjour.
00:21 - Bonjour.
00:22 - Merci d'avoir accepté l'invitation.
00:23 Alors, je vois qu'on commence par ta petite enfance.
00:26 À quel endroit tu es né, avec papa, maman, etc.?
00:29 - Je suis né à Montreuil.
00:31 J'ai grandi à Aulnay-sous-Bois.
00:34 J'ai un petit frère et une petite sœur.
00:36 Ma mère a 13 frères et sœurs.
00:39 - Wow.
00:40 - La contraception, ça n'existait pas en Guadeloupe.
00:42 - Les réunions de famille, c'est chaud, non?
00:44 - Oui, mais c'est les plus beaux souvenirs que je garde de mon enfance.
00:47 C'est ça, c'est que le dimanche, étant la sœur aînée,
00:51 tout le monde venait chez ma mère.
00:52 - Génial.
00:53 - Tout le monde.
00:54 Donc, j'ai grandi avec mes oncles, avec mes tantes.
00:57 La première chose qu'ils faisaient quand ils arrivaient en métropole,
01:00 avant de s'installer, ils venaient vivre chez ma mère.
01:03 - Et pour quelle raison, t'as un moment, ils venaient s'installer en France?
01:06 - Pour quelle raison?
01:08 Parce qu'à l'époque, entre 70 et 80, il y a eu le bummy d'homme.
01:13 On a fait venir beaucoup de personnes venues
01:15 des Antilles pour travailler en France,
01:19 surtout dans la fonction publique.
01:21 - Absolument.
01:23 - Et ma mère faisait partie de ces personnes-là.
01:25 On leur avait promis beaucoup de choses.
01:28 Et quand ils sont arrivés en France, c'était parce qu'on leur avait promis.
01:33 - Bien sûr. Ils sont venus, ta maman est venue avec ton papa?
01:36 - Non, parce que mon père est breton.
01:38 - OK. - Et ma mère est gaulloupéenne.
01:41 - Et ton papa était conscient de ça par rapport à ta mère,
01:43 le fait qu'effectivement, on lui avait promis beaucoup de choses d'un point de vue...
01:45 - J'en ai pas parlé avec lui.
01:48 - Du tout? - Non, jamais.
01:50 - Si j'entends qu'il n'était pas très présent à la maison?
01:52 - Non, non, parce que mes parents ont divorcé.
01:55 - T'étais petit? - Quand j'étais petit, donc j'ai aucun souvenir.
01:58 J'ai pas de souvenirs.
01:59 Et de toi à moi, en fait, en même temps,
02:03 je pense que ton papa, c'est celui qui t'éduque.
02:08 Qui te transmet toutes les valeurs.
02:12 C'est pas mon père, c'est le géniteur.
02:16 - Absolument.
02:18 - Mais mon beau-père a fait énormément pour moi.
02:22 Parce qu'il m'a transmis beaucoup de choses.
02:26 - Ton père, tu le vois pas, tu le fréquentes pas?
02:27 - Non, pas du tout. - En fait, c'est un peu tendu quand même.
02:29 - Pas de... - C'est tendu?
02:33 - Non, c'est même pas tendu. - T'as pas envie de le voir?
02:35 - Non, je... - Il a pas envie de te voir?
02:36 - Non, c'est même pas ça. Il a cherché à me voir, mais...
02:38 - T'avais pas envie de répondre? - Non, non, parce que je...
02:42 C'est compliqué.
02:46 Je parle pas de mon père, je parle pas de mon beau-père
02:49 parce que j'ai eu de la chance d'avoir une mère qui a fait les deux.
02:53 Ma mère a été extraordinaire. - Génial.
02:56 - Et j'ai eu un grand-père qui a été...
02:59 Moi, mon grand-père a été mon substitut de père.
03:03 - Lui, il vivait en métropole. - Lui, il était en Guadeloupe.
03:05 Mais j'allais tout le temps en Guadeloupe.
03:07 Je partais toujours en Guadeloupe. - Aiguillement.
03:08 - Tout le temps, tout le temps. Et je suis fier.
03:10 - Bien sûr. - Pourtant, je suis né à Montreuil.
03:13 Je suis français, mais j'aime mes origines.
