• il y a 3 mois
10 investisseurs institutionnels se sont réunis afin de créer des fonds qui serviront à la protection de la biodiversité. Ils sélectionnent des sociétés de gestion qui proposent des méthodes adaptées aux enjeux de biodiversité. Les fonds soutiendront les petites et moyennes entreprises, tout comme les plus grosses qui sont en transition. Jean-François Coppenolle (Abeille Assurances) et Elisabeth Cassagnes (Caisse des dépôts), à l'initiative de ces fonds, sont sur le plateau de SMART IMPACT.

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00:00Générique
00:06Le débat de Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invités, Elisabeth Kassagne, bonjour, bienvenue.
00:11Vous êtes responsable gestion des fonds et gestion transversale à la Caisse des dépôts.
00:15Et François Copénole, bonjour et bienvenue.
00:19Bonjour.
00:20Vous êtes le directeur des investissements Climat et RSE chez Abeille Assurance et vous faites partie des dix investisseurs institutionnels qui se sont réunis,
00:28c'est au printemps dernier, pour valoriser la biodiversité dans les portefeuilles de placements financiers.
00:33On va les voir s'afficher sur notre écran. Quel est votre objectif ? C'était quoi l'objectif, Elisabeth Kassagne, en vous réunissant comme ça ?
00:41Les initiatives de place, c'est un moteur important de la Caisse des dépôts.
00:47Et la Caisse des dépôts et les acteurs financiers et l'ensemble de la finance, comme vous venez de le dire,
00:52se mobilisent autour des grands sujets écologiques que sont le climat et la biodiversité.
00:58Ça a été facile de convaincre les entreprises qui vous accompagnent ? Il y a beaucoup de candidats, en quelque sorte ?
01:06Alors, il y a beaucoup de candidats. En fait, on a surtout la chance d'avoir réussi à mobiliser nos partenaires investisseurs,
01:15principalement assureurs, mais pas que, autour de nous, dans ces initiatives de place, dès le démarrage des fonds climat, en 2019-2020, juste avant le Covid.
01:27Et en fait, c'est vrai que cette initiative climat, qui a très bien fonctionné et qui perdure, a créé un groupe d'investisseurs
01:36qui ont envie de travailler ensemble et qui poursuivent des objectifs, s'ils ne sont pas totalement les mêmes, en tout cas arrivent à être rassemblés dans une initiative commune.
01:48Justement, François Copé. En quoi ces 10 acteurs sont complémentaires ? Et peut-être pour aller plus loin, quelle force vous représentez, en quelque sorte ?
01:58Alors, je pense qu'il nous a surpris, au début de cette initiative, lorsqu'on y a réfléchi avec Elisabeth et les deux autres investisseurs nationaux,
02:05c'est qu'il y a une mobilisation assez forte de l'ensemble de l'écosystème financier de la place de Paris, puisque nous avons assez rapidement reçu, je dirais,
02:16le support de France Assureur, de l'Association française des investisseurs nationaux et également de l'Institut de la finance durable.
02:24Donc vraiment, l'écosystème s'est mis en branle, d'une certaine manière, et nous sommes, je dirais, coalisés pour définir un peu ce que pourrait être un fonds modèle
02:34pour le financement de la biodiversité. Parce qu'en fait, le problème avec la biodiversité, c'est que, contrairement au climat sur lequel on se penche depuis de nombreuses années,
02:43il y a quand même un manque de méthodologie, un manque de rigueur dans l'approche, une absence peut-être de véhicules d'investissement dans lesquels nous,
02:51investisseurs nationaux, pouvons investir. Donc cette complémentarité, en fait, elle est née de l'intérêt même de ce sujet. Et comme Isabelle l'a souligné, nous sommes assureurs,
03:05fonds de pension, la caisse des dépôts, et tous ensemble, en fait, on a la même préoccupation, c'est-à-dire de financer les entreprises qui pourront apporter des solutions
03:18face à cette crise de la biodiversité, parce que cela représente une opportunité d'investissement pour nous, mais également, c'est un risque financier très important.
03:26– Évidemment. On parlait dans cette émission de la méthodologie SBTN, Science-Based Targets for Nature. Est-ce que vous vous en inspirez, Elisabeth Cassagne ?
03:35Vous avez, je crois, un comité scientifique pour accompagner les entreprises. Pourquoi c'est crucial, essentiel ?