03:18 - Bien sûr, évidemment.
03:19 - Même si ça a été compliqué quand j'étais plus jeune.
03:21 - C'est-à-dire? - Parce qu'on m'appelait le blanc.
03:24 J'avais pas les cheveux crépus, ouais.
03:26 Et j'étais bouclé.
03:28 Et j'étais plus clair.
03:31 Quand on est métissé, c'est toujours compliqué de trouver sa place.
03:33 Parce qu'en France, première chose qu'on voit, on voit ma couleur.
03:37 Et quand j'arrivais en Guadeloupe, la première chose qu'on voyait,
03:40 on voyait ma couleur. - Oui.
03:41 - Donc, trouver sa place, c'est jamais facile.
03:44 Ici, je suis pas chez moi. Là, je suis pas chez moi.
03:47 Où c'est chez moi? C'est compliqué.
03:49 Et quand on est jeune, c'est pas évident de trouver sa place.
03:52 Il y a des choses qui marquent quand on est enfant.
03:54 La discrimination, je l'ai vécue quand j'étais enfant.
03:56 - Vraiment? - Bah oui.
03:59 - Verbalement ou physiquement? - Verbalement, physiquement,
04:02 je l'ai vécue. Moi, j'ai des histoires où
04:04 je me souviens avec le centre aéré,
04:08 on donnait sous bois, on va à Aqua Boulevard, en 15ème.
04:14 Puisque c'était la piscine des vagues et tout.
04:17 Et en fait, il y a un vol et en fait, ils nous ont parqué.
04:21 On était une dizaine d'enfants.
04:24 On avait 10 ans, 11 ans.
04:26 Ils nous ont tous fouillés, enlevés, pratiquement déshabillés
04:29 pour savoir si on n'avait pas volé quelque chose.
04:31 C'était la première fois où j'étais victime, en fait.
04:33 - Tu sens que c'était ciblé, du fait de ton faciès.
04:37 - Ah oui, oui, oui, oui.
04:38 Là, il n'y avait que...
04:40 Pour le coup, il y avait noir, arabe.
04:42 Il y avait des Italiens, des Portugais.
04:46 - C'était ciblé. - C'était ciblé, ouais.
04:49 Mais quand on est jeune, on ne le voit pas, ça.
04:51 Parce que nous, on grandit à Aulnay-sous-Bois.
04:53 Aujourd'hui, on parle de communautarisme.
04:56 Mais moi, à l'époque, il n'y avait pas ça.
04:58 On vivait tous ensemble.
05:01 Au rez-de-chaussée, il y avait la famille Témine, confessions juives.
05:04 Au premier, il y avait des Algériens.
05:06 Au deuxième, il y avait des Marocains,
05:09 Portugais, Italiens, Espagnols.
05:11 Et tout le monde, quand il y avait les shabbats,
05:14 il y avait le laïc pour les musulmans.
05:17 - Les fesnichs, tout le monde se mélangeait.
05:18 - Moi, je suis chrétien, donc tout le monde se mélangeait.
05:20 - Vous jouiez tous au ballon.
05:21 - Il n'y avait pas de problème.
05:22 Il n'y avait pas tout ça, en fait.
05:24 Les réseaux font beaucoup de mal à cette génération.
05:28 Mais en même temps, mon enfance, c'est les plus beaux souvenirs que j'ai.
05:31 Les matchs de foot qui durent.
05:33 Il n'y avait pas de PlayStation.
05:35 On ne pensait à rien d'autre qu'à jouer au foot.
05:37 Il n'y avait pas d'argent, parce qu'on n'avait pas d'argent.
05:40 On est des grands rêveurs.
05:44 Quand on n'a rien, on rêve.
05:46 On rêve, on voyait tirer le pénalty.
05:49 On se disait, finale de Coupe du Monde,
05:51 je prends le tirage, France contre...
05:53 Souvent, c'était France-Brésil.
05:56 Et on est le mec qui va marquer le dernier but.
06:00 On part, on court comme ça.
06:02 Quand on est enfant, on a plein de rêves, on est insouciant.
06:07 Je ne pense pas au pire.