03:41– Alors, évidemment, le SBTN est un écho du SBTI, qui est bien connu pour la partie carbone et climat. Et donc, effectivement, on va poursuivre les objectifs SBTN
03:55qui sont en train d'être construits. Tout cela va se développer et va être présenté progressivement. Et c'est bien le but de l'initiative, c'est d'accompagner les développements.
04:05Et comme le disait Jean-François, comme les produits n'existent pas sur étagère, on fabrique le produit dont on a besoin et envie pour justement soutenir toutes ces initiatives
04:15et tous ces objectifs et cranter les progrès dans le temps.
04:20– C'est une préoccupation des entreprises que vous allez financer, c'est-à-dire avoir une base solide avant de se lancer dans des investissements en faveur de la biodiversité ?
04:31– Alors, le fonds va viser deux types d'entreprises. Donc, les entreprises qui apportent des solutions aux problèmes de la biodiversité.
04:42Donc, en particulier, ce qu'on appelle les SMIT-CAP, donc les entreprises avec des petites et moyennes capitalisations.
04:48Ça représentera la majorité des investissements du fonds. Mais nous allons également venir financer les entreprises en transition.
04:57Et là, on va viser des plus grosses capitalisations et on va les inciter, à travers une démarche d'engagement, à adopter la méthodologie SBTN,
05:05qui, à l'heure actuelle, de mémoire, n'est utilisée que par vraiment très peu d'entreprises.
05:09– Oui, oui, on l'a expliqué dans l'émission, c'est un processus qui est en cours, qui est forcément compliqué, mais qui peut être un accélérateur majeur.
05:20Alors, pour bien comprendre, vous travaillez ou vous allez travailler avec des sociétés de gestion. Comment ça va se passer ? Quel sera leur rôle ?
05:27– Alors, en fait, on a fait vraiment une consultation transversale de ces investisseurs.
05:32On a réuni l'intégralité de nos attentes et de nos besoins pour, effectivement, rédiger un cahier des charges.
05:40Et donc, en fait, c'est une espèce d'appel d'offre inversé. C'est-à-dire qu'on s'est d'abord coalisé, on a écrit notre offre.
05:47Et puis, maintenant, on cherche, effectivement, la société de gestion qui va pouvoir mettre en place ce cahier des charges.
05:54Donc, on est en cours, et donc, les résultats ne sont toujours pas connus. Et donc, les objectifs sont communs.
06:03Et on cherche, effectivement, à pousser vraiment l'ambition de cette attente en biodiversité au-delà de l'existant.
06:12C'est vraiment parce que le produit n'existait pas en tant que tel sur étagère et que les sociétés de gestion ont travaillé avec des experts,
06:20pour boucler sur votre précédente question, et que nous-mêmes avons constitué un comité d'experts qui va venir nous aider
06:27à regarder ces méthodologies et les progrès de ces méthodologies. Donc, SBTN, mais pas seulement, en fait. Voilà.
06:34Et de regarder ce qui se fait aussi à travers le monde, quels sont les progrès, ce que dit la science, la recherche,
06:41comment tout ça évolue et par quels angles on peut aborder la biodiversité, et pas seulement sur quelques métriques existantes aujourd'hui.
06:48— Alors, j'ai regardé... On a cherché des chiffres sur la finance solidaire, chiffre de 2023,
06:521 600 projets à impact social ou environnemental soutenus, plus 15 % de progression des encours.
06:58Est-ce que vous vous situez dans cette logique-là ? Et à quel point votre action peut booster ce qu'on appelle la finance solidaire ?
07:08— Alors, je pense que l'ensemble des acteurs qui sont mobilisés autour de cette initiative sont clairement engagés en faveur de la durabilité,
07:14en faveur de l'intégration des critères ESG dans la gestion. Et notre initiative vise, j'irais à, d'une certaine manière,
07:21donc mobiliser l'ensemble des parties prenantes, développer une méthodologie en faveur de la biodiversité qui va venir s'ancrer
07:28dans la meilleure connaissance scientifique possible, afin justement d'éviter ces écueils de greenwashing,
07:35c'est-à-dire une approche qui soit bien définie, bien mise en place. Et on aura le comité scientifique qui va venir, j'irais, valider
07:43et enterner cette approche. Ensuite, l'idée, c'est qu'on puisse placer la place de Paris à l'avant-garde du développement de solutions
07:51en faveur de la biodiversité, afin d'émuler... Alors émuler en France pour que les sociétés de gestion, en fait, mettent en place des méthodologies
07:58qui soient à minima aussi développées que celles que nous avons pour ambition de mettre en place, et émuler également à l'étranger,
08:04puisque nous avons été contactés par, en fait, des sociétés d'investissement d'autres pays pour participer à la consultation,
08:11mais également des investisseurs institutionnels étrangers qui aimeraient mettre en place des initiatives comparables.