06:08 Mon rêve, c'était de devenir footballeur professionnel.
06:11 Ça a bien fonctionné.
06:13 Oui, mais je ne pensais qu'à ça.
06:16 Je jouais qu'à ça.
06:18 Dans mon esprit, il n'y avait que ça.
06:20 Ce qu'il y a dans le football, pourquoi j'aime également ce sport ?
06:23 Parce qu'on peut mettre
06:26 deux paires de chaussures et on a des buts.
06:28 En termes d'infrastructure, on n'a besoin de rien.
06:31 On peut construire un ballon de foot avec rien,
06:34 en mettant du scotch, du papier, du scotch, et on peut jouer au foot.
06:37 Très accessible.
06:39 Oui, et il y a toutes les valeurs universelles dans le sport en général.
06:43 Mais encore plus dans le football, solidarité, fraternité.
06:48 Pas la même religion, mais on part en vacances.
06:52 Ça, qui ne sait pas arriver ?
06:53 On part en vacances à l'étranger.
06:55 On ne parle pas la même langue que tout le monde,
06:57 mais il y a des gamins qui sont en train de jouer au foot.
06:59 On peut jouer, on peut échanger, on peut partager un moment.
07:02 On n'a pas besoin de parler.
07:04 Et je trouve que le sport, en règle générale, a ses vertus.
07:07 Et je me souviens qu'à l'époque, ce n'était pas un métier.
07:10 On te disait "mais qu'est-ce que tu veux faire ?
07:12 Je veux être footballeur professionnel".
07:13 Mais ce n'est pas un métier.
07:15 Je l'ai entendu plein de fois.
07:18 Ce n'est pas un métier d'être footballeur.
07:20 Si, c'est un métier.
07:21 D'abord, j'ai commencé au Maurysie.
07:23 Et après, j'ai été au CSL Holnès-Houbois et tout le monde était mélangé.
07:26 Il y avait des gens qui habitaient les pavillons.
07:28 Il y avait des gens qui habitaient les quartiers HLM.
07:31 Socialement, très différent.
07:31 Socialement, c'était différent.
07:34 Je n'ai pas le souvenir d'agressivité, de partage.
07:38 Non, c'était une ambiance de bon enfant.
07:41 Donc, c'est jusqu'à 11 ou 12 ans ?
07:43 11 ou 12 ans.
07:44 Et moi, je suis parti à 13 ans à Strasbourg.
07:46 En école de formation ?
07:47 Non, je suis parti en sport études.
07:49 J'ai fait le centre de formation.
07:51 Mais à l'époque, on n'avait pas le droit de partir.
07:55 Il fallait avoir 15 ans pour partir.
07:57 D'accord, tu es parti plus tôt.
07:58 Je suis parti à 13 ans en sport études parce que,
08:02 apparemment, je devais être doué.
08:04 Et Strasbourg ne voulait pas me perdre.
08:06 Donc, ils m'ont pris deux ans en avance.
08:08 D'accord.
08:09 Parce qu'au départ, je devais aller à Saint-Etienne.
08:11 OK.
08:13 Et Saint-Etienne me prenait à l'âge de 15 ans.
08:15 Et Strasbourg était un petit peu plus malin.
08:18 Et ils m'ont récupéré deux ans avant.
08:20 Je revenais quand il y avait les vacances scolaires.
08:22 D'accord.
08:23 Mais après, ce qui se passait, c'est que,
08:27 au fur et à mesure, on évolue dans un autre milieu.
08:32 Et parfois, j'ai senti que la distance commençait...
08:34 Il y avait la distance.
08:37 Et après, les copains, si on n'est pas là avec eux,
08:39 il y a plein de choses qu'on ne partage pas.
08:41 On ne voit plus la même chose.
08:42 Le quotidien.
08:43 Le quotidien, on n'est plus avec eux.
08:44 C'est comme si on ne faisait plus partie de ce groupe-là.
08:47 Je comprends.
08:48 Et moi, quand j'arrivais, quand je retournais dans mon quartier,
08:52 j'avais l'impression que j'étais étranger à tout ça.
08:54 J'ai eu un manque.
08:56 Mais ma passion pour le foot et mon objectif...
09:04 Oui.
09:04 Dans ton quotidien au centre de formation,
09:06 est-ce que tu as eu malheureusement, je ne sais pas,
09:11 beaucoup de propos racistes à ton encontre ?
09:13 Ou ce n'était pas là-dessus, c'était plutôt la jalousie du fait que toi...
09:15 Oui, la jalousie.
09:18 Le fait que tu sois meilleur que moi.
09:19 Oui, aujourd'hui, on parle de racisme,
09:21 mais la discrimination, elle a toujours été là.
09:23 Et elle sera toujours là.
09:26 C'était du racisme ordinaire, en fait.
09:29 Sauf qu'aujourd'hui, on fait attention à tout ce qu'on dit.
09:32 Mais à l'époque, je ne sais pas si c'était de l'ignorance
09:36 ou si c'était du racisme.
09:39 Parce que...
09:40 C'est souvent l'IA.
09:41 Oui, mais parfois, il pouvait y avoir des mots racistes.
09:47 Mais dans le comportement, il ne l'était pas.
09:51 Souvent, avec du recul, on me disait "oui, tu as vécu le racisme".
09:55 Non, je l'ai toujours vécu.
09:57 Mais en même temps, ça ne m'a pas perturbé, moi.
10:00 Absolument.
10:01 Parce qu'ayant vécu cette discrimination,
10:08 toute mon enfance, ça ne m'a pas perturbé, en fait.
10:12 Tu sais le gérer.
10:13 Oui, parce que moi, ça glisse, en fait.
10:15 Je ne fais pas attention parce que c'est de l'ignorance.
10:18 Et une personne qui est ignorante, je ne peux pas lui en vouloir.
10:22 Personne qui ne sait pas, je ne peux pas lui en vouloir.
10:24 Quand on ne connaît pas, on a peur.
10:26 À partir du moment où...
10:28 J'ai fait un doc qui s'appelle "Je ne suis pas un singe".
10:31 Et souvent, les gens m'ont dit "mais comment tu as pu faire
10:35 pour aller voir un supporter qui est extrêmement raciste ?"
10:39 Et je lui ai dit "oui, comment tu fais ?
10:41 Tu te comportes en une personne intelligente".
10:43 Moi, j'entends souvent les victimes,
10:45 mais je n'entends jamais les agresseurs.
10:48 Et moi, je veux savoir pour quelle raison
10:52 il n'aime pas les personnes de couleur.
10:54 Je veux qu'il m'explique.
10:55 - Tu es gonflé.
10:56 - Oui, c'est gonflé.
10:57 C'est juste ma perception des choses.
11:00 OK, on entend souvent les victimes.
11:02 Mais moi, je veux savoir pourquoi tu ne m'aimes pas.
11:04 Je veux que tu me le dises, droit dans les yeux.
11:06 - Bien sûr, pas pareil.
11:07 - Tu ne me fais pas peur.
11:08 Je n'ai pas peur de...
11:09 - Non.
11:10 - J'ai peur que de Dieu.
11:12 C'est tout.
11:13 Donc, la personne...
11:15 Si on veut faire avancer le schmilblick,
11:18 si tu veux savoir pourquoi les gens ne t'aiment pas,
11:20 tu dois leur poser la question.
11:22 - Qu'est-ce que tu as dit à ton gamin
11:24 quand il t'a annoncé qu'il voulait devenir footballeur ?
11:26 - Moi, je ne voulais pas qu'il soit footballeur
11:28 parce qu'il n'est pas armé,
11:32 parce que le milieu du football...
11:34 - C'est violent ?
11:35 - Oui, il est violent,
11:36 mais c'est ce qu'il y a autour.
11:39 Les gens sont méchants.
11:41 Et mes enfants n'ont pas eu la même enfance que moi.
11:46 Ils ont vécu dans un environnement différent.
11:50 - Il a dû protéger, bien sûr.
11:51 - Il a dû protéger et tout.
11:53 Je savais très bien que la première fois
11:55 qu'ils allaient taper dans le ballon,
11:57 tout de suite, il y aurait la comparaison avec leur père.
12:00 Et je ne voulais pas de ça.
12:02 - Mais ça a eu lieu.