08:18— Est-ce qu'on peut... Peut-être que ma question est à côté de la plaque, mais est-ce qu'on peut évaluer ce que vous allez mobiliser comme moyen ?
08:26— Alors, comme moyen, au départ, ça va être modeste, mais pour rebondir sur l'émulation, on l'a vu sur le climat, l'effet d'entraînement a été massif,
08:37puisque le fait d'avoir lancé les initiatives climat en 2020 sur des trajectoires de réduction climat qui étaient quand même assez abscons au départ
08:47ont permis à un marché climat de se développer depuis 2020 et d'atteindre des encours tout à fait substantiels.
08:54Donc oui, l'effet d'entraînement, on l'attend... Enfin, on le fait pas pour ça, là, tout de suite, mais on sait que ça aura cet impact-là.
09:01Au niveau de la finance sociale, ça, je sais pas. On n'a pas vraiment d'ambition en termes de chiffres. Voilà.
09:11Là, pour l'instant, on le fait en entraînant les investisseurs institutionnels, les assureurs, que ça fasse des émules, après, sur le marché des ETF,
09:19sur les marchés des fonds, et qu'effectivement, ça entraîne et ça embarque, comme on dit en très mauvais français, un maximum de gens.
09:29— Oui. Si vous le faites, c'est que vous êtes convaincu que c'est un atout concurrentiel pour la place de Paris. Mais est-ce qu'il y a certains de vos interlocuteurs
09:36qui vous disent « Ouais, vous êtes bien gentils, mais on est les seuls en Europe à se mettre ces objectifs-là, ces espèces de boulets supplémentaires » ?
09:46Ce discours-là, moi, je l'entends parfois sur cette émission. Et puis vous, j'imagine que vous devez l'entendre aussi.
09:50— Alors je pense pas que ce soit un boulet, parce que d'une certaine manière, l'argumentation française nous impose d'aligner nos investissements
09:56aux trajectoires de préservation, de restauration de la biodiversité. C'est également le cas de la CSRD, donc qui a vocation à s'appliquer au niveau de l'UE.
10:06Donc en fait, on... — Mais l'Europe, elle est plutôt mieux disante aujourd'hui. — Oui, c'est ça.
10:08— Alors on peut considérer... Moi, je considère que c'est un atout concurrentiel. Mais il y a certains chefs d'entreprise qui disent que pour l'instant,
10:14c'est surtout un frein. — Alors un frein peut-être à court terme. Je ne sais pas, parce que ça va avoir un coût, effectivement, de se préoccuper
10:21de la biodiversité. À long terme, je ne pense pas, puisqu'on a affaire à une véritable crise de la biodiversité, déforestation, pollution des eaux.
10:30Enfin il y a des problèmes qui se posent, qui sont manifestes et qui vont avoir un impact très important sur la croissance économique dans le futur.
10:38Il y a de nombreux rapports qui ont été émis. La Banque de France nous a indiqué il y a de cela 1 an qu'ils allaient probablement dans le futur.
10:44Pour mettre en place des stress tests biodiversité, à l'instar de ce qui est fait sur le climat. Donc c'est un sujet sur lequel nous devons travailler,
10:52travailler de manière collégiale, car c'est un sujet complexe, beaucoup plus complexe que le climat, puisque c'est vraiment multidimensionnel
10:59en termes de localisation, en termes de métrique, en termes de possibles investissements. Donc c'est pour ça qu'en fait, il nous paraît très opportun
11:06de nous mobiliser, de travailler ensemble, d'utiliser cette intelligence collective pour essayer de développer la méthodologie la plus à même
11:15de financer la biodiversité. Également aider les entreprises que nous finançons à bien sûr être rentables, mais également à se préoccuper de ces externalités négatives.
11:25Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

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