12:03 - Oui, ça a eu lieu, mais...
12:06 Moi, j'ai toujours dit à mes enfants,
12:09 ce que je dis souvent, c'est que dans la vie,
12:13 il y a des gens qui écrivent des histoires
12:16 et il y a des gens qui les racontent, des histoires.
12:18 - Oui, c'est juste.
12:19 - Alors fais en sorte d'écrire ton histoire.
12:21 - Bien sûr.
12:22 - Et ton histoire, c'est la tienne, c'est pas la mienne.
12:24 - Bien sûr.
12:25 On revient à Strasbourg.
12:26 Moi, il y a une question qui m'interpelle, c'est...
12:29 Donc là, tu es avec tous tes potes, tu joues au foot,
12:31 tu es extrêmement doué.
12:32 Il y a un peu des filles qui tournent autour.
12:33 Comment le rapport avec tes premières relations féminines,
12:37 comment ça se passe ?
12:38 Tu es quand même très passionné, apparemment.
12:40 - Mais moi, quand je suis arrivé à Strasbourg,
12:41 il n'y avait pas de blague, déjà.
12:42 - Justement.
12:43 - C'était compliqué.
12:44 - Justement, c'est exceptionnel.
12:45 - Je me rappelais, on m'appelait Schwarzkopf.
12:49 En allemand, c'est les têtes noires.
12:53 Mais je pensais que c'était une pulve au départ.
12:55 Mais en sport-études, oui, ça a été compliqué.
13:00 En sport-études, c'était dur.
13:01 Parce que c'était la première fois où je me retrouvais sans ma mère, sans...
13:05 - T'étais seul.
13:06 - J'étais tout seul.
13:07 Je voyais tout le monde rentrer, parce qu'ils rentraient chez eux.
13:10 Et moi, je restais à l'internat.
13:12 - C'est bien.
13:13 - Et si j'avais fait une connerie de fête, c'était pour moi.
13:15 Donc, la première année, ça a été très compliqué.
13:19 Je me battais souvent.
13:21 - Ah oui ?
13:22 - Oui, je me battais.
13:23 - Ah oui ?
13:24 - Oui, oui, oui, moi, je me battais, oui.
13:27 Je me battais avec les plus grands, en fait.
13:29 Parce que je me laissais pas faire.
13:31 Les grands embêtaient les petits.
13:32 Sauf que les petits, ils avaient peur.
13:33 - Forcément.
13:34 C'est facile.
13:35 - Non, et moi, j'arrivais...
13:37 - Toi, tu ne te laissais pas passer.
13:38 - Non.
13:39 A Honest-Soubois, depuis qu'on est petit, on se bat.
13:41 On se bat tout le temps.
13:42 Pas tout le temps, on se bat.
13:43 - J'adore ce cross.
13:45 - On se bat.
13:46 On se bat tout le temps.
13:48 On se bat.
13:49 On n'a pas le choix.
13:50 Il y avait des rixes tout le temps.
13:52 - C'est ça.
13:53 - Sauf qu'il n'y avait pas de...
13:55 Parfois, j'ai vu des gens qui se sont fait planter.
13:58 - Mais pour rien, souvent, non ?
13:59 - Oui, pour un regard.
14:02 - C'est ça.
14:03 - C'était compliqué.
14:04 On allait dans un anniversaire, il y avait un problème.
14:08 Si on arrivait dans un endroit, on allait dans un quartier qui n'était pas de notre,
14:12 même dans Honest-Soubois, on pouvait avoir des soucis, des problèmes.
14:16 - Tu penses que c'était lié à la couleur de peau ?
14:19 - Non, pas du tout.
14:20 - Juste parce que vous étiez dans un autre quartier ?
14:22 - Parce qu'on était dans un autre quartier.
14:24 C'était la...
14:26 Ce n'est pas la loi du plus fort,
14:28 mais on arrivait dans un endroit où on n'était pas welcome.
14:30 Et pourtant, c'était les mêmes origines.
14:33 Parfois, on se connaissait.
14:35 Il y en a...
14:36 - Ce n'était pas votre périmètre.
14:38 Ça vous appartenait pas ?
14:39 - Exactement.
14:40 - Waouh !
14:41 - Oui, c'était comme ça.
14:42 - C'est chaud.
14:43 - Ah oui, c'est chaud, mais la banlieue, il y a...
14:47 Ce n'est pas facile, ce n'est pas facile tous les jours.
14:49 Mais...
14:52 Encore une fois, moi, où j'ai grandi,
14:55 il y avait une personne âgée qui avait des courses.
14:58 Même si ce n'était pas ta maman,
15:01 il y avait une obligation d'aller l'aider.
15:03 Mon enfant, c'est ça, la solidarité.
15:06 Aujourd'hui, je vais à Aulnay-sous-Bois.
15:09 Les gens, ils n'ont rien.
15:12 En revanche, quand je vais arriver,
15:14 avec leur très peu,
15:15 ils vont aller acheter des gâteaux, du thé.
15:18 Ils vont juste pour me faire plaisir.
15:20 - C'est génial.
15:21 - Grâce à Dieu, tout va bien.
15:23 Je vais dans des appartements,
15:25 certaines personnes qui ont bien réussi dans la vie.
15:28 Même le café, ils ne me le proposent pas.
15:31 Moi, je le répète, aujourd'hui, je suis privilégié.
15:35 Mais je ne serais pas qui je suis
15:39 si je n'avais pas vu et vécu ce que j'ai vécu.
15:43 C'est mon socle, en fait.
15:45 Et parfois, j'ai plein d'histoires sur...
15:50 Pour garder la tête bien sur les épaules,
15:54 l'humilité, c'est très important.
15:57 Et j'ai toujours, toujours voulu apprendre.
16:00 Et en fait, je peux apprendre de ma fille qui a 6 ans.
16:06 - Bien entendu.
16:07 - Parce que je l'écoute et parce qu'elle va me sortir un truc.
16:10 Et j'ai cette phrase qui dit souvent,
16:12 plus rien ne me surprend, en même temps,
16:14 je suis étonné tous les jours.
16:16 Moi, je dis qu'il est plus facile de devenir...
16:19 C'est un président que footballeur professionnel.
16:22 - Oui.
16:23 - Parce que je n'en connais pas beaucoup
16:25 qui veulent devenir président.
16:27 Je ne l'ai jamais entendu.
16:28 Il n'y avait pas un copain à moi quand j'étais enfant qui m'a dit
16:31 "Moi, je veux devenir président de la République".
16:34 Footballeur.
16:35 Tous les enfants voulaient devenir footballeurs.
16:38 - Bien sûr.
16:39 - Et au...
16:40 Qu'est-ce qui fait la différence ?
16:42 Tu vois, le talent, c'est presque le même,
16:44 il y a un peu de chance.
16:46 Et après, c'est vouloir plus que celui qui est à côté de toi.
16:49 - C'est le désir.
16:50 - Je veux faire des choses, en fait,
16:52 pour montrer qu'on peut venir d'Alnay-sous-Bois,
16:56 d'où j'ai grandi,
16:58 et faire des choses pour lesquelles on n'était pas prédestiné.
17:02 - Bien sûr.
17:03 - Et à chaque fois, c'est comme si j'ouvrais la porte
17:07 et je veux que tout le monde puisse rentrer.
17:10 Moi, c'est un petit truc que j'ai fait,
17:12 montrer que, OK, je joue au foot, je fais des docs,
17:16 la prochaine étape, on verra ce que je fais faire,
17:19 mais montrer que c'est possible, en fait,
17:21 la volonté, d'avoir la volonté, détermination,
17:25 et surtout, ne rien lâcher.
17:28 Et quand on vient d'où on vient, ça, on l'a.
17:33 On ne lâche jamais rien.
17:35 Et après, c'est de...
17:37 Tous ceux qui sont derrière,
17:39 tous les gens qui peuvent nous écouter,
17:41 leur dire que...
17:42 N'ayez pas peur de rêver, osez.
17:44 Peu importe si...
17:45 Le sentiment d'échec, c'est pas comment vous allez tomber,
17:49 mais c'est surtout comment vous allez vous relever.
17:53 Sous-titrage Société Radio-Canada
17:57 [SILENCE]

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